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« J’ai sauvé des vies en étant en première ligne de la pandémie de COVID-19 en Chine »
28 avril 2020
28 avril 2020 28 avril 2020Xiao Yang n’oubliera jamais l’hiver 2019/2020 qu’il a passé dans la ville chinoise de Wuhan où il a travaillé en tant qu’infirmier aux urgences d’un hôpital de fortune pendant 60 jours. Il y a été témoin de la vie et de la mort, du bonheur et du chagrin, de pleurs et des rires.
M. Xiao s’est porté volontaire dans sa ville natale, Beijing, pour aller sauver des vies à Wuhan. « La responsabilité de tout personnel médical est de sauver des vies », explique-t-il. Cet engagement est une tradition familiale. 17 ans auparavant, son père, médecin, s’est trouvé en première ligne de l’épidémie de SRAS.
M. Xiao a caché jusqu’à la dernière minute à son partenaire qu’il partait pour Wuhan. « Il ne voulait pas que j’y aille, mais il a respecté ma décision », indique-t-il.
En arrivant de nuit à Wuhan, les volontaires ont été répartis en deux groupes : soins intensifs et cas bénins.
M. Xiao a été envoyé aux soins intensifs. Pour sa propre protection, on lui a demandé de porter cinq paires de gants et deux masques. Toutefois, la plupart des gants étaient trop petits pour lui et lui faisaient mal au bout de 20 minutes. Il avait également du mal à respirer. « J’avais l’impression que quelqu’un me couvrait la bouche en permanence », raconte-t-il.
Le pire, c’est que M. Xiao est asthmatique. Si jamais il avait fait une crise, il n’aurait jamais eu le temps d’atteindre ses médicaments à cause de tout l’équipement de protection qu’il portait.
« Chaque membre du personnel médical a enregistré sur son téléphone ses derniers mots pour sa famille », continue-t-il.
Son partenaire, Lin Feng, est policier. La pandémie de COVID-19 a aussi augmenté sa charge de travail. Lorsque le coronavirus s’est déclaré à Beijing, il a passé de longues heures à patrouiller les autoroutes, les routes et les zones résidentielles.
À cause de la distance, les messages instantanés restaient le seul moyen de communication pour le couple. Après avoir envoyé une photo de lui couvert de neige à la fin de son service de nuit, M. Lin a reçu un message de M. Xiao lui rappelant de s’habiller plus chaudement. Il lui a répondu : « Prends soin de tes patients. Je prendrai soin de toi. »
Six jours après son arrivée à Wuhan, M. Xiao s’est rendu compte que la mort pouvait le saisir à tout moment.
Au cours d’une visite dans son service, il a vu un patient subir une baisse brutale du niveau d’oxygénation du sang et éprouver des difficultés respiratoires. Il s’est empressé de l’intuber, le meilleur moyen et le plus rapide pour maintenir le patient en vie. Mais il a agi trop énergiquement, ce que n’a pas supporté sa combinaison de protection qui s’est déchirée dans le dos. Un collègue a refermé le trou avec du scotch afin qu’il puisse continuer à travailler.
Une fois l’état de son patient stabilisé, M. Xiao pouvait à peine respirer et il ressentait des douleurs vives aux mains, aux oreilles et au visage. Il avait porté des masques, des gants et sa combinaison de protection pendant trop longtemps. La peur l’a assailli une fois les douleurs passées. Il aurait pu facilement attraper le nouveau coronavirus à cause de la déchirure. Elle lui a aussi rappelé les risques qu’il prenait tous les jours. « Je peux seulement espérer que tout ira bien », raconte-t-il. « Je m’étais préparé au pire en décidant de venir ici. »
Des personnes de la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et intersexuée, comme M. Xiao et M. Lin, ont été nombreuses à travailler dur pour contenir le virus et sauver des vies pendant la pandémie. Au Wuhan Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender Center, 26 bénévoles se sont engagés 24h/24 pour livrer des médicaments aux personnes vivant avec le VIH. L’ONUSIDA a soutenu fièrement leurs efforts en créant un lien entre le centre et les autorités sanitaires locales afin de faciliter la livraison de médicaments, en aidant à fournir leur thérapie aux Chinois vivant avec le VIH à l’étranger et en encourageant la création d’une ligne téléphonique délivrant des conseils aux personnes séropositives. Résultat : le centre a été en mesure de fournir des médicaments à plus de 2 600 personnes et l’assistance téléphonique a été utilisée par 5 500 personnes.
« J’avais prévu de rester une semaine, puis cela a été prolongé à trois semaines, puis encore plus longtemps », continue M. Xiao au bord des larmes.
Il a fini par partir fin avril, lorsque la pandémie de COVID-19 s’est calmée dans la ville. Il dit qu’il n’oubliera jamais rien, mais qu’il ne souhaite pas le revivre. Et personne ne le devrait.
Maintenant qu’il est revenu sain et sauf auprès de son partenaire à Beijing, il se souvient de l’annonce du capitaine de l’avion pour Wuhan : « Ce vol est de Beijing à Beijing avec une escale à Wuhan. Lorsque vous aurez gagné la bataille, nous vous ramènerons à la maison. »
Notre action
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Pakistan : garantir que le traitement contre le VIH reste disponible à l’heure de la COVID-19
15 avril 2020
15 avril 2020 15 avril 2020Assise à côté de sa fenêtre cassée, Ashee Malik (nous avons changé son nom), une femme transgenre vivant dans la province pakistanaise du Punjab, compte son argent pour constater que ses revenus ont sérieusement baissé. Son unique source de revenus consiste à danser, demander l’aumône et divertir ses clients, mais depuis le 20 mars, le jour où le confinement a été institué pour arrêter la COVID-19, elle n’a pas pu sortir de chez elle. Ses tenues chamarrées sont remisées dans son armoire avec son nécessaire de maquillage qu’elle n’a pas touché depuis des semaines. « Nous avons peur pour notre bien-être, car nous n’avons pas assez pour subvenir à nos besoins et à ceux de nos familles », explique-t-elle.
