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Révolution, je porte ton nom

24 mars 2020

Quiconque rencontre Birknesh Teferi n’est pas surpris d’apprendre que le prénom de cette femme passionnée et fière d’elle-même respirant la santé et le bien-être signifie « révolution » en amharique, la langue parlée en Éthiopie.

Sa vie jusqu’à présent est une révolution en soi, un exemple de résilience, d’espoir et de transformation. Elle a en effet combattu victorieusement la tuberculose, survécu à un cancer du col de l’utérus et elle mène aujourd’hui une vie épanouie avec le VIH.

Mme Teferi a été diagnostiquée en 2003 avec le VIH et la tuberculose. À cette époque en Éthiopie, les informations sur ces deux infections, ainsi que sur la santé de la reproduction et sexuelle étaient rares et la stigmatisation et la discrimination étaient monnaie courante.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Éthiopie figure parmi les 48 pays les plus touchés par la tuberculose. On y a recensé en 2018 165 000 infections qui ont fait 27 000 victimes, dont 2 200 personnes vivant avec le VIH.

Après avoir attendu 15 jours pour obtenir ses résultats parce que la personne responsable du dépistage était en congé, Mme Teferi a appris qu’elle était « positive ».

« J’ai cru que c’était une bonne nouvelle. Soulagée, j’ai serré l’infirmière dans mes bras, seulement pour l’entendre me dire qu’être positive avec le VIH signifie que j’avais le virus », se souvient-elle.

Mme Teferi suit avec succès le traitement contre la tuberculose recommandé par l’OMS (traitement de brève durée sous surveillance directe (DOTS)) qui l’a certes soignée de cette infection, mais ne l’a pas aidée à mieux accepter son statut sérologique.

Après le diagnostic, « s’est ensuivie une période de douleur et de chagrin... D’attente de la mort ».

Elle se souvient avoir « perdu pied. » Elle cache son statut sérologique de peur de la stigmatisation et elle vend son corps pour joindre les deux bouts.

« Si un client avait un préservatif, on l’utilisait. S’il n’en avait pas, alors on faisait sans. J’ai essayé d’en utiliser, mais je n’avais pas d’argent pour en acheter. C’est ainsi que j’ai eu une infection sexuellement transmissible. »

Mme Teferi est diagnostiquée d’un cancer du col de l’utérus au cours du traitement de cette infection et elle est renvoyée d’établissement de santé en établissement de santé souvent situés dans différentes villes de la région.

Elle finit par trouver un médecin « attentionné » et par être opérée pour soigner son cancer. « J’avais tellement mal que je ne pouvais plus m’asseoir. Je me sentais au fond du trou », se souvient-elle.

Mais sa vie a doucement commencé à changer en 2008 avec le début de son traitement contre le VIH. Elle se met à faire plus attention à elle. Elle insiste pour que ses clients utilisent des préservatifs.

Dans la ville éthiopienne d’Hawassa, elle fait la rencontre d’un groupe de femmes vivant avec le VIH appartenant à la Tilla Association of HIV-Positive Women. Cette association fournit aux femmes séropositives des compétences, une formation et de l’aide. Elle gère également un atelier de broderie afin que ces femmes aient une source de revenus. Mme Teferi y travaille désormais.

« J’ai repris pied. Ma vie s’est beaucoup améliorée. Si les gens se rendent compte qu’ils peuvent vivre et travailler, alors leur vie peut changer », explique-t-elle.

Au cours de ses huit premiers mois au centre, la direction lui a attribué l’aide d’une bénévole pour l’aider à se remettre physiquement de l’opération. Pour la première fois, Mme Teferi est soutenue par des femmes qui comprennent sa situation.

Les femmes du centre l’ont invitée à regarder un film portant sur des personnes menant une vie épanouie avec le VIH. « Ce film m’a donné de l’espoir », continue-t-elle. « J’ai commencé à me renseigner sur le VIH auprès de ma directrice. Peu à peu, je me suis sentie de mieux en mieux, avec de meilleurs services médicaux à disposition, et Tilla m’a aidée à gérer ma situation financière et émotionnelle. »

Même si Mme Teferi suit un traitement contre le VIH et a été soignée de la tuberculose, des millions d’autres personnes dans le monde n’ont toujours pas accès à la prévention contre ces deux pathologies et à leur traitement. La tuberculose est la première cause de mortalité au monde chez les personnes vivant avec le VIH.

