Prison settings

L’ONUSIDA appelle à garantir l’accès à la prévention, au traitement et à la prise en charge anti-VIH en prison, y compris aux services vitaux de réduction des risques

07 mai 2023

Les stratégies et les méthodes de réduction des risques aident les personnes qui consomment des drogues à rester en vie et à les protéger contre le VIH et l’hépatite C

Publication en amont de la Journée internationale de réduction des risques – 7 mai 2023

GENÈVE, le 5 mai 2023—De nombreux systèmes pénitentiaires peinent à faire face à la surpopulation carcérale, aux ressources insuffisantes, à l’accès limité aux soins de santé et à d’autres services d’assistance, à la violence et à la consommation de drogues En 2021, on estime que le nombre de personnes incarcérées a augmenté de 24 % par rapport à l’année précédente, pour atteindre 10,8 millions de personnes, ce qui accroît la pression sur des systèmes déjà saturés.   

La consommation de drogues est fréquente dans les prisons. L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime estime que dans certains pays, jusqu’à 50 % des personnes en prison consomment ou s’injectent des drogues. Des pratiques d’injection dangereuses sont un facteur de risque majeur pour la transmission du VIH et de l’hépatite C en raison de l’accès limité aux services de réduction des risques, y compris les préservatifs, les aiguilles et les seringues propres, et de l’absence de programmes thérapeutiques complets, en particulier le traitement par agonistes opioïdes (TAO).

Les personnes incarcérées ont 7,2 fois plus de risques de vivre avec le VIH que les adultes dans la population générale. L’ONUSIDA indique que la prévalence du VIH chez les personnes en prison a augmenté de 13 % depuis 2017, pour atteindre 4,3 % en 2021. Bien que les données soient limitées, on estime qu’environ une personne incarcérée sur quatre est atteinte d’hépatite C.

« L’accès aux soins, y compris aux services de réduction des risques, est un droit humain fondamental et personne ne devrait se voir refuser ce droit en raison de leur incarcération », a déclaré le directeur de l’ONUSIDA pour l’Asie-Pacifique, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale, Eamonn Murphy. « Les pays oublient souvent les prisons dans leur riposte au VIH. Il est urgent d’adopter une approche multisectorielle et diversifiée pour sauver des vies. Elle doit comprendre l’accès à des aiguilles et seringues propres, un traitement efficace de la dépendance aux opiacés et la diminution de la stigmatisation et de la discrimination. »

Parmi les pays qui ont fourni des informations sur leurs prisons à l’ONUSIDA en 2019, seuls 6 sur 104 avaient des programmes d’échange d’aiguilles et de seringues dans au moins une prison. Seuls 20 pays sur 102 avaient des programmes de traitement de substitution aux opioïdes dans au moins une prison et 37 pays sur 99 mettaient à disposition des préservatifs et des lubrifiants dans certaines prisons.

L’ONUSIDA, l’ONUDC et l’OMS soutiennent depuis longtemps l’extension des services de réduction des risques à toutes les prisons. Cependant, selon Harm Reduction International, seuls 59 pays dans le monde fournissent un traitement par agonistes opioïdes dans les prisons.

Certains pays ont fait d’énormes progrès ces dernières années. Malgré les difficultés rencontrées par l’afflux de personnes réfugiées et les répercussions de la guerre en Ukraine, la Moldavie (qui enregistre une prévalence du VIH de 3,2 % dans ses prisons, contre 0,4 % dans le reste de la population) a augmenté considérablement les ressources allouées à ses systèmes pénitentiaires.

Au début des années 2000, seules quelques prisons fournissaient des services de réduction des risques. Aujourd’hui, c’est le cas dans les 17 centres pénitentiaires du pays. Ils proposent notamment de la méthadone (un traitement par agonistes opioïdes), un accès à des psychiatres, des docteurs et des traitements, l’échange d’aiguilles et de seringues, ainsi que la prévention, le dépistage, le traitement et la prise en charge anti-VIH.