La vie de Mme Malik comme celle de la plupart des personnes transgenres au Pakistan est marquée par la stigmatisation, la discrimination et l’isolement social. L’accès aux services de santé, à l’éducation et à l’emploi est l’un des nombreux défis auxquels est confrontée cette communauté malgré l’adoption en 2018 du Transgender Persons Protection of Rights Act. La COVID-19 et le confinement qui l’accompagne ne font que tout compliquer. Au 15 avril, plus de 5 900 cas confirmés de COVID-19 et 107 décès avaient été signalés au Pakistan.
Il y a un véritable risque que les restrictions de déplacement auxquelles est soumise la population perturbent des services essentiels pour les personnes vivant avec le VIH, une infection qui touche de manière disproportionnée la communauté transgenre au Pakistan.
La Khawaja Sira Society (KSS), qui s’engage en faveur des personnes transgenres, s’est mise à fournir de l’aide en travaillant avec les plus marginalisées et en fournissant des informations sur la façon de se protéger contre le VIH et la COVID-19.
« La communauté transgenre est particulièrement vulnérable à cause des préjugés, de la stigmatisation et de la discrimination à son encontre. Nous devons mettre en place un modèle de prévention de la COVID-19 qui prenne en compte les dynamiques et les problèmes que rencontre cette communauté au cours de la pandémie », explique la responsable des programmes de la KSS, Mahnoor alias Moon Ali.
Certains problèmes ont été évoqués plusieurs fois au cours des discussions menées par la KSS auprès de 150 personnes transgenres, dont 30 % environ sont séropositives. Il s’agit par exemple de la perte totale de revenus et de la promiscuité au sein des Dheras, ces maisons communes où quatre ou cinq personnes transgenres cohabitent, ce qui complique la distanciation sociale. À cela s’ajoute que la plupart des personnes contactées sont analphabètes, si bien qu’elles passent à côté des campagnes de santé publique expliquant comment éviter une infection au coronavirus. La peur de tomber malade est importante, ce qui affecte aussi leur santé mentale. Le gouvernement pakistanais a annoncé vouloir apporter une aide alimentaire. Il n’est toutefois pas certain que les personnes transgenres pourront en profiter, car ce programme repose sur un contrôle de la carte nationale d’identité, un document dont ne dispose tout bonnement pas la majorité des membres de la communauté transgenre du pays.
Par ailleurs, on assiste à une utilisation renforcée des médias sociaux pendant le confinement. Avec l’aide de l’ONUSIDA au Pakistan, la KSS diffuse des informations sur l’hygiène, les mesures de prévention et la distanciation sociale sur les médias sociaux et elle aborde le thème de la COVID-19 avec la communauté. La KSS, en lien avec les administrations provinciales, s’engage également pour garantir que les personnes vivant avec le VIH puissent se faire livrer chez elles leur thérapie antirétrovirale en quantité suffisante pour plusieurs mois.
« Nous, les personnes transgenres vivant avec le VIH, avons l’impression que le fait de nous rendre dans les centres gérés par le gouvernement qui délivrent une thérapie antirétrovirale nous expose à un risque. Nous avons besoin de nous faire livrer la thérapie antirétrovirale directement chez nous », explique Guddi Khan, une femme transgenre séropositive.
Comme l’accès ininterrompu à une thérapie antirétrovirale est essentiel pour les personnes vivant avec le VIH, la Pakistan Common Management Unit for AIDS, TB and Malaria, en collaboration avec l’ONUSIDA et d’autres partenaires, a mis en place des plateformes virtuelles et des lignes d’assistance téléphonique afin de garantir la continuité de la coordination. Un stock d’urgence d’antirétroviraux a été mis à la disposition des personnes vivant avec le VIH pour les deux prochains mois. En outre, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme contribue à constituer un stock tampon afin d’éviter toute interruption du traitement en cas d’éventuelles difficultés d’importation de médicaments.
« Nous collaborons étroitement avec l’Association of People Living with HIV, les gouvernements fédéraux et provinciaux, ainsi qu’avec la famille de l’ONUSIDA afin de suivre la situation et d’apporter rapidement une aide pour surmonter les obstacles empêchant l’accès à des services vitaux du VIH en cette période extrêmement difficile marquée par la crise de la COVID-19, » explique Maria Elena Borromeo, la Directrice pays de l’ONUSIDA au Pakistan et en Afghanistan.
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Apporter des services liés au VIH aux groupes marginalisés de Papouasie-Nouvelle-Guinée
11 mars 2020
11 mars 2020 11 mars 2020On estime que 45 000 personnes environ vivent avec le VIH en Papouasie-Nouvelle-Guinée. La plupart d’entre elles appartiennent à des groupes marginalisés notamment les travailleuses du sexe ou d’autres femmes échangeant des faveurs sexuelles contre de l’argent, des biens et leur protection, les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que les femmes transgenres. Toutefois, moins de la moitié des personnes appartenant à ces groupes vulnérables a déjà fait un test pour connaître son statut sérologique.
En novembre 2018, l’ONUSIDA, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ainsi que d’autres partenaires ont mis en place un nouveau programme de proximité dans la capitale, Port Moresby. L’objectif était de réduire l’impact du VIH parmi ces groupes en cartographiant l’épidémie et en élargissant la portée des services de prévention et de traitement du VIH. Dans le cadre de ce projet, plusieurs équipes de proximité ont été créées pour faire connaître ces services afin d’augmenter leur utilisation, mais aussi, le cas échéant, pour amener les personnes vers les services de prévention et de soin du VIH.
Entre le début du projet et avril 2019, ces équipes ont rencontré 5 000 personnes et testé 3 000 d’entre elles. Elles ont fourni des conseils et de l’aide afin que chaque personne comprenne le résultat de son test.
« J’aime me rendre dans des endroits où le test du VIH n’a jamais été proposé », explique un membre de l’une des équipes de proximité. « Ce qui me motive, c’est de rencontrer des jeunes filles et de les aider en m’assurant qu’elles prennent leurs médicaments. »
Les membres de ces équipes sont parfois la cible de harcèlement au cours de leur travail. Ils quittent alors leur uniforme officiel pour être en civil afin que leur interlocuteur se sente plus en confiance pour leur parler. Malgré cela, ils estiment que leur travail est extrêmement gratifiant.
