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L'ONUSIDA salue le vote du parlement du Bhoutan qui met un terme aux lois criminalisant et discriminant la population LGBT
14 décembre 2020 14 décembre 2020GENÈVE, le 14 décembre 2020—L'ONUSIDA félicite le parlement du Bhoutan suite à son vote en faveur de la suppression des paragraphes 213 et 214 du Code pénal du pays. En criminalisant certains actes sexuels privés, ces dispositions favorisaient en effet la discrimination et la marginalisation envers les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT). Le parlement du pays a voté cette abrogation le 10 décembre, pour la Journée internationale des droits de l'homme.
« Je félicite les membres du parlement du Bhoutan pour leur vote en faveur d'une société plus compréhensive, tolérante et inclusive et pour avoir reconnu que la population LGBT du pays a droit au respect en général et de la vie privée en particulier, et à la dignité », a déclaré Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l'ONUSIDA. « Cette mesure prise lors de la Journée internationale des droits de l'homme permettra aussi d'aider à garantir que les personnes LGBT au Bhoutan reçoivent les services essentiels dont elles ont besoin, y compris un traitement, ainsi que des services de prévention et de soins pour le VIH »
Le Bhoutan est devenu le dernier pays en date à décriminaliser les relations sexuelles consenties entre personnes du même sexe. Depuis 2014, l'Angola, le Botswana, le Gabon, l'Inde, le Mozambique, Nauru, Palau, les Seychelles et Trinidad et Tobago ont pris des mesures similaires. Néanmoins, dans le monde, 68 pays et territoires au moins pénalisent toujours les relations sexuelles consenties entre personnes du même sexe.
La criminalisation de ce type de rapports sexuels empêche les personnes d'avoir accès à la prévention du VIH, aux tests et aux traitements ainsi que d'y avoir recours, ce qui augmente leur risque d’infection au VIH. Elle encourage par ailleurs la stigmatisation, la discrimination et les violences à l'encontre de la communauté LGBT.
Dans le monde, le risque d'infection au VIH est 26 fois plus élevé parmi les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes que parmi la population générale. Il est également 13 fois plus important pour les personnes transgenres. Un cadre juridique et légal prohibitif et un manque de services adaptés aux populations clés augmentent leur vulnérabilité face au VIH. L'ONUSIDA enjoint les pays à garantir le respect total des droits de l'homme pour toutes les personnes indépendamment de leur orientation sexuelle. Cela passe par l'abrogation des lois qui interdisent les relations sexuelles en privé entre adultes consentants, l'adoption de lois les protégeant contre la violence et les discriminations, la lutte contre l'homophobie et la transphobie, ainsi que la mise à disposition de services de santé essentiels.
Notre action
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Prévention du VIH en Chine : la jeunesse investit le devant de la scène
13 octobre 2020
13 octobre 2020 13 octobre 2020« De mon temps, les maladies comme ça, ça n’existait pas ! C’est à cause des mœurs dépravées des jeunes à l’université comme vous que le sida est apparu. » C’est par ces mots qu’un vieil homme a un jour invectivé un groupe d’étudiants qui faisait de la prévention du VIH au bord du Lac de l’Ouest en Chine. « Apprenez à vous tenir correctement ! Nous n’avons pas besoin d’écouter vos sornettes ! »
Près de trois ans plus tard, en 2020, ces mots résonnent toujours clairement dans la tête de Zhao Honghui, un étudiant en troisième année de médecine à la Zhejiang University et responsable du groupe, même s’il savait à cette époque qu’il n’avait rien à se reprocher. « J’aurais aimé pouvoir dire à ce vieil homme que, dans les faits, les nouvelles infections au VIH parmi les personnes âgées augmentent également », explique-t-il. « Mais aussi que la haine et le déni ne permettront jamais de résoudre le problème du VIH. »
M. Zhao a eu récemment la chance d’exprimer ce qu’il aurait aimé dire et de partager ses expériences, bonnes et mauvaises, de bénévole de la prévention du VIH. Il est en effet intervenu en direct sur Internet devant plus de 71 000 personnes dans toute la Chine.
Cinq autres jeunes bénévoles et lui ont participé à une discussion en ligne organisée par l’ONUSIDA et Tencent, une entreprise chinoise du domaine des technologies. Cet évènement sur le thème de la jeunesse et du VIH faisait partie d’une série de discussions destinées aux jeunes et organisées par les Nations Unies en Chine et Tencent dans le cadre de la Journée internationale de la jeunesse et du 75e anniversaire des Nations Unies. Il s’agissait de permettre aux jeunes de donner leur avis sur les Objectifs de développement durable.
En Chine, les statistiques du gouvernement indiquent une recrudescence des nouvelles infections au VIH parmi les jeunes âgés de 15 et 24 ans au cours des dernières années. En invitant de jeunes bénévoles à partager leur expérience, la discussion organisée par l’ONUSIDA avait pour but de sensibiliser davantage les jeunes sur le risque d’infection, de les informer sur les manières de se protéger et de protéger les autres, ainsi que d’encourager des jeunes à venir grossir les rangs de la prévention du VIH.
Mei Junyan, étudiant en deuxième année à la South China University of Technology, a partagé son expérience d’éducateur sur les thèmes de l’éducation sexuelle et de la prévention du VIH avec d’autres étudiant-es. Sun Yinghui a quant à elle raconté au public que son équipe de recherche médicale à la Zhongshan University s’est penchée sur l’impact de la COVID-19 sur les personnes vivant avec le VIH et sur la manière de les aider à surmonter les difficultés. « Cette rencontre me donne espoir, car maintenant je sais que je ne mène pas seule cette bataille », a déclaré Mme Sun. « Cette discussion est une source d’inspiration pour chacune et chacun d’entre nous qui s’engage dans la prévention du VIH », a ajouté M. Mei.
Toutes et tous sont également satisfaits de la qualité des échanges avec les autres intervenants. L’acteur Huang Xiaoming, ambassadeur de bonne volonté en Chine de l’ONUSIDA, a déclaré que faire du bénévolat n’était pas une chose facile. De son côté, le directeur de la Chinese Association of STD and AIDS Prevention and Control, Hao Yang, a encouragé tous les participant-es à continuer sur leur lancée. Par ailleurs, il a ajouté que l’éducation par les pairs vient compléter les informations apprises à l’école et a également encouragé les étudiant-es à faire davantage de bénévolat.