En 2018, on estime que sur 1,2 million de décès liés à la tuberculose, 251 000 concernaient des personnes vivant avec le VIH, soit 60 % en moins par rapport aux 620 000 en 2000. On estime qu’entre 2000 et 2018 le traitement de la tuberculose a évité à lui seul 48 millions de décès chez les personnes séronégatives et 10 millions de décès supplémentaires lorsqu’il est couplé à une thérapie antirétrovirale. Toutefois, les progrès sont lents et doivent prendre de la vitesse afin de mettre un terme à la tuberculose d’ici 2030 comme stipulé dans les Objectifs de développement durable.

« La tuberculose peut être soignée et évitée », a déclaré Aeneas Chuma, Directeur par intérim de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Afrique orientale et australe. « Nous devons en cette période historique, à l’heure de la pandémie de COVID-19, garantir que les personnes vivant avec le VIH et diagnostiquées avec la tuberculose aient un accès continu au traitement de ces deux infections. L’ONUSIDA coopère avec des gouvernements et des partenaires communautaires afin de garantir que nous nous adaptons à une situation sanitaire qui connaît une évolution rapide en faisant preuve de bonté, de compassion et d’humanité. »

Ressources

TB et VIH

La Journée internationale des Droits des Femmes en Éthiopie

12 mars 2019

Michel Sidibé, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, a célébré la Journée internationale des Droits des Femmes à Addis Abeba, en Éthiopie, lors d’un événement organisé par le Ministère des Femmes, de la Jeunesse et de l’Enfance, avec le soutien de l’ONUSIDA. Cet événement a rassemblé des femmes de premier plan et des représentantes d’associations féministes de tout le pays. S’adressant aux participants, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a souligné que les femmes étaient « les piliers de la nation ».

Yalem Tsegaye, Ministre des Femmes, de la Jeunesse et de l’Enfance, a quant à elle mis en avant l’initiative Jegnit. Jegnit signifie « héroïne » : il s’agit d’un mouvement novateur mené par le gouvernement éthiopien et destiné à autonomiser les femmes et à favoriser leur accès à un plus grand nombre de postes de premier rang, aussi bien au niveau communautaire que politique.

Lors de cet événement, M. Sidibé a également rendu hommage au Premier ministre éthiopien et à son gouvernement pour leurs réformes audacieuses dans la lutte contre les inégalités entre les sexes, avec la nomination de femmes à des postes à responsabilité dans tous les secteurs. Il a félicité le Premier ministre pour avoir appliqué la parité au sein de son gouvernement.

« L’heure est venue de promouvoir l’autonomisation des femmes et des filles, car la fin de l’épidémie de sida relève davantage d’un rééquilibrage des pouvoirs que de la santé. Cela signifie qu’il faut donner la priorité aux filles et aux jeunes femmes dans le cadre d’un véritable partenariat avec elles. Cela signifie qu’il faut donner plus d’options et de vrais choix aux adolescentes et aux jeunes femmes », a déclaré M. Sidibé.

Pendant son séjour à Addis Abeba, M. Sidibé a rencontré Vera Songwe, Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, première femme à occuper ce poste en 60 ans, afin de discuter de la poursuite de la collaboration sur les ripostes durables au sida à travers le continent africain.

M. Sidibé a également rencontré Amira Elfadil, Commissaire aux Affaires sociales de l’Union africaine. En cette année 2019, l’ONUSIDA et l’Union africaine célèbrent 20 ans d’un partenariat ciblé sur la fin de l’épidémie de sida en Afrique.

L’Éthiopie montre que les communautés sont à la hauteur

15 février 2019

Le projet Community, Health Education and Knowledge Building (CHECK – Communauté, éducation à la santé et développement des connaissances) mené en Éthiopie est un projet collaboratif commun de l’Agence italienne pour la coopération et le développement (IACS) et de l’ONUSIDA. Ce projet a pour but de soutenir la sensibilisation sur la prévention du VIH et d’accroître la demande et le recours aux services de santé anti-VIH et autres, y compris sur les maladies non transmissibles.

Le projet est géré par l’intermédiaire de quatre partenaires d’exécution à Awasa, dans la Région des nations, nationalités et peuples du Sud, en Éthiopie. Il cible les femmes, les jeunes et les personnes vivant avec le VIH, y compris les personnes âgées, les professionnelles du sexe, les détenus et les employés de grands projets du secteur privé.

Le 7 février, Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, Tibero Chiari, Directeur de l’IACS, et Seharla Abdulahi, Ministre de la Santé éthiopienne, ont visité trois sites de mise en œuvre du projet CHECK afin d’évaluer les progrès et de rencontrer les bénéficiaires du projet.

