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Ramener la prévention du VIH sur le devant de la scène lors la Marche des fiertés au Brésil
17 octobre 2019
17 octobre 2019 17 octobre 2019En juin 2019, plus de 3 millions de personnes sont descendues dans les rues de São Paulo pour fêter ensemble la Marche des fiertés lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuelles (LGBTI), ainsi que le 50e anniversaire des émeutes de Stonewall qui ont marqué un tournant dans la lutte pour les droits LGBTI. Pour Almir Nascimento, chef d’entreprise gay, 2019 a été l’année de son retour dans l’organisation de cette manifestation après 20 ans d’absence.
Sa décision est la conséquence d’un constat alarmant : au Brésil, le nombre de nouvelles infections au VIH ne cesse d’augmenter chez les jeunes, en particulier les jeunes gays et les femmes transgenres. Pendant longtemps, M. Nascimento avait pourtant cru que la mobilisation des années 1990 et l’arrivée de la thérapie antirétrovirale suffiraient à mettre un terme à l’épidémie du VIH.
« L’épidémie avait atteint son point culminant lorsque j’ai participé pour la première fois à l’organisation de la Marche en 1999 et 2000. À l’époque, j’avais l’impression que nous avions fait des progrès majeurs et j’étais persuadé que cela suffirait pour arrêter le VIH », se souvient-il. « Mais, il y a quatre ou cinq ans, j’ai commencé à remarquer une recrudescence des nouvelles contaminations parmi les personnes gays, bisexuelles et transgenres et, pire encore, qu’elles décédaient très jeunes des suites du sida. Cette situation m’a poussé à revenir. J’ai aidé à l'organisation du défilé en mettant en place une discussion publique sur le VIH et le sida au sein de notre communauté. »
En 2018, 900 000 personnes environ vivaient avec le VIH au Brésil et les nouvelles infections avaient augmenté de plus de 20 % par rapport à 2010. La prévalence du VIH parmi la population adulte est estimée à 0,5 %, mais elle atteint 30 % environ chez les personnes transgenres et près de 18,3 % chez les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.
M. Nascimento est le propriétaire d’un sauna gay à São Paulo. Il déclare qu’il s’efforce de s’assurer que ses clients savent se protéger correctement du VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles. Il fait également équipe avec les services de santé de São Paulo, par exemple pour distribuer gratuitement des préservatifs. Plus récemment, une équipe de recherche dans le domaine de la santé a été invitée dans son sauna pour recruter des volontaires dans le cadre de projets pilotes sur la PPrE (prophylaxie pré-exposition), un comprimé qui empêche la contamination au VIH.
« Il est indéniable que les gays et les personnes transgenres sont les populations les plus touchées au Brésil. J’ai toutefois remarqué que les associations organisatrices de rassemblements lesbiens, gays, bisexuels et transgenres, dont la Marche de São Paulo, ne proposaient plus de programmes efficaces contre le VIH », explique-t-il. « C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’inviter des délégations des Prides organisées dans les 27 capitales fédérales du Brésil, ainsi que dans une douzaine des plus grandes villes de l’État de São Paulo. Nous estimons en effet que ces évènements rassemblent au total plus de 18 millions de personnes par an. »
Un tel public représente pour M. Nascimento non seulement une chance, mais aussi une responsabilité d’envoyer des messages de prévention du VIH et de non-discrimination à l’attention de la communauté LGBTI.
« Certaines équipes d'organisation de ces marches rechignent toujours à intégrer des discussions sur le sida à leur manifestation par peur de la stigmatisation et de la discrimination. Au contraire, ces évènements soudent tout le monde. Nous devons saisir l’opportunité de discuter ouvertement et d’informer les gens sur la prévention du VIH. Cela peut sauver des vies. »
Jouissant du soutien du bureau de l’ONUSIDA au Brésil et d’autres partenaires clés, M. Nascimento et la São Paulo LGBT Pride Parade Association organisent actuellement la troisième réunion de prévention et de santé destinée aux jeunes LGBTI. Elle se tiendra en novembre.
« Après notre première réunion en 2017 dédiée à la prévention du VIH parmi les jeunes lesbiennes, gays, bisexuel(le)s et transgenres, plus de 20 % des associations organisatrices d’une Marche participantes ont commencé à proposer des discussions similaires dans leur ville. Notre objectif est simple : que chaque responsable de défilé sache comment mener ce type de format, et que les associations organisent leurs propres réunions au cours de la semaine des fiertés et tout au long de l’année. »
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Augmentation des nouvelles contaminations au VIH en Amérique latine, en particulier parmi les populations clés
14 octobre 2019
14 octobre 2019 14 octobre 2019Même si l’incidence du VIH a baissé considérablement dans plusieurs pays d’Amérique latine, le nombre de nouvelles infections dans la région a augmenté de 7 % entre 2010 et 2018 pour atteindre 100 000 personnes en 2018.
