Latin America

Le Brésil accueille l’annonce de la création du Conseil mondial sur l’inégalité, le sida et les pandémies

06 juin 2023

L’ONUSIDA constitue un groupe destiné à fournir des données probantes sur les inégalités qui alimentent les pandémies et à défendre l’adoption de stratégies multisectorielles en vue de renforcer la riposte au sida et à d’autres pandémies 

BRASILIA/GENÈVE, le 6 juin 2023—Le Brésil accueille l’annonce de la création du nouveau Conseil mondial sur l’inégalité, le sida et les pandémies présidé par la Première dame de Namibie, Monica Geingos, le directeur de l’University College London Institute for Health Equity, Sir Michael Marmot, et le prix Nobel d’Économie, Joseph E. Stiglitz. La ministre de la Santé du Brésil, Nísia Trindade, est membre fondatrice du Conseil.

« Je suis ravie d’accueillir l’annonce de la création du Conseil mondial sur les inégalités, le VIH et les pandémies. Il est temps de mettre en pratique les enseignements tirés en diminuant les inégalités à l’origine des crises sanitaires d’aujourd’hui et en renforçant la préparation aux pandémies de demain », a déclaré Mme Trindade. « Le Brésil est déterminé à jouer son rôle en s’engageant en faveur d’une collaboration renforcée et de politiques fondées sur des données probantes afin de bâtir des systèmes de santé plus résilients dans le monde entier. »

Les inégalités socio-économiques infranationales et internationales exacerbent et prolongent les pandémies. De plus, elles amplifient l’impact des épidémies parmi les populations les plus pauvres et les plus vulnérables. Les mêmes inégalités concomitantes qui forment le terreau du VIH, de la COVID-19, de la variole du singe et d’autres maladies exposent les pays et les communautés à un risque de futures épidémies. Mais l’expérience nous montre que des mesures existent au niveau mondial, régional et national. Ces actions sont capables de faire émerger des réponses aux pandémies, car elles réduisent les inégalités au lieu de les aggraver.

Le travail du Conseil mondial consistera à puiser dans des données probantes et à les mettre à disposition des décideurs et décideuses politiques et à attirer l’attention de la classe politique sur la nécessité d’agir pour mettre fin aux inégalités qui alimentent le sida et d’autres pandémies. Il encouragera et soutiendra surtout les communautés en première ligne à lutter en faveur d’un changement politique indispensable pour combattre les pandémies actuelles et mieux se préparer aux épidémies futures.

« La riposte au sida est l’un des meilleurs exemples de la manière dont les communautés confrontées à des inégalités concomitantes peuvent s’unir pour les surmonter et sauver des millions de vies », a déclaré la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, elle-même membre du Conseil mondial et présente au Brésil pour cette annonce. « Les efforts importants accomplis par des personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus ont permis de faire baisser le prix des médicaments et des diagnostics, de renforcer les ripostes sanitaires, de voir apparaître un réseau solide d’organisations dirigées par les communautés et d’assurer l’abrogation de lois discriminatoires et punitives dans de nombreux pays. Mais les politiques et les stratégies basées sur des données probantes doivent être mises en œuvre partout et pour tout le monde et ce n’est malheureusement pas le cas à l’heure actuelle. » 

Les succès et les échecs de la riposte au VIH fournissent des enseignements précieux sur la manière dont l’humanité peut faire face aux futures pandémies. Par exemple, les hommes gays sont plus susceptibles de vivre avec le VIH, ce qui peut être aggravé ou atténué par la législation. Ainsi, en Malaisie, où les hommes gays sont criminalisés et arrêtés, ils sont 72 fois plus susceptibles d’être infectés que le reste de la population adulte ; mais en Thaïlande, où les rapports entre personnes du même sexe sont légaux et où la réponse communautaire à la pandémie est forte, les hommes gays n’ont que 12 fois plus de risques d’être contaminés. Les virus font fi des frontières ou des populations. C’est ce qui explique pourquoi la Thaïlande, avec un niveau d’inégalités plus bas, a bientôt son épidémie sous contrôle alors que la Malaisie perd du terrain dans sa lutte contre le sida.

En même temps, la question des inégalités va au-delà du VIH et concerne d’autres pandémies. La mortalité due à la COVID-19 a par exemple été plus forte dans les pays où la richesse est très inégalement répartie. Au plus fort de la pandémie de coronavirus, les pays riches ont dépensé des milliards de dollars dans leurs ripostes, mais près de la moitié des pays en voie de développement ont été contraints de réduire leurs dépenses de santé, ce qui a sapé la capacité à combattre les pandémies mondiales. Plusieurs pays d'Afrique continuent de signaler un nombre important de décès par MPox pendant la pandémie, mais les vaccins utilisés dans les pays à revenu élevé ne sont pas disponibles.

« Les inégalités pour accéder à la santé et à d’autres services essentiels sont largement le résultat de choix politiques délibérés », a déclaré Joseph Stiglitz. « Pour lutter contre les futures pandémies, nous devons tirer les leçons de la riposte au VIH et adopter des approches qui suppriment les inégalités. Ainsi, nous pourrons faire du monde un endroit plus sain, plus juste et plus sûr pour tout le monde. »        

Les inégalités basées sur le genre mettent en danger la santé des femmes dans le monde entier. Par exemple, dans des pays comme le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Liberia, la prévalence du VIH est 5 fois plus élevée chez les jeunes filles que chez les jeunes hommes du même âge. Ce constat est imputable en partie à des inégalités économiques et liées à la scolarisation.

« Les inégalités entre les sexes alimentent des pandémies comme le sida et la COVID-19 », a déclaré la Première dame de Namibie, Monica Geingos. « Elles accroissent la vulnérabilité des femmes et des filles face à des virus mortels en limitant leur accès aux informations, aux ressources financières et aux choix de vie et en compromettant leur aptitude à se protéger et à protéger leurs familles. Nous devons réinventer les ripostes aux pandémies. Elles doivent être en mesure de réduire les inégalités plutôt que de les exacerber. »   

Même dans les pays qui ont accompli des progrès importants contre le VIH, certaines communautés ont eu du mal à tirer profit de l’évolution fulgurante du progrès médical. Au Brésil, les infections au VIH sont en forte baisse parmi la population blanche, car elle jouit du renforcement de l’accès aux soins et du déploiement de nouveaux outils de prévention tels que la PPrE, mais elles sont toujours en augmentation parmi la population noire.

