GIN

Cinq questions sur la riposte au VIH en Guinée

27 octobre 2021

À la veille du Sommet de l’Afrique occidentale et centrale sur le VIH/sida qui se tiendra à Dakar du 31 octobre au 2 novembre 2021, l’ONUSIDA a posé à ses directeurs nationaux de la région cinq questions sur la riposte au sida dans leur pays. Voici les réponses du Dr Job Sagbohan, Directeur Pays de l’ONUSIDA en Guinée.

“La COVID-19 a eu un impact désastreux sur les personnes vivant avec le sida en Guinée. Il est grand temps qu’on se ressaisisse pour apporter les soins, les tests et les ressources nécessaires pour une réponse appropriée -- et surtout que l’on unisse les efforts des partenaires gouvernementaux, communautaires et privés pour sauver des vies.”

Dr Job Sagbohan Directeur Pays de l’ONUSIDA en Guinée

Alors que les dernières années montraient des résultats encourageants, l’épidémie de COVID-19 en Guinée est venue renverser les tendances de façon inquiétante -- un taux de dépistage et de rétention des personnes recevant des traitements antirétroviraux en baisse, une hausse des décès parmi les patients coinfectés par la tuberculose et le VIH, et une reprogrammation du financement pour le VIH au profit de la COVID-19. Il faut saisir ce sursaut d’intérêt politique dans les problématiques de santé publique pour travailler ensemble et investir nos efforts à bon escient.

En priorité, nous devons donner sa juste place aux communautés, à la société civile et au secteur privé pour accélérer les progrès vers une population en meilleure santé. Le gouvernement et tous les partenaires engagés doivent repenser leur financement des réponses au sida et à la COVID-19 comme des investissements complémentaires et non pas mutuellement exclusifs au risque d’échouer sur les deux tableaux. Enfin, un cadre législatif robuste et juste doit être mis en place pour que ces acteurs soient tenus responsables de leurs actions et travaillent main dans la main avec le gouvernement dans l’intérêt de la société.

1.  Quels sont les principaux progrès réalisés dans la riposte de votre pays à l’épidémie de VIH au cours des cinq dernières années ? 

Tout d’abord, de nets progrès en termes de traitement : d’après les estimations de l’ONUSIDA, le nombre de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) recevant des antirétroviraux (ARV) est passé d’environ 35 000 en 2015 à plus de 61 000 en 2020. Ceci représente un bond du taux de couverture ARV d’environ 30% des PVVIH à près de la moitié. Bien qu’encore trop élevé, le taux de transmission du VIH de la mère à l’enfant est passé de 22% en 2015 à 16% en 2020. Malheureusement, il faut noter que le nombre de nouvelles infections à VIH a quasi doublé sur la même période (de près de 3000 en 2015 à environ 5300 en 2020).

2. Quels sont les principaux défis à relever ?

Nous constatons encore énormément de discrimination et de stigmatisation des personnes vivant avec le VIH, ce qui constitue un frein systémique aux progrès de la riposte. Le gouvernement doit replacer la lutte contre le VIH plus haut dans ses priorités, et s’engager à augmenter la part du budget national au financement de la riposte au VIH, actuellement trop faible.  Enfin, nous devons dédier plus d’efforts à renforcer les capacités de nos partenaires clés -- la société civile et les associations communautaires -- et travailler de façon et cohérente avec le secteur privé.

3. Comment la COVID-19 a-t-elle affecté la riposte au VIH dans votre pays ?

L’impact de la COVID-19 sur la réponse au VIH se manifeste surtout par de nombreuses restrictions sanitaires et par la diminution de la fréquentation des structures sanitaires. On note l’insuffisance de ciblage des populations clés, le ralentissement des actions communautaires et la rupture des intrants de lutte contre le sida (tels que ARV, tests, et autres médicaments). En dehors du temps de travail des acteurs consacré à la lutte contre la COVID-19, on observe une reprogrammation des ressources de lutte contre le VIH en faveur de la réponse à la COVID-19.