Andy Liu (nous avons changé son nom) était un invité à part. Il vit depuis cinq ans avec le VIH après avoir été infecté à 21 ans. Aujourd’hui, sa charge virale est indétectable depuis qu’il suit méthodiquement une thérapie antirétrovirale et il aide maintenant bénévolement d’autres personnes séropositives. Malheureusement, il ne s’est toutefois pas senti capable d’allumer sa caméra pour témoigner à visage découvert, car la stigmatisation envers les personnes vivant avec le VIH reste ancrée en Chine. La fin de la rencontre a été marquée par un moment chargé d’émotions, lorsque M. Huang a dit à M. Liu espérer qu’un jour ce dernier n’aura plus peur de se montrer. Il a continué en disant être persuadé que cela sera possible dans un futur proche. De son côté, il continuera de défendre les personnes vivant avec le VIH et de lutter contre la stigmatisation et la discrimination.
M. Zhao espère que cette discussion entre les jeunes se tiendra tous les ans afin de permettre aux jeunes bénévoles de la cause du VIH d’échanger leurs idées. « Cette rencontre nous permet de savoir ce que font d’autres bénévoles et de tirer des leçons des différentes expériences. Je remercie l’ONUSIDA de nous mettre à disposition cette plateforme et j’espère qu’elle deviendra un évènement régulier », a-t-il terminé.
Amakobe Sande, Directrice pays de l’ONUSIDA pour la Chine, a déclaré que l’organisation s’engage à servir la jeunesse en collaboration avec le gouvernement chinois et des organisations communautaires partenaires. « J’espère que les jeunes qui ont participé à la rencontre d’aujourd’hui inspireront aussi d’autres à se joindre à nos efforts. Ensemble, nous pouvons atteindre l’objectif d’une génération sans VIH. Nous pouvons mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique. »
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Enseignements tirés du projet PPrE Ashodaya en Inde
07 octobre 2020
07 octobre 2020 07 octobre 2020Le projet pilote Ashodaya sur la prophylaxie pré-exposition (PPrE) à destination des professionnelles du sexe dans le sud de l’Inde a montré comment renforcer les programmes de PPrE et de prévention du VIH, mais aussi la manière d’accélérer leur mise en œuvre à l’issue de la phase pilote.
Même s’il a été prouvé que la protection offerte par la PPrE frôle les 100 % lorsque le traitement est pris correctement, la mise en place de programmes correspondants efficaces reste difficile. Les efforts de prévention du VIH auprès des professionnel-les du sexe mettent généralement l’accent sur l’utilisation du préservatif. Toutefois, si de nombreuses stratégies contribuent au recul des nouvelles infections dans la région Asie-Pacifique, cette population continue d’être surreprésentée au niveau des contaminations. En 2019, 9 % des 300 000 nouvelles infections au VIH estimées pour la région Asie-Pacifique concernaient des professionnel-les du sexe et, à l’échelle mondiale, leur risque relatif d’infection est 30 fois supérieur au reste de la population.
La PPrE figure depuis relativement peu de temps sur la liste des options de prévention du VIH disponibles. Cette solution consiste en la prise d’antirétroviraux par une personne séronégative avant une exposition éventuelle au VIH. Même si l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) la recommande depuis 2015 à toute personne exposée à un risque non négligeable de contamination, la PPrE reste inaccessible à la plus grande partie des populations clés, notamment aux professionnel-les du sexe et à leurs partenaires en Asie et dans la région Pacifique. Le recours à la PPrE chez les femmes, en particulier chez les professionnelles du sexe, en Asie-Pacifique est très peu documenté.
Le projet pilote Ashodaya PPrE est l'un des deux programmes menés et gérés par des communautés qui avaient pour objectif de fournir la PPrE à des professionnelles du sexe. Il a bénéficié du soutien de la Bill & Melinda Gates Foundation (l’autre projet était dirigé par le Durbar Mahila Samanwaya Committee Kolkata). Les professionnel-les du sexe en Inde s’inquiètent du fait que leur communauté reste touchée par les nouvelles contaminations au VIH malgré l’usage répandu du préservatif.
« Notre projet montre que la distribution de la PPrE par les communautés peut être intégrée efficacement aux services existants de prévention et de soins du VIH destinés aux professionnel-les du sexe. Cela favorise la rétention et le suivi du traitement. Les décisionnaires doivent nous consulter, nous écouter et nous faire confiance, car nous savons ce qui fonctionne pour nous et comment y parvenir. Nous avons le devoir de rendre la PPrE disponible d’une manière sécurisée et pérenne en tant qu’outil de prévention supplémentaire et nous nous engageons en ce sens », a déclaré Bhagya Lakshmi, secrétaire d’Ashodaya Samithi.
Le projet pilote sur la PPrE s’est déroulé entre avril 2016 et janvier 2018 et a enregistré de bons résultats au cours de cette période. La prise de PPrE a été très bien suivie : 99 % des 647 participantes prenaient encore leur traitement à l’issue des 16 mois. La protection de ces femmes dépend de la prise quotidienne de PPrE. Alors que le suivi n’affichait que 70 % au troisième mois, il est passé à 90 % au sixième mois et à 98 % à la fin du projet. Les participantes évaluaient elles-mêmes leur adhésion au traitement et un contrôle sanguin sporadique a servi à la vérifier au troisième et au sixième mois.
Ce projet a non seulement permis de dissiper certaines peurs répandues sur la PPrE, mais il a également été bénéfique en réduisant certaines lacunes de la prévention. L’usage du préservatif est resté constant, malgré la crainte de le voir reculer. Son utilisation était élevée avec les clients occasionnels, soit dans 98 % des cas environ, mais plus basse avec les clients réguliers (entre 87 et 96 %) et les partenaires réguliers (63 %). Aucune augmentation des infections sexuellement transmissibles symptomatiques ni aucun cas de contamination au VIH n’a été constaté à l’issue du projet.
