Feature Story

Leadership et orientation sur les populations les plus touchées encadrent la riposte de l'Indonésie au VIH

27 octobre 2014

Une délégation du Conseil de coordination du Programme de l'ONUSIDA (CCP) a mené une visite de terrain en Indonésie du 22 au 24 octobre afin de voir comment le pays avait mis en place une riposte intégrée et décentralisée au sida, qui a permis d'accélérer l'utilisation stratégique du traitement anti-VIH, d'augmenter le dépistage et le conseil et de renforcer les services de prévention anti-VIH auprès des populations les plus touchées.

L'Indonésie démontre ainsi comment une approche multisectorielle du VIH, combinée à un leadership cohérent à tous les niveaux, aide le pays à stabiliser l'épidémie, accélérer le traitement et fournir des services anti-VIH innovants et complets. La riposte au sida du pays est guidée par une stratégie d'investissement développée avec l'appui de l'ONUSIDA, qui oriente les ressources et les efforts là où ils sont le plus nécessaires.

« La riposte de l'Indonésie montre qu'un engagement et un leadership intersectoriels, avec une participation impressionnante et dynamique de la société civile, sont fondamentaux pour mettre en œuvre les stratégies », a déclaré Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA, qui chapeautait la visite. « Alors que nous regardons vers l'horizon de la fin de l'épidémie de sida d'ici 2030, un engagement soutenu à tous les niveaux sera essentiel pour avoir un impact efficace, à la fois pour le sida et pour l'agenda sur la santé et le développement dans son ensemble ».

Selon les estimations nationales, 638 000 personnes vivent avec le VIH en Indonésie, et les données nationales les plus récentes montrent que les nouvelles infections se stabilisent, malgré des augmentations chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. L'épidémie en Indonésie se concentre largement au sein des populations les plus exposées, à savoir les professionnel(le)s du sexe et leurs clients, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transsexuelles et les consommateurs de drogues injectables. Même si la prévalence nationale du VIH est faible, ces populations et certaines régions géographiques, notamment les villes et les provinces de Papouasie, payent un plus lourd tribut au VIH.

La riposte de l'Indonésie montre qu'un engagement et un leadership intersectoriels, avec une participation impressionnante et dynamique de la société civile, sont fondamentaux pour mettre en œuvre les stratégies

Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA

La délégation, composée de membres venus d'Australie, du Brésil, du Salvador, d'Iran, du Luxembourg, d'Ukraine et du Zimbabwe, ainsi que de représentants des ONG et des Coparrainants de l'ONUSIDA auprès du CCP, a rencontré plusieurs partenaires nationaux, notamment de hauts responsables des autorités exécutives nationales, provinciales et municipales, la Commission nationale de lutte contre le sida, des partenaires de développement, des organisations de la société civile et l'équipe nationale des Nations Unies. La délégation a également visité plusieurs sites pour observer des exemples d'élargissement de l'accès au dépistage et au traitement du VIH et de moyens de lutte contre la stigmatisation et la discrimination.

Lors d'une réunion avec la délégation du CCP, le Gouverneur par intérim de Jakarta, Basuki Tjahaja Purnama, a mis en avant la riposte des autorités locales au VIH dans la capitale. Le Gouverneur par intérim a insisté sur les investissements considérables que les autorités locales ont réalisés en faveur des programmes de lutte contre le VIH, notamment l'augmentation de l'accès au traitement anti-VIH, et fait part de son engagement de faire une priorité de la santé, de l'éducation, de l'emploi et du logement des personnes vivant avec le VIH, afin de veiller à ce que personne ne soit laissé de côté.

Ces dernières années, l'Indonésie a fait passer son financement national à 42 % de ses dépenses totales pour la lutte contre le sida. Tout au long de la visite, l'accent a été mis à tous les niveaux sur l'engagement politique pour une nouvelle hausse du financement national. Cependant, les responsables gouvernementaux ont également souligné que le financement international restait essentiel pour accélérer la riposte, en particulier pour l'accès au traitement anti-VIH.

Des services adaptés aux communautés, la clé d'une riposte durable

À l'occasion d'un rassemblement de groupes de la société civile, notamment des réseaux de personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus, la délégation a pu constater comment les organisations de jeunes mobilisent les jeunes Indonésiens dans le cadre de l'initiative ACT 2015, pour s'assurer que le VIH et les droits en matière de santé sexuelle et reproductive restent une priorité du nouveau gouvernement du pays et de la prochaine période de développement.

