Caribbean

L'ONUSIDA se félicite de l'arrêt du tribunal protégeant les droits des personnes LGBTQ en Dominique

22 avril 2024

22 avril 2024—L'ONUSIDA salue la décision de la Haute Cour de la Dominique de protéger les droits des personnes LGBTQ en Dominique.

Aujourd'hui, la Cour a statué que les articles 14 et 16 de la loi sur les infractions sexuelles (SOA), qui criminalisaient les activités homosexuelles consensuelles entre adultes, étaient inconstitutionnelles au regard de la Constitution du Commonwealth de la Dominique. La Cour a estimé que ces dispositions violaient le droit à la liberté, garanti par l'article 1(a) de la Constitution, la liberté d'expression, garantie par les articles 1(b) et 10(1), et la protection de la vie privée, garantie par l'article 1(c). 

Dans une décision rendue par la juge Kimberly Cenac-Phulgence sur une plainte déposée par un homosexuel, la Cour a estimé que.. :

"La criminalisation des relations sexuelles entre adultes consentants du même sexe, telle qu'elle est prévue par les articles 14 et 16 de la loi sur l'homosexualité, constitue une restriction injustifiable du droit à la liberté d'expression garanti par la Constitution dans une société libre et démocratique".

De manière tout aussi puissante, la Cour a accepté que le droit à la protection de la vie privée au domicile englobe :

"Les articles 14 et 16 de la loi sur l'homosexualité contreviennent donc à la Constitution dans la mesure où ils s'immiscent dans la vie privée et familiale d'un individu en interdisant à des adultes consentants de choisir la personne avec laquelle ils souhaitent avoir une activité sexuelle intime. Par conséquent, les articles 14 et 16 de la loi sur l'homosexualité sont contraires à la Constitution dans la mesure où ils s'immiscent dans la vie privée d'un individu en interdisant à des adultes consentants de choisir avec qui ils souhaitent avoir une activité sexuelle intime, et sont donc nuls".

La Dominique est le sixième pays des Caraïbes dans lequel une action communautaire puissante a permis de supprimer la criminalisation des relations entre personnes de même sexe. En plus de faire progresser les droits de l'homme pour tous, y compris les personnes LGBTQ, ce progrès juridique fera également progresser la santé publique pour tous. La série de décisions rendues dans l'ensemble des Caraïbes aide la région à accélérer ses progrès vers zéro nouvelle infection par le VIH, zéro décès lié au sida et zéro discrimination pour les personnes touchées.

Winnie Byanyima, directrice exécutive de l'ONUSIDA, a déclaré

"Aujourd'hui, un autre tribunal des Caraïbes a annulé la vieille loi punitive coloniale qui criminalisait les personnes LGBTQ. La décision de la Dominique est une victoire pour la santé publique et les droits de l'homme. La protection des droits de l'homme de toutes les personnes est essentielle pour protéger la santé de toutes les personnes. Les tribunaux, en tant que gardiens des constitutions écrites qui consacrent les droits fondamentaux, sont des voies essentielles pour la réalisation des droits de chacun.

L'ONUSIDA félicite la Dominique et rend particulièrement hommage à la force d'âme des communautés de première ligne de ce pays, qui ont pris la tête du mouvement en faveur des droits de l'homme pour tous.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

La crise haïtienne exacerbe la vulnérabilité des personnes vivant avec et affectées par le VIH. L'ONUSIDA s'est engagé à continuer à fournir un appui aux personnes dans le besoin.

27 mars 2024

La crise humanitaire en Haïti exacerbe la vulnérabilité des personnes vivant avec ou affectées par le VIH, en particulier les femmes, les filles et les populations clés. La situation a aggravé les inégalités existantes et multiplié les risques auxquels sont confrontées les communautés marginalisées. Face à cette adversité, l'ONUSIDA continue de travailler avec ses partenaires pour s'assurer que les personnes vivant avec ou affectées par le VIH ont accès à des services vitaux en matière de VIH, notamment des services de traitement et de prévention.

Par exemple, dans le département de l'Ouest, plus de 50 000 personnes reçoivent un traitement antirétroviral et risquent fort d'être perturbées. Les services de prévention du VIH et de soins de santé risquent également d'être perturbés. Les violences récentes continuent de traumatiser des milliers de familles. Des milliers de personnes se retrouvent aujourd'hui en situation d'insécurité et exposées à toutes sortes de risques. Les personnes déplacées et les populations vulnérables ont besoin d'une aide d'urgence et d'espaces sûrs et protégés.

"Les communautés déjà exposées au VIH en Haïti sont devenues encore plus vulnérables, et les personnes vivant avec le VIH sont confrontées à des difficultés accrues pour accéder aux traitements et aux soins ", a déclaré Luisa Cabal, directrice régionale de l'ONUSIDA pour l'Amérique latine et les Caraïbes. "Avec toutes les agences des Nations Unies et ses partenaires, l'ONUSIDA plaide en faveur d'un accès humanitaire sûr et sans entrave, et de la protection des établissements de santé et des travailleurs sanitaires.

La situation en Haïti est désastreuse, avec plus de 5,5 millions de personnes ayant besoin d'aide, dont plus de trois millions d'enfants. Le Programme alimentaire mondial a noté qu'environ 1,4 million d'Haïtiens sont "à un pas de la famine". Le coordinateur humanitaire des Nations unies pour Haïti (  ) a indiqué que le plan de réponse humanitaire n'était financé qu'à hauteur de six pour cent. Moins de la moitié des établissements de santé de Port-au-Prince fonctionnent à leur capacité moyenne, et il y a un besoin urgent de produits sanguins sûrs, d'anesthésiques et d'autres médicaments essentiels.