La directrice nationale de l’ONUSIDA en Moldavie, Svetlana Plamadeala, a déclaré : « il s’agit de mettre les personnes au centre, de les traiter en égales et d’adopter une approche de santé publique solide qui est fondée sur les droits humains et les preuves. »

L’ONUSIDA, l’ONUDC, l’UNFPA, l’OMS, l’OIT et le PNUD recommandent 15 interventions complètes et indispensables pour sauver des vies et garantir l’efficacité des programmes de lutte contre le VIH dans les prisons. Ces actions comprennent entre autres la prévention, le dépistage et le traitement anti-VIH, ainsi que la distribution de préservatifs, de lubrifiants, de traitement par agonistes opioïdes et de la prophylaxie post-exposition. Cependant, ce n’est qu’une partie de la solution. L’ONUSIDA recommande également aux pays de modifier leur législation afin de décriminaliser la possession de drogues à usage personnel.

L’ONUSIDA a fixé des objectifs ambitieux pour 2025, notamment : que 95 % des personnes en prison et dans d’autres milieux fermés connaissent leur statut sérologique vis-à-vis du VIH, que 95 % des personnes connaissant leur statut soient sous traitement et que 95 % des personnes sous traitement aient une charge virale indétectable ; que 90 % des prisonniers et prisonnières aient utilisé des préservatifs lors de leur dernier rapport sexuel avec un partenaire non régulier ; que 90 % des prisonniers et prisonnières qui consomment des drogues injectables aient utilisé des aiguilles et des seringues stériles lors de leur dernière injection ; et que 100 % des prisonniers et prisonnières aient régulièrement accès à un système de santé approprié ou à des services dirigés par les communautés.

L’ONUSIDA prône que les collectivités jouent un rôle actif dans la planification, la fourniture et le suivi des services anti-VIH. Cependant, cela n’est pas toujours simple dans les environnements carcéraux. Sans l’implication de la communauté, il sera impossible d’atteindre les objectifs mondiaux de lutte contre le sida.

 


Pour plus d'informations sur le travail de la Moldavie sur le VIH dans les prisons, veuillez lire La Moldavie étend ses services de réduction des risques à toutes les prisons et regarder https://youtu.be/JQYtnsiJKs0


Le VIH et les personnes en prison et dans d’autres lieux fermés

 

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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Le VIH et les personnes en prison et dans d’autres lieux fermés

N’oublier personne, y compris les personnes qui consomment des drogues

Vidéo: La Moldavie étend ses services de réduction des risques à toutes les prisons

Reportage: La Moldavie étend ses services de réduction des risques à toutes les prisons

Une couverture disparate de la thérapie antirétrovirale parmi la population carcérale vivant avec le VIH

22 février 2021

La population carcérale dans le monde s’élève à quelque 11 millions de personnes, quel que soit le jour de l’année. Dans les prisons du monde entier, des prisonnier-ères consomment des drogues injectables et ont des rapports sexuels. Le risque de violence sexuelle parmi cette population, ainsi que le manque d’accès aux préservatifs, aux lubrifiants, à la prophylaxie pré-exposition et aux services de réduction des risques, augmente le risque de contamination au VIH, à l’hépatite C et à d’autres infections sexuellement transmissibles.

Les consommateurs-rices de drogues injectables qui commencent leur incarcération voient leur risque d’infection au VIH augmenter de 81 % et celui de contamination à l’hépatite C de 62 %.

Les environnements fermés devraient, en théorie, faciliter la fourniture de services de dépistage et de traitement efficaces, même si les interruptions de traitement et les préoccupations concernant la confidentialité et la discrimination posent des difficultés. En 2019, 78 pays ont signalé à l’ONUSIDA qu’un dépistage du VIH était disponible à tout moment au cours de la détention ou de l’emprisonnement, et 104 pays ont indiqué qu’une thérapie antirétrovirale était mise à disposition de tou-tes les prisonnier-ères vivant avec le VIH. La couverture de la thérapie antirétrovirale est satisfaisante, mais présente encore des lacunes.

Une couverture disparate de la thérapie antirétrovirale parmi la population carcérale vivant avec le VIH, pays ayant des données disponibles, 2016-2019

Notre action

Populations clés

Limiter l’impact de la COVID-19 auprès des populations clés

04 juin 2020

La pandémie de COVID-19 touche tout le monde, y compris les populations clés exposées à un risque élevé de contamination au VIH. Les perturbations occasionnées par la COVID-19 menacent d’anéantir les progrès réalisés contre d’autres maladies infectieuses, dont le VIH. C’est dans ce contexte que s’inscrit un nouveau rapport publié par FHI 360 en collaboration avec l’ONUSIDA. Ce document fournit des conseils sur la manière de limiter l’impact de la COVID-19 auprès des populations clés.