Ces éléments se traduisent par la diminution du nombre de personnes séropositives dépistées de 18% (de près de 24 000 en 2019 à près de 19 500 en 2020), et la diminution de 16% du nombre total de personnes mises sous antirétroviraux (de près de 20 500 en 2019 à moins de 17 500 en 2020) d’après les estimations de l’ONUSIDA. De plus, la rétention des patients sous ARV au cours du 1er trimestre de 2020 est en baisse comparativement au dernier trimestre de 2019. Le dépistage est également affecté (baisse de 11%). Enfin, les décès chez les patients coinfectés par la tuberculose et le VIH est à nouveau en légère hausse.

Ces tendances dramatiques nous éloignent de plus en plus des objectifs fixés par le pays.

4. Qui sont les leaders méconnus de la riposte au sida dans votre pays ?

Nous souhaitons reconnaitre le travail dévoué de la plupart des membres du gouvernement, des parlementaires, et des partenaires du secteur privé.

5. Si vous pouviez demander à votre chef d’État de changer une chose pour renforcer la riposte au VIH, quelle serait-elle ?

L’augmentation du budget national pour la lutte contre le VIH et son leadership pour la mise en œuvre de la stratégie nationale pour la mobilisation du secteur privé pour le financement de la lutte. 

Sommet régional sur le VIH

Un nouveau groupe issu de la communauté du VIH lutte contre la COVID-19 en Guinée

12 juin 2020

Les communautés continuent de jouer un rôle important pour lutter contre les épidémies en Afrique. Dans le cadre de la riposte au VIH, leur engagement suit un principe fondamental : ne faites rien pour nous sans nous impliquer. Depuis le début de la riposte au sida, la société civile a été en première ligne en exigeant l’accès au traitement et le respect des droits humains, ainsi qu’en apportant son soutien aux services liés au VIH fournis par des communautés.

En Guinée, l’engagement des communautés se traduit par une amélioration continue des programmes du VIH et par des progrès considérables en matière de dépistage, de prévention, d’adhésion au traitement et d’assistance psychosociale. La promotion et la défense des droits humains sont également des thèmes essentiels pour les communautés. Leur implication permet de s’attaquer à la stigmatisation et à la discrimination, ainsi que de contrôler la qualité des services et d’affronter les défis.

Les leçons tirées de l’épidémie d’Ebola qui a touché le pays de 2013 à 2016 indiquent clairement que les communautés et le public doivent participer pleinement à la riposte à la COVID-19. Ce constat a motivé la création de la National Platform of Civil Society Organizations on HIV and TB (PNOSC-HIV/TB). Cette plateforme regroupant 28 associations a vu le jour avec le soutien technique et financier de l’ONUSIDA. Elle joue un rôle central dans l’élaboration du plan d’accès d’urgence du ministère de la Santé qui vise à réduire l’impact de la COVID-19 sur les services de santé, en particulier ceux liés au VIH.

La PNOSC-HIV/TB concentre son action sur les populations y compris les personnes incarcérées, vivant dans des camps de réfugiés ou des villes solidaires (des lieux où vivent des personnes ayant un handicap). Elle appuie activement la prévention contre la COVID-19 en sensibilisant sur le thème de l’éloignement physique que ce soit par le biais de médiateurs et de médiatrices issus des communautés, d’artistes locaux, des médias et d’activités de porte-à-porte.

Une ligne téléphonique gérée par deux réseaux de personnes vivant avec le VIH, dont un spécialisé dans les populations clés, apporte par ailleurs une assistance psychosociale. La PNOSC-HIV/TB promeut également la délivrance de plusieurs mois de thérapie antirétrovirale et son élargissement à tout le pays.

« La PNOSC-HIV/TB nous permettra de parler d’une voix, de nous affirmer encore plus, d’organiser et de renforcer notre contribution pour vaincre la COVID-19 et éliminer le sida en Guinée d’ici 2030 », a déclaré Mahawa Diallo Sylla, présidente de la PNOSC-HIV/TB.

La PNOSC-HIV/TB participe également à l’Observatoire des traitements communautaires qui surveille le respect des droits humains à l’heure de la COVID-19 et qui signale les violations au gouvernement et à l’Institution nationale des droits de l’homme.

