Cinq questions sur la riposte au VIH au Gabon

02 novembre 2021

Au terme du Sommet de l’Afrique occidentale et centrale sur le VIH/sida qui s’est tenu à Dakar du 31 octobre au 2 novembre 2021, l’ONUSIDA a posé à ses directeurs nationaux de la région cinq questions sur la riposte au sida dans leur pays. Voici les réponses de Françoise NDAYISHIMIYE, Directrice nationale de l’ONUSIDA au Gabon

« Au terme de ce sommet, je rentre avec quelques messages importants qui vont inspirer mon plaidoyer et l’organisation de l’appui au pays : (1) Le sommet a souligné un besoin de renforcement des infrastructures et du financement des organisations communautaires pour permettre leur meilleure implication dans les systèmes de santé. Je salue le Président Macky Sall qui donne l’exemple en promettant aux acteurs de la société civile de son pays un million de francs CFA pour le renforcement de leurs actions. C’est un exemple qui devrait être suivi par d’autres Chefs d’Etat, cela va faire partie de mon plaidoyer ; (2) La nécessité de mettre à jour les politiques de santé pour les aligner sur les données scientifiques les plus récentes pour répondre à la pandémie de VIH centré sur la réduction des inégalités. Le Gabon pourra y arriver car le pays s’apprête à préparer son nouveau plan stratégique 2023-2027. L’ONUSIDA va accompagner ce processus et appellera la conjugaison des efforts de toutes les organisations coparraines à faire de même ; (3) la nécessité de mettre en place un mécanisme de suivi de l’appel et des recommandations issus de ce sommet. »

Françoise NDAYISHIMIYE Directrice nationale de l’ONUSIDA au Gabon

Le Gabon a des atouts et avance à petit pas mais surement dans sa réponse au VIH. Avec un soutien approprié, le pays peut reprendre la trajectoire visant à éliminer le sida d’ici à 2030. L’accès au dépistage et aux traitements antirétroviraux (ARV), gratuit depuis 2005, s’est modernisé avec la généralisation de l’utilisation du Dolutégravir ; la décentralisation de la prise en charge ; et l’implication accrue de la société civile dans l’accompagnement des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) sous traitement ARV. La législation a dépénalisé l’homosexualité pour favoriser leur accès aux services de prévention et de prise en charge. Les législations en faveur de l’égalité de l’homme et de la femme et contre les violences faites aux femmes sont des ajouts majeurs qui favoriseront l’environnement juridique et politique pour accélérer la réponse au VIH. 

Il reste cependant des progrès à faire dans le renforcement de la chaîne d’approvisionnement et de gestion des intrants en particulier des antirétroviraux pour éviter des ruptures de stock des intrants nécessaires pour les luttes contre le VIH et les autres endémies. En outre, il faudra investir des ressources conséquentes pour renforcer la prévention et prioriser davantage les populations clés et notamment les adolescents et les jeunes y compris ceux qui vivent avec le VIH : ils ont besoin d’être soutenus par des pairs, de recevoir une éducation sur la santé sexuelle et reproductive à l’école et en dehors, afin de leur garantir un avenir sans VIH. Pour y arriver, une réponse multisectorielle est indispensable. En tant que pays champion pour l’initiative Education Plus, le Gabon est le mieux placé pour accélérer des actions holistiques pour prévenir les nouvelles infections chez les jeunes et en particulier les jeunes filles.

1. Quels sont les principaux progrès réalisés dans la riposte de votre pays à l’épidémie de VIH au cours des cinq dernières années ?

Ces cinq dernières années ont été marquées de plusieurs grandes avancées au Gabon. Tout d’abord, à la politique de gratuité des tests de dépistage et des antirétroviraux (ARV) pour toutes les lignes thérapeutiques adoptée depuis 2005, s’est ajoutée l’adoption de la politique « Tester et traiter », la décentralisation des services de prise en charge et la prise en charge totale de la femme enceinte séropositive.

Le Dolutégravir est désormais inclus dans le protocole de première intention y compris chez la femme enceinte ou allaitante. Davantage d’efforts ont été investis dans la lutte conjointe contre le VIH et la tuberculose, telle que l’utilisation des appareils GenXpert pour la réalisation du diagnostic précoce (PCR) et de la charge virale VIH dans toutes les provinces.

Dans l’ensemble, l’implication de la société civile dans la réponse au VIH, à la tuberculose et aux autres pandémies a été renforcée, bien que beaucoup reste à faire à ce niveau.

La dépénalisation de l'homosexualité a été votée et signée par le président Bongo le 7 juillet 2020, permettant un meilleur accès aux services et un environnement favorable pour diminuer la stigmatisation et la discrimination.

2. Quels sont les principaux défis à relever ?

Les cinq dernières années ont été marquées par des ruptures de stock répétitives pour les ARV, les tests de dépistage du VIH et les préservatifs. Elles sont généralement liées à la faible qualité de la planification des besoins, de l’organisation de toute la chaîne d’approvisionnement et de gestion des intrants en particulier des antirétroviraux, et l’insuffisance des fonds au moment opportun.

La reconnaissance, la valorisation des apports des organisations de la société civile et l’institutionnalisation des acteurs de la santé communautaire (ASC) reste un défi majeur au Gabon. Ces derniers n’ont pas de cadre juridique pour le rôle qu’ils jouent dans la réponse au VIH.

La prise en charge pédiatrique reste problématique avec moins de 40% des enfants séropositifs ayant accès aux traitements ARV. L'appui aux adolescents et aux jeunes vivant avec le VIH sur le plan socio-éducatif et médical reste insuffisant. Il est primordial de mettre en place un cadre adéquat dédié aux adolescents pour leur prise en charge et de renforcer les réseaux de PVVIH et de jeunes qui permettraient de mettre en œuvre des liens de coaching et de mentoring.

Enfin, l’allocation des ressources gouvernementales ne couvre pas le minimum des besoins des PVVIH, et souvent favorise le financement du traitement ARV au détriment de la prévention.  Il faut investir davantage de moyens dans la sensibilisation et prévention du VIH et autres infections sexuellement transmissibles, en particulier auprès des populations difficiles d’accès et au niveau de la zone des trois frontières (Gabon, Cameroun et Guinée Equatoriale) où la prévalence du VIH est deux fois plus élevée par rapport à la prévalence nationale (estimations nationales).

3. Comment la COVID-19 a-t-elle affectée la riposte au VIH dans votre pays ?

L’accessibilité géographique et financière des patients aux soins VIH a été limités. Nous continuons à observer des retards d’approvisionnement avec des ruptures de stock de certains médicaments ARV et autres intrants qui limitent l’opérationnalisation de la politique de donner trois à six mois de traitement ARV aux patients stables.

Bien que l’implication des acteurs communautaires ait permis d’améliorer la situation, la vulnérabilité des PVVIH est notable pendant la crise de la COVID-19 du fait du ralentissement des activités liées au VIH, et la difficulté d’accéder aux soins en cas de maladies opportunistes.

4. Qui sont les leaders méconnus de la riposte au sida dans votre pays ?

Je souhaite saluer les rôles clés joués par les associations et les réseaux des personnes vivant avec le VIH qui se battent pour améliorer la prise en charge de leurs pairs en difficulté avec un soutien financier quasi inexistant. J’appelle à plus de soutien à leur endroit pour diminuer le fardeau qu’ils portent bénévolement et sans moyen. J’appelle également à des efforts conjoints dans l’action impliquant les associations des PVVIH, les communautés LGBTI, les mouvements de jeunes, les femmes et hommes des médias, les célébrités, notamment les sportives, les chanteurs, les danseurs qui sont des modèles pour les jeunes et les leaders traditionnels et religieux qui ont une part importante dans la réponse au VIH. Tout en saluant les efforts du gouvernement dans la prise en charge, j’appelle à un effort additionnel pour la prévention. Enfin le secteur privé pourrait jouer un rôle important au Gabon et aider à faire la différence en accompagnant les actions de prévention du VIH au Gabon. C’est tous ensemble qu’on arrivera à éliminer le sida comme problème de santé publique d’ici à 2030 !

