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Indonésie : former le personnel de santé afin d'améliorer les services anti-VIH pour les jeunes populations clés

30 mars 2022

« Les jeunes d'ici n’ont pas un accès régulier aux services anti-VIH. Je veux vraiment inciter mes proches à se faire dépister, mais tout le monde a tellement peur. Les informations manquent, leur famille ne les soutient pas assez et mes proches ont peur de connaître leur statut », explique Andika Bayu Aji, un jeune originaire de Papouasie occidentale en Indonésie.

L’épidémie de VIH chez les jeunes en Asie et dans le Pacifique est négligée, même si environ un quart des nouvelles infections au VIH dans la région touchent les personnes âgées de 15 à 24 ans. La grande majorité des jeunes touchés par le VIH dans la région appartiennent aux populations vulnérables : personnes vivant avec le VIH, gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, personnes transgenres, travailleurs et travailleuses du sexe et consommateurs et consommatrices de drogues injectables.

Comme dans de nombreux pays de la région, les infections au VIH chez les jeunes en Indonésie, qui représentent près de la moitié des nouvelles infections, sont imputables à la stigmatisation et à la discrimination, à un manque d'éducation pour sensibiliser sur le VIH, à l’absence de services adaptés aux jeunes et à des tabous sociaux.

« Les jeunes sont bien trop souvent victimes de stigmatisation et de discrimination dans les environnements de santé. Le personnel de santé représente la première interface humaine. Si les services sont mauvais, les jeunes ne les utiliseront pas et diront aux autres jeunes de ne pas les utiliser. Ce qui nous limite, c'est que nous avons accès à quelques établissements seulement, parce que beaucoup, voire la plupart, ne sont pas adaptés aux jeunes », explique Sepi Maulana Ardiansyah, connu sous le nom de Davi et qui est coordinateur national d’Inti Muda, le réseau national des populations clés de jeunes en Indonésie.

Une étude récente menée par Inti Muda et l’Université de Padjaran a révélé une très faible propension chez les jeunes à accéder aux services dans des provinces comme la Papouasie occidentale, principalement en raison du manque de services adaptés à cette classe d'âge et du fait que le personnel de santé comprend mal les problèmes des populations clés. Les jeunes rencontrent souvent des difficultés d’accès aux services en raison de l’éloignement des cliniques et des hôpitaux, ainsi que des obstacles tels que l’âge minimum autorisé pour faire un dépistage.

La stigmatisation et la discrimination, en particulier la discrimination de la part des prestataires de soins de santé, découragent de nombreuses populations clés de jeunes à accéder aux services anti-VIH. Les principales problématiques concernent des préoccupations relatives à la vie privée et à la confidentialité. Parmi les autres obstacles, le rapport indique que les heures d’ouverture des cliniques publiques sont souvent inadaptées au quotidien des personnes, et que le personnel de santé peut porter un jugement dans ses suppositions et à travers son comportement, en particulier sur les questions liées à l’orientation sexuelle, à l’identité de genre et à la santé mentale.

Entre le 14 et le 18 mars, Inti Muda, avec le soutien technique de Youth LEAD et de l’ONUSIDA, a organisé une formation de sensibilisation destinée au personnel de santé de deux villes, à Sentani et Jayapura, dans la région de la Papouasie occidentale. Plus de 50 personnes y ont participé. Quelques jours avant la formation, Inti Muda a organisé un festival qui a rassemblé plus de 80 jeunes. Cette manifestation s'inscrivait dans une volonté d'impliquer les jeunes dans la riposte au VIH et de générer une dynamique pour demander accès aux services anti-VIH.

« Avant cette formation, je ne connaissais pas les différents besoins des populations clés, ce qui entrave notre capacité à les toucher. Nous avons découvert des techniques importantes pour atteindre les jeunes, comme fournir des consultations adaptées, être sur Internet et les encourager à se faire dépister », résume Kristanti du District Health Office de Jayapura.

« J’ai appris que les jeunes ont des besoins variés. La formation nous permettra d’améliorer nos services pour qu’ils soient adaptés aux jeunes, ce qui est désormais notre priorité », ajoute Hilda Rumboy, sage-femme responsable du Département des services anti-VIH au Centre de santé primaire de Waibhu.

La formation et le festival ont été soutenus par le ministère australien des Affaires étrangères et du Commerce (DFAT). L’investissement récent de 9,65 millions de dollars australiens réservé par le gouvernement australien à partir de la sixième reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial), y compris le financement du DFAT de 2 millions de dollars australiens précédemment promis à l’ONUSIDA, vise à réduire le nombre annuel de nouvelles infections au VIH parmi les populations clés au Cambodge, en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et aux Philippines.

« Pour mettre un terme à l’épidémie de sida, il est essentiel de s'assurer que les jeunes et les groupes vulnérables aient accès à des informations précises et digestes sur la manière de se protéger du VIH, et que les équipements de dépistage soient bon marché et accessibles. C'est avec fierté que nous travaillons aux côtés des communautés locales et de l’ONUSIDA pour augmenter la disponibilité des informations sur le VIH, améliorer la portée et la qualité des services médicaux et encourager les jeunes et les groupes vulnérables à se faire dépister », a déclaré Simon Ernst, conseiller ministériel par intérim dans le domaine de la Gouvernance et du Développement humain auprès de l’Ambassade d’Australie en Indonésie.