Des visites de terrain dans plusieurs établissements publics et privés de services anti-VIH à Jakarta et Denpasar ont montré comment les services adaptés aux communautés et dirigés par celles-ci permettent d'améliorer le développement des services et de réduire la stigmatisation et la discrimination. Citons par exemple le principal hôpital central du pays en matière de traitement anti-VIH à Jakarta, qui gère des programmes de sensibilisation du personnel aux besoins spécifiques des populations les plus exposées au risque, et la Yayasan Kertipraja Foundation ainsi que la Bali Medika Clinic à Denpasar, où plusieurs programmes menés par les populations les plus touchées fournissent des services faciles d'accès en dehors des heures de travail et le samedi. De même qu'une demande croissante des populations les plus touchées, ces programmes ont contribué à favoriser un recours précoce au traitement anti-VIH. La Commission nationale de lutte contre le sida, avec l'appui de l'ONUSIDA, examine comment reproduire et élargir ces modèles dans tout le pays.

Region/country

Feature Story

Utiliser le pouvoir de la technologie pour la transformation sociale

27 octobre 2014

La société civile, les organisations publiques et privées et l'ONUSIDA s'appuient sur les avancées dans les technologies mobiles pour donner des moyens aux communautés. Ensemble, ils ont mis au point une nouvelle application mobile baptisée iMonitor+, qui permet aux utilisateurs d'accéder aux services de prévention et de traitement du VIH et de formuler des commentaires sur la qualité de ces services.

Pusadee Tamthai, Vice-Gouverneur de Bangkok, Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Ayu Oktariani, Responsable de la campagne publique de la Coalition indonésienne contre le sida, et Surang Janyam, Directrice de Service Workers in Group Foundation (SWING), ont lancé iMonitor+ le 27 octobre à Bangkok, en Thaïlande.

« C'est une révolution des données : des systèmes d'information sur la santé mobiles en temps réel. iMonitor+ n'est pas un simple gadget, mais un outil de transformation sociale. Il va donner aux individus les moyens d'exiger des services et encourager la responsabilité des pouvoirs publics », a déclaré M. Sidibé.

iMonitor+ se sert de la technologie de géolocalisation par satellite pour localiser un utilisateur, qui peut alors recevoir des informations sur les endroits où trouver des préservatifs, faire un test de dépistage du VIH, obtenir des conseils et accéder à un traitement et à d'autres services essentiels. En cas de rupture de stock de médicaments antirétroviraux et d'autres moyens de lutte contre le VIH, l'utilisateur peut envoyer une alerte à un système central et être redirigé en temps réel vers d'autres services à proximité. Les utilisateurs peuvent également signaler au système central les cas de stigmatisation ou de violation de leurs droits auprès des services anti-VIH et d'autres établissements de services. Les autorités de santé publique et les partenaires communautaires travaillent alors ensemble pour résoudre aussi vite que possible les problèmes soulevés par les alertes.

« iMonitor+ présente un excellent potentiel en tant qu'outil d'alerte précoce, capable de signaler aux autorités de santé publique des lacunes dans les services essentiels », explique le Vice-Gouverneur de Bangkok. « En collaborant avec la société civile pour développer iMonitor+, nous avons ouvert une voie de dialogue importante et renforcé des partenariats clés pour la transformation sociale ».

Depuis début juin, plus d'une centaine de volontaires de cinq réseaux communautaires en Thaïlande, en Indonésie, en Inde et aux Philippines ont participé à des tests pilotes d'iMonitor+ afin de formuler des commentaires et d'adapter l'application aux besoins spécifiques de chaque réseau. En Thaïlande, l'Administration métropolitaine de Bangkok s'est associée à SWING pour tester et affiner l'application.

« iMonitor+ est une plate-forme efficace pour la collaboration avec les autorités de santé publique », explique la Directrice de SWING. « Elle nous donne la possibilité d'influer directement sur la manière dont les services sont fournis aux communautés. »

La Coalition indonésienne contre le sida a mené des essais avec iMonitor+ dans quatre villes, dont Jakarta. Selon Ayu Oktariani, « nous constatons que les autorités de santé prennent au sérieux les alertes en temps réel que nous enregistrons avec iMonitor+ et qu'elles réagissent beaucoup plus rapidement qu'avant pour combler les lacunes dans la fourniture des services ».

Les commentaires des communautés et des prestataires de services permettront une innovation continue et l'adaptabilité de l'application. Cet outil de contrôle participatif n'est pas seulement un outil communautaire important pour l'assurance qualité et la réactivité des services anti-VIH, mais peut également donner aux personnes les moyens de contrôler les services dans de nombreux domaines en marge de la santé publique et servir d'instrument pour une amélioration de la responsabilité publique.

