Internally displaced persons IDP

Un an après le début du conflit : nous devons soutenir la riposte au VIH en Ukraine

23 février 2023

Un an après le début du conflit, la guerre en Ukraine continue d’engendrer des souffrances et des destructions massives. Depuis le 24 février 2022, plus de 13,5 millions de personnes, y compris des personnes vivant avec le VIH et des membres des populations clés, ont été déplacées à l’intérieur du pays ou ont été contraintes d’aller se réfugier dans des pays voisins.

Le deuxième pays le plus affecté par l’épidémie de sida en Europe de l’Est et en Asie centrale, l’Ukraine, est durement touché par la guerre.

Le pays réalisait toutefois de solides progrès dans la riposte au sida : 1) le nombre de personnes séropositives recevant des médicaments vitaux a augmenté (plus de 150 000 personnes sous traitement sur les 240 000 personnes vivant avec le VIH), 2) le pays travaille main dans la main avec des organisations communautaires et 3) il finance totalement des services innovants de prévention du VIH au sein des populations clés.

Le choc provoqué par la guerre a poussé tous les acteurs à protéger ces précieuses avancées. 

Avec le soutien du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, du Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR), de l’ONUSIDA et d’autres parties prenantes, le gouvernement ukrainien et ses partenaires de la société civile ont reçu suffisamment de thérapies antirétrovirales (ARV), de médicaments contre la tuberculose et de traitement de substitution aux opioïdes (OST) pour assurer le suivi du traitement à l’ensemble des personnes qui en ont besoin.

Avant la guerre, la société civile était déjà le moteur de la riposte nationale au VIH aux côtés du Centre de santé publique ukrainien et elle a continué de l’être tout au long de l’année passée. Elle fournit des services, des médicaments et de l’aide humanitaire à ceux et celles qui en ont le plus besoin malgré les bombardements, les attaques, le manque d’électricité et les difficultés d’accéder aux régions à l’est et au sud du pays.

Cet effort nécessite notre soutien et notre financement continus. Nous ne pouvons pas laisser faiblir la riposte au VIH de l’Ukraine.

Les agences et partenaires des Nations Unies sur le terrain travaillent en étroite collaboration avec les autorités locales pour atteindre et aider les personnes dans le besoin. Plus récemment, ils ont fourni une assistance humanitaire à des territoires durement touchés qui viennent seulement de redevenir accessibles.

« La collaboration est primordiale pour fournir une aide et une assistance ô combien nécessaires », a déclaré la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Une coalition regroupant le gouvernement, la société civile et des organisations internationales a été et reste primordiale pour préserver l’efficacité de la riposte au VIH de l’Ukraine pendant la guerre. L’ONUSIDA est solidaire de toutes les personnes et de nos partenaires qui travaillent si dur en première ligne. »

Un Fonds d’urgence de l’ONUSIDA a permis à des partenaires dans tout le pays de maintenir des services de prise en charge et d’assistance liés au VIH, ainsi que d’apporter une aide humanitaire directe et un soutien ciblé aux plus vulnérables. Cela s’est traduit, par exemple, par la création de dizaines de refuges pour les personnes déplacées à l’intérieur du pays, y compris les toxicomanes, les personnes LGBTIQ+ et d’autres populations clés, et en établissant des liens entre les prestataires de services anti-VIH et les programmes d’aide humanitaire disponibles. Le Fonds jouit du soutien de la Croix-Rouge de Monaco, des États-Unis d’Amérique et de l’Allemagne.

Fortes du financement supplémentaire de la part de l’Allemagne, des organisations de la société civile en Moldavie, en Pologne et dans d’autres pays voisins ont uni leurs efforts pour améliorer l’accès aux services pour les personnes réfugiées ukrainiennes vivant avec le VIH.