5. Si vous pouviez demander à votre chef d’État de changer une chose pour renforcer la riposte au VIH, quelle serait-elle ?

J’ai deux requêtes : (1) Rendre la lutte contre le sida véritablement multisectorielle et investir aussi bien dans la prise en charge des PVVIH que dans la prévention du VIH. (2) Octroyer une attention particulière et un soutien financier aux associations de lutte contre le sida, en particulier ceux des personnes vivant avec le VIH qui sont épuisées par des efforts bénévoles continus.

Sommet régional sur le VIH

Le sommet se conclut par un appel à l'action pour réinventer la réponse à la pandémie de VIH et mettre fin au sida en Afrique occidentale et centrale

02 novembre 2021

Le Président du Sénégal, Macky Sall, s'engage à verser 3,5 millions de dollars supplémentaires pour soutenir la réponse au VIH et cet appel à l'action

DAKAR/GENÈVE, 3 novembre 2021—Un sommet régional de trois jours sur le sida, qui s'est tenu à Dakar, au Sénégal, s'est conclu par un appel à l'action qui demande instamment un soutien plus fort aux réponses de santé menées par les communautés, des politiques fondées sur la science et les données, un investissement accru dans la réponse au VIH et la mise du VIH au centre de la préparation et de la réponse aux futures pandémies. Dans son discours de clôture, le Président du Sénégal, Macky Sall, s'est engagé à porter cet appel à l'action auprès de l'Union africaine et a promis des fonds supplémentaires pour le mettre en œuvre au Sénégal et dans toute la région. 

L'Afrique occidentale et centrale compte 4,7 millions de personnes vivant avec le VIH, soit 12 % des personnes vivant avec le VIH dans le monde, mais enregistre 22 % de tous les décès liés au sida dans le monde. En moyenne, les pays de la région ont connu une baisse plus lente des infections à VIH que les autres pays du continent et la prévalence du VIH chez les femmes est nettement plus élevée que chez les hommes. L'accès au dépistage et au traitement du VIH a atteint 73 % des personnes vivant avec le VIH en 2020, contre 38 % en 2015. Bien qu’encourageant, cela reste en deçà de l'objectif de 81 % qui avait été fixé pour 2020. La région compte le plus grand nombre de femmes enceintes séropositives au monde qui attendent encore un traitement, et seuls 24 % des enfants vivant avec le VIH ont une charge virale indétectable.

L'Appel de Dakar pour réinventer la réponse à la pandémie de VIH demande une action urgente dans quatre domaines principaux : 

1. Renforcer les infrastructures des organisations communautaires pour renforcer les systèmes de santé des pays grâce à l’adoption de politiques sanitaires adéquates, et à la mobilisation de financements durables. Trop de personnes dans notre région, parmi les plus vulnérables, n’ont pas accès aux systèmes de santé classiques. Il est prouvé que les organisations et réseaux de la société civile sont essentiels pour répondent à ces défis. Il s'agit notamment d’élargir l’offre de services de traitement et de prévention du VIH par des organisations communautaires en partenariat avec le système de santé publique, de veiller à ce que la société civile organisée et les communautés affectées soient incluses en tant que partenaires essentiels dans les instances de prise de décision, et de construire des structures de responsabilité comme la surveillance dirigée par la communauté.

2. Mettre à jour les politiques de santé pour les aligner sur les données scientifiques les plus récentes pour répondre à la pandémie de VIH. Les pays qui ont aligné un plus grand nombre de leurs politiques relatives au VIH sur les données scientifiques et les preuves, et leurs programmes de mise en œuvre de ces politiques, ont fait de plus grands progrès contre le sida. Les gouvernements sont invités à revoir leurs politiques sanitaires à la lumière des données scientifiques et des preuves d’efficacité les plus récentes et à adapter les programmes. Ceci est une condition essentielle pour améliorer la réponse au VIH, en particulier pour répondre aux besoins spécifiques des personnes les plus vulnérables, et mettre fin au sida.

3. Augmenter de 33% les ressources nationales et internationales consacrées au VIH dans la région d'ici 2025 et supprimer les obstacles financiers à l’accès individuel des personnes vivant avec le VIH aux services de santé. Des études de l’ONUSIDA révèlent que 2,67 milliards de dollars d'ici 2025, soit une augmentation de 33%, garantirait un financement suffisant pour une réponse complète au VIH dans la région. Les progrès insuffisants de la réponse à la pandémie de VIH ne font qu'accroître les coûts à long terme qui pèseront sur des budgets de santé déjà surchargés.

4. Placer la réponse au VIH, et la COVID-19, au centre du dispositif pour préparer et répondre à l’émergence possible de futures pandémies. De nombreuses mesures restent à prendre pour accélérer seront aussi utiles pour prévenir l’émergence de futures pandémies et y faire face le cas échéant. Ces mesures incluent de développer et de protéger le personnel de santé formel et informel, d’informer les décisions par des données scientifiques, de mettre en œuvre des réponses fondées sur les droits et de garantir un accès équitable aux nouvelles technologies médicales.

Ces quatre actions devraient être mises en œuvre au cours des trois prochaines années et permettraient à la région de se rapprocher de l'objectif mondial de 2025, à savoir que 95 % des personnes connaissent leur statut VIH, 95 % des personnes connaissant leur statut VIH commencent un traitement et 95 % des personnes sous traitement soient sous suppression virale. Elles contribueraient à une réduction spectaculaire du nombre de décès liés au sida et de nouvelles infections à VIH dans la région.

L'Afrique occidentale et centrale a été à l'avant-garde de certains des efforts les plus innovants et les plus fructueux de la réponse mondiale au VIH. Mettre fin au sida dans le cadre du programme de développement durable 2030 reste une priorité, même si la région est confrontée à de multiples défis, notamment la réponse à la pandémie de COVID-19, les nombreuses crises économiques et sécuritaires, et le changement climatique. 

Au cours du sommet, les gouvernements, les acteurs de la société civile, les organisations dirigées par les communautés, les scientifiques et d'autres partenaires ont examiné les nouvelles données et les progrès réalisés contre le VIH au cours des cinq dernières années et ont pris note de la nouvelle Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026 de l'ONUSIDA et de la Déclaration politique sur le VIH et le sida de l'Assemblée générale des Nations Unies intitulée « Mettre fin aux inégalités et se mettre sur la voie de l'élimination du sida d'ici à 2030 ».

Le sommet a été co-organisé par l'ONUSIDA et l'Institut de la société civile sur le VIH et la santé en Afrique occidentale et centrale, sous l’égide du Président du Sénégal, Macky Sall. Il s'est tenu avec le soutien du Luxembourg et de la Fondation Bill et Melinda Gates.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

Déclarations

« Le mot clé aujourd'hui plus que jamais est la mobilisation. Mobilisons-nous pour le financement, pour la recherche et pour la vaccination. Je m'engage à travailler avec vous pour plaider auprès de l'Union africaine et des partenaires pour que le financement de la lutte contre le VIH soit renforcé et que ce renforcement puisse commencer par nos Etats africains eux-mêmes. J'engage 2 milliards de francs CFA (3,5 millions de dollars) supplémentaires dans la lutte contre le VIH, dont un milliard sera donné à la lutte communautaire par la société civile et l'autre milliard ira au Conseil national de lutte contre le sida pour aider les personnes vivant avec le VIH. »

Macky Sall Président du Sénégal

« Les faits montrent que la riposte au sida est plus efficace lorsque les organisations dirigées par la communauté fournissent des services en tant que partie intégrante de la réponse publique, qu'elles sont impliquées en tant que co-planificateurs, qu'elles peuvent mettre en avant leurs expériences et leurs préoccupations et qu'elles jouent leur rôle essentiel pour garantir que chaque partie prenante soit tenue responsable. Cette conférence lance un appel audacieux pour supprimer les obstacles juridiques, politiques et programmatiques qui empêchent la région de mettre fin au sida et pour augmenter les ressources afin de libérer le pouvoir des organisations locales pour nous aider à mettre fin aux décès liés au sida et aux nouvelles infections à VIH. »