La formation repose sur le manuel élaboré par Youth LEAD en 2021. Ce guide a bénéficié du soutien financier du Fonds mondial par le biais du Programme de développement durable des services anti-VIH pour les populations clés en Asie, ainsi que de l'assistance de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Asie et le Pacifique. Dans le cadre de la subvention DFAT octroyée pour les deux prochaines années, Youth LEAD étendra la formation à deux autres pays, le Cambodge et les Philippines, en soutenant des réseaux dirigés par des jeunes dans ces pays afin de proposer cette formation.

« Les jeunes rencontrent encore de nombreux défis qui les empêchent d’accéder aux soins de santé vitaux dont ils ont besoin. Le Bureau pays de l’ONUSIDA pour l’Indonésie travaille en étroite collaboration avec l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions et le DFAT pour veiller à ce que les réseaux dirigés par des jeunes aient la possibilité et les capacités de leadership pour prendre le contrôle de la riposte au VIH et s’impliquer directement dans la création d’espaces sans danger où les jeunes peuvent accéder aux services anti-VIH sans stigmatisation ni discrimination », a déclaré Krittayawan Boonto, directrice pays de l’ONUSIDA pour l’Indonésie.

Notre action

Jeunes

 

Populations clés

 

Hollaback! Jakarta s’engage contre le harcèlement envers les femmes

03 mars 2020

« Comme tous les matins, j’allais à pied au travail. Il y avait ce jour-là un homme sur une moto au bout de la rue. Lorsque je suis passée à côté de lui, il m’a touché les seins avant de partir à toute vitesse. » Voici un témoignage parmi beaucoup d’autres que l’on retrouve sur le site Internet de Hollaback! Jakarta.

Le harcèlement sexuel et d’autres formes de violence basée sur le genre restent très problématiques pour les femmes en Indonésie. Selon le rapport annuel de la National Commission on Violence Against Women, plus de 400 000 cas de violence à l’égard des femmes ont été signalés en 2019, 28 % d’entre eux dans l’espace public. Les femmes se sentent de moins en moins en sécurité dans les infrastructures et les transports publics ainsi que dans la rue.

Hollaback! Jakarta fait partie d’un mouvement international visant à mettre un terme au harcèlement dans l’espace public. Dans son travail pour créer des espaces plus sûrs pour les femmes en ville, Hollaback! Jakarta coopère avec des entreprises fournissant des applications de VTC, des services de transport public, des écoles et des campus pour fournir des formations sur la violence basée sur le genre.

« En sensibilisant les chauffeurs de mototaxi, ces derniers sont non seulement capables de comprendre les formes de harcèlement, mais aussi d’intervenir lorsqu’ils sont témoins de telles scènes dans l’espace public », explique Noval Auliady, co-directeur d’ Hollaback! Jakarta. Cela est extrêmement important dans une ville comme Djakarta où les rues grouillent de mototaxis.

À l’heure actuelle, la législation ne protège pas totalement les femmes de la violence basée sur le genre. Des lois existent, mais elles ne prennent pas en compte tous les cas de figure. Un projet de loi, le Draft Bill on the Elimination of Sexual Violence, a été pensé pour combler ce vide juridique en élargissant la définition de la violence sexuelle et en mettant l’accent sur la protection et la restitution des victimes.

Pendant plusieurs semaines en septembre 2019, des étudiant(e)s, des militant(e)s et des jeunes ont occupé les rues de grandes villes d’Indonésie pour demander le vote du projet de loi. Hollaback! Jakarta faisait partie du noyau dur de la campagne. L’organisation a ainsi fait le buzz sur les médias sociaux, mobilisé la population et rencontré des parlementaires.

Malheureusement, le projet de loi n’a pas été adopté au cours de la dernière session parlementaire, car des groupes conservateurs se sont vivement prononcés contre les clauses portant sur la criminalisation du viol conjugal. Toutefois, il est bon de souligner que ce texte figure toujours sur la liste des priorités du programme législatif national pour cette année. Le soutien massif en provenance de groupes issus de la société civile augmente vraiment les chances d’adoption de ce texte de loi, ce qui donne du baume au cœur à la lutte contre la violence basée sur le genre en Indonésie.

Internet est également devenu un pilier du mouvement. Les médias sociaux ont non seulement été essentiels à la mobilisation de la population en faveur du projet de loi, mais ils ont également été un relais efficace pour diffuser cette idée importante qu’est l’éradication de la violence à l’égard des femmes.

Sur son site, Hollaback! Jakarta encourage la population à partager leur vécu afin de montrer que cette forme de violence est répandue, sérieuse et courante. À l’image du témoignage au début de cet article, des personnes parlent de ce dont elles ont subi et d’autres de situation dont elles ont été témoins.

Le site Internet de Hollaback! Jakarta a publié à ce jour plus de 300 témoignages de femmes qui ont été victimes d’une forme ou d’une autre de violence basée sur le genre, qu’il s’agisse de sifflements dans la rue ou d’agression. Chaque témoignage s’accompagne d’un bouton « I’ve got your back » permettant aux internautes d’afficher leur solidarité. Avec son site Internet et son activité sur les médias sociaux, Hollaback! Jakarta reconnaît la possibilité de créer un espace virtuel où les femmes victimes de ce problème se sentent en sécurité.

« Nous espérons que plus nous aurons de témoignages, plus les gens seront prêts à parler, à afficher leur soutien ou à intervenir en voyant de telles situations », explique M. Auliady.

Rencontre avec Marlo : une mine d’informations sur le VIH

29 mars 2019

En Indonésie, les discussions autour du sexe et du VIH demeurent extrêmement taboues, et le peu d’informations qui existent sont souvent vagues, difficiles à comprendre ou contradictoires. C’est la raison pour laquelle beaucoup de jeunes se tournent vers les nouvelles technologies pour chercher des réponses à des questions qui concernent leur santé et leur bien-être.