« Il est crucial d’avoir des stratégies fondées sur des données probantes pour lutter contre les déterminants sociaux de la santé. Elles permettront non seulement d’améliorer les résultats en matière de santé au niveau individuel, mais aussi de bâtir des économies plus fortes et des sociétés plus justes », a déclaré Sir Michael Marmot à Brasilia. « La santé est un bon indicateur de la santé globale d’une société. Le niveau d’équité dans ce domaine nous en dit long sur les inégalités sociétales. » 

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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Materiel pour les réseaux sociaux

Dans le nord-est du Brésil, la société civile et la municipalité collaborent pour améliorer le suivi du traitement contre le VIH

03 avril 2023

En 1988, des activistes se sont réunis à Fortaleza, la cinquième plus grande ville brésilienne et capitale de l’état de Ceará au nord-est, et ont créé la section locale du National Network of People Living with HIV and AIDS (RNP+CE). L’objectif était de garantir aux personnes séropositives le droit aux soins, au suivi de leur traitement et à l’assistance juridique.

Actuellement, l’ONG (organisation non gouvernementale) propose également des ateliers pédagogiques, une aide à la prévention combinée des infections sexuellement transmissibles (IST) et d’autres activités. Parmi les 1 000 personnes inscrites se trouve Carlos Salmão. Ce militant contre le VIH vit à Fortaleza et s’est senti accueilli par l’organisation dans son ensemble et par chacun de ses membres. « Ce soutien était très important pour moi. Il est essentiel pour les personnes vivant avec le VIH ici dans le Ceará, car il constitue une référence dans la riposte à l’épidémie de sida. C’est pourquoi je suis heureux d’y contribuer », explique-t-il.

Le RNP+CE était l’une des cinq ONG brésiliennes à bénéficier de subventions de l’initiative Les Villes s’engagent lancée par l’ONUSIDA en 2022. Cette aide a permis à l’organisation d’élaborer des mesures autour de deux objectifs : d’une part, renforcer le lien avec les populations clés vulnérables et leur adhésion à la prévention, au dépistage et au traitement du VIH en diffusant et en partageant des informations avec les spécialistes de la santé ainsi qu’avec la population générale, et, d’autre part, améliorer la notoriété de la stratégie Indétectable = Intransmissible (I = I) dans la ville de Fortaleza par le biais d’actions de communication.

Actions du projet et participation du conseil municipal

Le développement et la mise en œuvre des campagnes de communication ont impliqué 10 activistes vivant avec le VIH dans la ville. Ce groupe a également participé à la préparation d’un séminaire rassemblant 120 personnes issues de la société civile pour échanger et présenter à des fonctionnaires de la municipalité des propositions visant à améliorer les soins des personnes vivant avec le VIH. Ces recommandations ont pris en compte le point de vue et les besoins réels des utilisateurs et des utilisatrices des services de santé publique à Fortaleza. Les discussions ont aussi porté sur les difficultés et l’importance de garantir un niveau satisfaisant de suivi du traitement contre le VIH pour éviter l’abandon de la thérapie.

Dans le cadre de ce projet, une brochure sur le VIH, l’estime de soi et la santé a été rédigée et diffusée afin de fournir des informations concrètes aux personnes diagnostiquées séropositives au VIH. Par ailleurs, en concertation avec la municipalité, RNP+CE a fait imprimer et diffuser plus de 3 000 affiches sur les thèmes de l’adoption du traitement contre le VIH et de I = I. Ces posters ont été affichés dans des endroits très fréquentés, comme les gares routières, et ont été vus par environ 1,1 million de personnes par jour.

La participation de fonctionnaires de la municipalité a été capitale pour la réussite du projet, car ces personnes sont en contact direct avec la réalité et les défis actuels. « Nous sommes encore loin d’atteindre un niveau optimal où il sera moins nécessaire de renforcer ces mesures [contre le VIH], mais nous progressons grâce à des efforts constants et structurés avec soin », explique Carlos Paiva, coordonnateur IST/sida au service de santé municipal de Fortaleza.

Ariadne Ribeiro, responsable auprès de l’ONUSIDA pour l’égalité et les droits de toutes les personnes, abonde en son sens et ajoute : « Il est gratifiant de voir comment les échanges entre les communautés, la société civile et la municipalité poursuivent un objectif commun, à savoir améliorer les politiques publiques dans la ville de Fortaleza pour les personnes vivant avec le VIH et mettre fin au sida comme menace pour la santé publique. »

"The First Fallen", un film d'espoir

03 novembre 2022

Debout devant un cinéma, Rodrigo de Oliveira se réjouit d’avoir été invité sur plus de 40 festivals internationaux afin de promouvoir son long métrage sur le VIH, « Os Primeiros Soldados » (les premières victimes)

« Le sentiment d’appartenance à une communauté est une chose abstraite, mais j’ai vu les visages de nombreuses personnes de la communauté LGBTQI à chaque étape de la promotion de mon film », explique-t-il. « Et, d’une certaine manière, c’est ce que j’ai voulu montrer. »

Le film commence le jour de la Saint-Sylvestre 1983. Un jeune homme rentre dans sa ville natale au Brésil après avoir vécu à Paris. Il se sent un peu déprimé et distant. Il craint d’avoir attrapé quelque chose. Tout au long du film, une maladie inconnue est évoquée à mots couverts, mais le sida ou le VIH n’est mentionné que dans la dernière scène. Rodrigo de Oliveira suit la lente évolution de la santé du jeune homme qui « disparaît » et se cache dans une maison de campagne. Il y est rejoint par une femme transgenre et un autre ami qui lui non plus ne se sent pas bien.  Un ami intime leur envoie plusieurs médicaments depuis Paris. Certains comprimés sont une première génération d’antirétroviraux, d’autres sont des vitamines ou à base d’aileron de requin. Les trois protagonistes ont peur d’être victimes d’une maladie qui défie la logique.