Face à ces défis, l'ONUSIDA et ses Coparrainants, ainsi que le Plan d'urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR), le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, et l'Observatoire de la société civile pour le VIH/TB/Paludisme soutiennent le Programme national haïtien de lutte contre le sida.

L'ONUSIDA collabore avec l'unité de gestion des urgences sanitaires du ministère de la santé et de la population pour soutenir la fourniture de traitements contre le VIH. Cet appui comprend des programmes visant à fournir un vaste ensemble de mesures de soutien aux communautés touchées. Par exemple, en collaboration avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l'Organisation de développement et de lutte contre la pauvreté (ODELPA), l'ONUSIDA soutient les filles et les femmes qui ont survécu à la violence sexiste en formant les dirigeants communautaires et en octroyant des fonds d'autonomisation pour les activités génératrices de revenus des femmes et des hommes.

"Nous nous efforçons de faire en sorte que les personnes vivant avec le VIH bénéficient d'un traitement antirétroviral continu et d'un accès aux besoins essentiels, en particulier pour les personnes les plus vulnérables dans les zones les plus touchées ", explique Christian Mouala, Directeur de l'ONUSIDA en Haïti. "L'ONUSIDA reste déterminé à ne pas laisser la crise humanitaire perturber les progrès réalisés dans la riposte au VIH.  Les Nations Unies s'unissent pour soutenir le peuple haïtien ".

Soutenir les femmes et les filles touchées par la violence des gangs en Haïti

29 juin 2023

Au Refuge des Femmes d'Haïti, une petite organisation communautaire de femmes de la commune de Croix-des-Bouquets, Port-au-Prince, Martha Norcimè, une femme enceinte de 34 ans de la commune voisine de Delmas, complète sa formation en couture et en macramé, une forme de textile produite à l'aide de techniques de nouage.

Elle fait partie d'un groupe de femmes vulnérables profondément touchées par la violence et la guerre des gangs qui ont touché plusieurs quartiers de la capitale depuis début 2022. La plupart de ses pairs venaient de Croix-de-Bouquets. Tous, y compris les femmes vivant avec le VIH, vivent dans des circonstances difficiles, qui ont vu leurs moyens de subsistance disparaître complètement au cours de ces deux dernières années à mesure que la violence augmentait.

« Je vais bientôt donner naissance à mon premier enfant. Avant, je vendais de la nourriture et des produits d'entretien que j'achetais à la frontière haïtiano-dominicaine entre Jimani et Malpasse, et je vendais ensuite sur les marchés de la ville et de mon quartier », se souvient Martha. « Mais je ne pouvais plus continuer, compte tenu du blocus de l'entrée nord de la ville contrôlé par des gangs armés. Tant de femmes commerçantes sont violées, kidnappées ou volées par eux. »

À l'automne 2022, un projet conjoint des Nations Unies coordonné par le bureau pays de l'ONUSIDA en Haïti, avec la participation de l'UNFPA, du PNUD et de l'UNICEF, a été lancé en partenariat avec le Refuge des Femmes d'Haïti et avec le soutien du FOSREF, un organisme haïtien organisation non gouvernementale. L'objectif est de soutenir les femmes et les filles qui vivent cette réalité quotidienne en les responsabilisant et en leur donnant les outils pour rester en bonne santé et vaincre la féminisation du VIH en Haïti.

Les progrès importants réalisés par Haïti au cours de la dernière décennie dans le contrôle de son épidémie de VIH sont désormais menacés, en particulier dans la capitale, où résident un tiers des 11,8 millions d'Haïtiens. Le poids d'une crise socio-économique et sécuritaire en cours déclenchée par l'assassinat de l'ancien président Jovenel Moïse en juillet 2021 est supporté par les adolescentes, les jeunes et les femmes adultes.

La féminisation du VIH est depuis longtemps une caractéristique de la pandémie haïtienne avec une prévalence du VIH chez les femmes de 2,3 %, contre 1,6 % chez les hommes. Pourtant, la crise persistante aux multiples facettes et profonde, alimentée par de tels niveaux de violence, expose des milliers de femmes à l'infection par le VIH.

En octobre 2022, un rapport conjoint sur les droits humains publié par le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), intitulé Violences sexuelles à Port-au-Prince : une arme utilisée par des gangs pour semer la peur a dénoncé le viol collectif par des gangs dans la capitale comme une arme de guerre. En mai 2023, une recherche menée par l'Initiative mondiale contre le crime organisé transnational à Cité-Soleil, une autre commune pauvre de Port-au-Prince profondément touchée par l'activité des gangs, a révélé que 80 % des femmes et des filles qui ont participé à l'étude avaient été victimes d'une ou plusieurs formes de violences basées sur le genre par un ou plusieurs auteurs.

