Asia Pacific

Un arc-en-ciel porteur d’espoir pour la communauté LGBTQI+ dans une zone rurale du Japon

17 mai 2023

Pendant de nombreuses années, Mami a enseigné dans une école publique à Kanazawa, au Japon. Lorsqu’elle a commencé sa transition et à s’habiller d’une manière moins masculine, ses collègues et ses responsables l’ont vu d’un mauvais œil. Puis, elle a été licenciée.

En tant que femme transgenre dans une petite ville conservatrice, Mami a eu du mal à trouver un autre emploi et s’est sentie très isolée. « Lorsqu’un ami m’a invitée à travailler au centre communautaire Rainbow Pride de Kanazawa, j’ai été heureuse de trouver un endroit où j’étais acceptée », a-t-elle déclaré.

Fondé en 2022, le centre LGBTQI+ de Kanazawa est hébergé dans une maison de thé vieille de 150 ans qui donne sur l’ancienne place de marché des samurais. Les panneaux coulissants permettent de varier les configurations selon les besoins. Dans la cuisine ouverte, Mami et son ami, Kennosuke Okumara, responsable du secrétariat du centre de Kanazawa, servent du thé et du café aux visiteurs et aux visiteuses.

« Avant, je travaillais à Tokyo, mais j’ai fini par revenir dans ma ville natale », raconte M. Okumara. « Le problème était qu’il y n’avait et qu’il n’y a toujours rien pour les gays ici », regrette-t-il.  M. Okumara vit avec le VIH et déplore que les questions liées au VIH et aux personnes LGBTQI+ sont encore tabous. « Les informations sont tellement rares. C’est dommage. Je suis ici pour partager mon expérience et sensibiliser », poursuit-il.

Vêtu d’un tablier, M. Okumara mélange du thé vert dans une petite tasse avec un fouet en bambou. Il s’arrête et regarde Mami. « C’est un espace où tout le monde est en sécurité », continue-t-il.

Pour la co-présidente du centre, Diana Hoon, le centre est une lueur d’espoir. « Nous sommes comme un phare dans une société patriarcale très conservatrice », indique-t-elle. Mme Hoon montre dans la bibliothèque improvisée les nombreux dépliants et prospectus sur l’importance de connaître son statut sérologique ou sur la marche des Fiertés de la ville ou encore des livres sur le coming-out. Elle déclare que le centre attire non seulement de plus en plus de monde, mais qu’il peut également compter sur l’aide de 10 bénévoles... dont beaucoup sont des mères.

« Nos séminaires 'LGBTQI+' à destination des parents font leur chemin », raconte-t-elle. « Les gens parlent de leurs enfants, ce qui permet de créer des liens. »

Mme Hoon est singapourienne et vit avec une autre femme originaire de Kanazawa. Elle a l’impression de jouer son rôle pour aider les gens et encourager l’acceptation.

« Parmi nos priorités, nous sensibilisons sur le thème du VIH et défendons des toilettes et des uniformes scolaires unisexes et surtout le mariage pour toutes et tous, qui n’existe pas encore au Japon », précise-t-elle. Elle espère également pouvoir proposer d’ici cinq ans un refuge pour héberger des personnes LGBTQI+.

Selon elle, des étapes ont été franchies dernièrement. « Les personnes transgenres sont plus visibles ces derniers temps et nous avons des personnalités LGBTQI+ dans la communauté », explique-t-elle.

Une figure de proue est par exemple Gon Matsunaka, fondateur et ancien président du consortium Pride House Tokyo et directeur du mouvement Marriage for All au Japon. Ancien directeur de la publicité pour l’une des plus grandes entreprises japonaises, Dentsu, M. Matsunaka a caché sa sexualité pendant des décennies. « Pour moi, il n’y avait pas d’avenir dans ma petite ville de province, alors je suis parti à Tokyo », a-t-il déclaré. Il a ensuite étudié en Australie, a travaillé à Tokyo et à New York et a finalement démissionné de son entreprise.

Il a révélé son homosexualité en 2010 et a décidé de créer un centre communautaire à Tokyo. Les Jeux Olympiques semblaient être une occasion en or.

La pandémie de COVID est arrivée et beaucoup de projets ont été suspendus, mais M. Matsunaka et son équipe n’ont pas abandonné.

« En mai 2020, des enquêtes successives ont montré que les jeunes LGBTQI+ ne se sentaient pas en sécurité à la maison ou avaient perdu leurs contacts sociaux. Ce constat m’a vraiment motivé », indique-t-il. Il avait rassemblé 15 sponsors pour créer la Tokyo Pride House, un espace temporaire destiné à la communauté LGBTQI+ pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques. Cependant, avec le report des Jeux, le centre a été annulé.

L’équipe a persuadé les sponsors de modifier l’objectif de leur financement et de créer un espace permanent. Des années après les Jeux olympiques, la Tokyo Pride House est toujours ouverte à quelques pas du célèbre quartier de Shinjuku très apprécié de la communauté queer.

À Kanazawa, M. Matsunaka s’est associé à Mme Hoon pour lancer une marche des Fiertés en 2021. L’idée d’un centre communautaire est née de ce succès.

M. Matsunaka est particulièrement fier que la préfecture (municipalité) ait apporté la moitié des fonds au centre de Kanazawa Nijinoma. Le reste de la somme a été rassemblé par financement collaboratif.

Entouré de drapeaux aux couleurs de l’arc-en-ciel, dans la Tokyo Pride House, il n’est pas peu fier de dire : « je n’ai jamais rêvé de cela et je n’aurais jamais cru cela possible, en particulier dans une petite ville comme Kanazawa. »

Pour lui, les femmes sont essentielles. « Les femmes viennent toujours après les hommes, surtout dans les zones rurales comme Kanazawa. Elles sont donc nos principaux atouts pour changer les mentalités patriarcales », indique-t-il. « Nous avons encore beaucoup à accomplir, mais je veux juste aller de l’avant et non reculer. »    

À l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie (IDAHOT), l’ONUSIDA est solidaire de la communauté LGBTQI+. Nous devons nous unir et embrasser la diversité ; une société où tout le monde, peu importe son lieu de résidence ou son orientation sexuelle, peut vivre en paix et en sécurité ; une société où tout le monde peut contribuer à la santé et au bien-être de sa communauté.

