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La crise haïtienne exacerbe la vulnérabilité des personnes vivant avec et affectées par le VIH. L'ONUSIDA s'est engagé à continuer à fournir un appui aux personnes dans le besoin.

27 mars 2024

La crise humanitaire en Haïti exacerbe la vulnérabilité des personnes vivant avec ou affectées par le VIH, en particulier les femmes, les filles et les populations clés. La situation a aggravé les inégalités existantes et multiplié les risques auxquels sont confrontées les communautés marginalisées. Face à cette adversité, l'ONUSIDA continue de travailler avec ses partenaires pour s'assurer que les personnes vivant avec ou affectées par le VIH ont accès à des services vitaux en matière de VIH, notamment des services de traitement et de prévention.

Par exemple, dans le département de l'Ouest, plus de 50 000 personnes reçoivent un traitement antirétroviral et risquent fort d'être perturbées. Les services de prévention du VIH et de soins de santé risquent également d'être perturbés. Les violences récentes continuent de traumatiser des milliers de familles. Des milliers de personnes se retrouvent aujourd'hui en situation d'insécurité et exposées à toutes sortes de risques. Les personnes déplacées et les populations vulnérables ont besoin d'une aide d'urgence et d'espaces sûrs et protégés.

"Les communautés déjà exposées au VIH en Haïti sont devenues encore plus vulnérables, et les personnes vivant avec le VIH sont confrontées à des difficultés accrues pour accéder aux traitements et aux soins ", a déclaré Luisa Cabal, directrice régionale de l'ONUSIDA pour l'Amérique latine et les Caraïbes. "Avec toutes les agences des Nations Unies et ses partenaires, l'ONUSIDA plaide en faveur d'un accès humanitaire sûr et sans entrave, et de la protection des établissements de santé et des travailleurs sanitaires.

La situation en Haïti est désastreuse, avec plus de 5,5 millions de personnes ayant besoin d'aide, dont plus de trois millions d'enfants. Le Programme alimentaire mondial a noté qu'environ 1,4 million d'Haïtiens sont "à un pas de la famine". Le coordinateur humanitaire des Nations unies pour Haïti (  ) a indiqué que le plan de réponse humanitaire n'était financé qu'à hauteur de six pour cent. Moins de la moitié des établissements de santé de Port-au-Prince fonctionnent à leur capacité moyenne, et il y a un besoin urgent de produits sanguins sûrs, d'anesthésiques et d'autres médicaments essentiels.

Face à ces défis, l'ONUSIDA et ses Coparrainants, ainsi que le Plan d'urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR), le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, et l'Observatoire de la société civile pour le VIH/TB/Paludisme soutiennent le Programme national haïtien de lutte contre le sida.

L'ONUSIDA collabore avec l'unité de gestion des urgences sanitaires du ministère de la santé et de la population pour soutenir la fourniture de traitements contre le VIH. Cet appui comprend des programmes visant à fournir un vaste ensemble de mesures de soutien aux communautés touchées. Par exemple, en collaboration avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l'Organisation de développement et de lutte contre la pauvreté (ODELPA), l'ONUSIDA soutient les filles et les femmes qui ont survécu à la violence sexiste en formant les dirigeants communautaires et en octroyant des fonds d'autonomisation pour les activités génératrices de revenus des femmes et des hommes.

"Nous nous efforçons de faire en sorte que les personnes vivant avec le VIH bénéficient d'un traitement antirétroviral continu et d'un accès aux besoins essentiels, en particulier pour les personnes les plus vulnérables dans les zones les plus touchées ", explique Christian Mouala, Directeur de l'ONUSIDA en Haïti. "L'ONUSIDA reste déterminé à ne pas laisser la crise humanitaire perturber les progrès réalisés dans la riposte au VIH.  Les Nations Unies s'unissent pour soutenir le peuple haïtien ".

Ukraine : un rapport indique que les femmes et les personnes marginalisées ont besoin d’accéder de toute urgence aux services de santé

11 mai 2022

Un nouveau rapport de l’ONU Femmes et de CARE International souligne l’urgence de fournir des services de santé aux femmes en Ukraine et explique pourquoi la communauté internationale doit soutenir une riposte à la crise humanitaire ukrainienne qui prenne en compte le sexe.

Le rapport met également l’accent sur la nécessité d’une approche intersectionnelle de la crise qui se penche sur les risques accrus rencontrés par les communautés marginalisées (lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexe (LGBTI), les Roms, les personnes handicapées et celles atteintes de maladies chroniques), qui sont confrontées à d’immenses difficultés et ont des besoins spécifiques en matière de santé et de sécurité.

« Ce rapport influent montre pourquoi et comment les ripostes humanitaires doivent toujours prendre en compte le sexe, mais aussi répondre aux besoins spécifiques des communautés marginalisées », a déclaré la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Le courage et l’engagement des personnalités féminines qui continuent de servir leurs communautés, même en période de guerre, en Ukraine et dans le monde entier, sont une source d’inspiration. »

L’analyse du rapport, basée sur des enquêtes et des entretiens avec des personnes en Ukraine, a été menée en avril et détaille certaines dynamiques de la crise du point de vue des sexes et formule des recommandations pratiques et réalisables pour la riposte humanitaire internationale.

Les femmes et les filles interrogées dans le cadre du rapport ont mis en avant les difficultés à accéder aux services de santé, en particulier pour les survivantes de violences sexistes, les femmes enceintes et les jeunes mères, ainsi que la peur croissante face aux violences sexistes et au manque de nourriture, en particulier pour les personnes vivant dans les zones de conflit.

De nombreuses personnes interrogées ont évoqué les risques pour la santé, y compris la propagation de la COVID-19, à cause d’abris insalubres.

La guerre a également un impact sur l’accès à la santé sexuelle et reproductive, y compris la planification familiale et la santé maternelle, néonatale et infantile. De nombreux médias ont constaté que les effets de la guerre sur les conditions de vie augmentaient le risque de naissance prématurée.

Les personnes transgenres ont également besoin d’un accès régulier aux médicaments, mais beaucoup ont dû arrêter leur traitement hormonal en raison de l’arrêt de l’approvisionnement. Plusieurs organisations LGBTI fournissent un accès aux médicaments aux membres de la communauté transgenre, mais leur aide ne couvre pas tous les besoins.

« Avec son analyse prenant en compte le sexe, la Rapid Gender Analysis nous permet de consulter directement les populations touchées afin d’identifier avec précision les besoins spécifiques de différents groupes de personnes et de savoir comment les satisfaire au mieux », a déclaré la secrétaire générale de CARE International, Sofia Sprechmann Sineiro. « Ce que nous entendons du peuple ukrainien, c’est que certains groupes, comme les personnes handicapées, les Roms et d’autres minorités ethniques, les mères célibataires et les enfants non accompagnés, ont chacun besoin de différentes formes de protection et d’assistance. Pour que notre réponse reste efficace et pertinente, il faut s’adresser à ces groupes et les prioriser dans l’ensemble de l’écosystème de l’aide, car cette situation réellement dévastatrice continue d’évoluer. »

Le rapport appelle à soutenir les organisations dirigées par des femmes et les organisations de défense des droits des femmes qui fournissent des ressources financières et à faire davantage entendre leur voix sur les plateformes nationales et internationales.