« Pour moi, l’espoir réside dans la connaissance. C’est fondamental. Mais comme vous pouvez le voir, la communauté et le soutien sont essentiels pour surmonter n’importe quelle situation », indique M. de Oliveira.

Passant sa main sur son crâne chauve, il avoue qu’il s’agit de son premier film abordant la communauté LGBTQI et le VIH après sept longs métrages.

« Mes films auront mis plus de temps que moi pour sortir du placard », s’exclame-t-il. « En 2021, je faisais mes premiers pas sur la scène en tant qu’homme gay et j’ai perdu des proches du sida. Je me suis donc senti responsable envers les personnes que j’ai vues disparaître. »

Né en 1985, M. de Oliveira explique qu'il pense toutes les semaines au VIH. Comme il le montre dans le film, le VIH était synonyme de mort dans les années 80 et 90. Cela a pris fin avec la démocratisation du traitement vital contre le VIH. Depuis, il est devenu normal de vivre en pleine forme avec le VIH.

M. de Oliveira raconte que lors d’une projection, des jeunes n’ont pas compris la scène où deux des personnages montrent des signes du sarcome de Kaposi (plaques rougeâtres plates et décolorées sur la peau, symptôme d’un cancer déclenché par un système immunitaire affaibli chez les personnes vivant avec le VIH qui ne prennent pas de médicaments).

« J’ai été surpris par ce manque de connaissances », déclare-t-il. Cette conversation l’a conforté dans son projet de montrer des destins au milieu des années 80 dans son pays d’origine.

« La communauté LGBTQI est tellement habituée à être oubliée que nous devons documenter nos vies et ce [film] est un témoignage », continue M. de Oliveira. « Dans mon film, les trois protagonistes réagissent différemment à la « maladie qui défie la logique »... l’un se bat, l’autre la documente et le troisième adopte une approche artistique/scientifique », explique-t-il.

Ces trois perspectives étaient importantes pour lui afin de documenter la peur, l’angoisse et les efforts nécessaires pour surmonter cette crise. En évoquant à peine le VIH, Rodrigo de Oliveira souhaite illustrer le « grand silence » qui entourait la maladie à l’époque.

Dans une scène, la sœur du jeune homme demande à voir son frère dans une clinique délabrée, mais le personnel l’en empêche en disant : « la honte les enfermera. » 

« Je voulais parler de la stigmatisation et de la discrimination, mais je ne pouvais pas imaginer mettre en scène une agression réelle », explique-t-il.  

La directrice de l’ONUSIDA pour l’égalité des sexes, les droits humains et l’engagement communautaire, Suki Beavers, qui était récemment sur scène avec M. de Oliveira lors d’une projection à Genève à l’occasion du festival du film Everybody’s Perfect, a déclaré que le film est un exemple de droits bafoués. Et que les inégalités concomitantes, comme être pauvre ou transgenre ou gay ou illettré, aggravent uniquement les difficultés (dans une scène, le personnage transgenre entre dans une colère noire après avoir été jeté d’un bus après une dispute).

« [Le film] montre une violation évidente des droits au Brésil dans les années 80, ainsi qu’une revendication militante de ces droits », a-t-elle déclaré. « Ce phénomène est aujourd’hui encore très vivace dans de nombreuses régions du monde, c’est pourquoi nous ne pouvons pas abandonner la lutte pour mettre fin au sida. »

M. de Oliveira ajoute que malgré le thème plutôt sombre de son film, il souhaite que les gens sortent du cinéma avec le sentiment que l’amour est universel. « Le baiser qu'échangent les deux nouveaux amis montre bien que nous allons réussir », indique-t-il.

Il déclare vouloir réaliser deux autres longs métrages axés sur l’évolution de la riposte au sida. Il veut faire la chronique des années 90 dans l’un et des deux dernières décennies dans l’autre.

« Il me faut quatre à cinq ans pour réaliser un film, mais je sais que je partage le même objectif que l’ONUSIDA... mettre fin au sida », conclut-il. « J’aimerais juste pouvoir faire un film par jour tout comme vous sauvez une vie par jour. »

Bande-annonce

L’ONUSIDA salue les excuses publiques du Chili dans une affaire historique concernant des femmes séropositives stérilisées sans leur consentement

27 mai 2022

GENÈVE, le 27 mai 2022—L’ONUSIDA salue la décision du gouvernement chilien de reconnaître publiquement sa responsabilité internationale dans une affaire retentissante portant sur les violations des droits de femmes vivant avec le VIH qui ont été stérilisées sans leur consentement. Le président du Chili, Gabriel Boric Font, a présenté des excuses publiques dans le cadre de la décision prise par la Commission interaméricaine des droits de l’homme concernant des accusations portées contre l’État chilien par Francisca, Chilienne séropositive stérilisée sans son consentement juste après avoir accouché en 2002.

« Nous saluons la reconnaissance de la responsabilité internationale dans ce dossier emblématique portant sur des violations des droits humains dont sont victimes depuis longtemps les femmes vivant avec le VIH et qui empiètent sur leur autonomie reproductive », a déclaré la directrice de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Amérique latine et les Caraïbes, Luisa Cabal. « Cela marque la fin de plus de 10 ans de procédure, tant pour Francisca que pour les organisations qui l’ont accompagnée pour que justice soit rendue. » 

Francisca, originaire d’une commune rurale chilienne, a 20 ans lorsque son partenaire et elle apprennent une bonne nouvelle : ils vont devenir parents pour la première fois. Sa séropositivité au VIH est diagnostiquée lors d’un test de routine au cours de sa grossesse. Francisca prend alors toutes les mesures appropriées pour minimiser le risque de transmission verticale du VIH et donne naissance à un garçon séronégatif au VIH en novembre 2002. Toutefois, le lendemain de la césarienne, Francisca, dévastée, apprend que le chirurgien a décidé de la stériliser pendant l’accouchement sans demander son avis. 