Plusieurs facteurs ont contribué au succès du projet Ashodaya PrEP, en particulier :
- l’intégration totale de la PPrE au sein d’une gamme existante de services de santé, d'actions de proximité et de la mobilisation de la communauté. Cette stratégie est partie du principe que la PPrE n’est pas uniquement un médicament ou un service indépendant, mais qu’elle fait partie d’un panel de solutions de prévention et de santé, comprenant les services de santé sexuelle et reproductive.
- Les communautés montrent la voie : planification, mise en œuvre et surveillance.
- Préparer la communauté et garantir son implication sur la durée. Une phase de préparation en profondeur de la communauté et un engagement sur la durée ont permis aux travailleuses du sexe de prendre des décisions fondées avant de participer au projet.
- S’adresser dès le début aux groupes exclus. Sachant que de nombreux membres de la communauté n’allaient pas avoir accès au projet, la communauté a indiqué très tôt que tous les membres ne seraient pas éligibles à participer au projet pilote sur la PPrE à cause du nombre limité de places et des modalités.
- Mettre l’accent sur l’adhésion au long terme plutôt que sur le suivi à la lettre du traitement. Puiser dans le réseau de membres d’Ashodaya sur le terrain a permis de personnaliser les stratégies d’aide au respect du traitement afin de répondre au mieux aux besoins des utilisatrices de la PPrE. Il s’agissait aussi bien de renforcer l’aide apportée lorsqu’une baisse du suivi du traitement était observée que de renvoyer vers la gamme complète de services sociaux et de santé offerts par Ashodaya, en plus de la PPrE.
« Nous n’arriverons pas à juguler les nouvelles infections au VIH en Asie et dans le Pacifique si nous ne changeons pas notre façon de faire », déclare Eamonn Murphy, directeur de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Asie et le Pacifique. « La PPrE satisfait un besoin inassouvi et élargit les options de prévention disponibles pour les personnes confrontées à un risque élevé de VIH. Nous devons faire connaître la PPrE en tant que nouvel outil efficace de prévention du VIH. Les prémisses du projet pilote Ashodaya PrEP sont un modèle non seulement pour l’Inde, mais pour toute la région. Les leçons tirées de ce projet sont essentielles pour fournir des informations afin de faire avancer la feuille de route de la prévention. »
La communauté a élaboré, planifié, mis en œuvre et assuré le suivi du projet Ashodaya PrEP. Ce dernier a pris fin en 2018 et une analyse des résultats a été réalisée avec le soutien de l’ONUSIDA en Inde et de l’OMS. Depuis lors, Ashodaya a formé un groupe de membres de la communauté afin de militer en faveur de la PPrE en partenariat avec All India Network of Sex Workers et avec le soutien d’AVAC. Ashodaya, avec le soutien de l’ONUSIDA, de l’OMS, du Durbar Mahila Samanwaya Committee et du All India Network of Sex Workers, poursuit également son action en faveur de la PPrE avec l’Indian National AIDS Control Organization (NACO). Ashodaya cherche également d’autres moyens de franchise sociale et de commercialisation par les communautés de la PPrE afin de démocratiser son accès. La NACO a rédigé un avant-projet réglementaire et de directives relatif à la PPrE au niveau national. La communauté attend avec impatience la reprise des services de PPrE.
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COVID-19 au Bangladesh : des dons en espèces pour les toxicomanes
09 septembre 2020
09 septembre 2020 09 septembre 2020« Mes revenus ont diminué et je ne peux plus nourrir ma famille. Regarder ma famille affamée et en pleine détresse économique, ça me déprime », affirme Kamal Hossain (nous avons changé son nom), consommateur de drogues à Dhaka, au Bangladesh.
La pandémie de COVID-19 perturbe la vie et les revenus de personnes dans le monde entier. Les répercussions se font particulièrement sentir chez les personnes défavorisées ou marginalisées sur le plan socio-économique. Au Bangladesh, les toxicomanes qui luttent déjà contre leur exclusion de la communauté font face à des obstacles supplémentaires pour accéder à un revenu et au régime de protection sociale.
Des proches de M. Hossain, toxicomanes aussi, travaillaient avant la pandémie et ont perdu leur emploi pendant le confinement. Les espaces de loisirs et les points d'accueil qui délivraient des soins et un accompagnement psychologique ont fermé totalement ou partiellement, et les services cliniques sont interrompus.
L'ONUSIDA a fait un don au Network of People Who Use Drugs (NPUD) pour aider pendant le confinement les personnes qui consomment des drogues. Ce don a permis au NPUD de servir des repas et d'offrir des vêtements aux personnes qui s'injectent des drogues et qui vivent dans la rue, à l'occasion des festivités de l'Eid ul-Fitr. Les membres de la communauté locale ont distribué de la nourriture. Pour une part de bénéficiaires, cette aide a été la seule reçue pendant la pandémie de COVID-19.
« Durant le confinement, je n'ai reçu qu'un seul repas. Comme je n'ai pas de carte d'identité nationale, je n'ai reçu aucune aide du gouvernement. J'ai aussi reçu un masque et du savon d'une association de la société civile », explique Rafiq Uddin (nous avons changé son nom), qui vit dans les rues de Dhaka et consomme des drogues.
Les organisations communautaires luttent pour soutenir les revenus des personnes les plus exposées aux risques, comme les toxicomanes.
« Le NPUD étant une organisation de et pour les toxicomanes, nous ne pouvons pas ignorer la crise. Pendant cette période difficile, des responsables du NPUD ont proposé leur aide. Le don de l'ONUSIDA a été une première étape pour faire la différence », affirme Shahed Ibne Obaed, président du NPUD.
Après avoir reçu le don de l'ONUSIDA, le NPUD s'est tourné vers d'autres partenaires, comme CARE Bangladesh, Save the Children (Bangladesh), des agences locales humanitaires et des organisations de bénévoles afin d'apporter davantage d'aide alimentaire.
« J'ai reçu une somme en espèces d'une organisation de bénévoles dans mon village. Des proches et des personnes de bonne volonté m'ont offert de la nourriture. J'ai aussi essayé de travailler pour gagner de l'argent et aider ma famille, mais ce n'était pas suffisamment régulier », commente M. Hossain, membre d'Ashakta Punarbashan Sangstha (APOSH), une organisation communautaire de Dhaka.