« Le VIH crée des déchirures dans le tissu social qui nous relie tous ensemble. Mais en Éthiopie, les liens communautaires intègrent des anticorps qui permettent de contrer le VIH. Quand la communauté dispose des bonnes connaissances, elle est capable de rompre le cercle du VIH et de créer des liens plus forts entre les gens », a déclaré M. Chiari.

L’Association Tilla de femmes séropositives gère un centre de broderie qui soutient les femmes vivant avec le VIH à Awasa à travers des activités génératrices de revenus. Dans ce centre, les femmes vivant avec le VIH fabriquent toutes sortes d’articles brodés et tricotés, par exemple des maillots scolaires et des uniformes pour le secteur de la sécurité. Non seulement le centre apporte une aide financière aux femmes qui travaillent ici, mais il leur offre aussi un espace sûr et un appui émotionnel.

« Tilla, c’est un peu comme la maison de maman », explique Aster Kebede, une femme vivant avec le VIH qui travaille au centre. « C’est ma maison, mon école, mon lieu de travail… c’est tout pour moi ».

À quelques pas de Tilla se trouve l’Association Medhin de personnes âgées vivant avec le VIH, qui a le même impact sur ses membres. Beaucoup d’entre eux évoquent les conséquences que la stigmatisation et la discrimination ont eues sur leur vie, en particulier par rapport à leur statut de personnes âgées vivant avec le VIH, ainsi que la perte d’un mari, d’une épouse, d’un foyer ou d’un revenu à cause de la stigmatisation. L’association propose également de petites bourses à un grand nombre de ses membres, qui utilisent ce financement catalyseur pour générer des revenus, créer de petites entreprises et améliorer leur vie.

« Medhin m’a redonné confiance en moi », raconte Bizunesh Kensa, une femme vivant avec le VIH âgée de 64 ans. « Je ne me sens plus vulnérable et je ne m’inquiète plus ».

Le Parc industriel d’Awasa est un mégaprojet qui emploie 28 000 personnes, dont 92 % de jeunes femmes qui, pour un grand nombre d’entre elles, sont originaires des zones rurales de la région. Par l’intermédiaire du projet CHECK, le Bureau régional de la santé d’Awasa a produit et diffusé des supports documentaires sur la prévention du VIH et la santé sexuelle et reproductive pour les employés de ce mégaprojet.

« Ces projets montrent que ce qui compte le plus, c’est la vie des individus. Ils sont la preuve du pouvoir des projets à base communautaire pour rétablir la dignité des personnes vivant avec le VIH et leur redonner espoir en l’avenir », a déclaré M. Sidibé.

L’OPDAS va élargir son champ d’activité

14 février 2019

L’Organisation des Premières dames d’Afrique contre le VIH/sida (OPDAS) a annoncé qu’elle était sur le point d’élargir son champ d’activité afin d’incorporer un spectre plus étendu de questions de développement concernant le continent. L’OPDAS a également changé de nom pour devenir l’Organisation des Premières dames d’Afrique pour le développement (OPDAD) et a adopté une vision intitulée « Une Afrique développée avec des enfants, des jeunes et des femmes en bonne santé et autonomes ».

Lors de son assemblée générale organisée à Addis Abeba, en Éthiopie, le 11 février, l’OPDAD nouvellement créée a adopté son plan stratégique pour 2019-2023, qui décrit les principales thématiques sur lesquelles les premières dames travailleront. En font notamment partie la poursuite de l’objectif de réduction des nouvelles infections à VIH et de la mortalité due au sida, les maladies non transmissibles, l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et des jeunes, la santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile, la sécurité sociale et la protection sociale.

Rendant hommage à M. Sidibé, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, la Première dame du Burkina Faso et Présidente de l’OPDAD, Sika Kaboré, a déclaré : « Ce que nous retiendrons de la carrière de Michel Sidibé, c’est que nous pouvons atteindre des objectifs ambitieux si nous y croyons, si nous unissons nos forces de manière stratégique et si nous gardons foi en nos populations et dans les valeurs africaines de solidarité et de partage ». Plusieurs premières dames ont également prononcé quelques mots de soutien et d’appréciation concernant les nombreuses années de leadership et d’engagement de M. Sidibé, et ce dernier s’est vu remettre un certificat de reconnaissance.

« L’ONUSIDA travaille main dans la main avec l’Organisation des Premières dames d’Afrique contre le VIH/sida depuis sa toute première réunion en 2002. J’ai eu le privilège d’être présent à l’époque et j’ai le privilège d’être encore avec vous aujourd’hui. Je vous invite toutes à rester engagées pour en finir avec le sida, car ensemble nous pouvons garantir un avenir meilleur à nos enfants et nos jeunes, et une génération sans sida », a déclaré M. Sidibé.