Le rapport enjoint à combler les lacunes dans les services de réponse à la violence sexiste et à accorder la priorité à la santé sexuelle et reproductive, y compris aux soins cliniques offerts aux survivantes d’agressions sexuelles, ainsi qu’aux soins de santé maternelle, néonatale et infantile, notamment à l’accès à la contraception.

« Il est essentiel que la riposte humanitaire en Ukraine tienne compte et réponde aux différents besoins des femmes, des filles, des hommes et des garçons, y compris des populations les plus laissées pour compte », a déclaré la directrice exécutive d’ONU Femmes, Sima Bahous. « Cette analyse arrive à point nommé. Elle apporte les preuves de ces besoins et de leur urgence. Les femmes jouent un rôle vital dans la riposte humanitaire au sein de leurs communautés. Elles doivent également être impliquées de manière significative dans les processus de planification et de prise de décision pour s’assurer que leurs besoins spécifiques sont satisfaits, en particulier ceux liés à la santé, à la sécurité et à l’accès aux moyens de subsistance. »

Rapport

Maintenir les services anti-VIH à destination des toxicomanes à Odessa

22 avril 2022

Odessa est un grand port sur la mer Noire où la consommation de drogues est importante. Dans les années 1990, la ville a enregistré les premiers cas de l’épidémie de VIH en Ukraine. Plus récemment, elle a mis en place des stratégies de services de réduction des risques à destination des toxicomanes qui figurent parmi les plus efficaces au monde. Le financement de ce système est assuré par des budgets nationaux et locaux et son exécution implique des organisations non gouvernementales et communautaires. Odessa a été l’une des premières villes d’Europe de l’Est et d’Asie centrale à signer la Déclaration de Paris. L’année dernière, elle a enregistré une baisse des nouveaux cas de VIH chez les toxicomanes.

Natalia Kitsenko est responsable du service de santé publique de la Road to Home Foundation, l’une des plus anciennes organisations d’Odessa qui fournissent des services aux consommateurs et consommatrices de drogues. L’ONUSIDA a parlé avec elle de la manière dont son organisation réussit à continuer d’aider les personnes dans le besoin, même pendant cette guerre. 

Question : Beaucoup de personnes ont-elles fui Odessa ?

Réponse : Oui, beaucoup sont parties, principalement des femmes et des enfants. Les membres de notre organisation constituent une exception. Sur 60 collègues, 4 personnes sont parties parce qu’elles ont des enfants en bas âge. Les autres sont restées et nous poursuivons activement notre travail quotidien et fournissons une assistance d’urgence aux femmes avec des enfants et aux personnes âgées fuyant d’autres villes : Mykolaiv, Kherson, Marioupol et Kharkiv. Nous assurons principalement le transport vers la frontière moldave et nous les mettons en relation avec des bénévoles qui les aident ensuite dans le pays ou à atteindre une autre destination en fonction de leurs besoins.

Nous faisons également à manger comme des quiches et des ravioles pour les personnes dans le besoin. Toute cette situation nous unit. J’ai été témoin de beaucoup de scènes d’entraide autour de moi.

Question : Combien de personnes concernées par votre programme de réduction des risques ont quitté la ville ?

Réponse : Nous touchons près de 20 000 personnes par an à Odessa et dans les environs. À notre connaissance, seules 7 d’entre elles ont fui à l’étranger. D’autres sont entrées dans des groupes locaux de défense du territoire. D’autres encore aident à construire des structures de protection, ce qui implique de chercher des sacs de sable et de les transporter pour protéger les rues et les monuments. D’autres encore habitent avec nous afin d’obtenir les services dont elles ont besoin. Nous enregistrons un afflux de consommateurs et consommatrices de drogues d’autres régions d’Ukraine où les conditions sont bien pires.

Question : Quels services votre organisation propose-t-elle aux toxicomanes ?

Réponse : Tout d’abord, l’offre de base de réduction des risques que nous fournissons dans le cadre du budget de l’État comprend les consultations, la prévention du VIH (seringues, préservatifs, lingettes, lubrifiants, etc.), le dépistage du VIH et celui de la tuberculose. Parmi les personnes qui utilisent ces services depuis longtemps, le taux de détection d’une infection au VIH est de 0,02 %. Il atteint jusqu’à 7 % pour les personnes qui intègrent seulement le programme. Nous avons mis en place un modèle de recrutement de bénéficiaires avec l’Alliance for Public Health en utilisant la subvention du Fonds mondial et le soutien de l’ECDC. Nous encourageons les toxicomanes à venir avec leurs proches dans nos centres communautaires pour que ces personnes fassent un dépistage. C’est un aspect important, car les nouveaux et nouvelles bénéficiaires, en particulier les jeunes, qui commencent seulement à consommer des drogues, peuvent être un groupe très difficile à atteindre. Beaucoup d’entre eux cachent leur consommation et essaient de rester invisibles. Ce système de recrutement nous permet de les attirer vers nos services de réduction des risques, et, en premier lieu, vers les tests. La gestion des nouveaux cas, l’aide au diagnostic et à l’obtention d’une thérapie antirétrovirale, le dépistage et le suivi de la tuberculose sont également assurés par le biais d’un financement par des donateurs, en particulier le projet PEPFAR.

Question : Avez-vous obtenu des financements supplémentaires ?

Réponse : Oui. Nous venons de recevoir un financement supplémentaire du Fonds d’urgence de l’ONUSIDA pour acheter des médicaments, des pansements et des produits d’hygiène pour nos bénéficiaires. Cette aide essentielle arrive à point nommé, car nos bénéficiaires n’ont pas les moyens d’acheter de nombreux articles médicaux tels que le Fluconazole (un antibiotique) et ces articles sont par ailleurs devenus difficilement disponibles.

Question : Natalia, vous travaillez dans le domaine du VIH depuis plus de 20 ans. Le regard que porte le grand public sur les toxicomanes et les personnes vivant avec le VIH a-t-il changé ?

Réponse : Nous sommes heureux de constater une réduction spectaculaire du niveau de stigmatisation et de discrimination, ainsi qu’une amélioration globale des comportements envers nos bénéficiaires dans les environnements médicaux. Cependant, nous rencontrons toujours des problèmes de préjugés. Beaucoup de gens sont contre la présence de nos points d’échange de seringues et de nos centres communautaires près de chez eux, et ne souhaitent pas voir de toxicomanes dans leurs quartiers, car ces personnes craignent que les consommateurs et consommatrices de drogues menacent leur confort, leur bien-être et leur sécurité. Nous comprenons ces craintes et nous essayons d’expliquer aux personnes concernées pourquoi nous sommes là, comment fonctionnent ces points d’échange de seringues et les centres communautaires. Nous organisons des actions sur le terrain et des réunions pour expliquer aux personnes la réalité de la vie des toxicomanes. Notre travail consiste à justifier en permanence notre contribution et à montrer comment nous aidons à maîtriser les épidémies de VIH, de tuberculose et d’hépatite.