Le NPUD a mobilisé suffisamment de ressources d'origines diverses pour continuer à soutenir les personnes qui s'injectent des drogues et celles vivant avec le VIH dans les vieux quartiers de Dhaka, voire au-delà. Près de 1 600 toxicomanes ont bénéficié de cette initiative. La coordination du NPUD avec les autres organisations communautaires a contribué à identifier les bénéficiaires. Les équipes de terrain des points d'accueil, d'APOSH, de Prochesta, d'Old Dhaka Plus, d'Alor Pothe et d'autres organisations ont aidé à distribuer la nourriture et les vêtements. Des membres d'organisations communautaires ont offert leur foyer pour cuisiner et préparer les colis de nourriture.
Le NPUD a fourni des équipements de protection personnelle aux équipes de terrain, ainsi que des masques et du savon aux bénéficiaires. Un groupe en ligne a été créé pour partager les nouvelles et les photos et donner des informations sur cette action. L'ensemble de l'initiative repose sur le bénévolat.
« Le manque cruel de ressources humaines et financières pour aider la population vulnérable que sont les toxicomanes pose un problème grave. Augmenter les dons devient indispensable pour générer davantage de ressources et les aider, en particulier pour aider celles et ceux qui vivent dans la rue, et pour assurer la pérennisation de cette initiative » déclare Saima Khan, Directrice pays ONUSIDA au Bangladesh.
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L’ONUSIDA remercie Shinzo Abe pour son engagement en faveur de la riposte au sida, de la santé et du développement dans le monde
01 septembre 2020 01 septembre 2020L’ONUSIDA salue la contribution de Shinzo Abe à la santé mondiale, notamment à la couverture sanitaire universelle, alors que M. Abe quitte sa fonction de Premier ministre du Japon
GENÈVE, le 1er septembre 2020—L’ONUSIDA rend hommage à la contribution importante en faveur de la santé mondiale apportée par Shinzo Abe pendant ses années à la tête du gouvernement japonais. L’archipel est un partenaire de longue date de l’ONUSIDA et l’un des principaux financeurs de la riposte au sida. Lors des mandats de M. Abe, le Japon a aidé des programmes dédiés aux populations clés en Asie et a investi dans des projets tels que la Kenya HIV Situation Room, qui se sert de technologies de pointe pour fournir des données de haute qualité sur l’épidémie dans le pays.
Lors de la nomination de M. Abe au poste de Premier ministre en 2012, le Japon était déjà un acteur incontournable de la santé et du développement dans le monde entier. Le pays avait ainsi été le premier à aborder la problématique des maladies infectieuses lors des discussions menées au cours du sommet du G8 organisé en 2000 à Kyushu-Okinawa. Ces échanges ont contribué à la création d’un des mécanismes public-privé essentiels au financement de la riposte au sida : le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
Capitalisant sur l’engagement du Japon en matière de santé et de développement, M. Abe a lancé en 2013 la stratégie du Japon sur la diplomatie de la santé mondiale. Cette stratégie mettait l’accent sur la promotion de la couverture sanitaire universelle et sur la mobilisation des connaissances et de l’expertise du Japon afin qu’un jour tout le monde ait accès aux services de santé primaires à un coût abordable.
La prise de position de Mme Merkel et de M. Abe en faveur de la couverture sanitaire universelle a quant à elle permis de faire figurer ce thème à l’ordre du jour du sommet du G7 en 2016. En 2019, le sommet du G20 organisé à Osaka a accueilli la première rencontre commune des ministres des Finances et de la Santé des pays du G20. Cette dernière a porté sur le financement pérenne de la santé afin de parvenir à l’objectif de la couverture sanitaire universelle.
Au cours de la TICAD (Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique), M. Abe a milité activement pour le développement, la paix et la sécurité en Afrique au moyen du renforcement des relations au sein de la coopération multilatérale, le tout dans l’esprit des partenariats internationaux et en laissant l’Afrique s’approprier ces thèmes.
L’ONUSIDA remercie ici M. Abe pour son engagement et son rôle irremplaçable en matière de santé et de développement internationaux. Toute l’organisation lui souhaite une bonne santé ainsi qu’un avenir radieux.
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Papouasie-Nouvelle-Guinée : formation en ligne destinée aux personnes prescrivant une thérapie antirétrovirale
04 août 2020
04 août 2020 04 août 2020Le ministère de la Santé de Papouasie-Nouvelle-Guinée a lancé la première formation en ligne de son histoire destinée aux personnes prescrivant une thérapie antirétrovirale. Les participant-es suivent 21 cours en vidéo sur Google Classroom ce qui correspond à plus de six heures de contenus. La formation aborde les thèmes du traitement du VIH, des soins et des règles de prestation de services, ainsi que des outils de suivi et d’évaluation. Elle comprend des vidéos de cours et les supports d’évaluation adaptés. Une fois inscrit-es, les participant-es disposent de sept jours pour la terminer.
Trente jours après son lancement, il y avait 105 personnes inscrites, dont 70 % n’avaient pas pu participer à une session de remise à niveau au cours des trois dernières années.
Pour utiliser Google Classroom, il faut un appareil compatible avec Internet (smartphone, ordinateur portable ou tablette), un accès à Internet et une adresse électronique valide pour l’inscription. Comme certaines personnes prescrivant une thérapie antirétrovirale n’ont pas d’adresse électronique, certains établissements de soin ont aménagé des salles de classe dans leurs locaux, ce qui permet à plusieurs participant-es de partager un ordinateur pour suivre la formation en ligne et d’apprendre en groupe.
Le ministère de la Santé s’est assuré le soutien de partenaires dont l’ONUSIDA, l’Organisation mondiale de la Santé, l’USAID, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis (United States Centres for Disease Control), World Vision et FHI 360 afin de couvrir les frais d’accès à Internet s’élevant à 15 $ par participant. Cette somme permet d’acheter des cartes d’un fournisseur national offrant un volume de données valable sept jours.
