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Cinq directeurs et directrices pays de l’ONUSIDA à la tête de la riposte à la COVID-19
11 juin 2020
11 juin 2020 11 juin 2020L’expérience de Celina Miranda, médecin et directrice pays de l’ONUSIDA au Salvador, s’est révélée très précieuse à l’heure de l’épidémie de COVID-19. Elle s’est sentie très honorée lorsque la coordonnatrice résidente des Nations Unies l’a nommée à la tête de l’équipe nationale de riposte à la COVID-19 au sein des Nations Unies.
« J’ai accepté ce défi, car j'ai acquis les compétences nécessaires pour gérer ce type de situations grâce à mon expérience professionnelle avec l’ONUSIDA sur le VIH », explique-t-elle.
À l’heure actuelle, elle s’est occupée de six cas confirmés de COVID-19 au sein du personnel de différentes agences des Nations Unies. « Quelques malades ont dû passer par l’hôpital, d’autres par la quarantaine volontaire, mais la phase critique de l’infection est dépassée pour tout le monde », ajoute Mme Miranda.
Le travail de coordination de la lutte contre la COVID-19 consiste en particulier à déterminer la capacité des hôpitaux locaux à recevoir et à soigner le personnel des Nations Unies et leurs proches. Le Salvador n’était pas prêt à affronter la pandémie, indique-t-elle, ce qui a compliqué la tâche.
Les équipes pays des Nations Unies ont nommé Mme Miranda et quatre de ses collègues responsables de la coordination de la lutte contre la COVID-19 dans leur pays respectif.
Pour Vladanka Andreeva au Cambodge, Yafflo Ouattara au Tchad, Job Sagbohan au Burkina Faso et Medhin Tsehaiu au Kenya, endosser une telle responsabilité est également un grand honneur.
Mme Andreeva explique comment les Nations Unies au Cambodge ont créé début mars une équipe interne de préparation et de riposte à la COVID-19. On s’est ensuite tourné vers elle pour diriger les efforts afin de garantir que les quelque 2 500 membres du personnel des Nations Unies et leurs proches ont accès aux informations, traitement, soins et soutien les plus à jour pour la COVID-19. Elle a élaboré un plan d’accès d’urgence destiné à la famille des Nations Unies et a encouragé la mise en place d’une procédure d’évacuation médicale, ainsi que des services d’assistance psychologique destinés au personnel.
M. Sagbohan est épidémiologiste et a travaillé pour l’Organisation mondiale de la Santé au cours des épidémies d’Ebola et de fièvre jaune. Il raconte avoir passé beaucoup de temps à rassurer le personnel pour qu'il surmonte le stress et la peur. « Les membres du personnel avaient peur. Ainsi, au cours du confinement, j’ai reçu jusqu’à 300 appels par semaine malgré les comptes rendus des assemblées générales virtuelles régulières qui leur étaient destinés dans tout le Burkina Faso. »
Et d’expliquer que malgré l’équipe restreinte et le manque de ressources de l’ONUSIDA par rapport à d’autres agences, les connaissances sur les maladies infectieuses ont été d’une grande aide. Il a rapidement demandé à avoir des contacts dans différentes organisations et a organisé un groupe de travail des Nations Unies contre la COVID-19. « J’ai pu m'appuyer sur le relais de personnes fiables et motivées pour m’aider et cela a fait toute la différence. »
Selon Yafflo Ouattara, la fonction de coordination de la lutte contre la COVID-19 convient parfaitement aux directeurs et directrices pays de l’ONUSIDA. « Nous avons l’habitude d’obtenir l’adhésion de nos cosponsors, nous avons donc le travail d’équipe dans la peau », dit-il. Au Tchad, son travail consiste principalement à étendre la couverture des unités de soins intensifs et d’établir un système de référence solide pour gérer les cas graves. Près de 7 000 personnes, membres du personnel des Nations Unies et leurs proches, vivent dans le pays, parfois à des endroits où les établissements de santé sont fermés la nuit.
À l’instar d'autres collègues, il a également apporté son aide au plan national d’urgence contre la COVID-19 afin de garantir que les personnes vivant avec le VIH accèdent à leur traitement et aux soins.
Il déclare que la pandémie a révélé au grand jour des lacunes importantes du système de santé du pays. « Non seulement des investissements essentiels dans les soins intensifs n’ont pas été faits, mais certains produits de première nécessité comme les gants, les masques ou le savon manquent tout simplement. »
Vivre dans un monde marqué par la COVID-19 ne se fait pas sans un certain nombre de changements. « [La crise] nous donne une chance d’intervenir et de nous faire entendre pour réformer les systèmes », déclare M. Ouattara.
Medhin Tsehaiu est d’accord avec lui. Elle est fière de l’implication de l’ONUSIDA dans des problématiques plus larges.
« Nous sommes bien là et nous contribuons activement et volontiers à notre part du travail », indique-t-elle. Mais elle est persuadée que la COVID-19 a changé pour toujours la manière de travailler.
Elle explique qu’avec toutes les réunions en ligne et l’arrêt des déplacements, le personnel était beaucoup plus disponible et qu’il n’y avait ainsi pas de temps mort dans la communication, mais que cela était très chronophage. « La crise nous rassemble, que cela nous plaise ou non, et cela nécessite une collaboration intense », continue Mme Tsehaiu.
Outre sa longue liste de tâches liées à sa fonction de coordinatrice pour la COVID-19, elle a lancé avec quelques autres personnes le fonds de solidarité des Nations Unies pour le Kenya. Après avoir pesé le pour et le contre, un compte en banque a été ouvert où le personnel peut choisir de faire des dons pendant trois mois afin que l’argent récolté soit distribué à des personnes dans le besoin.
« C’est une manière pour le personnel de montrer son empathie et son soutien à la population kényane en ces temps difficiles », indique-t-elle.
Pour ce qui est de la solidarité, Mme Andreeva explique que la pandémie a été véritablement un test pour la réforme des Nations Unies au niveau des pays, pas uniquement à propos de la riposte à la pandémie, mais aussi en ce qui concerne les aspects du devoir de diligence. Selon une étude menée en mai, 90 % du personnel au Cambodge indique que la direction des Nations Unies au niveau du pays prend les bonnes décisions pour gérer la crise.
Récemment, au cours d’une assemblée générale virtuelle rassemblant 300 membres du personnel des Nations Unies au Salvador, les retours étaient aussi positifs. Mme Miranda déclare ne pas chercher les éloges ni les remerciements supplémentaires. « Tout ce que j’aime, c’est aider les gens et les voir guérir, croquer la vie à pleines dents. »
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31 octobre 2024


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Prendre les professionnelles du sexe pour cible n’est pas la solution
08 juin 2020
08 juin 2020 08 juin 2020Lorsque le gouvernement du Cameroun a demandé à toute la population de rester chez elle dans le cadre de la riposte à la COVID-19, Marie-Jeanne Oumarou (nous avons changé son nom) s’est dépêchée de faire des courses, d’aller chercher ses trois enfants et de les envoyer à la campagne.