« J’ai perdu des amis des suites du sida. Cela me motive à poursuivre dans cette voie », déclare un autre membre. « Je m’implique encore plus dans mon travail lorsque je vois que nous évitons de perdre quelqu’un d’autre à cause de cette maladie. »
Les groupes de proximité sont dirigés par des membres de groupes marginalisés, ce qui est essentiel pour gagner la confiance et la collaboration de la communauté. Par ailleurs, les responsables apportent des formations, de l’aide et des conseils au personnel travaillant quotidiennement sur le terrain afin que leur action soit le plus efficace possible.
Ce programme de proximité sauve des vies. Un autre membre sur le terrain se souvient avoir réussi à persuader une personne transgenre d’essayer un traitement suite à un test positif.
« Il m’a dit que parce qu’il était transgenre, il ne voulait parler qu’à un ami, et quand il m’a vu, il a su que j’étais un ami. Plus tard, il est venu avec son compagnon pour qu’il se fasse lui aussi dépister. »
« Ce programme montre ce qui est de l’ordre du possible lorsque nous accordons notre confiance aux services et aux programmes du VIH dirigés par les communautés », a déclaré Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA, au cours d’une discussion avec le personnel de proximité organisée pendant sa visite en Papouasie-Nouvelle-Guinée avec la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Amina Mohammed. « Ces groupes de proximités sont des héros qui sauvent des vies. »
Le programme de proximité est également rentable et on s’attend à ce qu’il fasse économiser des centaines de milliers de dollars au cours des deux prochaines années.
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Audit des données sur le VIH dans le District de la capitale nationale de Papouasie-Nouvelle-Guinée
06 mars 2020
06 mars 2020 06 mars 2020Au cours d’une mission de six semaines en Papouasie-Nouvelle-Guinée, deux équipes se sont rendues dans douze centres du VIH afin de contrôler les données. L’ONUSIDA a rejoint le groupe national de travail technique d’information stratégique dans le District de la capitale nationale qui comprend Port Moresby. L’objectif était de contrôler les dossiers des centres afin de vérifier leur concordance avec les chiffres fournis par le National Department of Health.
« L’audit de la qualité des données est un élément du plan national de suivi et d’évaluation du VIH. Il permet de garantir la qualité des données et de rendre des comptes sur la riposte au sida », explique Zimmbodilion Mosende, conseiller de l’ONUSIDA pour les informations stratégiques en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Sous la direction de l’USAID, les deux équipes de 12 personnes se sont divisées en petits groupes et ont contrôlé le nombre de personnes figurant comme inscrites à une thérapie antirétrovirale, le nombre de personnes venant de commencer un traitement, le pourcentage de personnes venant renouveler leur ordonnance et le nombre de personnes qui ne revenaient plus dans les centres. Par ailleurs, les groupes ont aussi procédé entre autres à la vérification des informations liées à l’âge et au sexe de chaque personne.
Les bénévoles issus de groupes de la société civile, d’organisations non gouvernementales internationales, de partenaires de développement et de services clés du gouvernement ont compulsé les dossiers de près de 5 000 personnes.
La Papouasie-Nouvelle-Guinée est le pays de la région Pacifique où l’incidence et la prévalence du VIH sont les plus fortes. Cet État de 8,4 millions d’habitants concentre 95 % des cas de VIH signalés dans la région. On y recense environ 45 000 personnes vivant avec le VIH, dont 65 % suivent une thérapie antirétrovirale.
Les groupes ont cherché à découvrir d’éventuelles irrégularités dans les données et à en identifier la raison. Pour Albert Arija, spécialiste du suivi et de l’évaluation auprès de l’USAID, les divergences sont imputables aussi bien à un sous-effectif du personnel qui, par conséquent, n’a pas le temps de remplir tous les dossiers, qu’à des erreurs de saisie des données ou parfois à une mauvaise interprétation des informations. Par ailleurs, certains utilisateurs des centres ne souhaitent pas fournir des informations personnelles par peur de la stigmatisation et de la discrimination.
La date de naissance, une information essentielle, manquait également. « Beaucoup de gens en Papouasie-Nouvelle-Guinée ne se souviennent pas de leur date de naissance exacte », explique M. Arija.
Le groupe de travail technique encourage l’utilisation de formulaires numériques et de reporting en temps réel. « Les formulaires actuels pour la thérapie antirétrovirale sont encore sur papier, ce qui expose potentiellement la qualité des données à des risques, comme les erreurs humaines au cours de la saisie et du traitement », indique M. Mosende.
Mais, d’une manière générale, l’audit mené par les équipes a révélé que la plupart des centres disposent d’informations et d’un traitement des données de qualité. Le groupe espère simplifier la procédure générale pour élargir l’audit des données à tout le pays.
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Faire entendre la voix des femmes confrontées directement au changement climatique
05 mars 2020
05 mars 2020 05 mars 2020La région Pacifique est une des régions du monde où la violence basée sur le genre est endémique. Une étude menée aux Fidji révèle que 72 % des femmes en sont victimes par rapport à 35 % en moyenne dans le monde. Les femmes dans la région sont également peu représentées dans les cercles de décision. Dans la région Pacifique, sur 560 parlementaires, 48 sont des femmes et 10 des Fidjiennes.
À ces problèmes socioculturels vient s’ajouter l’urgence climatique. Dans ce contexte, les femmes de la région Pacifique revendiquent d’être davantage impliquées dans les décisions sur le climat et d’être partie prenante de la riposte.
Komal Narayan, une militante fidjienne pour la justice climatique, a été fascinée de découvrir au cours de ses études universitaires sur le développement que la problématique du changement climatique se recoupe avec celle de l’éthique et de la politique. « Les populations les moins responsables du changement climatique sont celles qui le ressentent le plus », explique-t-elle. Ce constat l’a motivée à s’engager davantage et à se faire entendre sur ce problème. Elle s’est ainsi retrouvée à participer avec d’autres jeunes représentants des Fidji à la vingt-deuxième Conférence des Nations Unies sur le Changement climatique organisée en Allemagne, à Bonn, en 2017.
