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Afrique du Sud : la Free State University décerne un titre honorifique à la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima

30 avril 2022

Voici le discours prononcé par la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, lors de la cérémonie de remise des diplômes organisée sur le campus Qwaqwa de l’University of the Free State d’Afrique du Sud

Cher vice-président adjoint, Professeur Naidoo, distingué(e)s responsables de cette formidable université, Mesdames et Messieurs, cher(e)s diplômé(e)s,

Je tiens à remercier l’University of the Free State Sciences pour l’honneur qui m’est échu de recevoir un titre de docteur honorifique de cette prestigieuse université. Je sais qu’à travers moi, vous reconnaissez le travail de tous ceux et celles qui œuvrent en faveur de la justice sociale dans le monde, en particulier pour le droit universel à la santé. C’est pleine d’humilité que je me tiens devant vous et je suis fière de rejoindre la communauté Kovsie !

La salle où nous nous trouvons porte le nom d’un homme courageux et sage. Madiba nous a dit, et je le cite ici, que « l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde ». Je ne pourrais dire mieux. J’ai été touchée d’apprendre que cette université avait décerné un titre honorifique de docteur au président Mandela en 2001.

Mes deux parents étaient enseignants. L’un à l’école primaire et l’autre à l’école secondaire. Ils faisaient fi des conventions. Nous, leurs enfants, ils nous ont poussés et encouragés à relever des défis. Ils nous ont appris que ce qui compte le plus dans le monde, c’est d’appartenir à sa communauté et de lutter pour la justice.

Pour moi, comme pour tant d’autres sur le continent africain, votre lutte pour l’égalité en Afrique du Sud, une lutte inachevée comme nous pouvons le constater, est source d’inspiration. À l’époque horrible de l’apartheid, même le nom de votre province, l’État libre, laissait un goût amer dans la bouche. Aujourd’hui, alors que la longue marche se poursuit, l’objectif que vous visez rend votre nom d’État libre aussi beau que ces mots le méritent.

Je souhaite partager avec vous trois réflexions sur la liberté. Ces pensées s’inspirent en grande partie de l’histoire des gens de votre pays, y compris des mouvements étudiants passés et actuels.

La première est que la véritable liberté va bien au-delà de la liberté de vote ou, dans le cas de votre pays, de la liberté de ne pas être mis au ban de la société. La vraie liberté apparaît lorsque chacun et chacune d’entre nous est en mesure de s’épanouir. L’éducation est ici essentielle. Elle doit être un droit pour tous et toutes et non un privilège réservé à certaines personnes. Chaque fois que je me rends dans mon village natal de Ruti en Ouganda, je rencontre des amis et amies qui n’ont pas eu les mêmes chances que moi. Ces personnes ont mis brusquement un terme à leur scolarisation à cause d’un mariage précoce, parce qu’elles devaient prendre soin d’un proche malade ou travailler pour aider leur famille, ou parce qu’elles ne pouvaient pas payer les frais de scolarité. Il faut aider toutes les filles et tous les garçons à aller au bout de leur scolarité. Les écoles doivent fournir un enseignement de qualité, être des lieux sans danger et émancipatoires, et, j’ajouterai, de joie, des lieux où l’on peut passer de bons moments et profiter de sa jeunesse ! Les efforts que vos étudiants et étudiantes ont effectués en faveur de l’ouverture et de la réforme de l’enseignement supérieur, de la suppression des aspects néfastes de son héritage, de l’inclusion générale, ont été un défi pour vous, pour vos institutions, mais vous avez accompli des avancées importantes et vous méritez d’être félicités pour les progrès réalisés. Bravo à tous et à toutes ! Oui, nous suivons vos engagements : Rhodes Must Fall [retrait d’une statue controversée sur un campus, ndt], suppression des frais de scolarité et vous inspirez d’autres étudiants et étudiantes du monde entier à lutter pour l’inclusion et l’égalité.

Ma seconde réflexion est qu’aucun et aucune d’entre nous n’est libre si nous ne sommes pas libres jusqu’à la dernière personne. C’est pourquoi la lutte pour la liberté doit toujours être transversale. Sur tout le continent et dans le monde entier, l’Afrique du Sud est un exemple pour les mouvements intersectionnels, pour la lutte contre les inégalités raciales ou encore pour l’égalité des sexes et pour les personnes LGBTQ. Ce sont ces actions inclusives qui rendent le monde libre. Alors, continuez à être cette lumière dans la nuit, en tant que pays, étudiant et étudiante, et anciens et anciennes diplômés. Luttez contre la stigmatisation, luttez contre la criminalisation. Dès que vous êtes témoin du rejet d’une personne à cause de sa race, parce qu’elle est une femme, gay ou trans, défendez-la. La tolérance ne suffit pas : soyez un ou une allié pour toutes les personnes marginalisées, en étant non seulement de leur côté, mais aussi à leur côté.

La troisième réflexion est que la liberté n’est jamais donnée, elle est toujours gagnée. Et elle n’est jamais acquise définitivement ou entièrement en un claquement de doigts, elle doit être acquise encore et encore. Tous les progrès accomplis ont été le fruit de mouvements collectifs, de l’organisation de personnes extraordinaires et ordinaires. J’ai participé aux mouvements des femmes en Afrique et dans le monde entier. Nous avons fait beaucoup de progrès en organisant des choses, en nous tenant la main, dans toute notre diversité. Les héros et les héroïnes les plus importants ne figurent pas dans les livres d’histoire ou ne parlent pas du haut d’une estrade comme moi, c’est vous, vous qui travaillez ensemble et formez des collectifs.