Près de la moitié des pays de cette zone ont vu l’incidence du VIH augmenter entre 2010 et 2018, avec en tête le Brésil (21 %), le Costa Rica (21 %), l’État plurinational de Bolivie (22 %) et le Chili (34 %). Au cours de la même période, l’incidence a connu une baisse vertigineuse au Salvador (-48 %), au Nicaragua (-29 %) et en Colombie (-22 %).
En 2018, 40 % des nouvelles infections au VIH en Amérique latine touchaient les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Les populations clés et leurs partenaires sexuels représentent la majorité des nouvelles contaminations dans la région.
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VIH au Brésil : par les jeunes et pour les jeunes
11 octobre 2019
11 octobre 2019 11 octobre 2019Au Brésil, les nouvelles infections ont augmenté de plus de 20 % entre 2010 et 2018. Par conséquent il est essentiel que les jeunes aussi se mettent à parler du VIH et des moyens de protection. C’est la mission que s’est donnée un projet mené par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
Jonas da Silva consulte l'un de ses comptes sur les réseaux sociaux à la recherche d’informations sur les prochaines soirées et manifestations publiques à Salvador. Il chatte aussi en ligne avec d’autres jeunes, échange sur le sexe, sur l'utilisation de préservatifs avec leurs partenaires (le cas échéant), sur leurs connaissances en matière de prévention du VIH et sur leur dépistage.
« Ce qui est cool dans ce projet, c’est que les jeunes s’adressent aux jeunes. Nous n’avons pas besoin de nous exprimer différemment, nous utilisons notre argot pour parler du VIH », explique-t-il. « Cette proximité est vitale. Nous constatons que les jeunes nous font confiance et c’est à cela que nous reconnaissons que les informations nécessaires ont touché leur cible. »
M. da Silva et 30 autres jeunes ont été formés pour travailler comme bénévoles au sein du projet Viva Melhor Sabendo Jovem (VMSJ) à Salvador. Leur mission est de sensibiliser les gens de leur âge sur l’importance du dépistage et de la prévention du VIH. Pour cela, l'équipe est présente là où se trouve leur groupe cible : sur Internet et en ville.
Le projet suit le calendrier des fêtes de rue traditionnelles et des festivals, en mettant l’accent sur les manifestations attirant un large public de jeunes. Il répond ainsi à une attente spécifique des populations clés demandant d’assurer une veille des évènements publics où se retrouvent les jeunes lesbiennes, gays, bisexuel(le)s, transgenres et intersexuel(le)s. Dans l’intimité de leur camionnette colorée, le Test Truck, M. da Silva et son équipe de bénévoles conseillent sur le VIH et effectuent des dépistages en toute confidentialité.
Depuis son lancement en août 2018, plus de 1 000 jeunes entre 16 et 29 ans ont fait un test du VIH au cours de la trentaine d’interventions du Test Truck. Dans le cadre d’un programme de promotion du dépistage parmi les adolescent(e)s et les jeunes, les bénévoles interviennent aussi dans les écoles. L'équipe y organise des ateliers sur le VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles ou anime des discussions sur la sexualité et la santé sexuelle. Cette offre a été suivie par plus de 400 élèves au cours des six premiers mois du projet.
« La stratégie de sensibilisation par les jeunes et pour les jeunes menée par le VMSJ Salvador permet de les impliquer davantage dans ces activités. Ils et elles prennent ainsi conscience de l’importance de la prévention et des soins du VIH, » indique Cristina Albuquerque, directrice de la santé et du VIH/sida pour l’UNICEF au Brésil. « Les jeunes qui se font dépister au cours de nos activités saluent l’initiative et déplorent la rareté de ces services en ville. »
En 2018, selon une estimation du ministère de la Santé, les jeunes de 15 à 24 ans représentaient près de 15 % des nouvelles contaminations au VIH à Salvador.
« Pour nous aussi, les bénévoles, cette expérience est importante, car nous commençons à faire plus attention à nous, à mettre en pratique pour nous-mêmes ces méthodes de prévention et à diffuser ces informations autour de nous, auprès de nos proches et de notre famille », continue M. da Silva.
Le projet est mis en place en partenariat avec GAPA Bahia, l'une des premières organisations non gouvernementales dédiées au VIH dans le pays, avec le soutien du bureau brésilien de l’ONUSIDA. Les jeunes bénévoles, sans exception, ont subi une procédure de sélection rigoureuse, puis un programme de formation abordant p. ex. les droits de l’homme, les conseils et les informations sur le VIH et les autres infections sexuellement transmissibles. L'équipe a également obtenu des informations sur les programmes communautaires, le fonctionnement du système public de santé et les services liés au VIH disponibles à Salvador. Cette initiative comprend des formations continues sur des thématiques afférentes.