« Ces lignes directrices mettent l’accent sur les populations clés. Elles viennent ainsi s’ajouter aux efforts en cours pour protéger l’accès aux services et aux produits de prévention du VIH, aux services de santé sexuelle et de planification familiale, à la prévention de la violence basée sur le genre et aux activités de conseil, de dépistage et de traitement du VIH au cours de la pandémie de COVID-19 », a déclaré la coordinatrice de la Global HIV Prevention Coalition auprès de l’ONUSIDA, Paula Munderi. « Il est vital de préserver les services essentiels du VIH à destination des populations clés et de promouvoir la santé et le bien-être du personnel et des membres des communautés au cours de la pandémie de COVID-19 afin de ne pas perdre les progrès chèrement acquis pendant la riposte au sida. »

Le rapport fournit des conseils pratiques sur la manière d’éviter une interruption des services apportés aux personnes séropositives et aux populations clés. Son objectif est ainsi d’aider les acteurs mettant en place les programmes à poursuivre leur travail.

« Les populations clés sont particulièrement vulnérables aux interruptions de services du VIH et à d’autres dangers au cours de la pandémie de COVID-19. Nous demandons instamment des solutions reposant sur les droits qui préservent ou améliorent l’accès des populations clés aux services de lutte contre le VIH tout en minimisant l’exposition potentielle à la COVID-19 et en promouvant la sécurité des personnes. Ces solutions doivent encourager l’éloignement physique et la décongestion des établissements de santé, tout en prenant en compte la situation réelle des populations clés », a indiqué Rose Wilcher du FHI 360.

Ce rapport propose des solutions pratiques dans trois grands domaines.

Le premier concerne la protection des prestataires et des membres des communautés face à la COVID-19. Les services du VIH ne pourront continuer d’être assurés au cours de la pandémie de COVID-19 que si des mesures sont prises pour empêcher toute contamination au coronavirus du personnel, des prestataires et des bénéficiaires des programmes. Ces services peuvent comprendre un renvoi vers un dépistage et des soins pour la COVID-19, ainsi que vers des solutions de protection de la santé mentale des prestataires et des bénéficiaires.

Le second domaine consiste à assurer un accès sans danger et pérenne aux services et aux produits liés au VIH. Les programmes du VIH peuvent ainsi intégrer des mesures d’éloignement physique, proposer des consultations en ligne et fournir des ordonnances pour plusieurs mois de traitement. Quant au travail de proximité auprès des communautés, il devrait continuer en personne lorsque c’est possible.

Le troisième et dernier domaine abordé par ce rapport porte sur le suivi de la continuité des services et sur l’amélioration des résultats. Des perturbations étant inévitables, les programmes du VIH devront ajuster leurs systèmes de suivi et d’évaluation afin de permettre des analyses régulières de la continuité des services du VIH et de l’impact de la COVID-19 sur les programmes du VIH et sur leurs bénéficiaires. Pourquoi ne pas établir des systèmes d’information stratégique conformes aux mesures d’éloignement physique, par exemple en virtualisant la collecte de données et les outils de reporting.

« La pandémie de COVID-19 ne devrait pas être utilisée comme excuse pour ralentir les efforts de la riposte mondiale au VIH auprès des populations clés. Au contraire ! Cette pandémie est le moment de tirer des leçons de notre action pour mettre fin au sida. C’est aussi l’occasion de délester les systèmes de santé mis à rude épreuve par la COVID-19 en apportant un financement complet aux organisations communautaires dirigées par des hommes gays et bisexuels, des toxicomanes, des professionnel-les du sexe et des personnes transgenres en vue de garantir un meilleur accès aux services du VIH pour les populations clés », a indiqué le directeur de MPact, George Ayala.

Le rapport a été rédigé par FHI 360 dans le cadre du projet Meeting Targets and Maintaining Epidemic Control (EpiC) qui jouit du soutien de l’USAID et du Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida. L’ONUSIDA et ses partenaires ont fourni des informations et des conseils.