Utilisez la force que votre éducation vous offre. Utilisez-la pour demander des comptes et revendiquer des droits, pour vous-même et pour les autres. L’éducation m’a permis de quitter mon village rural de Ruti en Ouganda, où nous n’avions ni eau courante ni électricité et de siéger dans notre parlement national. J’ai été membre du parlement. Cela m’a conduit à diriger une organisation mondiale emblématique, Oxfam International, et, aujourd’hui, à mener le travail des Nations unies dans le monde entier pour lutter contre le sida. Tout cela en partant de mon petit village.

Mais cette force que l’éducation m’a donnée ne me rend jamais fière en elle-même. Elle me rend responsable de ce que je dois faire pour permettre à d’autres de s’élever, afin de rendre ce monde équitable et juste. Ma fierté, c’est ce que je peux faire avec les autres pour rendre le monde plus juste. Les diplômes ne sont que des outils pour atteindre un objectif.

Aujourd’hui, vous êtes à l’honneur. Vous avez parcouru un long chemin jusqu’ici. Je sais que vous allez fêter cette journée comme il se doit. Mais laissez-moi vous donner un défi. Alors que vous quittez ce magnifique campus pour faire votre entrée dans le monde et faire une différence, mon défi pour vous est le suivant :

découvrez le vaste monde et œuvrez pour bâtir une société où chaque fille et chaque garçon bénéficient de l’éducation complète et de qualité qu’ils méritent.

Allez à travers le monde pour bâtir une société qui garantit l’égalité pour tous et toutes. Pour que plus personne ne connaisse la discrimination pour son sexe, son origine ethnique, sa sexualité. L’égalité pour tous et toutes.

Sortez pour bâtir un pouvoir collectif, je crois au pouvoir des gens. Le changement n’est possible que grâce au pouvoir des gens. N’attendez jamais que les bons leaders arrivent et dirigent, vous êtes le leader qui doit prendre l’initiative.

Une société plus égalitaire sera bénéfique à tout le monde – aux riches, aux pauvres, aux personnes avec des capacités et à celles avec moins de compétences. Une société plus égalitaire est bénéfique pour tout le monde : elle est plus sûre, plus prospère, plus durable, plus saine et plus heureuse.

Je suis optimiste au fond de moi. Permettez-moi de vous raconter une histoire. C’est mon dernier défi. Vous êtes le résultat de l’histoire de votre pays. Nous tous et toutes en Afrique, en particulier ma génération, sommes le résultat de l’histoire de notre continent, y compris de celle de votre pays. Nous avons regardé, nous avons suivi ce qui s’est passé dans ce pays et nous avons attendu votre indépendance, car elle allait être l’indépendance de tout notre continent. Permettez-moi de vous dire que lorsque vous avez gagné votre liberté, nous sommes tous et toutes précipités pour voir l’Afrique du Sud, les Sud-Africains et les Sud-Africaines, parce que pendant de nombreuses années, nos passeports portaient un tampon qui disait : « Valable pour tous les pays à l’exception de la République d’Afrique du Sud ». Nous n’avions pas le droit de venir ici tant qu’il y avait encore l’Apartheid. C’était la résistance en provenance du reste de l’Afrique. Alors, lorsque vous avez acquis votre liberté, nous nous sommes empressés de voir la libération de la dernière partie de notre continent. Lorsque mon tour est arrivé et que je suis arrivée à l’aéroport de Johannesburg, qui ne portait pas encore le nom d’O.R. Tambo, il portait un autre nom, quand je suis arrivée, j’ai vu de nombreuses jeunes femmes au bureau de l’immigration et j’ai donné mon passeport à l’une d’entre elles. Elle m’a regardée avec un grand sourire et m’a dit « Bienvenue en Afrique du Sud » et je lui ai dit « Merci ». Puis elle a dit : « Comment ça va en Afrique ? » J’ai dit « En Afrique ? » « Oui, là d’où vous venez, comment c’est en Afrique ? » J’ai été frappée par le fait que cette jeune femme n’avait pas encore conscience que l’Afrique du Sud faisait partie de l’Afrique. Et bien sûr, j’ai discuté avec elle du fait que l’Afrique est là où l’on est. Et elle m’a dit : « D’accord, je sais, mais je veux dire là d’où vous venez. » Voici donc mon dernier défi pour vous, cher(e)s diplômé(e)s de ma promotion, vous êtes issus d’une histoire qui vous a coupé du reste de votre continent. Voici toutefois ce que je vous laisse, un défi et une bénédiction : sortez à travers le monde et soyez fiers d’être des Africains et des Africaines. Acceptez votre continent en entier. Sortez en sachant que nous avons une histoire en tant que continent et un destin en tant que continent. Mettez-vous au service de votre continent et tirez-en le meilleur parti.

Ce n’est donc pas seulement un honneur pour moi de recevoir ce titre honorifique et je vous en remercie. C’est un honneur pour moi de partager cette journée avec vous, cher(e)s diplômé(e)s, et de vous donner ma bénédiction, vous le futur, ou plutôt permettez-moi de dire, le présent de l’Afrique.

Je vous remercie.

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Le suivi du traitement devient de plus en plus problématique

08 novembre 2021

Des données d’Afrique du Sud montrent que de nombreux programmes de traitement rencontrent des difficultés à maintenir les personnes sous thérapie anti-VIH.