« Je suis impressionnée par la volonté affichée par la PNOSC-HIV/TB pour combler le retard par le biais de sa participation à la riposte nationale au VIH. Je suis persuadée que le dynamisme et l’énergie générés depuis sa création marqueront durablement les ripostes du VIH et de la COVID-19 en Guinée », a souligné Dado Sy Kagnassy, directrice pays de l’ONUSIDA pour la Guinée.

Notre action

COVID-19 et VIH

Investir dans les communautés pour faire la différence en Afrique occidentale et centrale

09 octobre 2019

Plus de 5 millions de personnes vivent avec le VIH en Afrique occidentale et centrale, la région accuse un retard pour parvenir à l’objectif de mettre fin au sida d’ici 2030. Chaque jour, on y recense plus de 760 nouvelles contaminations et seulement 2,6 millions des 5 millions de personnes porteuses du virus suivent un traitement.

Un désintéressement de la classe politique, des systèmes de santé fragiles et un faible soutien accordé aux organisations citoyennes, auxquels viennent s’ajouter des barrières telles que la pénalisation liée au VIH, sont les principaux obstacles à toute amélioration. Un plan de rattrapage régional vise à aider la région à combler son retard pour atteindre son objectif de tripler le nombre de personnes suivant une thérapie antirétrovirale d’ici 2020 et de contrôler l’épidémie. Même si des progrès sont faits, leur rythme reste trop lent. La situation des enfants est particulièrement préoccupante dans cette région : seulement 28 % des moins de 15 ans vivant avec le VIH ont accès à une thérapie antirétrovirale.

« Nous avons besoin de réglementations et de programmes qui mettent l’accent sur les personnes et non les maladies. Cela permettra d’impliquer totalement les communautés dès les premières phases de conception, d’élaboration et de réalisation des stratégies de santé », a expliqué Gunilla Carlsson, Directrice exécutive par intérim de l’ONUSIDA, lors de son allocution au cours de la 6e Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme organisée en France à Lyon les 9 et 10 octobre.

En effet, les exemples d’investissements réussis dans les communautés ne manquent pas. « La riposte est plus rapide et efficace lorsqu’elle est menée par les personnes qui en ont le plus besoin », a indiqué Jeanne Gapiya qui vit avec le VIH depuis de nombreuses années et est à la tête de l’organisation non gouvernementale ANSS au Burundi.

Le dépistage et la prévention du VIH sont plus efficaces, en particulier parmi les groupes marginalisés, lorsqu’ils sont offerts par les communautés. « La plupart des personnes dépistées par les communautés le faisaient pour la première fois, ce qui illustre bien l’importance unique et cruciale des organisations citoyennes », a expliqué Aliou Sylla, directeur de Coalition Plus Afrique.

L’un des défis fondamentaux de la région consiste à réduire le nombre de nouvelles infections parmi les enfants et de garantir que les femmes accèdent aux services dont elles ont besoin. Les réseaux de mères séropositives qui s’entraident pour rester en bonne santé et pour éviter la transmission du VIH de la mère à l’enfant constituent un moyen efficace d’améliorer la santé aussi bien des mères que des enfants.

« Notre stratégie reposant sur les communautés fonctionne. Les endroits où nous sommes présents ont atteint l’objectif de zéro nouvelle infection au VIH parmi les enfants et tous les enfants qui viennent chez nous suivent un traitement », a indiqué Rejane Zio de Sidaction.

Le financement reste toutefois un problème. Même si les ressources totales allouées à la riposte au sida ont augmenté et que le VIH reste le thème prioritaire du développement de l’aide sanitaire, les investissements nationaux ne représentent toujours que 38 % des ressources disponibles pour lutter contre le VIH en Afrique occidentale et centrale, contre 57 % dans le monde entier. L’accélération de la riposte régionale nécessite d’intensifier les investissements nationaux et de renforcer simultanément l’aide apportée par les donateurs internationaux. Bintou Dembele, directrice exécutive d’ARCAD-Sida au Mali, a expliqué : « Les communautés disposent de l’expertise, mais les fonds nous manquent pour satisfaire les besoins. »