Elle espérait ainsi pouvoir continuer à travailler en les sachant entre de bonnes mains.
« Je n’avais pas conscience de l’ampleur des difficultés qui découleraient du confinement », explique-t-elle. « Il est totalement inadapté pour nous, les professionnelles du sexe. »
Au cours des 10 dernières années, Mme Oumarou a appris à connaître comme sa poche les couloirs, ces avenues bordées de petits hôtels où exercent les professionnel-les du sexe dans la capitale du Cameroun, Yaoundé. Elle s’est lancée dans cette profession en 2010 après avoir été abandonnée avec ses jeunes enfants. Elle a appris à connaître les différentes femmes plus âgées, elles-mêmes d’anciennes professionnel-les du sexe, à qui elle paye un accès à des lieux où elle peut travailler en toute sécurité. La COVID-19 a toutefois chamboulé sa vie du jour au lendemain.
« Les hôtels étaient fermés, les clients se faisaient rares et la police était omniprésente. Je ne pouvais plus survivre », se souvient-elle.
Denise Ngatchou, directrice d’Horizons Femmes, une organisation non gouvernementale qui vient en aide aux femmes vulnérables, explique avoir été choquée de constater la manière dont les professionnelles du sexe ont été soudainement prises pour cible.
« La police a arrêté et détenu des femmes sans fournir aucune information », indique-t-elle. « Nous nous sentions démunies, car le gouvernement était en position de force avec la batterie de mesures contre la COVID-19. »
Rosalie Pasma, responsable d’un centre de santé d’Horizons Femmes, hausse les épaules en signe d’assentiment au cours d’une interview sur Skype.
« La COVID-19 a compliqué beaucoup de choses », indique-t-elle. « Les effets du confinement se font sentir de différentes manières qu’il s’agisse des femmes qui ne peuvent plus venir à leur rendez-vous de suivi à cause de problèmes de transport ou de nos juristes qui n’ont pas accès aux commissariats pour défendre les professionnelles du sexe arrêtées. »
Et Mme Ngatchou d’intervenir en déclarant qu’il n’y avait aucune raison de baisser les bras. Horizons Femmes s’est jurée de rester ouverte. Une équipe réduite à peau de chagrin a continué d’assurer une permanence avec des horaires restreints et de fournir un dépistage du VIH ainsi que d’autres services tout en respectant les mesures de prévention.
« Les gens nous ont dit d’arrêter toutes nos visites de sensibilisation sur le terrain, mais nous avons tenu autant que possible en apportant aux femmes des conseils sur le coronavirus afin qu’elles soient conscientes des dangers potentiels », explique-t-elle.
L’association distribue également des masques et a lancé un projet de financement participatif afin de pouvoir acheter davantage d’équipement de protection. Mme Ngatchou est très préoccupée d’avoir assisté à tant de choses et de pouvoir faire si peu.
« Assouplir la législation contre le commerce du sexe et mettre un terme aux arrestations arbitraires envers les professionnelles du sexe aurait déjà un impact », indique-t-elle.
En fait, elle est persuadée que les punir ne fait qu’empirer la situation.
« N’êtes-vous pas d’avis que si elles se cachent, elles seront plus susceptibles de travailler et de se faire contaminer que si des structures d’assistance les aidaient ? », demande-t-elle.
En réfléchissant à ce qu’elle vient de dire, elle ajoute que cela s’applique aussi bien à la COVID-19 qu’au VIH.
Début avril, l’ONUSIDA et le Réseau mondial des projets sur le travail du sexe ont tiré la sonnette d’alarme concernant les difficultés et les préoccupations spécifiques aux professionnel-les du sexe dans le monde. Les deux organisations ont appelé les gouvernements à garantir le respect, la protection et l’application des droits humains des professionnel-les du sexe.
« Les autorités doivent comprendre que nous n’encourageons pas le commerce du sexe, mais que nous encourageons la santé », conclut Mme Ngatchou. « Voilà la priorité. »
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De l’intérêt d’intégrer les services de prévention du VIH et de contraception
05 juin 2020
05 juin 2020 05 juin 2020En 2019, l’essai ECHO a rappelé au monde que les femmes vivant dans certaines parties de l’Afrique australe sont exposées à une incidence considérable du VIH. Ces taux élevés de VIH et d’infections sexuellement transmissibles ont été détectés chez des femmes ayant recours régulièrement à des services de contraception.
Un nouveau rapport commun de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’ONUSIDA définit les étapes nécessaires pour améliorer et intégrer les services de prévention du VIH et de contraception en vue de réduire les nouvelles infections au VIH chez les femmes.
« Nous avons besoin de réfléchir sur les différents besoins des femmes, y compris des adolescentes, de celles n’ayant reçu qu’une faible éducation et des populations clés qui sont souvent négligées dans les programmes de contraception, de santé et de droits de la reproduction et sexuelle au sens large. Cette nouvelle stratégie se traduit par une gamme élargie d’options de contraception, par des choix supplémentaires de prévention du VIH et par des activités communautaires venant compléter celles fournies par les établissements », a expliqué la coordinatrice de la Global HIV Prevention Coalition auprès de l’ONUSIDA, Paula Munderi.
Le rapport indique clairement que les femmes exposées à un risque extrême de VIH et d’infections sexuellement transmissibles en Afrique australe et celles appartenant aux populations clés devraient être au cœur des mesures prises de toute urgence.
Il propose plusieurs stratégies dans des zones n’ayant pas toutes le même niveau d’exposition au VIH. Par exemple, dans les situations où l’incidence du VIH et des infections sexuellement transmissibles est élevée, les options de prévention du VIH, y compris les préservatifs masculins et féminins, ainsi que les activités de conseil concernant la prévention doivent figurer parmi les éléments fondamentaux offerts par les services de contraception et être activement encouragées. Dans des situations en Afrique australe où l’incidence du VIH est extrêmement élevée, le rapport invite à prendre en compte l’introduction rapide de la prophylaxie pré-exposition (PPrE) au sein des services de contraception.
« La santé et les droits de la reproduction et sexuels, ainsi que l’intégration des services de lutte contre le VIH sont encouragés depuis plus de dix ans, avec un succès toutefois limité. Il est primordial d’aider les femmes séropositives à accéder à la contraception dans les cliniques de traitement du VIH et de fournir des prestations liées au VIH au sein des services de contraception. Cela passe par la garantie de financements d'actions concrètes », a déclaré Rachel Baggaley, responsable de l’unité Dépistage, prévention et population des programmes mondiaux pour le VIH, l’hépatite et les IST au sein de l’OMS.
Le rapport propose de mettre les femmes au cœur du processus décisionnel afin de comprendre leurs besoins et leurs attentes. « La prévention du VIH et les choix de contraception pour les femmes et les filles ne sont toujours pas accessibles à un large public. Nous devons promouvoir la liberté d’action et de choix des femmes et des filles en proposant une vaste palette de produits de prévention du VIH, depuis la PPrE et les microbicides jusqu’aux préservatifs faciles à utiliser. Les femmes et les filles s’épanouissent lorsqu’on leur donne la possibilité de choisir », a expliqué Nyasha Sithole, militante zimbabwéenne des droits des filles et des femmes.