Depuis le début de la guerre, nous fournissons également un abri aux personnes qui vivent dans nos centres. Comme nos points d’échange de seringues se trouvent généralement dans les sous-sols, lorsque les sirènes se mettent à hurler, les voisins et voisines viennent chez nous. Cela signifie que, pour la première fois, les riverains et riveraines sont en contact direct avec des personnes vivant avec le VIH ou consommant des drogues.

Question : Quels sont les problèmes les plus urgents pour vous ?

Réponse : En ce moment, nous avons du mal à fournir à nos bénéficiaires du Naloxone qui permet d’éviter les overdoses. Bien que nous conseillons et informons sans cesse les gens sur les signes avant-coureurs d’une overdose, le nombre d’overdoses a augmenté à cause de la guerre en cours. Et comme le Naloxone est fabriqué dans la ville de Kharkiv qui est sous le feu des bombardements, nous n’en avons plus. Nous en avons besoin sous n’importe quelle forme, si possible sous une forme prête à l’emploi, intranasale ou injectable, car cela sauverait de nombreuses vies. Et nous devons maintenir les services anti-VIH pour les toxicomanes tout en leur fournissant une aide humanitaire urgente.

Une logistique vitale en Ukraine

14 avril 2022

Le 10 avril, Tetyana Pryadko (nous avons changé son nom) reçoit un appel de son médecin annonçant que sa thérapie antirétrovirale contre le VIH est arrivée. Cet appel est très important pour Tetyana, car elle suit un traitement depuis 10 ans sans interruption. Or il lui reste des médicaments pour seulement cinq jours. Elle vit à Chernihiv, une ville sur la ligne de front coupée des chaînes d’approvisionnement habituelles qui permettaient jusque-là à Tetyana d’obtenir régulièrement son traitement anti-VIH.

Avant le déclenchement du conflit, la thérapie antirétrovirale était en effet très facilement disponible en Ukraine. Larisa Getman, directrice du service Gestion et riposte au VIH du Centre de santé publique du ministère ukrainien de la Santé, a expliqué que « l’État a obtenu la majorité des thérapies antirétrovirales par l’intermédiaire de l’Agence nationale des marchés publics. » 100% LIFE est la plus grande organisation de personnes vivant avec le VIH en Ukraine. Elle assure l’approvisionnement en matériel médical dans le cadre des projets du Fonds mondial et gère l’aide humanitaire dans le cadre des programmes du PEPFAR, y compris l’approvisionnement d’urgence en antirétroviraux.

Valeria Rachinskaya, responsable des Droits humains, du genre et du développement communautaire chez 100% LIFE, suit elle-même une thérapie antirétrovirale depuis de nombreuses années. Elle explique que la pandémie de COVID-19, contre toute attente, a amélioré le respect du traitement, car il est devenu courant de disposer chez soi d’un stock de médicaments pour plusieurs mois et que la thérapie est envoyée à celles et ceux qui n’ont pas accès à un établissement de soin. Les téléconsultations et l’utilisation généralisée des applications mobiles font également partie du quotidien.

« Au début de la guerre, les gens n’étaient pas sans médicaments. Le pire a été pour la population des villes les plus touchées par les bombardements, où non seulement les installations médicales ont été détruites, mais dont les chaînes logistiques ont également été interrompues », indique-t-elle.

« Avant la guerre, l’ensemble du processus d’approvisionnement et de livraison était assez facile en Ukraine », explique Evgenia Rudenka, responsable du département Approvisionnement de 100% LIFE. « Les livraisons arrivaient à l’aéroport, nous nous occupions des formalités dans notre entrepôt et nous les distribuions. Mais la guerre est arrivée et il est devenu urgent de déterminer comment assurer la livraison de ces médicaments dans le pays et, surtout, comment les mettre à disposition des patients et patientes. Dès les premiers jours de la guerre, nous avons ainsi élaboré ces mécanismes avec nos partenaires. »

À la demande du Centre de santé publique ukrainien, avec l’appui de l’USAID et du CDC, le Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR) a accepté de contribuer à l’approvisionnement d’urgence en thérapie antirétrovirale. Chemonics, une agence du PEPFAR responsable des achats, a recherché dans le monde entier des stocks disponibles et a réservé du matériel vital.

Grâce au soutien de l’Union européenne qui a immédiatement mis au point les procédures spéciales de transit de l’aide humanitaire pour l’Ukraine, les livraisons ont commencé à se mettre en place à partir de pays voisins, principalement la Pologne et la Roumanie. « Grâce au soutien des chemins de fer, nous avons organisé l’enlèvement des marchandises dans une autre gare que celle du point de livraison central de la plupart des services d’aide humanitaire destinés à l’Ukraine. L’objectif était d’organiser immédiatement la distribution aux régions. (Étant donné qu’énormément de matériel humanitaire provenant de différents pays passe par l’Agence d’État pour les réserves stratégiques de Pologne, il est assez difficile d’avoir accès immédiatement aux livraisons.) Nous faisons donc appel à une entreprise de logistique capable de livrer des marchandises en Ukraine sous le régime du transit humanitaire, dans un entrepôt à Lviv, d’où nous pouvons effectuer la distribution immédiate », a déclaré Mme Rudenka.

La partie la plus difficile et la plus importante du processus est la livraison dans toute l’Ukraine, y compris sur le front.

Selon Mme Rudenka, de nombreuses entreprises de logistique ont cessé leurs activités à cause de la guerre, et celles encore actives ont multiplié par deux ou trois le coût de leurs services.

Les entreprises commerciales ne sont pas prêtes à se rendre dans des villes telles que Kharkiv, Kherson ou Mykolaiv, mais des bénévoles, travaillant en coordination avec les autorités locales, s’y rendent pour évacuer des gens et livrer des médicaments et d’autres articles.

« Dans les zones de combat, les bénévoles déchargent, par exemple, au siège de l’administration régionale, puis nous contactons les institutions médicales qui sont les destinataires finaux et nous leur disons où récupérer la livraison », explique-t-elle.

Néanmoins, plusieurs bénévoles ont été victimes d’attaques et quatre ont perdu la vie.

« La situation des personnes vivant avec le VIH en Ukraine est accablante. Nous essayons de fournir des médicaments, de la nourriture et de l’aide d’urgence sous d’autres formes aux personnes dans le besoin, mais le travail est dangereux et les bénévoles mettent leur vie en jeu. Si nous n’obtenons pas plus d’aide, je ne sais pas combien de temps nous pourrons continuer, en particulier pour atteindre les gens en première ligne », a déclaré le responsable du conseil de coordination de 100% LIFE, Dmytro Sherembey.