Les premières dames se sont engagées à poursuivre leurs travaux sur l’une de leurs campagnes phares, « Free to Shine », visant à mettre fin à l’épidémie de sida chez les enfants, les adolescents et les jeunes et à maintenir leurs mères en bonne santé. À ce jour, la campagne a été lancée dans 15 pays d’Afrique, dont beaucoup l’ont intégrée dans leurs plans nationaux de lutte contre le VIH. L’ONUSIDA est en train de mobiliser des fonds supplémentaires pour le lancement de Free to Shine au Zimbabwe et en Sierra Leone, avec un déploiement qui débutera en 2019.

Des populations en bonne santé pour des économies saines en Afrique

15 février 2019

Des populations en bonne santé jouent un rôle important dans la croissance économique à long terme de l’Afrique, en augmentant les gains économiques grâce à une productivité accrue, à la création d’emplois et à la promotion de l’égalité. Pourtant, les systèmes de santé africains nécessitent des investissements considérables afin de répondre aux besoins de ces populations et de tenir compte de l’évolution des maladies sur le continent.

Malheureusement, la prise en charge médicale en Afrique est limitée par un manque de fonds publics et un financement par des donateurs restreint et imprévisible. Dans le cadre d’efforts innovants visant à trouver un moyen durable de renforcer les systèmes de santé nationaux à travers le continent, des responsables des secteurs public et privé africains se sont réunis le 12 février lors du Forum Afrique Entreprises : Santé, afin de promouvoir le dialogue et de recenser les opportunités de collaboration.

« Donner la priorité à la santé est un choix politique et les dépenses de santé doivent être considérées comme un investissement et non comme un coût. Les investissements dans la santé sont des investissements dans le capital humain », a déclaré Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA. Abiy Ahmed, le Premier ministre éthiopien, a ajouté : « Nous avons besoin de soins de santé abordables et de qualité pour tout le monde, qui soient supervisés par les gouvernements et le secteur privé dans un cadre de travail collaboratif afin de permettre un accès équitable ».

Lors de cet événement organisé à Addis Abeba, en Éthiopie, en marge de la 32e session ordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine, le rapport Santé et croissance économique en Afrique a été présenté. Ce rapport va permettre d’orienter les investissements et de créer des modèles autour de la santé en Afrique. Il met en avant les opportunités sur lesquelles les gouvernements et le secteur privé peuvent travailler ensemble pour améliorer les résultats en matière de santé et assurer des soins de qualité accessibles à tous. 

« D’ici à 2030, on estime que 14 % de toutes les opportunités économiques dans le domaine de la santé et du bien-être se situeront en Afrique, au deuxième rang seulement derrière l’Amérique du Nord. Il s’agit d’une immense opportunité pour le secteur privé », a déclaré Vera Songwe, Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique.

L’événement a également été l’occasion de lancer l’African Business Coalition for Health (Coalition des entreprises africaines pour la santé), une plate-forme conçue pour mobiliser un noyau dur de champions du secteur privé afin de débloquer les synergies et de faire progresser les résultats en matière de santé dans le but de bâtir des économiques saines dans toute l’Afrique.

« Il est évident que les gouvernements africains ne peuvent pas à eux seuls résoudre les problèmes de santé du continent. Nous n’avons pas d’autre alternative que de nous tourner vers le secteur privé pour compléter les financements gouvernementaux », a déclaré Aigboje Aig-Imoukhuede, Président de l’Initiative africaine pour la gouvernance et Co-président de GBC Health.

Éthiopie : échanges autour de l’accès aux médicaments de qualité et des violences sexistes

22 novembre 2018

Afin de souligner la nécessité de disposer d’accès durable et abordable à des médicaments de qualité, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé, a évoqué la nécessité de mettre en application le Plan de fabrication de produits pharmaceutiques pour l’Afrique. S’exprimant à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la Semaine de l’industrialisation de l’Afrique 2018 à Addis Abeba, en Éthiopie, il a plaidé pour une collaboration étroite avec les communautés économiques régionales afin de bâtir des plates-formes de coopération pour la production et de conduire l’harmonisation réglementaire en matière pharmaceutique à l’échelle de l’Afrique.

À l’occasion d’entretiens entre M. Sidibé et Smail Chergui, Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, et Bineta Diop, Envoyée spéciale de l’Union africaine sur les femmes, la paix et la sécurité, les engagements dans le domaine des violences sexistes et des droits des femmes ont été évoqués, engagements qui avaient été pris lors d’un événement organisé en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre, intitulé En finir avec les violences sexuelles et sexistes et protéger la santé et les droits des femmes et des enfants dans les contextes de crise humanitaire.