Dans une tentative visant à améliorer la qualité des informations fournies aux jeunes gens, le Bureau national de l’ONUSIDA en Indonésie a créé le personnage de Tanya Marlo, ou « Demande à Marlo », un assistant virtuel fonctionnant avec une intelligence artificielle et conçu pour servir de source d’information de référence pour tout ce qui touche au VIH.

Marlo est un sympathique personnage qui fournit des informations de base sur le VIH par l’intermédiaire de contenus conviviaux comme des infographies, des quiz et des foires aux questions (FAQ). En quelques clics, les utilisateurs de Demande à Marlo peuvent aussi prendre des rendez-vous pour un dépistage du VIH dans les centres de santé de Jakarta, la capitale indonésienne. Les jeunes qui souhaitent une discussion plus approfondie sont mis en relation avec de vrais conseillers, disponibles pour dialoguer, donner des conseils et renvoyer vers des services spécialisés.

Les conseillers reçoivent de nombreuses questions sur les moyens d’accéder aux services anti-VIH et au traitement du VIH.

« À Jakarta, beaucoup de gens, surtout des jeunes, ne possèdent toujours pas les connaissances les plus élémentaires concernant le VIH. J’espère qu’en tant que conseiller Marlo, je vais pouvoir changer ça », a déclaré l’un des conseillers.

L’assistant virtuel Demande à Marlo est intégré dans l’application de messagerie instantanée LINE. Il suffit aux utilisateurs qui souhaitent dialoguer avec Marlo d’ajouter @tanyamarlo sur LINE et de commencer à converser. L’Indonésie est l’un des principaux marchés de LINE, avec près de 90 millions d’utilisateurs. Environ 80 % de ces utilisateurs sont des jeunes, dont beaucoup se servent de LINE Today pour accéder à des actualités et des informations et faire des achats.

Depuis son lancement le 1er décembre 2018, Demande à Marlo a multiplié le nombre de ses utilisateurs, atteignant près de 3 000 abonnés fin mars. Les retours concernant Demande à Marlo témoignent de l’importance et de la nécessité de ce service pour les jeunes. 

Après avoir découvert Demande à Marlo, un diplômé en psychologie de l’Université d’Indonésie a déclaré : « Il est tellement convivial pour les jeunes ! Mes amis et moi nous utilisons beaucoup LINE, c’est donc la plateforme idéale pour Demande à Marlo. Je suis surpris qu’un assistant virtuel puisse être utilisé pour diffuser des informations sur des sujets aussi complexes que le VIH ».

Un étudiant de l’Université Atma Jaya apprécie l’anonymat rendu possible par l’application. « Avec Demande à Marlo, on n’a pas à avoir honte de poser des questions tournant autour du VIH ».

Les étudiants, les jeunes actifs, les communautés, les activistes de la société civile et le Ministère de la Santé ont tous validé Demande à Marlo. Outre les étudiants et les jeunes actifs, plusieurs influenceurs des réseaux sociaux et des personnalités de YouTube ont également fait part de leur approbation. Cet accueil favorable de Demande à Marlo a permis de promouvoir l’assistant virtuel auprès d’un plus large public. L’idée est de l’étendre à terme pour proposer le dépistage dans les autres grandes villes indonésiennes.

Une course contre la montre pour l’accès des personnes vivant avec le VIH à leur traitement après le séisme au Sulawesi central

19 octobre 2018

Le 28 septembre, le Sulawesi central, en Indonésie, a été frappé par un terrible séisme, suivi d’un tsunami. On dénombre des milliers de morts et des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées. En cas de catastrophe humanitaire majeure, il est toujours difficile de répondre aux besoins élémentaires des personnes, et c’est particulièrement vrai pour les personnes vivant avec le VIH au Sulawesi central.

Les hôpitaux de la ville de Palu ont été gravement endommagés, mais ils restent opérationnels. Ces établissements disposent encore de stocks de médicaments antirétroviraux, mais ils ne savent pas combien de temps ils tiendront. Avant la catastrophe, selon les données du gouvernement, le nombre de personnes vivant avec le VIH était estimé à 1 913 au Sulawesi central, dont 334, y compris 3 enfants, sous traitement antirétroviral.

Des habitants de la région se sont rassemblés pour défendre les personnes vivant avec le VIH. Yuli travaille pour la Coalition de lutte contre le sida d’Indonésie, une organisation de la société civile qui supervise le soutien au traitement antirétroviral à Makassar, dans le Sulawesi du Sud, en Indonésie. Le 2 octobre, alors qu’elle était en route pour Donggala, un endroit touché par le séisme, pour prendre des nouvelles de sa famille, elle apprend par son employeur que l’approvisionnement en médicaments antirétroviraux est fortement perturbé à Palu.

Yuli et ses collègues se rendent alors à Palu pour apporter leur aide, et contactent les hôpitaux et d’autres prestataires de services pour rassembler les stocks restants de médicaments antirétroviraux et les distribuer à ceux qui en ont besoin. Sa mission devient rapidement un engagement à soutenir la riposte au VIH à Palu, notamment en recherchant des contacts et en apportant un appui social aux personnes vivant avec le VIH dans la région.

« La raison pour laquelle je suis encore là, plus de deux semaines après la catastrophe, c’est parce que c’est impossible de voir de telles conditions sans tendre une main secourable », explique Yuli, en ajoutant qu’en plus des médicaments antirétroviraux, les habitants du Sulawesi central ont besoin d’aide pour répondre à leurs besoins élémentaires et d’un soutien psychosocial.