L’ONUSIDA enjoint à tous les pays à décriminaliser l’homosexualité, car c’est une étape vitale pour garantir la santé de toutes les personnes

Découvrez quels pays criminalisent les populations clés

Prévenir la transmission et lutter contre la stigmatisation : la puissance de la formule U=U

12 décembre 2022

U=U, qui signifie Undetectable = Untransmittable (indétectable = non transmissible), est un message de santé publique vital pour la riposte au VIH. Indétectable = Non transmissible signifie que les personnes vivant avec le VIH dont la charge virale est rendue indétectable grâce à un traitement antiviral et un suivi cohérents ne peuvent pas transmettre le VIH. Comme la Thaïlande l’a montré, la formule U=U contribue également à lutter contre la stigmatisation à laquelle les personnes séropositives peuvent être confrontées dans les établissements de santé et dans la société au sens large.

U=U est une action prioritaire de la Stratégie nationale pour mettre fin au sida 2017 – 2030 de la Thaïlande. Cette approche a déjà été testée dans la capitale, Bangkok. Un programme pour commencer le traitement directement le jour de l’annonce de la séropositivité a permis à plus de 95 % des personnes sous traitement de voir leur charge virale supprimée après seulement six mois de thérapie antirétrovirale. Cette initiative nationale réunit l’Institut thaïlandais pour la recherche et l’innovation en matière de VIH (IHRI), les ministères de la Santé publique, de l’Éducation et du Travail, l’Office national de sécurité sanitaire et la Sous-commission pour la promotion et la protection des droits liés au sida, avec le soutien de l’ONUSIDA.

Dans son ensemble, la riposte au VIH en Thaïlande enregistre de bons résultats, avec environ 94 % des personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur état sérologique, 91 % des personnes diagnostiquées sous traitement et 97 % des personnes sous traitement ayant une charge virale indétectable. Mais malgré ces progrès, des barrières demeurent à cause de la stigmatisation. Les diagnostics tardifs sont encore trop nombreux et certaines personnes ont peur d’accéder aux services anti-VIH. Pour augmenter le recours aux services anti-VIH et atteindre U=U pour toutes les personnes séropositives, il est essentiel que le système de santé prenne en charge chaque personne dans le respect et la dignité.

La directrice exécutive de l’IHRI, Dr Nittaya Phanuphak, a souligné qu’il est essentiel de connaître son statut sérologique pour ensuite accéder à un traitement antirétroviral.

« Les personnes exposées au risque de contracter le VIH et les personnes vivant avec le VIH de tous les groupes en Thaïlande doivent avoir un accès égal et pratique au dépistage du VIH et, en cas de séropositivité avérée, au traitement antirétroviral dès que possible, ce qui conduira à U=U », a déclaré le vice-ministre de la Santé publique, Dr Sopon Makthon.

L’initiative thaïlandaise U=U adopte une démarche dirigée par les communautés qui permet aux personnes vivant avec le VIH d’aider les personnes nouvellement diagnostiquées à commencer un traitement antirétroviral et à le respecter. « Le leadership communautaire est essentiel pour communiquer efficacement sur U=U », a déclaré la directrice pays de l’ONUSIDA pour la Thaïlande, Patchara Benjarattanaporn. « Il contribuera à lutter contre la stigmatisation et l’autostigmatisation, et à encourager les bons comportements en matière d’accès à la santé. »

Apiwath Kwangkaew, président du Réseau thaïlandais de lutte contre le VIH/sida, a appelé l’ensemble du personnel de santé à relayer le message U=U : « Le personnel médical d’aujourd’hui doit pouvoir expliquer clairement la formule U=U pour sensibiliser la société. Les services de santé doivent faire preuve de courage et se faire entendre. Un changement de mentalité entraînera un changement plus large », a déclaré M. Kwangkaew.

« L’ONUSIDA salue la meilleure communication du message U=U. Cette formule est essentielle pour atteindre l’objectif de zéro nouvelle contamination au VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida », a conclu le directeur régional de l’ONUSIDA, Taoufik Bakkali.

Mplus en Thaïlande : des services anti-VIH qui ont du style

13 décembre 2022

« Je ne risque pas de rencontrer ma mère ici ! », s’est exclamé un visiteur étonné.

Des bannières aux brochures, tous les supports donnent envie de les lire et débordent de joie de vivre. Les visages souriants et les torses musculeux sont omniprésents. Le violet se retrouve dans tout le bâtiment. Même les dossiers et les masques que porte le personnel sont dans cette couleur. Deux modérateurs sur Facebook Live ont le style et l’énergie de stars de la K-pop. Et le slogan de l’organisation est résolument optimiste : « Là où la communauté fait votre bonheur ».

En près de vingt ans, la Mplus Foundation a peaufiné son style unique pour fournir des services anti-VIH complets aux populations clés, y compris aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et aux femmes transgenres.

Sa méthode va bien au-delà d’une identité de marque cool. Mplus s’est appuyée sur des partenariats nationaux et internationaux pour créer un service de santé axé sur les populations clés qui enregistre des résultats impressionnants. L’organisation distribue plus de la moitié de la PPrE dans la province thaïlandaise de Chiang Mai.

Cette année, elle a fait un dépistage pour 95 % des quelque 8 000 personnes qu’elle a rencontrées avec ses services en direct. Parmi les personnes testées positives, 91 % reçoivent maintenant une thérapie alors que le dossier des 9 % restants est en cours de traitement. Et 100 % des tests de charge virale de leur patientèle ont indiqué une charge virale indétectable.   

« Les organisations communautaires sont les mieux à même d’inviter les populations clés à avoir accès aux services. Nous constatons que les personnes qui ne veulent pas se faire dépister à l’hôpital sont à l’aise avec les gens qui ont vécu ce qu’elles vivent », explique le directeur de la Fondation Mplus, Pongpeera Patpeerapong.   

Depuis sa création en 2003, Mplus a évolué pour fournir une gamme complète de services. Elle dispose désormais de centres de santé dans quatre provinces, tandis que leurs unités de test mobiles vont sur le terrain dans cinq autres districts. Son personnel soutient un hôpital local dans chaque province pour relier les personnes aux soins et les aider à respecter leur traitement. Mplus fournit des tests rapides, une surveillance de la charge virale et de CD4, et est également autorisée à délivrer des médicaments. Une petite flotte de motos livre même la PPrE à des bénéficiaires vivant dans des zones reculées.

Les actions sur Internet et hors ligne de Mplus sont toutes ancrées dans une stratégie dirigée par des pairs. Sa présence sur les réseaux sociaux est impressionnante, que ce soit sur Twitter ou Tik Tok. Elle possède des groupes Facebook fermés et des applications spéciales pour que les personnes puissent se connecter à la communauté. Hors ligne, elle ne propose pas que des stands d’information, mais organise des soirées et des rencontres sportives. Il ne s’agit pas seulement de mesures pour créer des liens. Les personnes prennent rendez-vous en ligne et les interactions en face à face donnent souvent lieu à un dépistage.