Region/country

Feature Story

La Thaïlande réaffirme son engagement de mettre fin à l'épidémie de sida d'ici 2030

27 octobre 2014

La Thaïlande reste engagée dans la collaboration avec d'autres partenaires pour mettre fin à l'épidémie de sida dans la région. S'adressant au Directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé le 27 octobre à Bangkok, en Thaïlande, le Premier ministre Prayut Chan-o-cha a souligné que son pays allait maintenir ses efforts dans la riposte au VIH et partager son expérience avec les pays voisins et le monde entier. Il a également souligné que l'engagement de la Thaïlande envers l'objectif des trois zéros (zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida) était absolument inébranlable.

Grâce à sa stratégie innovante baptisée Mettre fin au sida d'ici 2030, ce 1er octobre, le pays est devenu le premier en Asie à proposer un traitement vital à tous ceux qui vivent avec le VIH. Les migrants informés et non informés peuvent accéder à un ensemble similaire de services. Le Premier ministre a déclaré que la mondialisation et le travail des migrants étaient une réalité et qu'il était nécessaire de veiller à ce que personne ne soit laissé de côté.

M. Sidibé a félicité le Premier ministre pour l'innovation et les progrès remarquables accomplis par la Thaïlande dans le placement des personnes au cœur de la riposte au sida. « Avec un tel engagement et une telle vision, la Thaïlande montre qu'il est possible d'atteindre les trois zéros », a déclaré M. Sidibé. « Nous considérons la Thaïlande comme une force de transformation puissante pour la justice sociale dans la riposte au sida ».

M. Sidibé est actuellement en visite pour deux jours dans le pays, au cours desquels il va rencontrer des responsables du gouvernement et des représentants des principales organisations de la société civile.

En 2013, le nombre estimé de personnes vivant avec le VIH en Thaïlande était d'environ 460 000, soit une baisse de 33 % depuis 2000. Il y a eu 8 256 nouvelles infections à VIH en 2013, soit une baisse de 71 % depuis 2000, et près de 21 000 personnes sont mortes de causes liées au sida, soit une baisse de 62 % depuis 2000.

Feature Story

Le Myanmar confirme la hausse du financement national de la lutte contre le VIH de 5 millions de dollars

17 octobre 2014

Than Aung, Ministre de la Santé du Myanmar, a confirmé que le financement national du traitement anti-VIH serait augmenté de 5 millions de dollars, à l'occasion d'un entretien avec J.V.R. Prasada Rao, Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le sida dans la région Asie-Pacifique. M. Rao est arrivé au Myanmar le 17 octobre pour une visite de cinq jours, durant laquelle il s'est penché sur l'appui aux efforts du pays pour élargir rapidement et efficacement son programme de lutte contre le sida.

En 2013, on a comptabilisé au Myanmar 190 000 personnes vivant avec le VIH et 6 700 nouvelles infections à VIH. Plus de 65 000 personnes ont reçu un traitement anti-VIH en 2013 et le Ministère de la Santé estime que le nouveau financement permettra à 40 000 personnes de plus vivant avec le VIH d'accéder aux médicaments antirétroviraux, augmentant ainsi la couverture nationale du traitement anti-VIH à 85 %. Le Ministre de la Santé a demandé à ses services de travailler avec l'ONUSIDA afin de déterminer le coût nécessaire pour atteindre une couverture de 100 %.

M. Rao a salué l'engagement du Myanmar dans la riposte au VIH et déclaré : « Le gouvernement fait preuve d'un leadership remarquable dans sa riposte nationale au sida et je demande aux dirigeants du pays de déployer un soutien fort en faveur de l'objectif de mettre fin au sida d'ici 2030. Cet objectif doit faire partie des objectifs de développement durable en matière de santé, que les pays adopteront en 2015 ».

Le Ministre de la Santé a également promis 1 million de dollars supplémentaire pour élargir le traitement substitutif aux opiacés à 10 000 personnes de plus d'ici fin 2016. Les études montrent que les programmes de réduction des risques tels que les programmes d'échange d'aiguilles et de traitement substitutif aux opiacés sont efficaces pour limiter la propagation du VIH.

Au Myanmar, les populations les plus vulnérables, notamment les consommateurs de drogues injectables, les professionnel(le)s du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles, sont plus exposées au risque d'infection à VIH. M. Rao a invité le gouvernement à modifier les politiques qui violent les droits humains de ces populations et félicité le pays pour son projet de loi sur la propriété intellectuelle qui va permettre de préserver l'accès à des médicaments abordables.