En date du 16 octobre, 92 des 344 personnes qui étaient sous traitement antirétroviral avaient eu accès à un approvisionnement en médicaments antirétroviraux pour un mois, soit auprès de Yuli et son équipe, soit directement auprès des dispensaires.

« Mon souci principal, c’est que je veux être sûre que malgré cette catastrophe, les personnes vivant avec le VIH puissent tout de même avoir accès au traitement antirétroviral et n’arrêtent pas leur traitement », explique Yuli.

L’ONUSIDA et ses partenaires de la région ont formé ensemble l’Équipe de base nationale de riposte au VIH en situation d’urgence humanitaire. Cette équipe œuvre activement en faveur de la riposte au VIH dans les régions touchées, en tentant de connaître le statut des personnes vivant avec le VIH qui n’ont pas encore été retrouvées et en assurant la distribution des médicaments antirétroviraux à ceux qui en ont besoin. Un poste de commandement pour le VIH a été mis en place à Palu, avec une équipe qui supervise la disponibilité des médicaments antirétroviraux dans la région touchée. 

« Le VIH est souvent négligé dans les situations d’urgence. Nous devons travailler dur pour faire en sorte que les personnes vivant avec le VIH ne soient pas oubliées en ces temps difficiles. Nous saluons l’initiative rapide et l’engagement de Yuli et de ses collègues travailleurs de proximité et nous allons continuer de leur apporter notre soutien », a déclaré Krittayawan Tina Boonto, Directrice nationale de l’ONUSIDA en Indonésie.

Le bureau de l’ONUSIDA en Indonésie a mobilisé des ressources pour financer six visites de terrain pour des homologues activistes en faveur des personnes vivant avec le VIH à Palu afin d’apporter une aide immédiate. L’ONUSIDA va également mener une évaluation complète des besoins en termes de VIH, de tuberculose et de paludisme au Sulawesi central afin de formuler des demandes de financement pour une assistance à moyen et long terme, et va établir des plans d’urgence à utiliser lors d’éventuelles catastrophes futures en Indonésie.

Transformer des vies grâce à un traitement basé sur le volontariat

16 mars 2017

Hendro était chauffeur pour une société privée de Jakarta, en Indonésie, quand l’un de ses collègues lui a fait goûter à l’héroïne il y a deux ans.

« Je suis devenu accro », explique Hendro, qui préfère donner seulement son prénom. « Mon corps a vite connu un état de manque quand je ne prenais pas de drogue. Je n’arrivais pas à me concentrer. Ça a duré environ sept mois jusqu’à ce que ma vie devienne une descente aux enfers ».

Son travail en a pâti et il se disputait tous les jours avec sa femme. Il s’est alors dit : « Ce n’est pas bien. Je vais me détruire. Tous les jours, j’essayais de rester à l’écart de la drogue, mais le manque était trop douloureux. Vous ne pouvez pas imaginer ».

Un jour, Hendro entend parler d’un programme de désintoxication innovant situé dans une grande bâtisse de Bogor, à une heure de Jakarta. Le bâtiment, très gai avec sa pelouse fraîchement tondue, dégage une ambiance chaleureuse et conviviale, accentuée par les deux chiens qui viennent gentiment accueillir les visiteurs avec quelques coups de truffe amicaux.

Sam Nugraha a créé Rumah Singgah PEKA en 2010. « PEKA est différent des autres centres de traitement, car il est entièrement basé sur le volontariat », explique-t-il. « Chaque client a pris lui-même la décision de participer ».

Dans la région Asie-Pacifique, 4 millions de personnes consomment des drogues injectables, soit un tiers du chiffre mondial. La région se place ainsi au premier plan du grand problème de la consommation de drogues injectables à l’échelle internationale.

L’une des réponses courantes à l’usage de drogues dans la région est la rétention des consommateurs de drogues injectables dans des centres de traitement et de désintoxication obligatoires.

« L’approche de PEKA ne peut pas être appliquée à tout le monde. Les clients doivent être conscients de ce qu’ils doivent faire et être prêts à changer », explique M. Nugraha.

Avant leur intégration dans PEKA, ils doivent se plier à une longue évaluation destinée à déterminer si l’installation correspond à leurs besoins.

« Quand je suis arrivé à PEKA, j’étais décidé à me ressaisir et à redécouvrir la personne qui s’était perdue à cause de la drogue », se souvient Hendro.

Les clients discutent du meilleur plan de traitement avec leur conseiller. Ils peuvent choisir de vivre sur place ou en dehors de PEKA, mais s’ils choisissent de devenir pensionnaires, ils doivent respecter la tolérance zéro de l’établissement sur la consommation de drogues lors de leur séjour. Certains clients choisissent l’abstinence totale, d’autres s’engagent dans un traitement substitutif aux opiacés et, pour ceux qui souhaitent continuer de consommer des drogues injectables, PEKA propose un programme aiguilles et seringues. Tous les clients sont encouragés à suivre des séances de thérapie de groupe et individuelles.

« 90 % des membres de notre personnel ont expérimenté la consommation de drogues », déclare M. Nugraha, « ils comprennent donc les problèmes auxquels sont confrontés les clients, ainsi que le type d’aide dont ils ont besoin ».

Hendro a décidé de vivre sur place et de participer au programme de substitution à la méthadone. Un conseiller l’a accompagné dans une clinique publique, où un médecin a déterminé sa dose optimale de méthadone. Il a commencé avec 50 mg par jour, mais au bout d’un an la dose s’est mise à diminuer.

