COL

« Mon souci numéro 1, c’est d’obtenir mes antirétroviraux » : l’Amérique latine face au VIH et à la COVID-19

28 mai 2020

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, Marcela Alcina du Latin American and the Caribbean Movement of Positive Women (MLCM+) reçoit plus de 20 appels par jour de personnes ayant besoin d’aide, pour obtenir soit de la nourriture ou des médicaments, soit des conseils sur la manière de gérer le confinement.

Yesenia Rodriguez (nous avons changé son nom) a été l’une d’entre elles. Cette Colombienne de naissance a vécu pendant plus de 24 ans dans la République bolivarienne du Venezuela, mais la crise humanitaire dans ce pays l’a poussée il y a six mois à retourner à Cali en Colombie pour poursuivre son traitement contre le VIH.

« Nous sommes huit : mes quatre enfants, mon mari, mes deux petits-enfants et moi », explique-t-elle.

Mme Rodriguez est sans emploi et a besoin d’aide pour nourrir sa famille et avoir accès à ses antirétroviraux. « Je suis rentrée à Cali juste pour me retrouver confrontée à une autre crise. Mon souci numéro 1, c’est d’obtenir mes antirétroviraux, mais je n’ai pas accès aux soins de santé en Colombie », continue-t-elle. « La situation est extrêmement difficile pour mon partenaire et moi, car nous sommes tous les deux séropositifs. Mes enfants et mon mari sont au chômage. Les enfants ne peuvent pas s’accommoder de la faim comme les adultes. »

Mme Rodriguez a été mise en contact avec Yani Valencia de la Lila Mujeres Organization qui fait partie du réseau MLCM+. Elle a obtenu un colis alimentaire pour toute la famille et entre actuellement en relation avec quelqu’un qui sera mesure de lui garantir l’accès à sa thérapie antirétrovirale. « J’ai failli m’évanouir quand on m’a apporté ces courses tellement j’étais heureuse. »

L’ONUSIDA recommande que les personnes vivant avec le VIH aient des stocks suffisants de médicaments indispensables, surtout pendant la pandémie de COVID-19. Les lignes directrices de l’Organisation mondiale de la Santé sur le traitement du VIH préconisent à présent la délivrance de médicaments pour trois mois ou plus à la plupart des personnes venant faire une visite de routine. Toutefois, si l’on en croit une enquête récente menée par l’ONUSIDA en Amérique latine et dans les Caraïbes concernant les besoins des communautés de personnes vivant avec le VIH à l’heure de la pandémie de COVID-19, seule une personne sur 10 signale avoir des antirétroviraux pour trois mois.

« Nous avons rencontré des personnes qui n’avaient aucun accès aux soins de santé. Un de nos collègues en Colombie a emprunté la moto d’un voisin pour assurer la distribution de médicaments. Nous constatons que nos communautés sont souvent oubliées, alors que nous devons faire partie de la réponse. Nous ne pouvions plus attendre, il nous fallait entreprendre quelque chose », indique Mme Alcina.

Les communautés ont joué un rôle fondamental dans la riposte au sida aussi bien au niveau local, national qu’international, et elles continuent. Désormais, elles occupent un rôle essentiel dans la lutte contre la COVID-19. Le MLCM+ a mis en place un réseau de 850 bénévoles dans 17 pays de la région. Sa mission consiste à répandre la solidarité au cours de la pandémie de COVID-19 tout en concentrant son action sur les personnes vivant avec le VIH.

« Nous distribuons des produits alimentaires et de nettoyage, nous faisons des masques qui sont offerts avec les thérapies antirétrovirales, nous apprenons aux gens les méthodes de prévention, nous donnons des préservatifs et nous aidons les personnes à trouver un refuge pour se protéger de violences intrafamiliales », poursuit Mme Alcina.

Le MLCM+ est actif dans toute la région et jouit du soutien technique ou financier de l’ONUSIDA, de l’ONU Femmes, du Fonds des Nations Unies pour la population et de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture.

« L’ONUSIDA nous fournit des ressources, des spécialistes et des webinaires de formation. De son côté, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture nous aide financièrement. Ainsi, nous mettons en place une stratégie qui vient renforcer l’action des gouvernements, mais pas la remplacer », souligne Mme Alcina.

« Nous constatons que les inégalités sont plus marquées au cours de la pandémie de COVID-19. Les inégalités, en particulier celles de genre, sont exacerbées en temps de crise. Les femmes séropositives doivent se trouver au cœur des ripostes aussi bien du VIH que de la COVID-19 et ne pas être oubliées », conclut le directeur de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Amérique latine et les Caraïbes, César Núñez.