Même si les personnes séropositives sous antirétroviraux dont la charge virale est indétectable ne peuvent plus transmettre sexuellement le VIH à leurs partenaires, des millions de femmes ayant accès à une forme de contraception continuent d’avoir des rapports sexuels non protégés avec des hommes qui ne connaissent pas leur statut sérologique. Comme l’a démontré l’essai PopART, l’incidence élevée du VIH chez les jeunes femmes est ainsi imputable aux hommes qui ne cherchent pas à se soigner. Le rapport propose des mesures concrètes pour renforcer la prévention, le dépistage et le traitement des partenaires, y compris l’autodépistage pour les hommes, allié à des actions de proximité et de prévention pour changer les rapports entre les genres au sein des communautés.
« Une intégration efficace nécessite plusieurs niveaux de prévention. Elle peut, et doit, comprendre des services aussi bien de la santé de la reproduction et sexuels que ceux du VIH, y compris des technologies de prévention polyvalentes. La compartimentation des services de soins, les ruptures de stock et la faible implication des femmes elles-mêmes entravent depuis longtemps les soins de santé des femmes. Et la COVID-19 exacerbe ces difficultés », a indiqué le directeur exécutif de l’AVAC, Mitchell Warren.
Alors qu’aujourd’hui l’éloignement physique nécessaire à cause de la pandémie de COVID-19 réduit les contacts avec les services de santé, il sera primordial d’optimiser les interactions avec les prestataires de santé en intégrant les services. « La prévention du VIH et des infections sexuellement transmissibles devrait faire partie des informations et des services de contraception essentiels destinés aux femmes exposées à un risque élevé d’infection à VIH », a ajouté James Kiarie, responsable de l’unité Contraception et soin de la fertilité au sein du service de santé de la reproduction et sexuelle de l’OMS.
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Limiter l’impact de la COVID-19 auprès des populations clés
04 juin 2020
04 juin 2020 04 juin 2020La pandémie de COVID-19 touche tout le monde, y compris les populations clés exposées à un risque élevé de contamination au VIH. Les perturbations occasionnées par la COVID-19 menacent d’anéantir les progrès réalisés contre d’autres maladies infectieuses, dont le VIH. C’est dans ce contexte que s’inscrit un nouveau rapport publié par FHI 360 en collaboration avec l’ONUSIDA. Ce document fournit des conseils sur la manière de limiter l’impact de la COVID-19 auprès des populations clés.
« Ces lignes directrices mettent l’accent sur les populations clés. Elles viennent ainsi s’ajouter aux efforts en cours pour protéger l’accès aux services et aux produits de prévention du VIH, aux services de santé sexuelle et de planification familiale, à la prévention de la violence basée sur le genre et aux activités de conseil, de dépistage et de traitement du VIH au cours de la pandémie de COVID-19 », a déclaré la coordinatrice de la Global HIV Prevention Coalition auprès de l’ONUSIDA, Paula Munderi. « Il est vital de préserver les services essentiels du VIH à destination des populations clés et de promouvoir la santé et le bien-être du personnel et des membres des communautés au cours de la pandémie de COVID-19 afin de ne pas perdre les progrès chèrement acquis pendant la riposte au sida. »
Le rapport fournit des conseils pratiques sur la manière d’éviter une interruption des services apportés aux personnes séropositives et aux populations clés. Son objectif est ainsi d’aider les acteurs mettant en place les programmes à poursuivre leur travail.
« Les populations clés sont particulièrement vulnérables aux interruptions de services du VIH et à d’autres dangers au cours de la pandémie de COVID-19. Nous demandons instamment des solutions reposant sur les droits qui préservent ou améliorent l’accès des populations clés aux services de lutte contre le VIH tout en minimisant l’exposition potentielle à la COVID-19 et en promouvant la sécurité des personnes. Ces solutions doivent encourager l’éloignement physique et la décongestion des établissements de santé, tout en prenant en compte la situation réelle des populations clés », a indiqué Rose Wilcher du FHI 360.
Ce rapport propose des solutions pratiques dans trois grands domaines.
Le premier concerne la protection des prestataires et des membres des communautés face à la COVID-19. Les services du VIH ne pourront continuer d’être assurés au cours de la pandémie de COVID-19 que si des mesures sont prises pour empêcher toute contamination au coronavirus du personnel, des prestataires et des bénéficiaires des programmes. Ces services peuvent comprendre un renvoi vers un dépistage et des soins pour la COVID-19, ainsi que vers des solutions de protection de la santé mentale des prestataires et des bénéficiaires.
Le second domaine consiste à assurer un accès sans danger et pérenne aux services et aux produits liés au VIH. Les programmes du VIH peuvent ainsi intégrer des mesures d’éloignement physique, proposer des consultations en ligne et fournir des ordonnances pour plusieurs mois de traitement. Quant au travail de proximité auprès des communautés, il devrait continuer en personne lorsque c’est possible.
Le troisième et dernier domaine abordé par ce rapport porte sur le suivi de la continuité des services et sur l’amélioration des résultats. Des perturbations étant inévitables, les programmes du VIH devront ajuster leurs systèmes de suivi et d’évaluation afin de permettre des analyses régulières de la continuité des services du VIH et de l’impact de la COVID-19 sur les programmes du VIH et sur leurs bénéficiaires. Pourquoi ne pas établir des systèmes d’information stratégique conformes aux mesures d’éloignement physique, par exemple en virtualisant la collecte de données et les outils de reporting.
« La pandémie de COVID-19 ne devrait pas être utilisée comme excuse pour ralentir les efforts de la riposte mondiale au VIH auprès des populations clés. Au contraire ! Cette pandémie est le moment de tirer des leçons de notre action pour mettre fin au sida. C’est aussi l’occasion de délester les systèmes de santé mis à rude épreuve par la COVID-19 en apportant un financement complet aux organisations communautaires dirigées par des hommes gays et bisexuels, des toxicomanes, des professionnel-les du sexe et des personnes transgenres en vue de garantir un meilleur accès aux services du VIH pour les populations clés », a indiqué le directeur de MPact, George Ayala.
Le rapport a été rédigé par FHI 360 dans le cadre du projet Meeting Targets and Maintaining Epidemic Control (EpiC) qui jouit du soutien de l’USAID et du Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida. L’ONUSIDA et ses partenaires ont fourni des informations et des conseils.