PEKA travaille en partenariat avec les cliniques publiques. Non seulement le personnel accompagne les clients dans leur accès à la méthadone, mais il récupère également un stock de méthadone pour cinq jours destiné aux individus qui ont mis en place une routine régulière et le ramène dans l’établissement.

« Les horaires d’ouverture des établissements de santé publique sont limités et nous compensons donc en assurant un service 24h/24 », explique M. Nugraha. « Les gens peuvent venir ici à tout moment ».

Agustina Susana Iswati, Chef de la clinique Gedung Badak, approuve. « La coopération avec les groupes communautaires est absolument indispensable car ils connaissent la réalité des choses ».

Les personnes qui consomment des drogues injectables sont vulnérables au VIH, aux hépatites, à la tuberculose et à d’autres maladies infectieuses. La prévalence du VIH chez les personnes qui consomment des drogues injectables est supérieure à 30 % dans plusieurs villes d’Asie. Seuls 30 % des consommateurs de drogues injectables connaissent leur statut vis-à-vis du VIH en Asie et dans le Pacifique.

« Nous proposons à nos clients un accès au dépistage du VIH. En cas de résultat positif, nous les aidons à démarrer un traitement antirétroviral aussitôt que possible », explique M. Nugraha.

Evi Afifah, de l’Hôpital Mahdi Bogor, trouve la collaboration avec PEKA très utile sur les services anti-VIH. « PEKA nous aide à atteindre ceux de nos amis qui ont le plus besoin d’un dépistage, d’un traitement et de soins anti-VIH », explique-t-elle.

Depuis 2010, PEKA a fourni ses services à près d’un millier de clients. Les études de suivi menées auprès des personnes qui sont passées par l’intégralité du programme de traitement montrent des résultats prometteurs. Un nombre important de clients indiquent que leur dépendance aux drogues et leur qualité de vie se sont améliorées et que leur implication dans des activités criminelles a nettement baissé.

Cette réussite a gagné une reconnaissance à l’échelon local. L’organisation a été nommée Institution d’excellence en 2014 et en 2016 par le Maire de Bogor.

« PEKA est une organisation qui s’inscrit dans la durée », a déclaré Bima Arya Sugiarto, Maire de Bogor. « Avec sa grande expérience, PEKA mérite notre reconnaissance, ce qui pourra aussi motiver d’autres groupes communautaires à faire un travail cohérent et ciblé ».

Pour PEKA, la réussite la plus importante ce sont ses clients, dont certains travaillent aujourd’hui pour l’organisation.

Iko, pair-éducateur sur le VIH, raconte : « En plus d’aider d’autres consommateurs de drogues, je m’aide moi-même en réalité. C’est le principal. Ça me rend heureux ».

Après neuf mois passés à PEKA, Hendro a pu retourner à la maison auprès de sa famille et il a repris son travail de chauffeur. Cette expérience a changé sa vie.

« À PEKA, j’ai à nouveau senti que je faisais partie d’une famille. Quand je consommais des drogues, j’étais exclu et abandonné. Ici, j’ai repris des forces », conclut Hendro.

 

L’ONUSIDA aide les pays à atteindre les objectifs fixés dans la Déclaration politique des Nations Unies de 2016 sur la fin du sida, qui inclut la garantie de l’accès à des options de prévention combinée du VIH, notamment avec la réduction des risques pour 90 % des personnes qui consomment des drogues injectables. 

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Leadership et orientation sur les populations les plus touchées encadrent la riposte de l'Indonésie au VIH

27 octobre 2014

Une délégation du Conseil de coordination du Programme de l'ONUSIDA (CCP) a mené une visite de terrain en Indonésie du 22 au 24 octobre afin de voir comment le pays avait mis en place une riposte intégrée et décentralisée au sida, qui a permis d'accélérer l'utilisation stratégique du traitement anti-VIH, d'augmenter le dépistage et le conseil et de renforcer les services de prévention anti-VIH auprès des populations les plus touchées.

L'Indonésie démontre ainsi comment une approche multisectorielle du VIH, combinée à un leadership cohérent à tous les niveaux, aide le pays à stabiliser l'épidémie, accélérer le traitement et fournir des services anti-VIH innovants et complets. La riposte au sida du pays est guidée par une stratégie d'investissement développée avec l'appui de l'ONUSIDA, qui oriente les ressources et les efforts là où ils sont le plus nécessaires.

« La riposte de l'Indonésie montre qu'un engagement et un leadership intersectoriels, avec une participation impressionnante et dynamique de la société civile, sont fondamentaux pour mettre en œuvre les stratégies », a déclaré Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA, qui chapeautait la visite. « Alors que nous regardons vers l'horizon de la fin de l'épidémie de sida d'ici 2030, un engagement soutenu à tous les niveaux sera essentiel pour avoir un impact efficace, à la fois pour le sida et pour l'agenda sur la santé et le développement dans son ensemble ».

Selon les estimations nationales, 638 000 personnes vivent avec le VIH en Indonésie, et les données nationales les plus récentes montrent que les nouvelles infections se stabilisent, malgré des augmentations chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. L'épidémie en Indonésie se concentre largement au sein des populations les plus exposées, à savoir les professionnel(le)s du sexe et leurs clients, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transsexuelles et les consommateurs de drogues injectables. Même si la prévalence nationale du VIH est faible, ces populations et certaines régions géographiques, notamment les villes et les provinces de Papouasie, payent un plus lourd tribut au VIH.