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L’ONUSIDA tire la sonnette d’alarme : la guerre en Ukraine risque de déclencher une catastrophe humanitaire pour les personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus

13 avril 2022

Appel urgent lancé pour intensifier considérablement l’aide internationale afin de soutenir les efforts héroïques des réseaux dirigés par la société civile qui œuvrent pour atteindre les personnes suivant une thérapie antirétrovirale 

GENÈVE, le 13 avril 2022—La guerre en Ukraine entraîne la destruction et la perturbation des services de santé et des chaînes logistiques dont dépend la survie de centaines de milliers de personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus. Plus d'un quart de million d'Ukrainiens vivent avec le VIH. Si jamais l’accès au traitement antirétroviral et aux services de prévention devait manquer, cela pourrait entraîner une vague de décès et une résurgence de la pandémie de sida dans le pays. L’action des réseaux dirigés par les communautés est essentielle pour maintenir des services vitaux et ces organisations ont besoin de toute urgence que l’aide internationale passe à la vitesse supérieure.  

Plus de 40 établissements de santé qui proposaient des services de traitement, de prévention et de soins anti-VIH avant le conflit sont désormais fermés, et les activités d’autres sites sont perturbées à plus ou moins grande échelle. Au 11 avril, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait recensé plus de 100attaques contre des établissements de santé en Ukraine, tandis que les voies d’approvisionnement au sein du pays sont désorganisées. Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance signale que les attaques contre les infrastructures d’eau et les coupures de courant ont privé totalement d’accès à l’eau 1,4 million de personnes, tandis que 4,6 millions supplémentaires n’y ont plus qu’un accès limité. De son côté, la Banque mondiale a déclaré s’attendre à ce que l’économie ukrainienne recule de 45 % cette année, ce qui constitue une menace désastreuse pour la pérennité des programmes sociaux et de santé essentiels. 

Une première livraison de plus de 18 millions de doses de médicaments antirétroviraux vitaux fournies par le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR) est arrivée à Lviv la semaine dernière. Sa distribution est en cours en partenariat avec le Centre de santé publique du ministère de la Santé ukrainien et 100 % Life, la principale organisation de personnes vivant avec le VIH en Ukraine. À condition qu’ils puissent atteindre les personnes qui en dépendent, ces médicaments suffiront à couvrir pendant six mois les besoins de toutes les personnes séropositives sous traitement de première intention. Cette première tranche fait partie de l’engagement du PEPFAR de financer les besoins de traitement anti-VIH pour 12 mois en Ukraine. Avant l’éclatement de la guerre, l’ONUSIDA estimait à 260 000 le nombre de personnes séropositives dans le pays, dont 152 000 qui prenaient quotidiennement des médicaments contre le VIH.  

Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial) apporte également un financement d’urgence pour assurer la continuité des services vitaux de lutte contre le VIH et la tuberculose. 

Aujourd’hui, l’accent est mis sur la livraison rapide de médicaments primordiaux contre le VIH à toutes les personnes qui en ont besoin. Les organisations de la société civile déploient des efforts héroïques pour fournir des articles médicaux et des services anti-VIH essentiels aux personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus, y compris aux populations vulnérables. Malgré les énormes obstacles auxquelles elles sont confrontées, elles vont à la rencontre des personnes vivant dans des endroits extraordinairement difficiles d’accès. Mais les organisations de la société civile dont dépend ce système de livraison et de soins ne pourront pas continuer leur action sans un renforcement de l’aide internationale.  

« La situation des personnes vivant avec le VIH en Ukraine est accablante. Nous essayons de fournir des médicaments, de la nourriture et de l’aide d’urgence sous d’autres formes aux personnes dans le besoin, mais le travail est dangereux et les bénévoles mettent leur vie en jeu », a déclaré le responsable du conseil de coordination de 100 % Life, Dmytro Sherembey. « Si nous n’obtenons pas plus d’aide, je ne sais pas combien de temps nous pourrons continuer, en particulier pour atteindre les gens dans les zones de première ligne. » 

L’ONUSIDA a débloqué un premier fonds d’urgence de 200 000 $US pour répondre aux demandes humanitaires et programmatiques urgentes dans sept centres de l’épidémie de VIH (Chernihiv, Dnipro, Kharkiv, Kryvy Rih, Kiev, Odessa et Poltava). Dans le cadre de l’augmentation au sens large de l’aide nécessaire, elle demande de toute urgence à la communauté internationale de fournir 2 420 000 $US supplémentaires en faveur des organisations de la société civile fournissant des services anti-VIH en Ukraine et de celles qui accueillent des réfugiées et réfugiés touché-es par le VIH dans d’autres pays.  

« Les organisations de la société civile et les communautés de personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus forment la base de la riposte au VIH en Ukraine », a expliqué la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Elles ont besoin sans attendre d’un soutien financier et logistique supplémentaire pour assurer la continuité des programmes de traitement, de soins et de prévention du VIH. Nous encourageons l’ensemble des donateurs et donatrices à participer au maintien de ces services pour sauver des vies et prévenir une résurgence de la pandémie de sida en Ukraine. »  

La seule raison pour laquelle la riposte contre le VIH est capable de fournir encore des services aux personnes même au milieu des horreurs de la guerre est que l’Ukraine a choisi une approche moderne qui repose sur un partenariat entre les services publics et ceux des communautés. Mais les réseaux de la société civile, dont la créativité et le courage sont essentiels aux services anti-VIH, ne pourront pas garantir encore longtemps la continuité des opérations au niveau nécessaire sans une aide internationale plus importante.  

Aujourd’hui, il reste extrêmement difficile d’apporter les équipements et les services médicaux aux groupes vulnérables. L’ONUSIDA travaille dans ce domaine avec des partenaires humanitaires en Ukraine et dans le monde en vue de faire émerger des solutions d’urgence pour fournir une aide médicale et humanitaire à des centaines de milliers d’Ukrainiens et d’Ukrainiennes.  

L’Alliance for Public Health s’efforce de fournir l’aide d’urgence nécessaire pendant le conflit. Elle utilise des minibus pour répondre aux besoins humanitaires impératifs, notamment en évacuant des populations vulnérables et en assurant des livraisons de nourriture et de médicaments. Les communautés en première ligne de la riposte font des efforts incroyables pour rester en contact avec les personnes. Par exemple, des cliniques mobiles ont été déployées par l’Alliance for Public Health pour proposer un traitement de substitution aux opioïdes aux toxicomanes dans les zones où les établissements ont été contraints de fermer. L’ONUSIDA travaille également avec le Fonds mondial et un coparrainant de l’ONUSIDA, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, pour obtenir davantage de traitement substitutif aux opiacés. 

Le conflit a déjà forcé des millions d’Ukrainiens et d’Ukrainiennes à quitter le pays et des milliers de femmes et d’enfants ukrainiens vivant avec le VIH ont besoin d’aide dans les pays d’accueil. Les réseaux de la société civile soutenus par les coparrainants et les partenaires de l’ONUSIDA aident les populations réfugiées à accéder à la thérapie antirétrovirale en République de Moldavie et dans toute l’Union européenne.  