Winnie Byanyima Directrice exécutive de l'ONUSIDA

« Il s'agit d'un développement important pour l'Afrique occidentale et centrale, puisque le gouvernement du Sénégal et l'ONUSIDA ont co-organisé ce sommet de haut niveau avec la société civile en tant que partenaires égaux—montrant ce qui est possible lorsque le gouvernement, les parties prenantes internationales et la société civile s'unissent pour répondre à une pandémie. »

Daouda Diouf directeur de l'Institut de la société civile sur le VIH et la santé en Afrique occidentale et centrale

« Si nous voulons atteindre les ODD, nous devons accroître le soutien public au développement. Nous devons renforcer les systèmes qui ont souffert pendant la pandémie de COVID-19 et rendre les systèmes de santé plus résilients. »

H. Franz Fayot ministre luxembourgeois de la Coopération au développement et des Affaires humanitaires

« Nous savons que les pandémies telles que la COVID-19, le VIH et la tuberculose exacerbent les inégalités et s'en nourrissent—le monde doit prendre des mesures pour lutter contre les inégalités et les autres obstacles à la santé afin de mettre fin au sida. »

Peter Sands directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme

« Les soins pédiatriques sont faibles dans notre région. Les enfants nés avec le VIH meurent trop souvent de maladies liées au sida. Nous comptons sur votre leadership et votre volonté politique pour que les enfants ne soient plus oubliés. Pour la société civile, l’Appel de Dakar représente un nouveau départ. »

Christine Kafando Association Espoir Pour Demain

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Sommet régional sur le VIH

Appel de Dakar à Réinventer la Réponse à la Pandémie de VIH : Un engagement renouvelé pour mettre fin au sida en Afrique de l’Ouest et du Centre

Investir dans les droits, l’éducation et la santé des adolescentes et des jeunes femmes pour mettre fin au sida en Afrique occidentale et centrale

02 novembre 2021

Des responsables de gouvernements, de la société civile et des Nations Unies ont renouvelé leur engagement pour réaliser des investissements stratégiques urgents dans les droits, l’éducation et la santé des adolescentes et des jeunes femmes. Lors d’un sommet régional de trois jours sur le VIH/sida organisé à Dakar, au Sénégal, qui s’est achevé par un appel à l’action, l’initiative Education Plus a été saluée pour être une intervention arrivant à point nommé en vue de lutter contre le nombre élevé d’adolescentes et de jeunes femmes qui contractent le VIH dans la région de l’Afrique occidentale et centrale.

L’Initiative Education Plus, une action de sensibilisation politique de haut niveau visant à accélérer les actions et les investissements pour prévenir le VIH, a été lancée en juillet au cours du Forum Génération Égalité sous la forme d’un engagement conjoint de l’ONUSIDA, de l’UNESCO, de l’UNFPA, de l’UNICEF et l’ONU Femmes. Ce programme met l’accent sur l’émancipation des adolescentes et des jeunes femmes, ainsi que sur la réalisation de l’égalité des sexes en Afrique subsaharienne. Il se sert de l’éducation secondaire comme point d’entrée stratégique pour fournir l’offre multisectorielle plus.  L’initiative Education Plus appelle à une éducation secondaire gratuite et de qualité pour l’ensemble des filles et des garçons en Afrique subsaharienne d’ici 2025, à un accès universel à une éducation sexuelle complète, au respect de la santé et des droits sexuels et reproductifs, à l’éradication des violences sexistes et sexuelles, à des passerelles entre le monde scolaire et celui du travail, ainsi qu’à la sécurité et à l’émancipation économiques.

Alors que la région d’Afrique occidentale et centrale a accompli des progrès dans le domaine l’éducation des filles au cours des deux dernières décennies, le rapport 2019 de l’UNICEF a révélé que « la région présente toujours les disparités les plus importantes entre les sexes dans l’éducation au monde ». Une adolescente sur quatre âgée de 15 à 19 ans, mariée ou vivant dans une union, a déjà été victime de violences émotionnelles, physiques ou sexuelles de la part de son mari ou d’un partenaire.

Le VIH/SIDA reste une menace majeure pour la santé publique en Afrique occidentale et centrale. La région compte 4,7 millions de personnes séropositives (12 % de la population séropositive au monde) et recense 22 % de tous les décès dus au sida dans le monde. Les adolescentes et les jeunes femmes (15 à 24 ans) en Afrique occidentale et centrale sont deux fois plus exposées au risque de contamination au VIH que leurs homologues masculins.  Les adolescentes représentent cinq nouvelles infections au VIH sur six (82 % / 18 237 femmes) dans la tranche d’âge des 15-19 ans. Trois quarts (74 %) des nouvelles infections au VIH chez les 15-24 ans de la région concernent des femmes (40 432 femmes/13 860 hommes). 800 adolescentes et jeunes femmes environ sont infectées chaque semaine en Afrique occidentale et centrale. 

L’éducation secondaire offre une protection contre le VIH aux adolescentes et aux jeunes femmes, avec une baisse de l’incidence du virus pouvant atteindre un tiers dans certains pays chez les filles qui terminent l’éducation secondaire.

Cependant, la plupart des pays d’Afrique occidentale et centrale ne parviennent pas à atteindre l’objectif d’allouer 20 % des ressources gouvernementales à l’éducation, comme l’exige l’engagement de Dakar de l’Union Africaine en faveur de l’éducation pour tou-tes. Avant la pandémie de COVID-19, seuls le Burkina Faso, São Tomé et Príncipe, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo accordaient au moins 20 % de leur budget national à l’éducation. En pourcentage du PIB, les dépenses d’éducation varient de 1,1 % en République centrafricaine à 7,7 % en Sierra Leone.

Avant l’arrivée de la COVID-19, près de 34 millions de filles en âge d’aller à l’école secondaire en Afrique subsaharienne n’avaient pas accès à une éducation complète de 12 ans et 24 % environ des adolescentes et des jeunes femmes (15–24 ans) dans la région n’étaient pas scolarisées, ne suivaient pas une formation ou ne travaillaient pas, contre 14,6 % des jeunes hommes.  L’UNICEF estime qu’en 2020, les fermetures d’écoles dues à la COVID-19 ont touché environ 250 millions d’écolier-ères et d’étudiant-es en Afrique subsaharienne, dont des millions risquent de ne jamais retrouver le chemin de l’école, surtout des filles.

À ce jour, cinq pays (Bénin, Cameroun, Gabon, Lesotho et Sierra Leone) ont clairement manifesté leur intérêt pour l’atteinte des objectifs de l’initiative. Ils ont pris de nombreux engagements pour lutter efficacement et de toute urgence contre le nombre alarmant d’adolescentes et de jeunes femmes qui contractent le VIH et meurent de maladies opportunistes. Ces deux dangers parmi d’autres comme les violences sexuelles et sexistes ou les grossesses adolescentes menacent leur survie, leur bien-être, leurs libertés et leurs droits humains. 

L’initiative Education Plus s’engage à promouvoir le leadership des jeunes femmes comme clé pour mettre fin au sida en tant que menace de santé publique et pour reconstruire les communautés et les pays pendant et après la pandémie.

Déclarations

« Les leçons tirées du succès de l’accélération de la parité entre les sexes dans l’enseignement primaire doivent être mises en œuvre pour l’enseignement secondaire. Il est essentiel de garantir que chaque adolescente puisse terminer une éducation secondaire de qualité. C’est pourquoi nous apprécions à sa juste valeur l’initiative révolutionnaire Education Plus visant à émanciper les adolescentes et les jeunes femmes en Afrique subsaharienne, que je codirige avec mes consœurs et directrices exécutives de l’UNESCO, de l’UNICEF, du FNUAP et de l’ONU Femmes. »

Directrice exécutive de l’ONUSIDA. Winnie Byanyima

« Les preuves montrent que le VIH en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale est une épidémie féminisée, car les femmes et les filles sont les plus touchées par les nouvelles infections au VIH et les plus impliquées dans les soins apportés aux personnes séropositives. Le taux d’infection au VIH incroyablement disproportionné chez les femmes et les filles est alimenté par les inégalités sexistes systématiques, structurelles et institutionnalisées qui désavantagent les femmes et les filles tout au long de leur vie. »

Première Dame de la République de Sierra Leone. Mme Fatima Jabbe-Bio

« En Gambie, nous avons beaucoup d’écoles gouvernementales. À première vue, elles sont gratuites. Mais cela signifie uniquement qu’il ne faut pas payer de frais de scolarité. Certaines familles ont déjà du mal à s’acheter trois repas par jour – et maintenant, elles doivent s’inquiéter de l’achat de livres scolaires. Aux donateurs qui investissent dans l’enseignement secondaire et aux gouvernements qui sont censés le faire, je dis d’investir spécifiquement dans ce dont les élèves ont besoin. »

Fatima Gomez représentante de jeunes femmes, Education Plus Initiative, Gambie.