L’ONUSIDA demande ardemment à la communauté internationale de financer davantage les organisations de la société civile afin qu’elles continuent à fournir des services anti-VIH essentiels en Ukraine et dans les pays recevant des personnes réfugiées ayant besoin de ce type de services.

L’ONUSIDA continuera de soutenir la prévention, le dépistage, le traitement, les soins et l’assistance en matière de VIH pour les personnes en Ukraine victimes de la guerre et déplacées à cause du conflit.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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Snizhana KOLOMIIETS
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L’ONUSIDA salue le travail des #RealLifeHeroes à l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire

19 août 2020

GENÈVE, le 19 août 2020—Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire, l’ONUSIDA remercie les communautés pour leur action et rend hommage à ces individus et groupes, ces « #RealLifeHeroes » (héroïnes et héros du quotidien) qui coopèrent pour améliorer leur vie et celle des autres. 

L’ONUSIDA est consciente que l’union fait la force et que les communautés sont depuis toujours une pierre angulaire de la riposte au VIH. Les héroïnes et les héros se font entendre pour garantir l’accès au dépistage, au traitement et aux services de soin du VIH, que ce soit à titre personnel, pour leur famille, leurs partenaires et leurs proches. Ces gens se battent pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination. Ils revendiquent le respect et l’application des décisions qui affectent leur vie.

Les situations humanitaires et de fragilité sont des environnements instables, imprévisibles et incertains. Les conflits, les catastrophes et les déplacements de population affaiblissent les services de santé, isolent des communautés et renforcent les vulnérabilités, ce qui accroît le nombre de personnes risquant d’être oubliées. Par ailleurs, comme nous le montre la COVID-19, chaque situation peut se révéler fragile lorsqu’elle se trouve confrontée à des défis inédits ou soudains. Alors que la COVID-19 se propage dans le monde entier, du personnel de santé, issu de secteurs clés et autres vient grossir les rangs de l’aide humanitaire. Ces personnes risquent leur vie et celle de leurs familles pour aider les autres.

Sur toute la planète, les organisations communautaires sont une bouée de sauvetage pour les populations défavorisées, marginalisées et avec lesquelles il est difficile d’établir un contact. Elles sont une mine d’expérience lorsqu’il s’agit d’élaborer et de fournir une réponse à des crises sanitaires et concernant les droits humains au sein de leurs communautés. Les nombreux réseaux et groupes communautaires qui ont vu le jour pour lutter contre le VIH disposent d’atouts incontestables : une profonde expérience pratique, des compétences organisationnelles, ainsi que la possibilité d’apporter plus facilement une aide vitale et d’influencer les comportements au quotidien de leurs membres en matière de protection de la santé.

Et nous assistons aussi à l’apparition de nouvelles figures héroïques. Certaines œuvrent pour maintenir l’accès à un traitement vital du VIH. D’autres viennent en aide aux membres les plus vulnérables de la société afin qu’ils survivent aux mesures de confinement et aux autres répercussions de la pandémie, mais aussi afin de les protéger contre tout risque de violence.

L’ONUSIDA salue tous ces #RealLifeHeroes et les communautés à leurs côtés et les entourant en première ligne. Ensemble, ils créent une résilience à la base de la société afin de n’oublier personne d’ici l’avènement de la couverture sanitaire universelle, qui comprend un accès libre et équitable aux services du VIH.

L’ONUSIDA s’engage à instaurer une culture de la solidarité, de la confiance, de la bonté et de l’éthique des soins, pas uniquement dans notre riposte à la COVID-19, mais dans toutes les situations humanitaires. Nous avons remarqué que de nombreuses personnes ont puisé dans leurs économies pour aider leur famille, leurs voisins et leurs proches. Pour éviter cela, nous demandons d’apporter des financements pérennes aux organisations communautaires.

L’ONUSIDA promet de continuer d’aider et de militer en faveur de celles et ceux s’engageant contre la souffrance et l’injustice, en faveur de la paix et pour la protection des droits de l’homme.