Lors de son séjour, M. Rao a rencontré d'autres dirigeants de haut rang, notamment le Procureur général Tun Shin, le Vice-ministre de l'Intérieur Kyaw Kyaw Htun et le Vice-ministre des Affaires étrangères Thant Kyaw. Il a également rencontré Aung San Suu Kyi, Présidente de la Ligue nationale pour la démocratie et membre du Parlement, qui a fait part de son soutien aux efforts de réforme des lois et des politiques.

M. Rao s'est aussi entretenu avec des représentants de la société civile issus des populations les plus touchées dans le cadre d'une participation à une table ronde sur les objectifs de développement durable et le VIH.

Region/country

Feature Story

Malgré des progrès dans la lutte contre la tuberculose liée au VIH, il faut aller plus vite, selon un rapport de l'OMS

22 octobre 2014

Un nouveau rapport sur la tuberculose, publié le 22 octobre par l'Organisation mondiale de la Santé, montre que 9 millions de personnes ont développé la tuberculose en 2013, et que 1,5 million en sont mortes, dont 360 000 personnes qui vivaient avec le VIH.

Le Rapport 2014 sur la lutte contre la tuberculose souligne que, bien que le nombre de décès dus à la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH ait chuté depuis près de dix ans, passant de 540 000 en 2004 à 360 000 en 2013, le dépistage précoce, le traitement antirétroviral, le traitement préventif et d'autres mesures clés doivent être étendus davantage.

Selon l'OMS, l'une des clés pour la réduction du nombre de décès dus à une tuberculose liée au VIH est le dépistage précoce des cas grâce à la conduite d'un dépistage du VIH chez tous les patients atteints de tuberculose et un dépistage de routine de la tuberculose chez les personnes qui suivent un traitement contre le VIH. En 2013, 48 % des patients atteints de tuberculose pouvaient présenter un résultat de dépistage du VIH et seulement la moitié des co-infections VIH/tuberculose estimées étaient identifiées. Depuis 2012, l'OMS recommande un traitement antirétroviral pour tous les patients atteints de tuberculose testés positifs au VIH durant les 8 premières semaines du traitement anti-tuberculeux (et dans les 2 premières semaines de traitement anti-tuberculeux pour les patients atteints de tuberculose et présentant une immunodépression grave). Entre 2012 et 2013, la couverture du traitement anti-VIH chez les patients tuberculeux répertoriés a augmenté de façon encourageante de 60 à 70 %, mais ce chiffre représente toujours moins d'un tiers du nombre estimé de personnes vivant à la fois avec la tuberculose et le VIH.

Selon le rapport, le recours au traitement préventif par isoniazide, qui évite aux personnes vivant avec le VIH de développer une tuberculose active, augmente lentement. Cependant, si la fourniture d'un tel traitement s'étend en Afrique, seulement 21 % des pays dans le monde et 14 sur les 41 pays présentant la plus forte prévalence tuberculose/VIH ont fait part de la fourniture d'un traitement préventif par isoniazide aux personnes séropositives au VIH en 2013.

La mise en œuvre des actions conjointes de lutte contre la tuberculose et le VIH n'a pas évolué de manière uniforme entre les pays. Le rapport souligne qu'un nouvel élargissement des actions conjointes de lutte contre la tuberculose et le VIH pourrait être facilité par des programmes conjoints de lutte contre la tuberculose et le VIH, qui permettraient de surmonter les contraintes, de promouvoir les synergies et d'obtenir des gains d'efficacité, notamment entre les programmes de lutte contre la tuberculose et le VIH.

Les recommandations de l'OMS sur les activités nécessaires pour prévenir la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH et réduire l'impact de la co-infection par le VIH chez les patients atteints de tuberculose et séropositives au VIH sont disponibles depuis 2004. Elles comprennent la mise en place et le renforcement de mécanismes de coordination pour la fourniture de services intégrés de lutte contre la tuberculose et le VIH ; le dépistage du VIH pour tous les patients présentant une tuberculose présumée ou diagnostiquée ; la fourniture d'un traitement antirétroviral et d'un traitement préventif au co-trimoxazole à tous les patients tuberculeux et séropositifs au VIH ; la fourniture de services de prévention du VIH aux patients tuberculeux ; l'intensification du dépistage de la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH ; la fourniture d'un traitement préventif par isoniazide aux personnes vivant avec le VIH qui ne présentent pas de tuberculose active ; et la prévention de la transmission de la tuberculose au sein des structures de soins et dans les lieux de vie en collectivité.

Le rapport conclut que malgré des progrès encourageants, atteindre l'objectif mondial d'une réduction de moitié des décès dus à la tuberculose liée au VIH ne sera pas possible si les pays n'intensifient pas les actions conjointes de lutte contre le VIH et la tuberculose.