Les stratégies impliquant la base de la société dans la région jouissent d’un support croissant. Reconnaissant l’importance des efforts menés par les communautés, Expertise France et l’Institut de la Société Civile pour la Santé et le VIH en Afrique de l’Ouest et du Centre ont annoncé un nouveau partenariat, le 9 octobre. « L’institut réunit 81 organisations de 19 pays. Sa mission consiste à améliorer l’influence politique au niveau national et international, ainsi qu’à galvaniser l’expertise de la société civile dans la réalisation des programmes. Ce partenariat attire l’attention sur notre contribution essentielle », a déclaré Daouda Diouf, directeur d’Enda Santé et président du comité de direction de l’institut. « La situation en Afrique de l’Ouest et centrale reste une priorité. Il est indiscutable que les stratégies impliquant les communautés offrent plus de souplesse et sont mieux adaptées pour apporter une réponse aux pandémies », a ajouté Jérémie Pellet d’Expertise France.

L'adoption d'une approche mettant en avant les individus figure au cœur des réformes régionales. On assiste à un renforcement de la volonté régionale d’accélérer la riposte et de renforcer les stratégies communautaires éprouvées. Cela donne espoir en l’avenir pour ce qui est de la lutte contre l’épidémie du VIH en Afrique occidentale et centrale.

Accélérer la riposte au sida en Afrique occidentale et centrale

31 mai 2017

Fin 2015, seulement 1,8 million de personnes sur les 6,5 millions vivant avec le VIH en Afrique occidentale et centrale bénéficiaient d’un traitement antirétroviral. Cette couverture de traitement de 28 % des personnes vivant avec le VIH dans la région contraste avec les 54 % de couverture obtenus la même année en Afrique orientale et australe.

En réaction à ce déficit de traitement du VIH en Afrique occidentale et centrale, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et d’autres partenaires de la région ont mis au point des plans de rattrapage d’urgence nationaux pour accélérer la riposte au sida. Ces plans appellent à tripler la couverture du traitement anti-VIH dans les trois années à venir.

Lors d’une réunion d’appui à ces plans de rattrapage organisée en marge de la 70e Assemblée mondiale de la Santé, les ministres de la Santé et d’autres représentants des pays de la région se sont engagés à consolider le leadership gouvernemental, à effectuer des changements structurels dans leurs systèmes de santé et à renforcer la redevabilité.

Les ministres de la Santé du Bénin, du Burkina Faso, de la République centrafricaine, du Tchad, de Côte d’Ivoire, du Gabon, du Liberia et du Nigeria étaient présents à cette réunion organisée par le Bureau régional de l’OMS en Afrique et l’ONUSIDA, de même que des représentants du Cameroun, de Guinée et de Sierra Leone. Tous se sont mis d’accord pour mettre en place des mesures fortes afin d’accélérer le traitement du VIH dans leurs pays respectifs.

Tous les participants ont convenu que les modèles de prestation de services de santé devaient être transformés, notamment en faisant jouer un plus grand rôle aux agents de santé communautaires dans la délivrance des soins. L’OMS et l’ONUSIDA continueront de travailler aux côtés des pays à mesure qu’ils mettront en œuvre leurs plans pour élargir l’accès au traitement anti-VIH.

L’ONUSIDA travaille aux côtés des pays pour concrétiser l’engagement pris dans la Déclaration politique des Nations Unies de 2016 sur la fin du sida de faire en sorte que 30 millions de personnes vivant avec le VIH aient accès au traitement en atteignant les objectifs 90-90-90 d’ici à 2020.