Lors de ces entretiens, des discussions ont eu lieu sur les moyens d’accroître les efforts de riposte au VIH dans les situations de conflit et de crise humanitaire, ainsi que sur la nécessité d’intensifier la sensibilisation au dépistage du VIH et aux thématiques de la violence sexuelle et sexiste. M. Sidibé et M. Chergui sont convenus de mener une mission conjointe de haut niveau au Soudan du Sud afin de mettre en lumière les besoins des personnes davantage exposées au risque de VIH dans le pays en raison des violences sexistes et du conflit qui se prolonge.

Par ailleurs, cette visite en Éthiopie, entre le 17 et le 20 novembre, a été l’occasion pour M. Sidibé de rencontrer le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, qui a déclaré : « Je m’engage à faire évoluer la vision de l’Afrique et de l’Éthiopie grâce à des réformes suivies et je suis d’accord pour intensifier les efforts en faveur du développement d’un système de santé centré sur les individus pour l’Éthiopie ».

« Merci de bien vouloir vous faire le champion de la fin de l’épidémie de sida en Éthiopie et sur tout le continent », a répondu M. Sidibé.

L’agenda de la présidence éthiopienne sur l’égalité des genres et la paix, ainsi que sur la réinsertion des enfants des rues, a été au cœur d’un dialogue entre la Présidente, Sahle-Work Zewde, et M. Sidibé.

Lors d’un échange entre M. Sidibé et le Ministre de la Santé éthiopien, Amir Aman, un projet collaboratif a été élaboré, qui sera centré autour du renforcement de la mobilisation des ressources, de l’amélioration et de la pérennisation d’une riposte multisectorielle entre tous les secteurs, de l’engagement des jeunes et du renforcement des programmes de lutte contre le VIH suivant l’approche lieu-population.

L’organisme de défense des droits de l’homme en Afrique appelle à renouveler les efforts sur les droits de l’homme dans la riposte au VIH

31 janvier 2018

Le 27 janvier, la Commission africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (la Commission africaine) a présenté un rapport révolutionnaire intitulé Le VIH, la loi et les droits de l’homme dans le système africain des droits de l’homme : principaux défis et opportunités pour les réponses au VIH fondées sur les droits.

Ce rapport traite des principaux défis en matière de droits de l’homme dans la riposte au VIH, notamment les inégalités et la discrimination envers les personnes vivant avec le VIH, l’accès au traitement et les systèmes de propriété intellectuelle restrictifs, les conflits et la migration, le dépistage du VIH et les conseils sous contrainte, les restrictions imposées à la société civile et la criminalisation des personnes vivant avec le VIH et des populations clés.

Tout en admettant les progrès réalisés dans la riposte au VIH en Afrique, le rapport exprime des inquiétudes en ce qui concerne les populations laissées pour compte, à savoir les jeunes femmes et les filles, les détenus, les professionnel(le)s du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transgenres et les consommateurs de drogues.

Outre les problèmes rencontrés, le rapport met aussi en avant les bonnes pratiques mises en œuvre sur tout le continent pour y remédier, notamment les réformes dans le domaine du droit et des politiques, les décisions judiciaires progressistes et les programmes qui visent à faire avancer la protection des droits de l’homme et l’accès au VIH et aux services de santé.

L’élaboration du rapport est le fruit de trois années de travail, avec la participation de divers acteurs, y compris des personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus, la société civile et des membres des populations clés.

La Première dame d’Éthiopie, en sa qualité de Présidente de l’Organisation des Premières dames d’Afrique contre le VIH/sida, le Vice-Président du Botswana, la Présidente et le Vice-Président de la Commission africaine, ainsi que le Directeur exécutif de l’ONUSIDA ont assisté à la cérémonie de présentation du rapport, organisée à l’occasion de la 30e session ordinaire de l’Union africaine.

Les participants ont salué ce rapport complet sur le VIH et les droits de l’homme, ainsi que ses recommandations audacieuses, et ils se sont engagés à soutenir la mise en œuvre des recommandations du rapport pour faire avancer les droits de l’homme et la justice sociale dans la riposte au VIH en Afrique.