« Nous travaillons en étroite collaboration avec les Agences des Nations Unies pour soutenir les femmes victimes de violences, les rendre financièrement indépendantes et ainsi réduire la féminisation du VIH, les violences sexuelles et basées sur le genre et la mortalité maternelle et néonatale », déclare Novia Augustin, Présidente de Ref-Haïti, et de la Fédération des Organisations Féminines pour l'Egalité et les Droits Humains (FEDOFEDH). « Les difficultés sont multiples, mais la plus grande est l'insécurité et le manque de moyens financiers. Ma motivation vient de nos résultats : Quand je regarde la satisfaction sur les visages des femmes que nous avons accompagnées, la reconnaissance qu'elles manifestent, je me dis que c'est en vaut la peine, malgré toutes les difficultés rencontrées et les risques encourus. »

Martha se souvient comment Novia lui a ouvert la porte pour un entraînement intensif tous les jours de 8 h à 16 h. A l'époque, elle était déjà enceinte. Et malgré la fatigue liée à la grossesse, elle n'a pas manqué une seule journée de cours. « Je peux coudre des jupes, des bonnets, des chemisiers et même des sandales !" dit-elle fièrement. "Mais je ne peux plus rien faire à cause de cette crise. Parfois, je manque même mes rendez-vous prénataux chez le médecin simplement parce que j'ai peur de sortir. »

Outre la formation, Ref-Haïti a également inclus des discussions sur le risque et la prévention du VIH, la violence sexiste, la santé sexuelle et reproductive, la planification familiale et le choléra. Les activités de sensibilisation ont ciblé les femmes bénéficiaires et des centaines de jeunes filles des autres communes affectées.

« Nous travaillons pour soutenir une réponse sanitaire intégrée pour les femmes et les filles si gravement touchées par la violence des gangs et par les inégalités socio-économiques », déclare Christian Mouala, directeur national de l'ONUSIDA pour Haïti. « Nous sommes fiers des organisations locales dirigées par des femmes telles que Refuge des Femmes et leurs efforts incommensurables pour aider les femmes à surmonter les défis auxquels elles sont confrontées. »

Photos : PNUD Haïti

L’ONUSIDA salue la décision de la Barbade d’abroger les lois datant de l’ère coloniale qui criminalisaient les rapports sexuels entre personnes du même sexe

13 décembre 2022

GENÈVE, le 13 décembre 2022—L’ONUSIDA salue le jugement rendu par la Haute Cour de Barbade qui supprime les lois héritées du colonialisme sur l’outrage à la pudeur et la sodomie qui criminalisaient les relations consensuelles entre personnes du même sexe.

« Cette décision historique est une étape importante pour protéger les droits humains et la dignité des personnes LGBT à la Barbade », a déclaré la directrice régionale de l’ONUSIDA pour l’Amérique latine et les Caraïbes, Luisa Cabal. « Elle renforcera également la riposte au VIH du pays en contribuant à réduire la stigmatisation et la discrimination auxquelles est confrontée la communauté LGBT. Par ailleurs elle améliorera l’adoption des services de dépistage du VIH, de traitement et de prévention. »

En vertu de l’article 9 de la loi sur les infractions sexuelles de la Barbade, les hommes qui se livrent à une activité sexuelle avec un partenaire du même sexe encouraient jusqu’à des peines d’emprisonnement. Quant à l’article 12, il criminalisait tant les hommes que les femmes et les rendait passibles d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 10 ans. En plus de violer les droits humains des personnes LGBT, les lois qui punissent les relations sexuelles consenties entre personnes du même sexe freinent les progrès en matière de santé, y compris dans la riposte au VIH. De fait, ces lois alimentent la stigmatisation et la discrimination à l’encontre des personnes LGBT. De plus, elles les empêchent de chercher et de recevoir des soins de santé, car ces personnes ont peur des sanctions ou d’être arrêtées. La dépénalisation sauve et change des vies, et permet d’instaurer des sociétés plus fortes.

Cette année, la Barbade devient le troisième pays des Caraïbes à annoncer l’abrogation de cette législation discriminatoire. La demande a été déposée par deux activistes LGBT de la Barbade qui ont été accompagnés dans le processus par l’organisation locale Equals Barbados, qui apporte son soutien à la communauté, et l’organisation régionale LGBT, l’Eastern Caribbean Alliance for Diversity and Equality.

Au début de l’année, les courts d’Antigua-et-Barbuda et de Saint-Christophe-et-Niévès ont également abrogé des lois inconstitutionnelles qui criminalisaient les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Toutefois, six pays des Caraïbes, tous d’anciennes colonies britanniques, continuent de criminaliser les rapports sexuels entre adultes consentants. Il s’agit de la Dominique, de la Grenade, du Guyana, de la Jamaïque, de Sainte-Lucie et de Saint-Vincent-et-les-Grenadines.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

Contact

UNAIDS Communications
communications@unaids.org

Michel de Groulard, ancien directeur pays de l’ONUSIDA, restera dans les mémoires pour son engagement en faveur des communautés

10 octobre 2022

L’ONUSIDA est triste d’apprendre le décès du Dr Michel de Groulard qui a travaillé pendant longtemps comme conseiller en santé publique et sur le VIH aux Caraïbes. Michel avait plus de 30 ans d’expérience dans le domaine de la santé publique internationale et a consacré un quart de siècle au VIH. 

Ce ressortissant français était tombé amoureux des Caraïbes. Il a vécu à Trinité-et-Tobago pendant plusieurs années et jusqu’à son décès. 

Médecin de formation, Michel a travaillé sur plusieurs projets de santé publique pour le ministère français des Affaires étrangères. Il a passé cinq ans à fournir des soins dans des villages reculés du désert mauritanien et deux ans au Cameroun. Il a occupé le poste de responsable de la santé publique au sein du ministère de la Santé de Grenade et de chef de projet VIH au Centre d’épidémiologie des Caraïbes.

Michel a rejoint l’ONUSIDA en 2001 en tant que conseiller principal des partenariats. Il a ensuite intégré le personnel de l’ONUSIDA dans les Caraïbes en tant que conseiller principal du programme pendant plus de sept ans. Le mois dernier, il venait de terminer un contrat de deux ans en tant que directeur pays par intérim pour le bureau au Guyana et au Suriname qu’il a lui-même ouvert à Georgetown en 2005.

