Reportage

Bilan pour les quatre ans du projet Les villes s’engagent : réalisations, leçons tirées et actions à venir

21 février 2022

La mise en œuvre du projet commun de l’ONUSIDA et de l’International Association of Providers of AIDS Care (IAPAC), Les villes s’engagent, a débuté en 2018 sous la direction de ces deux organisations et avec le soutien financier de l’Agence des États-Unis pour le développement international. Reconnaissant le rôle important des villes pour atteindre les objectifs nationaux et mondiaux en matière de VIH et pour mettre fin au sida d’ici 2030, le projet vise à fournir un soutien technique essentiel et stratégique à 15 villes fortement touchées par l’épidémie afin d’accélérer leur riposte au VIH. Les 15 villes participantes (Blantyre, eThekwini, Jakarta, Johannesburg, Kampala, Kigali, Kingston, Kinshasa, Kiev, Lagos, Lusaka, Maputo, Nairobi, Windhoek et Yaoundé) hébergent environ 3 millions de personnes séropositives. Le projet est déployé en étroite collaboration avec les gouvernements et les forces vives locales et tient compte des contextes, des épidémies et des priorités au niveau local. Un soutien technique est fourni pour élaborer et mettre en œuvre des programmes stratégiques de lutte contre le VIH en milieu urbain, créer un environnement propice à l’optimisation des services anti-VIH, renforcer la collecte, l'analyse et l’utilisation des données et développer les capacités cliniques et communautaires qui faciliteront l’optimisation des services et élimineront la stigmatisation dans les établissements de santé.

La mise en œuvre au cours des quatre dernières années a permis d’accomplir des progrès importants et a entraîné des changements significatifs au niveau des villes. Grâce au soutien et à l’engagement continu des maires et des responsables municipaux, le projet a permis de catalyser l’action à différents niveaux. L’amélioration de la coordination, le renforcement des partenariats, l’engagement de la société civile et l’innovation pour atteindre les populations clés et vulnérables ont conduit à un recours accru aux services anti-VIH. Par ailleurs, les villes ont fait preuve de leadership pendant la pandémie de COVID-19 pour garantir la continuité des services. L’amélioration des systèmes stratégiques d’information, de suivi et d’évaluation permet désormais aux villes de suivre la riposte au VIH et de fournir des chiffres sur leur épidémie. Les activités de formation menées par l’IAPAC ont touché près de 10 000 personnes.

Lors d’un récent webinaire de l’ONUSIDA, le personnel national de l’ONUSIDA a apporté son soutien à quatre des villes participantes et partagé quelques expériences.

En Jamaïque, la ville de Kingston concentre 35 % des personnes séropositives du pays. Elle met aujourd’hui en œuvre des activités pour lutter contre certains des défis restants liés aux lois et aux politiques qui touchent la société.

« L’une des approches utilisées dans le cadre du projet Les villes s’engagent consiste à travailler plus étroitement au niveau des communautés, car c’est là que nous voyons le plus grand défi lié à la stigmatisation et à la discrimination », a déclaré Ruben Pages Ramos, conseiller de l’ONUSIDA pour l’appui aux communautés en Jamaïque.

Afin de lutter contre la stigmatisation, l’ONUSIDA, en partenariat avec le Réseau jamaïcain des personnes vivant avec le VIH, a mis en place des espaces sans stigmatisation afin de sensibiliser le public et veiller à ce que les lieux commerciaux, de santé, d’éducation, de justice, de loisir et de culte soient respectueux, inclusifs et des moteurs de la transformation. La municipalité de Kingston a été déclarée première zone sans stigmatisation en Jamaïque et le maire s’engage à faire de Kingston une ville sans stigmatisation.

À eThekwini (Durban) en Afrique du Sud, la National Association of Child Care Workers a été mandatée dans le cadre d’un projet communautaire à destination des enfants et des jeunes du plus grand township de Durban, Inanda. L’objectif principal était de leur donner accès à des services anti-VIH, de veiller à ce que les personnes vivant avec le VIH restent prises en charge et de lutter contre la stigmatisation au sein de la communauté.

« Ce projet fédérateur a obtenu des résultats incroyables et, s’il pouvait être démocratisé, nous pourrions faire des choses incroyables », a déclaré Miriam Chipimo, conseillère de l’ONUSIDA pour l’accélération en Afrique du Sud.