RESSOURCES ANNEXES
Strategic Considerations for Mitigating the Impact of COVID-19 on Key-Population-Focused HIV Programs (Analyse stratégique en vue de limiter l’impact de la COVID-19 sur les programmes du VIH destinés aux populations clés, en anglais)
FHI 360: Five strategies for preserving key population-focused HIV programmes in the era of COVID-19 (FHI 360 : cinq stratégies pour préserver les programmes du VIH destinés aux populations clés à l’heure de la COVID-19, en anglais)
Global HIV Prevention Coalition
Lessons from HIV prevention for preventing COVID-19 in low- and middle-income countries (Enseignements tirés de la prévention du VIH permettant d’empêcher la propagation de la COVID-19 dans les pays à revenu faible et intermédiaire)
Condoms and lubricants in the time of COVID-19 (Préservatifs et lubrifiants à l’heure de la COVID-19, en anglais)
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Leçons tirées du VIH applicables à la COVID-19 au Sénégal
03 juin 2020
03 juin 2020 03 juin 2020Quatre décennies de riposte à l’épidémie de VIH ont fourni une expérience considérable venant étayer l’importance d’une approche basée sur les droits de l’homme à chaque épidémie. L’ONUSIDA s’est entretenue avec Abdoulaye Ka, responsable des questions relatives aux droits humains au sein du Conseil national de lutte contre le sida (aussi connu sous l’acronyme CNLS au Sénégal), au sujet des leçons que le CNLS a tirées de la riposte au VIH et qui peuvent s’appliquer à la lutte contre la COVID-19.
Comment le Sénégal lutte-t-il contre la stigmatisation et la discrimination au cours de la pandémie de COVID-19 ?
L’expérience de lutte contre la stigmatisation et la discrimination liées aux services du VIH a permis au CNLS d’attirer l’attention du comité national de gestion de la COVID-19 et de l’opinion publique sur l’importance de mettre en place des supports de communication adaptés aux différentes communautés. Impliquer les communautés touchées dans la définition, la mise en place et le suivi des programmes de la COVID-19 contribue à réduire la stigmatisation gravitant autour de la maladie.
Le Secrétaire exécutif du CNLS s’est exprimé plusieurs fois pour expliquer combien nous devons simplifier les messages destinés aux communautés, y compris en les aidant à proposer leur propre riposte.
L’unité de soin psychosocial de Dakar jouit également du soutien du CNLS pour tirer des leçons des expériences liées au VIH, ainsi qu’à la stigmatisation et à la discrimination dans son travail contre la COVID-19.
Quelles mesures sont prises pour lutter contre les conséquences socioéconomiques de la COVID-19 au Sénégal ?
Dans sa volonté de contrer l’impact socioéconomique de la COVID-19 pour les personnes et les foyers, le Sénégal a mis en place un programme de résilience économique et social et a réservé un budget de 1 000 milliards de francs CFA (env. 1,5 milliard d’euros) afin de venir en aide aux secteurs économiques les plus touchés par la crise et d'apporter une aide alimentaire aux plus vulnérables. Au total, 59 milliards de francs CFA (env. 90 millions d’euros) ont été assignés à l’achat de vivres pour un million de foyers éligibles.
Le CNLS coopère en particulier avec l’ONU Femmes en vue d’augmenter la résilience des femmes vivant avec le VIH en leur distribuant de la nourriture et des kits d’hygiène.
De quelle manière la riposte à la COVID-19 du Sénégal répond-elle aux besoins spécifiques des personnes vivant avec le VIH ?
Le pays est en train de passer à la délivrance d’ordonnances correspondant à plusieurs mois de thérapie antirétrovirale, conformément à la ligne directrice de l’Organisation mondiale de la Santé, afin de répondre aux besoins identifiés par le réseau national de personnes vivant avec le VIH. Nous collaborons avec des prestataires de services et des communautés pour évaluer les besoins et éviter les ruptures de stock.
Par ailleurs, le CNLS a mis en place un numéro vert pour les personnes vivant avec le VIH au Centre de traitement ambulatoire de Dakar. Il anime aussi un réseau sur WhatsApp regroupant l'ensemble des responsables de centres de soin de thérapie antirétrovirale et leur apporte des recommandations sur la manière d’adapter la fourniture de soins aux personnes vivant avec le VIH, y compris pour ce qui est de la délivrance de médicaments pour au moins trois mois de traitement contre le VIH.
Quel est le rôle des organisations communautaires ?
Les organisations et les réseaux communautaires sont depuis longtemps un pivot de la riposte au sida. Ils sont essentiels pour sensibiliser, informer, balayer les idées reçues et lutter contre les fausses informations, mais aussi pour fournir des services aux populations marginalisées et vulnérables.
Aujourd’hui plus que jamais, il faut soutenir les acteurs communautaires dans leurs efforts pour innover et pour être reconnus en tant que prestataires de services essentiels pour le VIH comme pour la COVID-19.
Les prestataires communautaires ont innové rapidement dans le contexte de la COVID-19 au Sénégal en adoptant un système de prise de rendez-vous qui limite le nombre de personnes présentes en même temps dans un établissement et en proposant des sessions de formation en ligne.
Le CNLS apporte à l’heure actuelle un soutien logistique aux personnes vivant avec le VIH pour la distribution d’antirétroviraux assurée par les communautés.
Le droit à l’information est inscrit dans la constitution du Sénégal. Quel est son rôle dans la prévention et la protection des épidémies ?
Le CNLS a rédigé et diffusé très rapidement des messages, des communiqués de presse et des bannières sur les réseaux sociaux afin d’attirer l’attention sur les mesures préventives à prendre contre la COVID-19, en particulier pour les personnes vivant avec le VIH. Nous avons également informé en temps réel les personnes séropositives concernant les nouvelles connaissances sur le VIH et la COVID-19.
Les informations ont été énoncées dans des termes simples et servent aussi à lutter contre les fausses informations/la désinformation qui peuvent entraver l’accès aux services de santé, y compris de vaccination, qui sont utiles pour préserver la santé des personnes, notamment des enfants vivant avec le VIH.
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Venir en aide aux professionnel-les du sexe transgenres au Guyana et au Suriname à l’heure de la COVID-19
02 juin 2020
02 juin 2020 02 juin 2020Twinkle Paule, militante transgenre du Guyana, a émigré aux États-Unis d’Amérique il y a deux ans. Alors que la crise de la COVID-19 s’aggravait, elle a pensé à ses « sœurs » restées au pays ainsi qu’au Suriname voisin. Pour beaucoup d’entre elles, le seul moyen de subsistance est le commerce du sexe, mais Twinkle Paule savait que le couvre-feu allait leur couper les vivres. Elle craignait également que certaines aient des problèmes avec la loi si elles se sentaient contraintes à travailler la nuit.
Ses peurs ont été confirmées après avoir pris contact avec des personnes sur place. Elle a fait personnellement un don, mais elle était consciente que c’était loin de suffire.
« Ayant arpenté les mêmes rues, je savais que nous devions créer une mobilisation pour venir en aide à notre communauté. Je sais ce que c’est que d’être enfermée chez soi et de devoir de l’argent à un propriétaire... que d’être mise à la rue parce que l’on ne peut pas payer son loyer », déclare Mme Paule.