RESSOURCES ANNEXES

 

Strategic Considerations for Mitigating the Impact of COVID-19 on Key-Population-Focused HIV Programs (Analyse stratégique en vue de limiter l’impact de la COVID-19 sur les programmes du VIH destinés aux populations clés, en anglais)

 

FHI 360: Five strategies for preserving key population-focused HIV programmes in the era of COVID-19 (FHI 360 : cinq stratégies pour préserver les programmes du VIH destinés aux populations clés à l’heure de la COVID-19, en anglais)

 

Global HIV Prevention Coalition

 

Les droits humains aux temps du COVID-19 — Les leçons du VIH pour une réponse efficace, et dirigée par la communauté

 

Lessons from HIV prevention for preventing COVID-19 in low- and middle-income countries (Enseignements tirés de la prévention du VIH permettant d’empêcher la propagation de la COVID-19 dans les pays à revenu faible et intermédiaire)

 

Condoms and lubricants in the time of COVID-19 (Préservatifs et lubrifiants à l’heure de la COVID-19, en anglais)

 

Maintaining and prioritizing HIV prevention services in the time of COVID-19 (Maintenir les services de prévention du VIH et leur donner la priorité à l’heure de la COVID-19, en anglais)

Notre action

COVID-19 et VIH

Déclaration commune de l’ONUDC, de l’OMS, de l’ONUSIDA et du HCDH sur la COVID-19 dans les prisons et autres milieux fermés*

13 mai 2020

Ghada Fathi Waly, Directrice exécutive, ONUDC; Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général, OMS; Winnie Byanyima, Directrice exécutive, ONUSIDA; Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. — * Nous remercions le PNUD pour sa contribution à cette déclaration.

D'une seule voix, nous, dirigeantes et dirigeants d’institutions mondiales de la santé, des droits humains et du développement, attirons l’attention des responsables politiques sur l'urgence de la vulnérabilité accrue des personnes incarcérées et autres personnes privées de liberté face à la pandémie de COVID-19. Nous les exhortons à prendre toutes les mesures de santé publique adaptées en respectant cette population vulnérable qui fait partie de nos communautés.

Nous avons conscience que le risque de voir la COVID-19 pénétrer dans les prisons ou d’autres places de détention varie selon les pays, mais nous soulignons le besoin de minimiser l’apparition de la maladie dans ces milieux et de garantir la mise en place de mesures préventives adéquates selon une approche tenant compte du genre et empêchant des épidémies à grande échelle de la COVID-19. Nous insistons de même sur le besoin d’instaurer un système de coordination moderne qui rassemble les secteurs de la santé et de la justice, garantit que le personnel carcéral soit suffisamment informé et assure le respect des droits humains dans ces milieux.

Réduire la surpopulation carcérale

Une riposte sanitaire portant uniquement sur la COVID-19 dans des environnements clos ne suffit pas au vu de la surpopulation carcérale qui règne dans beaucoup de prisons et d’autres milieux carcéraux. Cette situation nuit à l’hygiène, à la santé, à la sécurité, ainsi qu’à la dignité humaine. La surpopulation constitue un obstacle insurmontable pour prévenir, anticiper ou riposter à la COVID-19.

Nous enjoignons aux responsables politiques de réfléchir à limiter la privation de la liberté, y compris la détention provisoire, uniquement en cas d’extrême nécessité, en particulier en cas de surpopulation carcérale, et de renforcer les efforts pour recourir à des mesures ne se traduisant pas par la privation de liberté. Ces efforts devraient comprendre des mécanismes de libération des personnes exposées à un risque spécial face à la COVID-19, comme les personnes âgées et celles ayant déjà des problèmes de santé, ainsi que toutes les autres personnes qui pourraient être relâchées sans mettre en danger la sécurité publique, comme celles condamnées pour des délits mineurs ou n’ayant pas impliqué de violence, en accordant une attention particulière aux femmes et aux enfants.

Une riposte rapide et ferme visant à garantir une incarcération saine et sans danger et à réduire la surpopulation s'impose pour limiter le risque de pénétration et de propagation de la COVID-19 dans les prisons et autres milieux de privation de liberté. Il est d’une importance capitale d’améliorer la propreté et l’hygiène dans les milieux de privation de liberté afin d’empêcher la pénétration ou de limiter la propagation du virus.

Il faudrait fermer les centres de détention et de rééducation obligatoires où sont détenues, sans aucune forme de procès, pour des soins ou une réinsertion, les personnes suspectées de consommer de la drogue ou d’être impliquées dans le commerce du sexe. Aucune preuve n’existe de l’efficacité de tels centres pour soigner une forme de toxicomanie ou pour réinsérer des personnes. Par ailleurs, la détention de personnes dans de tels établissements pose des questions sur le respect des droits humains et menace la santé des personnes détenues, ce qui augmente les risques d’épidémie de COVID-19.