« L'une des choses les plus importantes que j’ai apprises est d’accepter les choix des autres. Notre rôle se limite à fournir les informations et les conseils qui nous semblent convenir le mieux au passé et au comportement de la personne », précise Islan Barbarosa, un autre bénévole.
« Ce projet est une réponse importante à la demande de dépistage du VIH dans la ville. Elle émane en particulier des populations clés qui évitent souvent de recourir aux offres du service public. Nous apportons le dépistage du VIH là où se trouvent ces personnes », conclut Mme Albuquerque.
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20 ans d’engagement en faveur de la riposte au VIH au Brésil
14 octobre 2019
14 octobre 2019 14 octobre 2019Sept ans après avoir découvert sa séropositivité, Jair Brandão attendait un rendez-vous médical dans une clinique de Recife, une ville du nord-est du Brésil, lorsqu’un autre patient lui a indiqué qu’il pouvait bénéficier d’une assistance psychosociale auprès d’une organisation non gouvernementale des environs. Même si M. Brandão avait déjà accepté à cette époque son statut sérologique, ce qui lui avait toutefois pris plusieurs années, trois sessions de conseils ont suffi pour comprendre qu’il avait l’étoffe d’un militant de la lutte contre le VIH.
« J’étais très content, mais j’avais aussi peur, car je ne savais pas grand-chose sur les lieux où se joue la politique, ni sur le sida et les politiques de santé. Je n’avais aucune idée sur la manière de participer aux débats politiques », se souvient M. Brandão, qui, 20 ans plus tard, est une figure de proue du mouvement du VIH au Brésil. « J’ai dû commencer par m’accepter en tant que personne vivant avec le VIH, et cela n’a pas été une mince affaire. Puis il m’a fallu me renseigner sur le virus et me soigner correctement. Ce n’est qu’à partir de là que j’ai commencé à découvrir les problèmes sociaux et politiques. »
M. Brandão est persuadé qu’il a un talent naturel pour le militantisme. « Certaines personnes sont nées pour cela », explique-t-il. « Être un militant signifie ne pas tenir en place, mais aussi ne pas accepter les injustices et la violation des droits. Je pense que je suis né avec ce don, car j’ai toujours mené des actions, même sans savoir que c’était du militantisme, et que j’ai toujours eu à cœur d’aider et d’autonomiser les autres. »
Après avoir participé à trois des quatre réunions de haut niveau sur le sida aux Nations Unies et à celle sur la tuberculose organisée en 2018, M. Brandão mesure combien il est difficile d’entrer en contact avec d’autres membres de la société civile et des représentants d’autres pays. Il parle en effet le portugais qui n’est pas une langue officielle des Nations Unies. « Apprendre une autre langue est un défi important pour nous au Brésil. Nous devons connaître au moins l’espagnol. Seuls de rares militants parlent suffisamment bien anglais pour intervenir au cours de ce type d’évènements. »
En juillet 2019, M. Brandão a fait partie d’une délégation représentant des organisations non gouvernementales qui était invitées à participer au Forum politique de haut niveau pour le développement durable organisé aux États-Unis, à New York. Il représentait RNP+ (le réseau national de personnes vivant avec le VIH et le sida) en plus de sa propre ONG, Gestos : Soropositividade, Comunicação e Gênero.
« Il est essentiel que la société civile participe pleinement à la mise en place et au suivi national des mesures du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Nous n’atteindrons pas les Objectifs de développement durable sans l’engagement total de la société civile », continue-t-il. « Défendre le programme du sida implique également de discuter de problématiques transversales tout aussi importantes. »
Au titre de consultant du projet Gestos et de membre de RNP+, M. Brandão dirige également le projet « Indicateur de stigmatisation des personnes vivant avec le VIH 2.0 » pour le Brésil. Avec d’autres membres de Gestos et de réseaux nationaux de personnes vivant avec le VIH, ainsi qu’avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le développement et l’ONUSIDA, il a aidé à former 30 personnes dans sept villes du pays aux techniques d’entretien. En deux mois, ces dernières ont mené 1 800 entretiens qui ont permis de recueillir des informations sur les stigmatisations et discriminations liées au VIH. Les premiers résultats seront publiés d’ici la fin novembre.