L’OMS a aidé à parvenir à un accord avec le groupe pharmaceutique ViiV Healthcare portant sur des dons de médicaments anti-VIH à la Pologne, à la République tchèque et à d’autres pays de l’Union européenne accueillant un grand nombre de personnes réfugiées d’Ukraine.  

L’ONUSIDA enjoint également à la communauté internationale d’aider les centres d’hébergement de réfugié-es à renforcer leur soutien aux personnes les plus exposées aux risques, notamment en élargissant les services psychosociaux, de traitement et de prévention du VIH et ceux liés à la violence sexiste. Un coparrainant de l’ONUSIDA, l’ONU Femmes, a déclaré que les abus sexuels et les actes de trafic d’êtres humains signalés en Ukraine indiquaient une crise de protection de la population. L’ONUSIDA met en garde contre l’augmentation des risques pour les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées. 

Mme Byanyima a réitéré l’appel des Nations Unies à mettre fin à la guerre. « La paix est ce dont nous avons besoin en premier », a déclaré Mme Byanyima. « La guerre en Ukraine doit cesser. Maintenant. Il n’y aura pas d'amélioration sans l’arrêt de ce conflit. Et même lorsqu’il sera terminé, les besoins en aide seront considérables. Cette guerre met gravement en danger la population ukrainienne vivant avec le VIH. Les réseaux d’intervention dirigés par la société civile pour les services anti-VIH risquent leur vie pour en sauver d’autres. Ils ont besoin de tout le soutien possible. » 

Ligne Info VIH en Ukraine : 0800 500 451. 

Le site de l’initiative ART Initiative for Ukrainians Abroad, établie en coordination avec le Centre de santé publique de l’Ukraine, apporte une assistance supplémentaire aux personnes réfugiées ukrainiennes vivant avec le VIH. Des données plus précises sur la localisation et les besoins des personnes vivant avec le VIH en Ukraine et de celles qui sont forcées de fuir le pays sont en cours de collecte.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

Contact

UNAIDS Geneva
Michael Hollingdale
tél. +41 79 500 2119
hollingdalem@unaids.org

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La militante ukrainienne Anastasiia Yeva Domani explique à l’ONUSIDA comment la communauté transgenre fait face à la guerre en Ukraine

30 mars 2022

Anastasiia Yeva Domani est directrice de l’association Cohort, experte du Groupe de travail des personnes transgenres sur le VIH et la santé en Europe de l’Est et en Asie centrale, et représentante de la communauté transgenre au Conseil national ukrainien sur le VIH/sida et la tuberculose.

L’ONUSIDA a parlé avec elle pour savoir comment elle et la communauté transgenre au sens large vont depuis l’attaque russe contre l’Ukraine.

Parlez-nous un peu de vous et de la communauté transgenre en Ukraine

Je suis la directrice de Cohort, une organisation pour les personnes transgenres. Cohort existe depuis environ deux ans, même si je milite depuis plus de six ans. Selon le Centre de santé publique du ministère ukrainien de la Santé, avant la guerre, environ 10 000 personnes transgenres vivaient dans le pays, bien que ce chiffre soit sûrement sous-estimé, car de nombreuses personnes transgenres ne communiquent pas ouvertement leur identité de genre. Beaucoup ne demandent de l’aide qu’en cas de crise, comme c’était le cas pendant la pandémie de COVID-19, et aujourd’hui à nouveau avec la guerre. À présent, nous recevons des demandes d’aide de la part de personnes dont nous n’avons jamais entendu parler auparavant, des personnes qui ont un besoin urgent d’assistance humanitaire, financière et médicale.

L’Ukraine a créé l’environnement le plus favorable aux personnes transgenres parmi tous les pays postsoviétiques en ce qui concerne le changement des documents officiels, ainsi que les aspects juridiques et médicaux de la transition entre les sexes. C’est loin d’être parfait, mais d’autres organisations et nous-mêmes avons fait notre maximum pour améliorer la situation. Depuis 2019, les personnes transgenres sont représentées au Conseil national ukrainien sur le VIH/sida et la tuberculose.

Quelle était la situation pour les personnes transgenres au début de la guerre ?

En 2016, un nouveau protocole clinique pour les soins médicaux de la dysphorie sexuelle a été adopté en Ukraine, ce qui a grandement facilité la partie médicale de la transition entre les sexes. Grâce à lui, des personnes ont pu recevoir l’année suivante des attestations de changement de sexe.

Cependant, de nombreuses personnes transgenres n’ont pas encore modifié tous leurs papiers. Certaines personnes ne les ont pas du tout changés, d’autres n’en ont changé que quelques-uns et seulement très peu d’entre elles ont tout changé, y compris leur permis de conduire, leurs diplômes et ceux liés à l’enregistrement et à l’enrôlement dans l’armée. Nous avions signalé ce problème et nous avons maintenant une guerre. De nombreuses personnes transgenres ne savaient pas qu’elles devaient se désinscrire au bureau d’enregistrement militaire.

En raison de la loi martiale, les hommes âgés de 18 à 60 ans ne peuvent pas quitter le territoire de l’Ukraine s’ils n’ont pas l’autorisation du bureau d’enregistrement et d’enrôlement militaires. Nous avons beaucoup de personnes non binaires qui ont des papiers pour un homme et qui ne peuvent donc pas fuir.

Avec le déclenchement de la guerre, de nombreuses personnes transgenres sont parties dans l’ouest de l’Ukraine. Mais si vos papiers indiquent que vous êtes un homme, vous ne pouvez pas quitter l’Ukraine.

Quelle est la situation actuelle et sur quels aspects concentrez-vous votre travail ?

En raison de la guerre, nous n’avons plus personne dans certaines villes. Kharkiv comptait le plus grand nombre d’activistes transgenres après Kiev, notamment parce que beaucoup avaient quitté les régions occupées de Luhansk et Donetsk en 2014. Et maintenant, ces personnes doivent à nouveau se déplacer. Aucune information ne nous est parvenue sur la mort de personnes transgenres, mais je pense que c’est uniquement parce que nous n’avons aucun contact avec certaines villes, comme Mariupol. Beaucoup n’ont tout simplement pas eu le temps de quitter la ville avant que cela ne devienne impossible. J’ai peur que les chiffres ne soient terribles, il faudra juste du temps pour comprendre ce qui s’est passé là-bas.

Un travail important est en cours à Odessa. Nous y avons deux Yulias, des femmes transgenres qui apportent une aide incroyable à la communauté. Elles ont pris en charge des pans entiers de l’assistance et du financement. À Odessa, la situation des hormones et les médicaments est meilleure. Nous avons également toujours une coordinatrice à Dnipro, elle fait aussi un travail considérable.