En 2009, le Center for Reproductive Rights et l’organisation chilienne Vivo Positivo ont porté le cas de Francisca devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme. Cette affaire vient s’ajouter à une série de témoignages de femmes chiliennes séropositives souvent sous fortes pressions leur interdisant d'être enceintes et prônant une stérilisation chirurgicale. Un des témoignages récoltés concerne une autre femme qui se fait appeler Daniela. Après avoir accouché, on lui a dit qu’elle ne pouvait pas tenir son nouveau-né dans les bras ni l’embrasser parce qu’elle allait lui transmettre le VIH. Dans des entretiens, elle a déclaré que c’était ainsi qu’elle avait pris conscience de ce qu’était la discrimination. 

Après plus de dix ans de procédures internationales et après que la Commission interaméricaine des droits de l’homme a étudié l’affaire, un accord à l’amiable a été signé avec l’État chilien, dans lequel le gouvernement accepte sa responsabilité et s’engage à remédier aux violations et à prendre des mesures pour s’assurer que de tels actes ne se reproduisent plus. 

L’ONUSIDA est intervenue dans cette affaire en fournissant un mémoire en qualité d’amicus curiae (amie de la cour). Ce document informait la Commission interaméricaine des droits de l’homme sur les directives sanitaires et les normes en matière de droits humains que chaque pays doit suivre pour respecter, protéger et garantir les droits humains des personnes vivant avec le VIH. 

« Tout d’abord, je souhaite présenter mes excuses à Francisca, qui, à ce que l’on m’a dit, se trouve de l’autre côté de la caméra, pour la grave violation de vos droits ainsi que pour le déni de justice et pour tout le temps que vous avez dû attendre jusqu’à aujourd’hui », a déclaré M. Boric au début de son discours lors de la cérémonie officielle diffusée en direct sur les réseaux sociaux. « Combien de personnes comme vous n’ont pas été identifiées ? Je ressens une vive douleur à l’idée que l’État, que j’ai aujourd’hui l’honneur de représenter, est responsable dans ces affaires. Je m’engage envers vous, et envers ceux et celles qui vous représentent aujourd’hui en personne, que tant que nous serons au pouvoir, nous donnerons le meilleur de nous en tant qu’autorités afin qu’une situation comme celle-ci ne se reproduise plus jamais et vous pouvez être sure que dans les cas où ces atrocités ont été perpétrées, nous y remédierons en conséquence. » 

« J’aurais aimé être présente, avec ma voix, mon visage et mon corps, moi, la personne qui a lutté tant d’années, pour mener cette affaire sous mon propre nom. Cependant, révéler mon identité m’aurait fermé une infinité de portes », a déclaré Francisca dans son message adressé au public et lu par la directrice associée des stratégies juridiques pour l’Amérique latine et les Caraïbes pour le Center for Reproductive Rights, Carmen Martinez. « À ce jour, les personnes porteuses du VIH sont toujours regardées avec méfiance comme si nous avions décidé de nous faire infecter. Cependant, je veux avoir l’intime conviction que cela va changer. » 

« Justice a enfin été faite. Avec cette affaire, nous appelons tous les gouvernements à continuer d’investir dans l’élimination de la discrimination à l’égard du VIH dans tous les services, y compris les soins de santé », a déclaré la coordinatrice de Live Positive Gender, Sara Araya. « Le message est clair : l’autonomie et l’intégrité physique des femmes et de toutes les personnes vivant avec le VIH doivent être garanties sans discrimination. Il faut en finir avec les violations des droits des femmes vivant avec le VIH. »  

La stigmatisation et la discrimination liées au VIH ont un impact significatif sur la santé, la vie et le bien-être des personnes vivant avec le VIH ou exposées au risque d’infection. Elles entravent la riposte au VIH en limitant l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive au sens large et à d’autres services de santé. L’ONUSIDA continue de travailler jour après jour pour veiller à ce que les gouvernements investissent dans la prévention et la riposte aux violations liées aux formes de discriminations concomitantes auxquelles les personnes vivant avec le VIH sont soumises.

Francisca a accouché en 2002 d’un garçon en bonne santé et a ensuite été stérilisée sans son consentement par le médecin qui a procédé à la césarienne, estimant qu’une femme séropositive ne devrait pas pouvoir avoir d’enfants. L’accord à l’amiable annoncé cette semaine vient clore pour cette femme et son équipe juridique plus de dix ans de lutte devant les tribunaux.

« Cet accord est un moment important pour les femmes du monde entier qui se battent depuis des décennies en faveur de la justice reproductive. La stérilisation forcée des femmes vivant avec le VIH est une violation des droits humains les plus fondamentaux des femmes », a déclaré la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Malheureusement, cette pratique se perpétue dans de nombreux pays. Il faut renforcer les efforts pour l’arrêter et pour que justice soit rendue à plus de femmes. »

Cet accord vient conclure des années de procédure devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme après que le système judiciaire chilien a débouté une plainte. L’affaire a été portée par l’organisation chilienne Vivo Positivo et l’organisation internationale des droits humains Center for Reproductive Rights.

La Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021–2026 : Mettre fin aux inégalités, Mettre fin au sida repose sur la promotion des droits humains, de l’égalité des sexes et de la dignité, sur l’éradication de la stigmatisation et de la discrimination pour toutes les personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus. Il s’agit d’un engagement de l’ONUSIDA en faveur d’une vision ambitieuse pour mettre fin aux inégalités entre les sexes et respecter les droits humains, y compris le droit à la santé, en appelant l’ensemble des partenaires et parties prenantes de la riposte au VIH dans tous les pays à transformer les normes de genre inégales et à mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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Brésil : des personnes séropositives soutiennent la création de revenus et l’entrepreneuriat social

29 mars 2022

À Recife, la capitale de l’état de Pernambouc situé dans la région brésilienne du Nordeste, un vélo spécial sert à transporter des produits fabriqués par des personnes vivant avec le VIH afin de les proposer directement à la clientèle. Il s’agit du Diversibike, une des stratégies de création de revenus mises en œuvre dans le cadre de la Cozinha Solidária. Ce projet de cuisine solidaire a été conçu par l’organisation non gouvernementale du Posithive Prevention Working Group (GTP+) qui est l’une des trois organisations brésiliennes à recevoir des ressources du Fonds de solidarité de l’ONUSIDA. L’objectif de ce dernier est de soutenir les activités entrepreneuriales menées par les personnes vivant avec le VIH et les populations clés. 

GTP+ a vu le jour en 2000 et a été la première organisation non gouvernementale de la région brésilienne du Nordeste à être dirigée exclusivement par des personnes vivant avec le VIH. Outre la Cozinha Solidária, l’organisation a mené à terme d’autres projets comme l’Espaço Posithivo, qui accueille et assiste les personnes séropositives, et Mercadores de Ilusões, qui œuvre pour aider les travailleuses et travailleurs du sexe à renforcer leur estime de soi et à revendiquer leurs droits à la citoyenneté. 

La Cozinha Solidária a vu le jour en 2005, initialement pour préparer des repas pour les personnes vivant avec le VIH qui venaient chercher de l’aide auprès de GTP+. Cette initiative a été complétée en 2019 par la Confectionery School qui utilise la cuisine pour fournir une source de revenus aux travailleuses et travailleurs du sexe, aux personnes sortant de prison et autres personnes vulnérables vivant avec le VIH. Grâce aux ressources reçues du Fonds de solidarité, GTP+ a réussi à dynamiser les initiatives de commercialisation des produits sortant de la cuisine solidaire et à former les bénéficiaires à différents aspects de l’entrepreneuriat. 

« Le projet permet de transformer la vie de personnes vivant avec le VIH qui se trouvent dans des situations vulnérables. Grâce à ce projet, elles ont trouvé une source de revenus par le biais d’activités entrepreneuriales. Elles ont développé leurs compétences en gastronomie, en apprenant des recettes et des techniques pour améliorer leurs produits », a déclaré Wladimir Reis, coordinateur général de GTP+. 

Et Sérgio Pereira, un des fondateurs de GTP+ et coordinateur de la Cozinha Solidária, de renchérir : « Lorsque le marché du travail sait que nous vivons avec le VIH, il ne nous accepte pas. La Cozinha Solidária offre à ses bénéficiaires la possibilité d’avoir une activité pérenne et d’entrer sur le marché du travail. »

Karen Silva, l’une des bénéficiaires de la Confectionery School de la Cozinha Solidária, a déclaré : « GTP+ m’a accueillie en faisant preuve de beaucoup d’attention et d’égards. Tout d’abord, j’ai participé au Posithive Space, puis petit à petit j’ai commencé à aider dans la cuisine et me voilà aujourd’hui. Participer à la Cozinha Solidária a également changé ma vie et l’estime que j’ai de moi. » Au total, 20 personnes ont bénéficié directement de la Cozinha Solidária, avec le soutien du Fonds de solidarité.

Comme le projet a pour objectif de trouver et de favoriser les meilleures conditions pour la commercialisation des produits fabriqués dans la Cozinha Solidária, l’équipe responsable a organisé des réunions hebdomadaires de planification, d’organisation et de production. Elle a également mené des études de marché pour connaître les goûts et les intérêts de la clientèle potentielle, ce qui était particulièrement important pour identifier les possibilités du Diversibike. 

Selon M. Reis, une partie importante du processus de renforcement des capacités et des connaissances du groupe de bénéficiaires a consisté en des formations virtuelles en gastronomie et en gestion proposées grâce à un partenariat avec l’Université rurale fédérale du Pernambouc. Deux personnes boursières de l’université ont accompagné le groupe lors des réunions et en produisant des supports informatifs.

Un point extrêmement important pour M. Reis est le fait que le projet est né en période d’inégalités sociales extrêmes. « C’est pourquoi il est essentiel que nous mettions en œuvre davantage d’initiatives comme celle-ci, avec le soutien du Fonds de solidarité, afin que d’autres personnes en situation de vulnérabilité aient les mêmes opportunités de développement. Le projet nous a permis d’observer l’impact de la génération de ressources financières pour les bénéficiaires, en plus de renforcer leurs connaissances pour concrétiser leurs projets et assurer leur pérennité pendant la pandémie de COVID-19. » 

« Le soutien du Fonds de solidarité envers GTP+ souligne l’importance de garantir la création de revenus par les organisations dirigées par les populations clés vulnérables. Il s’agit d’une action stratégique qui génère une protection sociale pour ces personnes. Elle leur permet d’accéder à des ressources de base pour prendre soin de leur santé, ainsi qu’aux services de prévention et de traitement du VIH », a déclaré Claudia Velasquez, directrice pays de l’ONUSIDA pour le Brésil.

Lancement en Amérique latine de l’étude multinationale People Living with HIV Stigma Index 2.0

05 octobre 2021

En Amérique latine et dans les Caraïbes, les inégalités sont importantes et généralisées. Par ailleurs, la zone compte des pays où les inégalités sont plus marquées que dans d’autres régions ayant des niveaux de développement similaires. Cette situation a des répercussions sur l’accès aux services de santé et de lutte contre le VIH, en particulier par les populations clés. Les obstacles sociaux et structurels sont des facteurs importants d’inégalités.

Pour mieux comprendre ces freins, l’Alianza Liderazgo Positivo y Poblaciones Clave (ALEP) coordonne l’étude People Living with HIV Stigma Index 2.0 dans quatre pays de la région : l’État plurinational de Bolivie, l’Équateur, le Pérou et le Nicaragua. Cinq études similaires financées par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial) et en coordination avec la société civile, le Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida, les principaux bénéficiaires du Fonds mondial, le Fonds des Nations Unies pour la population et l’ONUSIDA sont également en cours de manière indépendante à El Salvador, au Honduras, au Guatemala, au Panama et au Paraguay. 