L’ONUSIDA salue la décision de la Cour constitutionnelle de Colombie qui annule l’article du code pénal criminalisant la transmission du VIH

13 juin 2019

 

GENÈVE, le 13 juin 2019—L’ONUSIDA salue la décision de la Cour constitutionnelle de Colombie supprimant l’article du Code pénal, qui criminalise la transmission du VIH et de l’hépatite B. Une criminalisation extrêmement large de la transmission du VIH est en effet inefficace, discriminatoire et ne soutient pas les efforts de prévention contre les nouvelles infections au VIH.

« Il est impossible d’atteindre les objectifs de santé publique si l’on prive certaines personnes de leurs droits individuels. La décision de la Cour constitutionnelle de Colombie est une étape concrète en vue de garantir que la loi soutient la riposte au VIH au lieu de l’entraver », déclare Gunilla Carlsson, Directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA. « L’ONUSIDA continuera de plaider en faveur d’un cadre légal protecteur et du retrait des lois, réglementations et pratiques punitives, ainsi que contre la stigmatisation et la discrimination qui empêchent une riposte contre le VIH d’être efficace. »

La Cour constitutionnelle de Colombie a reconnu que la loi violait les principes de l’égalité et de la non-discrimination, car elle s’appliquait uniquement aux personnes vivant avec le VIH, les stigmatisait et limitait leurs droits. Elle a déterminé que la loi créait une différence de traitement non raisonnable et que, par conséquent, cela constituait une forme de discrimination. La Cour a, par ailleurs, établi que de telles lois enfreignaient les droits sexuels des personnes vivant avec le VIH et étaient inefficaces pour atteindre les objectifs de santé publique.

L’application inappropriée et très large de lois pénales envers les personnes vivant avec le VIH reste une préoccupation majeure dans le monde entier. Neuf juridictions d’Amérique centrale et du Sud ainsi que 77 pays sur les autres continents criminalisent toujours la non-divulgation, l’exposition et la transmission du VIH.

L’ONUSIDA avait déposé une intervention devant la Cour constitutionnelle de Colombie en indiquant qu’aucune donnée ne justifiait l’application large de la loi pénale relative à la transmission du VIH dans la prévention contre la transmission du VIH. Au contraire, un tel comportement risquait de saper les objectifs en matière de santé publique et la protection des droits de l’homme. L’ONUSIDA salue vivement la décision prise par la Cour constitutionnelle qui redonne leur dignité et leurs droits aux personnes vivant avec le VIH en Colombie.

En 2018, l’ONUSIDA, l’International Association of Providers of AIDS Care et la Société internationale du sida (IAS) ont réuni un panel de scientifiques qui a élaboré l’Expert Consensus Statement on the Science of HIV in the Context of Criminal Law, la déclaration consensuelle d’experts sur la science du VIH dans le contexte du Code pénal. Ce texte enjoint aux systèmes juridiques pénaux de veiller à ce que la science documente l’application de la loi dans les affaires criminelles liées au VIH.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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HCR : lutter contre la stigmatisation et le silence qui entourent le VIH parmi les réfugiés et les communautés d'accueil dans le nord de l'Équateur

04 mars 2011

Une version de cette histoire a déjà été publiée sur UNHCR.org.

Lucilda, une jeune mère de deux enfants, a récemment découvert que son mari lui avait transmis le VIH. Il est décédé il y a peu de temps et la réfugiée colombienne s'est retrouvée seule dans une région où les personnes vivant avec le VIH sont stigmatisées. Credit: UNAIDS/V. Rodas

Il y a dix ans, une adolescente du nom de Lucilda* fuyait son domicile en Colombie parce qu'elle redoutait la fureur de sa mère après être allée à une fête sans sa permission. À l'âge de 25 ans, elle s'est mariée et s'est enfuie en Équateur avec son mari pour échapper au conflit dans le département de Putumayo dans le sud de la Colombie. Son mari était violent envers elle et infidèle. Il est décédé depuis d'une maladie liée au SIDA et Lucilda se bat pour élever deux enfants seule en tant que réfugiée en Équateur.

« Il était très malade, mais il ne voulait pas aller voir de médecin. Je l'ai emmené et ils nous ont dit ce qu'il avait. Ils nous ont aussi dit que j'étais infectée », déclare-t-elle. « Il savait qu'il avait le SIDA, mais il ne me l'a jamais dit ».