Elle a collaboré alors avec deux militantes new-yorkaises, Cora Colt et Ceyenne Doroshow, les fondatrices de la Gays and Lesbians in a Transgender Society (GLITS Inc), afin de lancer une campagne d’appel aux dons sur GoFundMe. Depuis son lancement le 12 mai, elles ont déjà reçu suffisamment de dons pour payer un mois de loyer à six professionnelles du sexe transgenres. L’argent a été envoyé à Guyana Trans United (GTU), l’organisation pour laquelle Mme Paule a travaillé en tant qu’éducatrice lorsqu’elle a arrêté le commerce du sexe en 2015.
Le fait que Mme Paule puisse aujourd’hui s'appuyer sur sa notoriété pour mobiliser une aide d’urgence constitue en soi une réussite phénoménale. Au moment où elle a émigré, elle pensait sérieusement au suicide. La charge émotionnelle liée à l’exclusion et à l’injustice pesait lourdement sur ses épaules.
Depuis que sa demande d’asile a été acceptée, elle étudie à plein temps la communication au Borough of Manhattan Community College. Elle a terminé ses études secondaires l’année dernière, ce qu’elle n’avait pas pu faire au Guyana. En parallèle de ses études, elle a travaillé sur le terrain pour le GMHC (Gay Men’s Health Crisis).
Et c’est tout naturellement qu’elle s’est glissée dans la peau d’une militante pour demander l’année dernière à la mairie de supprimer la loi § 240.37 du Code pénal de l’État de New York relative au racolage qui est utilisée pour cibler les femmes transgenres. Elle a immédiatement reconnu que ce paragraphe est issu de la même tradition que les lois sur le vagabondage dont elle a souffert au début au Guyana avant de lutter contre elles.
Mme Paule est tout à fait consciente que son émigration a changé ses perspectives du tout au tout.
« Mon expérience illustre combien le fait de donner à quelqu’un les possibilités et les bons outils fait la différence pour prendre d’autres décisions dans sa vie. J’ai pris conscience que ce qui me manquait, c’était des ressources adaptées et l'accès à un environnement sans craindre la discrimination et la violence. Je ne dis pas que tout est parfait ici, mais mon quotidien n’est plus marqué par le même niveau d’injustice. J’ai pu accéder à un traitement hormonal. Et pour moi, le plus important est d’avoir pu retourner à l’école », raconte-t-elle.
Sa mère est morte lorsqu’elle était encore enfant, puis son père a fondé une nouvelle famille. Des proches se sont alors occupés de l’élever. L’argent manquait parfois pour assurer son éducation. Certains week-ends, elle nettoyait une église pour gagner un peu d’argent.
Mais la pauvreté n’était pas le seul problème. Elle se souvient s’être sentie très tôt différente. Elle n’avait pas de mot pour qualifier ce qu’elle ressentait, mais elle a su d’instinct que ce ne serait pas accepté. À l’école, elle a tout fait pour ne pas se faire remarquer. Un jour, son cœur s’est arrêté lorsqu’un camarade de classe lui a dit qu’elle s’exprimait comme un « antiman », un terme péjoratif utilisé au Guyana pour les personnes gays.
Pendant des années, elle a entendu à plusieurs reprises des adultes de son entourage être d’accord pour dire qu’il faudrait la mettre à la porte si jamais elle était gay. C’est ce qui arrive alors qu’elle a 16 ans, lorsqu’un membre de sa famille la voit « danser comme une fille » à une fête. La voilà sans domicile.
Mme Paule se réfugie auprès d’autres femmes transgenres et, comme elles, a recours au commerce du sexe pour survivre. L’émergence d’un mouvement régional s’intéressant aux besoins des communautés vulnérables et marginalisées change alors sa vie. La nouvelle association Guyana Sex Work Coalition lui apporte des informations sur les rapports sexuels à moindre risque et lui permet d’accéder à des solutions en ce sens. Lorsque certaines femmes dans sa situation commencent à se rendre à des conférences, elles découvrent qu’il existe un mot pour décrire leur expérience. Elles n’étaient pas « antimen ». Elles étaient transgenres.
Mais la vie sur le trottoir était brutale. Si l’une d’entre elles se faisait dévaliser ou violer, elle n’avait pas la possibilité de le signaler à la police.
« La police vous dit en face : « Qu’est-ce que tu fais ici alors que tu sais que la prostitution et la sodomie vont à l’encontre de la loi » », se souvient-elle.
Elle explique que, parfois, des officiers de police véreux les menaçaient de poursuites pour pouvoir leur extorquer de l’argent.
Une fois, dans un commissariat, la police l’a incarcérée avec d’autres femmes transgenres au milieu d'hommes et a lancé des préservatifs dans la cellule, donnant ainsi le feu vert aux autres détenus. Elle était adolescente à cette époque.
Un autre jour, elle a accompagné une amie au commissariat pour déposer plainte pour violence intrafamiliale. Un policier a renversé la situation en lui déclarant : « Vous pratiquez la sodomie. Je vous boucle. »
En 2014, un groupe d’entre elles a été arrêté pour commerce du sexe au Suriname. Parmi les exactions subies, un gardien de prison les a forcées à se déshabiller et à s’accroupir devant leur cellule en présence d’autres détenus.
Il y a sept ans, une de ses amies a été assassinée, et son corps jeté derrière une église. Le crime n’a donné lieu à aucune enquête.
Un enchaînement de traumatismes qui laisse des cicatrices.
La peur est toujours présente, même lorsque tout est calme. Est-ce que je vais me faire jeter du taxi ? Des gens vont-ils m’insulter dans la rue ? Vais-je avoir des problèmes à cause de ce que je porte ?
« Les filles ont l’impression que c’est leur faute », explique Mme Paule. « Même en ce qui me concerne, j’avais l’impression que les gens avaient le droit de me maltraiter, car mon comportement ne respectait pas les conventions sociales. »
Lorsqu’elle a commencé à militer, elle ne sentait toujours pas complètement elle-même. Elle tente de se suicider et commence à boire ou à fumer un joint avant d’aller travailler. Il y a deux ans, elle était à la dérive. Aujourd’hui, elle est une force vive au service de sa communauté.
Mme Paule attribue au travail d’organisations comme la Society against Sexual Orientation Discrimination et GTU le mérite de faire avancer le débat concernant l’inclusion au Guyana.
« La sécurité et l’égalité sont deux choses qui manquent encore à ma communauté », insiste-t-elle. « Nous avons besoin que le gouvernement affirme : « Nous devons protéger ces personnes ». La communauté transgenre n’a pas de travail, nous arrêtons notre scolarité à cause du harcèlement et nous sommes victimes de brutalités policières. Tout cela ne va pas. Nous avons besoin que nos élu-es s’engagent vraiment. »
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Aux Caraïbes, des organisations communautaires appellent à une action forte pour mettre un terme aux abus et au cyberharcèlement à caractère homophobe
29 mai 2020
29 mai 2020 29 mai 2020Ulysease Roca Terry était un couturier gay vivant avec le VIH au Belize. Il venait de perdre sa mère et traversait une dépression, la période était donc déjà difficile avant la nouvelle pandémie.