Les résultats de cette initiative conjointe devraient renforcer les efforts régionaux et mondiaux pour éliminer la stigmatisation et la discrimination liées au VIH en favorisant des politiques et des programmes axés sur les communautés et reposant sur des données probantes.

« Pour la première fois depuis la première étude People Living with HIV Stigma Index réalisée en 2008, neuf pays de la même région mèneront une étude de manière coordonnée sur la même période. Il s’agit d’une situation sans précédent qui jouera un rôle déterminant dans la lutte contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH au niveau national et régional », a déclaré Rodrigo Pascal, coordonnateur de l’ALEP pour l’étude People Living with HIV Stigma Index 2.0.

L’étude People Living with HIV Stigma Index 2.0 rassemble des informations sur l’impact de la stigmatisation et de la discrimination sur la vie des personnes vivant avec le VIH, y compris chez les populations clés. Elle a été pensée pour être utilisée par et pour les personnes vivant avec le VIH, y compris les populations clés, et a été élaborée pour soutenir le principe de l’implication des personnes vivant avec le VIH. Ce principe confie aux réseaux la responsabilité de mettre en œuvre l’étude. Cette enquête est inédite. C’est en effet la première fois que des réseaux de personnes vivant avec le VIH coordonnent l’action avec des réseaux de populations clés, l’objectif étant de promouvoir les droits humains et l’accès à des soins anti-VIH complets et différenciés en Amérique latine.

« Ce qui me motive, c’est de faire partie de la réponse aux défis posés par la stigmatisation et la discrimination. Il s’agit des principaux problèmes auxquels nous, les personnes vivant avec le VIH, sommes confrontées depuis le début de l’épidémie », a déclaré Gracia Violeta Ross Quiroga, militante de la lutte contre le VIH, qui coordonne la mise en place de l’étude Stigma Index dans l’État plurinational de Bolivie. « Cette enquête est source d’espoir pour moi, car elle est issue de la communauté, et ce type de ripostes s’est toujours révélé plus efficace dans l’histoire du VIH. »

L’ALEP est une initiative innovante qui réunit le leadership, la vision, les capacités et les forces des réseaux régionaux de l’État plurinational de Bolivie, de Colombie, du Costa Rica, de l’Équateur, du Salvador, du Guatemala, du Honduras, du Nicaragua, du Panama, du Paraguay et du Pérou. Elle travaille en partenariat avec l’ONUSIDA, l’Organisation panaméricaine de la Santé et les instances de coordination nationale dans les pays où un programme du Fonds mondial est en place.

« C’est un excellent exemple de la façon dont les pairs contribuent à leurs propres communautés tout en se penchant sur des questions clés touchant plusieurs problématiques, comme les droits humains, la stigmatisation et la discrimination, et d’autres obstacles structurels. Cette action est essentiellement menée par les communautés, pour les communautés », a déclaré Guillermo Marquez, conseiller principal d’appui aux communautés au sein de l’équipe régionale d’appui de l’ONUSIDA pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

Pour en savoir plus sur l’étude Stigma Index 2.0

Suivez les avancées de l’ALEP sur l’initiative multinationale Stigma Index 2.0 sur


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Vidéo

L’ONUSIDA demande à la République bolivarienne du Venezuela de libérer cinq travailleurs humanitaires incarcérés

29 janvier 2021

GENÈVE, le 29 janvier 2021—L’ONUSIDA se montre extrêmement inquiète et préoccupée par l’incarcération par la police militaire de Johán León Reyes, Yordy Bermúdez, Layners Gutiérrez Díaz, Alejandro Gómez Di Maggio et Luis Ferrebuz. Ces cinq travailleurs humanitaires vénézuéliens de l’organisation non gouvernementale Azul Positivo sont en effet en détention depuis le 12 janvier 2021.

« J’appelle les autorités vénézuéliennes à libérer de garde à vue les cinq travailleurs humanitaires de l’organisation non gouvernementale Azul Positivo et à rendre les équipements nécessaires à leur action saisis lors de leur arrestation », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Une société civile forte et autonome est essentielle pour apporter des services indispensables aux personnes les plus vulnérables. Elle est également décisive pour faire des progrès dans la lutte contre la pandémie de VIH et contre d’autres menaces de santé en République bolivarienne du Venezuela. »

Azul Positivo a vu le jour en 2004 et œuvre dans le domaine de la prévention du VIH dans l’état vénézuélien de Zulia. L’ONUSIDA appuie depuis des années le travail de l’organisation et a constaté les retombées positives de son activité au sein de la communauté.

L’ONUSIDA apporte son soutien sans faille à l’autonomisation complète et à l’engagement total des organisations issues de la société civile dans la riposte au sida et le travail humanitaire. Elle souhaite poursuivre son partenariat avec ces organisations et celles issues des communautés au sein de la République bolivarienne du Venezuela, ainsi qu’avec les fonctionnaires du gouvernement, afin d’assurer que toutes les personnes affectées par le VIH aient accès à la prévention et au traitement du VIH ainsi qu’aux services d’assistance sociale, et jouissent de leurs droits humains fondamentaux.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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UNAIDS Geneva
Michael Hollingdale
tél. +41 79 500 2119
hollingdalem@unaids.org

« Mon souci numéro 1, c’est d’obtenir mes antirétroviraux » : l’Amérique latine face au VIH et à la COVID-19

28 mai 2020

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, Marcela Alcina du Latin American and the Caribbean Movement of Positive Women (MLCM+) reçoit plus de 20 appels par jour de personnes ayant besoin d’aide, pour obtenir soit de la nourriture ou des médicaments, soit des conseils sur la manière de gérer le confinement.