Au fil des ans dans son travail sur le VIH, il a toujours mis l’accent sur le rôle de la société civile à tous les niveaux de la riposte pour lutter contre les risques et les vulnérabilités, les obstacles liés au genre et les freins à l’accès aux services. Michel a apporté son soutien technique à la création du Réseau caribéen des personnes vivant avec le VIH (CRN+) en 1996 et à la création de la Caribbean Vulnerable Communities Coalition (CVC) en 2005. Pendant plusieurs années, il a été président adjoint de Community Actions Resource (CARE), la plus ancienne organisation de Trinité-et-Tobago au service des personnes séropositives.

Michel a surtout défendu les groupes marginalisés et exclus, en particulier les personnes vivant avec le VIH et les populations clés. Il a veillé à ce que les préoccupations et les voix des communautés soient placées au centre de la planification et des actions de militantisme. La société civile se souviendra de lui pour avoir défendu son rôle essentiel dans l’élaboration des politiques publiques et l’apport des services.

Michel n’a jamais vraiment pris sa retraite. Débordant d’énergie et d’envie de s’engager, il s’est mesuré à de nombreux défis après son départ initial de l’ONUSIDA en 2013. Il a ainsi occupé le poste de directeur régional du programme USAID/PEPFAR LINKAGES pour les Caraïbes orientales et méridionales. Il a également été bénévole auprès de l’Alliance Française de Port-d’Espagne.

Il n’a pas non plus renié son intérêt pour l’épidémiologie et la santé publique. Depuis le début de la pandémie de COVID-19, par exemple, il a compilé et diffusé tous les jours des graphiques par pays et pour la région afin de suivre les nouvelles infections et les décès dans les Caraïbes. Jusqu’à la veille de sa mort, il a continué à envoyer la nuit comme d’habitude des messages sur WhatsApp à ses amis et collègues.

Michel aimait cuisiner et régalait souvent ses invités chez lui avec sa célèbre quiche. Il nous a tous encouragés à avoir une alimentation saine et à faire du sport. Son grand sourire chaleureux ne quittait jamais ses lèvres.

Michel a fait honneur à la fonction publique internationale et a laissé une trace dans de nombreuses vies. Il a été un pourfendeur des inégalités. Nous avons perdu un frère apprécié, un être humain merveilleux et un professionnel à l’engagement exemplaire qui avait un sens exceptionnel des droits humains et de l’inclusion. Nous adressons nos sincères condoléances à sa famille. Il nous manquera.

La justice n’est jamais un don, mais une victoire : des activistes des Caraïbes orientales ont élaboré une stratégie efficace contre les lois qui criminalisent les personnes LGBT

31 août 2022

Pendant près de 150 ans, être gay à Saint-Kitts-et-Nevis faisait de vous un criminel.  Ce que les autorités coloniales appelaient inhumainement « le crime abominable de sodomie » était inscrit dans le droit et avait pour effet de punir, stigmatiser, discriminer les personnes LGBT et de les empêcher d’être elles-mêmes. 

Cette semaine, la Haute Cour de ce pays des Caraïbes a jugé que les dispositions qui criminalisaient les actes sexuels privés entre partenaires du même sexe allaient à l’encontre de la constitution et que la criminalisation devenait nulle et non avenue avec effet immédiat. 

Maître Nadia Chiesa a souligné que le dossier à Saint-Kitts-et-Nevis portait sur plusieurs violations de droits constitutionnels par des dispositions pénales : les droits à la vie privée, à la liberté personnelle, à l’absence de discrimination et à la liberté d’expression.  

« Le dossier n’a pas été étayé uniquement par des arguments juridiques, mais aussi par de nombreux exemples illustrant l’effet de ces lois sur les personnes dans la communauté et dans tous les aspects de leur vie », a expliqué Mme Chiesa.  

Les preuves apportées par les plaignants et plaignantes touchaient des problèmes rencontrés régulièrement par les membres de la communauté LGBT à Saint-Kitts-et-Nevis.  Figurait en tête « une tendance à éviter les services de santé sexuelle, y compris le dépistage du VIH, par peur de la stigmatisation par les prestataires de soins de santé ou la société au sens large ».  

« Les programmes de lutte contre le VIH sont censés se concentrer sur les populations clés, y compris les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, pourtant certains gouvernements ont mis en place des politiques pour ne pas se conformer à ces approches, ou encore on observe de facto une absence d’action de la part des autorités chargées de fournir des services aux communautés. Cette preuve était très importante pour étayer l’argumentaire juridique concernant la discrimination », explique Veronica Cenac, avocate à Sainte-Lucie et une des principales instigatrices de l’initiative.   

Aujourd’hui, l’évolution de la législation va permettre d’améliorer tout un éventail de services. Le changement de la législation sauvera et changera des vies.  

Alors que les activistes fêtent leur succès, tous et toutes soulignent également l’importance de réfléchir sur le processus qui a mené à cette victoire et d’en tirer des leçons, de contribuer à apporter leur expérience aux efforts des autres et de fournir des informations sur les prochaines étapes nécessaires pour mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination.  

La stratégie qui allait finalement renverser une loi du 19e siècle a vu le jour il y a sept ans. Le mois dernier, cette initiative a attaqué et renversé la loi sur la « sodomie » à Antigua-et-Barbuda. Des actions similaires ont été lancées à la Barbade, à la Grenade et à Sainte-Lucie.  