Pas uniquement aujourd’hui, mais tous les jours de l’année.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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Riposte à la COVID-19

Le changement climatique affecte les personnes vivant avec le VIH

20 septembre 2019

Quelques jours avant le Sommet Action Climat des Nations Unies qui aura lieu le 23 septembre à New York aux États-Unis, le constat est sans appel : aucun pays ni continent n’est épargné par le changement climatique. Son impact est toutefois souvent plus marqué dans les régions déjà confrontées à d’autres défis et il touche de plein fouet des groupes vulnérables tels que les personnes vivant avec le VIH.

Lorsque le cyclone Idai a touché la côte du Mozambique près de Beira le 15 mars 2019, les précipitations importantes et les vents violents ont provoqué une montée brutale des eaux, fait des centaines de morts, mais aussi endommagé de nombreuses habitations et infrastructures. Le 19 mars, les autorités estimaient que 100 000 personnes restaient à sauver. À Beira, les communications étaient coupées et les 17 hôpitaux ou cliniques avaient subi d'importantes destructions.

Cette situation aurait été une catastrophe n’importe où dans le monde, mais elle l’était d’autant plus dans la province de Sofala où près d’un adulte sur six vit avec le VIH et où plus d’un a vu les flots emporter son traitement.

Moins de six semaines plus tard, le 25 avril, le cyclone Kenneth dévastait à son tour le nord du Mozambique. Les inondations catastrophiques causées par ces deux tempêtes ont fait 2,2 millions de victimes au Malawi, au Mozambique et au Zimbabwe.

L’augmentation de la température à la surface des océans et la montée du niveau de la mer renforcent l’intensité ainsi que le potentiel de destruction des ouragans et des cyclones tropicaux comme Idai et Kenneth dans de nombreux pays déjà exposés à des épisodes météorologiques extrêmes.

Lorsque l’ouragan Kenneth a atteint le Zimbabwe, la Directrice pays par intérim de l’ONUSIDA, Mumtaz Mia, a tout fait pour que les personnes vivant avec le VIH, comme les femmes enceintes inscrites à des programmes de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant, accèdent au traitement.    

« Les situations d’urgence ne sont pas une nouveauté au Zimbabwe, mais cette fois-ci les personnes vivant avec le VIH se sont retrouvées livrées à elles-mêmes lorsque les flots ont emporté leurs médicaments. »

Après la catastrophe, Mme Mia et son équipe ont rencontré des représentants du gouvernement, de la société civile, des donneurs et d’autres partenaires pour discuter de la riposte. Tous lui ont rapidement assuré que les besoins spécifiques des personnes vivant avec le VIH avaient été pris en compte dans les opérations de secours. Cela s’est traduit, par exemple, par des coopérations avec des partenaires, dont les coparrainants de l’ONUSIDA, le ministère de la Santé et des Soins aux enfants ainsi que le Conseil national du sida, pour coordonner la distribution d’antirétroviraux et de préservatifs, de colis alimentaires aux personnes vivant avec le VIH et pour permettre aux femmes enceintes d’accoucher sans danger. Ces partenaires ont également évalué les besoins supplémentaires liés à la santé et au VIH suite à la catastrophe.

Au Malawi, le cyclone Idai a touché près d'un million de personnes et a forcé plus de 100 000 personnes à fuir leur foyer. De nombreuses victimes de la tempête au Mozambique ont traversé la frontière à la recherche d'un abri et de nourriture.

Pour les personnes vivant avec le VIH, les soucis concernant leur santé et l’accès à leur traitement sont venus aggraver cette situation déjà difficile. Pour beaucoup d’entre elles, le premier réflexe a été de sauver leurs médicaments.

« Ma maison a été détruite par les flots, mais j’ai réussi à prendre le sac en plastique où je garde mes antirétroviraux. Cela fait partie de ce que j’ai de plus cher », raconte Sophie Naphazi.