 

Feature Story

Sud-Soudan : renforcer la sensibilisation au VIH auprès des populations déplacées

08 septembre 2014

Anywur Mayan a effectué son premier test de dépistage du VIH il y a deux ans. Un professionnel de santé s'était rendu chez elle, dans son État du Jonglei, et lui avait brièvement expliqué qu'il était là pour dépister un virus. Il lui avait piqué le doigt et pris un peu de sang. Quelques minutes plus tard, il lui avait dit que le test était négatif et s'en était allé.

Elle n'avait jamais vraiment appris ce qu'était le VIH ni ses modes de transmission jusqu'à début juin cette année, après avoir quitté son foyer dans le Jonglei pour échapper aux combats. Elle s'est établie à des centaines de kilomètres de là, à Nimule, une ville située à la frontière avec l'Ouganda, plus sûre mais avec une prévalence plus forte du VIH.

« Là-bas, il n'y a plus rien », raconte Anywur, en pointant dans la direction du Jonglei. « Nos maisons, nos biens, tout a été détruit ».

Les combats ont éclaté mi-décembre dans la capitale du Sud-Soudan, Djouba, et se sont rapidement propagés sur près de la moitié du territoire. Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires estime que des dizaines de milliers de personnes ont été tuées et que plus de 1,7 million ont fui leurs foyers depuis décembre 2013, soit environ 1,3 million de personnes déplacées à l'intérieur du pays et 448 000 ayant trouvé refuge dans les pays voisins.

Renforcer la sensibilisation

Accompagnée de son mari et de son jeune fils, Anywur est partie en janvier pour Nimule, où la prévalence du VIH, estimée à 4,4 % selon le Rapport 2012 de surveillance clinique anténatale, est bien supérieure à la moyenne nationale de 2,6 %.

À Nimule, nouveau foyer d'Anywur, il existe plusieurs organisations locales qui ont pour mission de renforcer la sensibilisation au VIH. Elle raconte qu'elle a seulement découvert ce qu'était le VIH lorsqu'une équipe d'éducateurs communautaires a réalisé une présentation détaillée du virus, avec l'aide de supports d'information, d'éducation et de communication créés par la Commission sud-soudanaise sur le sida et l'ONUSIDA.

« Là d'où nous venons, ce genre d'éducation n'existe pas », explique-t-elle.

Cependant, les activistes locaux et les professionnels de santé déclarent qu'ils doivent encore atteindre des milliers de personnes mais qu'ils n'ont pas assez de ressources pour le faire. Dans le même temps, les nouveaux arrivants ajoutent une couche de complexité au travail qu'ils effectuent déjà au sein de la communauté.

Services anti-VIH

La grande route qui relie Djouba à l'Ouganda et au reste de l'Afrique de l'Est passe par Nimule, qui abrite le poste-frontière le plus actif du pays. Des camions surchargés traversent la ville cahin-caha à toute heure, transportant des fruits et des légumes, des matelas et tout ce qui peut se vendre sur les marchés de Djouba.

Comme beaucoup de villes frontalières, Nimule a sa part de professionnel(le)s du sexe et leurs clients, en particulier des routiers au long cours. Selon le Rapport d'activité sur la riposte au sida dans le monde pour 2013, au Sud-Soudan, 62,5 % de toutes les nouvelles infections à VIH chez les adultes survenues dans le pays l'an dernier proviennent du commerce du sexe, la majorité étant des clients de professionnelles du sexe.

Patrick Zema, responsable du dépistage et des conseils sur le VIH à l'hôpital de Nimule, explique qu'avant que les combats n'éclatent, ils étaient en train de faire des progrès significatifs dans le renforcement de la sensibilisation au virus, la réduction de la stigmatisation et la liaison entre les populations et les services. L'hôpital compte actuellement 1 300 patients sous traitement antirétroviral.

Mais aujourd'hui ils doivent tout recommencer avec les personnes déplacées. « Ils arrivent et ils ont peur de faire le test », explique Pascalina Idreangwa Enerko, Présidente du Groupe local Cece d'appui aux personnes vivant avec le VIH, qui attribue ce comportement à une combinaison entre manque de connaissances sur le virus et stigmatisation en cas de diagnostic positif au VIH. « Ils finissent par venir grâce à l'éducation dispensée en matière de santé. Il est important qu'ils connaissent leur état sérologique ».

Depuis le mois d'avril, Cece s'est associé à deux organisations communautaires, Humans Must Access Essentials (HUMAES) et Caritas Torit, pour mener des campagnes de sensibilisation itinérantes quasi quotidiennes au sein de la communauté de ces personnes déplacées venues de très loin.