En Afrique du Sud, le programme de traitement du VIH touche plus de personnes séropositives que n’importe quel autre pays, avec plus de 5 millions d’adultes (15 ans et plus) bénéficiant d’une thérapie antirétrovirale en 2020. Parmi les 2,5 millions d’adultes séropositifs qui ne sont pas sous traitement dans le pays, les personnes qui ont commencé une thérapie, mais qui l’ont arrêtée sont de plus en plus nombreuses.

Les efforts pour aider les personnes sous traitement à respecter leur thérapie et à supprimer durablement leur charge virale sont essentiels pour améliorer les résultats en matière de santé, maximiser les aspects préventifs du traitement et prévenir l’émergence de souches pharmacorésistantes du VIH. L’Organisation mondiale de la Santé a actualisé récemment ses lignes directrices sur le traitement du VIH en ajoutant une nouvelle recommandation visant à identifier les personnes qui ne sont plus prises en charge et à fournir une assistance pour leur faire reprendre leur traitement.

Notre action

Traitement du VIH

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Hommage à Andrew Mosane, militant de la cause du sida et personnalité « radicale » et progressiste

21 janvier 2021

L’Afrique du Sud pleure Andrew Mosane, un de ses militants les plus courageux de la cause du sida et de la justice sociale. M. Mosane est décédé le 15 janvier 2021 à 45 ans et a été inhumé le 20 janvier.

Ce militant de longue date de la cause du sida avait réussi à placer les besoins des personnes et des communautés marginalisées au cœur de la riposte au sida. Il était connu en Afrique du Sud et dans le monde entier comme un défenseur infatigable des droits humains.  

M. Mosane était un homme noir qui ne cachait ni son homosexualité ni sa séropositivité, ce qui lui a valu d’être victime de la stigmatisation et de discriminations. Toutefois, cela ne l’a pas découragé et il a lutté sans compter sa peine pour éliminer les nombreux obstacles rencontrés par les personnes vivant avec le VIH. Il avait le militantisme dans la peau et c’est tout naturellement qu’il s’est aussi penché sur les problématiques raciales, de classe et de genre. Il a représenté les populations séropositives, lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuelles, ainsi que les travailleurs et travailleuses du sexe devant le forum de la société civile du South African National AIDS Council (SANAC) dont il faisait partie.

À l’aise avec sa réputation de personnalité radicale, il avait un rire communicatif et une intelligence rare, et il faisait preuve de sincérité et de précision. Il défendait haut et fort les droits humains sans faire de concessions. Ses proches militants et militantes se souviendront de lui comme quelqu’un de « fougueux, dévoué, chaotique, agréable, déterminé et passionné. »

M. Mosane était en contact avec l’ONUSIDA, ainsi qu’avec des réseaux et des institutions dans toute l’Afrique du Sud et au-delà. Il militait pour les droits et la santé sexuelle et reproductive, et il encourageait les jeunes à s’impliquer dans la riposte au VIH et à lutter contre la violence basée sur le genre. Il lui arrivait de poser des questions à l’ONUSIDA pour mieux comprendre la nature de notre travail et la manière dont ce dernier reflète les expériences vécues de personnes vivant avec le VIH et de communautés au sens large.

Le directeur pays de l’ONUSIDA pour l’Afrique du Sud, Mbulawa Mugabe, a déclaré que M. Mosane avait apporté une contribution durable à la riposte au sida. « Excellent médiateur, il avait fait ses armes dans le programme d’information sur les traitements, la Treatment Action Campaign, une organisation qu’il était fier de diriger et d’aider. Il savait y faire pour vulgariser des informations scientifiques à destination des communautés. C’était sa marque de fabrique. Elle va nous manquer à présent », explique M. Mugabe. « Nous avons perdu un héraut de la justice sociale et de la cause du sida qui a changé la vie de tant de personnes. »

 

M. Mosane était en contact avec l’ONUSIDA, ainsi qu’avec des réseaux et des institutions dans toute l’Afrique du Sud et au-delà. Ci-dessus, en compagnie de la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima.

L’ONUSIDA félicite la professeure Quarraisha Abdool Karim, lauréate du Prix Christophe Mérieux 2020

02 juin 2020

GENÈVE, le 2 juin 2020—L’ONUSIDA félicite Quarraisha Abdool Karim, directrice scientifique adjointe du Centre for the AIDS Programme of Research in South Africa (CAPRISA), à qui la Fondation Christophe et Rodolphe Mérieux a décerné cette année le prestigieux Prix Christophe Mérieux. Ce prix encourage la recherche sur les maladies infectieuses dans les pays en voie de développement. Le lauréat ou la lauréate sont choisis par l’Institut de France parmi les propositions faites par la fondation et ce prix est doté de 500 000 € afin d’aider de futures recherches.

« Je suis fière de féliciter la professeure Quarraisha Abdool Karim, membre essentiel de la famille de l’ONUSIDA pour cette réussite extraordinaire », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Ce prix vient reconnaître le travail indispensable que la professeure Abdool Karim et son équipe fournissent depuis de nombreuses années pour riposter au sida. Leur travail permet de mieux comprendre les besoins des femmes et des adolescentes pour se protéger du VIH et apporte de l’espoir pour parvenir à une génération sans sida. »

La professeure Abdool Karim compte parmi les personnalités les plus en vue de la recherche sur le sida. Elle a contribué à des avancées révolutionnaires pour comprendre l’évolution de l’épidémie de VIH chez les jeunes femmes tout en militant pour les droits des personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus. Elle s’engage depuis longtemps aux côtés de l’ONUSIDA. Elle est Ambassadrice spéciale de l’ONUSIDA pour les adolescent-es et le VIH et copréside le groupe consultatif de l’ONUSIDA qui soutient la Directrice exécutive de l’ONUSIDA pour ce qui est du futur de la riposte au sida et du rôle qu’y joue l’ONUSIDA.