Garantir la santé, la sécurité et la dignité humaine

Nous demandons à tous les États de garantir sans discontinuer non seulement la sécurité, mais aussi la santé, la sécurité et la dignité humaine des personnes privées de liberté et de celles travaillant dans l’univers carcéral. Cette obligation s’applique quel que soit le niveau d’état d’urgence et implique également des conditions de vie et de travail décentes ainsi que l’accès gratuit aux services de santé nécessaires. Aucune discrimination motivée par le statut légal ou autre des personnes privées de liberté n'est tolérable. Les soins de santé en prison, notamment les soins préventifs, de soutien et curatifs, doivent être de la meilleure qualité possible et au moins correspondre à ceux fournis au sein de la population. Les ripostes prioritaires à la COVID-19 mises actuellement en place dans la population, comme l’hygiène des mains et l’éloignement physique, sont souvent fortement entravées ou impossibles à respecter dans les milieux fermés.

Garantir la continuité des services de santé

Au sein des populations carcérales, les personnes ayant des problèmes de drogue, vivant avec le VIH, la tuberculose et l’hépatite B et C sont surreprésentées par rapport au reste de la population. Le taux d’infection aux maladies est ainsi beaucoup élevé au sein d’une telle population confinée que parmi la population générale. Outre l’infectivité normale de la pandémie de COVID-19, les personnes ayant des problèmes de drogue, vivant avec le VIH, une hépatite et la tuberculose sont plus exposées à des complications liées au coronavirus.

Afin de préserver l’amélioration de la santé par un traitement commencé avant ou pendant l’incarcération, des précautions doivent être prises, en collaboration étroite avec les autorités de santé publique, en vue de permettre aux personnes de continuer leur traitement sans interruption à toutes les étapes de leur détention et après leur libération. Nous recommandons que les pays suivent une approche de système de santé qui ne sépare pas les prisons du parcours de continuité des soins, mais les intègrent aux services de santé fournis à la population.

Par conséquent, il est nécessaire d’améliorer les mesures de prévention et de contrôle en milieu fermé, ainsi que l’accès à des services de santé de qualité, ce qui comprend un accès ininterrompu à la prévention et au traitement du VIH, de la tuberculose, de l’hépatite et de la dépendance aux opiacés. Les autorités doivent ainsi garantir l’accès et l’approvisionnement ininterrompus de produits sanitaires de qualité dans les prisons et les autres établissements de détention. Le personnel carcéral et de santé ainsi que les prestataires de service travaillant dans des milieux fermés doivent être reconnus en tant que personnel essentiel à la riposte à la pandémie de COVID-19 et recevoir un équipement de protection individuelle adapté et l’aide nécessaire.

Respecter les droits humains

Dans leur riposte à la COVID-19 dans des milieux fermés, les États doivent respecter les droits humains des personnes privées de liberté. Les restrictions éventuellement promulguées doivent être nécessaires, étayées par des données probantes, proportionnées (autrement dit, choisir l’option la moins restrictive) et non arbitraires. Les perturbations engendrées par de telles mesures doivent être réduites activement. Il s’agira par exemple de faciliter l’accès aux téléphones et aux formes numériques de communication si les visites sont limitées. Par ailleurs, il faut continuer de respecter totalement certains droits fondamentaux des personnes privées de liberté et les protections correspondantes, y compris le droit à une représentation légale, ainsi que de permettre à des organismes externes d’inspection d’accéder aux établissements de privation de liberté.

Respecter les règles et les directives des Nations Unies

Nous appelons les responsables politiques à élaborer et mettre en place des mesures préparatoires et des ripostes à la COVID-19 dans les milieux fermés en respectant les droits humains fondamentaux. Ces mesures et ripostes doivent s’appuyer sur les directives et règles de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et ne doivent jamais autoriser la torture ou tout autre traitement ou châtiment cruel, inhumain ou dégradant. Dans les prisons, toutes les interventions devraient respecter l’Ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenu(e)s (les Règles Nelson Mandela).

Les personnes privées de liberté présentant des symptômes de la COVID-19 ou qui ont été déclarées positives doivent faire l’objet d’un suivi et être soignées en respectant les dernières directives et les recommandations en vigueur émanant de l’OMS. Les prisons et les autres établissements de détention doivent être intégrés aux plans nationaux concernant la COVID-19 en impliquant spécialement les populations touchées. Tous les cas de COVID-19 en milieu fermé doivent être signalés aux autorités de santé publique responsables qui les répercuteront aux autorités nationales et internationales.