Déclarations

« Ce rapport rend hommage aux progrès de l’Afrique contre le VIH. Mais il nous rappelle aussi que le travail n’est pas encore terminé. Le rapport appelle à renouveler les efforts pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination et à accorder davantage d’attention à la protection pleine et effective des droits de toutes les populations marginalisées et laissées pour compte au sein de nos communautés. »

Soyata Maiga Présidente de la Commission africaine des Droits de l’Homme et des Peuples

« La loi et les droits de l’homme revêtent une importance considérable dans le contexte de la santé mondiale, et ils sont essentiels pour une riposte efficace au VIH. Fondamentalement, ce rapport nous indique que nous devons mettre les individus, les droits et les communautés au cœur de la riposte au VIH. Je me réjouis de voir la Commission africaine des Droits de l’Homme et des Peuples parler avec tant d’audace de l’objectif zéro discrimination et du droit à la santé dans ce rapport. »

Michel Sidibé Directeur exécutif de l’ONUSIDA

« Je salue la publication de ce rapport, qui évoque des questions qui ont tant d’importance pour l’Organisation des Premières dames d’Afrique contre le VIH/sida, notamment la fin de la discrimination, la lutte contre les inégalités entre les sexes et l’élargissement de l’accès aux services de prévention, de traitement et de soins anti-VIH pour tous. »

Roman Tesfaye Première dame d’Éthiopie et Présidente de l’Organisation des Premières dames d’Afrique contre le VIH/sida

« La Côte d’Ivoire a fait d’énormes progrès contre le VIH et la riposte à l’épidémie continue de mobiliser le plus haut niveau du gouvernement. Nous nous engageons à consolider nos efforts contre la discrimination à l’égard du VIH et à faire avancer l’accès à la justice pour en finir avec le sida. »

Sansan Kambilé Ministre de la Justice et des Droits de l’homme de Côte d’Ivoire

« Dès le départ, nous avons reconnu l’importance de l’implication de la Commission africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et soutenu son travail sur le VIH. Nous sommes heureux de notre partenariat avec la Commission africaine, l’ONUSIDA, l’Alliance Sida et droits pour l’Afrique australe et d’autres partenaires en faveur de ce rapport. Nous allons poursuivre notre travail pour veiller à ce que les recommandations soient appliquées par nos communautés pour faire avancer la protection des droits de l’homme et l’accès aux services de santé. »

Humphrey Ndondo Directeur exécutif, African Men for Sexual Health and Rights

Africa Gender Breakfast : insister sur l’importance d’une action en faveur des adolescentes et des jeunes femmes en Afrique

30 janvier 2017

En 2015 en Afrique, 310 000 nouvelles infections à VIH se sont produites chez les adolescentes et les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans, soit environ 6000 nouvelles infections par semaine. En Afrique australe et orientale, sur les 19 millions de personnes vivant avec le VIH, les femmes représentent plus de la moitié (59 %), tandis qu’en Afrique centrale et occidentale, 58 % des 6,5 millions de personnes vivant avec le VIH sont des femmes.

Ces statistiques, ainsi que la riposte appropriée qu’elles appellent, ont été évoquées lors de la réunion Africa Gender Breakfast, qui s’est tenue dans le cadre des préparatifs du 28e Sommet des chefs d’État de l’Union africaine. La rencontre était organisée par les Ambassadeurs en Éthiopie d’Australie, du Canada et de Suède, avec le concours de la mission des États-Unis d’Amérique auprès de l’Union africaine ; Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, y a assisté aux côtés de ministres africains chargés des questions de genre et de représentants de la société civile et du secteur privé. Le but de la réunion était de mobiliser la communauté du développement international pour engager plus rapidement des actions en faveur des adolescentes et des jeunes femmes.

À cette occasion, la Ministre australienne du Développement international et de la Région Pacifique, Concetta Fierravanti-Wells, a lancé un partenariat à hauteur d’un million de dollars avec la Direction Femmes, Genre et Développement de l’Union africaine. La moitié de ces fonds ira à la création d’un observatoire des genres qui délivrera des informations stratégiques annuelles sur la situation des femmes en Afrique.

Philip Baker, Ambassadeur du Canada en Éthiopie, a affirmé que l’agenda international du Canada allait se focaliser davantage sur l’égalité des genres, à la lumière de sa récente élection à la Commission sur le statut de la femme.