La professeure Adbool Karim enseigne l’épidémiologie clinique et est la principale instigatrice de l’emblématique essai CAPRISA 004 sur le ténofovir en gel, qui a démontré en 2010 la faisabilité du concept de microbicides en tant qu’outil de prévention du VIH chez les femmes.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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Vivre avec le VIH à l’heure du confinement

07 avril 2020

Pumza Mooi se fait du souci. Cette habitante de Port Elizabeth en Afrique du Sud fait partie des 2,5 millions de compatriotes qui vivent avec le VIH, mais ne suivent pas de thérapie antirétrovirale.

« J’ai décidé qu’il est temps de m’y mettre », explique Mme Mooi. « Peu importe si j’ai un taux élevé de CD4 ou que ma charge virale est basse, un traitement contre le VIH m’apportera le meilleur résultat possible. Je dois le faire pour moi-même, pour mes enfants et pour tous ceux et celles qui ont besoin de moi. J’ai peur de tomber malade », continue-t-elle.

La décision de Mme Mooi s’inscrit dans un contexte d’incertitudes pour les personnes ayant un système immunitaire affaibli, qui craignent de développer une forme grave de l’infection dite COVID-19. Il n’existe à l’heure actuelle aucune preuve que les personnes vivant avec le VIH sont davantage exposées à un risque de contamination à la COVID-19. Toutefois, une infection au coronavirus pourrait provoquer des symptômes plus graves chez les personnes séropositives qui ne prennent pas d’antirétroviraux.

Le gouvernement sud-africain a proclamé trois semaines de confinement en vue de ralentir la propagation de la COVID-19 et le ministre de la Santé, Zweli Mkhize, a invité la population à prendre des précautions pour éviter une infection. Il a souligné l’importance de connaître son statut vis-à-vis du VIH, de faire un dépistage et de commencer sans attendre un traitement si le résultat se révèle positif.

« J’ai peur rien qu’à l’idée d’attraper la COVID-19 », indique Mme Mooi. « C’est suffisamment difficile de savoir que mon corps lutte déjà contre un virus [le VIH]. Je me demande : mon corps est-il suffisamment fort, mon système immunitaire peut-il tenir le coup ? »

Mme Mooi a contracté le VIH il y a plusieurs années, à une époque où l’on conseillait généralement aux personnes séropositives de commencer un traitement uniquement lorsque leur taux de CD4 baissait, autrement dit à partir du moment où elles tombaient malades. Elle surveille l’évolution du VIH depuis qu’elle connaît son statut. En 2016, l’Organisation mondiale de la Santé a publié de nouvelles lignes directrices recommandant une thérapie antirétrovirale à vie pour les enfants, les ados et les adultes, y compris toutes les femmes enceintes et allaitantes vivant avec le VIH, indépendamment de leur taux de CD4. Autrement dit, toute personne séropositive devrait commencer un traitement immédiatement après le diagnostic du VIH.

L’ONUSIDA observe activement l’impact de la COVID-19 et travaille avec des réseaux de personnes vivant avec le VIH, le gouvernement et des partenaires de développement afin d’assurer que les préoccupations des personnes séropositives soient entendues et prises en compte dans la riposte au coronavirus. Il s’agit d’identifier entre autres les difficultés auxquelles sont confrontés les services de santé, d’encourager l’allongement de la durée de prescriptions d’antirétroviraux à plusieurs mois et d’aider les communautés à fournir des solutions. 

Le rôle des réseaux sociaux

Le confinement est particulièrement dur pour les personnes vivant dans des habitats informels. L’ONUSIDA est consciente qu’elles font face à des difficultés pour se protéger elles-mêmes et respecter la distanciation sociale et le confinement. À cela viennent s’ajouter des informations inexactes sur le coronavirus qui attisent les peurs. « On entend beaucoup de choses, mais tout n’est pas vrai », dit Mme Mooi. « Je rappelle aux gens que le gouvernement met à disposition un numéro sur WhatsApp où nous pouvons obtenir des informations exactes et qu’ils ne doivent pas faire attention aux autres informations. Le gouvernement nous communiquera ce qui est vrai. »

Mme Mooi a la chance d'avoir constitué un solide réseau de soutien autour d’elle après avoir partagé son statut sérologique en ligne il y a plusieurs années. « Je sais que l’on s’occupera de moi », explique-t-elle. Elle anime des groupes d’entraide sur Facebook et WhatsApp destinés à des personnes vivant avec le VIH, qui regroupent des dizaines de membres. Le plus jeune a 16 ans et est né avec le VIH, la plus âgée est une femme de 62 ans qui vit depuis longtemps avec le virus.

Ces dernières années, de nombreux membres du groupe partagent leur expérience de vie avec le VIH et avec le traitement contre le virus. Elles et ils évoquent la stigmatisation, la discrimination et la manière de ne pas baisser les bras. Selon Mme Mooi, les membres sont d’accord pour dire que la meilleure option consiste à suivre et à respecter un traitement contre le VIH.

Un nouveau thème est apparu dernièrement dans les groupes. « La COVID-19 suscite beaucoup d'interrogations », explique Mme Mooi. « Je leur dis de ne pas se faire de souci, de rester à la maison et de respecter les règles d’hygiène. » Pour le moment, tout le monde sait qu’il faut s’armer de patience et s’entraider à distance pour surmonter cette phase d’isolation prolongée.