Ces activistes communautaires commencent par une présentation d'une heure sur la sensibilisation et la prévention du VIH. Ils encouragent ensuite les gens à se rendre sur différents stands, notamment un endroit pour les consultations pédiatriques, un lieu de distribution de médicaments gratuits et un centre de dépistage du VIH.

Reena’e Awuor Ondiek, conseillère VIH chez Caritas Torit, raconte que son stand n'avait pas beaucoup de succès lorsqu'ils ont commencé en février, mais elle a noté un changement dans l'attitude des gens après des visites répétées auprès des mêmes communautés.

Le programme a aussi permis d'aborder l'un des autres problèmes majeurs nés de cette crise. « Le conflit déplace les personnes d'un lieu à un autre et interrompt le suivi », explique Habib Daffalla Awongo, Directeur général de la coordination du programme de la Commission sud-soudanaise sur le sida. « Certains patients se sont perdus au milieu des populations locales ». Lors de ses visites au sein des communautés, une équipe de Caritas a déjà localisé des personnes qui avaient arrêté leur traitement en fuyant les combats et les a remis sous traitement antirétroviral.

L'équipe est toujours confrontée à des problèmes, le plus critique étant le manque d'argent. Ils n'ont pas les moyens de louer les véhicules dont ils ont besoin pour aller voir les milliers de personnes déplacées qui campent à l'extérieur de Nimule et qui n'ont quasiment pas accès aux services anti-VIH.

En revanche, Ondiek explique que ce qui ne manque pas, ce sont des personnes comme Anywur qui ont besoin de leurs services au sein des communautés qu'ils peuvent atteindre.

Region/country

Feature Story

Un spectacle géant sur l'agriculture en Zambie innove avec les efforts de prévention du VIH

06 août 2014

Parmi les bovins, les hélicoptères et les orchestres, le 88e Salon de l'agriculture et du commerce de Zambie était à la hauteur de son thème pour 2014 : « Une expérience inédite » avec une exposition animée sur la prévention du VIH.

Le salon commercial a servi de scène pour l'ONUSIDA et ses partenaires afin d'atteindre les jeunes avec des informations et des services visant à prévenir les infections sexuellement transmissibles et le VIH.

Chaque jour, plus de 80 000 jeunes ont participé au salon commercial qui s'est tenue à Lusaka du 30 juillet au 4 août 2014.

Le bureau de l'ONUSIDA en Zambie a réuni des orchestres populaires et les fournisseurs de services pour que les jeunes puissent obtenir des informations sur la santé et les services de la reproduction sexuelle d'une manière respectueuse de l'adolescent.

Des orchestres de Lusaka et des provinces de tout le pays ont attiré de grandes foules avec beaucoup de divertissement et des spectacles énergétiques. Des musiciens jouant au Band Strand, le stade le plus populaire chez les jeunes, ont diffusé des messages de prévention Ils ont également fait la promotion de la responsabilité individuelle pour se protéger eux-mêmes et leurs partenaires.

« Le succès de notre initiative conjointe souligne que lorsque les jeunes peuvent agir immédiatement sur les messages qu'ils entendent et les services d'accès, ils sont plus que disposés à le faire », a déclaré Helen Frary, directeur de l'ONUSIDA pour la Zambie. « La fourniture de ces services dans un environnement auquel ils s'identifient peut aller loin dans l'arrêt de la stigmatisation ».

Des services de conseil et de dépistage volontaires ainsi que des préservatifs masculins et féminins étaient disponibles près de la scène. Dirigée par le Fonds des Nations Unies pour la Population, la campagne « Condomize! » a attiré l'attention sur le fait que le faible taux d'utilisation du préservatif est l'une des raisons expliquant les infections à VIH en Zambie. Plus de 120 000 préservatifs ont été distribués gratuitement avec l'appui de l'ONUSIDA.

« Il est rafraîchissant de voir des jeunes prendre des préservatifs sans crainte ou méfiance », a déclaré Clémentine Mumba de la campagne Condomize!.

Plus de 1 096 personnes ont bénéficié de conseils et de dépistage par la Society for Family Health (Association pour la santé des familles) et la Communauté du programme de mobilisation anti-VIH/sida. Le nombre de personnes qui ont accepté les conseils et les dépistages ont dépassé les attentes, avec des fournisseurs à court de kits de dépistage vers le dernier jour de l'événement.

Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance a demandé à des adolescents et à des jeunes présents à l'événement de se joindre à sa plateforme SMS Zambia U-Report et d'interagir avec les conseillers par le biais de messages sur les questions liées à la santé sexuelle et le VIH. Les nouveaux membres ont dépassé le chiffre de 2 200.

Region/country

Feature Story

Améliorer l'accès aux transferts de fonds pour la prévention du VIH chez les adolescentes et les jeunes femmes

18 août 2014

Une étudiante de 19 ans à l'université en Afrique du Sud, Noxolo Myeketsi, a commencé à recevoir une subvention d'aide sociale en 2005. Faisant partie d'un programme géré par l'Etat pour aider les ménages pauvres, les transferts de fonds lui ont permis de rester à l'école et sa grand-mère a pu acheter de la nourriture et payer leurs factures.

La subvention a amélioré la vie de Noxolo. D'autres filles ont fini par avoir des rapports sexuels, souvent avec des hommes plus âgés, en échange des besoins de base, et se sont potentiellement exposées aux infections sexuellement transmissibles et au VIH.

« Je crois que sans l'aide de subventions, je n'aurais pas été en mesure de prendre des décisions saines dans ma vie. J'aurais peut-être fini par être la maîtresse d'un homme riche, comme d'autres de ma région, ou j'aurai pu contracter le VIH », a déclaré Noxolo.

Les régimes de protection sociale, y compris des incitations financières, peuvent faire la différence de différentes manières. La Banque mondiale note que, globalement, il existe des preuves intangibles que les transferts monétaires améliorent l'éducation, la santé et un revenu à vie des bénéficiaires. 

« Les programmes de transferts en espèces fonctionnent pour la prévention du VIH ainsi que pour bien d'autres aspects du développement humain, et ils sont évolutifs, » a déclaré David Wilson, directeur du programme mondial sur le VIH/sida de la Banque mondiale.

Des études menées en Afrique du Sud montrent que de petites subventions en espèces destinées aux ménages pauvres permettent aux adolescentes de faire des choix sexuels plus sûrs et peuvent réduire de manière significative le nombre de nouvelles infections au VIH. Lorsque les soins psychosociaux et de soutien sont ajoutés à l'argent, les résultats pour les filles sont encore meilleurs.

Lors de la réunion du Conseil de coordination du Programme, organe directeur de l'ONUSIDA (CCP) qui s'est tenue à Genève en juillet, une session thématique a été organisée sur le traitement des facteurs économiques sociaux du VIH par le biais de la protection sociale, à laquelle Noxolo a parlé de l'impact positif que les subventions peuvent engendrer.

Faisant suite à la réunion du CCP, l'ONUSIDA ainsi que la Banque mondiale se sont engagés à aider les gouvernements dans le processus de l'élargissement des programmes de protection sociale, y compris les transferts de liquidités, pour la prévention du VIH en Afrique orientale et australe, couvrant le Botswana, le Kenya, le Lesotho, le Malawi, l'Afrique du Sud, le Swaziland, la République-Unie de Tanzanie et la Zambie.

« Il est approprié que l'Afrique du Sud soit le centre de l'initiative parce que le pays représente 23% des nouvelles infections à VIH en Afrique sub-saharienne, 18% de la charge mondiale du VIH et a l'un des plus grands programmes de protection sociale au monde », a déclaré Benjamin Ali, directeur de l'ONUSIDA pour l'Afrique du Sud.

Les pays et les partenaires seront invités à collaborer à un examen complet des systèmes de protection sociale. Les propositions visant à adapter ces systèmes au VIH comprennent la modification des tranches d'âge et d'autres critères d'inclusion pour assurer que les groupes les plus touchés et à risque d'infection à VIH soient couverts en fournissant de l'argent directement aux filles et aux jeunes femmes et lier les incitations en espèces à leur adhésion à la prévention du VIH et aux programmes de traitement.

Region/country

Feature Story

La société civile fournit des services essentiels aux Comores

30 juillet 2014

Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, a récemment visité un centre de Moroni qui fournit principalement des soins prénatals pour les femmes enceintes et la prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant. Il est géré par l'Association comorienne pour le bien-être familial (ASCOBEF), une organisation non gouvernementale.

Au centre, les femmes ont accès aux services de santé en début de grossesse et se voient proposer un test de dépistage du VIH de sorte que, si elles en ont besoin, elles peuvent obtenir un traitement pour elles-mêmes et les soins postnatals appropriés pour leurs enfants. Le travail fait par ASCOBEF au centre souligne le rôle essentiel que joue la société civile en soutenant le gouvernement des Comores dans sa riposte au VIH.