Mplus fournit également une assistance technique à d’autres pays. Elle soutient une organisation au Laos en intervenant sur Internet et aide des groupes communautaires au Cambodge à développer des campagnes de promotion de la PPrE.

Elle a joué un rôle clé dans la lutte au niveau national en faveur de l’accréditation du personnel de santé communautaire. Toute l’équipe de Mplus est certifiée par le Département de contrôle des maladies à la suite d’un cursus rigoureux mêlant connaissances théoriques et pratiques à des évaluations.

Le programme continue de progresser.  Mplus renforce son offre de soutien psychologique et émotionnel en matière de santé et s’efforce d’obtenir la certification pour fournir un traitement contre le VIH et les infections sexuellement transmissibles (IST).

Alors que, par le passé, le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida finançait plus lourdement le programme par l’intermédiaire de l’United States Agency for International Development, la moitié de ses investissements proviennent aujourd’hui d’entités de l’Office national de sécurité sanitaire.

« Le financement national est très important pour développer nos systèmes », a déclaré M. Patpeerapong. « Les organisations communautaires doivent pouvoir accéder à des fonds nationaux pour s’attaquer à plus de problèmes, comme la stigmatisation et la discrimination. »

L’autonomisation des services de santé dirigés par les populations clés joue un rôle crucial pour que les programmes de lutte contre le VIH enregistrent de meilleurs résultats en Thaïlande. Dans le pays, une personne séropositive sur cinq a été identifiée et orientée par un service de santé dirigé par une population clé dans le cadre du programme de financement de la santé nationale. Quatre personnes sur cinq prenant une PPrE sont prises en charge par des organisations communautaires. Ces services jouent un rôle essentiel dans la stratégie thaïlandaise « Reach, Recruit, Test, Treat, Prevent, Retain » (Atteindre, Rencontrer, Dépister, Soigner, Prévenir, Fidéliser).

« La Thaïlande est bien positionnée pour montrer comment satisfaire les besoins d’une riposte durable dirigée par les communautés dans le cadre de l’infrastructure sanitaire », a déclaré la directrice pays de l’ONUSIDA pour la Thaïlande, Patchara Benjarattanaporn. « En créant un système favorisant les services de santé de proximité, nous pouvons lutter contre le diagnostic tardif et offrir de meilleurs services aux populations clés. »

La Thaïlande intègre les services anti-VIH dans sa politique de couverture sanitaire universelle et augmente les investissements dans les services de santé dirigés par les populations clés et les communautés. Les membres du Conseil de coordination du Programme de l’ONUSIDA (CCP) ont visité Mplus et d’autres services de santé dirigés par les communautés en amont de la 51e réunion du CCP organisée à Chiang Mai en Thaïlande.

Cette semaine, la Thaïlande accueille une rencontre mondiale sur le VIH centrée sur le leadership de la riposte au sida

11 décembre 2022

BANGKOK, le 11 décembre 2022—La 51e réunion du Conseil de coordination du Programme de l’ONUSIDA (CCP) se tient du 13 au 16 décembre à Chiang Mai en Thaïlande. La rencontre est organisée par le gouvernement thaïlandais qui assume la présidence du CCP en 2022. C’est la première fois en 14 ans que le conseil ne se réunit pas à Genève en Suisse, et c’est la deuxième fois qu’elle est organisée à Chiang Mai.

« Nous sommes reconnaissants à la Thaïlande pour son rôle de leader mondial dans la riposte au sida. Le pays a fait des progrès considérables pour mettre fin à son épidémie de VIH. Il montre bien à l’humanité qu’il est possible de transformer la volonté politique en action », a déclaré Taoufik Bakkali, directeur par intérim de l’équipe d’appui aux régions de l’ONUSIDA pour l’Asie et le Pacifique.

M. Bakkali a déclaré que l’organisation de cette rencontre en Thaïlande contribue à pérenniser la dynamique dans la région afin que l’Asie-Pacifique respecte les engagements pris par la communauté des nations dans la déclaration politique 2021 sur le VIH.

La réunion du Conseil de coordination du Programme de l’ONUSIDA adopte une approche inclusive. Des organisations de la société civile, y compris des associations de personnes vivant avec le VIH, seront présentes autour de la table avec les États membres et les organismes des Nations Unies. Les participants et participantes se rendront ensemble sur des programmes d’aide aux personnes touchées afin d’apprendre de ces initiatives. « Cette approche inclusive est essentielle pour assurer l’efficacité de la stratégie de l’ONUSIDA », a déclaré M. Bakkali. « Les gens scrutent de plus en plus les processus internationaux pour ce qui est du lieu, des personnes participantes et du lien entre les processus et les expériences des personnes les plus touchées. Cette rencontre a lieu dans un pays qui a tant de leçons à partager en puisant dans sa riposte au sida. »

Le Conseil de coordination du Programme de l’ONUSIDA supervise et donne une orientation stratégique au Programme commun des Nations Unies sur le VIH et le sida, qui à son tour guide et soutient la riposte au VIH dans le monde.

En 2008, la 22e réunion du CCP s’était également tenue à Chiang Mai sous l’égide de l’ancien ministre de la Santé publique, Chavarat Charnvirakul. La réunion à venir sera présidée par son fils, le vice-premier ministre et ministre de la Santé publique, Anutin Charnvirakul.

La riposte au VIH en Thaïlande

En 2021, 520 000 personnes environ vivaient avec le VIH dans le pays.

La Thaïlande a accompli des progrès considérables dans sa lutte contre le sida, en particulier en fournissant un dépistage et un traitement vitaux aux personnes séropositives. En 2016, elle a été le premier pays de la région à être reconnu comme ayant éliminé la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Elle a également intégré le Partenariat mondial pour l’élimination de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH.

Depuis 2010, les décès dus au sida ont diminué de près de deux tiers (65 %) tandis que les nouvelles infections ont chuté de 58 %. L’année dernière, on estime que 94 % des personnes vivant avec le VIH en Thaïlande connaissaient leur état sérologique. 91 % des personnes diagnostiquées étaient sous traitement et 97 % des personnes sous traitement ont une charge virale indétectable.

En amont du CCP, les participants et participantes découvriront de grandes réussites de la riposte au VIH en Thaïlande. Le pays a été un pionnier dans l’intégration des services anti-VIH dans le programme de couverture sanitaire universelle. Ce dernier est désormais un moyen de financer durablement la riposte au VIH en augmentant considérablement les investissements dans les services de santé dirigés par les populations clés et les communautés.