Les groupes reposent surtout sur les contributions des femmes, mais les hommes les consultent. « Des hommes m’écrivent pour me demander pourquoi nous n’abordons pas les problèmes auxquels ils sont confrontés, mais s’ils n’en parlent pas, ils ne recevront pas toujours l’aide dont ils ont besoin », poursuit-elle. « J’encourage les hommes à partager leur expérience afin que nous puissions nous entraider. »

Penser à demain

Comme la plupart des gens, Mme Mooi attend déjà avec impatience de pouvoir retrouver une certaine liberté de mouvement et de commencer un traitement contre le VIH. Elle fait ce qu’elle peut pour prendre soin d’elle, de sa mère et de sa fille chez elle et pour encourager les personnes vivant avec le VIH dans ses réseaux. « Nous faisons ce que l’on nous dit de faire comme nous laver les mains et garder nos distances, et nous prions tout simplement et espérons des jours meilleurs », conclut-elle.

Notre action

COVID-19 et VIH

Un projet communautaire aide les familles à affronter la stigmatisation et la discrimination

05 mars 2020

Emihle Dlamini (nous avons changé son nom) a été élevée par sa grand-mère après avoir perdu à un jeune âge ses deux parents des suites de maladies opportunistes. Pendant des années, Mme Dlamini n’a pas su qu’elle était née avec le VIH. Elle prenait des médicaments, mais on lui disait que c’était pour la tuberculose. En 2018, l’Afrique du Sud comptait environ 260 000 enfants vivant avec le VIH, dont un tiers environ dans la province de Mme Dlamini, le KwaZulu-Natal.

Au cours d’une intervention dans son école du Community Care Project, elle entend parler pour la première fois du VIH et on lui propose de faire un test. Le résultat a été un choc : « Je ne pouvais pas en croire mes oreilles. Je savais que je n’étais pas sexuellement active, mais ma famille ne m’avait jamais dit que j’étais séropositive », raconte-t-elle.

Mme Dlamini est passée par différents stades : colère, confusion et tristesse. « Pourquoi ma famille ne m’avait-elle rien dit ? J’avais arrêté plusieurs fois de prendre mon traitement contre la « tuberculose », car je me demandais bien pourquoi je devais le prendre aussi longtemps », se souvient-elle.

Il n’est pas rare que les personnes ne révèlent pas leur statut sérologique par peur de la stigmatisation et de la discrimination qui, malgré les progrès, les empêchent d’accéder aux services de santé. Cette situation touche en particulier les jeunes femmes à la recherche d’un moyen de se protéger des infections sexuellement transmissibles, mais aussi voulant faire un test et suivre un traitement contre le VIH. 200 adolescentes et jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans sont contaminées chaque jour en Afrique du Sud.

Le Community Care Project a démontré qu’un accès gratuit à l’éducation primaire et secondaire aussi bien pour les garçons que les filles est une porte d’entrée vers d’autres services sociaux et de santé. En 2018, un peu moins de 163 000 enfants sud-africains (de 0 à 14 ans) vivant avec le VIH suivaient une thérapie antirétrovirale. Beaucoup n’étaient cependant pas identifiés : on estimait que 66 000 enfants ne connaissaient pas leur séropositivité.

Ce projet est habitué à briser le silence entourant le VIH ainsi qu’à gérer et réduire ses effets. Fondé en 1999, le Community Care Project est une organisation confessionnelle du KwaZulu-Natal qui aide les communautés et les familles à faire face au VIH et à affronter la stigmatisation et la discrimination. Depuis 2007, elle travaille avec des écoles du secondaire pour mener des programmes de sensibilisation et apporter des services aidant les établissements et les enfants à comprendre et démystifier le VIH. Elle s’occupe également d’orphelins, ainsi que d’autres enfants vulnérables et de leur famille.

Le Community Care Project a ainsi fait le lien entre Mme Dlamini, sa grand-mère et une personne des services sociaux. Cette dernière leur a fourni des conseils pour accepter le diagnostic et garantir que Mme Dlamini suive sur le long terme un programme pour son traitement. Mme Dlamini indique gérer beaucoup mieux émotionnellement et mentalement sa situation. Elle dispose de meilleures connaissances sur le VIH et sur la santé de la reproduction et sexuelle, et respecte son traitement. Elle a l’impression qu’un bel avenir est de l’ordre du possible.

« Le Community Care Project m’a apporté des compétences pratiques pour mener ma vie. J’ai appris comment accepter mon statut sérologique, affronter la stigmatisation et aider d’autres personnes à en faire autant », finit-elle. « Un jour, j’aimerais intervenir dans les écoles afin de motiver des enfants dans mon cas et leur fournir des informations afin qu’ils gagnent en autonomie et sachent comment vivre à l’abri du jugement des autres. »

Je suis juste une adolescente normale vivant avec le VIH

29 juillet 2019

Aziwe, 19 ans, vit avec sa mère, Phatiswa, dans le bidonville d’Umlazi situé en périphérie de Durban en Afrique du Sud. Les deux femmes vivent avec le VIH, ce qui ne les empêche pas de déborder d’énergie, d’amour, d’espoir et d’optimisme.

Aziwe n’a découvert sa séropositivité qu’à 14 ans alors qu’elle suivait déjà un traitement depuis cinq ans. Sa mère avait décidé de lui cacher son statut sérologique tout en lui faisant prendre quotidiennement des médicaments pour qu’elle reste en bonne santé.