Déclarations

« Après plus de 35 ans de chartes, de déclarations et d’outils, un important fossé demeure entre les paroles et la mise en œuvre effective des programmes sur les questions de genre. » Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA

Michel Sidibé UNAIDS Executive Director

« Je félicite le Directeur exécutif de l’ONUSIDA Michel Sidibé pour son leadership dans la mobilisation de l’attention et des discussions mondiales sur le VIH et les adolescentes et les jeunes femmes. »

Mahawa Wheeler Directrice de la Direction Femmes, Genre et Développement de la Commission de l’Union Africaine

« Nous devons tous poursuivre la lutte pour lever tous les obstacles à l’égalité des genres et à l’autonomisation des femmes. Il s’agit d’une obligation économique, politique et morale. »

Concetta Fierravanti-Wells Ministre australienne du Développement international et de la Région Pacifique

L'ONUSIDA s'associe à la campagne One Million Community Health Workers pour atteindre l'objectif de traitement 90-90-90

02 février 2016

L'ONUSIDA et l'initiative One Million Community Health Workers (1mCHW) ont annoncé un partenariat stratégique majeur en faveur de l'accomplissement de l'objectif de traitement 90-90-90 et visant à poser les fondements d'une santé et d'un développement durables.

Ce nouveau partenariat est né lors d'une réunion de haut niveau entre huit Ministres de la Santé africains et d'autres parties prenantes à Addis Abeba, en Éthiopie, organisée le 1er février, et qui a porté sur l'objectif de traitement 90-90-90 et les ressources humaines consacrées à la santé. Les participants à cette réunion ont lancé un appel au monde pour profiter du but de l'accomplissement de l'objectif de traitement 90-90-90 pour renforcer les ressources humaines consacrées à la santé.

Dans son discours d'ouverture, Marc Angel, défenseur de l'ONUSIDA pour l'objectif de traitement 90-90-90, a déclaré aux participants que l'augmentation des ressources humaines dédiées à la santé était fondamentale.

« Pour parvenir à l'objectif 90-90-90, il faut des professionnels de santé, une expertise spécifique et des laboratoires équipés du matériel nécessaire », a expliqué M. Angel.

Jeffrey Sachs, Directeur de l'Earth Institute à l'Université Columbia de New York et fondateur de l'initiative 1mCHW, a insisté sur son engagement en faveur de l'objectif de traitement 90-90-90. En sa qualité de Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies sur les Objectifs de développement durable (ODD), M. Sachs a promis de mettre l'objectif 90-90-90 au cœur de l'action en faveur des ODD.

« L'action 90-90-90 de l'ONUSIDA est historique : une approche scientifique rigoureuse et audacieuse pour mettre fin à l'épidémie de sida », a expliqué M. Sachs. « La fin du sida est à notre portée et les agents de santé issus des communautés vont jouer un rôle clé dans les moyens donnés à ces communautés pour mettre fin aux décès dus au sida et rompre le cycle de transmission du virus. La campagne 1 Million Community Health Workers est honorée de se joindre à l'ONUSIDA dans son programme révolutionnaire ».

Coparrainée par l'ONUSIDA, l'Union africaine et le Ministère éthiopien de la Santé, la rencontre a mis au jour à la fois un soutien solide en faveur de l'objectif de traitement 90-90-90 et un consensus selon lequel il s'agit d'une opportunité unique de recruter et de mobiliser des centaines de milliers d'agents de santé communautaires.

« L'Éthiopie ne va pas ménager ses efforts pour atteindre l'objectif de traitement 90-90-90 », a déclaré Kesetebirhan Admasu, Ministre de la Santé éthiopien. « Nous sommes déterminés à reléguer le sida aux livres d'histoire ».

Pour atteindre l'objectif de traitement 90-90-90, le nombre de personnes ayant accès au traitement antirétroviral devra quasiment avoir doublé au cours des cinq prochaines années. Bien que les programmes anti-VIH aient ouvert la voie à des stratégies innovantes pour renforcer l'efficacité des prestations de services, il est évident que pour atteindre l'objectif, il faudra augmenter le nombre d'agents de santé disponibles pour assurer la prestation des services anti-VIH.

Cependant, de nombreux pays africains, ainsi que des pays d'autres régions, souffrent d'une pénurie aiguë de professionnels de santé. Alors que l'Afrique représente 25 % du fardeau mondial de la maladie, la région n'accueille que 3 % de l'ensemble des professionnels de santé.

Afin de remédier à cette pénurie de professionnels de santé, la réunion s'est penchée sur l'importance de la formation et du recrutement d'agents de santé communautaires formés, équipés, encadrés et rémunérés pour étendre l'accès aux services anti-VIH. « Nous devons renforcer l'interface entre les communautés et les prestataires de services », a expliqué Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA. « Nous devons nous appuyer sur les communautés et les organisations de la société civile pour atteindre les personnes difficiles à atteindre ».

La campagne 1mCHW rassemble plus de 150 organisations du monde entier dans une action globale majeure destinée à recruter et déployer des agents de santé communautaires formés, équipés, encadrés et rémunérés, avec une attention particulière pour les communautés rurales très mal desservies.