La Thaïlande s’est appuyée sur plusieurs bonnes pratiques pour mettre fin au sida, notamment en légalisant la vente libre de kits d’auto-dépistage du VIH, en élargissant le démarrage du traitement le jour même du diagnostic et en déployant un programme de prophylaxie pré-exposition (PPrE). (La PPrE est un médicament qu’une personne séronégative au VIH prend tous les jours pour éviter de contracter le virus.) Ces progrès ont été rendus possibles, car la Thaïlande a mis l’accent sur la santé publique et la lutte contre la stigmatisation et la discrimination.

« La Thaïlande est sur la bonne voie pour atteindre et dépasser les objectifs de 95 % de dépistage et de traitement pour 2025. Pour ce faire, elle doit arriver jusqu’à ceux et celles qui n’ont toujours pas accès aux services de prévention, de dépistage, de traitement et de soins anti-VIH », a déclaré la directrice nationale de l’ONUSIDA pour la Thaïlande, Patchara Benjarattanaporn. Et de souligner que l’une des principales priorités aujourd’hui pour la Thaïlande est de diagnostiquer les personnes plus tôt et de réduire davantage les nouvelles infections. L’année dernière, on estime que 6 500 personnes ont été contaminées dans le pays. Il est important de noter que la moitié des nouvelles infections touchent des jeunes âgés de 15 à 24 ans, principalement parmi les populations clés.

« La Thaïlande fournit d’excellents services anti-VIH. Malheureusement, trop de jeunes n’obtiennent pas les informations, les services et l’assistance de prévention nécessaires. Et certaines personnes vivant avec le VIH ne prennent conscience que tardivement de leur statut sérologique, alors que leur état est déjà avancé. Alors que nous travaillons pour atteindre les personnes laissées pour compte, nous devons lutter contre les inégalités dans l’accès à l’information, aux services et au soutien et continuer à innover et à élargir les approches efficaces dirigées par les communautés », a déclaré Mme Benjarattanaporn. « Grâce à des actions audacieuses pour lutter contre les inégalités, nous pouvons mettre fin au sida d’ici 2030. »

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

51e réunion, Conseil de coordination du Programme, 13-16 décembre 2022

L’ONUSIDA salue l’abrogation de la loi qui criminalisait les personnes LGBT à Singapour

22 août 2022

GENÈVE, le 22 août 2022—L’ONUSIDA salue l’annonce faite par Singapour d’abroger le paragraphe 377a du code pénal du pays qui criminalisait les relations sexuelles consenties entre hommes. Adoptée en 1938 alors que Singapour était une colonie britannique, cette loi punissait les rapports sexuels gays consentis d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à deux ans.

Dans son discours annuel qui abordait entre autres des mesures pour supprimer cette législation, le Premier ministre singapourien, Lee Hsien Loong, a déclaré que les rapports sexuels entre hommes consentants ne devaient pas être criminalisés et qu’il n’y avait aucune raison de poursuivre les gens pour ce motif ni d’en faire un crime. Il a déclaré que les personnes gays étaient des concitoyens à part entière et qu’elles désiraient vivre leur propre vie, participer à la communauté et apporter pleinement leur contribution à Singapour.

« La fin de la criminalisation des hommes gays est une excellente nouvelle, tant pour la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre à Singapour que pour le pays dans son ensemble », a déclaré le directeur régional de l’ONUSIDA pour l’Asie et le Pacifique, Taoufik Bakkali. « L’ONUSIDA salue cette décision. Elle représente une étape importante pour le respect des droits humains des personnes LGBT à Singapour et la création d’une société plus ouverte, tolérante et inclusive où les gens peuvent être eux-mêmes et aimer qui ils veulent sans craindre d’être emprisonnés. Ce changement vital sauvera des vies et profitera à tout le monde, et inspirera d’autres pays à en faire de même. D’autres pays devraient rejoindre le groupe croissant de nations qui mettent fin à la criminalisation. »

Les lois qui punissent les relations sexuelles consenties entre personnes du même sexe, ainsi que la violation des droits humains des personnes LGBT, constituent un obstacle majeur à l’amélioration des résultats en matière de santé, y compris dans la riposte au VIH. Une législation punitive favorise la stigmatisation et la discrimination à l’encontre des personnes LGBT, dissuade les personnes LGBT de demander des soins de santé par peur d’être dénoncées auprès des autorités et de faire face à des sanctions et à l’emprisonnement, et empêche les pays de mettre en place des politiques qui répondent correctement aux différentes formes que prennent les épidémies au sein de leurs populations.

Singapour rejoint une liste croissante de pays qui ont récemment décriminalisé les relations entre personnes du même sexe, notamment Antigua-et-Barbuda, le Botswana, le Bhoutan et l’Angola. Pour finir, la décision de Singapour fait baisser à moins de 70 pays à travers le monde ceux qui criminalisent encore les relations consentantes entre personnes du même sexe. La décriminalisation ne marque pas la fin de la lutte contre la stigmatisation et l’exclusion, mais elle représente un grand pas en avant.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

Contact

UNAIDS Geneva
Michael Hollingdale
tél. +41 79 500 2119
hollingdalem@unaids.org

Le VIH et les homosexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes

Indonésie : former le personnel de santé afin d'améliorer les services anti-VIH pour les jeunes populations clés

30 mars 2022

« Les jeunes d'ici n’ont pas un accès régulier aux services anti-VIH. Je veux vraiment inciter mes proches à se faire dépister, mais tout le monde a tellement peur. Les informations manquent, leur famille ne les soutient pas assez et mes proches ont peur de connaître leur statut », explique Andika Bayu Aji, un jeune originaire de Papouasie occidentale en Indonésie.

L’épidémie de VIH chez les jeunes en Asie et dans le Pacifique est négligée, même si environ un quart des nouvelles infections au VIH dans la région touchent les personnes âgées de 15 à 24 ans. La grande majorité des jeunes touchés par le VIH dans la région appartiennent aux populations vulnérables : personnes vivant avec le VIH, gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, personnes transgenres, travailleurs et travailleuses du sexe et consommateurs et consommatrices de drogues injectables.

Comme dans de nombreux pays de la région, les infections au VIH chez les jeunes en Indonésie, qui représentent près de la moitié des nouvelles infections, sont imputables à la stigmatisation et à la discrimination, à un manque d'éducation pour sensibiliser sur le VIH, à l’absence de services adaptés aux jeunes et à des tabous sociaux.

« Les jeunes sont bien trop souvent victimes de stigmatisation et de discrimination dans les environnements de santé. Le personnel de santé représente la première interface humaine. Si les services sont mauvais, les jeunes ne les utiliseront pas et diront aux autres jeunes de ne pas les utiliser. Ce qui nous limite, c'est que nous avons accès à quelques établissements seulement, parce que beaucoup, voire la plupart, ne sont pas adaptés aux jeunes », explique Sepi Maulana Ardiansyah, connu sous le nom de Davi et qui est coordinateur national d’Inti Muda, le réseau national des populations clés de jeunes en Indonésie.