Il a été arrêté en avril pour avoir enfreint les lois instaurant un couvre-feu à cause de la COVID-19. Au cours de sa garde à vue, il a été victime d’insultes et de harcèlement à caractère homophobe de la part d’un policier. Une vidéo montrant ces abus a été publiée sur les médias sociaux. Il a également déclaré avoir fait l’objet d’agressions physiques durant sa détention. Quelques jours plus tard, il mourait.
Ce mois-ci, aux Bahamas, une vidéo a circulé sur les médias sociaux montrant une femme ne correspondant pas à la représentation traditionnelle des genres être assaillie par trois hommes hurlant des insultes homophobes. On voit l’un d’eux la frapper à la tête avec un morceau de bois, et les autres la gifler et lui donner des coups de poing. La vidéo a circulé sur Internet et certains commentaires tournent la victime en dérision.
Alors que les pays dans les Caraïbes se concentrent sur la lutte contre la COVID-19, des organisations communautaires se font entendre pour dénoncer le harcèlement verbal, physique et émotionnel qui est monnaie courante dans la vie d’un trop grand nombre de personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) de la région. Elles tirent le signal d’alarme en constatant qu’Internet devient de plus en plus l’endroit où s’exprime cette forme de cruauté.
Pour Caleb Orozco de l’United Belize Advocacy Movement (UNIBAM), l’affaire Roca Terry l’attriste, mais aussi le motive à agir. M. Orozco est un habitué des combats difficiles. En 2016, il s’est opposé avec succès à la loi nationale interdisant les rapports sexuels consensuels entre partenaires du même sexe.
« La police ne peut pas saper la confiance de la population, pour qui elle tient le rôle de gardienne de la paix. Elle ne peut pas laisser libre cours à des manifestations, qui méprisent la dignité et les droits des individus appartenant aux groupes les plus vulnérables : ceux souffrant de troubles de la santé mentale, vivant avec le VIH ou ayant une orientation sexuelle différente », déclare M. Orozco. « Les services de police sont responsables et doivent faire preuve de discernement dans leur application du couvre-feu. Lorsque la police se moque de certaines personnes, la population perd confiance dans sa mission, qui est de protéger les citoyen-nes ordinaires. »
L’UNIBAM exige l’ouverture d’une enquête transparente, l’examen du rapport d’autopsie, ainsi que des actions visant à améliorer la manière dont la police se comporte envers les membres des communautés vulnérables et marginalisées, en particulier dans le cadre des restrictions liées à la COVID-19.
Le Belize mène des discussions au niveau national autour de la proposition de loi sur l’égalité des chances (Equal Opportunities Bill). Un sondage mené en 2013 par l’ONUSIDA au sein de la population a révélé que le Belize faisait partie des pays les plus tolérants des Caraïbes. En effet, 75 % des participant-es convenaient qu’il ne faudrait pas traiter différemment des personnes à cause de leur orientation sexuelle. Mais cet incident nous rappelle qu’en dépit des avancées réalisées au niveau de l’attitude du public et de la législation, des difficultés bien ancrées demeurent en matière de préjugés et d’abus de pouvoir.
La Bahamas Organization of LGBTI Affairs qualifie l’attaque publiée sur les réseaux sociaux de crime de haine et exige que les auteurs soient poursuivis en justice.
« Dans le monde entier, ce type de crime de haine, agresser une personne à cause de ce qu’elle est avec une extrême violence, est dénoncé et figure parmi les comportements humains les plus répréhensibles qui soient », indique Rights Bahamas.
Alexus D’Marco, directrice exécutive de la Bahamas Organization of LGBTI Affairs, souligne qu’il faut élargir le dialogue et les actions pour faire évoluer les comportements de la société.
« Le fait que beaucoup considèrent cela comme une source de moqueries et de blagues, qu’est-ce que cela révèle sur nous en tant que personne ? Que penser lorsque tant de coupables sont des femmes aussi, qui devraient plutôt se montrer solidaires afin d’affronter les nombreuses injustices que nous rencontrons toutes comme membres d’un genre oppressé dans cette société ? », se demande Mme D’Marco.
Les Bahamas sont le seul pays des Caraïbes à avoir dépénalisé les rapports sexuels entre adultes consentants du même sexe dans une loi du parlement. Néanmoins, il reste encore fort à faire pour que le comportement de la société reflète cette loi. Des militant-es plaident pour l'adoption d'une législation relative aux crimes de haine et sa mise en place de toute urgence.
Aux Bahamas et au Belize, des administrations officielles ont dénoncé ces attaques aux côtés de la société civile. Le Comité national de lutte contre le sida, le Bureau de l’Envoyé spécial pour les Femmes et les Enfants et le ministère du Développement humain, de la Transformation sociale et de la réduction de la pauvreté demande que le dossier de M. Roca Terry soit examiné en détail. Aux Bahamas, le ministère des Services sociaux et du Développement urbain a exigé des poursuites rapides afin de montrer que le gouvernement et la société ne tolèrent aucune violence basée sur le genre.
« Outre les réformes légales et les programmes destinés aux populations clés, nous devons poursuivre le dialogue social et renforcer l’application de la loi afin d’instaurer des sociétés caribéennes plus paisibles et inclusives pour tout le monde », a déclaré James Guwani, directeur de l’ONUSIDA pour les Caraïbes.
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« Mon souci numéro 1, c’est d’obtenir mes antirétroviraux » : l’Amérique latine face au VIH et à la COVID-19
28 mai 2020
28 mai 2020 28 mai 2020Depuis le début de la pandémie de COVID-19, Marcela Alcina du Latin American and the Caribbean Movement of Positive Women (MLCM+) reçoit plus de 20 appels par jour de personnes ayant besoin d’aide, pour obtenir soit de la nourriture ou des médicaments, soit des conseils sur la manière de gérer le confinement.
Yesenia Rodriguez (nous avons changé son nom) a été l’une d’entre elles. Cette Colombienne de naissance a vécu pendant plus de 24 ans dans la République bolivarienne du Venezuela, mais la crise humanitaire dans ce pays l’a poussée il y a six mois à retourner à Cali en Colombie pour poursuivre son traitement contre le VIH.
« Nous sommes huit : mes quatre enfants, mon mari, mes deux petits-enfants et moi », explique-t-elle.