« Mon but dans la vie est de faire partie d’une société qui se concentre sur les problématiques liées à la justice climatique, et qui encourage et motive davantage les jeunes à s’impliquer dans ce domaine. Je suis en effet persuadée que toi ou moi ne sommes pas les seules personnes concernées par ce problème, mais que ce dernier est une préoccupation commune à toute la région Pacifique », continue Mme Narayan.
Mme Narayan a également été accréditée pour le Sommet de la jeunesse sur le climat des Nations Unies organisé en septembre 2019 où elle a participé à une discussion menée par des jeunes avec le secrétaire-général des Nations Unies.
« Nous, les femmes, donnons la vie, sommes des mères dévouées, des sœurs attentives, exerçons une influence dans nos familles et participons au développement économique. Nous sommes en mesure de donner une impulsion à la lutte internationale sur le climat », a déclaré Mme Narayan. « Il est grand temps que les femmes et les filles disposent des mêmes chances et du même accès aux ressources et aux technologies que les hommes et les garçons afin de s’engager pour la justice climatique. Et les pays, en particulier les gouvernements et la société civile, ont un rôle central à jouer. »
AnnMary Raduva, 11 ans, va à l’école Saint Joseph’s Secondary School de Suva, la capitale des Fidji. Elle est convaincue que la justice climatique doit reconnaître le lien entre les êtres humains et l’environnement, et notre vulnérabilité si nous ne faisons rien aujourd’hui.
« Dans la région Pacifique, nos communautés indigènes sont extrêmement dépendantes de la richesse écologique pour subsister, mais aussi au niveau économique. Ainsi, nos frères et nos sœurs sont particulièrement sensibles aux effets d’épisodes météorologiques extrêmes et nous ne devons pas les oublier. Nous entretenons un lien étroit avec notre environnement et l’océan, aussi bien au niveau spirituel que culturel. Ce lien nous met en position d’anticiper les impacts du changement climatique, mais aussi de nous préparer et d’y riposter », indique Mme Raduva.
En 2018, elle a écrit au Premier ministre fidjien pour lui demander de revoir le Fiji Litter Act 2008 afin que cette loi considère également les lâchers de ballons comme une pollution de l’environnement. Mme Raduva s’est très vite rendu compte que cette thématique n’allait pas assez loin et qu’elle devait trouver des alternatives écologiques pour étendre sa lutte. Très vite, elle a eu l’idée de planter de la mangrove le long de la côte de Suva.
Depuis 2018, elle a été à l’initiative de six actions qui ont planté plus de 18 000 plants de mangroves. Elle a été invitée en septembre 2019 à New York pour participer à la marche pour la justice climatique lors d’un évènement de « United for Climate Justice » organisé par la Foundation for European Progressive Studies. Elle a affiché sa solidarité avec les communautés indigènes qui sont les premières touchées par le changement climatique dans la région Pacifique.
En tant que jeune militante, Mme Raduva est confrontée à la discrimination. Des gens se sont déjà moqués de « cette gamine naïve » ou lui ont dit qu’elle n’avait pas voix au chapitre du changement climatique, car seuls les garçons et les adultes sont en droit de s’engager pour une cause. Toutefois, elle est persuadée que n’importe quelle institution ou organisation engageant des discussions portant sur le changement climatique doit accorder une place aux femmes, aux enfants, ainsi qu’aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées, mais aussi à d’autres minorités.
Varanisese Maisamoa a survécu au cyclone Winston de 2016, l’une des catastrophes naturelles les plus dévastatrices de l’histoire de l’archipel. En 2017, elle a fondé la Rakiraki Market Vendors Association qui travaille avec le projet Markets for Change de l’ONU Femmes. « Nous voulons préparer les vendeuses du marché au changement climatique », explique-t-elle. Au cours d’une formation sur le leadership apportée par l’ONU Femmes, elle a appris à s’exprimer avec aplomb sur les problèmes touchant les vendeuses du marché et à négocier avec le conseil de gestion du marché.
Mme Maisamoa a représenté son association au cours de la planification de la reconstruction du marché de Rakiraki. Il dispose maintenant d’infrastructures pouvant résister à un cyclone de catégorie 5, d’un système de collecte des eaux de pluie, un mécanisme d’évacuation résistant aux inondations et une conception sensible aux questions de genre.
Mmes Narayan, Raduva et Maisamoa font partie des femmes du Pacifique qui s’engagent pour faire entendre et inclure davantage les femmes et les filles dans l’action climatique. Leur engagement porte ses fruits. Il réduit la discrimination à l’égard des femmes et des filles qui se manifeste par des inégalités les exposant davantage à des risques imputables à une catastrophe et à la perte de leur moyen de subsistance, et leur action rend les femmes résilientes pour s’adapter aux changements du climat.
L’histoire de Mme Maisamoa a été republiée avec la permission du projet Markets for Change de l’ONU Femmes. Il s’agit d’une initiative multipays visant à créer des marchés inclusifs, sans danger ni discrimination dans les zones rurales et urbaines des Fidji, des Îles Salomon et du Vanuatu. Ce projet encourage l’égalité des sexes et l’émancipation économique des femmes. L’initiative Markets for Change est mise en place par l’ONU Femmes. Elle est financée en grande partie par le gouvernement australien et, depuis 2018, ce partenariat jouit également d’une aide du gouvernement canadien. Le Programme des Nations Unies pour le développement est partenaire du projet.
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Inde : des services pensés pour les consommatrices de drogues injectables
02 mars 2020
02 mars 2020 02 mars 2020Souvent, les toxicomanes forment une population extrêmement stigmatisée et confrontée à de fortes discriminations. Les consommatrices de drogues, quant à elles, le sont à double titre : à cause de leur addiction et de leur sexe. Elles sont ainsi davantage exposées à la violence basée sur le genre et aux violations des droits humains, par conséquent, au risque d’une infection au VIH ou autre.