« L’un des chemins vers l’émancipation des femmes est Education Plus. Si une femme ne va pas à l’école, elle ne pourra pas occuper l’un des 30 % de postes à responsabilité réservés aux femmes au Gabon, qui à leur tour prendront des décisions et adopteront des lois qui autonomiseront d’autres filles. Le pays intensifie actuellement ses efforts pour accroître l’accès à l’éducation, en supprimant les obstacles et en permettant aux adolescentes et aux jeunes femmes de profiter de toutes les mesures mises en place par le gouvernement pour accéder à une éducation de qualité. »

Prisca Nlend Koho ministre des Affaires sociales et des Droits de la femme, Gabon.

« Pour réduire la vulnérabilité des filles au VIH, il est nécessaire de tirer profit des financements de la santé pour catalyser l’impact intersectoriel dans l’éducation, en particulier pour garantir l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive pour les adolescentes et les jeunes femmes. »

Safiatou Thiam directrice exécutive, Le Conseil National de Lutte contre le Sida (SE/CNLS), Sénégal

« Le Bénin s’engage à augmenter les financements de l’enseignement secondaire à destination des filles et de la formation des enseignant-es afin de mettre en place un environnement propice. »

Kouaro Yves Chabi ministre de l’Éducation secondaire, technique et professionnelle, Bénin.

« Nous connaissons les solutions, nous avons les moyens. Les dirigeantes et dirigeants doivent maintenant être prêts à prendre des mesures radicales. Cette situation d’urgence appelle des mesures radicales ! »

Manuel Tonnar directeur, Direction de la Coopération au Développement et de l’Action humanitaire, Luxembourg.

« Les adolescentes qui atteignent les dernières années de l’école primaire et les premières années de l’école secondaire sont confrontées à de multiples obstacles. Pour y répondre, nous devons adopter une approche multisectorielle qui non seulement satisfait leurs besoins en matière d’éducation, mais aussi leurs besoins économiques, de protection, de nutrition, de santé et d’hygiène menstruelles, ainsi que de prévention du VIH. »

Félicité Tchibindat directrice régionale adjointe de l’UNICEF, région Afrique de l’Ouest et centrale.

Sommet régional sur le VIH

Financement de la riposte au sida et réforme des systèmes de santé en Afrique occidentale et centrale

02 novembre 2021

Lors du Sommet d’Afrique occidentale et centrale sur le VIH tenu à Dakar, plusieurs partenaires et ministres du monde entier ont discuté de l’urgence du financement de la santé dans la région, d’autant plus que la situation s’est aggravée par la crise économique due à la COVID-19. Dans la région, le financement des ripostes au VIH est confronté à un cocktail détonant : en 2020, les ressources disponibles pour la lutte contre le VIH ne représentaient en effet que les trois quarts environ du montant nécessaire. En outre, les ressources totales consacrées au VIH dans la région ont reculé de 11 % au cours de la dernière décennie. Alors que le PEPFAR et le Fonds mondial ont augmenté leurs engagements envers la région, les ressources nationales ont ralenti depuis 2018 et ont considérablement baissé en 2020.

L’épidémie de COVID-19 n’a pas aidé ici. La plupart des gouvernements africains ont cependant réagi au choc économique en augmentant les dépenses gouvernementales l’année dernière, mais le ralentissement économique et la baisse de recettes liés à la pandémie engendrent des déficits importants et des dettes hors de contrôle dans beaucoup de pays.

La Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, a souligné l’importance de se concentrer sur ces défis en repensant et en réformant les systèmes de santé dans leur ensemble. Tout comme d’autres participantes et participants, elle a encouragé les pays à utiliser plus efficacement des fonds qui se raréfient et à veiller à ce que des ressources supplémentaires soient consacrées à la santé. « Une population en bonne santé est synonyme d’une économie saine », a-t-elle déclaré.  Elle a également appelé à accorder de toute urgence plus de latitude aux services dirigés par les communautés.

« Nous devons financer correctement l’infrastructure et la riposte communautaires afin qu’elles soient intégrées étroitement aux systèmes de santé officiels. C’est essentiel alors que nous réfléchissons à la préparation et à la lutte contre les pandémies à venir », a déclaré Mme Byanyima.

Mamadi Yilla, coordonnatrice adjointe des relations multisectorielles du PEPFAR, est tout à fait d’accord. « La COVID-19 a joué le rôle de catalyseur et le monde entier a reconnu le rôle de la société civile dans la fourniture de services aux personnes », a-t-elle déclaré. Précisant que le PEPFAR a investi des milliards en Afrique depuis 2003, elle a déclaré que les partenariats devaient être réinventés et a encouragé les gouvernements à travailler main dans la main avec la société civile et à déployer des fonds de manière ciblée.

« Nous devons nous fixer pour objectif que chaque dollar compte », a déclaré Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial, « la COVID-19 a bien révélé l’évidence : investir dans la santé est pertinent ». Et d’ajouter : « Il est important que les ministres des Finances et de l’Économie fassent partie de la riposte, car les ministres de la Santé ne seront pas en mesure de résoudre ce problème sans aide. »

Conscient de la nécessité d’augmenter les dépenses nationales en matière de santé, le ministre sénégalais de l’Économie, du Plan et de la Coopération internationale, Amadou Hott, a noté que le ralentissement économique actuel limite la capacité des pays à investir davantage de ressources dans le secteur. Faisant écho à Mme Byanyima, il a déclaré que des ressources supplémentaires devaient être tirées de l’annulation de la dette, de mécanismes de financement internationaux supplémentaires tels que l’augmentation de la liquidité internationale (Droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI) et de la lutte contre l’évasion fiscale afin d’augmenter les revenus fiscaux des pays.

Austin Demby, ministre de la Santé de Sierra Leone, a déclaré que l’affectation de ressources spécifiques à des maladies ne suffisait pas à construire des systèmes de santé pérennes. Il a évoqué ici l’exemple d’une épidémie récente de rougeole dans son pays, qui l’a forcé à accorder immédiatement des financements pour la contenir. « Nous devons créer des plateformes plus larges pour être plus flexibles », a-t-il déclaré. « Il faut s’assurer que certains systèmes liés à l’engagement communautaire et aux services utilisés quotidiennement pour le VIH, la tuberculose et le paludisme peuvent être utilisés pour d’autres maladies. »

De plus, le financement ne doit pas être associé à des partenaires opérationnels spécifiques. Pour réussir à transformer les systèmes de santé, les deux ministres ont souligné avoir besoin d’une plus grande marge de manœuvre pour mettre en place des modèles reposant uniquement sur des ressources nationales, ce qui n’était pas le cas actuellement.

Enfin, le changement climatique doit être pris en compte, car il a un impact sur la planète et inévitablement sur le bien-être des gens. Dans la région de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale, durement touchée par la désertification et la sécheresse, la pression sur les systèmes de santé déjà exsangues n’ira qu’en s’aggravant.

« Il est crucial de lier le financement au changement climatique et à la santé, car l’un aura inévitablement un impact sur l’autre et augmentera les vulnérabilités aux pandémies et aux maladies », a déclaré M. Hott dans son allocution de clôture.