Yesenia Rodriguez (nous avons changé son nom) a été l’une d’entre elles. Cette Colombienne de naissance a vécu pendant plus de 24 ans dans la République bolivarienne du Venezuela, mais la crise humanitaire dans ce pays l’a poussée il y a six mois à retourner à Cali en Colombie pour poursuivre son traitement contre le VIH.

« Nous sommes huit : mes quatre enfants, mon mari, mes deux petits-enfants et moi », explique-t-elle.

Mme Rodriguez est sans emploi et a besoin d’aide pour nourrir sa famille et avoir accès à ses antirétroviraux. « Je suis rentrée à Cali juste pour me retrouver confrontée à une autre crise. Mon souci numéro 1, c’est d’obtenir mes antirétroviraux, mais je n’ai pas accès aux soins de santé en Colombie », continue-t-elle. « La situation est extrêmement difficile pour mon partenaire et moi, car nous sommes tous les deux séropositifs. Mes enfants et mon mari sont au chômage. Les enfants ne peuvent pas s’accommoder de la faim comme les adultes. »

Mme Rodriguez a été mise en contact avec Yani Valencia de la Lila Mujeres Organization qui fait partie du réseau MLCM+. Elle a obtenu un colis alimentaire pour toute la famille et entre actuellement en relation avec quelqu’un qui sera mesure de lui garantir l’accès à sa thérapie antirétrovirale. « J’ai failli m’évanouir quand on m’a apporté ces courses tellement j’étais heureuse. »

L’ONUSIDA recommande que les personnes vivant avec le VIH aient des stocks suffisants de médicaments indispensables, surtout pendant la pandémie de COVID-19. Les lignes directrices de l’Organisation mondiale de la Santé sur le traitement du VIH préconisent à présent la délivrance de médicaments pour trois mois ou plus à la plupart des personnes venant faire une visite de routine. Toutefois, si l’on en croit une enquête récente menée par l’ONUSIDA en Amérique latine et dans les Caraïbes concernant les besoins des communautés de personnes vivant avec le VIH à l’heure de la pandémie de COVID-19, seule une personne sur 10 signale avoir des antirétroviraux pour trois mois.

« Nous avons rencontré des personnes qui n’avaient aucun accès aux soins de santé. Un de nos collègues en Colombie a emprunté la moto d’un voisin pour assurer la distribution de médicaments. Nous constatons que nos communautés sont souvent oubliées, alors que nous devons faire partie de la réponse. Nous ne pouvions plus attendre, il nous fallait entreprendre quelque chose », indique Mme Alcina.

Les communautés ont joué un rôle fondamental dans la riposte au sida aussi bien au niveau local, national qu’international, et elles continuent. Désormais, elles occupent un rôle essentiel dans la lutte contre la COVID-19. Le MLCM+ a mis en place un réseau de 850 bénévoles dans 17 pays de la région. Sa mission consiste à répandre la solidarité au cours de la pandémie de COVID-19 tout en concentrant son action sur les personnes vivant avec le VIH.

« Nous distribuons des produits alimentaires et de nettoyage, nous faisons des masques qui sont offerts avec les thérapies antirétrovirales, nous apprenons aux gens les méthodes de prévention, nous donnons des préservatifs et nous aidons les personnes à trouver un refuge pour se protéger de violences intrafamiliales », poursuit Mme Alcina.

Le MLCM+ est actif dans toute la région et jouit du soutien technique ou financier de l’ONUSIDA, de l’ONU Femmes, du Fonds des Nations Unies pour la population et de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture.

« L’ONUSIDA nous fournit des ressources, des spécialistes et des webinaires de formation. De son côté, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture nous aide financièrement. Ainsi, nous mettons en place une stratégie qui vient renforcer l’action des gouvernements, mais pas la remplacer », souligne Mme Alcina.

« Nous constatons que les inégalités sont plus marquées au cours de la pandémie de COVID-19. Les inégalités, en particulier celles de genre, sont exacerbées en temps de crise. Les femmes séropositives doivent se trouver au cœur des ripostes aussi bien du VIH que de la COVID-19 et ne pas être oubliées », conclut le directeur de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Amérique latine et les Caraïbes, César Núñez.

Promouvoir pas à pas l’égalité des sexes au Brésil

30 octobre 2019

Daniela de Barros, assistante aux finances au sein du bureau de pays de l’ONUSIDA au Brésil, est également un point focal de l’ONUSIDA pour le genre en Amérique latine et aux Caraïbes.

Lorsqu’on lui demande d’où vient son envie d’aider les autres et de défendre l’égalité, elle se souvient d’un geste de générosité dans son enfance. « C’était un de ces moments où un rêve devient soudainement réalité. Quand ma sœur et moi étions petites, nos parents ne pouvaient pas nous payer de cours de danse classique. Mais la sœur de leur meilleur ami avait une école de danse et, un jour, elle nous a invitées à participer gratuitement à ses cours. Depuis, je n’ai jamais cessé de danser. » Madame de Barros explique que la danse lui a appris la discipline, l’organisation, la concentration et à faire le lien entre le « corps et l’esprit » aussi bien dans sa vie privée que professionnelle.

« Outre ces compétences fondamentales que j’utilise constamment dans mon travail et avec mes deux ados, j’ai tiré un autre enseignement essentiel de mes années de danse classique : j’ai appris à créer un lien avec moi-même et à révéler mon potentiel et ma force intérieure », déclare-t-elle. « Et n’est-ce que ce que nous attendons d’une initiative aussi importante que le Plan d’action pour l’égalité des sexes de l’ONUSIDA ? Autonomiser, émanciper et faire évoluer toutes les femmes au sein et en dehors de notre organisation ? »

À son poste de surveillance des aspects financiers, administratifs et opérationnels au sein du bureau de pays de l’ONUSIDA, madame de Barros a constaté que la gestion du changement est primordiale pour préserver la motivation du personnel. « Même si un changement est source d’insécurité, en définitive, il peut insuffler une bouffée d’air frais. J’ai appris à reconnaître que cela est important pour les organisations. »

Madame de Barros est persuadée qu’il est temps d’encourager les femmes à croire à la faisabilité de leurs objectifs. « Le Plan d’action pour l’égalité des sexes au sein de l’ONUSIDA renforce non seulement la confiance que nous avons en nous et notre courage, mais il invite aussi les hommes à apporter leur soutien à leurs collègues femmes », continue-t-elle.