Elizabeth Kutendi explique quant à elle que ses médicaments ont survécu à la catastrophe, parce qu’elle les garde sous le toit de sa maison.

Ces deux femmes ont trouvé refuge à Bangula, un camp au sud du Malawi, qui accueille des milliers de personnes ayant fui les villages des environs. La petite clinique sur place apporte des conseils sur le VIH, des dépistages, elle renouvelle les traitements et fournit un soutien psychosocial.

Dans d’autres régions d’Afrique, les populations sont confrontées à un manque de précipitations à l’origine de sécheresses sévères et à d’une interruption de services essentiels, comme les soins de santé. L’Afrique australe, par exemple, n’a connu que deux bonnes récoltes depuis 2012. L’Angola, le Botswana, le Lesotho et la Namibie ont tous déclaré l’état d’urgence à cause de la sécheresse.

La concurrence pour les faibles ressources laissées par la sécheresse dans la Corne de l’Afrique est quant à elle source de conflits, ce qui complique l’accès à des groupes de la population nécessitant une aide d’urgence, dont des soins de santé. Beaucoup n’ont pas d’autre choix que de fuir vers les centres urbains, ce qui augmente la pression sur les prestataires de service locaux. La détérioration de la situation peut déclencher des mouvements migratoires massifs.

« Le changement climatique nous menace tous », a déclaré Gunilla Carlsson, Directrice exécutive par intérim de l’ONUSIDA. « Mais les groupes vulnérables, dont les personnes vivant avec le VIH et concernées, sont particulièrement exposés à la multiplication et à l’intensification des épisodes météorologiques extrêmes touchant des régions du globe où les stratégies d’adaptation sont déjà à bout. Nous devons aujourd’hui considérer le changement climatique comme étant l’un des défis fondamentaux à la santé et au bien-être des populations. »

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Climate Action Summit

Rapidité, proactivité et préparation : le trio gagnant pour réagir aux crises humanitaires

15 août 2019

À la mi-mars, le cyclone Idai a frappé le Mozambique et l’est du Zimbabwe au plus mauvais moment possible. Un mois plus tôt, le Zimbabwe avait lancé un appel d’urgence pour les 5,3 millions de personnes touchées par la crise économique en cours. En outre, la sécheresse avait détruit les récoltes. L’arrivée soudaine de précipitations abondantes et du vent a précipité la région dans le chaos. Trois cents personnes ont péri, des centaines d’autres ont disparu et 40 000 ont perdu leur foyer. L’insécurité alimentaire, à laquelle s’ajoute une absence de services fondamentaux dont les soins de santé, a pris des proportions alarmantes dans le Manicaland, la province la plus sévèrement touchée.

Pour Mumtaz Mia, Directrice pays par intérim de l’ONUSIDA au Zimbabwe au moment de la catastrophe, la priorité était d’assurer l’accès au traitement contre le VIH pour les personnes vivant avec le virus, notamment les femmes enceintes impliquées dans des programmes de protection de la transmission de la mère à l’enfant.

« Les situations d’urgence ne sont pas une nouveauté au Zimbabwe, mais cette fois-ci les personnes vivant avec le VIH se sont retrouvées livrées à elles-mêmes lorsque les inondations ont emporté leurs médicaments », explique-t-elle.

Pour elle, il est essentiel d’être toujours prêts. « Dans le cadre de la riposte au sida, nous devons anticiper toute interruption des services causée par une situation d’urgence. »

Mme Mia, elle-même originaire du Malawi, a déjà eu à gérer des sécheresses et à des inondations dans toute l’Afrique orientale et australe. Elle est également intervenue au Kenya dans le cadre d’un conflit qui a éclaté après des élections. Elle a aussi travaillé cinq ans pour l’ONUSIDA au Sud-Soudan avant d’arriver au Zimbabwe.