Déclarations

« La situation est grave. Nous devons être très attentifs à ce qui se passe en Afrique occidentale et centrale. Nous devons veiller à ce que les responsables politiques se mobilisent et concentrent leur énergie dans ces pays. »

Michel Sidibé Directeur exécutif de l’ONUSIDA

« Un nouvel élan national en faveur de l’accélération de la riposte, sous le leadership des ministres, est indispensable si nous voulons avancer ensemble vers l’accomplissement des objectifs, tout en gardant les personnes vivant avec le VIH au cœur de cette riposte. »

Matshidiso Moeti Directrice régionale de l’Organisation mondiale de la Santé pour l’Afrique

Renforcement du système de santé et de la riposte au VIH en Guinée

01 avril 2016

Le système de santé de la Guinée a été dévasté par l'épidémie d'Ebola qui a balayé le pays fin 2014 et début 2015. Plus de 11 300 personnes sont mortes en Guinée et dans les pays voisins du Liberia et de la Sierra Leone, qui se relèvent lentement de cette crise.

À l'occasion d'une réunion le 30 mars avec Alpha Condé, le Président guinéen, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé a salué les efforts entrepris par le gouvernement et ses partenaires pour répondre à la crise et contenir la propagation du virus Ebola. M. Sidibé a déclaré que l'épidémie de sida et celle d'Ebola étaient similaires sur de nombreux aspects, entre le caractère généralisé de la stigmatisation et de la discrimination dont sont victimes les personnes atteintes et les difficultés qu'elles posent en termes médicaux. Il a également félicité le gouvernement pour son engagement soutenu en faveur de la fin de l'épidémie de sida et évoqué les plans de celui-ci pour le renforcement des investissements nationaux dans les services et programmes anti-VIH dans tout le pays.

Lors d'entretiens avec le Premier ministre, la Ministre des Affaires étrangères et le Ministre de la Santé dans le cadre de sa visite de trois jours dans le pays, M. Sidibé a souligné l'importance d'un investissement massif et soutenu en faveur de la fin de l'épidémie de sida. En compagnie de la Première dame de Guinée, Djene Kaba Condé, il a parlé de la santé maternelle et infantile et des mesures requises pour s'assurer que tous les bébés naissent sans le VIH et que leurs mères restent en bonne santé.

La Guinée propose un traitement antirétroviral gratuit à toutes les personnes vivant avec le VIH. En 2014, la couverture était estimée à 27 % sur les 120 000 personnes vivant avec le VIH.

Déclarations

« La réussite de notre futur partenariat de développement dépendra d'une plus grande transparence mutuelle et d'un investissement plus systématique pour s'approprier les choses. »

Alpha Condé, Président de Guinée

« Si nous sommes partout, nous ne sommes nulle part et, ce qui est encore plus important, nous ne sommes pas là où nous sommes censés être. Nous devons cibler les actions pour les personnes. »

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA

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Vers un programme d'aide aux survivants d'Ebola

29 janvier 2015

Selon l'Organisation mondiale de la Santé, l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest a déjà coûté la vie à 8 800 personnes. Près de 500 d'entre elles étaient des professionnels de santé. Cependant, le pire est passé : moins d'une centaine de nouveaux cas ont été signalés dans la semaine jusqu'au 25 janvier et la riposte internationale vise désormais moins à ralentir la transmission qu'à mettre un terme à l'épidémie.

Alors que le nombre de nouvelles infections à virus Ebola continue de baisser en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, les survivants sont en train de s'organiser en associations et en groupes afin de faciliter leur réintégration et leur réhabilitation au sein de leur communauté.

Le nombre de survivants est estimé entre 5 000 et 10 000. Selon leurs propres récits, ces survivants sont victimes de différentes formes de stigmatisation de la part de membres de leur famille et plus largement de leur communauté. Leurs moyens de subsistance et leur capacité de travail ont été affectés. Dans le cas des enfants et des adolescents, la stigmatisation a empêché voire interdit toute réunification des familles ou placement.

La Mission des Nations Unies pour la lutte contre Ebola (UNMEER) a organisé une rencontre les 29 et 30 janvier à Dakar, au Sénégal, pour discuter de la manière dont les Nations Unies pouvaient intégrer une nouvelle composante pour les survivants dans leur travail et coordonner les efforts entre les agences pour veiller à ce qu'aucun survivant ne soit laissé de côté. Cette rencontre a réuni des survivants d'Ebola venus de Guinée, du Liberia, du Nigéria et de Sierra Leone, ainsi qu'une cinquantaine de représentants des Nations Unies, notamment de l'ONUSIDA.