Lucilda reçoit un traitement antirétroviral et ses deux enfants sont séronégatifs. Elle fait partie du nombre limité mais croissant de personnes vivant avec le VIH dans la province de Sucumbios, au nord de l'Équateur et dans sa capitale, Lago Agrio, où les réfugiés colombiens représentent 20 % d'une population de 60 000 habitants. Au moins 30 personnes étaient identifiées comme vivant avec le VIH à la fin de l'année dernière, soit le double par rapport à 2009.

« Je ne voulais pas qu'il me touche, mais il a pris un couteau et il m'a forcée »

Lucilda,* une femme réfugiée en Équateur vivant avec le VIH

« Ce chiffre ne représente certainement que la partie émergée de l'iceberg en ce qui concerne le nombre de personnes atteintes du VIH », déclare Paul Speigel, chef de la section santé publique et VIH du HCR à Genève.

Mais il est difficile de lutter contre le manque d'ouverture au problème du VIH dans une société conservatrice et dominée par les hommes où les personnes vivant avec le VIH, en particulier les femmes, souffrent de stigmatisation. Parce qu'ils connaissent bien la façon de prévenir les nouvelles infections, le HCR et ses partenaires essaient de changer cette mentalité et de mieux sensibiliser au virus.

Un programme spécial du HCR pour la prévention du VIH a été mis en œuvre par les agents de santé communautaires et contribue à la sensibilisation des réfugiés et des communautés d'accueil dans les régions isolées de la jungle autour de Lago Agrio. Ils dispensent également des cours en matière de santé reproductive, de planification familiale et de services de santé générale et s'assurent que la population dispose des connaissances et de la liberté nécessaires pour se protéger du VIH. La lutte contre la violence sexiste est également une préoccupation majeure dans les efforts pour enrayer la propagation du VIH.

Lucilda a une expérience directe de cette violence. Quand elle a découvert que son mari avait eu des relations sexuelles avec d'autres femmes, la réaction de celui-ci a été brutale.

« Je ne voulais pas qu'il me touche, mais il a pris un couteau et il m'a forcée », évoque-t-elle. « J'ai eu l'impression d'avoir été violée ».

La nouvelle stratégie ONUSIDA 2011-15 promeut la tolérance zéro pour la violence fondée sur le sexe et la discrimination. Elle reconnaît que cette violence est une violation des droits humains. Elle peut également nuire à la capacité des individus à se protéger adéquatement contre l'infection au VIH et à prendre des décisions saines sur comment, quand et avec qui ils ont des rapports sexuels. Pour répondre efficacement au défi de l'épidémie de SIDA, il semble essentiel que Lucilda et les autres femmes vivent leur vie libres de toute menace de violence.  

*Nom modifié pour protéger son identité

La cinquième Conférence sur la recherche dans le domaine de la santé aux Amériques met l’accent sur la prévention du VIH

11 mai 2009

The Miller School of Medicine of the University of Miami

La Faculté de médecine Miller (Miller School of Medicine) de l’Université de Miami et le programme de formation du Centre international Fogarty sur le sida et la tuberculose ont organisé, en collaboration avec l’ONUSIDA, la cinquième Conférence sur la recherche dans le domaine de la santé aux Amériques, les 7 et 8 mai 2009, à Miami (Floride).

L’objectif de la Conférence était de mettre l’accent sur les éléments probants actuels liés à la prévention du VIH, de parler de la viabilité des efforts globaux de prévention et de débattre de la place de la prévention du VIH dans les discussions relatives à la « santé des Amériques » et dans d’autres stratégies internationales de développement.

Sir George Alleyne, Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le sida dans les Caraïbes, a été invité en tant qu’orateur principal le deuxième jour de la Conférence.

De nombreuses réussites locales et nationales en matière de lutte contre l’épidémie ont permis de déterminer plusieurs éléments qui marchent, mais ces approches couronnées de succès n’ont pas encore été pleinement mises en œuvre.

A la Conférence, des scientifiques, des praticiens de la prévention du VIH et des responsables ont examiné les expériences en matière scientifique et programmatique visant à rendre prioritaires les approches globales et fondées sur des preuves en matière de prévention du VIH. Ils ont aussi parlé des solutions efficaces qui pourraient faire le lien entre le VIH et d’autres questions de santé et de développement.

La Conférence était ouverte aux comportementalistes et aux chercheurs qui travaillent dans le domaine de la prévention du VIH aux Amériques. L’accent a été en particulier mis sur la Guyane, la République dominicaine, la Jamaïque, le Brésil, la Colombie et le Pérou.

Colombie

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