La dynamique inégale de la distribution du pouvoir entre les sexes continue de contribuer à la vulnérabilité des femmes et des filles face au risque d’infection au VIH. En 2020, six nouvelles infections au VIH sur sept chez les ados âgés de 15 à 19 ans en Afrique subsaharienne ont touché des filles, et 4 200 adolescentes et jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans ont été infectées chaque semaine par le VIH.
GENÈVE, le 6 juillet 2021—Cinq organisations des Nations Unies ont uni leurs forces pour lancer une nouvelle initiative visant à garantir que toutes les filles et tous les garçons d’Afrique subsaharienne ont un accès égal à l’éducation secondaire gratuite d’ici 2025 et à contribuer à la prévention du VIH. L’initiative Education Plus a été lancée lors du Forum Génération Égalité organisé à Paris en France. Il s’agit d’un projet ambitieux de haut niveau sur cinq ans visant à accélérer l’action et les investissements pour élargir l’accès à l’éducation secondaire pour l'ensemble des jeunes sans exception et à faire progresser la santé, l’éducation et les droits des adolescentes et des jeunes femmes en Afrique subsaharienne.
Avant l’arrivée de la COVID-19, près de 34 millions de filles en âge d’aller à l’école secondaire en Afrique subsaharienne n’avaient pas accès à une éducation complète et 24 % environ des adolescentes et des jeunes femmes (15–24 ans) dans la région n’étaient pas scolarisées, ne suivaient pas une formation ou ne travaillaient pas, contre 14,6 % chez les jeunes hommes. 1 jeune sur 4 en Afrique subsaharienne entre 15 et 24 ans est illettré-e et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) estime qu’en 2020, les fermetures d’écoles dues à la COVID-19 ont touché environ 250 millions d’écoliers, écolières, d’étudiantes et étudiants dans la région, dont des millions risquent de ne jamais retrouver le chemin de l’école.
« Nous savons que le risque d’infection au VIH parmi les filles baisse d’un tiers ou plus dans des zones à forte prévalence du VIH lorsqu’elles sont scolarisées dans le secondaire. Cela réduit le risque de mariage précoce, de grossesse adolescente et de violences sexuelles et basées sur le genre, tout en offrant aux filles les compétences et les aptitudes importantes nécessaires à leur émancipation économique », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Une volonté politique audacieuse et cohérente est nécessaire pour s’assurer que tous les enfants puissent suivre un cycle complet d’enseignement secondaire en Afrique subsaharienne. »
Les co-fondateurs d’Education Plus, l’ONUSIDA, l’ONU Femmes, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, le Fonds des Nations Unies pour la population et l’UNICEF, encouragent les pays à utiliser les systèmes d’éducation comme point d’entrée pour fournir une offre « Plus » exhaustive d’éléments essentiels, dont les adolescentes et les jeunes femmes ont besoin lorsqu’elles deviennent adultes. Il s’agit notamment d’une l’éducation sexuelle complète, de la santé et des droits sexuels et reproductifs, notamment la prévention du VIH, de l’absence de violences sexistes et de l’autonomisation économique par le biais de programmes de transition entre l’école et le monde du travail.
Anita Myriam Emma Kouassi, jeune activiste du Bénin, a appelé les responsables à aller au-delà des promesses et à agir pour mettre fin aux inégalités et à la discrimination entre les sexes, dont sont victimes les filles et les jeunes femmes en Afrique. « Les inégalités et l’analphabétisme empêchent très tôt les filles de pouvoir prendre leur vie en main et de contrôler les choix concernant leur corps et leur santé. Nous sommes ainsi vulnérables sans savoir comment nous défendre ou faire entendre nos voix », a-t-elle déclaré. « C’est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas faire l’impasse sur l’éducation des filles ; c’est le fondement et le pilier d’une nation forte avec et pour les filles. »
À ce jour, cinq pays (Bénin, Cameroun, Gabon, Lesotho et Sierra Leone) ont signé pour atteindre les objectifs de l’initiative par le biais de nombreux engagements qui s’attaqueront à l’urgence de lutter efficacement contre le nombre alarmant d’adolescentes et de jeunes femmes qui contractent le VIH et meurent de maladies opportunistes, parmi d’autres menaces pour leur survie, leur bien-être, leurs libertés et leurs droits humains, y compris la violence sexuelle et sexiste et les grossesses adolescentes.