Madame de Barros est certaine que « l’ONUSIDA l’a choisie », plutôt que l’inverse. « J’ai étudié les relations internationales et j’ai toujours voulu travailler pour les Nations Unies, mais j’avoue n’avoir jamais entendu parler de l’ONUSIDA jusqu’à ce qu’un ami me dise de postuler à mon poste actuel », se souvient-elle. « J’ai beaucoup évolué et appris de l’organisation. »

Elle raconte que passer le cap de la quarantaine a été source de changements considérables chez elle. Elle veut à présent s’engager dans des projets qui transforment la vie des gens. Elle donne ainsi depuis six mois des cours de danse classique à des femmes et elle va bientôt concrétiser ce qu’elle décrit comme « la renaissance d’un vieux rêve » : enseigner la danse à des enfants et des ados vivant dans des communautés déshéritées de Brasília où elle réside.

« J’aime me dire que la danse classique correspond au principe suivant du bouddhisme : nous percevons notre monde extérieur de l’intérieur. En travaillant sur notre monde intérieur, nous pouvons changer notre environnement. Là est la force de la danse, et c’est la voie qu’elle nous montre. C’est exactement ce que je souhaite transmettre aux enfants et aux femmes dans mon projet. »

Ramener la prévention du VIH sur le devant de la scène lors la Marche des fiertés au Brésil

17 octobre 2019

En juin 2019, plus de 3 millions de personnes sont descendues dans les rues de São Paulo pour fêter ensemble la Marche des fiertés lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuelles (LGBTI), ainsi que le 50e anniversaire des émeutes de Stonewall qui ont marqué un tournant dans la lutte pour les droits LGBTI. Pour Almir Nascimento, chef d’entreprise gay, 2019 a été l’année de son retour dans l’organisation de cette manifestation après 20 ans d’absence.

Sa décision est la conséquence d’un constat alarmant : au Brésil, le nombre de nouvelles infections au VIH ne cesse d’augmenter chez les jeunes, en particulier les jeunes gays et les femmes transgenres. Pendant longtemps, M. Nascimento avait pourtant cru que la mobilisation des années 1990 et l’arrivée de la thérapie antirétrovirale suffiraient à mettre un terme à l’épidémie du VIH.

« L’épidémie avait atteint son point culminant lorsque j’ai participé pour la première fois à l’organisation de la Marche en 1999 et 2000. À l’époque, j’avais l’impression que nous avions fait des progrès majeurs et j’étais persuadé que cela suffirait pour arrêter le VIH », se souvient-il. « Mais, il y a quatre ou cinq ans, j’ai commencé à remarquer une recrudescence des nouvelles contaminations parmi les personnes gays, bisexuelles et transgenres et, pire encore, qu’elles décédaient très jeunes des suites du sida. Cette situation m’a poussé à revenir. J’ai aidé à l'organisation du défilé en mettant en place une discussion publique sur le VIH et le sida au sein de notre communauté. »

En 2018, 900 000 personnes environ vivaient avec le VIH au Brésil et les nouvelles infections avaient augmenté de plus de 20 % par rapport à 2010. La prévalence du VIH parmi la population adulte est estimée à 0,5 %, mais elle atteint 30 % environ chez les personnes transgenres et près de 18,3 % chez les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.

M. Nascimento est le propriétaire d’un sauna gay à São Paulo. Il déclare qu’il s’efforce de s’assurer que ses clients savent se protéger correctement du VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles. Il fait également équipe avec les services de santé de São Paulo, par exemple pour distribuer gratuitement des préservatifs. Plus récemment, une équipe de recherche dans le domaine de la santé a été invitée dans son sauna pour recruter des volontaires dans le cadre de projets pilotes sur la PPrE (prophylaxie pré-exposition), un comprimé qui empêche la contamination au VIH.

« Il est indéniable que les gays et les personnes transgenres sont les populations les plus touchées au Brésil. J’ai toutefois remarqué que les associations organisatrices de rassemblements lesbiens, gays, bisexuels et transgenres, dont la Marche de São Paulo, ne proposaient plus de programmes efficaces contre le VIH », explique-t-il. « C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’inviter des délégations des Prides organisées dans les 27 capitales fédérales du Brésil, ainsi que dans une douzaine des plus grandes villes de l’État de São Paulo. Nous estimons en effet que ces évènements rassemblent au total plus de 18 millions de personnes par an. »

Un tel public représente pour M. Nascimento non seulement une chance, mais aussi une responsabilité d’envoyer des messages de prévention du VIH et de non-discrimination à l’attention de la communauté LGBTI.

« Certaines équipes d'organisation de ces marches rechignent toujours à intégrer des discussions sur le sida à leur manifestation par peur de la stigmatisation et de la discrimination. Au contraire, ces évènements soudent tout le monde. Nous devons saisir l’opportunité de discuter ouvertement et d’informer les gens sur la prévention du VIH. Cela peut sauver des vies. »

Jouissant du soutien du bureau de l’ONUSIDA au Brésil et d’autres partenaires clés, M. Nascimento et la São Paulo LGBT Pride Parade Association organisent actuellement la troisième réunion de prévention et de santé destinée aux jeunes LGBTI. Elle se tiendra en novembre.

« Après notre première réunion en 2017 dédiée à la prévention du VIH parmi les jeunes lesbiennes, gays, bisexuel(le)s et transgenres, plus de 20 % des associations organisatrices d’une Marche participantes ont commencé à proposer des discussions similaires dans leur ville. Notre objectif est simple : que chaque responsable de défilé sache comment mener ce type de format, et que les associations organisent leurs propres réunions au cours de la semaine des fiertés et tout au long de l’année. »

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