Une étude récente menée par Inti Muda et l’Université de Padjaran a révélé une très faible propension chez les jeunes à accéder aux services dans des provinces comme la Papouasie occidentale, principalement en raison du manque de services adaptés à cette classe d'âge et du fait que le personnel de santé comprend mal les problèmes des populations clés. Les jeunes rencontrent souvent des difficultés d’accès aux services en raison de l’éloignement des cliniques et des hôpitaux, ainsi que des obstacles tels que l’âge minimum autorisé pour faire un dépistage.

La stigmatisation et la discrimination, en particulier la discrimination de la part des prestataires de soins de santé, découragent de nombreuses populations clés de jeunes à accéder aux services anti-VIH. Les principales problématiques concernent des préoccupations relatives à la vie privée et à la confidentialité. Parmi les autres obstacles, le rapport indique que les heures d’ouverture des cliniques publiques sont souvent inadaptées au quotidien des personnes, et que le personnel de santé peut porter un jugement dans ses suppositions et à travers son comportement, en particulier sur les questions liées à l’orientation sexuelle, à l’identité de genre et à la santé mentale.

Entre le 14 et le 18 mars, Inti Muda, avec le soutien technique de Youth LEAD et de l’ONUSIDA, a organisé une formation de sensibilisation destinée au personnel de santé de deux villes, à Sentani et Jayapura, dans la région de la Papouasie occidentale. Plus de 50 personnes y ont participé. Quelques jours avant la formation, Inti Muda a organisé un festival qui a rassemblé plus de 80 jeunes. Cette manifestation s'inscrivait dans une volonté d'impliquer les jeunes dans la riposte au VIH et de générer une dynamique pour demander accès aux services anti-VIH.

« Avant cette formation, je ne connaissais pas les différents besoins des populations clés, ce qui entrave notre capacité à les toucher. Nous avons découvert des techniques importantes pour atteindre les jeunes, comme fournir des consultations adaptées, être sur Internet et les encourager à se faire dépister », résume Kristanti du District Health Office de Jayapura.

« J’ai appris que les jeunes ont des besoins variés. La formation nous permettra d’améliorer nos services pour qu’ils soient adaptés aux jeunes, ce qui est désormais notre priorité », ajoute Hilda Rumboy, sage-femme responsable du Département des services anti-VIH au Centre de santé primaire de Waibhu.

La formation et le festival ont été soutenus par le ministère australien des Affaires étrangères et du Commerce (DFAT). L’investissement récent de 9,65 millions de dollars australiens réservé par le gouvernement australien à partir de la sixième reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial), y compris le financement du DFAT de 2 millions de dollars australiens précédemment promis à l’ONUSIDA, vise à réduire le nombre annuel de nouvelles infections au VIH parmi les populations clés au Cambodge, en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et aux Philippines.

« Pour mettre un terme à l’épidémie de sida, il est essentiel de s'assurer que les jeunes et les groupes vulnérables aient accès à des informations précises et digestes sur la manière de se protéger du VIH, et que les équipements de dépistage soient bon marché et accessibles. C'est avec fierté que nous travaillons aux côtés des communautés locales et de l’ONUSIDA pour augmenter la disponibilité des informations sur le VIH, améliorer la portée et la qualité des services médicaux et encourager les jeunes et les groupes vulnérables à se faire dépister », a déclaré Simon Ernst, conseiller ministériel par intérim dans le domaine de la Gouvernance et du Développement humain auprès de l’Ambassade d’Australie en Indonésie.

La formation repose sur le manuel élaboré par Youth LEAD en 2021. Ce guide a bénéficié du soutien financier du Fonds mondial par le biais du Programme de développement durable des services anti-VIH pour les populations clés en Asie, ainsi que de l'assistance de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Asie et le Pacifique. Dans le cadre de la subvention DFAT octroyée pour les deux prochaines années, Youth LEAD étendra la formation à deux autres pays, le Cambodge et les Philippines, en soutenant des réseaux dirigés par des jeunes dans ces pays afin de proposer cette formation.

« Les jeunes rencontrent encore de nombreux défis qui les empêchent d’accéder aux soins de santé vitaux dont ils ont besoin. Le Bureau pays de l’ONUSIDA pour l’Indonésie travaille en étroite collaboration avec l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions et le DFAT pour veiller à ce que les réseaux dirigés par des jeunes aient la possibilité et les capacités de leadership pour prendre le contrôle de la riposte au VIH et s’impliquer directement dans la création d’espaces sans danger où les jeunes peuvent accéder aux services anti-VIH sans stigmatisation ni discrimination », a déclaré Krittayawan Boonto, directrice pays de l’ONUSIDA pour l’Indonésie.

Notre action

Jeunes

 

Populations clés

 

« Mon but dans la vie est de mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination, et cela commence par I = I » : témoignage d’un militant anti-VIH en Thaïlande

01 mars 2022

C’était une journée comme les autres à Bangkok, en Thaïlande. Pete allait au travail et menait une vie assez normale. Il gérait avec sa sœur l’entreprise familiale d’import-export de légumes frais avec des pays voisins d’Asie du Sud-Est. Il était heureux et avait une relation sérieuse depuis longtemps avec son petit ami. Tout semblait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ce jour-là, son partenaire et lui décident de faire un dépistage du VIH. Cette décision va brusquement bouleverser sa vie.

« J’ai découvert mon statut sérologique vis-à-vis du VIH en 2016 et peu après, j’ai quitté mon entreprise parce que je ne savais pas s’il allait me rester encore longtemps à vivre. Sans conseils ni assistance psychologique, j’avais beaucoup d’idées fausses sur le VIH et j’ai commencé à déprimer », explique-t-il.

« Je m’en voulais d’avoir contracté le VIH et je n’arrivais pas accepter cette idée. Je suis tombé dans la drogue, le chemsex [rapports sexuels accompagnés de consommation de drogues, ndt], j’ai rompu avec mon partenaire et j’ai fait plusieurs tentatives de suicide », poursuit-il. « Mais après avoir reçu le soutien d’organisations locales de personnes vivant avec le VIH, j’ai décidé de reprendre le contrôle de ma vie. J’ai commencé à parler ouvertement du VIH pour aider d’autres jeunes à vivre avec un statut sérologique positif. Même si je n’avais jamais prévu de faire cela, je savais que je devais le faire. C’est ainsi que je suis devenu militant de la cause du VIH », continue-t-il.