« Les militantes et militants qui ont mené les entretiens ont tiré une grande force de cette mission, après avoir écouté et vécu les expériences passées et présentes de nombreuses personnes, dont elles ne pouvaient parler à personne », se souvient-il. « L’épidémie du sida a commencé il y a 40 ans, mais les stigmatisations et discriminations sont encore monnaie courante. L’Indicateur de stigmatisation 2.0 est un outil qui nous en apporte la preuve au Brésil. Il nous permettra de lutter pour des lois et des services liés au VIH dénués de stigmatisation et de discrimination. »
M. Brandão déclare croire dans la force de la collaboration et des partenariats pour faire avancer le progrès social.
« Nous devons retrouver dans nos actions et dans nos cœurs la solidarité et l’esprit de communauté qui ont aidé à créer le mouvement de lutte contre le sida », poursuit-il. « Il est essentiel de repenser les stratégies et de créer des moyens de promouvoir le changement. Il est primordial d’autonomiser les nouvelles et nouveaux activistes, en particulier parmi les jeunes. Cette génération a besoin de se sentir accueillie tout en étant prête à recevoir des informations de la part des activistes de la lutte contre le sida qui l'ont précédée. Il est temps d’unir nos forces, pas de nous diviser. »
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L’ONUSIDA salue la décision de la Cour constitutionnelle de Colombie qui annule l’article du code pénal criminalisant la transmission du VIH
13 juin 2019 13 juin 2019
GENÈVE, le 13 juin 2019—L’ONUSIDA salue la décision de la Cour constitutionnelle de Colombie supprimant l’article du Code pénal, qui criminalise la transmission du VIH et de l’hépatite B. Une criminalisation extrêmement large de la transmission du VIH est en effet inefficace, discriminatoire et ne soutient pas les efforts de prévention contre les nouvelles infections au VIH.
« Il est impossible d’atteindre les objectifs de santé publique si l’on prive certaines personnes de leurs droits individuels. La décision de la Cour constitutionnelle de Colombie est une étape concrète en vue de garantir que la loi soutient la riposte au VIH au lieu de l’entraver », déclare Gunilla Carlsson, Directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA. « L’ONUSIDA continuera de plaider en faveur d’un cadre légal protecteur et du retrait des lois, réglementations et pratiques punitives, ainsi que contre la stigmatisation et la discrimination qui empêchent une riposte contre le VIH d’être efficace. »
La Cour constitutionnelle de Colombie a reconnu que la loi violait les principes de l’égalité et de la non-discrimination, car elle s’appliquait uniquement aux personnes vivant avec le VIH, les stigmatisait et limitait leurs droits. Elle a déterminé que la loi créait une différence de traitement non raisonnable et que, par conséquent, cela constituait une forme de discrimination. La Cour a, par ailleurs, établi que de telles lois enfreignaient les droits sexuels des personnes vivant avec le VIH et étaient inefficaces pour atteindre les objectifs de santé publique.
L’application inappropriée et très large de lois pénales envers les personnes vivant avec le VIH reste une préoccupation majeure dans le monde entier. Neuf juridictions d’Amérique centrale et du Sud ainsi que 77 pays sur les autres continents criminalisent toujours la non-divulgation, l’exposition et la transmission du VIH.
L’ONUSIDA avait déposé une intervention devant la Cour constitutionnelle de Colombie en indiquant qu’aucune donnée ne justifiait l’application large de la loi pénale relative à la transmission du VIH dans la prévention contre la transmission du VIH. Au contraire, un tel comportement risquait de saper les objectifs en matière de santé publique et la protection des droits de l’homme. L’ONUSIDA salue vivement la décision prise par la Cour constitutionnelle qui redonne leur dignité et leurs droits aux personnes vivant avec le VIH en Colombie.
En 2018, l’ONUSIDA, l’International Association of Providers of AIDS Care et la Société internationale du sida (IAS) ont réuni un panel de scientifiques qui a élaboré l’Expert Consensus Statement on the Science of HIV in the Context of Criminal Law, la déclaration consensuelle d’experts sur la science du VIH dans le contexte du Code pénal. Ce texte enjoint aux systèmes juridiques pénaux de veiller à ce que la science documente l’application de la loi dans les affaires criminelles liées au VIH.
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République bolivarienne du Venezuela : agir pour lutter contre les ruptures de stocks de médicaments
14 février 2019
14 février 2019 14 février 2019Raiza Farnataro habite dans la ville très animée de Barquisimeto, en République bolivarienne du Venezuela, à environ cinq heures de route de Caracas. Elle vit avec le VIH depuis 18 ans et a toujours eu accès au traitement par l’intermédiaire du système de santé publique. Cependant, avec l’aggravation de la situation économique dans le pays, les médicaments sont devenus rares et elle s’est mise à avoir peur pour sa vie. Au bout de deux années sans traitement, elle a fini par traverser la frontière colombienne, où elle a pu soit acheter des médicaments hors de prix auprès des pharmacies, soit accéder à des dons de médicaments fournis par les organisations non gouvernementales.
