Reportage
À Vancouver, les délégués appellent à plus d'innovation dans le diagnostic du VIH
22 juillet 2015
22 juillet 201522 juillet 2015Il est urgent d'innover dans le diagnostic du VIH si le monde espère atteindre l'objectif 90–90–90 pour l'accès au traitement antirétroviral, ont indiqué d'éminents experts scientifiques cette semaine. Cet appel à une intensification des efforts et de l'innovation sur le diagnostic du VIH a eu lieu lors de deux sessions à l'occasion de la 8e Conférence de la Société internationale du sida sur la pathogénèse, le traitement et la prévention du VIH organisée à Vancouver, au Canada.
« Il est clair que nous ne pouvons pas nous contenter du statu quo quand il s'agit du diagnostic du VIH », a déclaré le Directeur exécutif adjoint de l'ONUSIDA Luiz Loures, qui a animé une réunion parallèle spéciale sur le renforcement de l'accès au diagnostic. « Nous devons faire les choses différemment si nous voulons atteindre l'objectif 90-90–90 ».
Les experts mondiaux ont ciblé trois défis clés en matière de diagnostic : assurer un diagnostic en temps opportun chez les enfants, étendre rapidement la connaissance de l'état sérologique vis-à-vis du VIH chez les adultes vivant avec le VIH et intensifier les tests de charge virale essentiels. Ces trois volets sont les cibles prioritaires de l'Initiative pour l'accès au diagnostic, une initiative mondiale multipartite qui vise à exploiter au maximum le potentiel de la médecine de laboratoire pour préparer le terrain en vue de mettre fin à l'épidémie de sida comme menace de santé publique.
Diagnostiquer les enfants vivant avec le VIH
Contrairement aux adultes, chez qui le VIH peut être dépisté par un simple test de recherche d'anticorps, les très jeunes enfants nécessitent des tests moléculaires plus onéreux, qui font appel à des laboratoires centralisés éloignés des établissements de soins. Ceci engendre des délais importants dans le diagnostic des enfants exposés au VIH et augmente à la fois les coûts et le risque de perte des échantillons ou des résultats. Même lorsque l'on dispose de services de diagnostic précoce chez le nourrisson, de nombreux enfants exposés au VIH ne reçoivent leurs résultats de dépistage du VIH qu'après le délai au cours duquel intervient le pic de mortalité, entre six et huit semaines, selon Trevor Peter, de la Clinton Health Access Initiative (CHAI).
Selon M. Peter, des tests de diagnostic relativement simples à faire sur le lieu des soins sont en train de voir le jour pour le diagnostic précoce chez le nourrisson, et ces tests devront être rapidement diffusés à grande échelle. En outre, les technologies sanitaires mobiles ont le potentiel de réduire les délais dans la communication des résultats de test et de contribuer à veiller à ce que les résultats de test pour les enfants exposés au VIH soient effectivement reçus par l'établissement de soins. Lors de la conférence de Vancouver, l'ONUSIDA et ses partenaires de l'Initiative pour l'accès au diagnostic ont annoncé une baisse de 35 % du prix mondial pour le diagnostic précoce des nourrissons avec Roche Diagnostics.
Assurer 90 % de connaissance de l'état sérologique chez les adolescents et les adultes vivant avec le VIH
L'ONUSIDA a parrainé une session spéciale dans le cadre de la conférence sur la démocratisation du dépistage du VIH afin d'atteindre l'objectif 90-90-90. Joseph Amon de Human Rights Watch a recommandé que chaque individu devait se sentir libre de choisir où, quand et comment il voulait être dépisté. En cohérence avec cette approche basée sur les droits humains, il existe un intérêt croissant envers les outils d'auto-dépistage du VIH.
De nouvelles directives internationales sur les services de dépistage du VIH, publiées par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) à Vancouver cette semaine, indiquent que l'OMS envisage un accès élargi à l'auto-dépistage comme un élément important d'un effort global pour le dépistage du VIH. Plusieurs pays de différentes régions autorisent actuellement l'auto-dépistage du VIH, mais la plupart des pays doivent encore adapter leurs lois et leurs cadres réglementaires pour l'autoriser.
Les nouvelles directives de l'OMS sur l'auto-dépistage du VIH mettent l'accent sur l'importance de rapprocher l'accès au dépistage des communautés. Plus précisément, les nouvelles directives recommandent des mesures pour permettre à des agents non professionnels de réaliser les tests de dépistage du VIH. Les résultats de l'essai SEARCH (Sustainable East Africa Research for Community Health), mené auprès de plus de 30 communautés rurales du Kenya et de l'Ouganda, indiquent qu'une connaissance de l'état sérologique vis-à-vis du VIH au niveau des populations approchant ou dépassant 90 % peut être obtenue par le biais de campagnes de dépistage de plusieurs maladies, organisées par les communautés elles-mêmes.
Dans sa présentation du travail de modélisation, John Stover d'Avenir Health a déclaré qu'un taux de connaissance de 90 % de l'état sérologique vis-à-vis du VIH pouvait être atteint plus largement au moyen d'une combinaison stratégique d'approches de dépistage, par exemple le dépistage initié par les prestataires dans différents cadres de santé, la diffusion auprès des populations les plus exposées, des centres fixes de dépistage et de conseil sur le VIH, ainsi que diverses approches à base communautaire, notamment l'auto-dépistage du VIH, le dépistage mobile et les actions à domicile, en porte-à-porte.
Assurer l'accès universel au test de charge virale
Les participants à la conférence ont également entendu les appels urgents à un élargissement de l'accès aux tests de charge virale. Non seulement l'accès au test de charge virale est essentiel pour contrôler l'objectif 90-90-90, mais ce test constitue également un outil clinique fondamental pour détecter au plus tôt les échecs de traitement et permettre une intervention pour améliorer l'observance du traitement. Cependant, les projections de la CHAI indiquent que les tendances actuelles dans le recours au test de charge virale sont insuffisantes pour assurer l'accomplissement de l'objectif 90-90-90.
Lors des sessions sur le diagnostic, plusieurs marches à suivre ont été suggérées pour combler les lacunes en matière de test de charge virale. Les partenaires de l'Initiative pour l'accès au diagnostic, aux côtés du gouvernement sud-africain, ont conclu l'an dernier un accord avec Roche Diagnostics pour réduire le prix du test de charge virale de 40 % à l'échelle mondiale. En outre, il est nécessaire de prendre des mesures pour maximiser l'utilisation efficace des plates-formes de charge virale existantes, car de nombreuses techniques sont gravement sous-utilisées à l'heure actuelle dans ce domaine.