Aujourd’hui, Pete (dont le pseudonyme Pete Living with HIV est célèbre sur Internet) est un militant anti-VIH bien connu en Thaïlande. Il a fait beaucoup de chemin depuis son diagnostic. Il a passé ces dernières années à bâtir une communauté en ligne destinée aux personnes séropositives. Dans cet espace sécurisé, les internautes peuvent se connecter et partager librement leurs histoires et leurs expériences dans un environnement ouvert où la stigmatisation et la discrimination n’ont pas leur place. Son groupe Facebook, qui, pour des raisons évidentes, a des règles d’adhésion strictes, compte plus de 1 300 membres.

« J’ai créé cet espace parce que je n’avais pas d’endroit pour raconter mon histoire. Je voulais créer une plateforme où les personnes vivant avec le VIH peuvent être fières d’elles-mêmes et se rappeler qu’elles ne sont pas seules. Personne ne mérite d’être stigmatisé, harcelé, déshumanisé ou méprisé. Tout le monde mérite d’être aimé, respecté et accepté », explique-t-il.

En 2019, le pays a présenté le partenariat thaïlandais pour éradiquer la discrimination. Ce programme appelle le gouvernement et la société civile à intensifier leur collaboration sur la stigmatisation et la discrimination dans les environnements de santé et au-delà, y compris sur le lieu de travail, dans les systèmes éducatif, législatif et judiciaire. L’ONUSIDA a été impliquée dès les prémices de cette initiative. L’organisation a apporté une assistance technique pour élaborer une stratégie zéro discrimination et un plan quinquennal d’action, un plan de suivi et d’évaluation, mais aussi sa mise en œuvre grâce aux efforts communs du gouvernement et de la société civile.

Pete pense que cette initiative est un élément essentiel pour mettre fin à l’épidémie de sida, car la stigmatisation et la discrimination restent le principal obstacle aux services anti-VIH. « Bien que je remarque un net recul au fil des ans, je suis encore la cible de stigmatisation et de discrimination lorsque je me rends à des visites de contrôle pour les infections sexuellement transmissibles. Le personnel infirmier et les médecins continuent de me juger », indique-t-il.

Pete est également devenu un militant passionné et s’exprime sur l’importance de la stratégie I = I (indétectable = intransmissible) lors de conférences et de forums internationaux. « I = I a changé ma vie. Je lutte et je promeus sans cesse la stratégie I = I, car ses messages ont le pouvoir de changer la vie des personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus. Mais, plus important encore, cela peut changer le comportement de la société et lutter contre la stigmatisation et la discrimination », poursuit-il.

Avec I = I, le traitement du VIH a transformé le paysage de la prévention du VIH. Le message est clair et change la vie : les personnes vivant avec le VIH qui suivent une thérapie antivirale et ont une charge virale indétectable ne peuvent pas transmettre le VIH à leur partenaire. Savoir qu’elles ne peuvent plus transmettre le VIH lors de rapports sexuels peut redonner confiance aux personnes séropositives et la réelle volonté de reprendre le contrôle de leur relation avec leur partenaire du moment ou à venir.

Pete a lancé en 2020 une campagne axée sur I = I et la sensibilisation à la santé mentale. « Grâce à mes publications sur les réseaux sociaux, je sensibilise à l'importance d’écouter et de respecter les gens et leurs expériences. I = I est la clé pour aider les personnes vivant avec le VIH à surmonter l’autostigmatisation et les sentiments négatifs comme la honte, qui les empêchent d’accéder à un traitement ou de le suivre durablement. La stratégie I = I est une source d’encouragements, qui rappelle aux personnes vivant avec le VIH qu’elles peuvent être fières d’elles », conclut-il.

Pete renforce aujourd’hui ses partenariats avec des acteurs et des alliés nationaux de la riposte au VIH afin de veiller à ce que les messages liés à I = I, à la prévention du VIH et à l’éradication de la discrimination soient relayés et atteignent différents publics. Il représente également un groupe de travail multisectoriel chargé de concevoir et de mettre en œuvre l’Indice de stigmatisation des personnes vivant avec le VIH en Thaïlande, une enquête qui sera menée cette année. Il a apporté son soutien aux Nations Unies en Thaïlande dans diverses campagnes, notamment la campagne Everybody Deserves Love Valentine’s Day et la campagne Zéro discrimination, dans laquelle il implique des jeunes originaires de toute la Thaïlande.

Journée zéro discrimination 2022

L’ONUSIDA salue la décision de la Nouvelle-Zélande de lever les restrictions de déplacement pour les personnes vivant avec le VIH

25 octobre 2021

GENÈVE, le 25 octobre 2021 - L’ONUSIDA salue la décision néo-zélandaise de supprimer toutes les restrictions de déplacement imposées aux personnes vivant avec le VIH. La décision prise récemment par Immigration New Zealand de rayer le VIH de la liste des pathologies jugées susceptibles d’engendrer des coûts ou des recours considérables aux services de santé néo-zélandais signifie que l’interdiction générale faite aux personnes vivant avec le VIH d’obtenir un permis de séjour est officiellement levée. 

« Je félicite la Nouvelle-Zélande pour cette étape importante et j’espère qu’elle encouragera d’autres pays à lever toutes les restrictions de déplacement et autres politiques discriminatoires à l’encontre des personnes vivant avec le VIH », a déclaré Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA.

Les réglementations, les lois et les pratiques qui entravent les mouvements des personnes vivant avec le VIH sont discriminatoires et limitent fréquemment leur possibilité de voyager, de travailler et d’étudier à l’étranger. L’ONUSIDA défend le droit à la liberté de mouvement et à la non-discrimination pour mettre fin aux inégalités auxquelles sont confrontées les personnes vivant avec le VIH. Il n’existe aucune preuve que les restrictions d’entrée, de séjour ou de résidence appliquées aux personnes vivant avec le VIH protègent la santé publique.

Avec la levée des restrictions en Nouvelle-Zélande, l’ONUSIDA recense 46 pays, territoires et zones qui continuent d’imposer une forme de restriction sur l’entrée, le séjour et la résidence des personnes vivant avec le VIH du fait de leur statut sérologique.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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UNAIDS Geneva
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Bloqué au Népal sans antirétroviraux

15 mars 2021

Wang Tang (nous avons changé son nom) n’avait jamais été au Népal de sa vie, mais, fin mars 2020, c’était l’un des rares pays à n’avoir pas fermé ses frontières avec la Chine. Brûlant de quitter Beijing après être resté cloîtré chez lui pendant des mois à cause de l’épidémie de coronavirus qui se propageait à travers toute la Chine, il a acheté un billet d’avion.