Notre travail se concentre désormais sur l’assistance financière, médicale et juridique aux personnes transgenres qui se trouvent en Ukraine, où qu’elles soient, dans l’ouest de l’Ukraine, dans des abris ou des appartements, ou dans leurs villes sous les bombes. Tout le monde a peur, mais il faut quand même se raccrocher à quelque chose en soi et essayer de se battre. Je ne pense pas que tout le monde devrait partir. Je comprends que beaucoup de gens ont une dent contre la société, l’État. Pendant de nombreuses années, ils ont vécu comme des victimes. Pour beaucoup, il n’y a rien qui les retient ici, ni travail ni logement.

Qui vous soutient financièrement ?

Nous avions des projets prévus pour 2022, et littéralement le premier ou le deuxième jour de la guerre, les représentants de nos donateurs ont déclaré que l’argent pouvait être utilisé non seulement pour les projets programmés, mais aussi pour l’aide humanitaire. Il s’agissait notamment de RFSL, en Suède, qui a abordé ce problème de la manière la plus flexible possible et nous a permis non seulement d’utiliser l’argent du projet, mais aussi d’envoyer de l’argent directement à nos coordinateurs et coordinatrices afin de leur permettre de payer pour des gens le logement, les déplacements, etc.

Ensuite, GATE (Global Action for Trans Equality) a immédiatement déclaré que leurs fonds pouvaient être utilisés pour l’aide humanitaire et a promis des fonds supplémentaires. La Public Health Alliance, par l’intermédiaire du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, nous a autorisés à modifier le budget et la nature des activités prévues.

Nous allons maintenant faire ce que nous pouvons dans le contexte de la guerre, et la mobilisation de la communauté se poursuivra à Dnipro, Odessa, Lviv et Chernivtsi. De nouveaux partenaires ont fait leur apparition et ont immédiatement répondu à nos besoins.

Chaque jour, j’utilise des fonds d’OutRight Action pour répondre aux besoins humanitaires des personnes transgenres, ainsi que des fonds de LGBT Europe. Il y a aussi des dons privés, pas de grosses sommes, bien sûr, mais ils existent également.

À quoi ressemble une journée type pour vous ?

Ma journée est pleine d’échanges avec des journalistes de médias d’envergure. Je vais également au supermarché faire des courses que je distribue aux personnes qui en ont besoin. J’ai des formulaires Google dans lesquels je peux voir les demandes d’aide.

Je gère les demandes de consultations avec deux spécialistes en psychologie et en endocrinologie qui continuent de travailler en Ukraine. Je reçois de nombreuses questions concernant le passage de la frontière et je fournis des informations sur la manière de communiquer avec le bureau d’enregistrement militaire et sur les documents nécessaires pour se désinscrire.

Je reçois beaucoup d’appels, donc je dois recharger mon téléphone cinq fois par jour. Je possède deux comptes Instagram, deux comptes Facebook, trois adresses e-mail, Signal, WhatsApp, etc. Je dois être constamment joignable. Je dois également prévoir du temps pour faire la queue pendant deux heures au bureau de poste. Cela me fait perdre énormément de temps, mais les gens ont besoin que je leur envoie des médicaments. J’ai également besoin de garder du temps pour suivre l’actualité, je dois savoir ce qui se passe en première ligne, dans les villes.

Qu’est-ce qui vous donne de la force ?

Jusqu’à ce que ma famille et mon enfant quittent la ville, je ne pouvais pas travailler en paix.

Je suis actuellement à Kiev. Au cours des 10 premiers jours de la guerre, j’étais sous le choc et j’avais peur, nous vivions littéralement une heure à la fois. Maintenant que nous nous sommes habitués au danger, je n’ai plus peur. Si c’est mon destin, alors je l’accepte. Je ne descends plus dans l’abri. J’ai tant de travail, tant de demandes d’aide, d’appels, de consultations qui arrivent chaque minute.

Je suis née ici, à Kiev, c’est ma ville natale. Je me suis rendu compte que lorsque votre pays est dans une mauvaise passe, il faut rester. Je ne peux pas m’enfuir, ma conscience ne m’y autorisera pas. Je ne peux pas, car je sais que ma ville doit être protégée. Il n’est pas nécessaire d’être dans l’armée pour aider. Il y a la défense militaire, mais il y a aussi le bénévolat. L’aide humanitaire, c’est beaucoup de travail.

Qu’est-ce qui me donne de la force ? Parce que c’est mon pays, je sais que celles et ceux qui peuvent faire quelque chose, sur n’importe quel front, sont là. Nous pouvons le faire partout, tout le monde peut apporter sa contribution, faire quelque chose d’utile, et cela me donne le sentiment d’être nécessaire, un sentiment que nous pouvons réussir tellement de choses ensemble.

Collaborer pour aider les populations réfugiées en République de Moldavie

24 mars 2022

Au début de l’invasion de l’Ukraine, le gouvernement de la République de Moldavie voisine de l’Ukraine a estimé qu’environ 300 000 personnes pourraient fuir vers le pays. Cette estimation est désormais passée à 1 million de personnes réfugiées : un chiffre énorme pour ce pays de seulement 2,6 millions d’habitantes et habitants, qui compte parmi les plus pauvres d’Europe.

Peu après le début de la guerre, plusieurs organisations humanitaires, agences des Nations Unies et partenaires de la société civile, placés sous l’égide du gouvernement, ont formé des groupes de coordination de la riposte. Ils ont commencé à répondre aux besoins les plus pressants des personnes fuyant la guerre, notamment pour ce qui est de l’hébergement, de l’alimentation, de la santé, de la protection sociale, de la prévention de la violence sexiste et du soutien en matière de santé mentale.

« Nous devons en premier lieu nous concentrer sur les besoins fondamentaux. Il reste encore beaucoup à faire en matière de coordination avec les nombreuses organisations humanitaires qui participent à la riposte. C’est également la première fois que les Moldaves affrontent une crise de cette ampleur. Ainsi, nous apprenons et tirons des leçons au fur et à mesure », a déclaré Iurie Climasevschi, coordinateur national pour le sida à l’hôpital de dermatologie et des maladies transmissibles de la République de Moldavie.

Svetlana Plamadeala, responsable pays de l’ONUSIDA pour la République de Moldavie, a visité plusieurs centres de personnes déplacées près de la frontière ukraino-moldave. « Les gens y sont bien accueillis. Le gouvernement veille à apporter un hébergement et de la nourriture et essaie de garantir que les enfants aillent à l’école ou à la crèche. En effet, 75 % des personnes réfugiées environ sont des femmes et des enfants et on recense quelque 40 000 enfants de moins de 18 ans dans les centres », a-t-elle expliqué.

Selon Mme Plamadeala, près de la moitié des personnes réfugiées sont hébergées chez la population locale. « Nous voyons l’extraordinaire mobilisation de gens ordinaires, qui apportent un soutien remarquable aux personnes qui fuient la guerre », a-t-elle déclaré. 

Le gouvernement s’engage à ce que les personnes réfugiées ukrainiennes reçoivent les mêmes services que les Moldaves, y compris ceux liés au VIH. « Si une personne réfugiée demande une thérapie antirétrovirale, nous lui fournirons. Nous ne refuserons pas d’aider quelqu’un si nous pouvons le faire », a annoncé M. Climasevschi.