La riposte de l'Indonésie montre qu'un engagement et un leadership intersectoriels, avec une participation impressionnante et dynamique de la société civile, sont fondamentaux pour mettre en œuvre les stratégies

Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA

La délégation, composée de membres venus d'Australie, du Brésil, du Salvador, d'Iran, du Luxembourg, d'Ukraine et du Zimbabwe, ainsi que de représentants des ONG et des Coparrainants de l'ONUSIDA auprès du CCP, a rencontré plusieurs partenaires nationaux, notamment de hauts responsables des autorités exécutives nationales, provinciales et municipales, la Commission nationale de lutte contre le sida, des partenaires de développement, des organisations de la société civile et l'équipe nationale des Nations Unies. La délégation a également visité plusieurs sites pour observer des exemples d'élargissement de l'accès au dépistage et au traitement du VIH et de moyens de lutte contre la stigmatisation et la discrimination.

Lors d'une réunion avec la délégation du CCP, le Gouverneur par intérim de Jakarta, Basuki Tjahaja Purnama, a mis en avant la riposte des autorités locales au VIH dans la capitale. Le Gouverneur par intérim a insisté sur les investissements considérables que les autorités locales ont réalisés en faveur des programmes de lutte contre le VIH, notamment l'augmentation de l'accès au traitement anti-VIH, et fait part de son engagement de faire une priorité de la santé, de l'éducation, de l'emploi et du logement des personnes vivant avec le VIH, afin de veiller à ce que personne ne soit laissé de côté.

Ces dernières années, l'Indonésie a fait passer son financement national à 42 % de ses dépenses totales pour la lutte contre le sida. Tout au long de la visite, l'accent a été mis à tous les niveaux sur l'engagement politique pour une nouvelle hausse du financement national. Cependant, les responsables gouvernementaux ont également souligné que le financement international restait essentiel pour accélérer la riposte, en particulier pour l'accès au traitement anti-VIH.

Des services adaptés aux communautés, la clé d'une riposte durable

À l'occasion d'un rassemblement de groupes de la société civile, notamment des réseaux de personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus, la délégation a pu constater comment les organisations de jeunes mobilisent les jeunes Indonésiens dans le cadre de l'initiative ACT 2015, pour s'assurer que le VIH et les droits en matière de santé sexuelle et reproductive restent une priorité du nouveau gouvernement du pays et de la prochaine période de développement.

Des visites de terrain dans plusieurs établissements publics et privés de services anti-VIH à Jakarta et Denpasar ont montré comment les services adaptés aux communautés et dirigés par celles-ci permettent d'améliorer le développement des services et de réduire la stigmatisation et la discrimination. Citons par exemple le principal hôpital central du pays en matière de traitement anti-VIH à Jakarta, qui gère des programmes de sensibilisation du personnel aux besoins spécifiques des populations les plus exposées au risque, et la Yayasan Kertipraja Foundation ainsi que la Bali Medika Clinic à Denpasar, où plusieurs programmes menés par les populations les plus touchées fournissent des services faciles d'accès en dehors des heures de travail et le samedi. De même qu'une demande croissante des populations les plus touchées, ces programmes ont contribué à favoriser un recours précoce au traitement anti-VIH. La Commission nationale de lutte contre le sida, avec l'appui de l'ONUSIDA, examine comment reproduire et élargir ces modèles dans tout le pays.

Accélérer la riposte au VIH en Indonésie

12 mai 2014

L'Indonésie, qui se place au quatrième rang mondial en termes de population et couvre une vaste étendue géographique, est un pays d'importance stratégique pour la riposte au sida.

Compte tenu du nombre croissant de nouvelles infections à VIH ces dernières années, le gouvernement et ses partenaires intensifient leur action dans tout le pays pour soutenir l'expansion des programmes et des actions visant à réduire le nombre de nouvelles infections à VIH et de décès et à élargir l'accès au traitement anti-VIH.

En 2013, une stratégie nationale a été adoptée afin d'élargir rapidement l'accès au traitement antirétroviral pour maximiser son impact en termes de prévention. Grâce à ce programme, une initiation précoce du traitement antirétroviral, indépendamment de la numération de CD4, peut désormais être proposée aux femmes enceintes, aux couples sérodiscordants, à toutes les personnes issues des populations les plus exposées au VIH, ainsi qu'aux personnes vivant avec une co-infection VIH et tuberculose et/ou hépatite B ou C. Le programme est actuellement déployé en partenariat avec les autorités, la société civile et des partenaires internationaux de développement dans 13 districts du pays et sera étendu à 75 districts d'ici fin 2014.

En parallèle, l'Indonésie continue d'intensifier ses efforts de prévention du VIH, en se concentrant sur les principales populations touchées. Des données récentes concernant 16 villes d'Indonésie montrent que les efforts d'élargissement de l'accès aux préservatifs, en particulier pour les professionnel(le)s du sexe, et leur usage effectif ont permis de faire baisser le nombre d'infections sexuellement transmissibles, notamment la syphilis, et donc de réduire le risque de transmission du VIH.

« De l'élargissement des programmes de traitement et de prévention à la localisation géographique des ripostes et auprès des populations les plus touchées, il existe nombre d'exemples de progrès qui doivent maintenant être reproduits, rapidement, pour aller encore plus loin », a déclaré Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA, en visite officielle en Indonésie au mois d'avril.

Le temps de l'action

Les partenaires de la riposte indonésienne au sida admettent que l'élargissement des programmes doit se poursuivre. On estime à 76 000 le nombre de nouvelles infections à VIH en 2012 et le nombre de personnes ayant accès au traitement antirétroviral s'est approché de la barre des 40 000 en 2013 (soit une augmentation de 27 % par rapport à 2012). Malgré des signes de stabilisation de l'épidémie parmi les professionnel(le)s du sexe et les consommateurs de drogues dans certaines régions, la prévalence du VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes a fortement augmenté à l'échelle nationale, passant de 5,3 % en 2007 à 8,5 % en 2011, et de 8,1 % en 2007 à 17,2 % en 2011 à Jakarta, selon les données 2007 et 2011 de la Surveillance biologique et comportementale nationale intégrée.