Sommet régional sur le VIH

Cinq questions sur la riposte au VIH au Togo

01 novembre 2021

À la veille du Sommet de l’Afrique occidentale et centrale sur le VIH/sida qui se tiendra à Dakar du 31 octobre au 2 novembre 2021, l’ONUSIDA a posé à ses directeurs nationaux de la région cinq questions sur la riposte au sida dans leur pays. Voici les réponses de Eric VERSCHUEREN, Directeur national de l’ONUSIDA au Togo.

« La riposte au VIH a fait preuve d’une résilience exemplaire lors de l’épidémie de COVID-19 au Togo. Le pays se démarque par sa bonne gestion de la crise, l’intégration avancée des acteurs communautaires dans la riposte et sa contribution aux deux derniers appels à la reconstitution des ressources du Fonds mondial »

Eric VERSCHUEREN Directeur national de l’ONUSIDA au Togo

Le Togo signe des progrès impressionnants en matière de réductions des nouvelles infections et des décès liés au VIH, et s’attaque aux questions liées aux droits de l’homme et au genre. Cependant, les efforts doivent persévérer pour lutter contre les inégalités profondes du pays, les risques qu’encourent les jeunes et les adolescents et pour fournir l’accompagnement psychologique, social et nutritionnel que nécessitent les personnes vivant avec le VIH.

Dans le contexte de COVID-19, les systèmes de santé résistent bien à la pression des nouveaux patients et des nouveaux besoins. Mais l’impact de l’épidémie se fait sentir sur l’économie et la compétition budgétaire entre ministère va être forte au sortir de la crise—il ne faudra pas oublier que les ressources domestiques sont essentielles à la riposte au VIH.

1. Quels sont les principaux progrès réalisés dans la riposte de votre pays à l’épidémie de VIH au cours des cinq dernières années ?

La lutte contre le VIH au Togo avance, et les plans sont ambitieux. Les estimations de AIDSINFO/Spectrum montrent une réduction des nouvelles infections de plus de 50% (de 5,200 par an en 2010 à 2,400 en 2020) et des décès liés au VIH (de 6,600 par an en 2010 à 3,000 en 2020). Le Plan Stratégique National 2021-2025 inclus désormais un axe particulier sur les droits humains et le genre. Un index sur la stigmatisation a vu le jour en 2021, et une évaluation des lacunes dans les textes légaux a eu lieu. Une évaluation des questions de genre dans la riposte au VIH aura lieu d’ici la fin de l’année, et un nouveau plan stratégique spécifiquement sur les droits humains et le genre sera développé début 2022.

2. Quels sont les principaux défis à relever ?

Il faut accentuer, en priorité, les efforts en termes de traitement et de prévention pour atteindre l’objectif « 95-95-95 » c’est-à-dire que 95% des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) connaissent leur statut ; 95% d’entre elles reçoivent un traitement antirétroviral (ARV) et 95% de celles-ci aient une charge virale supprimée. Pour cela, il faut améliorer l’accès aux services préventifs et de traitement des jeunes et des adolescents, renforcer l’accompagnement psychologique, social et nutritionnel des PVVIH, et continuer le plaidoyer pour améliorer l’environnement des populations clés. Bien entendu, réduire les inégalités sera également primordial.

3. Comment la COVID-19 a-t-elle affecté la riposte au VIH dans votre pays ?

Il n’y a heureusement pas eu rupture de l’offre des services VIH au Togo lors de l’épidémie de COVID-19. Entre avril et juin 2020, il y a eu une chute de fréquentation des services dû à une appréhension devant cette nouvelle maladie. Cette situation a été corrigée, entre autres par certaines mesures du ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique et de l'Accès Universel aux Soins. Du fait du ralentissement de la production de médicaments en Inde et des problèmes liés au transport, il y a eu une tension importante sur la disponibilité des intrants nécessaires à la riposte au VIH (tests, ARV, et autres). Cependant, grâce à une bonne coordination et l’intervention des partenaires, une rupture problématique a pu être évitée.

4. Qui sont les leaders méconnus de la riposte au sida dans votre pays ?

La riposte est déjà très inclusive grâce à l’implication effective des acteurs gouvernementaux, du parlement, des collectivités territoriales, du secteur communautaire, du secteur privé et des partenaires techniques et financiers.

Depuis 2015, une politique nationale des interventions à base communautaire existe, assortie d’un plan stratégique. Les associations de la société civile en sont les principaux acteurs. Outre les associations, les pairs éducateurs/animateurs, et les médiateurs assurent la mise en œuvre des activités du volet communautaire sous la supervision des ONG.

Les organisations de société civile sont regroupées dans une plateforme pour la lutte contre le VIH, et inclut aussi des réseaux des religieux regroupant chrétiens, musulmans et animistes. Elles représentent 7% des structures accréditées, mais elles assurent la prise en charge médicale de 30% des PVVIH. Elles assurent aussi la quasi-totalité des services de prévention et de prise en charge psychosociale. Il existe des réseaux regroupant des PVVIH (RAS+), des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes (Cupidon), et des professionnelles du sexe (AFAZ).

Cette plateforme reçoit des financements du Fonds mondial.

5. Si vous pouviez demander à votre chef d’État de changer une chose pour renforcer la riposte au VIH, quelle serait-elle ?

Malgré les difficultés dû au COVID-19 et la compétition des autres priorités et des autres ministères, il faut augmenter la contribution financière de l’État. Il faut souligner cependant que lors des deux derniers appels à la reconstitution des ressources du Fonds mondial, le Togo a contribué un million de dollars—un bon exemple de solidarité globale.

Sommet régional sur le VIH

Cinq questions sur la riposte au VIH au Niger

01 novembre 2021

À la veille du Sommet de l’Afrique occidentale et centrale sur le VIH/sida qui se tiendra à Dakar du 31 octobre au 2 novembre 2021, l’ONUSIDA a posé à ses directeurs nationaux de la région cinq questions sur la riposte au sida dans leur pays. Voici les réponses de El Hadj FAH, Directeur national de l’ONUSIDA au Niger

« La rapide mise en place de la dispensation de six mois d’antirétroviraux aux personnes vivant avec le VIH a fait une vraie différence dans l’adhérence au traitement pendant la crise de COVID-19 au Niger. Les acteurs communautaires ont joué un rôle remarquable et leur participation à la riposte devrait être renforcée à l’avenir »

El Hadj FAH Directeur national de l’ONUSIDA au Niger

Si les tendances sont en bonne voie en matière de prévalence, incidence et mortalité liée au sida, la transmission de la mère à l’enfant et la prise en charge pédiatrique sont des domaines à améliorer. Une meilleure gestion logistique, davantage de ressources nationales et la mise en place de la délégation des tâches aux acteurs communautaires sont nécessaires pour véritablement mettre fin à l’épidémie de VIH.

Dans le contexte de COVID-19 cependant, le pays a très vite réagi et mis en place la distribution des médicaments antirétroviraux pour six mois aux patients stables, ce qui a permis de limiter l’interruption des traitements. Au sortir de la crise, il faudra reprioriser la riposte au VIH et investir dans la pleine intégration des acteurs communautaires.

1.  Quels sont les principaux progrès réalisés dans la riposte de votre pays à l’épidémie de VIH au cours des cinq dernières années ?

On salue tout d’abord la réduction du taux de prévalence passant de 0,4% (EDSN-2012) en 2012 à 0,2% en 2020 (estimation SPECTRUM 2020) et la diminution des nouvelles infections et de décès liés au VIH au sein de la population générale et chez les populations clés. Dans le même temps, la couverture de traitement antirétroviral (ARV) a été grandement améliorée, en permettant à près de 70% des personnes vivant avec le VIH d’y avoir accès (GAM 2020).

2. Quels sont les principaux défis à relever ?

Malheureusement, la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant reste faible : moins de la moitié des femmes y ont accès, et la transmission a lieu dans plus de 15% des naissances. La prise en charge pédiatrique doit être améliorée, car moins de 40% des enfants vivant avec le VIH ne reçoivent de traitement (GAM 2020). 