Cette approche s’inspire d’exemples récents aux Caraïbes de recours à l’examen de la législation en vue de renverser les lois qui criminalisaient les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) au Belize, au Guyana et à Trinité-et-Tobago. Sous la direction de l’Eastern Caribbean Alliance for Diversity and Equality (ECADE), un regroupement d’avocats et avocates, de groupes de la société civile et d’organisations de défense des droits humains a élaboré un plan spécial pour viser des lois discriminatoires dans les Caraïbes orientales. 

Le processus de l’ECADE reposait sur trois piliers.  

Premièrement, plutôt que de se concentrer sur la création d’une dynamique positive dans la couverture médiatique des affaires, les efforts de communication se sont focalisés sur la sensibilisation et la prise en compte des connaissances des communautés. L’équipe a travaillé pour identifier les points forts et les soutiens, tout en prévoyant de remédier aux écueils potentiels. 

Deuxièmement, la stratégie reposait fondamentalement sur le renforcement des institutions. 

« Il ne s’agissait pas uniquement d’intenter des poursuites en justice », a déclaré Kenita Placide, directrice exécutive de l’ECADE. « Mais de bâtir une communauté. »  

L’une des parties réclamantes était l’organisation non gouvernementale St. Kitts and Nevis Alliance for Equality (SKNAFE). La présidente de la SKNAFE, Tynetta McKoy, a révélé que l’organisation était prête à soutenir la prochaine étape du travail : renforcer l’implication du public.  

« La majorité des membres de la communauté... savent qu’il s’agit d’une première étape et qu’il reste encore beaucoup à faire en matière d’éducation et de sensibilisation du public. Au niveau communautaire, il s’agit d’un tremplin. Nous allons continuer », a-t-elle déclaré. 

La troisième étape de la stratégie consistait à assurer la sécurité des justiciables et de la communauté au sens large. L’ECADE a souligné l’importance de penser aux demandeurs et demandeuses au-delà de l’affaire et de s’assurer que ces personnes puissent vaquer à leurs occupations en toute sécurité, en particulier lorsque leurs noms et visages ont circulé dans les médias.  

L’ECADE a remercié chaudement les contributions du Human Dignity Trust, du Kaleidoscope Trust, du Réseau juridique VIH du Canada, de l’University of the West Indies Rights Advocacy Project (URAP) et de la Caribbean Vulnerable Communities (CVC) Coalition, entre autres, pour leurs contributions variées. Il s’agissait notamment de soutenir la recherche fondamentale et d’offrir des conseils stratégiques. 

Mme Cenac a indiqué qu’une nouvelle phase de la stratégie visera à encourager les gouvernements à adopter une législation protectrice. Cela garantira à la communauté LGBT et aux autres groupes vulnérables d’être couverts par les mêmes protections juridiques que les autres citoyens et citoyennes.     

E. Anthony Ross Q.C., avocat principal, a appelé les gouvernements des Caraïbes à prendre les devants pour garantir que leurs lois défendent les droits constitutionnels garantis des citoyens et citoyennes. 

« [Cette décision juridique] n’a rien créé de nouveau. La constitution confère spécifiquement ces droits. Les procureurs généraux et procureuses générales doivent en prendre note. Il est temps de passer au crible toutes les lois et de corriger ces lois discriminatoires. »

Le VIH et les homosexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes

Saint-Kitts-et-Nevis devient le dernier pays en date à déclarer que les lois criminalisant les personnes LGBT sont inconstitutionnelles

30 août 2022

GENÈVE, le 30 août 2022—L’ONUSIDA salue la décision de la Haute Cour de Saint-Kitts-et-Nevis qui a déclaré que les lois criminalisant le sexe gay sont inconstitutionnelles. Autrement dit, ces dernières sont supprimées immédiatement du code pénal. La Cour a donné une suite favorable à la requête des plaignants et plaignantes concernant les articles 56 et 57 de la loi Offences Against the Person Act qui selon eux violaient le droit à la vie privée et à la liberté d’expression.

« Cette décision historique est une étape importante dans la garantie de l’égalité et de la dignité pour la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre à Saint-Kitts-et-Nevis et dans toutes les Caraïbes », a déclaré Luisa Cabal, directrice de l’ONUSIDA pour l’Amérique latine et les Caraïbes. « Aujourd’hui, Saint-Kitts-et-Nevis rejoint un nombre croissant de pays des Caraïbes qui ont tourné le dos à ces lois coloniales qui bafouent les droits humains des personnes et freinent la riposte à la pandémie de VIH. Tout le monde profite de cette décriminalisation. »

En plus de violer les droits humains des personnes LGBT, les lois qui punissent les relations sexuelles consenties entre personnes du même sexe constituent un frein important à l’amélioration des résultats en matière de santé, y compris dans la riposte au VIH. De fait, ces lois alimentent la stigmatisation et la discrimination à l’encontre des personnes LGBT. Par ailleurs, elles dressent des barrières aux membres de cette communauté qui cherchent et reçoivent des soins de santé, car ces personnes ont peur des sanctions ou d’être arrêtées. La dépénalisation sauve et change des vies.

La plainte contre le gouvernement de Saint-Kitts-et-Nevis a été déposée par un citoyen, Jamal Jeffers, et l’organisation St. Kitts and Nevis Alliance for Equality, avec le soutien de l’Eastern Caribbean Alliance for Diversity and Equality. La décision rendue par la Haute Cour fait suite à une décision similaire rendue par la Haute Cour d’Antigua-et-Barbuda en juillet. Les tribunaux du Belize et de Trinité-et-Tobago ont également supprimé des articles de leurs codes pénaux qui criminalisaient les relations sexuelles entre personnes du même sexe.