Mme Rodriguez est sans emploi et a besoin d’aide pour nourrir sa famille et avoir accès à ses antirétroviraux. « Je suis rentrée à Cali juste pour me retrouver confrontée à une autre crise. Mon souci numéro 1, c’est d’obtenir mes antirétroviraux, mais je n’ai pas accès aux soins de santé en Colombie », continue-t-elle. « La situation est extrêmement difficile pour mon partenaire et moi, car nous sommes tous les deux séropositifs. Mes enfants et mon mari sont au chômage. Les enfants ne peuvent pas s’accommoder de la faim comme les adultes. »
Mme Rodriguez a été mise en contact avec Yani Valencia de la Lila Mujeres Organization qui fait partie du réseau MLCM+. Elle a obtenu un colis alimentaire pour toute la famille et entre actuellement en relation avec quelqu’un qui sera mesure de lui garantir l’accès à sa thérapie antirétrovirale. « J’ai failli m’évanouir quand on m’a apporté ces courses tellement j’étais heureuse. »
L’ONUSIDA recommande que les personnes vivant avec le VIH aient des stocks suffisants de médicaments indispensables, surtout pendant la pandémie de COVID-19. Les lignes directrices de l’Organisation mondiale de la Santé sur le traitement du VIH préconisent à présent la délivrance de médicaments pour trois mois ou plus à la plupart des personnes venant faire une visite de routine. Toutefois, si l’on en croit une enquête récente menée par l’ONUSIDA en Amérique latine et dans les Caraïbes concernant les besoins des communautés de personnes vivant avec le VIH à l’heure de la pandémie de COVID-19, seule une personne sur 10 signale avoir des antirétroviraux pour trois mois.
« Nous avons rencontré des personnes qui n’avaient aucun accès aux soins de santé. Un de nos collègues en Colombie a emprunté la moto d’un voisin pour assurer la distribution de médicaments. Nous constatons que nos communautés sont souvent oubliées, alors que nous devons faire partie de la réponse. Nous ne pouvions plus attendre, il nous fallait entreprendre quelque chose », indique Mme Alcina.
Les communautés ont joué un rôle fondamental dans la riposte au sida aussi bien au niveau local, national qu’international, et elles continuent. Désormais, elles occupent un rôle essentiel dans la lutte contre la COVID-19. Le MLCM+ a mis en place un réseau de 850 bénévoles dans 17 pays de la région. Sa mission consiste à répandre la solidarité au cours de la pandémie de COVID-19 tout en concentrant son action sur les personnes vivant avec le VIH.
« Nous distribuons des produits alimentaires et de nettoyage, nous faisons des masques qui sont offerts avec les thérapies antirétrovirales, nous apprenons aux gens les méthodes de prévention, nous donnons des préservatifs et nous aidons les personnes à trouver un refuge pour se protéger de violences intrafamiliales », poursuit Mme Alcina.
Le MLCM+ est actif dans toute la région et jouit du soutien technique ou financier de l’ONUSIDA, de l’ONU Femmes, du Fonds des Nations Unies pour la population et de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture.
« L’ONUSIDA nous fournit des ressources, des spécialistes et des webinaires de formation. De son côté, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture nous aide financièrement. Ainsi, nous mettons en place une stratégie qui vient renforcer l’action des gouvernements, mais pas la remplacer », souligne Mme Alcina.
« Nous constatons que les inégalités sont plus marquées au cours de la pandémie de COVID-19. Les inégalités, en particulier celles de genre, sont exacerbées en temps de crise. Les femmes séropositives doivent se trouver au cœur des ripostes aussi bien du VIH que de la COVID-19 et ne pas être oubliées », conclut le directeur de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Amérique latine et les Caraïbes, César Núñez.
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Pia Wurtzbach nous parle de son action pour soutenir la riposte à la COVID-19
27 mai 2020
27 mai 2020 27 mai 2020Pia Wurtzbach, Miss Univers 2015 et Ambassadrice de bonne volonté de l’ONUSIDA pour l’Asie et le Pacifique, s’engage depuis longtemps en faveur de la riposte au sida aux Philippines et dans le reste de la région. Elle a ajouté récemment une nouvelle corde à son arc en apportant son soutien à la riposte à la COVID-19 Elle a ainsi lancé un appel aux dons afin de distribuer 25 000 masques aux hôpitaux de Manille et elle s’implique dans des campagnes de prévention de la COVID-19 et du VIH sur les réseaux sociaux.
L’ONUSIDA s’est entretenue avec Mme Wurtzbach sur son engagement en ces temps difficiles.
Comment en êtes-vous venue à organiser une collecte pour donner des masques à des établissements de santé de Manille ?
J’ai commencé par acheter 5 000 masques à mes frais afin d’identifier un fournisseur abordable et fiable. J’en ai trouvé un et j’ai passé commande avant de donner les masques à quatre hôpitaux. Une fois prête et en sachant que cela marchait, j’ai lancé la collecte de fonds en me tournant vers le secteur privé aux Philippines et vers les contacts de mon réseau. À l’heure actuelle, j’ai pu donner des masques à 30 hôpitaux dans le Grand Manille. Nous avions prévu d'en fournir à d’autres hôpitaux en dehors de la capitale, mais le confinement ne nous le permet pas encore. Par ailleurs, j’ai offert des repas à une unité de soins intensifs dans l’un des hôpitaux du Grand Manille. Le personnel de santé du service vit en effet à l’hôpital et ne rentre pas chez lui. Grâce à mes dons, j’ai l’impression de les aider.
Comment continuez-vous à soutenir la riposte au VIH en tant qu’Ambassadrice de bonne volonté de l’ONUSIDA ?
Je suis chaque jour en contact avec LoveYourself, l’organisation issue de la société civile pour laquelle je m’engage bénévolement aux Philippines. Nous faisons le point sur ce qui se passe et nous identifions les besoins des personnes vivant avec le VIH. J’utilise mes profils sur les réseaux sociaux pour publier des informations sur la prévention du VIH et de la COVID-19, ainsi que sur la manière de rester en bonne santé. J’informe mes abonné-es sur l’aide offerte par LoveYourself aux personnes séropositives au cours de la pandémie de COVID-19, comme les livraisons à domicile d’antirétroviraux.
Quelles questions sur le VIH et la COVID-19 recevez-vous des personnes vivant avec le VIH ou appartenant aux populations clés ?
Les questions les plus fréquentes concernent la manière d’accéder aux médicaments, et les gens veulent savoir si les stocks suffiront pour les renouvellements d’ordonnance. C’est fantastique que des organisations comme LoveYourself aux Philippines aident des personnes vivant avec le VIH à obtenir leur traitement. J’admire beaucoup Vinn (Ronivin Garcia Pagtakhan), le fondateur de LoveYourself, car il utilise sa propre voiture pour livrer des médicaments aux quatre coins de la ville directement chez les gens. C’est un super-héros des temps modernes.
Comment trouvez-vous la motivation pour continuer votre action en ces temps difficiles ?
J’ai tellement de chance d’avoir beaucoup de proches dans le secteur, qui sont aussi infirmiers ou infirmières. Vous seriez surpris de savoir que la personne qui s’occupe de me maquiller est diplômée en soins infirmiers et que des photographes le sont aussi. Aux Philippines, il y a énormément d’infirmiers et infirmières qui finissent par faire autre chose tout en restant dans le domaine médical et en connaissant beaucoup de gens dans ce secteur. J'entends tellement de leurs histoires et je sais qu’elles reflètent la réalité des hôpitaux et leur environnement de travail.