Lorsque le docteur lui a demandé si elle souhaitait connaître la raison de sa thérapie, elle n’a pas hésité un instant, car en grandissant elle se posait de plus en plus de questions. Quand il lui a annoncé sa séropositivité, elle s’est effondrée. Sa mère aussi.  

Aujourd’hui, cinq ans plus tard, Aziwe est une adolescente heureuse et épanouie qui raconte de manière éloquente le destin de sa famille à Gunilla Carlsson, Directrice exécutive par intérim de l’ONUSIDA, à la veille de la publication du rapport mondial de l’ONUSIDA présentant un état des lieux de l’épidémie de sida.

Phatiswa vivait dans la province du Cap-Oriental jusqu’en 1999. À l’instar de nombreuses femmes, elle est partie pour trouver du travail en tant que domestique à Durban. Elle est employée depuis 19 ans par la même famille, car elle donne satisfaction.

Dans un premier temps, elle avait laissé ses enfants au Cap-Oriental. Cependant, Aziwe est venue vivre avec elle quelques années plus tard, car c’était une enfant maladive. En 2009, son état de santé s’est aggravé. Elle a été envoyée de toute urgence à l’hôpital où elle a séjourné 2 semaines. Son dépistage du VIH remonte à cette époque, tout comme celui de sa mère.

Aujourd’hui, les deux femmes prennent leur traitement. Elles participent à des groupes de soutien au sein de leur communauté où elles encouragent d’autres personnes infectées à en faire autant pour rester en forme. Aziwe s’élève également contre la stigmatisation et la discrimination engendrées par le VIH. Elle a ainsi évoqué son quotidien avec le virus devant un groupe paroissial. Elle déplore parfois le manque criant d’informations sur la maladie. Néanmoins, Phatiswa et elle continuent de s’entraider.

« Il y a des jours où j’ai seulement envie de pleurer, mais elle s’adresse à moi en tant que mère. J’ai une bonne famille et de bons amis qui sont toujours là pour moi. »        

Aziwe explique qu’après avoir perdu des êtres chers à cause du sida, elle apprécie chaque instant de la vie.

« Je veux vivre, car je veux réussir tant de choses. Pour ma mère, mais aussi pour moi. »

Comme beaucoup de jeunes, elle aimerait voyager et animer plus tard un talk-show à la télévision. Elle souhaite en outre fonder sa propre famille.

« Je suis juste une adolescente normale vivant avec le VIH, » explique-t-elle.

La version 4.2 du modèle Thembisa révèle des progrès limités dans la riposte au VIH en Afrique du Sud

28 juin 2019

L’Afrique du Sud travaille d’arrache-pied pour généraliser le dépistage du VIH et augmenter la suppression virale chez les patientes et patients suivant une thérapie antirétrovirale. Toutefois, l’actualisation annuelle du modèle Thembisa dévoilée au cours de la 9e conférence sud-africaine sur le sida organisée en juin indique que le pays n’a pas encore atteint ses objectifs en matière de couverture du traitement et de prévention du VIH.

Les résultats (version 4.2) ont été publiés par des chercheurs du Centre for Infectious Diseases Epidemiology and Research de l’université du Cap. Le modèle Thembisa sert à estimer l’état de l’épidémie du VIH et il est financé par l’ONUSIDA via une subvention octroyée par les United States Centres for Disease Control (CDC). Cette étude utilise des données en provenance de diverses sources dont des études récentes réalisées par le Human Sciences Research Council et le Medical Research Council of South Africa.

L’Afrique du Sud s’est engagée à atteindre l’objectif ambitieux 90–90–90 de l’ONUSIDA d’ici 2020. Le but de cette stratégie est d’assurer que 90 % des personnes vivant avec le VIH soient dépistées et connaissent leur statut, que 90 % des personnes vivant avec le VIH reçoivent un traitement et que 90 % des personnes recevant un traitement aient une charge virale supprimée. Les dernières estimations fournies par Thembisa montrent que la situation en Afrique du Sud à la mi-2018 était de 90–68–88. Cela signifie que la suppression totale de la charge virale parmi toutes les personnes vivant avec le VIH était de 55 %, soit 18 % en deçà de l’objectif de 73 %.

Le modèle Thembisa estime par ailleurs que le taux de dépistage du VIH et de traitement chez les hommes est inférieur à celui des femmes. Ainsi, en 2018, 47 % des hommes séropositifs voyaient leur charge virale supprimée contre 58 % pour les femmes. Cet écart est également visible dans le nombre annuel de décès imputables au sida. Il a certes reculé de moitié entre 2010 et 2018, mais la surreprésentation des hommes ne cesse d’augmenter.

Les femmes, quant à elles, représentaient 62 % des nouvelles infections au VIH chez les adultes entre 2017 et 2018. Le responsable du modèle Thembisa, Leigh Johnson, explique que deux facteurs entravent la réduction de l’incidence du VIH : d’une part, la faible couverture du traitement antirétroviral et la nécessité d’améliorer l’acceptation du traitement sur le long terme et les relations avec les malades, et d’autre part le recul notable de l’utilisation du préservatif. Il indique par ailleurs que les adolescentes et les jeunes femmes (15–24 ans) représentent 31 % des cas de transmission suite à une relation sexuelle et donc que cette tranche de la population mérite une attention toute particulière.