Le financement national et domestique de la réponse au VIH demeure faible, et la réponse communautaire devrait être renforcée. La mise en place de l’approche de la délégation des tâches aux acteurs de santé communautaires devrait être favorisée tout en investissant davantage dans la décentralisation des programmes communautaires. Des progrès sont également nécessaires dans le domaine de la gestion de l’approvisionnement et des stocks des intrants—tests, médicaments, et autres—pour éviter des ruptures.

 3. Comment la COVID-19 a-t-elle affecté la riposte au VIH dans votre pays ?

L’épidémie de COVID-19 a apporté son lot de complications, notamment en limitant l’accès aux structures de santé, y compris pour les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et les populations clés.

L’urgence de la situation a entraîné une surcharge de travail pour les personnels de santé y compris les prestataires VIH. La plupart des ressources matérielles et financières allouées au VIH a été réorientée vers à la riposte à la COVID-19.

Dans ce contexte difficile, on peut saluer l’introduction de l’approche de dispensation multi-mois qui a permis de fournir aux PVVIH stables leur traitement pour 6 mois au lieu de 3 mois—une meilleure garantie d’adhérence au traitement, surtout en période de crise. De plus, une assistance financière directe a été donnée aux patients les plus vulnérables, tels que les PVVIH et les populations clés.

4. Qui sont les leaders méconnus de la riposte au sida dans votre pays ?

Les premiers sur ma liste sont les acteurs communautaires qui jouent un rôle essentiel dans la réponse nationale au VIH au Niger : les médiatrices communautaires ; les Assistants Psycho-Sociaux (APS) placés dans les sites prescripteurs, qui accompagnent les PVVIH dans le traitement, l'éducation thérapeutique et la recherche des personnes qui interrompent leur traitement ; et les relais, ces acteurs communautaires qui appuient le ministère de la Santé Publique.

Je souhaite également saluer les leaders d’associations et réseaux de PVVIH et populations clés—tels que les Super Leaders, qui sont des pairs éducateurs au sein des populations clés qui conduisent des sessions de sensibilisation, de mobilisation pour le dépistage et l'orientation au traitement. Ils sont aussi formés pour le dépistage démédicalisé.

Sans oublier le travail des leaders traditionnels tels que les chefs de province et les leaders religieux.

5. Si vous pouviez demander à votre chef d’État de changer une chose pour renforcer la riposte au VIH, quelle serait-elle ?

Allouer plus de ressources pour la réponse nationale et renforcer la participation communautaire.

Sommet régional sur le VIH

La plateforme Zéro Discrimination relancée en République centrafricaine

29 octobre 2021

L'objectif de la discrimination zéro échappe encore à la République centrafricaine. La stigmatisation liée au VIH est omniprésente dans la vie des personnes vivant avec le VIH dans le pays. Selon l'Indice de stigmatisation des personnes vivant avec le VIH 2018, la discrimination touche la quasi-totalité des personnes vivant avec le VIH interrogées (plus de 87%). Et plus de 45% des personnes vivant avec le VIH ont subi une forme de stigmatisation en raison de leur statut VIH. La stigmatisation touche davantage les femmes (49%) que les hommes (37%).

"Mais la lutte contre le VIH reste une priorité de santé publique pour le gouvernement, qui a été le premier pays à rejoindre le Partenariat mondial d'action pour l'élimination de toutes les formes de stigmatisation et de discrimination liées au VIH, en décembre 2019", a déclaré Marguerite Ramadan, la ministre de la Promotion du genre, de la Protection de la femme, de la Famille et de l'Enfant.

Depuis son engagement dans le Partenariat mondial d'action pour l'élimination de toutes les formes de stigmatisation et de discrimination liées au VIH, la République centrafricaine a mis en œuvre plusieurs activités clés.

Un protocole d'accord a été signé entre le ministère de la Défense nationale et de la Reconstruction, le ministère de la Santé et de la Population, le Conseil national de lutte contre le sida (CNLS) et l'ONUSIDA pour mettre en œuvre des programmes visant à éliminer la violence sexiste et à accélérer la prévention, le traitement et la prise en charge du VIH au sein des forces de défense et de sécurité. Une charte nationale des droits des patients a été lancée et est diffusée progressivement dans les centres de santé. Une série d'activités clés en matière de droits de l'homme ont été incluses dans la subvention du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour 2021-2023.

Une Plateforme Zéro Discrimination, composée d'une trentaine de partenaires représentant les ministères, le CNLS, les agences des Nations unies, les partenaires techniques et financiers, la société civile, les organisations de défense des droits de l'homme et d'autres organisations a été lancée en 2020 et soutient ces efforts, notamment en identifiant les synergies.

Pendant la pandémie de COVID-19, les initiatives se sont ralenties, aussi, afin de relancer la dynamique de la Plateforme Zéro Discrimination et de s'accorder sur les priorités collectives pour la fin 2021 et 2022, un atelier de validation et le lancement d'un plan de travail conjoint ont eu lieu à Bangui, en République centrafricaine, le 28 octobre sous la présidence de la Ministre de la Promotion du Genre, de la Protection de la Femme, de la Famille et de l'Enfant.

Les priorités comprennent l'adoption d'une loi révisée sur le VIH, la révision des programmes de formation des professionnels de la santé pour y inclure l'éthique et les droits de l'homme, la signature d'un protocole d'accord entre les organisations d'avocats et les réseaux de personnes vivant avec le VIH et les populations clés pour fournir des services juridiques gratuits et des formations sur la connaissance de ses droits, le développement de spots radio et télévisés sur les questions de discrimination et un plaidoyer de haut niveau pour une meilleure intégration des questions liées au VIH dans les interventions humanitaires.

" Le refus de services de santé aux personnes vivant avec le VIH reste malheureusement courant dans le pays, et la prévalence et les effets de la discrimination sont souvent particulièrement graves pour les membres des populations clés, qui sont confrontés à des formes de discrimination multiples et qui se chevauchent ", a déclaré Marie Engel, Directrice a.i. du Bureau de l'ONUSIDA en République centrafricaine.

Sommet régional sur le VIH

République centrafricaine : s'adapter pour que les personnes vivant avec le VIH continuent à prendre leur traitement

31 octobre 2021

Pour lutter contre le faible nombre de personnes vivant avec le VIH sous traitement en République centrafricaine, le pays teste de nouvelles approches thérapeutiques.

L'une consiste à distribuer jusqu'à 6 mois de médicaments, ce que l'on appelle la distribution multimensuelle. L'autre est la distribution communautaire d'ARV.

Le plan stratégique national de lutte contre le VIH 2021-2025 de la RCA, a identifié ces approches différenciées au niveau communautaire et hospitalier et l'a expérimenté.

Dans la capitale, Bangui, quatre pilotes ont ouvert et 15 sites vont progressivement proposer des MMD (dispensation plurimensuelle), des bilans de santé et des actions de proximité grâce au financement du Fonds mondial. Cela fait suite au succès des groupes de traitement à base communautaire (GTC ou CAG) introduits par le ministère de la Santé publique et de la Population et le Conseil national de lutte contre le sida (CNLS) en 2015, avec le soutien de l'ONG Médecins sans frontières.

Certains membres de la communauté délivrent un traitement antirétroviral aux personnes vivant avec le VIH, en particulier dans les zones rurales ou en proie à des conflits. Les résultats ont montré que la prise du traitement était beaucoup plus régulière et que les personnes vivant avec le VIH avaient un taux de suppression virale de 75 %.

En outre, avec le soutien de l'ONUSIDA dans le cadre d'une subvention luxembourgeoise, le pays a mis en place un comité de pilotage pour superviser l'élargissement des services différenciés, a élaboré et validé des directives nationales sur la fourniture de services différenciés et deux guides sur la délivrance de médicaments sur plusieurs mois et la possibilité d'obtenir des renouvellements dans un cadre non hospitalier.

Fin octobre, des cliniciens, des techniciens de laboratoire, des prestataires de soins de santé et des agents de santé communautaires des quatre centres de santé pilotes ont participé à un atelier pour passer en revue les nouvelles approches et directives. Le CNLS et la Division of Communicable Disease Control (DLMT) du pays étaient convaincus que s'adapter ainsi à l'épidémie de VIH était une bonne mesure pour maintenir les patients sous traitement. Actuellement, moins de la moitié des personnes vivant avec le VIH prennent des médicaments vitaux (88 000 à 100 000 personnes vivent avec le VIH en RCA).