Dans le monde, seuls quelques programmes de réduction des risques proposent des services répondant aux besoins des femmes, mais des discriminations fondées sur le sexe peuvent en tenir les femmes éloignées. Il n’est pas rare non plus que les services liés au VIH ne prennent pas en compte les besoins des consommatrices de drogue.
Dans le cadre de son action en faveur des femmes qui s’injectent des drogues, l’India HIV/AIDS Alliance avec le soutien du gouvernement punjabi par le biais de son ministre de la Santé et du bien-être familial est active dans le Civil Hospital de Kapurthala. Cette collaboration vise à élaborer un modèle complet de réduction des risques destiné aux consommatrices de drogues injectables au Punjab.
L’hôpital met ainsi en place une stratégie holistique qui met l’accent sur la personne. Il dispose d’une clinique de réduction des risques qui fournit des services spécifiques aux besoins des femmes. Des services liés au VIH et à la réduction des risques sont proposés sous un même toit, dans l’esprit des centres polyvalents. Les femmes ont accès gratuitement et aux heures qui leur conviennent le mieux à une vaste gamme d’options, notamment au traitement de substitution aux opiacés, à des programmes de distribution d’aiguilles et de seringues et à de la naloxone, un médicament efficace en cas d’overdose d’opiacés.
« Avant de disposer de notre propre centre de réduction des risques, nous avions beaucoup de mal à obtenir un traitement de substitution aux opiacés auprès d’autres établissements. Les consommateurs masculins n’arrêtaient de nous harceler pour obtenir des faveurs sexuelles », explique Preeti Singh (nous avons changé son nom), une patiente de la clinique.
L’établissement travaille en partenariat avec des organisations non gouvernementales locales afin de garantir que les femmes s’injectant des drogues ont accès à d’autres services, y compris des conseils, le dépistage du VIH ou encore des services sur la santé de la reproduction et sexuelle. Une offre de services sensibles au genre s’inspirant d’expériences faites en Inde et dans d’autres pays d’Asie est en cours d’élaboration. Les femmes fournissent les services, mobilisent les communautés et sont les bénéficiaires du projet.
« Au début, mon mari et ma belle-famille ne m’autorisaient pas à chercher un traitement de substitution aux opiacés auprès du centre de réduction des risques pour femmes. Maintenant que je suis une thérapie antirétrovirale et que ma santé s’est améliorée, ils savent que ça marche ! », s’enthousiasme Kiran Sharma (nous avons changé son nom) qui se rend à la clinique.
Le projet se concentre aussi sur l'organisation et le développement de rencontres au sein de la communauté sous l'égide du State Drug User Forum en partenariat avec l’India HIV/AIDS Alliance. Ces rencontres visent à recueillir des informations du point de vue des femmes, à comprendre et à trouver des solutions à des problèmes transversaux, notamment la violence basée sur le genre, ainsi que la stigmatisation et discrimination, et à renforcer les services liés au VIH et à la réduction des risques.
« Comme les autres femmes dans mon cas, je suis aussi allée au centre pour avoir de l’aide pour mes sevrages et j’ai été surprise de trouver beaucoup d’autres services destinés à des filles comme nous. Ce que j’ai préféré, c’est que l’on s’est occupé de mon enfant », raconte Monica David (nous avons changé son nom), usagère de la clinique.
Lancé en février 2019, le projet a déjà atteint son objectif de toucher 150 consommatrices de drogues injectables. La clinique a un impact incroyable sur la vie de ces femmes. Elle les sensibilise aux thèmes de la prévention et du dépistage du VIH, de l’hépatite C et de la tuberculose, et elle leur dit où trouver un traitement et des soins supplémentaires correspondant à leurs besoins.
Le projet fera l’objet d’une évaluation cette année et les conclusions seront utilisées pour lancer et déployer le modèle en Inde et dans d’autres parties de l’Asie.
Le Directeur pays de l’ONUSIDA en Inde, Bilali Camara, déclare que le projet est arrivé à un moment propice. « Nous devons continuer de travailler ensemble pour combler les écarts qui font que les consommatrices de drogue sont oubliées. Mettre un terme à l’épidémie de sida en tant que menace publique à l’horizon 2030 dépend de l’avancée du plan sur la justice sociale et l’inclusion. Ce dernier impose d'accéder à des services de santé intégrés et exempts de discrimination impliquant sérieusement les communautés », poursuit-il.
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Hollaback! Jakarta s’engage contre le harcèlement envers les femmes
03 mars 2020
03 mars 2020 03 mars 2020« Comme tous les matins, j’allais à pied au travail. Il y avait ce jour-là un homme sur une moto au bout de la rue. Lorsque je suis passée à côté de lui, il m’a touché les seins avant de partir à toute vitesse. » Voici un témoignage parmi beaucoup d’autres que l’on retrouve sur le site Internet de Hollaback! Jakarta.
Le harcèlement sexuel et d’autres formes de violence basée sur le genre restent très problématiques pour les femmes en Indonésie. Selon le rapport annuel de la National Commission on Violence Against Women, plus de 400 000 cas de violence à l’égard des femmes ont été signalés en 2019, 28 % d’entre eux dans l’espace public. Les femmes se sentent de moins en moins en sécurité dans les infrastructures et les transports publics ainsi que dans la rue.
Hollaback! Jakarta fait partie d’un mouvement international visant à mettre un terme au harcèlement dans l’espace public. Dans son travail pour créer des espaces plus sûrs pour les femmes en ville, Hollaback! Jakarta coopère avec des entreprises fournissant des applications de VTC, des services de transport public, des écoles et des campus pour fournir des formations sur la violence basée sur le genre.
« En sensibilisant les chauffeurs de mototaxi, ces derniers sont non seulement capables de comprendre les formes de harcèlement, mais aussi d’intervenir lorsqu’ils sont témoins de telles scènes dans l’espace public », explique Noval Auliady, co-directeur d’ Hollaback! Jakarta. Cela est extrêmement important dans une ville comme Djakarta où les rues grouillent de mototaxis.