Des pays comme l'Éthiopie, le Ghana et le Malawi ont déjà pris des mesures importantes pour former et déployer des agents de santé issus des communautés afin d'apporter des services de santé à base communautaire. L'Éthiopie, par exemple, a formé des dizaines de milliers d'agents de vulgarisation sanitaire, qui ont permis d'élargir considérablement l'accès à des services de santé de bonne qualité. La création du programme pour les agents de santé communautaires en Éthiopie a été associée à une hausse de 19 ans de l'espérance de vie sur une période de vingt ans. Le Ghana est en train de déployer 20 000 agents de santé communautaires dans le cadre d'un effort d'intensification national.

D'autres pays sont en passe de reprendre à leur compte ces efforts nationaux positifs pour étendre leurs ressources humaines consacrées à la santé. Le Lesotho, par exemple, s'est engagé dans une action nationale visant la création d'un cadre pour les agents de vulgarisation sanitaire, avec l'assistance de l'Éthiopie et du Malawi.

Au cours de cette journée de réunion, une grande partie des débats a porté sur la façon dont les efforts poussés en faveur de l'objectif de traitement 90-90-90 peuvent contribuer à stimuler une expansion durable des ressources humaines pour la santé. L'effort mondial pour l'accomplissement de l'objectif de traitement 90-90-90 impliquera la prestation de soins simplifiés et décentralisés à des millions de personnes vivant avec le VIH en bonne santé. L'auto-prise en charge de sa santé par chaque individu, y compris à travers des innovations telles que les clubs d'observance dirigés par des pairs et la distribution de médicaments antirétroviraux à l'échelle communautaire, jouera un rôle essentiel dans les services de gestion des soins de longue durée liés au VIH.

Les agents de santé communautaires seront essentiels dans la prestation de ces services simplifiés et décentralisés. La stratégie Accélérer appelle à une nette augmentation des financements de la prestation de services communautaires et à une hausse de la proportion des services anti-VIH délivrés via des canaux communautaires de 5 % actuellement à 30 %.

Les mêmes modèles centrés sur les communautés qui seront fondamentaux dans l'action pour mettre fin à l'épidémie de sida comme menace de santé publique ont également un rôle potentiellement clé dans l'accomplissement des autres objectifs en matière de santé des ODD. Les agents de santé communautaires mobilisés dans le cadre de l'effort en faveur de l'objectif de traitement 90-90-90 peuvent aussi aider à délivrer d'autres services de santé importants. De même, les modèles de soins de longue durée générés par l'intensification du traitement anti-VIH sont applicables à la gestion du fardeau grandissant des maladies non transmissibles, comme l'hypertension et le diabète.

Bien que la feuille de route pour l'action soit claire sur l'objectif 90-90-90 et les ressources humaines consacrées à la santé, le financement demeure un obstacle potentiel, car des investissements seront nécessaires pour la formation, l'encadrement et la rémunération des travailleurs communautaires. Les Ministres de la Santé et les autres participants sont tombés d'accord sur le fait que la mobilisation des investissements nécessaires pour l'augmentation des effectifs dans la santé nécessitera à la fois des dépenses nationales accrues et de nouvelles augmentations de l'aide internationale. M. Sachs a appelé à la création d'un fonds pour le renforcement des systèmes de santé.

« Ici, en Afrique, nous devons engager nos propres ressources intérieures en faveur de la santé », a expliqué Olawale Maiyegun, Directeur des Affaires sociales à la Commission de l'Union africaine. « Nous devons être à la hauteur de notre engagement pris dans la Déclaration d'Abuja de consacrer au moins 15 % de nos budgets nationaux à la santé ».

« La santé n'est pas un coût », a déclaré M. Sidibé. « La santé n'est pas une dépense. La santé est un investissement. Si nous redoublons d'efforts, nous pouvons mettre fin à l'épidémie. Mais si nous ne mobilisons pas les ressources dont nous avons besoin, le sida va rebondir et tous nos investissements des 30 dernières années seront réduits à néant ».

Lors de la préparation de la réunion, les coparrainants ont travaillé avec l'Organisation mondiale de la Santé, la Société africaine pour la médecine de laboratoire, l'Association internationale de prestataires de soins du sida, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, le Bureau de la Coordonnatrice pour les États-Unis de la lutte mondiale contre le sida, l'Université de Columbia, le Réseau des solutions pour le développement durable, la campagne One Million Community Health Workers et le gouvernement luxembourgeois.

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