Mais quelques jours après son arrivée, alors qu’il se trouvait à Pokhara, la quatrième étape de son voyage, les autorités locales ont annoncé la mise en quarantaine de la ville. À ce moment-là, Wang Tang entendait dire que le confinement allait durer un mois tout au plus.

Séropositif, il avait dans ses bagages suffisamment d’antirétroviraux pour cette période. Toutefois, il a appris peu après que la réouverture de la ville allait être repoussée. Pour lui, cela signifiait que ses réserves de médicaments à prendre régulièrement pour rendre indétectable sa charge virale et rester en bonne santé n’allaient peut-être pas suffire.

M. Wang a eu des sueurs froides en comptant ses derniers comprimés. Il n’avait aucune idée d'où s’en procurer de nouveaux.

Le confinement s'installait, donnant l’impression de s’éterniser. M. Wang a alors commencé à prendre ses médicaments un jour sur deux afin de les faire durer.

Il a contacté ses amis en Chine en espérant qu’ils pourraient envoyer des médicaments au Népal, mais en vain. Le pays était confiné, rien ne passait la frontière.

M. Wang a ensuite appelé son ami Mu-Mu, responsable de Beijing Red Pomegranate, une organisation non gouvernementale fournissant bénévolement des services aux personnes vivant avec le VIH. Par son biais, M. Wang avait découvert comment obtenir un traitement du VIH après avoir été diagnostiqué positif. Au fur et à mesure des années, Mu-Mu avait su gagner la confiance de son ami. Il a alors contacté le bureau pays de l’ONUSIDA pour la Chine afin de savoir s’il était possible de fournir des médicaments à M. Wang. Un membre du personnel de l’ONUSIDA s’est empressé d'avertir le bureau au Népal.

Tout est allé tellement vite que M. Wang a été surpris de recevoir un message de Priti Acharya, qui travaille pour AHF Nepal. Elle avait été informée de la situation par le bureau local de l’ONUSIDA et lui annonçait qu’elle s’occupait de lui livrer ses médicaments.

Le lendemain, Mme Acharya a fait 15 km en moto sur des routes poussiéreuses afin d’atteindre le point de rendez-vous avec M. Wang. Alors qu’il descendait de la montagne pour la rejoindre, Mme Acharya, en sueur, l’attendait sous le soleil de midi.

« J’étais tellement heureux et reconnaissant de son engagement. Elle m’a répondu avec un de ces sourires rayonnants typiquement népalais et m’a indiqué clairement la posologie du médicament », se souvient M. Wang.

Après avoir pris une photo ensemble, M. Wang a regardé Mme Acharya s’éloigner en moto. Il se souviendra toujours de sa silhouette disparaissant au loin. Pour ce rendez-vous de cinq minutes, Mme Acharya avait fait plus de 30 km aller-retour.

« Pendant quinze jours environ, j’ai souffert et j’avais peur presque tous les jours à cause du manque de médicaments et de la solitude, car j’étais seul à l’étranger. Je ne pouvais pas croire d’avoir reçu mes antirétroviraux en un temps record », continue M. Wang. Après son périple, il a écrit à Mme Acharya pour la remercier. Il lui a expliqué l’importance des médicaments qu’elle lui avait apportés : « ils m’ont sauvé la vie. »

À la fin de son séjour au Népal, M. Wang a voulu faire un geste en faveur de l’ONUSIDA. Photographe expérimenté, il a proposé une séance photo gratuite au bureau népalais de l’ONUSIDA.

Il a choisi comme modèle Gopal Shrestha, ancien footballeur, représentant d’une association de lutte contre le VIH au Népal et première personne vivant avec le VIH à avoir atteint le sommet du mont Everest. Après avoir découvert sa séropositivité en 1994, M. Shrestha a lancé la Step-Up Campaign et a passé plusieurs années à gravir des montagnes dans le monde entier avec l’ambition d’insuffler de la force et du courage aux personnes vivant avec le VIH.

En 2019, M. Shrestha a atteint le plus haut sommet du monde, le mont Everest, ce qui a marqué une étape historique pour les personnes séropositives. « Si 28 000 personnes ont déjà réussi l’ascension du mont Everest, pourquoi pas moi ? », a-t-il indiqué. « En gravissant le toit du monde, je voulais montrer que nous sommes toutes et tous pareils et qu'ensemble nous pouvons faire une différence. »

« Dès que je l’ai vu, j’ai su que c’était un homme distingué », a expliqué M. Wang. Sans avoir besoin d’instructions, M. Shrestha a pris naturellement la pose devant l’objectif. Il rayonnait de confiance en soi et de charme. Ses yeux, satisfaits et clairs, renvoyaient la beauté de la nature. « Les yeux sont vraiment le miroir de l’âme », a déclaré M. Wang.

M. Wang est impatient de revenir au Népal. Après la pandémie, les rives du lac qui bordent la ville de Pokhara déborderont de touristes et M. Wang est désireux de voir la ville à nouveau bourdonner de vie.

Notre action

COVID-19 et VIH

Bangladesh et Myanmar : dresser un état des lieux des vulnérabilités pour aider les travailleuses du sexe

12 janvier 2021

Lily est accueillie par de grands sourires à sa première étape de la journée : une des 11 maisons closes éparpillées aux quatre coins du pays que la présidente du Bangladesh Sex Worker Network visite tous les trimestres afin de faire le point avec les femmes et d’entendre leurs besoins. Même si ses visites ont été limitées ces derniers mois à cause des restrictions de mouvement en place pour lutter contre la propagation de la COVID-19, Lily sait très bien que ses consœurs font contre mauvaise fortune bon cœur et que ces sourires masquent des situations difficiles.

« Pour moi, les travailleuses du sexe sont comme des sœurs. Je partage leurs joies et leurs peines, et je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour trouver une solution à leurs problèmes », explique Lily. Au cours de la pandémie de COVID-19, Lily et 29 organisations communautaires œuvrant pour les travailleuses du sexe dans le pays ont lutté pour répondre aux appels à l’aide toujours plus nombreux. En mars, le gouvernement a proclamé la restriction de déplacement sur tout le territoire. Les travailleuses du sexe se sont alors trouvées sans client ni revenus et dans l’incapacité de subvenir à leurs besoins ou à ceux de leur famille.

« Les enfants des travailleuses du sexe ont souffert de la crise du COVID, car leurs mères n’arrivaient plus à les nourrir. En apprenant cela, nous [le Bangladesh Sex Worker Network] avons demandé de l’aide à de nombreuses organisations et au secteur privé », se souvient Lily. Les fonds récoltés suite à cet appel ont permis au réseau d’aider 2 100 travailleuses du sexe dans tout le pays. L’assistance apportée par la communauté au Bangladesh n’est pas restée inaperçue à l’étranger. Fin novembre, la BBC a salué les efforts d’une ancienne travailleuse du sexe, Rina Akter, et de son équipe de volontaires qui ont servi 400 repas par semaine à des travailleuses du sexe dans le besoin.