Il a été proposé que l'aide aux survivants aille au-delà de la distribution d'avantages sociaux à leur sortie des établissements de santé et qu'elle dure plus longtemps. L'aide initiale peut certes inclure des couvertures, de l'argent et de la nourriture, mais la santé mentale et le soutien psychosocial des survivants et des membres de leur famille pourraient être intégrés dans un ensemble plus complet.

Déclarations

« L'expérience des survivants est précieuse, aujourd'hui comme pour les futures épidémies. »

Dr Ada Igonoh, survivante d'Ebola, Nigéria

« En tant que survivants, nous représentons la plus importante ressource encore inexploitée dans la lutte contre Ebola. »

Dr Korlia Bonarwolo, survivant d'Ebola, Liberia

« Puisque nous avons été guéris du virus Ebola, nous voulons être pleinement impliqués dans les activités de l'UNMEER. »

Dr Achille Gbemou, survivant d'Ebola, Guinée

« Nous devons tirer les leçons de la riposte au VIH et nous concentrer sur une approche multisectorielle qui intègre la société civile et les gouvernements. »

Mamadou Diallo, Directeur de l'équipe de l'ONUSIDA d'appui aux régions pour l'Afrique occidentale et centrale

« Le nombre de survivants augmente tandis que le nombre de cas et d'infections diminue. Au fil du temps, un programme à destination des survivants a vu le jour de manière organique en l'absence de cadre programmatique. Il est temps que les Nations Unies travaillent avec les communautés de survivants. »

Douglas Webb, Représentant de l'UNMEER et Chef de groupe sectoriel, VIH, santé et développement, Programme des Nations Unies pour le développement

Informations utiles

Le point sur le VIH et Ebola

Africa Rising : rencontre entre les dirigeants pour discuter d'un développement durable qui ne laisse personne de côté

22 septembre 2014

Les moyens de réalisation du potentiel de l'Afrique pour l'avenir de tous ses peuples et la constitution d'un appui international au développement du continent ont été les principales questions évoquées lors de la première session du forum Africa Rising cette semaine à New York.

Organisé à l'Africa Center par la Fondation Mo Ibrahim, la rencontre du 22 septembre a réuni plusieurs chefs d'État africains, des partenaires des Nations Unies ainsi que des responsables de la société civile et de la communauté économique africaines.

Ils se sont intéressés à la manière d'aller au-delà des paroles sur la nécessité d'une transformation économique et d'un développement durable à large base en prenant des mesures concrètes pour en faire une réalité, notamment au regard de l'agenda pour le développement après 2015.

Une session sur les moyens d'assurer une prospérité partagée s'est penchée sur l'amélioration des investissements et de la mobilisation des ressources, la défense de l'esprit d'entreprise et l'organisation de la protection sociale. Une autre session a mis en avant le fait que le développement ne pouvait être atteint sans l'existence d'une bonne gouvernance, la paix, la sécurité et le respect des droits humains.

Tous ont admis que la garantie de la santé pour tous constituait un élément fondamental de l'évolution de l'Afrique et que la fin de l'épidémie de sida en tant que menace pour la santé publique d'ici 2030 était devenue un objectif réaliste. Un consensus s'est également dégagé sur le fait que l'évolution du continent ne devait pas seulement être mesurée en termes de richesse générée globale, mais au regard de l'inclusivité d'un progrès socioéconomique qui ne laisse personne de côté.

Guinée : Le soutien nutritionnel du PAM aide une mère pour vaincre le défi de vivre avec le VIH

31 janvier 2014

Une version de ce reportage a été publiée sur www.wfp.org

Djamilatou habite dans la banlieue de Conakry, la capitale de la Guinée. Chaque semaine, cette mère de 34 ans, se rend au centre Dream qui apporte une assistance aux personnes vivant avec le VIH. Ici les patients reçoivent des médicaments, des conseils et, grâce au PAM, un soutien nutritionnel.