Le projet a enregistré des résultats encourageants au bout de cinq mois seulement. La création de quatre groupes d’action communautaires pour fournir aux jeunes des conseils et des supports de communication sur le changement des comportements a permis de donner accès à près de 2 500 jeunes à des services de dépistage du VIH (avec mise en place d’une thérapie antirétrovirale lorsque le résultat est positif), tandis que près de 2 000 membres de la communauté ont reçu des messages contre la stigmatisation sur le VIH, la tuberculose et la COVID-19.

Le cabinet du maire et le département de la santé ont également encouragé l’implication des principales forces vives et la création de liens avec le Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida et les activités des organisations communautaires à Inanda.

À Lusaka, en Zambie, le projet Les villes s’engagent a été essentiel pour renforcer les mécanismes de coordination d’une approche multisectorielle de la riposte au VIH dans la ville. Lusaka a créé un comité technique composé de porte-paroles du comité de quartier de lutte contre le VIH/sida, de l’équipe médicale de quartier, de la société civile, de partenaires de terrain, de réseaux de personnes vivant avec le VIH et du Consortium des populations clés.

« À cause de l’environnement juridique en Zambie, il est très difficile d’amener les communautés lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuelles, ainsi que les travailleurs et travailleuses du sexe à la table des discussions. Toutefois, dans le cadre du projet Les villes s’engagent de Lusaka, il a été possible de les réunir et de les mettre en contact avec des personnalités de la société civile, les équipes de gestion et les différentes forces vives », a déclaré Kenneth Mwansa, conseiller de l’ONUSIDA pour l’appui aux communautés en Zambie.

Consciente de la nécessité d’avoir des approches innovantes pour atteindre les populations les plus exposées au risque de VIH, Lusaka City a également mis en place une équipe dédiée aux innovations. Ce groupe rassemble des travailleurs et travailleuses du sexe et des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuelles, mais aussi des personnes vivant avec le VIH et des organisations d’ados et de jeunes femmes.

En lien avec l’élaboration d’un plan quinquennal d’action stratégique pour guider la riposte au VIH de la ville, une unité de suivi et d’évaluation fonctionnelle a été mise en place, pour la première fois dans la ville, pour coordonner la collecte des données sur le VIH au niveau des quartiers et pour mieux surveiller l’épidémie et la riposte au VIH.

La coordination de la riposte au VIH à Kampala, en Ouganda, s’est améliorée grâce à l’implication du Division AIDS Committee devenu pleinement fonctionnel, tandis que des partenariats solides ont été établis avec les autorités municipales de Kampala Capitale (KCCA) et l’Alliance des maires et responsables de la ville sur le VIH/sida en Afrique.

Dans le cadre des activités pour atteindre et impliquer les populations clés et les jeunes à Kampala, des cartes de la ville indiquant les services anti-VIH ouverts aux populations clés ont été créées, et une application mobile a été lancée en 2021 pour augmenter l’adoption des services de prévention et de traitement du VIH parmi les populations clés et vulnérables. Le personnel de KCCA et des porte-paroles de populations clés ont participé au développement de l’application et reçu une formation pour l'utiliser. L’application est hébergée sur le site officiel de la ville pour garantir son accessibilité sur le long terme. « En plus de cartographier les services, l’application apporte des conseils et une liste des services. Elle fournit également des informations par type de service, comme la prophylaxie pré-exposition, par exemple », a déclaré Tseday Alemseged du bureau pays de l’ONUSIDA pour l’Ouganda.

En outre, des activités sont en cours à Kampala pour sensibiliser la communauté à la prévention du VIH, à la vulnérabilité face aux formes graves de la COVID-19, à l’équité, à la stigmatisation et à la discrimination.

Les bonnes pratiques et les informations stratégiques des autres villes participantes sont publiées sur la carte interactive des Villes s’engagent, disponible sur https://fasttrackcitiesmap.unaids.org/.

Le projet se poursuivra jusqu’à mi-2023. Les enseignements tirés du projet seront utilisés pour fournir des informations à l’élaboration d’un cadre d’action pour guider et soutenir la riposte au VIH en milieu urbain, conformément à la Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021–2026 : Mettre fin aux inégalités, mettre fin au sida.