Mme Farnataro n’est qu’un exemple parmi les 62 000 personnes vivant avec le VIH dans le pays selon les estimations, qui ont entamé un traitement mais n’ont pas pu avoir un accès constant aux médicaments antirétroviraux, selon le Réseau vénézuélien des personnes séropositives. Les répercussions sont importantes. Les taux d’hospitalisation chez les personnes vivant avec le VIH ont explosé et on estime entre 20 et 30 le nombre de décès liés au sida chaque jour. En septembre 2018, environ 7 700 Vénézuéliens vivant avec le VIH avaient rejoint le flux de migrants vers les pays voisins.
« La crise humanitaire actuelle conduit à une régression considérable et alarmante de la riposte nationale au sida, comparable à la situation au début de l’épidémie de VIH dans les années 1980, voire pire », constate l’activiste de la lutte contre le VIH Alberto Nieves, de l’Action citoyenne contre le sida (ACCSI). « Décès, dégradation progressive de l’état de santé, famine, refus d’accès aux services de santé et au traitement anti-VIH, discrimination, migration massive et xénophobie : telles sont les principales conséquences de cette crise pour toutes les personnes vivant avec le VIH dans le pays ».
En 2017, une étude de l’ACCSI commandée par l’ONUSIDA a permis de produire les premières preuves concrètes de pénuries de médicaments antirétroviraux, ainsi que d’autres médicaments et réactifs au VIH.
La prévention du VIH est également mise à mal. Les experts craignent qu’un accès irrégulier au traitement ne soit susceptible d’alimenter la résistance aux médicaments aussi bien en République bolivarienne du Venezuela que dans les pays voisins. Seulement un quart environ des femmes enceintes bénéficient d’un dépistage du VIH et de la syphilis. En raison des pénuries de nourriture, certaines mères vivant avec le VIH choisissent d’allaiter.
Ces deux dernières années, l’ONUSIDA a collaboré avec le Ministère vénézuélien de la Santé, la société civile, l’Organisation panaméricaine de la Santé (OPS) et d’autres entités des Nations Unies et partenaires de développement afin d’améliorer l’accès au traitement pour les adultes et les enfants vivant avec le VIH dans le pays, ainsi que pour les migrants. L’ONUSIDA s’est joint à la société civile et à l’OPS pour soutenir le plaidoyer qui a abouti à l’attribution de 5 millions de dollars par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme au volet VIH d’un plan visant à coordonner la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme dans le pays.
En partenariat avec Aid for AIDS International, l’ONUSIDA a reçu plus de 60 tonnes de médicaments antirétroviraux, qui ont été distribués à la population par l’intermédiaire de dispensaires gérés par l’État. L’ONUSIDA a également coordonné le don et la distribution de kits de dépistage et de substituts de lait maternel.
« Grâce au soutien de l’ONUSIDA, du Réseau vénézuélien des personnes séropositives et d’autres partenaires stratégiques, nous avons réussi à faire en sorte que le traitement puisse être reçu et délivré dans le pays en 2018. Nos efforts ont permis de réduire l’impact de la crise, en assurant le traitement d’un pourcentage significatif de personnes vivant avec le VIH », explique Jesús Aguais, le Directeur exécutif d’Aid for AIDS. « Sinon, la situation aurait été encore plus tragique », ajoute-t-il.
Cette action a sauvé des vies. Au cours des six derniers mois, Mme Farnataro a reçu ses médicaments antirétroviraux par l’intermédiaire du système de santé publique, grâce aux dons d’Aid for AIDS International.
En tant que membre de la Plateforme régionale de coordination interinstitutions pour les réfugiés et les migrants du Venezuela, l’ONUSIDA défend également les droits et les besoins d’accès au traitement des migrants vivant avec le VIH. Les priorités incluent la mise en place d’un observatoire de la société civile pour suivre l’accès à la santé et les problèmes de discrimination, la distribution de supports de communication autour de la prévention, du traitement et des soins, et la sensibilisation contre la discrimination et la xénophobie.
Entre tous ces aspects, l’ONUSIDA insiste sur la nécessité de poursuivre le renforcement de la riposte au VIH dans le pays. « Nous devons poursuivre notre travail avec les différents acteurs nationaux et internationaux pour le bien de tous les Vénézuéliens, et pour garantir la santé et la qualité de vie de toutes les personnes vivant avec le VIH en République bolivarienne du Venezuela », déclare la Directrice nationale de l’ONUSIDA, Regina Lopez de Khalek. « Nous œuvrons de manière à ce que le pays ne soit pas oublié dans l’effort mondial pour en finir avec le sida ».