C'est lors de sa première grossesse que la nouvelle de sa séropositivité est tombée. « Je suis allée à l'hôpital parce que je me sentais tout le temps malade », explique-t-elle. Après quelques tests le médecin l'a diagnostiquée. « Au début, je ne voulais pas y croire. C'était un choc énorme. Je n'avais jamais imaginé être un jour concernée par le VIH. »

Sur les conseils d'une amie, Djamilatou s'est rendue au centre Dream et elle rajoute que ce conseil a changé sa vie. « Avant de venir ici, j'avais perdu beaucoup de poids et de forces. Jamais je n'aurais eu les moyens d'acheter les médicaments pour le traitement. » 

Mais la chose la plus importante pour elle était le soutien et les conseils dont elle a bénéficié pour l'aider pendant une grossesse avec complications et la naissance de son bébé par césarienne. « Je suis très reconnaissante que mes deux enfants soient en bonne santé. Mon fils Alpha a 3 ans et ma petite fille Mariama vient juste d'avoir 5 mois. Au centre, on nous donne aussi des conseils en nutrition pour que les enfants grandissent bien. »

Le statut nutritionnel de Djamilatou est maintenant stable tout comme sa santé et elle espère pouvoir retravailler bientôt. Pour elle, le centre n'est pas seulement un endroit où elle reçoit traitement et nourriture, mais également un lieu qui lui donne de l'espoir.

Comme l'explique la coordinatrice de la clinique, Fatoumata Sylla, « L'aspect social des rations alimentaires hebdomadaires est vraiment très important : pour certains patients, c'est l'une des raisons principales de venir régulièrement ... Cela nous donne une chance de construire une relation stable avec nos patients. » De plus, le soutien nutritionnel fourni par le PAM a un impact particulier sur les progrès de leur traitement.

« Les besoins nutritionnels des personnes vivant avec le VIH sont plus importants que pour le reste de la population à cause de la faiblesse de leur système immunitaire » explique Madame Sylla. « Nous pouvons améliorer l'efficacité de nos traitements lorsque nous apportons à nos patients la médication adéquate mais également une nourriture nutritive. »

Comme Djamilatou, plus de 650 autres patients vivant avec le VIH reçoivent chaque mois un traitement au centre Dream. Le PAM leur fournit un mélange de céréales enrichies de micronutriment, vitamines et minéraux, plus du sucre, appelé CSB+, qui aide rapidement à améliorer l'état nutritionnel des personnes vivant avec le VIH. La ration en CSB+ est calculée en fonction de l'indice de masse corporelle (IMC) de chaque patient. De plus, le Programme alimentaire mondial aide également les membres de leurs familles vivant avec le VIH avec des rations composées de riz et d'huile enrichie en vitamine A et D.

Le Président guinéen et son épouse assisteront à la réunion de haut niveau sur le sida de 2011

15 avril 2011

Lors de son inspection dans le cadre du projet DREAM à Conakry, le directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé (au centre), a rencontré un couple séropositif ayant donné la vie à deux bébés séronégatifs. Crédit : ONUSIDA\ M.C. Diallo

Le Président Alpha Condé et son épouse, Mme Djene Kaba Condé, participeront à la réunion de haut niveau sur le sida de l’Assemblée générale des Nations Unies cette année. L’annonce est parue lors de la visite officielle de deux jours que le directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé, a effectuée en Guinée, en Afrique de l’Ouest.

La réunion de haut niveau, qui se tiendra du 8 au 10 juin 2011, apparaît pour beaucoup comme l’occasion de redynamiser le mouvement mondial de lutte antisida et d’atteindre l’objectif de l’ONUSIDA : zéro nouvelle infection au VIH, zéro discrimination et zéro décès lié au sida.

« Je salue l’engagement et le leadership du Président Condé sur le VIH », a déclaré M. Sidibé au terme de sa rencontre avec le chef de l’État guinéen, jeudi. « Sa présence à la réunion de haut niveau sera décisive pour l'avancement de la riposte au sida, ici, en Guinée, et dans le monde", a-t-il ajouté.