Lors de sa visite, M. Sidibé a eu l'occasion de rencontrer des membres de la société civile dont leurs organisations mettent en place des services de consultation et de dépistage du VIH, de sensibilisation et de mobilisation communautaire. Ils ont discuté de leurs activités et des défis auxquels ils font face dans la prestation de soins complets pour les personnes vivant avec le VIH, y compris le soutien limité qu'ils obtiennent d'autres secteurs.

« Nous ne devons pas tolérer le rétrécissement de l'espace démocratique des acteurs non gouvernementaux. Le rôle de la société civile est essentiel », a déclaré M. Sidibé.

M. Sidibé a rappelé le rôle important de la société civile dans la promotion d'une approche des droits de l'homme, en particulier dans le contexte de l'agenda de développement post-2015, des droits et de l'action des sexes qui est nécessaire pour assurer que personne ne soit laissé pour compte.

Region/country

Feature Story

Les pays accélèrent le tempo

23 juillet 2014

Lors de la Conférence internationale sur le sida 2014 à Melbourne, en Australie, l'une des questions posées a été la suivante : « Vers où le monde doit-il concentrer son attention dans la riposte au sida ? ».

Dans le récent rapport intitulé Rapport sur les écarts, l'ONUSIDA souligne l'importance de la localisation et de la population. Le rapport montre que 15 pays représentent plus de 75 % des 2,1 millions de nouvelles infections à VIH survenues en 2013. Ces pays (Brésil, Cameroun, Chine, Inde, Indonésie, Kenya, Mozambique, Nigéria, Russie, Afrique du Sud, Ouganda, Tanzanie, États-Unis, Zambie et Zimbabwe) peuvent tous avoir un impact positif en élargissant les services anti-VIH là où ils sont le plus nécessaires pour réduire les nouvelles infections à VIH.

C'est l'un des points abordés par le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, lors de sa rencontre dans le cadre de la conférence avec Nafsiah Mboi, Ministre de la Santé d'Indonésie, qui œuvre pour accroître l'accès au dépistage du VIH et au traitement précoce.

« Je sais que l'Indonésie peut rapidement changer de trajectoire », a déclaré M. Sidibé. « Le gouvernement s'y est engagé et dispose de la capacité pour accélérer l'élargissement, et je pense que nous en verrons bientôt les résultats ».

Les pays sont souvent confrontés à des épidémies multiples et il est donc d'autant plus urgent de cibler les niveaux des municipalités et des districts pour atteindre effectivement les personnes actuellement laissées de côté.

« Les pays qui supportent le plus grand poids doivent faire d'immenses efforts pour mettre fin à l'épidémie de sida et fournir les services à toutes les personnes concernées, dans chaque localité, au sein de chaque population », a expliqué M. Sidibé.

Les populations les plus exposées au risque d'infection à VIH sont souvent difficiles à atteindre. L'Inde soutient des investissements auprès des populations les plus touchées depuis plus de dix ans et en a étendu la portée dans plus d'un millier de localités du pays. En Russie, malgré des preuves scientifiques évidentes de l'impact des services de réduction des risques, très peu de consommateurs de drogues ont accès au traitement substitutif aux opiacés et aux programmes aiguilles et seringues.

Le Brésil, pays pionnier de la riposte au sida, a récemment connu une augmentation des infections à VIH chez les jeunes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Les autorités sanitaires et les groupes de la société civile du Brésil étudient de nouveaux moyens innovants pour fournir des informations et des traitements vitaux à une nouvelle génération de jeunes hommes qui ne savent peut-être pas qu'ils sont exposés à un plus fort risque d'infection.

Au Mozambique, une nouvelle analyse des données montre que les districts ayant la plus forte densité de personnes vivant avec le VIH se situent le long des corridors de transport et dans les ports maritimes importants des régions centrales et méridionales du pays. Ce dernier commence désormais à étendre l'accès aux services anti-VIH dans ces zones.

Au Nigéria, une analyse similaire a conduit à cibler 13 États, notamment le territoire de la capitale fédérale, qui inclut Abuja, pour l'intensification de l'élargissement. L'Afrique du Sud, le pays qui compte le plus grand nombre de personnes vivant avec le VIH, a réalisé des progrès significatifs dans la lutte contre la propagation de l'épidémie de sida. Une campagne nationale de dépistage du VIH, couplée à un engagement intense de la société civile, a permis à plus de 2,5 millions de personnes d'accéder à un traitement antirétroviral.

« C'est la raison pour laquelle l'échange des idées est si important », a déclaré M. Sidibé. « Quand nous pouvons partager des données et les meilleures pratiques, nous pouvons combler les fossés dans les programmes ».

S'abonner à Feature Story