« L’ONUSIDA a participé au processus de planification dès le début de la crise afin de garantir que les personnes réfugiées aient accès à tous les services liés au VIH dont disposent les Moldaves, y compris la thérapie antirétrovirale, le traitement de substitution aux opioïdes et le dépistage du VIH et de la tuberculose  », a indiqué Mme Plamadeala. « La stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le VIH demeurent monnaie courante. Il est possible que toutes les personnes vivant avec le VIH n’aient pas pu accéder aux services, c’est pourquoi nous nous engageons avec nos partenaires de la société civile à fournir de notre propre initiative des informations aux personnes afin qu’elles sachent où se tourner pour obtenir de l’aide. »

Ruslan Poverga, de l’organisation non gouvernementale Initiativa Pozitiva, a déclaré que l’organisation s’occupe actuellement d’identifier les personnes réfugiées qui ont besoin d’un traitement antirétroviral et de les orienter vers des services d’assistance. « Nous avons déjà pris l’initiative d’informer les gens et, si nécessaire, de fournir un ensemble intégré de services de prévention du VIH, y compris le dépistage du VIH, de la tuberculose et de l’hépatite, ainsi que la fourniture de préservatifs et de solutions de réduction des risques. Nous aurons une meilleure compréhension des besoins pour ces types de services dans un avenir proche. »

Le Bureau pays de l’ONUSIDA pour la République de Moldavie a réalloué des fonds pour répondre à des besoins humanitaires urgents. Cela augmentera la capacité du Programme national de lutte contre le sida à fournir un traitement antirétroviral à un nombre beaucoup plus important de personnes réfugiées vivant avec le VIH. Des tests de la charge virale sont disponibles pour vérifier si un changement de régime de traitement est nécessaire.

« La situation évolue. Nous la surveillons de très près pour comprendre quand et auprès de qui chercher plus de soutien. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme est prêt à procéder à des réallocations si nécessaire, et la République de Moldavie est en mesure d’accéder aux ressources du fonds d’urgence du Fonds mondial. Dans le cas où le Programme national de lutte contre le sida ne serait pas en mesure de répondre à ces besoins, nous chercherons à obtenir davantage d’aide du Fonds mondial, de l’ONUSIDA, du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance et de l’Organisation mondiale de la Santé », a déclaré Mme Plamadeala.

Un membre du personnel de l’ONUSIDA témoigne de l’invasion de l’Ukraine

18 mars 2022

Le 24 février, Olena Sherstyuck, responsable de la présence mondiale de l’ONUSIDA en Ukraine, n’a pas eu d’autre choix que de fuir Kiev. Nous avons discuté avec elle depuis son nouveau refuge dans l’ouest de l’Ukraine.

Le 24 février, à quoi avez-vous pensé en premier ?

Ma journée a commencé très tôt. Mon fils m’a envoyé un message à 5 heures du matin en me disant : « On dirait que la guerre est déclenchée. » Lorsque je suis sortie sur mon balcon, j’ai entendu des bruits puissants qui ressemblaient à des bombes.

Avez-vous décidé à ce moment-là de quitter Kiev ?

Au début, je suis montée en voiture avec mes chats, puis, après avoir contacté le directeur national et le reste du personnel, j’ai décidé d’aller dans ma maison de campagne qui a un jardin, hors de la ville. J’y ai retrouvé mon fils et sa femme.

Le lieu était-il suffisamment sûr ?

Lorsque je suis arrivée, j’ai compris que c’était pire qu’en ville. En effet, ma maison se trouve près de l’aéroport de Hostomel qui était la cible de missiles. Nous avons à peine dormi. Le ciel était rouge. Ce que j’aime dans cette maison, ce sont ses baies vitrées panoramiques, mais cette fois-ci, c’était loin d’être agréable. Les vitres vibraient sans cesse.

Qu’avez-vous fait ensuite ?

Le 25 février à minuit, nous avons décidé de partir pour l’ouest de l’Ukraine. J’avais travaillé dans la région pendant cinq ans alors que je travaillais pour le Fonds des Nations Unies pour l’enfance et j’y suis retournée après. Par conséquent, cette région montagneuse m’a semblé être une bonne option.

Pour cela, il a fallu conduire 28 bonnes heures, car nous avons dû zigzaguer pour éviter les combats et changer plusieurs fois d’itinéraire parce que des routes étaient fermées ou des ponts détruits. Notre itinéraire changeait constamment. Le trajet a été plutôt difficile.

J’ai demandé à des amis de la région de m’aider à trouver un endroit où loger et nous vivons maintenant dans une maison en bois de cinq pièces avec une cuisine commune.

Avez-vous pris contact avec votre équipe et votre responsable ?

Le bureau de l’ONUSIDA en Ukraine est un petit bureau et depuis la COVID-19, nous restons en contact par toutes sortes de moyens, en utilisant WhatsApp, Viber, etc. Tous les matins, nous avons notre réunion d’équipe habituelle. Cela nous aide à maintenir le contact. Des collègues de la région et de la plateforme mondiale ont également pris des nouvelles, ce qui me donne une impression de normalité.

Une impression de normalité, vraiment ?

Je n’arrive pas à dormir ni à manger, mais le travail, les réunions et les efforts de coordination m’aident à garder la tête sur les épaules. Cela me permet de continuer.

Cependant, je suis scotchée aux infos. Je n’arrive pas à arrêter de regarder et de lire ce qui se passe. Je pense à mon appartement en ville et à mon jardin, et quand nous pourrons toutes et tous retourner à Kiev.

Je n’ai aucun regret d’être partie. Je ne suis ni une combattante ni dans l’armée, donc je ne veux pas gêner les personnes qui combattent. La première semaine, j’étais sous le choc et je pensais que cela se terminerait rapidement, mais cela fait maintenant trois semaines.

Je suppose que vous avez pris votre passeport et votre téléphone, mais qu’en est-il de la nourriture et des vêtements ?

J’ai pris mes papiers importants, mon passeport et mon ordinateur de travail, mais je n’avais que des vêtements de jardinage dans ma maison, donc je porte une veste d’homme à tout faire depuis. Disons simplement que j’ai l’air un peu débraillée, mais je ne suis pas la seule ! (Rire.)

Pour ce qui est de la nourriture, il y a des petits marchés et jusqu’à présent, nous n’avons pas eu de pénurie. Nous essayons de nous occuper en aidant des femmes de la région à faire du pain et d’autres activités communes sont organisées dans le village.

(Une pause) Vous entendez ça, Charlotte ? Vous avez entendu la sirène annonçant un raid aérien ? Elle s’est tue maintenant.

N’ayant jamais vécu une telle situation, quel conseil avez-vous pour nous ?