Toutefois, sept pays des Caraïbes, tous d’anciennes colonies britanniques, continuent de criminaliser les rapports sexuels entre adultes consentants. Il s’agit de la Barbade, de la Dominique, de la Grenade, du Guyana, de la Jamaïque, de Sainte-Lucie et de Saint-Vincent-et-les-Grenadines.

« La société civile caribéenne est déterminée et la décision des tribunaux des Caraïbes est sans ambiguïté. Les jours de ces lois coloniales néfastes sont comptés », a déclaré Luisa Cabal. « Les pays qui n’ont pas encore supprimé ces lois doivent le faire de toute urgence, pour la santé et les droits humains de toute leur population. »

L’arrêt de la Cour réduit à 68 le nombre de pays dans le monde qui criminalisent les relations sexuelles entre personnes du même sexe. Au début du mois, Singapour a annoncé l’abrogation de la législation qui condamnait les rapports sexuels gays par une peine de prison allant jusqu’à deux ans.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

Contact

UNAIDS Geneva
Michael Hollingdale
tél. +41 79 500 2119
hollingdalem@unaids.org

Le VIH et les homosexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes

Haïti livre un modèle de service aux populations clés

16 août 2022

Imaginez qu'une large partie de la population vous accuse des tragédies qui frappent votre pays. Tremblements de terre. Cyclones. Inondations.

Imaginez maintenant que vous n'avez pas accès aux programmes de réponse aux catastrophes pour cette raison.

Les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) en Haïti sont victimes de préjugés fortement enracinés. La discrimination limite souvent leurs chances dans la vie. Les possibilités d’éducation et d’emploi se réduisent comme peau de chagrin. Même l’accès aux soins de santé peut devenir une épreuve.

Fondée en 1999, la SEROvie Foundation associe la promotion de la santé auprès de la communauté LGBT à la défense des droits humains et à l’autonomisation socio-économique. Aujourd’hui, l’organisation gère des projets dans neuf départements.

L’ONUSIDA soutient SEROvie pour garantir que les besoins des communautés de populations clés ne soient pas oubliés au cours des ripostes aux catastrophes. Cette intervention permet aux personnes séropositives de continuer à recevoir une thérapie antirétrovirale et de pouvoir obtenir de l'aide lorsqu'elles en ont besoin. Au-delà de la phase d’urgence, les bénéficiaires reçoivent un soutien pour retrouver une source de revenus et réintégrer leur foyer. Ces personnes obtiennent également un soutien psychosocial pour faire face au deuil et au traumatisme.

En 2016, SEROvie a fondé la clinique J.C Ménard à Port-au-Prince. Cet établissement se place au service des personnes LGBT et d’autres populations clés, y compris les professionnelles du sexe et leurs clients. Ici, SEROvie puise dans plus de vingt ans d’expérience dans la fourniture d’une assistance sanitaire et sociale pour mettre en place une offre exhaustive de services.

Avec l’aide de plusieurs partenaires, notamment l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), J.C Ménard propose une gamme de services gratuits pour lutter contre la violence sexiste, la stigmatisation et la discrimination, et encourager la planification familiale et la prévention du VIH, y compris en offrant une PPrE. Le centre fournit également un traitement et des soins contre le VIH, les IST et la tuberculose. 

Dans le laboratoire interne, l'équipe technique gère à la fois le diagnostic et le suivi du traitement. Elle suit le parcours de chacun et chacune, depuis le test positif jusqu'à la suppression virale. Au cours des 12 derniers mois, la clinique a réalisé sur place un dépistage du VIH auprès de 6 000 personnes et a aidé plus de 1 500 patients et patientes à gérer leur traitement. En plus de distribuer des médicaments, l'établissement échange avec d’autres centres pour éviter les ruptures de stock et les dépassements de la date de péremption.

Des travailleurs et travailleuses sociaux évaluent la situation de chaque bénéficiaire pour déterminer les besoins. La psychologue, Darline Armand, affirme que le moment le plus important de son travail est le premier échange avec une personne qui vient de découvrir sa séropositivité.

« Elle doit se sentir en sécurité », explique-t-elle.

Gregory Jacques, responsable des pairs, explique que la clinique utilise à la fois la sensibilisation et le guidage par les pairs comme approches stratégiques. Les éducateurs et éducatrices abordent avec les bénéficiaires les thèmes des relations, des risques et de la sécurité, et leur apportent des informations précises. Les navigateurs et navigatrices sont également des personnes séropositives qui guident les autres dans le processus de traitement et de soins.

« Ce qui fait la différence, c’est que [les bénéficiaires] savent que l'on est comme eux », explique un navigateur.

Dans la salle communautaire, des bénéficiaires obtiennent des informations sur le thème de la santé et des relations en participant à des activités dans la bonne humeur. C’est également là que ces personnes se rencontrent pour les groupes de soutien et les échanges.

L’équipe de suivi et d’évaluation mesure minutieusement les performances du programme. Elle recense tout, du nombre de personnes vivant avec le VIH identifiées au nombre de sessions de sensibilisation menées avec des prêtres vaudou, en passant par le dépistage indicateur. Au cours de l’année écoulée, plus de 15 000 personnes ont reçu des messages de sensibilisation sur le VIH, la violence sexiste, la stigmatisation et la discrimination de la part de la clinique. Plus de 1 500 personnes bénéficient de services complets de soins et de traitement anti-VIH, tandis que plus de 1 500 sont sous PPrE.

Steeve Laguerre, cofondateur de SEROvie, est ébahi et lucide quant au chemin parcouru par l’organisation.