« Dans un pays décentralisé comme l'Indonésie, nous devons traduire les stratégies en progrès et en action au niveau des provinces et des districts, et pour ce faire nous devons nous assurer des partenariats d'excellence », a déclaré le Vice-ministre de la Santé Ali Ghufron Mukti lors de sa rencontre avec la Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA à Jakarta. « Nous travaillons intensément avec nos autorités locales dans les districts et avec la société civile et les communautés », a-t-il ajouté.

Bali est une province citée en exemple pour son nombre croissant de stratégies et d'initiatives montrant des résultats positifs. Par exemple, le programme de Bali pour la prévention de la transmission sexuelle du VIH a été renforcé au moyen de la refonte des règlements applicables au commerce du sexe, permettant aux professionnel(le)s du sexe d'accéder plus facilement et de manière confidentielle aux services de santé sexuelle et anti-VIH. Bali a également été à l'avant-garde dans la mise en œuvre du programme national sur l'utilisation stratégique du traitement antirétroviral, en assurant un traitement à toutes les personnes issues des populations les plus touchées sans tenir compte de la numération de CD4.

Des actions centrées sur les communautés qui donnent des résultats encourageants

Les services centrés sur les communautés et dirigés par celles-ci montrent des résultats significatifs en termes d'intérêt pour ces services et d'essor de ces derniers. Par exemple, malgré le contexte culturel difficile et sensible sur la question des rapports sexuels entre hommes, la Bali Medika Clinic de Kuta est considérée comme accueillante pour ces personnes par les groupes communautaires. Ces dernières années, elle a vu de plus en plus de patients y recourir aux services de dépistage et de conseil anonymes et à une orientation vers une initiation précoce du traitement anti-VIH.

« La Bali Medika Clinic est une initiative à base communautaire. Nos services sont construits autour des besoins et des demandes des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Nos patients peuvent bénéficier d'une approche centrée sur le patient et de notre système de guichet unique abordable, mais aussi confidentiel », explique Yogi Prasetia, membre du personnel de la clinique.

Les efforts unis de l'ONUSIDA

Un partenariat solide avec les Nations Unies sur le VIH permet également d'appuyer l'intensification des efforts en Indonésie. L’ONUSIDA a mené l'élaboration d'un Programme commun d'appui sur le sida, qui est le fruit des efforts combinés des Nations Unies pour soutenir le gouvernement indonésien et ses partenaires dans la riposte nationale au sida.

Ce programme correspond aux priorités identifiées de l'Indonésie dans le cadre du plan stratégique national, avec une orientation particulière sur l'élargissement de l'accès au traitement antirétroviral. Il vise notamment à maximiser l'impact de la riposte collective des Nations Unies, à harmoniser et mieux coordonner la programmation, le financement et la rédaction de rapports avec les organismes coparrainants, et à réduire les doublons et les coûts de transaction.

Indonésie : miser sur les villes est primordial pour la riposte au VIH

17 avril 2014

À l'occasion d'une visite officielle en Indonésie de Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA, des dirigeants nationaux, provinciaux et municipaux, des agences de développement et des organisations de la société civile ont souligné l'importance d'élargir et d'investir dans des stratégies de lutte contre le VIH basées dans les villes en tant qu'action cruciale pour accélérer les progrès de la riposte au sida.

Dans un entretien avec le Dr Kamal Siregar, Directeur de la Commission nationale sur le sida, Mme Beagle a souligné l'importance de miser sur des ripostes au VIH basées dans les villes à une époque où la majorité des personnes vivant avec le VIH et issues des populations les plus exposées au risque résident et/ou travaillent dans les grands centres urbains. Le Dr Siregar a fait remarquer que l'intensification des programmes et des efforts au niveau des villes permettra d'atteindre plus facilement les personnes ayant besoin de services anti-VIH, notamment parmi les populations les plus exposées au risque.

Jakarta, capitale de l'Indonésie, est l'un des endroits qui compte le plus grand nombre de nouvelles infections à VIH en Indonésie. On estime que le nombre de personnes vivant avec le VIH dans la ville approchait les 100 000 en 2013. Selon les données de surveillance nationale, la prévalence du VIH chez les populations les plus exposées au risque de la ville serait supérieure aux moyennes nationales, avec une prévalence de 56,4 % chez les consommateurs de drogues, 17,2 % chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et 10,5 % chez les professionnelles du sexe.

Le Vice-ministre de la Santé indonésien s'est fait l'écho de la nécessité de mettre les villes au cœur des ripostes au VIH, en faisant remarquer que les populations urbaines sont souvent largement composées de jeunes et qu'il est également essentiel de cibler et d'impliquer les jeunes dans la lutte contre le VIH.

Cibler davantage les villes reçoit également la faveur du Secrétaire général de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), qui pilote l'initiative « Cities getting to Zero » de l'ASEAN. Lors d'une rencontre avec Mme Beagle, le Secrétaire général de l'ASEAN, Le Luong Minh, a mis en avant la manière dont l'initiative « Cities getting to Zero » se concentre sur 13 villes et agglomérations de l'ASEAN, qui représentent une large proportion du fardeau du VIH dans leurs pays respectifs (dont trois en Indonésie), pour catalyser les actions nationales en faveur de la mise en œuvre de la Déclaration de l'ASEAN sur l'Objectif Zéro nouvelle infection à VIH, Zéro discrimination, Zéro décès dû au sida de 2012.