« Les crises peuvent aussi receler des opportunités et la crise déstabilisante de la COVID-19 nous a forcés à trouver une solution innovante. La formation virtuelle destinée au personnel prescrivant une thérapie antirétrovirale nous a donné de nouveaux objectifs. Elle est la preuve que nous étions en mesure de réagir efficacement et de trouver des solutions. Je suis très fier des partenaires qui nous ont aidés pour ce projet. Nous disposons dorénavant d’une solution abordable pour fournir des formations malgré toutes les barrières géographiques considérables qui caractérisent la Papouasie-Nouvelle-Guinée », déclare Peniel Boas, responsable du programme sur les infections sexuellement transmissibles et le VIH au ministère de la Santé.
Les retours des participant-es à la formation sont également positifs. « J’ai vraiment apprécié d’apprendre beaucoup de nouvelles choses. Je conseille à l’avenir de proposer toute formation de remise à niveau sur les infections sexuellement transmissibles/VIH sur ce modèle. Cela réduit les coûts et la rend abordable au personnel de santé qui ne pourrait sinon pas en y participer », explique une infirmière de la Leguava Clinic située dans la province de la Nouvelle-Bretagne occidentale.
« Cette formation contient des informations précieuses qui sont transmises efficacement par les intervenant-es. J’ai apprécié les questionnaires à la fin de chaque présentation. Et en prime, il n'est pas nécessaire de quitter son lieu de travail, ce qui élimine les frais de déplacement et permet aux participant-es d’apprendre à leur rythme. Par ailleurs, le fait que les intervenant-es sont toujours disponibles sur la plateforme est une chance exceptionnelle pour obtenir une assistance en continu », indique une participante de l’Innanaka Clinic dans la province de Hela.
Il y a, derrière cette initiative, une équipe constituée des membres du National HIV Technical Working Group, notamment le bureau natiojnal de l’ONUSIDA, ainsi que des intervenant-es, des fournisseurs de contenus, des modérateurs et modératrices de formations en ligne et d’autres acteurs. L’utilisation de Google Classroom est gratuite et tous les supports sont enregistrés sur Google Drive en utilisant un compte Google.
Les formations en ligne seront suivies par des visites de contrôle et un tutorat sur place proposés par des sous-équipes du National HIV Technical Working Group. Cette expérience s'étant soldée par un succès, ce format pourrait être repris pour d’autres formations en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
« Cette action stratégique rapide visant à fournir une formation en ligne aux personnes prescrivant une thérapie antirétrovirale a sauvé des vies ici en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Sans elle, nous n’aurions pas été en mesure de déployer efficacement les nouveaux traitements du VIH qui luttent contre la résistance aux médicaments », explique David Bridger, directeur pays de l’ONUSIDA en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
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Fidji : encourager l’émergence d’une économie de la bonté grâce à la tradition du troc
17 juillet 2020
17 juillet 2020 17 juillet 2020Les îles Fidji se réveillent doucement. Une tasse de café à la main, Marlene Dutta est assise sur la terrasse à l’arrière de sa maison entourée par la végétation. Même le gazouillis des oiseaux en toile de fond ne parvient pas à la détourner de son écran d’ordinateur. Elle est absorbée par le tri des messages et le suivi des activités de Barter for Better Fiji, la page Facebook qu’elle a créée. Cette communauté en ligne donne une nouvelle jeunesse à la tradition fidjienne du troc et elle aide les communautés à subvenir à leurs besoins au cours de l’épidémie de COVID-19.
« Dès le saut du lit, les autres administrateurs et administratrices bénévoles et moi-même avons les yeux rivés sur cette page », déclare Mme Dutta, conseillère en développement de compétences professionnelles. Tout le monde est occupé à surveiller ou à relayer les informations du gouvernement concernant les restrictions s’appliquant aux articles à troquer.
Aux îles Fidji où le produit intérieur brut dépend à 30 % environ du tourisme, les restrictions de déplacement destinées à éviter la propagation de la COVID-19 sont pour beaucoup de personnes sources de lendemain qui déchantent.
Lorsqu’on lui demande comment l’idée de cette page Facebook lui est venue, Mme Dutta explique : « le troc a toujours fait partie intégrante du quotidien des Fidjiens et Fidjiennes. Il est pratiqué entre proches, en famille, au sein des communautés. Nous avons tous et toutes des compétences, un talent, quelque chose qui pousse dans notre jardin ou qui traîne chez nous. Si nous pouvons échanger des articles ou des services pour obtenir ce dont nous avons besoin, alors tout le monde pourra traverser sans encombre cette période. » L'association Barter for Better Fiji (Troquer pour améliorer les îles Fidji) est née de ces réflexions. Mme Dutta est étonnée de la popularité actuelle de cette page, car elle la destinait initialement à ses proches. Aujourd’hui, elle est suivie par plus de 180 000 personnes, un chiffre ahurissant par rapport à la population totale du pays estimée à 900 000 personnes, et des milliers de nouvelles demandes d’inscription arrivent quotidiennement.
Outre le fait d’aider ses membres à troquer la nourriture ou les services nécessaires ou aider les petites entreprises en établissant des liens avec de nouveaux fournisseurs, la page renforce également le sentiment d’appartenance à une communauté. Des membres retissent des liens avec le voisinage, des proches ou des ami-es d’enfance perdu-es de vue. Mme Dutta se souvient de personnes qui ne se connaissaient pas du tout, qui se sont rencontrées sur la page pour faire du troc et qui ont fini par découvrir qu’elles vivaient dans la même rue ou qu’elles partageaient des liens traditionnels.
« Avec cette page, nous espérons encourager l’émergence d’une économie de la bonté. Ce souhait se cache derrière chaque activité sur ce groupe », indique Mme Dutta. « En elle-même, elle fait émerger ce sentiment d’appartenir à une communauté où les membres font délibérément et intentionnellement preuve de bonté, de compassion et de clémence les un-es envers les autres. »
Bien que la page Facebook Barter for Better Fiji ne s’adresse pas spécialement aux besoins des groupes vulnérables ou de personnes vivant avec le VIH, des groupes comme le Fiji Network for People Living with HIV, la Rainbow Pride Foundation et le Survival Advocacy Network Fiji signalent que les membres de leur communauté profitent également de cette plateforme en ligne de troc. La page fait du troc la « nouvelle normalité » pour les groupes vulnérables.