Elle se rappelle que le bureau national de l'ONUSIDA a rencontré le gouvernement, la société civile, les donataires et d’autres parties prenantes cruciales afin de discuter des actions à prendre immédiatement. Ils ont intégré très rapidement les besoins spécifiques au VIH dans la riposte à cette crise. En coopération avec les coparrainants de l’ONUSIDA, le ministère de la Santé et des Soins aux enfants ainsi que le Conseil national du sida, il s’agissait de coordonner la distribution de thérapie antirétrovirale et de préservatifs, le soutien alimentaire aux personnes vivant avec le VIH et de permettre aux femmes enceintes d’accoucher sans danger. Ces partenaires ont également évalué les besoins supplémentaires liés à la santé et au VIH suite à la catastrophe.

Près de 150 000 personnes vivant avec le VIH se trouvaient dans les zones touchées par le cyclone, dont 83 % suivaient une thérapie antirétrovirale qu’elles ont bien souvent dû interrompre au cours de la crise.

« Sans un plan et des consignes clairs sur les actions à prendre dans une situation d’urgence, il est très facile de perdre des jours, voire des semaines, à essayer de savoir quoi faire », explique Mme Mia.

Elle est également convaincue qu’il serait possible d’accélérer la riposte grâce à des plans d’urgence interagences organisant spécifiquement leurs actions. « Lorsqu’une crise nécessite d’accompagner les bureaux et les directions locales, les actions requises par l’ONUSIDA dans les situations d’urgence et leur impact potentiel sur le VIH doivent suivre des règles simples et claires », continue-t-elle. « Il est important de réserver des ressources financières disponibles immédiatement. »

Mme Mia pratique le yoga pour traverser les périodes de stress et elle apprécie le soutien de son mari. « Nous essayons de préserver un semblant de normalité chez nous lorsque les temps sont durs », déclare-t-elle avant d’admettre que souvent c’est difficile. Elle concentre ses pensées vers les personnes dans le besoin. « Ma porte leur est toujours ouverte. J’écoute leur histoire et cela m'ouvre des perspectives pour poursuivre mon travail. » C’est pourquoi elle a rappelé qu’on ne peut pas laisser les gens livrés à eux-mêmes en période de crise. « La rapidité est essentielle. »

La Directrice pays de l’ONUSIDA dans la République bolivarienne du Venezuela, Regina Lopez de Khalek, abonde en ce sens. « Une crise humanitaire vous oblige à agir rapidement afin de sauver des vies. Vous devez revoir vos tâches quotidiennes afin de porter toute votre attention sur la situation d’urgence », indique-t-elle.

Dans la République bolivarienne du Venezuela où la crise économique et politique touche plus de 80 % de la population, son travail consiste à gérer l’impact sur les personnes vivant avec le VIH ou concernées. L’inflation a explosé provoquant une flambée des prix des produits alimentaires de base. Les pénuries à tous les niveaux, y compris de médicaments, gangrènent le pays. En mai 2019, la République a reconnu rencontrer certaines « difficultés humanitaires » et a facilité la livraison de médicaments et de tests rapides pour le VIH et la syphilis. Le soutien d’organisations non gouvernementales internationales a permis d’apporter près de 60 tonnes de médicaments de première nécessité. L’ONUSIDA s’est engagée pour que le pays reçoive des fonds d’urgence d’organisations partenaires.

Plus récemment, l’ONUSIDA, le Fonds des Nations unies pour la population et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés ont concentré leurs efforts afin d’aider les personnes touchées par la stigmatisation, la discrimination et les violences sexuelles. Cela se traduit par la distribution de kits de prévention post-exposition, une riposte médicale d’urgence pour les personnes exposées au VIH, des services de santé et le lancement de tests du VIH dans les maternités, ainsi qu’un soutien apporté à la société civile.

Pour Mme Lopez de Khalek, coopérer avec d’autres agences des Nations unies et des partenaires sur place fait toute la différence. « Travailler main dans la main est non seulement une approche sensée, mais cela assure la pérennité de la riposte au sida même dans une situation de crise humanitaire », explique-t-elle.