À les écouter, j’ai ressenti le besoin de faire quelque chose. J’ai conscience d’avoir beaucoup de chance de pouvoir rester chez moi. Je me suis alors dit : que puis-je faire pour me rendre utile ? C’est ce qui m’a poussé à lancer mon appel aux dons. Le personnel médical m’a envoyé des messages de remerciement et même une vidéo où l’équipe me remercie. Lorsque je vois que des personnes en première ligne prennent le temps de me dire merci, cela me donne envie d’en faire encore plus.
La collecte de dons me donne l’impression d’avoir une mission et un objectif. Le message que je souhaite passer, c’est : si tu es chez toi et que tu as des abonné-es sur Instagram ou que tu es peut-être un-e influenceur-se ou une célébrité, ou populaire dans ton école, utilise cette plateforme ! C’est le moment ! Nous ne pouvons pas rester là à attendre que cela passe. La solution doit venir de nous.
Qu’est-ce qui vous manque le plus de la vie avant la pandémie de COVID-19 ?
J’ai l’impression que je considérais beaucoup de petites choses comme normales. Aller au travail était normal, voyager était normal, ma vie accaparée par mon travail était normale. Je me souviens qu’avant le confinement j’ai fait un burn-out, car je travaillais trop. Je n’avais jamais un jour ou un week-end de libres. Je travaillais du lundi au dimanche. Et je me disais que j’avais besoin de m’accorder du temps rien que pour moi. Et tout à coup, c’est arrivé. Je prends juste le temps maintenant de réfléchir et de me demander ce qui compte vraiment pour moi.
Tout me manque. Marcher dans la rue me manque, la circulation me manque, voir d’autres personnes me manque. J’ai l’impression que le confinement nous donne véritablement le temps de réfléchir sur ce qui compte pour nous. J’ai le sentiment que lorsque nous sortirons de quarantaine et d’isolation volontaire, nos priorités seront claires.
Comment s’organisent vos journées pendant cette quarantaine chez vous ?
Vous savez, le bon côté du confinement, c’est que j’ai plus de temps pour moi. Tous les jours, je vais sur la terrasse sur le toit de mon immeuble pour faire du sport, j’emporte mon tapis de yoga avec moi et je passe quelques heures à faire le plein de lumière et de sport. J’ai mon programme quotidien. J’ai l’impression qu’avoir un petit rituel donne du sens à ma journée. Lorsque je me réveille le matin, j’essaie d’envoyer tous mes e-mails et de travailler un peu. L’après-midi, je fais de l’exercice. Et le soir, je fais des gâteaux ou je regarde la télévision ou Netflix. En résumé, mon quotidien se compose de travail, de lumière et de temps pour moi. J’ai l’impression que c’est un bon équilibre, car je suis plus productive et je prends soin de moi.
Quels sont vos prochains objectifs une fois que vous aurez donné les 25 000 masques ?
Rien n’est encore décidé, mais mon équipe et moi réfléchissons aux moyens d’aider les personnes qui ont besoin d’un soutien financier et de leur donner de la nourriture. Par ailleurs, j’aimerais me concentrer sur les réseaux sociaux sur des messages concernant la santé mentale en prodiguant des conseils sur la manière de contrôler ou gérer ses peurs. Les gens sont chez eux et sur leurs téléphones. Ils pourraient aussi bien lire quelque chose qui les aide à gérer leur stress.
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« Si nous demandons aux gens de s’isoler, nous devons garantir que ces gens ont de quoi manger et se soigner »
26 mai 2020
26 mai 2020 26 mai 2020Au Sénégal, la fermeture des magasins non essentiels et des marchés en réponse à l’épidémie de COVID-19 dans le pays et l’arrêt des déplacements entre les régions ont fait perdre leur source de revenus à de nombreuses personnes vivant du secteur informel, y compris des personnes séropositives. Le spectre de la faim est devenu une réalité pour beaucoup d’entre elles.
Le Réseau National des Associations de Personnes Vivant avec le VIH du Sénégal (RNP+) s’est mobilisé en l’espace de quelques jours. Il présente à ses membres les différentes mesures d’aide alimentaire gouvernementales au million de foyers éligibles et fournit des conseils sur la manière de se protéger d’une infection au coronavirus.
« Si nous demandons aux gens de s’isoler, nous devons garantir que ces gens ont de quoi manger et se soigner. Les communautés de personnes vivant avec le VIH s’entraident pour que leurs membres prennent soin d’eux, s’isolent, accèdent à leur traitement lorsque nécessaire et s’occupent des familles des uns et des autres », a déclaré la présidente du RNP+, Soukèye Ndiaye.
De grandes figures issues de communautés et des organisations non gouvernementales jouent un rôle actif au Sénégal en apportant des informations claires et précises afin d’éviter toute panique, mais aussi en luttant contre la stigmatisation et la discrimination liées aussi bien au VIH qu’à la COVID-19. Le RNP+ surveille la riposte à la COVID-19 au fur et à mesure de son déploiement, suit la manière dont le coronavirus touche les plus vulnérables et attire l’attention du gouvernement et des prestataires de services sur des problématiques qui ne peuvent attendre.
Le soutien de l’Alliance nationale des communautés pour la santé (ANCS) et d’ENDA Santé a permis au RNP+ de distribuer plus de 200 colis alimentaires et d’hygiène aux familles de personnes séropositives les plus démunies. Le bureau pays de l’ONUSIDA au Sénégal est intervenu en fournissant une subvention afin de garantir que le programme « Une Famille, Un Kit » continue de distribuer de l’aide aux personnes les plus défavorisées.
Le RNP+ se mobilise également pour que les personnes séropositives devant se rendre dans un centre de santé obtiennent une aide afin de compenser la hausse des coûts du transport. L’organisation plaide aussi pour un soutien financier destiné à renforcer le travail du personnel de santé des communautés qui s’implique dans la fourniture d’une thérapie antirétrovirale.
Au cours de la pandémie de COVID-19, il est en effet vital d’assurer la continuité du traitement du VIH en distribuant des antirétroviraux en quantité suffisante pour plusieurs mois. Aussi, le RNP+ a appelé le gouvernement à fournir à toutes les personnes vivant avec le VIH un renouvellement d’ordonnance portant sur plusieurs mois. Néanmoins, tout le monde ne peut pas en bénéficier à cause des déficiences de la chaîne logistique, dues notamment à une mauvaise évaluation de l’approvisionnement nécessaire en thérapie antirétrovirale pour certains établissements et à l’irrégularité de l’approvisionnement central. L’ONUSIDA apporte son soutien au gouvernement pour ce qui est du suivi des commandes d’antirétroviraux et du renforcement de la chaîne logistique.
Le rôle des communautés, en particulier les plus défavorisées, est essentiel à l’heure de la COVID-19. « L’histoire de l’épidémie du VIH nous montre clairement que l’efficacité d’une riposte dépend de l’implication totale des communautés touchées, et ce, depuis la planification de mesures jusqu’au suivi en passant par leur mise en œuvre. C’est la seule manière pour qu’une telle riposte reflète la situation et les besoins de tout le monde », a déclaré le directeur pays de l’ONUSIDA au Sénégal, Demba Kona.