Les conclusions de l’étude Thembisa tirent la sonnette d’alarme face à la lenteur des progrès pour ce qui est de la réduction de l’incidence du VIH. Ce modèle estime à plus de 240 000 le nombre de nouvelles infections pour l’année dernière en Afrique du Sud, soit une baisse de moins de 40 % par rapport à 2010. L’objectif de l’ONUSIDA, cependant, est de réduire de 75 % les nouvelles infections par an entre 2010 et 2020. Pour y arriver, l’Afrique du Sud devrait passer sous la barre des 100 000 nouveaux cas d’ici mi-2020 ce qui la place face à un défi de taille.

Les conclusions du modèle Thembisa montrent que le KwaZulu-Natal, la province la plus touchée par l’épidémie du VIH, a réussi à réduire de 49 % les nouvelles infections par an entre 2010 et 2018. L’étude estime également qu’elles ont baissé de 55 % chez les enfants, passant de 29 000 en 2010 à 13 000 en 2018.

Pour en savoir plus sur l’étude et ses résultats, veuillez consulter le site Internet de Thembisa : https://thembisa.org/downloads

 

Maintenir la dynamique de la riposte au sida dans le monde

24 avril 2019

Lors d’une visite en Afrique du Sud, Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, a formulé la mise en garde suivante : la riposte mondiale au sida se trouve à un point d’inflexion, auquel les acquis obtenus jusqu’ici pourraient facilement s’inverser, sauf si des actions urgentes sont entreprises pour atteindre les objectifs fixés pour 2020 et les buts ambitieux définis pour la décennie à venir.

Dans un entretien avec le Ministre de la Santé sud-africain, Aaron Motsoaledi, M. Sidibé a félicité le pays pour ses progrès accomplis à ce jour et encouragé le gouvernement à accélérer l’action pour atteindre les objectifs ambitieux qui mettront la riposte au VIH sur un chemin durable pour en finir avec l’épidémie de sida d’ici à 2030. M. Sidibé a déclaré qu’il était temps d’exploiter pleinement le pouvoir des communautés pour combler les lacunes restantes dans les objectifs de traitement 90-90-90 de l’ONUSIDA. 

Lors d’une rencontre avec la Première dame d’Afrique du Sud, Tshepo Motsepe, M. Sidibé a encouragé cette dernière à utiliser sa voix et sa popularité pour autonomiser les personnes qui n’ont pas de visibilité et n’ont pas accès aux services, en insistant particulièrement sur l’importance d’ouvrir aux adolescentes l’accès au vaccin contre le papillomavirus humain pour la prévention du cancer du col de l’utérus. 

Mme Motsepe a fait part de sa volonté de s’engager sur les questions nationales et internationales dans l’intérêt du développement social. « La santé, ce n’est pas simplement l’absence de maladie », a-t-elle indiqué. « Certains m’appellent la Première dame, d’autres l’épouse du Président, mais quel que soit mon titre, je suis une travailleuse sociale pour l’Afrique du Sud ».

M. Sidibé a également rencontré l’ancien Président sud-africain Kgalema Motlanthe et l’a encouragé à faire en sorte que les gens restent conscients des risques sérieux de perdre la dynamique de la riposte au sida, et notamment de la nécessité d’impliquer davantage les hommes dans le dépistage du VIH et l’observance du traitement. 

M. Motlanthe, qui est membre de Champions for an AIDS-free Generation en Afrique, a fait part de son appréciation des efforts menés par M. Sidibé tout au long de sa carrière, notamment en tant que Directeur exécutif de l’ONUSIDA. Il a fait remarquer que M. Sidibé n’avait cessé de définir les étapes cruciales dans les progrès de la riposte au sida, et d’en plaider la cause.

« Vous avez toujours répondu présent », a-t-il déclaré.  

Lors de son séjour à Johannesburg, M. Sidibé s’est adressé aux directeurs des bureaux nationaux de l’ONUSIDA en Afrique orientale et australe. Il leur a rappelé la vocation première de l’ONUSIDA : répondre aux besoins des personnes vivant avec le VIH et des personnes exposées au risque d’infection. En tant qu’organisation œuvrant dans le domaine de la santé, il a souligné que l’ONUSIDA jouait un rôle unique dans la défense des droits des personnes vulnérables, en s’engageant fermement aux côtés de la société civile et en insistant sur le fait que personne ne devait subir de discrimination à cause de son mode de vie ou de ses choix amoureux. 

« L’ONUSIDA n’est pas une organisation pilotée par la logistique ou le matériel », a-t-il déclaré. « C’est une organisation qui place l’humain au cœur de son action ».

« La riposte au sida, notamment en Afrique orientale et australe, délivre des enseignements et des approches qui permettent d’assurer la pérennité à travers le leadership politique, la mobilisation des ressources et l’engagement des communautés », a-t-il ajouté.

« Si les gens sont derrière vous, vous avez vraiment les moyens de rendre le monde meilleur. »

« La communauté n’est pas du côté des filles »

15 mars 2019

Les clubs Rise aident les adolescentes et les jeunes femmes à entamer le dialogue sur le VIH et sur la santé et les droits sexuels et reproductifs.

Khayelitsha est l’un des plus grands townships d’Afrique du Sud, situé dans la région des Cape Flats au Cap.

Comme c’est le cas dans beaucoup d’autres communautés sud-africaines, les femmes et les filles de ce bidonville à moitié clandestin sont confrontées aux inégalités entre les sexes au quotidien, ce qui les expose à un risque plus élevé de contracter une infection à VIH.

Les inégalités entre les sexes sont un obstacle à l’accès des adolescentes et des jeunes femmes aux services anti-VIH et aux services de santé sexuelle et reproductive, ainsi qu’à une éducation sexuelle complète. Elles les exposent également à un risque plus élevé de violences sexistes.