« LGBTQI+ ou pas, nous sommes en définitive des êtres humains et nous avons besoin de nous entraider d’une manière ou d’une autre. C’est la raison pour laquelle je ne pense que du bien de ce type de pages », témoigne un membre de la Rainbow Pride Foundation.
Des membres de la communauté ont troqué des biens ou fait le ménage en échange de provisions, et d’autres indiquent que l’argent économisé avec le troc leur a permis de se lancer dans d’autres activités, sources de revenus comme un potager ou un stand pour vendre de la nourriture. Alors que le tourisme recule, certains groupes, comme les professionel-les du sexe, ont vu disparaître leurs sources de revenus.
Les membres de la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et intersexuée sont également victimes de la stigmatisation à cause d’idées fausses circulant sur la manière dont le nouveau coronavirus se propage. Toutefois, des membres de ces groupes indiquent que les histoires encourageantes et les liens développés entre les membres de la page Facebook les aident à gérer la situation et à améliorer leur santé mentale. Toutes ces expériences positives, ces histoires de communautés se serrant les coudes pour lutter contre la pandémie de COVID-19, amènent Barter for Better Fiji à réfléchir dorénavant à étoffer la page Facebook d’un site Internet et d’une application.
Alors que les îles Fidji luttent pour surmonter l’épidémie de COVID-19, Barter for Better Fiji est consciente du rôle qu’elle joue pour le futur. Elle est bien plus qu’une place de troc, elle est également un espace de partage d’expériences réconfortantes sur des liens qui favorisent l’émergence d’une économie de la bonté.
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République islamique d’Iran : des jeux en ligne pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH
16 juin 2020
16 juin 2020 16 juin 2020Depuis 2013, le bureau pays de l’ONUSIDA pour la République islamique d’Iran et la branche locale de l’International Federation of Medical Students’ Associations travaillent ensemble sur des solutions innovantes pouvant avoir un impact sur la riposte nationale au sida.
Par le passé, leurs collaborations ont pris la forme de campagnes de sensibilisation du public, d’ateliers pédagogiques, de visites sur le terrain et de cours d’été d’une semaine destinés aux jeunes qui se forment aux métiers de la santé.
« Les cours d’été nous ont beaucoup inspirés pour identifier avec précision notre nouvelle problématique : la lutte contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH », explique Aidin Parnia, l'un des fondateurs des cours d’été et d’Avecene Consultancy.
Fondée par d'ex-stagiaires des cours d’été, Avecene Consultancy a vu le jour avec pour objectif de mobiliser les connaissances et les expériences accumulées pendant les universités d’été et de les combiner avec des moyens pédagogiques modernes et innovants. La plateforme éducative en ligne REDXIR est le fruit de ce travail. Elle utilise des jeux pour changer l’attitude et le comportement des jeunes qui se forment aux métiers de la santé afin de voir émerger une génération de personnel de santé qui ne discrimine personne.
REDXIR est un univers imaginaire où les joueurs et les joueuses forment un groupe de lutte contre un mystérieux ennemi, qui symbolise la stigmatisation et la discrimination liées au VIH. L’objectif du jeu est de se battre contre la stigmatisation et la discrimination afin d’y mettre fin.
Les 10 niveaux du jeu sont conçus pour tester les connaissances des jeunes sur le VIH, ainsi que leur attitude et leur comportement envers les personnes vivant avec le virus. Par exemple, dans le niveau de la Pression sanguine, les jeunes doivent prendre la tension d’une personne séropositive afin de prouver leur capacité à le faire sans discriminer. Dans les niveaux supérieurs du jeu, les joueurs et les joueuses doivent être capables de faire un test de glycémie et une prise de sang pour un test de routine en laboratoire.
Certains niveaux ont lieu uniquement dans cet univers virtuel, alors que d’autres nécessitent d’agir dans le monde réel. Par exemple, dans le niveau Ne pas se taire, les jeunes doivent identifier des publications discriminatoires sur les réseaux sociaux, poster #Zerodiscrimination sous au moins une des contributions vues et commenter en expliquant pourquoi ce contenu est discriminant. Dans le niveau Campagne, les jeunes deviennent formateurs et formatrices dans une campagne de sensibilisation au VIH.
« Les nouvelles générations ont besoin de nouvelles plateformes. L’approche conviviale de REDXIR permet aux jeunes d’être en contact direct avec les populations cibles. Cela s’est révélé être une solution efficace pour réduire la stigmatisation et la discrimination liées au VIH dans les situations de santé », explique Parvin Kazerouni, directrice du Service de contrôle du VIH au sein du Centre de contrôle des maladies transmissibles du ministère iranien de la Santé et de l’Éducation médicale et responsable nationale pour le sida.
« REDXIR montre bien que des approches créatives et innovantes peuvent intégrer et soutenir les idées nouvelles des jeunes afin de lutter contre des problèmes comme la stigmatisation et la discrimination », conclut Fardad Doroudi, directeur pays de l’ONUSIDA pour la République islamique d’Iran.
Le bureau pays de l’ONUSIDA a fourni une aide technique et financière au projet REDXIR.
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Pia Wurtzbach nous parle de son action pour soutenir la riposte à la COVID-19
27 mai 2020
27 mai 2020 27 mai 2020Pia Wurtzbach, Miss Univers 2015 et Ambassadrice de bonne volonté de l’ONUSIDA pour l’Asie et le Pacifique, s’engage depuis longtemps en faveur de la riposte au sida aux Philippines et dans le reste de la région. Elle a ajouté récemment une nouvelle corde à son arc en apportant son soutien à la riposte à la COVID-19 Elle a ainsi lancé un appel aux dons afin de distribuer 25 000 masques aux hôpitaux de Manille et elle s’implique dans des campagnes de prévention de la COVID-19 et du VIH sur les réseaux sociaux.
L’ONUSIDA s’est entretenue avec Mme Wurtzbach sur son engagement en ces temps difficiles.
Comment en êtes-vous venue à organiser une collecte pour donner des masques à des établissements de santé de Manille ?