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L’ONUSIDA se félicite de l’appel du Pape François contre la discrimination
28 janvier 2019 28 janvier 2019
PANAMA CITY/GENÈVE, 28 janvier 2019 — À l’occasion d’une visite auprès de la fondation et du foyer du Bon Samaritain pour les personnes vivant avec le VIH au Panama, le Pape François a exhorté le public à ne pas faire preuve de discrimination envers son prochain. La Casa Hogar El Buen Samaritano, ou fondation et foyer du Bon Samaritain, accueille actuellement 16 personnes vivant avec le VIH âgées de 16 à 60 ans. Elles ont été parmi les premières à être saluées par Sa Sainteté lors de sa visite.
« Que ce soit dans la parabole ou dans tous vos foyers, le Bon Samaritain nous montre que notre prochain est d’abord une personne, quelqu’un qui possède un vrai visage, bien à lui, et non quelque chose qu’il faut éviter ou ignorer, quelle que soit sa situation », a déclaré le Pape François.
Le Pape François était en visite au Panama du 23 au 27 janvier pour les festivités des Journées mondiales de la Jeunesse, qui ont réuni des jeunes gens venus du monde entier. La visite à la Casa Hogar El Buen Samaritano a eu lieu le dernier jour de ce séjour. Sa Sainteté a déclaré que le travail de ce foyer venait confirmer la foi des individus « en soignant les blessures par l’onction, en redonnant de l’espoir et en encourageant la foi ».
Depuis 15 ans, la Casa Hogar El Buen Samaritano propose des soins et un traitement complets pour aider les personnes vivant avec le VIH à retrouver leur santé et leur dignité et à reprendre contact avec leur communauté et leur famille. Elle propose aussi une éducation à la prévention du VIH pour des milliers de gens, notamment les jeunes dans les écoles et les jeunes exposés au risque du VIH.
Lorena Castillo de Varela, Première dame du Panama et Ambassadrice spéciale de l’ONUSIDA pour le sida en Amérique latine, ainsi que Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, étaient également présents lors de cette visite.
« La Casa Hogar El Buen Samaritano accueille tout le monde, quel que soit son état de santé ou son statut vis-à-vis du VIH », a déclaré M. Sidibé. « Les organisations confessionnelles comme le Buen Samaritano possèdent une aptitude étonnante à influer sur la vie des personnes les plus difficiles à atteindre et à lever les barrières de la stigmatisation et de la discrimination. Les communautés religieuses qui s’expriment sur le VIH peuvent nous rapprocher de la fin de l’épidémie de sida », a-t-il ajouté.
L’ONUSIDA travaille en étroite collaboration avec l’Église catholique et le Saint-Siège sur des objectifs communs, comme l’élimination des nouvelles infections à VIH chez les enfants et l’élargissement de l’accès au dépistage et au traitement pour les enfants. La discrimination zéro est fondamentale pour atteindre ces objectifs.
À l’échelle mondiale, des lacunes importantes demeurent dans la prévention, le diagnostic et le traitement du VIH chez les enfants. En 2017, 180 000 nouvelles infections à VIH ont été dénombrées chez les enfants dans le monde. La moitié seulement (52 %) des nourrissons exposés au VIH dans le monde a bénéficié de tests de dépistage précoce au cours des deux premiers mois de la vie, et seulement 52 % des enfants vivant avec le VIH ont eu accès au traitement en 2017.
Le Vatican a convoqué une réunion de haut niveau, intitulée Élargir le diagnostic précoce et le traitement pour les enfants et les adolescents, rassemblant des responsables de grands laboratoires pharmaceutiques, des organisations multilatérales, des donateurs et des représentants gouvernementaux. Bien qu’il reste du chemin à parcourir, des résultats positifs ont été enregistrés dans l’accélération du diagnostic et du traitement pour les enfants. L’ONUSIDA continue de travailler en collaboration avec tous ses partenaires, y compris le Vatican, afin d’élargir l’accès aux services anti-VIH pour les enfants.
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Le fondateur d’un hospice fait le bilan de 15 années de combinaison entre foi et traitement, soins et prévention du VIH
27 janvier 2019
27 janvier 2019 27 janvier 2019Pour la dernière matinée des célébrations de l’édition 2019 des Journées mondiales de la Jeunesse au Panama, le Pape François a prévu de se rendre à la Casa Hogar del Buen Samaritano. Baptisé ainsi à cause de la parabole biblique du bon Samaritain, cet hospice situé en périphérie de Panama City propose des soins complets pour aider les personnes vivant avec le VIH à se rétablir et à se réinsérer dans la société.