Ces dix dernières années, la Guinée a réalisé des progrès marquants dans sa riposte nationale au VIH. Entre 2001 et 2009, le taux national des nouvelles infections au VIH a reculé de 25 %. La couverture des traitements antirétroviraux dans le pays a atteint 40 % en 2009 contre seulement 3 % en 2004. La prévalence du VIH est en outre restée relativement faible depuis 2006, à 1 % environ de la population adulte guinéenne.

Dans son entretien avec le Président Condé, le directeur exécutif de l’ONUSIDA a souligné l’importance de la responsabilité partagée dans le financement de la lutte antisida. « 96 % des traitements antisida en Guinée sont actuellement financés par des ressources externes. Cette situation est intenable », a précisé M. Sidibé qui a ajouté que les investissements nationaux et internationaux destinés au sida doivent augmenter. Lors de sa rencontre avec M. Sidibé, le Président Condé s’est engagé à créer un fonds national pour l’achat des médicaments antirétroviraux et à maintenir ses investissements gouvernementaux actuels à l’égard du VIH.

L’ONUSIDA annonce une subvention de 60 000 USD pour une fondation dirigée par la première dame

Je salue l’engagement et le leadership du Président Condé sur le VIH. Sa présence à la réunion de haut niveau sera décisive pour l'avancement de la riposte au sida, ici, en Guinée, et dans le monde

Le directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé

Lors d’une rencontre avec la première dame de Guinée, jeudi, M. Sidibé a indiqué que la transmission verticale du VIH constituait une préoccupation pressante pour l’ONUSIDA en Guinée. En 2009, seules 17 % des femmes enceintes vivant avec le VIH ont pu avoir accès aux services de prévention axés sur l'infection au VIH chez les enfants. Cette année-là, seules 10 % des femmes enceintes ont effectué un dépistage sur le VIH.

Lors de cette rencontre, M. Sidibé a déclaré que l’ONUSIDA accorderait une enveloppe de 60 000 USD à une fondation nationale axée sur la santé maternelle et infantile créée par la première dame. Cette subvention sera financée par des fonds reçus au titre de la coopération française. Elle visera à empêcher les nouvelles infections au VIH parmi les enfants en Guinée.

Prévention de la transmission verticale du VIH à Conakry

Quelques instants plus tôt, M. Sidibé avait visité, à Conakry, la capitale guinéenne, un projet qui fournit aux mères un lot complet de services de prévention contre l’infection au VIH de leurs enfants. Le projet DREAM, créé en 2002, offre des services de prévention et de traitement du VIH, une aide psychosociale et nutritionnelle, des analyses de laboratoire approfondies et une éducation à la santé. Tous ces services sont gratuits.

Le projet DREAM, soutenu par la Communauté de Saint Egidio (une association religieuse), l’UNICEF et l’ONUSIDA, dispose de deux centres à Conakry. Il gère également un dispensaire mobile qui fournit des services médicaux directement aux femmes de la région. Avec le soutien de l’ONUSIDA, un troisième centre ouvrira bientôt à Dubreka, à 50 km de Conakry.

Depuis 2006, plus de 3 600 personnes vivant avec le VIH ont reçu des traitements antirétroviraux dans ces deux centres. Plus de 800 mères engagées dans ce programme ont donné naissance à des bébés séronégatifs.

Lors de son inspection dans le cadre du projet DREAM, M. Sidibé a rencontré Fatoumata Sylla et Naby Bangoura, un couple séropositif ayant donné la vie à deux bébés séronégatifs. Fatoumata a reçu une prophylaxie antirétrovirale au cours de sa grossesse et travaille maintenant pour le projet DREAM en partageant son expérience auprès d’autres femmes. Fatoumata a indiqué à M. Sidibé que si de nombreuses femmes continuent de recevoir gratuitement des services par l’intermédiaire du projet DREAM, d'autres étaient dans l'impossibilité d'en bénéficier par manque de budget suffisant du fonds.

Le projet DREAM, dont le siège social est en Italie, travaille dans neuf autres pays d’Afrique : au Mozambique, au Malawi, en Tanzanie, au Kenya, en Guinée Bissau, au Cameroun, en République démocratique du Congo, en Angola et au Nigeria.

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