En vertu de nos mandats, nous affirmons notre disponibilité pour apporter de l’aide au déploiement rapide des recommandations énoncées ci-dessus.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

Absence de services fondamentaux de lutte contre le VIH dans de nombreuses prisons

28 octobre 2019

Le risque de contracter la tuberculose et le VIH en prison est considérablement plus élevé en raison de facteurs environnementaux, sociaux, culturels, biologiques et relevant des droits fondamentaux.

Les personnes incarcérées sont en effet davantage exposées à une contamination au VIH et à d’autres infections à cause de comportements à risque comme le partage d’aiguilles et de seringues utilisées, les rapports sexuels non protégés, les violences sexuelles et le manque d’accès à la prévention complète du VIH ainsi qu’à des services de réduction des risques. Dans le monde, la prévalence du VIH parmi les personnes en prison est beaucoup plus importante que parmi le reste de la population : elle est en moyenne cinq fois plus élevée parmi les personnes incarcérées par rapport aux adultes en liberté. Les populations clés (personnes qui s’injectent des drogues, professionnel(le)s du sexe et, dans certains pays, personnes transgenres ou gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes) sont généralement surreprésentées parmi la population carcérale.

Même s’il est relativement simple d’entrer en contact avec les personnes dans les prisons, les établissements pénitentiaires dans de nombreux pays n’offrent pas de services de lutte contre le VIH. Les rapports nationaux des trois dernières années fournis à l’ONUSIDA révèlent que rares étaient les pays à fournir des données programmatiques sur la distribution de préservatifs (32 pays), la thérapie de substitution aux opiacés (24 pays) et les équipements d’injection stérile (trois pays) en prison, mais 74 pays fournissent des données programmatiques sur la thérapie antirétrovirale, et 83 pays indiquent fournir un dépistage du VIH en prison.

Améliorer les données sur les populations clés

14 mars 2018

L’ONUSIDA a relancé son Atlas des populations clés. Cet outil en ligne, qui fournit toute une série d’informations concernant les personnes issues des populations clés dans le monde (professionnel(le)s du sexe, hommes gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, consommateurs de drogues injectables, personnes transgenres et détenus), inclut désormais des informations nouvelles et actualisées dans plusieurs domaines. Outre les données concernant les cinq populations clés, des données relatives aux personnes vivant avec le VIH sont également disponibles.

Les nouvelles informations portent principalement sur les lois répressives, comme le refus d’enregistrement des organisations non gouvernementales, et sur les lois qui reconnaissent les droits des personnes transgenres. La refonte du site a été réalisée en concertation avec les représentants des organisations de la société civile, notamment l’Association internationale des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes, qui ont fourni une partie des nouvelles données concernant les lois répressives.

Des données relatives au nombre d’utilisateurs de Hornet, un réseau social gay, dans divers pays ont été transmises par les développeurs de Hornet pour l’atlas, et Harm Reduction International a fourni les informations concernant la mise en place de programmes de réduction des risques dans les prisons.

« Avoir des données sur les personnes les plus touchées par le VIH est fondamental pour mettre à disposition les services anti-VIH adéquats aux endroits correspondants », explique Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA. « L’Atlas des populations clés permet à l’ONUSIDA de partager les informations pour un impact maximal ».

L’Atlas des populations clés est un outil de visualisation qui permet aux utilisateurs de naviguer entre les données sous-nationales pays par pays qui concernent les populations particulièrement vulnérables au VIH. On retrouve par exemple des données sur la prévalence du VIH chez les consommateurs de drogues injectables dans 11 secteurs du Myanmar, sur les effectifs des populations clés, sur la couverture du traitement antirétroviral chez les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes sur 13 sites en Inde, ainsi que sur les services de prévention spécifiques et les comportements préventifs. Des données actualisées sur de nombreux indicateurs qui ont été obtenues dans le cadre de l’exercice de suivi de la pandémie de VIH/sida réalisé en 2017 sont désormais disponibles sur le site web.

Au cours des semaines à venir, les informations relatives aux personnes vivant avec le VIH vont être élargies, avec l’ajout de nouveaux indicateurs, et les données du Rapport mondial d’avancement sur la lutte contre le sida 2018 seront intégrées dès leur publication plus tard dans l’année.

Atlas des populations clés

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