À l’heure actuelle, la législation ne protège pas totalement les femmes de la violence basée sur le genre. Des lois existent, mais elles ne prennent pas en compte tous les cas de figure. Un projet de loi, le Draft Bill on the Elimination of Sexual Violence, a été pensé pour combler ce vide juridique en élargissant la définition de la violence sexuelle et en mettant l’accent sur la protection et la restitution des victimes.
Pendant plusieurs semaines en septembre 2019, des étudiant(e)s, des militant(e)s et des jeunes ont occupé les rues de grandes villes d’Indonésie pour demander le vote du projet de loi. Hollaback! Jakarta faisait partie du noyau dur de la campagne. L’organisation a ainsi fait le buzz sur les médias sociaux, mobilisé la population et rencontré des parlementaires.
Malheureusement, le projet de loi n’a pas été adopté au cours de la dernière session parlementaire, car des groupes conservateurs se sont vivement prononcés contre les clauses portant sur la criminalisation du viol conjugal. Toutefois, il est bon de souligner que ce texte figure toujours sur la liste des priorités du programme législatif national pour cette année. Le soutien massif en provenance de groupes issus de la société civile augmente vraiment les chances d’adoption de ce texte de loi, ce qui donne du baume au cœur à la lutte contre la violence basée sur le genre en Indonésie.
Internet est également devenu un pilier du mouvement. Les médias sociaux ont non seulement été essentiels à la mobilisation de la population en faveur du projet de loi, mais ils ont également été un relais efficace pour diffuser cette idée importante qu’est l’éradication de la violence à l’égard des femmes.
Sur son site, Hollaback! Jakarta encourage la population à partager leur vécu afin de montrer que cette forme de violence est répandue, sérieuse et courante. À l’image du témoignage au début de cet article, des personnes parlent de ce dont elles ont subi et d’autres de situation dont elles ont été témoins.
Le site Internet de Hollaback! Jakarta a publié à ce jour plus de 300 témoignages de femmes qui ont été victimes d’une forme ou d’une autre de violence basée sur le genre, qu’il s’agisse de sifflements dans la rue ou d’agression. Chaque témoignage s’accompagne d’un bouton « I’ve got your back » permettant aux internautes d’afficher leur solidarité. Avec son site Internet et son activité sur les médias sociaux, Hollaback! Jakarta reconnaît la possibilité de créer un espace virtuel où les femmes victimes de ce problème se sentent en sécurité.
« Nous espérons que plus nous aurons de témoignages, plus les gens seront prêts à parler, à afficher leur soutien ou à intervenir en voyant de telles situations », explique M. Auliady.
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Épidémie de COVID-19 : collaboration de l’ONUSIDA et de la Chine afin de garantir la continuité du traitement des personnes vivant avec le VIH
19 février 2020 19 février 2020GENÈVE, le 19 février 2020—Une enquête menée auprès de personnes vivant avec le VIH révèle que l’épidémie actuelle de coronavirus dit COVID-19 a un impact considérable sur la vie des personnes séropositives en Chine.
Cette enquête montre que près d’un tiers d'entre elles (32,6%) craint de ne plus avoir de médicaments d’ici quelques jours à cause de l’état d’urgence et des restrictions de déplacement dans certaines régions de Chine. La moitié d’entre elles (48,6%) indique ne pas savoir où obtenir le prochain renouvellement de leur thérapie antirétrovirale. Cependant, le gouvernement et des partenaires communautaires ont lancé un partenariat étroit afin de garantir la continuité de l’accès à ce traitement indispensable à l’heure où le pays lutte pour juguler le COVID-19.
Ainsi, le Chinese National Center for AIDS/STD Control and Prevention a chargé des administrations locales de permettre aux personnes vivant avec le VIH d'obtenir leurs médicaments même hors de leur lieu de résidence habituel. Le centre a également publié et diffusé une liste des cliniques fournissant une thérapie antirétrovirale. Le bureau pays de l’ONUSIDA en Chine, quant à lui, travaille avec BaiHuaLin, une alliance de personnes vivant avec le VIH, ainsi qu’avec d’autres partenaires communautaires afin d’établir de toute urgence un lien avec les personnes séropositives qui risquent de manquer de médicaments dans les 10 à 14 jours prochains et de leur apporter l’assistance nécessaire. L’ONUSIDA va également donner des équipements de protection individuelle à des organisations de la société civile apportant de l’aide aux personnes vivant avec le VIH, aux hôpitaux, etc. L’objectif consiste à améliorer la qualité des soins fournis aux personnes dans les établissements de santé et d’empêcher que les personnes vivant avec le VIH ne contractent le COVID-19.
« Les personnes vivant avec le VIH doivent continuer à obtenir les médicaments dont elles ont besoin pour rester en vie », a déclaré Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA. « Je salue les efforts du Chinese National Center for AIDS/STD Control and Prevention pour aider les personnes vivant avec le VIH et touchées par l’état d’urgence à obtenir leurs médicaments. Nous devons garantir que quiconque ayant besoin d’un traitement au VIH y ait accès, peu importe où il ou elle se trouve. »
L’épidémie du COVID-19 en Chine a déclenché une riposte sans pareil, mais les hôpitaux et le personnel médical sont maintenant débordés par les soins à apporter aux victimes du coronavirus. L’état d’urgence a en outre été déclaré dans certaines villes. Cela signifie pour les personnes séropositives originaires d’une autre localité, qui se trouvent néanmoins dans ces zones qu’elles ne peuvent plus rentrer chez elles et accéder aux services liés au VIH, y compris leur traitement, fournis par leur prestataire de santé habituel.
Alors que la grande majorité des personnes interrogées (82 %) déclare avoir reçu les informations nécessaires pour évaluer leurs propres risques et prendre des mesures préventives contre le COVID-19, la plupart (près de 90 %) souhaitent davantage d’informations sur les mesures de protection spécifiques destinées aux personnes vivant avec le VIH. À l’image du reste de la population, 60 % d'entre elles indiquent avoir manqué d’équipement de protection individuel et domestique, comme des masques, du savon et du désinfectant, de l’alcool médical ou des gants. Près d’un tiers indique avoir peur et avoir besoin d’un soutien psychologique au cours de l’épidémie de COVID-19.