J’ai commencé par acheter 5 000 masques à mes frais afin d’identifier un fournisseur abordable et fiable. J’en ai trouvé un et j’ai passé commande avant de donner les masques à quatre hôpitaux. Une fois prête et en sachant que cela marchait, j’ai lancé la collecte de fonds en me tournant vers le secteur privé aux Philippines et vers les contacts de mon réseau. À l’heure actuelle, j’ai pu donner des masques à 30 hôpitaux dans le Grand Manille. Nous avions prévu d'en fournir à d’autres hôpitaux en dehors de la capitale, mais le confinement ne nous le permet pas encore. Par ailleurs, j’ai offert des repas à une unité de soins intensifs dans l’un des hôpitaux du Grand Manille. Le personnel de santé du service vit en effet à l’hôpital et ne rentre pas chez lui. Grâce à mes dons, j’ai l’impression de les aider.
Comment continuez-vous à soutenir la riposte au VIH en tant qu’Ambassadrice de bonne volonté de l’ONUSIDA ?
Je suis chaque jour en contact avec LoveYourself, l’organisation issue de la société civile pour laquelle je m’engage bénévolement aux Philippines. Nous faisons le point sur ce qui se passe et nous identifions les besoins des personnes vivant avec le VIH. J’utilise mes profils sur les réseaux sociaux pour publier des informations sur la prévention du VIH et de la COVID-19, ainsi que sur la manière de rester en bonne santé. J’informe mes abonné-es sur l’aide offerte par LoveYourself aux personnes séropositives au cours de la pandémie de COVID-19, comme les livraisons à domicile d’antirétroviraux.
Quelles questions sur le VIH et la COVID-19 recevez-vous des personnes vivant avec le VIH ou appartenant aux populations clés ?
Les questions les plus fréquentes concernent la manière d’accéder aux médicaments, et les gens veulent savoir si les stocks suffiront pour les renouvellements d’ordonnance. C’est fantastique que des organisations comme LoveYourself aux Philippines aident des personnes vivant avec le VIH à obtenir leur traitement. J’admire beaucoup Vinn (Ronivin Garcia Pagtakhan), le fondateur de LoveYourself, car il utilise sa propre voiture pour livrer des médicaments aux quatre coins de la ville directement chez les gens. C’est un super-héros des temps modernes.
Comment trouvez-vous la motivation pour continuer votre action en ces temps difficiles ?
J’ai tellement de chance d’avoir beaucoup de proches dans le secteur, qui sont aussi infirmiers ou infirmières. Vous seriez surpris de savoir que la personne qui s’occupe de me maquiller est diplômée en soins infirmiers et que des photographes le sont aussi. Aux Philippines, il y a énormément d’infirmiers et infirmières qui finissent par faire autre chose tout en restant dans le domaine médical et en connaissant beaucoup de gens dans ce secteur. J'entends tellement de leurs histoires et je sais qu’elles reflètent la réalité des hôpitaux et leur environnement de travail.
À les écouter, j’ai ressenti le besoin de faire quelque chose. J’ai conscience d’avoir beaucoup de chance de pouvoir rester chez moi. Je me suis alors dit : que puis-je faire pour me rendre utile ? C’est ce qui m’a poussé à lancer mon appel aux dons. Le personnel médical m’a envoyé des messages de remerciement et même une vidéo où l’équipe me remercie. Lorsque je vois que des personnes en première ligne prennent le temps de me dire merci, cela me donne envie d’en faire encore plus.
La collecte de dons me donne l’impression d’avoir une mission et un objectif. Le message que je souhaite passer, c’est : si tu es chez toi et que tu as des abonné-es sur Instagram ou que tu es peut-être un-e influenceur-se ou une célébrité, ou populaire dans ton école, utilise cette plateforme ! C’est le moment ! Nous ne pouvons pas rester là à attendre que cela passe. La solution doit venir de nous.
Qu’est-ce qui vous manque le plus de la vie avant la pandémie de COVID-19 ?
J’ai l’impression que je considérais beaucoup de petites choses comme normales. Aller au travail était normal, voyager était normal, ma vie accaparée par mon travail était normale. Je me souviens qu’avant le confinement j’ai fait un burn-out, car je travaillais trop. Je n’avais jamais un jour ou un week-end de libres. Je travaillais du lundi au dimanche. Et je me disais que j’avais besoin de m’accorder du temps rien que pour moi. Et tout à coup, c’est arrivé. Je prends juste le temps maintenant de réfléchir et de me demander ce qui compte vraiment pour moi.
Tout me manque. Marcher dans la rue me manque, la circulation me manque, voir d’autres personnes me manque. J’ai l’impression que le confinement nous donne véritablement le temps de réfléchir sur ce qui compte pour nous. J’ai le sentiment que lorsque nous sortirons de quarantaine et d’isolation volontaire, nos priorités seront claires.
Comment s’organisent vos journées pendant cette quarantaine chez vous ?
Vous savez, le bon côté du confinement, c’est que j’ai plus de temps pour moi. Tous les jours, je vais sur la terrasse sur le toit de mon immeuble pour faire du sport, j’emporte mon tapis de yoga avec moi et je passe quelques heures à faire le plein de lumière et de sport. J’ai mon programme quotidien. J’ai l’impression qu’avoir un petit rituel donne du sens à ma journée. Lorsque je me réveille le matin, j’essaie d’envoyer tous mes e-mails et de travailler un peu. L’après-midi, je fais de l’exercice. Et le soir, je fais des gâteaux ou je regarde la télévision ou Netflix. En résumé, mon quotidien se compose de travail, de lumière et de temps pour moi. J’ai l’impression que c’est un bon équilibre, car je suis plus productive et je prends soin de moi.
Quels sont vos prochains objectifs une fois que vous aurez donné les 25 000 masques ?
Rien n’est encore décidé, mais mon équipe et moi réfléchissons aux moyens d’aider les personnes qui ont besoin d’un soutien financier et de leur donner de la nourriture. Par ailleurs, j’aimerais me concentrer sur les réseaux sociaux sur des messages concernant la santé mentale en prodiguant des conseils sur la manière de contrôler ou gérer ses peurs. Les gens sont chez eux et sur leurs téléphones. Ils pourraient aussi bien lire quelque chose qui les aide à gérer leur stress.
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Reconnaître l’action des personnes transgenres
14 mai 2020
14 mai 2020 14 mai 2020En temps normal, l’Humsafar Trust n’apporte pas d’aide humanitaire, mais la COVID-19 a changé la donne.