Le Dr Marie-Charlotte Banthas de la DLMT a déclaré que "les modèles de traitement différencié ont démontré une amélioration constante de l'engagement des patients et de la rétention des soins, tout en libérant du temps pour les soins des personnes atteintes d'une maladie avancée." Elle a ensuite ajouté : "C'est un modèle de soins pour les personnes vivant avec le VIH et le personnel travaillant dans le domaine du VIH, un modèle de vie."

Ces approches sont arrivées au bon moment, compte tenu des blocages dus au COVID-19, a remarqué Marie Engel, directrice nationale de l'ONUSIDA en RCA.

"Avec la trajectoire prévue à long terme de la pandémie de Covid, il est encore plus nécessaire d'adapter le système pour réduire les interruptions de service et ne pas voir les récents progrès de la lutte contre le VIH se ralentir", a-t-elle déclaré.

Sommet régional sur le VIH

Comment mettre fin à l'épidémie de sida en Afrique occidentale et centrale

31 octobre 2021

Winnie Byanyima, Directrice Exécutive de l’ONUSIDA

L'épidémie de sida en Afrique occidentale et centrale est une urgence permanente. Les premières avancées obtenues contre le VIH dans cette région ne se sont pas traduites par les progrès durables qui ont pu être réalisés dans d'autres parties de l'Afrique subsaharienne.

L'année dernière, la région a enregistré 150 000 décès liés au sida et 200 000 personnes ont été nouvellement infectées par le VIH. Chaque semaine, plus de 1000 adolescentes et jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans sont infectées par le VIH dans la région. En Afrique occidentale et centrale, 1,2 million de personnes attendent toujours de pouvoir commencer leur traitement pour le VIH qui leur sauvera la vie. Seuls 35% des enfants vivant avec le VIH en Afrique occidentale et centrale reçoivent un traitement.

Or la crise de la COVID-19 a entravé les services et exacerbé les inégalités qui alimentent l'épidémie de VIH. Si nous n'agissons pas maintenant, non seulement de nombreuses autres vies seront perdues, mais contenir la pandémie de sida sera d’autant plus difficile et coûteux dans les années à venir.

Mettre fin au sida est possible : il existe un ensemble d'approches qui ont prouvé leur efficacité, y compris dans des contextes difficiles.

Qu’il s’agisse du leadership du Cap Vert en matière d'élimination de la transmission verticale du VIH, ou de la décision du Cameroun, l'année dernière, de supprimer les frais d'utilisation pour tous les services liés au VIH dans les établissements de santé publique et les sites communautaires agréés, de nombreux exemples qui montrent la voie existent déjà. En alignant les politiques publiques sur celles qui ont fait leurs preuves, nous pouvons mettre fin au sida comme nous l'avons promis.

Les pays et les communautés tirent déjà parti de l'expérience et de l'expertise de la réponse au sida pour réduire l'impact de la COVID-19 dans toute la région. De la Côte d'Ivoire à la Guinée en passant par le Sénégal, les autorités de santé publique, les organisations internationales, les acteurs de la société civile et les communautés de personnes vivant avec et affectées par le VIH ont travaillé ensemble pour s'assurer que les personnes vivant avec le VIH continuent de recevoir leurs médicaments. Elles se sont afférées à fournir des services de soins et de prévention de manière sûre et innovante, à livrer de la nourriture aux personnes qui avaient perdu leurs revenus en raison des confinements, à transmettre des messages sur l'importance de l'hygiène et de la distanciation sociale pour rester en bonne santé, et à dissiper les mythes qui alimentent la stigmatisation et la discrimination et affaiblissent les messages de santé publique.

Cet esprit de coopération et de partenariat est essentiel pour renforcer les réponses aux pandémies.

Cette semaine, sous l’égide du Président du Sénégal, Macky Sall, l'ONUSIDA et l'Institut de la société civile pour le VIH et la santé en Afrique occidentale et centrale organisent un sommet à Dakar, sur les manières de combler les lacunes de la riposte au VIH dans la région et renforcer la préparation aux pandémies.

Voici trois des mesures audacieuses que nous devons prendre.

Premièrement, valoriser et soutenir les communautés pour qu’elles soient au centre de la planification et des services.

Les communautés connaissent la situation sur le terrain - il faut leur donner les ressources et l'espace nécessaires pour mener la riposte. Les pays doivent mettre en place un environnement propice à la pleine participation des communautés à la fourniture de services en tant que partie intégrante de la réponse de santé publique. Elles doivent être invitées à la table des discussions en tant que co-planificateurs. Ainsi elles pourront mettre en avant leurs expériences et préoccupations, et jouer leur rôle essentiel dans l’évaluation de la performance des réponses de santé.

Les pays doivent lever les obstacles juridiques, politiques et programmatiques qui freinent cette évolution, et augmenter leur soutien financier pour enfin permettre la contribution incomparable des communautés.

Deuxièmement, augmenter les investissements.

Les pays doivent accroître l’ampleur des prestations en matière de prévention, de dépistage et de traitement, et éliminer tous les obstacles financiers afin de garantir un accès universel aux services.

L'engagement d'Abuja d'investir 15% des budgets gouvernementaux dans la santé publique doit être respecté. Les engagements conjoints pris par les ministres de la santé et des finances lors de la Réunion des Dirigeants Africains d'augmenter les recettes nationales consacrées à la santé doivent être tenus.

Les bailleurs de fonds internationaux doivent eux aussi intensifier leur soutien, alors que nous traversons la pire crise depuis des décennies. Pour créer l'espace budgétaire nécessaire, il faudra annuler la dette afin de soutenir les gouvernements à accroître les investissements pour la santé et à s’attaquer aux déterminants sociaux qui aggravent les risques du VIH et de pandémie.

Une action internationale visant à prévenir une concurrence fiscale nuisible et les flux financiers illicites est également essentielle. Il est difficile d'avancer vers une fiscalité équitable et progressive, et d'augmenter les revenus nationaux, lorsque les grandes entreprises et les particuliers fortunés ont systématiquement la possibilité, au niveau international, d'échapper aux impôts que le citoyen ordinaire doit payer, et qui sont essentiels pour la santé, l'éducation, la protection sociale et l'investissement économique.

Troisièmement, s'attaquer aux inégalités qui alimentent l'épidémie.

La COVID-19 a une fois de plus montré au monde comment les épidémies se nourrissent des inégalités, tant entre les pays qu’au sein même de ceux-ci. La nouvelle stratégie de l'ONUSIDA adoptée plus tôt cette année place la lutte contre les inégalités au centre de sa mission visant à mettre fin au sida.

Les inégalités sont le moteur du VIH. Les groupes de personnes vulnérables représentent 44% des nouvelles infections au VIH en Afrique occidentale et centrale. Leurs partenaires représentent 27% supplémentaires.

La stratégie de la CEDEAO pour le VIH, la tuberculose, les hépatites B et C et la santé et les droits sexuels et reproductifs des populations clés le dit si bien :

« La protection des droits de l'homme pour tous les membres de chaque population clé est cruciale pour le succès. Les lois discriminatoires ou créant des obstacles doivent être réformées, afin de garantir que les populations clés soient exemptes de stigmatisation, de discrimination et de violence et que leur vulnérabilité au VIH soit réduite. »

L’inégalité entre les genres est également un moteur du VIH : parmi les nouvelles infections au VIH chez les jeunes en Afrique du centre et de l’ouest, près des trois quarts concernent des adolescentes et des jeunes femmes. L'enjeu est le pouvoir—ou plutôt l’absence de pouvoir de celles-ci.

Les recherches montrent que le fait de permettre aux filles de terminer leurs études secondaires divise de moitié leur risque de contracter le VIH, et le fait de combiner cela avec un ensemble de services et de droits pour l'autonomisation des filles le réduit encore davantage.