Elle recommande de suivre les directives du groupe d’étude du comité permanent inter-organisations sur le VIH dans des situations d’urgence, sans pour autant perdre de vue la réalité locale et nationale. « Il est essentiel de connaître et de comprendre la situation du pays où l’on se trouve », continue-t-elle, « car même si une situation d’urgence reste partout une situation d’urgence, la réalité diffère selon chaque pays. » Et il faut être proactif. « Il est nécessaire d’agir correctement en amont, afin de ne pas toujours être dans la réaction », indique-t-elle. Selon elle, il est essentiel de nouer des liens, de collaborer et de s’engager avec d’autres, mais aussi d’élaborer une riposte sur tous les plans afin que ni les personnes apportant de l’aide ni les personnes aidées ne soient laissées pour compte.

Simone Salem a le même sentiment. « Les contacts que j’établis dans les différents pays ainsi que les bonnes relations avec les personnes pouvant aider m’ont toujours sauvée pour apporter une réponse aux situations d’urgence », déclare la Conseillère pour la mobilisation de la communauté de l’ONUSIDA au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Et d’ajouter que la population se met à vous faire confiance et à chercher votre soutien lorsque vous commencez à agir et à apporter une aide concrète.

Mme Salem indique que son travail en Iraq, en Libye et en République arabe de Syrie a changé sa vie. « Chaque personne que j’aide me fait comprendre l'importance de mon travail et combien je dois rester à l’écoute des besoins des autres », continue cette ressortissante égyptienne.

Elle a récemment aidé des personnes à migrer ou à fuir leur foyer afin d’accéder à un traitement et à des conseils liés au VIH. Avec l’aide d'activistes et de réseaux régionaux, elle a permis l’évacuation de personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) victimes de violences.

Elle admire les formes de solidarité qui surgissent à tous les niveaux en temps de crise. On a vu récemment des Tunisiens donner leur surplus de médicaments contre le VIH à des Libyens, par exemple. La même chose s’est passée au plus fort du conflit syrien, cette fois-ci avec des dons venant du Liban.

Mme Salem a par ailleurs vu ses compétences décisionnelles s’améliorer avec le temps. Son secret ? « Toujours écouter ce qui est dit et ce qui n’est pas dit lorsqu’il s’agit d’analyser une situation complexe », explique-t-elle.

Pour elle, ce n’est pas une question de sexe, mais de personnalité. Elle reconnaît cependant que des femmes et des personnes vulnérables avec qui elle avait travaillé l’ont contactée parce qu’elles avaient l’impression qu’elle serait plus à l’écoute que d’autres. Ne pas réussir à aider quelqu’un est la seule ombre au tableau. « C’est vraiment dur. »

Elle explique qu’elle utilise son cœur pour écouter les gens. Elle a été émue lorsque de jeunes LGBT sont venus la voir pour lui dire que ses encouragements leur avaient donné espoir.

« Cela m’a mis du baume au cœur et m’aide à avancer », poursuit Mme Salem. « Je m’engage sans arrêt pour que les gens reçoivent un accueil correct et de la compassion. »

Directives du groupe d’étude du comité permanent inter-organisations sur le VIH dans des situations d’urgence

Sécurité et affaires humanitaires

Lutter contre les infections au VIH ainsi que les violences sexuelles et basées sur le genre au cours des opérations humanitaires et de maintien de la paix

15 août 2019

L’Afrique à elle seule est le théâtre de sept opérations de maintien de la paix, mais aussi de nombreuses missions humanitaires. Sur tout le continent, 600 millions de personnes se trouvent dans des pays fragilisés en proie à des conflits et des violences. Sept femmes sur 10 vivant dans une zone d’affrontements ou étant réfugiées sont exposées aux violences sexuelles et basées sur le genre. Selon les régions, le risque de contracter le VIH est parfois 50 % plus élevé pour les victimes de ces exactions.