Tout d’abord, dans ces moments-là, les relations personnelles avec des gens sont très utiles. Non seulement j’ai pu entrer en contact avec mes collègues du moment, mais je l’ai aussi fait avec mes ancien-nes ami-es du travail.

Et dès le premier jour, j’ai pu contacter les nombreux réseaux de personnes vivant avec le VIH et d’autres organisations non gouvernementales avec lesquelles je travaille pour voir comment elles gèrent la situation. Autrement dit, j’ai passé beaucoup de temps au téléphone, mais ce sont des relations professionnelles et personnelles que j’ai établies au fil des ans. Je voulais savoir si tout le monde était en sécurité.

Je dois dire que l’ONUSIDA a très bien communiqué et transmis des informations clés sur les services disponibles, le lieu et avec quel acteur, des services tels que les renouvellements de thérapie antirétrovirale ou le traitement de substitution aux opioïdes, puis elle a mis à jour les informations. Avant la guerre, j’étais membre du comité national de surveillance et du comité programmatique qui supervise les subventions du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Par conséquent, mes collègues et moi essayons d’assurer le suivi des points du programme. Ce n’est pas facile, et pour le suivi par exemple, de nombreuses personnes se terrent encore dans les caves, ce qui complique les choses.

Par ailleurs, il est vraiment difficile d'élaborer une stratégie. Au début, tout le monde prend des décisions sur le vif. Nos partenaires, d’autres organisations internationales, en fait tout le monde s’efforçait d’aider et malheureusement, nous avons fait beaucoup de choses en double. Un jour, on me demandait de trouver des matelas, un autre, quelqu’un avait besoin de gaz, maintenant les choses semblent être mieux organisées.

J’ai appris qu’il faut du temps pour comprendre comment agir et réagir et qu’il est important de trouver sa niche. Il faut éviter de trop se disperser.

Merci pour ces bons conseils. Autrement dit, il s’agit de distribuer les rôles et d’exploiter les points forts de chaque organisation pour travailler mieux de manière générale ?

C’est cela. L’aide de la plateforme mondiale est aussi utile. Je travaille principalement avec des partenaires sur place. Pour moi, cela représente 90 % de mon temps et, en raison des choses à faire dans tous les sens et de la situation en constante évolution, il a été utile que le siège nous donne une vue d’ensemble.

Comment ?

C’est rassurant de savoir que des pays comme la Pologne et la République de Moldavie et des personnes se sont engagés à aider l’Ukraine. Je sais maintenant ce que font nos collègues dans la région en ce qui concerne les stocks de thérapie antirétrovirale et le recours à l’aide internationale. En Ukraine, nous avons adopté davantage de normes européennes, de sorte que, par exemple, nos réglementations sur les médicaments et la propriété intellectuelle sont proches des normes européennes et ont peu de points communs avec les anciens pays satellites soviétiques. Notre législation contient des chapitres sur les populations clés et interdit la discrimination. Le gouvernement ukrainien a financé des services de prévention de base du VIH pour des centaines de milliers de personnes issues des populations clés. Nous avons également vraiment encouragé les services de réduction des risques, car le VIH en Ukraine touche principalement les consommateurs et les consommatrices de drogues injectables. Des milliers de personnes suivent un traitement de substitution aux opioïdes et utilisent la prophylaxie préexposition. Les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées font également partie intégrante de la stratégie du pays en matière de droits humains.  Je ne peux pas imaginer de telles évolutions dans de nombreux pays d’Europe de l’Est.

D'autres réflexions avant de conclure ?

C’est vraiment important pour moi d’avoir des contacts humains, alors n’hésitez pas à me contacter. Et je dois dire que je suis impressionnée par les gens qui se rassemblent, l’Ukraine me semble plus unie. C’est ma touche d’optimisme dans tout cela. Les gens se serrent vraiment les coudes, c’est fantastique. Gloire à l’Ukraine ! 

Garantir que la réduction des risques reste disponible en Ukraine

09 mars 2022

Dix jours après le début du conflit en Ukraine, l’ONUSIDA s’est entretenue avec Oleksii Kvytkovskyi, responsable de l’antenne Volna Donbas Resource Center de l’Association ukrainienne des personnes dépendantes aux drogues, une organisation non gouvernementale qui travaille avec des consommateurs et consommatrices de drogues injectables dans le pays.

Comment vous sentez-vous Oleksii ?

J’en ai assez d’avoir peur et de fuir. J’ai décidé de continuer à faire ce que je fais depuis 14 ans : défendre les droits des communautés clés, notamment des consommateurs et consommatrices de drogues injectables et des personnes dans le besoin.

Il ne s’agit pas du premier conflit que vous traversez, n’est-ce pas ?

Il y a huit ans, j’étais là lors du conflit entre la Fédération de Russie et la partie orientale de l’Ukraine. Comme vous le savez, [ces zones] sont désormais des républiques autoproclamées. J’ai trois enfants et deux sont nés pendant ce conflit, l’un en 2014 et l’autre en 2019.

Je travaille toujours dans quatre villes de l’oblast (région) de Luhansk qui sont sous contrôle du gouvernement ukrainien et se trouvent pratiquement sur la ligne de front : Sievierodonetsk, Lysychansk, Rubizhne et Kreminna.

En quoi consiste aujourd’hui votre travail ?

Dans notre organisation non gouvernementale, nous recevons et redistribuons ensuite des traitements de substitution aux opioïdes (TSO), ainsi que de la nourriture et de l’eau aux personnes qui en ont besoin. Notre stock de TSO tiendra jusqu’à la fin du mois. Cela représente environ 28 jours. Après je ne sais pas ce que nous ferons.

L’accès à la thérapie antirétrovirale est également problématique dans certaines villes. Pour faire simple, nous regardons qui manque de quoi et s’il y a des risques d’interruption [du traitement].

Beaucoup de personnes ont-elles quitté votre région ?

Rares sont les personnes à s’en aller, car elles n’ont pas assez d’argent pour le faire. Jusqu’à présent, la priorité est accordée à l’évacuation des femmes, des enfants en bas âge et des personnes âgées.

Notre organisation non gouvernementale s’est tournée vers des organisations internationales et nous avons reçu l’aide du Réseau eurasien de réduction des risques, du Réseau eurasien des consommateurs et consommatrices de drogues et de Volna, ce qui nous aide vraiment à fournir une aide d’urgence.

Et vous ?

J’ai imploré ma femme de prendre les enfants et de partir pour Lviv. Je leur ai même trouvé un endroit où vivre, mais elle m’a dit qu’elle ne me quitterait pas, et elle est restée.

Mais j’ai peur. J’ai peur pour mes enfants et pour ma femme que j’aime.

Qu’est-ce qui vous fait avancer ?

Je vais au travail tous les jours. Les gens me demandent si je crains pour ma vie. Je réponds toujours : « Lorsque l’on résout les problèmes de quelqu’un, on oublie la peur et la guerre sans s'en rendre compte. Alors, résoudre le problème d’une personne de la communauté devient votre objectif numéro un et on se met à aider d’une manière ou d’une autre. »

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