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« Le taux de criminalité est important. La communauté n’est pas du côté des filles. La communauté estime que les femmes doivent se soumettre aux hommes. C’est parfois difficile pour nous de nous exprimer », déclare une jeune femme membre du club Rise de Khayelitsha.

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« Nous nous rabaissons nous-mêmes pour entrer dans la case dans laquelle la communauté nous place. Des filles se font violer, kidnapper… il y a beaucoup de violence. Tu as le droit de faire ci, tu n’as pas le droit de faire ça, on n’arrête pas de te dire ce qu’il faut faire », explique-t-elle.

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Pour la plupart des filles, il est difficile de parler aux parents, aux enseignants ou aux membres de la famille de sexe, de sexualité ou encore de droits et de santé sexuels et reproductifs. Les jeunes femmes et les adolescentes sont confrontées à la stigmatisation et à la discrimination, réprimandées par les infirmières des établissements de santé parce qu’elles sont sexuellement actives lorsqu’elles viennent pour des services de santé sexuelle et reproductive. Bien que de nombreux pays d’Afrique orientale et australe aient signé l’Engagement ministériel sur une éducation sexuelle complète et des services de santé sexuelle et reproductive pour les adolescents et les jeunes en Afrique orientale et australe et disposent d’une façon ou d’une autre de politiques en matière d’éducation sexuelle complète, la mise en œuvre reste inégale.


Les jeunes femmes sont plus exposées au risque d’infection à VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles que leurs homologues masculins ou les femmes plus âgées.

En Afrique orientale et australe, un quart des 800 000 nouvelles infections à VIH en 2017 ont concerné des adolescentes et des jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans. Sur les 2,17 millions d’adolescents et de jeunes âgés de 15 à 24 ans vivant avec le VIH en Afrique orientale et australe, 1,5 million sont de sexe féminin.

Sur les 277 000 nouvelles infections à VIH survenues en Afrique du Sud en 2017, 77 000 ont concerné des adolescentes et des jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans, soit plus du double de leurs homologues masculins (32 000).

Le niveau de connaissance en matière de prévention du VIH va de 64,5 % au Rwanda jusqu’au faible score de 20,37 % enregistré aux Comores, l’Afrique du Sud se situant entre les deux à 45,8 %.

Dans certains pays de la région, la loi prévoit que les adolescentes et les jeunes femmes puissent se marier très jeunes. Les mariages précoces sont associés à une perte d’autonomie physique, au manque d’instruction dû au décrochage scolaire, à l’absence d’indépendance économique et à la violence sexiste.

Les transactions sexuelles contribuent à la disparité entre les sexes en matière d'infection à VIH chez les jeunes d’Afrique subsaharienne.

Les données probantes montrent que le commerce du sexe chez les adolescentes et les jeunes femmes est associé à plusieurs sources de risque d’infection à VIH, notamment les abus et les violences, la consommation d’alcool, la multiplicité des partenaires, l’absence d’usage du préservatif et les relations sexuelles entre personnes d’âge différent.


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Les clubs Rise

Rise est un club ouvert aux adolescentes et aux jeunes femmes cherchant à créer de la cohésion sociale, de l’auto-efficacité et de la résilience en offrant aux adolescentes et aux jeunes femmes (entre 15 et 24 ans) un espace pour s’entraider et entreprendre des projets au sein de la communauté destinés à prévenir le VIH, atténuer son impact et permettre des choix plus sûrs.

Rise contribue à répondre aux besoins des adolescentes et des jeunes femmes en termes de confiance en soi et les encourage à s’exprimer contre les maux de la société tout en les aidant à prendre leurs propres décisions concernant leur vie.

Ces clubs ont été lancés en 2014 pour les jeunes de 15 districts défavorisés d’Afrique du Sud par l’organisme Soul City Institute for Social Justice.

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« Les parents africains ne parlent pas de sexe avec leurs enfants et nous sommes gênés d’en parler avec eux. Je ne pouvais pas parler avec ma sœur donc j’ai rejoint Rise et aujourd’hui je peux dialoguer avec les autres filles. Certaines sont plus âgées que moi et elles peuvent me donner des conseils. » — Cinga 

 

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« Mes parents m’ont appris que la seule façon de savoir, c’est de poser des questions. Quand j’ai rejoint Rise, nous avons posé des questions pour des filles qui ne pouvaient pas les poser elles-mêmes, facilitant ainsi la vie de ces filles. » — Okuhle

 

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« Je n’avais personne à qui me confier à la maison. Et puis je suis devenue la personne la plus bavarde qui soit. Rise m’a aidée à gérer une faible estime de moi-même. » — Lisa


Les adolescentes et les jeunes femmes d’Afrique orientale et australe ont besoin de lois, de politiques et de programmes qui répondent à leurs besoins. Ceci inclut des programmes sur mesure et ciblés en matière de services de santé sexuelle et reproductive et d’éducation sexuelle complète, ainsi que sur la prévention des grossesses non désirées, des violences sexistes et de l’infection à VIH.

Ils doivent s’appuyer sur les principes d’égalité des sexes et des droits de l’homme et devraient aborder d’autres problèmes socioéconomiques, comme la pauvreté et le chômage.

Ces politiques et ces programmes auront non seulement pour effet de donner des résultats positifs en matière de santé, mais donneront aussi aux adolescentes et aux jeunes femmes l’opportunité de vivre leur vie en toute liberté et dans la dignité.

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