« Nous devons savoir combien de personnes vivant avec le VIH ont contracté le COVID-19, si elles sont davantage exposées à un risque de contamination et, en cas de contamination au coronavirus, si leur résistance est réduite. Au stade actuel de l’épidémie, il reste encore de nombreuses inconnues. Nous devons combler ces lacunes, et ce, sans perdre une seconde », a ajouté Mme Byanyima.
Cette enquête a été élaborée et menée conjointement par l’ONUSIDA et BaiHuaLin, une alliance de personnes vivant avec le VIH avec le soutien du Chinese National Center for AIDS/STD Control and Prevention. Pour cette étude, l’ONUSIDA a mobilisé l’aide des communautés et a attiré l'attention sur Internet afin d’obtenir autant de réponses que possible. Plus de 1 000 personnes vivant avec le VIH y ont participé. Les réponses ont été recueillies du 5 au 10 février 2020. Il est prévu qu’une étude complémentaire détaillée soit réalisée en partenariat avec la faculté de médecine de l’université de Zhongshan. Elle portera sur les besoins des communautés et se penchera sur les problèmes lié au système de santé avec un impact direct sur les services de lutte contre le VIH.
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Bangkok : des populations clés fournissent des services de santé par le biais de leurs propres organisations
27 janvier 2020
27 janvier 2020 27 janvier 2020Boy Somjai et Jam Chainukul (nous avons changé leurs noms) sont un jeune couple homosexuel de Bangkok en Thaïlande. Au début de leur relation, ils ont décidé de faire leur premier test du VIH. Alors que tous deux regardaient sur Internet, leurs amis leur ont conseillé la Rainbow Sky Association of Thailand (RSAT), une clinique spécialisée dans le VIH gérée par la communauté et située à proximité d’une rue animée de Bangkok.
Avec ses quatre cliniques et ses dix centres d’accueil implantés dans plusieurs villes de Thaïlande, la RSAT permet aux gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi qu’aux personnes transgenres d’avoir accès à des services de prévention du VIH et de participer à des réunions d’information sur le sujet, le tout à la même adresse. Par ailleurs, la souplesse des horaires d’ouverture correspond au style de vie de nombreux membres des populations clés.
Danai Linjongrat, le directeur exécutif de la RSAT, explique : « L’accès des populations clés aux services du VIH est l’un des principaux défis de la riposte au VIH du pays. Il est extrêmement important que ces groupes puissent profiter de la prévention et du traitement du VIH sans avoir peur des discriminations. »
M. Boy et M. Jam reviennent à présent tous les trois mois à la RSAT pour effectuer un contrôle régulier. Pour eux, « lorsque nous sommes venus ici pour la première fois, nous étions vraiment stressés, car nous étions à la recherche d’un endroit qui respecte notre vie privée. Nous avons trouvé ici bien plus qu’un établissement spécialisé dans le VIH. Nous avons trouvé un lieu de confiance, un peu comme une famille. Le personnel de santé nous a aidés à parler de notre expérience. Il ne nous a pas jugés et il a accepté nos besoins en faisant preuve d’ouverture d’esprit. »
Le succès de la RSAT revient en partie au fait que son personnel appartient aux populations ciblées. La RSAT a adopté l’approche nationale consistant à permettre aux populations clés de fournir des services de santé. Ainsi, les membres de ces groupes sont en mesure d’identifier et de satisfaire les besoins d’autres personnes dans leur cas, notamment en matière de santé et de prise en charge du VIH. « Nous comprenons les besoins de notre public, ce qu’il veut, où il vit et ce qu’il ressent, car les membres de notre équipe font partie des mêmes communautés », explique M. Linjongrat.
Le personnel de santé fournit des services adaptés aux personnes et à leurs besoins, y compris la prophylaxie pré-exposition (PPrE), une assistance juridique, la réduction des risques, le dépistage d’infections sexuellement transmissibles, des conseils et le contrôle du niveau hormonal des personnes transgenres. Selon le résultat du test du VIH, la personne est invitée soit à suivre une thérapie antirétrovirale soit à un entretien détaillé sur la prise de la PPrE, le tout dans une atmosphère accueillante et dénuée de jugement.
La RSAT est l’une des sept organisations communautaires thaïlandaises à proposer gratuitement la PPrE par le biais de fournisseurs communautaires dans le cadre du Princess PrEP Project. À l’heure actuelle, 1 200 personnes ont accès à la PPrE dans les cliniques et les centres d’accueil de la RSAT. Le Thai Red Cross AIDS Research Centre qui jouit du soutien du Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida par le biais du projet LINKAGES Thailand renforce sans relâche les compétences afin de garantir que le personnel communautaire de santé soit en mesure d’apporter des services liés au VIH en respectant les normes nationales.
La RSAT utilise différentes approches pour encourager la demande et la promotion de ses programmes, ainsi que pour effectuer un travail de proximité. Phubet Panpet, directeur adjoint de la RSAT, explique : « nous nous rendons dans des endroits différents comme des saunas, des complexes de loisirs, des écoles ou des universités, selon le groupe que nous ciblons pour sensibiliser à la prévention du VIH et pour inciter les personnes à se faire dépister. »
Kunpawee Isalam, membre transgenre de l’équipe de proximité de Bangkok, comprend la stigmatisation et la discrimination subies par la communauté transgenre. « Nous organisons des actions de proximité qui parlent véritablement aux personnes transgenres dans l’optique de renforcer leur confiance en elles. Beaucoup ont vraiment du mal à prendre conscience qu’elles peuvent obtenir de l’aide, elles ont peur de la discrimination. La RSAT est un lieu où elles sont en sécurité et où elles peuvent obtenir différentes options de prévention du VIH », indique-t-elle.