« Les services que nous fournissons sont entièrement déterminés par les besoins des personnes que nous servons », explique-t-il. « Nous recherchons des financements qui correspondent à leurs demandes. Les bénéficiaires sont toujours la boussole de notre travail. » 

Cette approche centrée sur les bénéficiaires est précieuse pour les Caraïbes au sens large. Selon le rapport actualisé 2022 sur le sida, En Danger, l’année dernière, quatre nouvelles infections sur cinq dans la région étaient liées aux communautés de populations clés et à leurs partenaires sexuels. Parallèlement, la majeure partie du financement des activités régionales de prévention combinée avec les populations clés provient de sources internationales. 

« Les stratégies communautaires de prise en charge des patients et patientes permettent de réduire le diagnostic tardif et le manque de suivi tout en améliorant les résultats du traitement », a déclaré le directeur pays de l’ONUSIDA pour Haïti, Dr Christian Mouala. « Ces approches doivent obtenir les ressources nécessaires et être intégrées correctement dans la riposte nationale. »

Engagement de la Jamaïque envers la protection sociale

05 mai 2022

La COVID-19 a eu un impact dévastateur sur l’économie jamaïcaine qui s’est rétractée de plus de 5 % en 2020. Selon la Banque mondiale, le taux de pauvreté est passé de 19 % en 2018 et 2019 à environ 23 % en 2020. Les femmes actives ont été parmi les groupes les plus touchés par la crise. Elles représentent environ 78 % du personnel humanitaire et de santé, et 55 % des effectifs dans les secteurs très exposés à la COVID-19, notamment le commerce et le tourisme. Par exemple, le secteur du tourisme de l’île qui avait accueilli 4,2 millions de personnes en 2019 a enregistré une baisse considérable en 2020 et 2021 en raison des restrictions de voyage mondiales liées à la pandémie.

En réaction, le gouvernement jamaïcain a mis en place une série de stratégies de relance, notamment par le biais d’une réduction des impôts et taxes. Il a également lancé le programme COVID-19 Allocation of Resources for Employees (CARE) qui visait à aider les travailleurs et travailleuses, ainsi que les entreprises en ces temps difficiles.

Les personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus ont également ressenti l’impact de la pandémie. La charge supplémentaire causée par la COVID-19 sur le personnel et les établissements de santé, aggravée par les pertes de revenus et les restrictions de déplacement, a provoqué des perturbations dans l’accès aux services anti-VIH et d’autres services de santé.

En réponse, le Conseil national de planification familiale (National Family Planning Board) et l’ONUSIDA, en partenariat avec des acteurs essentiels pour la conception et la mise en œuvre de la stratégie nationale de protection sociale, notamment le ministère du Travail et de la Sécurité sociale, l’Institut de planification de Jamaïque, le ministère du Gouvernement local et du Développement rural, ainsi que des organisations de la société civile, ont collaboré pour réaliser une évaluation de la protection sociale et contre le VIH dans le pays. Cette étude a permis de réaliser une cartographie des services de protection sociale, d’identifier les lacunes pour atteindre les personnes, mais aussi les opportunités pour répondre aux besoins spécifiques des personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus, comme une meilleure information sur l’existence et les conditions pour bénéficier des aides, et de fournir des recommandations pour l’amélioration de la protection sociale.

Parmi la centaine de personnes interrogées, beaucoup ne connaissaient pas l’existence de programmes de protection sociale alors que le pays en propose plusieurs. La confusion régnait également sur les personnes éligibles pour bénéficier des programmes. En général, les personnes vivant avec le VIH, en particulier les mères séropositives de moins de 25 ans, font partie des populations confrontées aux plus grandes difficultés pour accéder aux programmes de lutte contre le VIH et de protection sociale en Jamaïque, en particulier le Programme de progrès grâce à la santé et à l’éducation (Programme of Advancement Through Health and Education, PATH). Par exemple, pour déposer une demande pour le PATH, une famille obtient une note qui prend en compte tous ses membres. Si elle n’est pas considérée comme pauvre, elle ne peut pas bénéficier du PATH, y compris les jeunes mères.

« Les systèmes de protection sociale sont essentiels pour mettre fin à l’épidémie de sida, car ils permettent de lutter contre les inégalités socio-économiques qui alimentent le risque et la vulnérabilité au VIH, y compris la stigmatisation et la discrimination ainsi que d’autres violations des droits humains, notamment en éliminant les obstacles à l’accès aux services anti-VIH », a déclaré le directeur pays de l’ONUSIDA pour la Jamaïque, Richard Amenyah.

Parmi ses recommandations, l’évaluation a souligné l’importance d’informer sur les programmes de protection sociale existants, de revoir les critères de sélection pour l’assistance sociale, de numériser l’inscription et les virements, de renforcer la coordination locale et de consolider les programmes concernant le marché du travail.

« Les programmes de protection sociale jouent un rôle important pour les plus vulnérables de la société, car ils atténuent les effets de situations sociales et économiques difficiles engendrées par des circonstances telles que la pandémie de COVID-19. Ainsi, les recommandations de cette évaluation ne peuvent qu’améliorer les programmes de protection sociale existants et renforcer la collaboration multisectorielle dans ce domaine au profit des personnes les plus touchées, y compris les personnes vivant avec le VIH », a déclaré Lovette Byfield, directrice principale du National Family Planning Board.

Le personnel de santé communautaire est un pilier des ripostes au VIH et à la COVID-19

02 décembre 2021

En 2001, à 33 ans, Micheline Léon s’est sentie mal. Cette mère de trois enfants s’est alors rendue de sa petite ville de Corporand, située au centre de Haïti, à un dispensaire à Cange où on lui a diagnostiqué le VIH et la tuberculose.