La seule exigence pour être admis, c’est d’en avoir besoin. La politique de l’établissement est d’accueillir tout le monde, peu importe le sexe, l’âge, la religion, la profession, l’orientation sexuelle, les compétences ou l’origine géographique.
Alors que les bénévoles s’affairaient avec beaucoup de fébrilité pour préparer la venue de Sa Sainteté hier, le fondateur et directeur de Buen Samaritano, le Père Domingo Escobar, a pris quelques instants pour faire le point sur l’évolution de l’établissement.
Tout a commencé dans le cadre d’une œuvre pastorale menée par la paroisse de Santa Maria del Camino. Des personnes vivant avec le VIH, dont beaucoup étaient sans domicile, se tournaient vers l’église pour obtenir du réconfort, des conseils et de la nourriture. L’idée a fait son chemin, selon laquelle les personnes les plus marginalisées avaient besoin d’un soutien mieux structuré. La fondation et le foyer Buen Samaritano ont été créés il y a 15 ans, avec pour objectif plus large de contribuer à bâtir une société sans discrimination, sans préjugés et sans stigmatisation.
« Je pense qu’il est nécessaire de mettre en avant la dignité de l’être humain et de respecter autrui, puisque nous sommes tous, comme le dit la Bible, le temple de l’Esprit Saint… chacun d’entre nous », explique le Père Escobar.
Depuis sa création, le Buen Samaritano a accueilli plus de 300 résidents. La combinaison entre soutien spirituel et traitement médical est fondamentale. En stimulant leur foi, les patients deviennent progressivement plus optimistes, plus « enthousiastes » en prenant leurs médicaments et plus confiants dans la réussite du traitement. Selon le directeur du Buen Samaritano, les facteurs les plus significatifs qui nuisent à l’observance du traitement sont le manque de soutien et la peur des préjugés.
« Parce qu’elles ont peur d’être rejetées et de subir des discriminations, ces personnes gardent tout pour elles et n’en parlent pas avec leur famille ou d’autres personnes », explique-t-il.
En réaction directe à ce problème, une branche de la fondation a été développée spécialement pour aider les personnes vivant avec le VIH qui habitent avec leur famille mais disposent de ressources limitées. En plus de la nourriture et des médicaments, Buen Samaritano propose aussi une sensibilisation et une formation à destination des proches de ces personnes, pour renforcer leur capacité à apporter un soutien moral à ceux qu’ils aiment.
Par ailleurs, la fondation va au-delà des soins et du traitement du VIH en appuyant les actions de prévention par l’intermédiaire de séminaires et d’interventions auprès des enfants, des jeunes, y compris ceux qui sont exposés au risque, et des adultes. L’an dernier, leurs programmes de prévention ont touché plus de 4 500 personnes. Leur programme d’information pour la jeunesse plaide pour « une éducation sexuelle avec des valeurs » dans les établissements d’enseignement secondaire.
L’ONUSIDA est partenaire du Buen Samaritano depuis de nombreuses années, en l’aidant à négocier l’approvisionnement en médicaments antirétroviraux auprès du Ministère de la Santé, ainsi que pour les actions de visibilité et de sensibilisation.
Le travail du Père Domingo auprès des personnes défavorisées vivant avec le VIH au Panama démontre l’incroyable capacité des communautés religieuses à construire des ponts, non seulement en termes de traitement et de soins, mais aussi pour éliminer la stigmatisation et la discrimination et favoriser la prévention.
La fondation apporte une précieuse contribution à la communauté, au pays et à la riposte au sida. Au Panama, le nombre de personnes vivant avec le VIH est estimé à 25 000. Le pays a enregistré d’importants progrès en matière de traitement et de baisse de la mortalité. Trois quarts (76 %) des personnes diagnostiquées au Panama étaient sous traitement fin 2017 et on dénombrait moins de 1 000 décès dus au sida. Cependant, avec un nombre estimé à 1 600 nouvelles infections cette année, la nécessité d’un renforcement des initiatives de prévention est évidente. Pour le Père Escobar, le défi requiert une mobilisation générale.
« Nous devons tous sentir et comprendre que la tâche de prévention est un défi de nature transversale », explique le prêtre. « Elle doit être présente au sein des familles, dans les politiques publiques, auprès des enfants, pour la jeunesse et dans l’œuvre pastorale. Le problème concerne tout le monde, et nous pouvons tous contribuer ».