« Au cours des trois prochaines années, nous allons œuvrer pour sensibiliser davantage à l’éducation sexuelle par la formation et le développement de matériel pédagogique spécifique. Nous soutiendrons les filles enceintes et les jeunes mères en cas de grossesse précoce. Nous fournirons des équipements sanitaires de qualité et favoriserons un accès facile aux serviettes hygiéniques dans les écoles », a promis la Première ministre du Gabon, Rose Christiane Ossouka Raponda. « Le nouveau Code du travail, qui est actuellement discuté par le parlement, enrichira notre cadre juridique, en particulier en ce qui concerne le harcèlement au travail. Les adolescentes, les jeunes femmes et les femmes dans leur ensemble seront encore mieux protégées pour promouvoir leur développement social et professionnel, ainsi que leur émancipation. »
L’éducation est devenue une préoccupation urgente dans le contexte de la pandémie de COVID-19 et de ses impacts socio-économiques. De fait, ils ont augmenté l’exposition des filles et des jeunes femmes à la violence sexiste, au mariage précoce et aux grossesses non désirées, mais aussi augmenté les risques de mortalité maternelle et les vulnérabilités à l’infection au VIH. Les filles en Afrique subsaharienne sont particulièrement exposées au risque de ne jamais retourner à l’école.
David Moinina Sengeh, ministre de l’Éducation primaire et secondaire supérieure de Sierra Leone, a souligné que les pays devaient prendre des décisions fondées sur des données probantes et « tout faire pour que les filles, y compris les filles enceintes, ne soient pas exclues de l’éducation », ajoutant que l’éducation secondaire devrait inclure la santé sexuelle et reproductive dans les programmes éducatifs. « Les gens disent que cela coûte de l’argent, mais cela nous coûtera plus cher lorsque nous aurons un fort taux d’illettrisme », a-t-il affirmé. « La mortalité maternelle a déjà un coût pour nous, et lorsque nous avons une grande partie de notre population adulte, les femmes, exclues de l’économie, cela a déjà un coût pour nous. »
Le président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio, a promis que la nouvelle politique d’inclusion radicale du pays élargirait l’accès aux populations précédemment marginalisées, notamment aux filles enceintes, aux mères scolarisées et en formation, aux filles issues de milieux pauvres et à toutes celles vivant dans des régions difficiles d’accès. « Le gouvernement de Sierra Leone s’engage à autonomiser les adolescentes, à promouvoir et à protéger leurs droits, à accélérer les progrès en matière d’égalité des sexes et d’inclusion sociale, à réduire les grossesses chez les adolescentes et les nouvelles infections au VIH. »
L’initiative se focalise sur la participation importante et le leadership significatif des adolescentes et des jeunes femmes dans toute leur diversité, en veillant à garantir l’inclusion des personnes dans des situations d’exclusion et de vulnérabilité particulières. L’engagement des hommes et des garçons en mettant l’accent sur l’évolution des normes de genre et des masculinités nuisibles, et en en faisant des alliés et des agents du changement est un aspect transversal pour Education Plus.
Lors de la présentation de l’engagement du Premier ministre du Lesotho en faveur d’Education Plus, Dira Khama, Secrétaire permanent à l’Éducation, a promis que le pays élargirait l’éducation secondaire en se concentrant sur les zones rurales, renforcerait la mise en œuvre d’une éducation sexuelle complète, introduirait des possibilités professionnelles et techniques pour renforcer les transitions entre l’école et le travail et collaborerait avec les parents et les communautés afin de réduire les violences sexuelles et basées sur le genre dont sont victimes les adolescentes et les jeunes femmes. Le Premier ministre s’est également engagé à « revoir et mettre en œuvre une politique de rationalisation des frais d’établissements d’enseignement secondaire afin de réduire le montant des frais de scolarisation versés par chaque foyer » dans les six mois à un an à venir.
Education Plus plaidera en faveur de réformes tenant compte du genre dans les politiques, les lois et les pratiques afin de garantir l’éducation, la santé et les autres droits sociaux et économiques des ados et des jeunes. Il s’agit par exemple de changer les exigences en matière d’autorisation parentale et d’éliminer les redevances afin que les ados puissent accéder aux services de base liés au VIH et à la santé sexuelle et reproductive, d’aider les adolescentes enceintes et les jeunes mamans à terminer leur formation, de lutter contre la violence sexiste et de soutenir la gestion de l’hygiène menstruelle et la santé mentale.
« Il est important de procéder à un examen systématique de la prévention du VIH et de ne pas sous-estimer le rôle particulier que joue la santé mentale dans des pratiques sexuelles sans danger », a déclaré Shudufhadzo Musida, Miss Afrique du Sud 2020. « Pour faire prendre conscience de l’importance de la santé mentale, et promouvoir la prévention du VIH, l’émancipation économique et l’égalité des sexes, nous devons plus que jamais émanciper les adolescentes et les jeunes femmes dans leur conscience. »
Education Plus a été lancé dans le cadre d’un engagement conjoint au Forum Génération Égalité. Lors du lancement virtuel de haut niveau, Mme Byanyima a été rejointe par David Moinina Sengeh, ministre de l’Éducation primaire et secondaire supérieure de Sierra Leone, la diplomate tunisienne et ancienne Envoyée de la jeunesse de l’Union africaine, Aya Chebbi, une représentante du centre de leadership d’Education Plus Young Women, Anita Myriam Emma Kouassi, et Miss Afrique du Sud 2020, Shudufhadzo Musida.
ONUSIDA
Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.