Heureusement, trois ans plus tôt, une organisation baptisée Zanmi Lasante (traduction de Partners in Health en Créole haïtien) avait lancé l’initiative HIV Equity. (Zanmi Lasante est une organisation apparentée au groupe de santé à but non lucratif Partners in Health implanté aux États-Unis.) Il s’agissait de l’un des premiers projets au monde à véritablement proposer une thérapie antirétrovirale dans des régions rurales pauvres.

Vingt ans plus tard, Mme Léon fait partie des 2 000 personnes appelées les « accompagnateurs » communautaires de santé du réseau Zanmi Lasante. Des équipes pluridisciplinaires font le lien entre les patients et les établissements de santé. Elles participent également à toutes les discussions de l’initiative HIV Equity concernant la prise en charge, le traitement et l’appui social des patients et patientes.

Les accompagnateurs et accompagnatrices vivent dans les zones où ils travaillent. Ils veillent à ce que leurs patientes et patients aillent mieux et restent en bonne santé. Ils s’occupent en particulier de la distribution de médicaments et des visites à domicile, et renvoient vers les soins. Ils accompagnent les patients et patientes jusqu’aux cliniques et reviennent vers ceux et celles qui ont manqué un rendez-vous. Au cours de la pandémie de COVID-19, les accompagnateurs ont été essentiels aux efforts de prise en charge et de traitement de Zanmi Lasante. Les compétences en matière de soins à domicile et de suivi des contacts acquises avec le VIH sont maintenant mises à profit pour la COVID-19.

Zanmi Lasante a une approche holistique de la prise en charge. Celle-ci comprend des services sociaux tels que l’hébergement, la nourriture et les transports. Le personnel de santé communautaire aide à coordonner tout le soutien nécessaire. Il sert également la communauté au sens large en organisant des campagnes éducatives sur des sujets tels que la santé mentale et les infections sexuellement transmissibles.

Surtout, les accompagnateurs et accompagnatrices autonomisent et invitent les gens à s’occuper de leur santé. Mme Léon en est l’exemple vivant. Depuis qu’elle a commencé son traitement, elle le suit à la lettre et sa charge virale est indétectable depuis qu’elle a commencé à la faire tester en 2017. Elle possède une petite activité de fruits et de volailles et passe parfois du temps à Port-au-Prince où vit son dernier petit-fils. Elle participe à diverses activités communes sur le site de Zanmi Lasante à Cange : groupes de soutien, cours sur le thème de la charge virale et groupes de mères, par exemple.

« Le soutien psychosocial que j’ai reçu de Zanmi Lasante m’a fait prendre conscience que mon diagnostic n’était pas une condamnation à mort et que je pouvais continuer à vivre une vie saine et épanouie », explique Mme Léon.

Un autre grand programme haïtien de lutte contre le VIH repose sur une approche de santé communautaire. GHESKIO, le Groupement haïtien d’étude du syndrome de Kaposi et des infections opportunistes, a été fondé en 1982, l’année précédant la découverte officielle du VIH. Il s’agit de la plus ancienne organisation de lutte contre le VIH au monde. Elle mène des recherches et fournit des soins cliniques depuis quarante ans.

GHESKIO a su utiliser un modèle communautaire pour aider Haïti à riposter au VIH et à d’autres crises de santé publique. Lorsque la pandémie de COVID-19 est arrivée dans le pays en mars 2020, GHESKIO a renforcé un programme existant (la distribution de traitements antirétroviraux dans la communauté) afin de s’assurer que les clients vivant avec le VIH reçoivent des médicaments pour trois mois de traitement. Dans une petite salle de l’Association nationale de solidarité (ASON), une équipe emballe les médicaments dans des sacs en plastique et consulte la liste des membres. Si une personne n’est pas en mesure de venir chercher ses médicaments, on s’occupe alors de les lui livrer à domicile.

GHESKIO a également renforcé les activités de formation de son personnel de santé communautaire aux compétences variées. Le groupement a ainsi apporté un soutien social aux patients et patientes ainsi que des soins à domicile pour les cas qui ne nécessitaient pas d’hospitalisation.

« Notre unité communautaire a joué un rôle essentiel dans l’acceptation de nouveaux centres de traitement de la COVID-19 dans les bidonvilles surpeuplés et démunis », a déclaré Patrice Joseph, le coordonnateur du programme GHESKIO. « En collaboration avec le Ministère de la Santé, nous avons renforcé le suivi des contacts, l’examen des cas et la gestion de l’épidémie de COVID-19. »

CV, une mère de 35 ans originaire du Village-de-Dieu, un bidonville qui s’étend au sud du Port-au-Prince, est l’une des dernières recrues du personnel communautaire. Elle a elle-même survécu à la COVID-19. Lorsqu’elle a commencé à se sentir mal, un membre de l’équipe communautaire l’a accompagnée pour se faire dépister. Après cinq jours à l’hôpital GHESKIO pour la COVID-19, CV a reçu chez elle des visites d’une équipe communautaire qui venait s’assurer de sa guérison totale.

Elle travaille désormais à l’accueil chez GHESKIO. Elle est également agente de santé communautaire pour GHESKIO et encourage les patients et patientes à honorer leurs rendez-vous. CV soutient la sensibilisation communautaire autour de la prévention de la COVID-19 en promouvant l’hygiène et en expliquant aux gens l’importance de la vaccination contre la COVID-19.

« Pour moi, aucun jour n’est gagné d’avance », a-t-elle déclaré.

Pages