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Traverser des rivières et des jungles pour atteindre les peuples autochtones des régions reculées du Brésil
10 janvier 2019
10 janvier 2019 10 janvier 2019Jijuké Hukanaru Karajá est agent de santé autochtone et travaille comme infirmière dans le district sanitaire autochtone d’Araguaia, qui porte le nom d’une des principales rivières du Brésil, dans le bassin oriental de l’Amazone. Elle travaille auprès des communautés autochtones depuis de nombreuses années et ne compte plus ses allées et venues entre les villes brésiliennes et les villages autochtones pour apporter des services de santé élémentaires. Mme Karajá est très fière de faire partie du système de santé publique autochtone brésilien ; elle suit ainsi les traces de son père.
« Je travaille en ville et dans mon village natal auprès de mon peuple, et c’est extrêmement gratifiant de les aider de cette façon », explique-t-elle.
Mme Karajá pense que le fait d’être elle-même d’origine autochtone facilite la communication et gomme les différences culturelles. La prévalence du VIH et de la syphilis reste faible au sein des peuples autochtones du Brésil, mais elle craint que l’interaction croissante avec les grandes villes voisines ne change la situation.
Créés en 2010, les services de santé pour les peuples autochtones proposent des services à toutes les communautés autochtones, peu importe l’endroit où elles sont implantées. Une équipe composée de 800 médecins, infirmières, techniciens de soins, psychologues, conseillers et agents de santé autochtones travaillent ainsi sans relâche, couvrant des kilomètres et des kilomètres. Ils réalisent des tests de dépistage du VIH, de la syphilis et d’autres infections sexuellement transmissibles. D’après Mme Karajá, ils sont bien accueillis par les communautés autochtones.
« Le dépistage est systématiquement précédé d’une série d’entretiens et d’ateliers dans les villages à propos de la prévention du VIH et des autres infections sexuellement transmissibles, de sorte que tout se passe très naturellement », explique-t-elle. Si quelqu’un est diagnostiqué séropositif au VIH, il a directement accès à des conseils. Autre point important, dans le cadre de ce système unique, toutes les actions de riposte au VIH tiennent compte des croyances culturelles.
Il y a plus de dix ans, un projet révolutionnaire imaginé par Adele Benzaken, à l’époque chercheuse à la Fundação Alfredo da Matta à Manaus, a bénéficié de financements de la Fondation Bill & Melinda Gates afin de proposer des tests de dépistage à plus de 46 000 autochtones au sein de leurs propres communautés. Les actions ciblaient notamment les États de l’Amazonas et du Roraima, des régions forestières reculées qui abritent plus de la moitié des peuples autochtones du Brésil. Parmi leurs priorités : mettre un terme aux violences sexistes et éviter que les enfants ne naissent avec une syphilis ou un VIH congénital.
« Avant le projet, ces populations autochtones n’avaient que très peu accès aux services de diagnostic, de traitement et de prévention, quels qu’ils soient », se souvient Mme Benzaken, qui gère aujourd’hui le Département national IST, sida et hépatites virales du Ministère de la Santé brésilien. « Elles étaient vulnérables et n’avaient pas accès aux programmes ».
En 2012, le dépistage rapide est devenu une norme publique aussi bien pour la population autochtone que pour la population brésilienne en général. En l’espace de cinq ans, la distribution de tests de dépistage rapides du VIH aux 34 districts sanitaires autochtones en fonction a quasiment triplé, passant à 152 000 en 2017 ; quant à la distribution des tests de dépistage rapide de la syphilis, elle a plus que doublé, passant à plus de 65 000 la même année.
Que ce soit par bateau, par la route ou à pied, les agents de santé sillonnent ces vastes territoires pour proposer des tests de dépistage, sensibiliser et discuter des méthodes de prévention, comme les préservatifs.
Le Brésil compte près de 900 000 habitants autochtones, et leurs territoires représentent plus de 12 % de la superficie du pays. Au total, le pays dénombre près de 305 ethnies qui parlent 274 langues différentes. Parmi elles, les Tikuna sont le groupe ethnique le plus important.
Vinicios Ancelmo Lizardo, alias Pureenco, son nom indigène Avaí, travaille comme agent de santé, principalement en Amazonie. « Pour aider mon peuple, je dois faire en sorte qu’il comprenne l’importance de la santé pour lui », explique-t-il. Avant d’évoquer la prévention du VIH avec un groupe de Tikuna dans leur langue, il leur parle d’amour, de sexe et de liberté, et il les fait rire en leur apprenant comment utiliser un préservatif masculin au moyen d’un pénis factice.
M. Lizardo admet que briser les barrières culturelles et bâtir des ponts entre science et tradition est compliqué. Mais il sait aussi que la plupart des communautés autochtones ne peuvent plus rester isolées et que, par conséquent, elles ne doivent pas être laissées pour compte.
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