L'ONUSIDA œuvre pour intensifier les ripostes au VIH basées dans les villes. Les villes et leur importance dans la riposte au VIH seront également abordées lors de la Conférence internationale sur le sida qui se tiendra à Melbourne, en Australie, du 20 au 25 juillet.

Déclarations

« Nous devons étendre la prévention globale du VIH et le traitement dans les villes afin d'atteindre le maximum de personnes. Nous devons également reproduire les programmes municipaux de qualité qui ont fait leurs preuves d'une ville à l'autre pour permettre une intensification plus rapide et plus efficace. »

Kamal Siregar, Directeur de la Commission nationale sur le sida d'Indonésie

« Dans le cadre de notre initiative « Cities getting to Zero » de l'ASEAN, les villes participantes ont été très actives et très enthousiastes. Apprendre quelles sont les analogies et les différences entre les villes sur les questions relatives au VIH est très important. Nous sommes en train de documenter ces expériences et ceci fera l'objet d'une publication plus tard cette année. »

Le Luong Minh, Secrétaire général de l'ASEAN

« Du point de vue de la couverture des programmes et de l'efficacité des investissements, se concentrer davantage sur les villes et les métropoles peut avoir un impact important. Les villes indonésiennes ont des expériences importantes à partager qui mettent en avant aussi bien les réussites que les problèmes rencontrés. »

Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA

Les parlementaires de la région Asie-Pacifique demandent une action soutenue de lutte contre le sida et rappellent la nécessité de poursuivre l'agenda des OMD après 2015

03 avril 2013

Des parlementaires de toute la région Asie-Pacifique demandent une action soutenue de lutte contre le sida afin d'assurer une génération sans sida dans la région. Cet appel a été lancé à l'occasion d'un Forum organisé à Bali, en Indonésie (25 et 26 mars), et qui a rassemblé des parlementaires et des leaders de la société civile venant de 35 pays de la région Asie-Pacifique pour évaluer les progrès accomplis et les défis restants pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dans la région.

« Nous commençons juste à obtenir des résultats significatifs dans la réalisation des OMD. Nous ne pouvons pas les abandonner ; nous devons poursuivre l'agenda des OMD », a affirmé Hon. P Kamalanathan P Pancanathan, membre du Parlement malaisien. « Nous avons constaté des avancées significatives sur le plan de la santé, des droits de l'homme et du développement par le biais de la riposte au sida, qui peuvent renforcer d'autres travaux en matière de santé mondiale et de développement durable », a-t-il ajouté.

Des appels à un avenir basé sur les droits de l'homme, l'égalité et la durabilité ont été lancés pendant tout le Forum. Un renforcement rapide de l'accès au traitement antirétroviral, l'engagement significatif des communautés dans la conception et l'application des programmes et la suppression des lois, des politiques et des pratiques qui entravent l'accès au services de lutte contre le VIH pour les personnes vivant avec le VIH et les populations clés les plus exposées au risque ont été cités parmi les priorités absolues pour garantir le succès de la riposte au sida.

« Grâce à un fort engagement politique, à la mobilisation des communautés, à des financements adéquats et à des approches fondées sur des données probantes, la fin du sida et l'émergence d'une génération sans sida peut être un triomphe partagé de l'ère post-2015 », a déclaré l'Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le sida dans la région Asie-Pacifique, Prasada Rao.

Nous commençons juste à obtenir des résultats significatifs dans la réalisation des OMD. Nous ne pouvons pas les abandonner ; nous devons poursuivre l'agenda des OMD

Hon. P Kamalanathan P Pancanathan, membre du Parlement malaisien

Des dépenses efficaces et une responsabilité partagée ont été associées à des résultats au niveau des objectifs fixés dans le domaine de la santé et du développement. « Nous devons dépenser intelligemment, c'est à dire nous assurer que les fonds sont ciblés là où ils sont le plus nécessaires et là où ils produisent les résultats les plus efficaces, ce qui signifie dans la région Asie-Pacifique de se focaliser sur les populations clés les plus exposées au risque du VIH », a déclaré Steven J Kraus, Directeur du Bureau régional de l'ONUSIDA pour l'Asie et le Pacifique lors du Forum. « En tant que représentants du peuple, y compris et surtout des plus vulnérables, les parlementaires ont un rôle essentiel à jouer en donnant la voix aux sans-voix », a-t-il précisé.

Le Forum des parlementaires et de la société civile a pris place et s'inscrit dans la quatrième réunion du Groupe de personnalités de haut niveau sur l'Agenda de développement post-2015, organisé par le Président d'Indonésie en tant que co-président du Groupe. Dans le cadre du Forum, une délégation sélectionnée de 20 parlementaires compétents et représentants locaux élus ont partagé avec le Groupe de personnalités de haut niveau du Secrétaire général des Nations Unies leurs recommandations sur les principales priorités identifiées pour un examen dans le cadre de l'élaboration de l'Agenda de développement post-2015.

Le Forum des parlementaires et de la société civile a été organisé par le Parlement indonésien, le Forum indonésien des parlementaires sur la population et le développement (IFPPD) et l'UNORCID, et co-organisé par la Campagne du Millénaire des Nations Unies et le Forum asiatique de parlementaires sur la population et le développement (AFPPD) avec le soutien de la Fondation Rockefeller, et en collaboration avec l'ONUSIDA et un certain nombre d'autres agences des Nations Unies, de réseaux de la société civile à l'échelle mondiale, d'organisations internationales non gouvernementales et de réseaux de parlementaires.

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