« Seule une minorité des travailleuses du sexe avaient de l’argent de côté, mais la plupart n’avaient rien pour survivre », explique Rahat Ara Nur, fonctionnaire technique pour le Fonds des Nations Unies pour la population au Bangladesh. « Par le biais du Fonds des Nations Unies pour la population, nous avons fourni du matériel de prévention contre la COVID-19, comme des masques et des produits pour se laver les mains, à des travailleuses du sexe. Par ailleurs, nous avons produit des messages du service public diffusés sur une radio communautaire afin de garantir que les mesures de précaution atteignent ses membres. »

Avec la fermeture des lieux de loisirs, la catégorie d’établissements à laquelle appartiennent aussi les maisons closes, certaines travailleuses du sexe ont commencé à exercer leur profession dans la rue ce qui les expose à la violence, aux rapports sexuels non protégés et aux clients ne payant pas ou peu.

Bangladesh, octobre 2019. Photo : FNUAP Bangladesh/Naymuzzaman Prince

Les travailleuses du sexe indiquent également être plus vulnérables à la violence basée sur le genre. En outre, l’absence de revenus est source de conflits et des réseaux de travailleuses du sexe signalent que des membres ont été victimes d’abus de la part de leur époux, partenaire et propriétaire de l’établissement où elles travaillent.

Certaines travailleuses du sexe se sont retrouvées sans abri suite à la fermeture des maisons closes ou ont été jetées à la rue, car elles ne pouvaient plus payer leur loyer. Les travailleuses du sexe sont nombreuses à dire qu’elles ne peuvent pas trouver d’autre emploi à cause de la stigmatisation et la discrimination. Les programmes de santé de proximité qui apportaient des services de santé sexuelle et reproductive dans les maisons closes, y compris le dépistage et la prévention du VIH, ont été à l’arrêt à cause des restrictions de déplacement.

Toutefois, cette situation n’est pas propre au Bangladesh. Dans toute la région Asie-Pacifique, des réseaux nationaux et régionaux de travailleurs et travailleuses du sexe signalent que l’épidémie de COVID-19 renforce les inégalités rencontrées par leurs membres souvent inéligibles aux services de protection sociale ou non bénéficiaires.

« Aucune aide gouvernementale n’est fournie spécifiquement aux travailleurs et travailleuses du sexe. Des aides existent pour la population générale, en particulier pour les personnes à faible revenu, mais les travailleuses du sexe ne sont pas éligibles à ces programmes de protection sociale, car cette population évolue dans l’économie informelle », explique Hnin Hnin Yu, présidente de Sex Workers in Myanmar (SWiM), un groupe non gouvernemental militant pour les droits des travailleuses du sexe.

À cela vient s’ajouter que de nombreuses travailleuses du sexe sont issues de migrations (internationales ou internes) et n’ont pas les justificatifs nécessaires ou une résidence officielle pour bénéficier des aides gouvernementales. Les critères d’éligibilité aux aides sociales (justification des revenus, justificatif de résidence, pièce d’identité nationale, cotisation à des programmes de protection sociale en place et déclaration d’impôts) sont autant de raisons pour exclure les travailleuses du sexe de l’aide gouvernementale. Une enquête en ligne menée auprès de travailleuses du sexe dans tout le pays et organisée par l’ONUSIDA et SWiM a révélé qu’aucune d’entre elles n’a reçu d’aide sociale, mis à part des fonds limités fournis par des organisations humanitaires.

« Lorsque l’aide spéciale COVID-19 du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a été débloquée, les fonds destinés aux personnes vivant avec le VIH ont pris en compte une aide alimentaire en faveur des travailleurs et travailleuses du sexe les plus vulnérables », indique M. Myo, conseiller de soutien aux communautés pour l’ONUSIDA au Myanmar. « Nous avons toutefois conscience que cette solution ponctuelle n’a bénéficié qu’à une portion infime de la population vulnérable et que nous avons besoin d’un système plus pérenne, comme une protection sociale, à destination des travailleurs et travailleuses du sexe. »

Dans ce contexte, réfléchir aux aides qui leur seraient destinées est devenu une priorité. Consciente du manque d’informations concernant la protection sociale des travailleurs et travailleuses du sexe, l’ONUSIDA en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la population et le Programme alimentaire mondial envisage de mener une évaluation des besoins et de dresser un état des lieux de leurs vulnérabilités pendant la pandémie de COVID-19. Les informations livrées par cette campagne permettront d’apporter une base à l’élaboration de programmes d’aide à la subsistance, de sécurité alimentaire, d’amélioration de l’accès à la thérapie antirétrovirale, de services de santé sexuelle et reproductive, ainsi que de prévention et de riposte à la violence basée sur le genre.

Apprenant que les agences des Nations Unies allaient combiner leurs efforts pour coordonner l’élaboration d’un état des lieux des vulnérabilités et collaborer avec les réseaux de travailleurs et travailleuses du sexe, Mme Nur s’est montrée enchantée par le potentiel que pourrait receler cet outil. Il permettrait non seulement d’identifier les difficultés rencontrées par les travailleuses du sexe au cours de la pandémie de COVID-19, mais aussi d’optimiser le travail de mobilisation des ressources en faveur de programmes et de lutter contre des injustices existant avant la pandémie de COVID-19.

Hnin Hnin Yu cite ici la discrimination et les abus de la police au titre de violations endémiques des droits des travailleuses du sexe. Au cours de l’épidémie de COVID-19, les communautés ont signalé une recrudescence de la surveillance, d’abus, y compris de cas de violence physique et de racket de la part de la police. Face à cette situation, le SWiM et des membres de la communauté fournissent une assistance juridique aux travailleuses du sexe qui ont été arrêtées afin de les informer de leurs droits.

Malgré les nombreuses difficultés rencontrées par les réseaux de travailleuses du sexe et leurs membres, toutes et tous ont fait de leur mieux pour s’entraider, ce qui est une source d’inspiration pour quiconque collabore étroitement avec ces organisations. Il reste à espérer que les données recueillies au cours de l’état des lieux apporteront non seulement les preuves nécessaires pour militer en faveur d’un élargissement de la couverture des services de protection sociale et d’aide humanitaire aux travailleurs et travailleuses du sexe, mais permettront également de renforcer les programmes communautaires.

Infographic: Sex workers have rights

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