L'initiative Education Plus, coorganisée par l’UNICEF, l’UNESCO, le FNUAP, l’ONU Femmes et l’ONUSIDA, avec des gouvernements, la société civile et des partenaires internationaux, contribue à accélérer les actions et les investissements nécessaires pour que chaque fille africaine soit scolarisée, en sécurité et forte.

Ce que nous devons faire pour mettre fin au sida est aussi ce que nous devons faire pour permettre le plein essor de l'Afrique.

Les gouvernements, les organisations internationales, les scientifiques, les chercheurs, les organisations dirigées par les communautés et les acteurs de la société civile ne peuvent pas réussir seuls ; mais ensemble, ils peuvent créer un partenariat imbattable et une force imparable pour mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d'ici 2030.

Sommet régional sur le VIH

Paiement d’allocations en espèces et sans condition aux ménages marginalisés pendant la pandémie de la COVID-19

29 octobre 2021

La COVID-19 a mis en avant la nécessité cruciale d’ajouter aux ripostes à la pandémie des mesures de protection sociale qui atteignent et profitent aux populations marginalisées.

Lorsque la pandémie a touché l’Afrique occidentale et centrale début 2020, la région était déjà confrontée à de graves difficultés socio-économiques et aux crises humanitaires. Les restrictions sociales imposées pour la contenir ont exacerbé ces problèmes. Les populations pauvres et vulnérables, y compris les personnes vivant avec le VIH et les populations clés, ont été durement touchées.  

Entre juin et août 2020, avec l’aide de l’ONUSIDA et en partenariat avec le Réseau africain des personnes vivant avec le VIH en Afrique de l’Ouest, des études menées dans 17 pays de la région sur la situation et les besoins des personnes séropositives ont révélé que jusqu’à 80 % des personnes vivant avec le VIH avaient perdu leurs moyens de subsistance et que plus de 50 % d’entre elles avaient besoin d’une aide financière et/ou alimentaire.  

En juillet 2020, les résultats de l’étude ont poussé l’ONUSIDA et le Programme alimentaire mondial (PAM) à lancer un projet pilote sur des allocations en espèces et sans condition en vue d’aider les personnes vivant avec le VIH et les populations clés à faire face à l’impact socio-économique du VIH et de la COVID-19 dans quatre pays prioritaires : le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Niger. L’initiative a été conçue pour tirer parti des accords existants du PAM avec les prestataires de services, mais aussi de l’engagement de la communauté de l’ONUSIDA, ainsi que des relations avec les réseaux de la société civile dans les quatre pays prioritaires.

Les allocations en espèces sont de plus en plus reconnues comme une forme efficace de protection sociale ayant un effet social et économique positif. Elles apportent un supplément de revenu, ce qui évite aux ménages la vente des biens essentiels ou la déscolarisation de leurs enfants, avec des effets multiplicateurs sur les économies locales. Elles constituaient 40 % environ des dépenses nettes de sécurité sociale dans le monde en 2018, mais moins de 20 % en Afrique occidentale et centrale.

Alors que la pandémie se propageait dans cette région, seuls quelques pays (dont la Côte d’Ivoire et le Sénégal) ont accordé un soutien supplémentaire aux ménages vulnérables sous la forme d’allocations en espèces ou d’aides sociales.

L’objectif immédiat du projet pilote était de faire bénéficier environ 5 000 foyers d’allocations uniques en espèces et sans condition, allant de 88 USD par bénéficiaire (en Côte d’Ivoire) à 136 USD (au Cameroun).

« Je suis très reconnaissance pour cette aide. Je l’ai utilisée pour payer ma formation en couture et pour acheter une machine à coudre afin de lancer ma propre activité. J’ai également pu aider ma mère qui a perdu son emploi en raison de la pandémie », a déclaré une jeune femme vivant avec le VIH au Cameroun.

Des organisations de la société civile et des prestataires de services financiers ont été engagés lors de la planification du projet pilote. L’éligibilité aux transferts a été décidée sur la base de divers critères de vulnérabilité, et les allocataires ont été identifié-es avec le soutien d’organisations communautaires. Des étapes supplémentaires ont consisté à sensibiliser les bénéficiaires, à distribuer les allocations en espèces, à résoudre les problèmes du processus et à assurer son suivi. Une attention particulière a été portée à la confidentialité et à la réduction de potentielles stigmatisations des bénéficiaires.

Dans les quatre pays, près de 4 000 bénéficiaires ont reçu une allocation et on estime qu’environ 19 000 autres membres du foyer ont également bénéficié des transferts d’argent. Ces allocations ont été en majorité consacrées à l’alimentation, aux soins de santé, à l’éducation et au logement, ou à des activités génératrices de revenus. Les expériences des pays varient en fonction du degré d’implication des partenaires communautaires et de l’engagement des acteurs gouvernementaux.  

Le projet pilote a montré qu’il est possible de fournir rapidement des aides en espèces aux personnes marginalisées vivant avec le VIH et aux populations clés dans des circonstances très difficiles et que ce type d’aide représente un soutien d’urgence précieux.   

Les enseignements tirés du projet incluent la nécessité d’élaborer des approches inclusives et flexibles, de travailler de manière claire et transparente pour les partenaires communautaires et d’impliquer systématiquement les partenaires communautaires tout au long du processus. La définition de critères d’éligibilité clairs et impartiaux, leur application cohérente et la sensibilisation des bénéficiaires et des communautés sont également primordiales.

Le renforcement des capacités et d’autres aides (y compris financières) pour les partenaires communautaires sont tout aussi fondamentaux. Les organisations communautaires, les équipes-conseils reconnues, ainsi que les pairs-éducateur-rices étaient essentiels pour établir la confiance, identifier et atteindre les bénéficiaires visés, minimiser la stigmatisation et évaluer l’impact des transferts d’argent. S’engager avec les structures gouvernementales dès le début du projet permet de créer le potentiel pour des améliorations durables.  

Les allocations uniques en espèce de ce type peuvent aider les ménages à résister aux chocs à court terme, mais elles ne suppriment pas la nécessité d’intégrer entièrement les populations vulnérables et marginalisées dans les ripostes aux crises et les systèmes complets de protection sociale. Il est impératif que les pays d’Afrique déploient dans leur population une protection sociale inclusive et polyvalente qui soit accessible et durable. Le processus exige aussi de mettre plus d’accent sur les personnes dans le cadre d’allocations en espèce et de les intégrer dans d’autres formes de prestations sociales et d’assistance qui ne sont pas nécessairement basées sur l’argent en espèces, par exemple la gratuité ou la subvention des soins de santé primaires, l’éducation, l’eau et l’énergie.

À la suite de cette expérience pilote sur l’utilisation des transferts d’argent pour soutenir les personnes les plus vulnérables vivant avec le VIH et les populations clés, l’ONUSIDA et le Civil Society Institute for Health ont renforcé leur collaboration sur la promotion d’une protection sociale inclusive prenant en compte le VIH en Afrique occidentale et centrale. Récemment, ils ont organisé, avec le financement de LUXDEV et en collaboration avec plusieurs coparrainants de l’ONUSIDA, un atelier de renforcement des capacités afin de mobiliser et de renforcer les capacités de la société civile et des communautés. L’atelier visait aussi à promouvoir le dialogue et la collaboration entre les organisations de la société civile, les partenaires et les gouvernements en vue de faire avancer la protection sociale inclusive et prenant en compte le VIH dans la région.

Sur la base des recommandations de l’atelier, un certain nombre d’activités de suivi ont été convenues pour améliorer le rôle et le positionnement des communautés dans l’expansion de la protection sociale sensible au VIH dans leurs pays et leur région. 

« Au Niger, les allocations en espèces sont arrivées au bon moment. Elles ont été utilisées par les bénéficiaires pour faire des réserves de nourriture et payer leur loyer, mais surtout pour permettre aux enfants de poursuivre leur scolarité. Cette initiative a démontré la valeur et l’importance de collaborer avec les communautés et nos coparrainants pour atteindre un objectif commun », a déclaré El Hadj Fah, directeur pays de l’ONUSIDA pour le Niger.

Sommet régional sur le VIH

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