La RSAT utilise également les réseaux sociaux pour entrer en contact avec les jeunes gays et autres jeunes hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Des membres du personnel s’inscrivent sur les applications de rencontre et créent un profil afin de diffuser des informations sur le VIH. « Au début de la conversation, le membre du RSAT parle de notre clinique et invite son interlocuteur à échanger sur le thème de la prévention du VIH », explique Mongkol Jaidee qui travaille sur le terrain. « Je choisis un endroit, je regarde qui est connecté et j’envoie des messages personnels pour présenter les services fournis par notre clinique. Les réactions sont généralement positives. Il arrive souvent que les gens reviennent vers nous avec des questions et se rendent dans nos établissements les jours qui suivent. »
Et M. Linjongrat de conclure : « Par rapport à d’autres services, nous aidons les gens en cherchant ce dont ils ont besoin et ce que nous pouvons faire pour les aider. Les services dirigés par une communauté sont une stratégie qui a fait ses preuves. Ils sont un élément essentiel de la riposte au VIH en Thaïlande. »
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Donner les moyens aux jeunes vivant avec le VIH de devenir acteurs et actrices de changement en Thaïlande
23 janvier 2020
23 janvier 2020 23 janvier 202024 000 jeunes environ entre 15 et 24 ans vivent avec le VIH en Thaïlande. En 2018, ces jeunes représentaient près de la moitié des 6 400 nouvelles infections au VIH dans le pays.
La Thaïlande a réalisé d’énormes progrès dans sa riposte au sida, notamment en intégrant la gratuité de la thérapie antirétrovirale à sa couverture sanitaire universelle. Toutefois, les ados et les jeunes vivant avec le VIH n’ont souvent pas accès aux soins ou manquent de soutien pour suivre leur traitement, notamment face aux difficultés comme l’autostigmatisation, la stigmatisation et la discrimination ou encore le passage entre les soins destinés aux enfants et ceux pour les adultes.
Il y a trois ans, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et d’autres partenaires nationaux sous l’égide du Thai Network of People Living with HIV ont créé le Thai Network of Youth Living with HIV afin d’apporter une solution à cette situation. L’objectif principal de ce réseau consiste à autonomiser les ados et les jeunes vivant avec le VIH afin d'en faire les acteurs et les actrices des changements souhaités dans leur vie. Ce programme a été conçu pour fournir des services d’informations, des formations portant sur des compétences de la vie courante, ainsi qu’une assistance par et pour les ados et les jeunes vivant avec le VIH.
Kritthanan Ditthabanjong, un de ses premiers membres actifs, est à présent le responsable de la communication institutionnelle du réseau. Cet étudiant en journalisme travaille également en tant qu’éditeur de contenu pour des sites Internet et des magazines en Thaïlande. Il est devenu une figure emblématique de la jeunesse et représente le réseau lors d’évènements publics et dans les médias. Il se fait ainsi le relais des besoins des jeunes vivant avec le VIH.
« J’ai révélé publiquement mon statut sérologique, car je souhaitais que mon expérience profite à d’autres, mais je voulais aussi apporter aux jeunes les informations nécessaires pour mener dignement une vie en bonne santé. Je n’ai pas peur de m’exposer, car je sais que mes proches et ma communauté me soutiennent », déclare-t-il.
Grâce à l’aide technique et financière de l’UNICEF et d’autres partenaires, mais aussi par le biais de nombreuses plateformes et stratégies, le réseau apporte un soutien psychologique en cas de diagnostic positif et des informations contre l’autostigmatisation. Il réfléchit également à des compétences d’adaptation et crée un réseau de soutien pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination. « Les jeunes vivant avec le VIH ont besoin d’un soutien psychologique et d’une communauté en qui ils peuvent avoir confiance », continue M. Ditthabanjong.
Le réseau forme des jeunes responsables pour conseiller des personnes de leur âge vivant avec le VIH et les mettre en contact avec les établissements de santé, les hôpitaux et les services dirigés par les communautés afin de leur fournir un traitement et des soins contre le VIH. Ces jeunes responsables accompagnent aussi les jeunes vivant avec le VIH à leurs rendez-vous médicaux et vont les voir ensuite à leur domicile afin de faciliter le suivi de leur traitement.
Par ailleurs, le réseau utilise les médias sociaux pour entrer en contact avec les jeunes, leur apporter des informations sur le VIH et les aider à s’accepter. Des initiatives comme la campagne en ligne Growing UP with HIV créent des espaces où les jeunes peuvent poser librement leurs questions sur différents thèmes tels que la prévention du VIH ou les rapports sexuels sans risque et dire ce qu'ils pensent.
« Growing Up with HIV permet aux jeunes de faire partie de notre communauté et de leur faire sentir que nous sommes à leurs côtés », poursuit M. Ditthabanjong.
M. Ditthabanjong s’engage également avec l’UNICEF dans d’autres campagnes et actions menées sur les réseaux sociaux à destination de la jeunesse thaïlandaise. Elles lui permettent aussi de faire entendre la voix et le point de vue des jeunes vivant avec le VIH. Il a récemment fait partie de Dare to Dream, une campagne publique créée par l’UNICEF en Thaïlande dont l’objectif était de permettre aux jeunes d'exprimer leur opinion sur l’éducation et sur leurs besoins pour réussir le passage à l’âge adulte. « Avec nous, M. Ditthabanjong s’est transformé en quelques années d’un adolescent timide qui n’osait pas parler et cherchait toujours du regard l’approbation de son conseiller en un exemple pour les jeunes de son pays lorsqu’il est devenu l’un des neuf visages de la campagne Dare to Dream », indique un membre de l’UNICEF.
Et M. Ditthabanjong de conclure : « Un jour, j’ai donné une interview sur les réseaux sociaux. J’en étais à peine sorti que je recevais déjà un message d’un jeune qui venait d’être diagnostiqué avec le VIH. « Ma mère et mon père me rejettent et j’ai envie de mettre fin à mes jours », écrivait-il. Je lui ai téléphoné, nous nous sommes rencontrés et je l’ai convaincu de rejoindre notre réseau. Aujourd’hui, il va bien. Notre réseau change la vie des gens. »