De son côté, le personnel en uniforme qui travaille sur les opérations de maintien de la paix est exposé à de nombreux risques sanitaires au cours de ses tâches quotidiennes, selon la fonction, la zone géographique et les conditions de service. Ainsi, il ne faut pas non plus négliger sa santé et son bien-être tout comme celui des populations parmi lesquelles il évolue.

Afin de protéger aussi bien le personnel déployé que les civils, l’Union africaine a élaboré en novembre 2018 un nouveau code de conduite portant sur la prévention et le signalement des violences sexuelles et basées sur le genre, qui s'applique également aux opérations de maintien de la paix.

« Il est urgent d’avoir une stratégie harmonisée, concertée et globale portant sur les violences sexuelles et basées sur le genre ainsi que sur le VIH au cours des conflits et des opérations humanitaires », a déclaré Bineta Diop, envoyée spéciale de l’Union africaine pour les femmes, la paix et la sécurité.

Ce nouveau code de conduite s’inscrit dans la politique de l’Union africaine sur la prévention et la riposte apportée à l’exploitation et aux abus sexuels au cours des opérations de maintien de la paix. Il met l’accent sur l’éradication de toute forme de violence basée sur le genre et fait des opérations de maintien de la paix le fer de lance pour garantir la justice et la protection des populations vulnérables. Il s’agit maintenant de mettre en place ce code, ce qui ne sera pas chose aisée.

« L’Union africaine rejette toute violence sexuelle et basée sur le genre. Elle invite ses États membres ayant adopté une politique centrée sur les survivantes et survivants et leur proposant tous les services d’assistance à la mettre en place immédiatement », déclare Admore Kambudzi, Directeur du département Paix et Sécurité auprès de la Commission de l’Union africaine.

La première réunion d’une série de rencontres réunissant la Commission de l’Union africaine et le Bureau de liaison de l’ONUSIDA auprès de l’Union africaine en collaboration avec le Bureau des Nations unies auprès de l’Union africaine a été organisée en juin dernier. Elle a offert un cadre aux participants pour élaborer ensemble des recommandations communes et pratiques de lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre et de riposte au VIH dans des situations précaires.

Ses membres se sont mis d’accord sur un principe fondamental : adopter une approche favorisant les survivantes et survivants des violences sexuelles dans les conflits afin de renforcer leur résilience, mais aussi leur apporter un soutien psychologique et psychosocial. Il est également essentiel d’impliquer les hommes et les garçons si l’on veut mettre fin aux violences sexuelles et basées sur le genre.

Les membres ont également plaidé pour garantir la santé et le bien-être du personnel en uniforme sur les opérations de maintien de la paix avant et pendant leur service actif. Un protocole visant à intégrer les programmes du VIH dans les opérations de maintien de la paix au sein de l’Union africaine est en cours de finalisation. Une équipe experte sera formée en vue de dresser l'état des lieux des pays en crise, d’identifier les forces et les faiblesses et de faire des suggestions afin de mettre un terme aux violences sexuelles et basées sur le genre ainsi que sur l’exposition au VIH.

« J’enjoins aux partenaires de prendre des mesures pour éradiquer les violences sexuelles et basées sur le genre, ainsi que le VIH dans des situations précaires. Cette volonté doit s’inscrire dans le thème de l’Union africaine pour 2019, l’année des personnes réfugiées, rapatriées et déplacées internes », indique Clémence A. Habi Bare, Directrice du Bureau de liaison de l’ONUSIDA auprès de l’Union africaine.

politique de l’Union africaine sur la prévention et la riposte apportée à l’exploitation et aux abus sexuels au cours des opérations de maintien de la paix

Sécurité et affaires humanitaires

Les survivants des inondations dues au cyclone Idai « veulent juste rentrer à la maison »

18 avril 2019

Le camp de Bangula, dans le district de Nsanje au sud du Malawi, se trouve à cinq kilomètres de marche ardue de la frontière avec le Mozambique.