Quelques jours après l’entrée en vigueur des mesures de confinement en Inde, les équipes de l’Humsafar Trust ont commencé à recevoir des appels désespérés de personnes qui n’avaient nulle part où aller et aucun revenu, explique Vivek Anand, le directeur exécutif de cette organisation non gouvernementale indienne de Mumbai qui soutient la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et intersexuée (LGBTI). L’équipe s’est alors réunie de toute urgence pour décider de la marche à suivre. « Après avoir cherché pendant longtemps à évaluer les besoins d’une manière ou d’une autre, nous sommes tombés d’accord sur une chose : commencer par fournir une aide alimentaire », continue-t-il.
Les membres de l’ONG ont mis de l’argent en commun pour acheter de la nourriture et d’autres produits de première nécessité.
Ils se sont ensuite rendus au sein de leurs communautés et ont annoncé que l’Humsafar Trust avait lancé un fonds d’urgence pour la COVID-19. En trois jours, plus de 700 personnes ont demandé de l’aide. « Grâce aux dons venant de communautés, d’alliés, d’entreprises et de certains organismes donateurs, nous avons aidé plus de 2 000 personnes en leur fournissant de la nourriture, un accès à des soins médicaux, comme des antirétroviraux, une aide financière et en leur permettant de faire une demande d’aide au gouvernement », indique fièrement M. Anand alors que son climatiseur souffle des vagues d’air frais à travers le petit bureau à son domicile.
Il a l’impression que la riposte à la pandémie oublie la communauté LGBTI. « La situation socioéconomique de 70 % des membres de notre communauté est précaire sans aucune épargne », poursuit-il.
L’Humsafar Trust dédie son action en particulier aux personnes transgenres, qui, selon M. Anand, sont les plus touchées. « Non seulement elles disposent en temps normal de faibles revenus pour assurer leur subsistance, mais beaucoup d’entre elles n’ont pas de papiers d’identité, si bien qu’elles n’existent pas aux yeux des autorités qui distribuent des aides », continue M. Anand.
Le confinement est source de difficultés financières et se traduit également par du stress psychologique. M. Anand raconte qu’un des membres de son équipe transgenre au sein de l’Humsafar Trust ne peut pas dire son nom lors des actions sur le terrain, car elle vit avec ses parents qui considèrent qu’elle est un garçon. D’autres sont soumis à des pressions pour se marier, ou encore sont victimes de mauvais traitements et de violences.
Debout devant un magasin de légumes afin que son téléphone capte mieux, Shreya Reddy déclare avoir toujours voulu être femme. Elle n’a jamais renoncé malgré le fait d’être née garçon et d’être la cible constante de brimades et de moqueries. À 13 ans, elle fugue pour rejoindre une communauté hijra composée en majorité de personnes transgenres. Quatre ans plus tard, elle commence sa transition sexuelle grâce à l’argent qu’elle gagne en tant que professionnelle du sexe. Plus tard, continue Mme Reddy, elle se rend compte qu’elle doit étudier si elle veut s’en sortir. Son diplôme de travailleuse sociale et son expérience la mènent à l’Humsafar Trust où elle devient éducatrice et travailleuse de proximité auprès des personnes dans sa situation. La COVID-19 a eu un impact sur sa vie à plusieurs titres.
« C’était horrible, je ne pouvais plus obtenir mes hormones, j’ai perdu du poids et je saignais », explique-t-elle avant d’ajouter que le confinement empêche de faire les visites de contrôle régulières chez les gynécologues. « Et ma communauté n’arrive pas à comprendre toutes les règles et le jargon scientifique. Pour faire simple, beaucoup de personnes comme moi rencontrent d’énormes difficultés que ce soit pour payer leur loyer ou acheter le strict minimum », dit Mme Reddy.
Et d’ajouter en parlant de plus en plus vite : « ces personnes n’ont pas reçu une grande éducation, elles ont peur et la méfiance règne. »
L’état de santé de Mme Reddy s’est amélioré depuis et elle indique s’impliquer totalement dans son action sur le terrain. Une femme transgenre de sa communauté lui a dit après avoir perdu tous ses revenus : « mieux vaut mourir. » « Je m’émancipe en parlant aux gens », déclare-t-elle. « Nous sommes toutes et tous si vulnérables et, comme nous sommes une population à faible revenu, nous avons besoin d’aide. »
Le rapport Vulnerability amplified: the impact of the COVID-19 pandemic on LGBTIQ people publié récemment par OutRight Action International révèle que les répercussions du virus et des mesures de confinement sont amplifiées chez les personnes LGBTI dans le monde par rapport au reste de la population. Jessica Stern, la directrice exécutive d’OutRight, a déclaré : « Pour nous, la situation est grave. Je crains la mort de nombreux membres de la communauté LGBTI parce que nous affrontons davantage de vulnérabilité. »
Montrant derrière elle les vendeuses et vendeurs sur le marché, Mme Reddy raconte : « Je les aide aussi à comprendre comment utiliser les masques et les désinfectants. J’aide tout le monde, mais j’ai peur de l’avenir. »
M. Anand abonde en son sens. Il doit prolonger le fonds d’urgence jusqu’au mois d'août.
« Chaque jour apporte un nouveau défi », soupire-t-il. Toutes ses équipes qui sillonnent habituellement les rues ne peuvent pas travailler en ligne. En plus, il souligne qu’un nombre croissant de personnes choisit la clandestinité, ce qui ne facilite pas la prise de contact.
Se souvenant de sa jeunesse, il explique qu’il s’est assumé sur le tard. « Je ne connaissais personne qui était gay », se rappelle-t-il. Lorsque sa relation secrète a pris fin au bout de neuf ans, il n’avait personne à qui parler. Il s’est alors senti seul et abandonné. « À partir de cet instant, l’Humsafar Trust est devenu ma maison et ma famille. » Il ajoute qu’il ne souhaite juger personne au cours de cette période difficile et il répète que son devoir consiste en priorité à aider les autres.
Mais ce qu’il veut vraiment, c’est que l’action de la communauté transgenre dans la riposte à la COVID-19 ne reste pas dans l’ombre. « Il faut lui donner une voix, la rendre visible et lui accorder la place qui lui revient », conclut-il.