Une marche que près de 2 000 Mozambicains ont entrepris depuis qu’ils ont été déplacés il y a un mois en raison des crues provoquées par le cyclone Idai. Ce camp est aussi le foyer temporaire d’environ 3 500 Malawites des villages environnants, eux aussi déplacés.

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Cette communauté dominée par de petits exploitants agricoles a vu ses maisons, ses biens et ses moyens de subsistance emportés par les eaux. Toutes ces personnes résident aujourd’hui à Bangula en attendant que la terre sèche, afin qu’ils puissent rentrer chez eux et reconstruire leur vie.

L’aide d’urgence destinée aux 81 000 personnes du district touché par les inondations est coordonnée par le gouvernement du Malawi, les Nations Unies, les partenaires de développement et les organisations non gouvernementales.

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Lorsqu’ils arrivent au camp, les chefs de famille reçoivent des nattes et des couvertures pour dormir et de la farine de maïs pour faire la cuisine. 

Les femmes et les enfants sont logés dans 21 tentes à l’arrière du camp, tandis que les autres dorment dans des hangars industriels ouverts, sur un sol en béton et sous un toit de tôle.

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Lors d’une visite dans le camp, Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, a appris que si certaines commodités étaient prévues, il n’y avait pas assez d’abris pour tout le monde et aucun éclairage la nuit, ce qui exacerbe la vulnérabilité des personnes, en particulier des femmes et des enfants.

Il est bien connu que les violences sexuelles et sexistes à l’égard des femmes et des enfants sont accrues dans les contextes d’urgence tels que celui de Bangula. Les gens ont également évoqué le manque de nourriture adéquate, d’accès à l’eau potable et aux sanitaires, ainsi que des faits de stigmatisation et de discrimination.

Le petit dispensaire du camp se concentre sur les soins de santé primaires et propose des services prénataux et néonataux, des services de conseil et de dépistage du VIH, le réapprovisionnement en médicaments de traitement du VIH et une aide psychosociale.

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Lors de sa visite au camp, M. Sidibé s’est entretenu avec un groupe de personnes vivant avec le VIH qui sont venues se réfugier ici. Elles lui ont raconté comment, lors de la montée des eaux, elles ont tenté de mettre en sûreté leur traitement anti-VIH.

« Ma maison a été détruite par l’inondation. Mais j’ai réussi à attraper le sac où je garde mes antirétroviraux, car ils sont l’un de mes biens les plus précieux », raconte Sophia Naphazi, originaire du village de Jambo.

Elizabeth Kutenti, une autre femme vivant avec le VIH, explique comment ses médicaments étaient restés à l’abri, car elle les avait rangés sous le toit. « Ils sont toute ma vie », ajoute-t-elle.

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L’aide dont ont besoin les populations de ce camp pour rentrer chez elles est modeste. « Nous avons besoin de trois choses : une bâche en plastique pour recouvrir ce qui reste de nos maisons, des graines de maïs à planter et une binette. Alors nous pourrons rentrer chez nous », explique Miliam Moses.

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« Le niveau de résilience que j’ai observé aujourd’hui est tout simplement extraordinaire », a déclaré M. Sidibé. « Le message le plus important que j’ai entendu aujourd’hui est un message d’espoir ».

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M. Sidibé était accompagné par Atupele Austin Muluzi, Ministre de la Santé et des Populations du Malawi. Il a remercié les agences des Nations Unies et les services gouvernementaux qui contribuent à la coordination de l’aide d’urgence.

« Nous avons besoin que cette aide se poursuive, afin que toutes les personnes de ce camp puissent obtenir l’assistance dont elles ont besoin pour rentrer chez elles et vivre dignement », a-t-il déclaré.

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