Men who have sex with men

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Salvador: un décret ministériel pour faire reculer l'homophobie dans les services de santé

03 avril 2009

20090403_Ministro_200 Dr. Guillermo Maza, Minister of Health of El Salvador signing the ministerial decree on 5th May 2009.

Le Ministère de la Santé Publique et de l'Aide Sociale du Salvador a approuvé, dans le cadre de son plan national de prévention du VIH, un ensemble d'actions visant à faire reculer l'homophobie et toute forme de discrimination fondée sur l'orientation sexuelle dans les services de santé.

Dans son rapport d'activité de 2008, le Salvador considérait les violations des droits de l'homme comme un obstacle majeur à une riposte efficace à l'épidémie de sida. Le décret ministériel signé le 5 mai 2009 par le Ministre de la Santé, le Dr Guillermo Maza, garantit l'accès aux services de santé et le respect des droits humains pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transsexuelles, les travestis et les lesbiennes.

L'ordre ministériel stipule que tous les services de santé publique, hôpitaux, cliniques, etc. ainsi que le personnel de ces services, doivent faciliter, promouvoir et soutenir les actions visant à éradiquer toute forme de discrimination fondée sur l'orientation sexuelle. Le décret demande également aux établissements de santé du pays de rendre compte des actions menées pour faire reculer l'homophobie et la discrimination.

Ce décret ministériel reflète le principe fondamental du respect des droits humains de l'ensemble des personnes souffrant de stigmatisation et de discrimination et réaffirme l'esprit de l'accès universel à la prévention, au traitement, à la prise en charge et à l'appui en matière de VIH, dans une optique fondée sur les droits de l'homme.

César Antonio Nuñez, Directeur de l'équipe d'appui de l'ONUSIDA pour l'Amérique latine

« Ce décret ministériel reflète le principe fondamental du respect des droits humains de l'ensemble des personnes souffrant de stigmatisation et de discrimination et réaffirme l'esprit de l'accès universel à la prévention, au traitement, à la prise en charge et à l'appui en matière de VIH, dans une optique fondée sur les droits de l'homme », a déclaré César Antonio Nuñez, Directeur de l'équipe d'appui de l'ONUSIDA pour l'Amérique latine.

Le décret encourage également les agences de coopération multilatérale et les institutions financières internationales à financer et à soutenir sur le plan technique des actions de lutte contre la discrimination.

Au-delà de la douleur causée aux individus par les comportements homophobes, le rejet toujours présent des relations entre personnes du même sexe nuisent aux efforts visant à ralentir la propagation du VIH en Amérique latine, où, d'après les rapports nationaux, les rapports sexuels entre hommes constituent le mode principal de transmission du VIH. La stigmatisation et l'homophobie renforcent l'isolement des personnes homosexuelles, bisexuelles ou transsexuelles, en dissuadant celles-ci de s'adresser aux services spécialisés dans le traitement, le dépistage ou les conseils en matière de VIH.

Avec la signature de ce décret ministériel, le Salvador renforce la volonté résolue du pays d'intensifier sérieusement les efforts entrepris pour traiter le problème de la stigmatisation et de la discrimination dans le milieu de la santé. Cela facilitera l'accès aux services liés au VIH pour les populations clés les plus exposées au risque de contamination.

D'après l'ONUSIDA, la prévalence du VIH parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) est de 17,8% au Salvador.

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Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA rencontre des membres du Gouvernement et de la société civile au Brésil

30 mars 2009

Director and health minister
UNAIDS Executive Director Michel Sidibé greets Minister of Health of Brazil, Mr José Gomes Temporão.
Credit: UNAIDS/M. Silva

La réunion prochaine du G20 à Londres, la crise financière mondiale et l'accès universel font partie des principaux sujets abordés par M. Michel Sidibé et ses interlocuteurs du Gouvernement brésilien, à l'occasion de la première visite de M. Sidibé au Brésil en tant que Directeur exécutif de l'ONUSIDA.

M. Sidibé a rencontré le Ministre des Affaires Etrangères, M. Celso Amorim, le Ministre de la Santé, M. José Gomes Temporão, le Ministre des Droits de l'Homme, M. Paulo Vanucchi, et la Ministre de la Condition Féminine, Mme Nilcéa Freire.

Une réunion a également eu lieu entre M. Sidibé et le Groupe parlementaire sur le VIH/sida, le Groupe citoyen LGBTT (lesbiennes, gays, personnes bisexuelles, transsexuelles et travesties) et la Commission des droits de l'homme. Le forum, qui s'est tenu au Congrès national dans la capitale Brasília, a été l'occasion d'un échange animé d'idées et de points de vue sur un ensemble de questions fondamentales liées aux efforts du Brésil dans les domaines de la riposte à l'épidémie de VIH et du traitement des droits de l'homme. Ces questions ont été également abordées lors des entretiens que M. Sidibé a pu avoir avec le Président du Congrès et le Président du Sénat.

La société civile fait part des problèmes et des obstacles rencontrés dans la riposte aux diverses épidémies

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UNAIDS Executive Director Michel Sidibé meets representatives of group Arco-Iris.
Photo: ONUSIDA/D. Ramalho

Les deux réunions distinctes avec des groupes de la société civile, qui se sont déroulées à Rio de Janeiro, ont fourni à M. Sidibé une vue d'ensemble des problèmes auxquels plusieurs populations affectées par le VIH doivent faire face, notamment les professionnel(le)s du sexe, les personnes transsexuelles, les adolescents homosexuels et les peuples indigènes de la région de l'Amazone.

Les dix représentants de l'Association brésilienne interdisciplinaire sur le sida (ABIA) ont informé M. Sidibé des difficultés à riposter aux multiples aspects des épidémies au Brésil.

La prévention du VIH a été présentée par plusieurs participants comme un problème à traiter d'urgence. Dans ce domaine, l'insuffisance des ressources permettant d'atteindre les groupes plus exposés au risque de contamination par le VIH est perçue comme le plus gros obstacle à la prévention des nouvelles infections.

Avec le Grupo Arco-Íris (Groupe arc-en-ciel), M. Sidibé a pu entendre les avis de plusieurs représentants de divers groupes LGBTT (lesbiennes, gays, personnes bisexuelles, transsexuelles et travesties). Ceux-ci ont exposé leurs inquiétudes et les problèmes auxquels les personnes LGBTT sont confrontées au Brésil.

Grupo Arco-Íris milite pour une modification de la loi par le sénat fédéral, afin que tout acte homophobe soit considéré comme une infraction criminelle. A ce jour, le groupe a recueilli la signature de plus 40 000 personnes soutenant cette modification de la loi. Le groupe a également lancé une campagne de prévention du VIH intitulée « entre garotos » (entre garçons) et destinée aux adolescents homosexuels âgés de 16 à 22 ans. Cette campagne prend la forme de publicités et d'affichages ciblés dans les cafés, les bars, les boîtes de nuit et autres lieux populaires auprès des jeunes hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.

M. Sidibé a promis son soutien à la communauté LGBTT et encouragé les membres de cette communauté à mobiliser et à mettre en commun les efforts qui permettront de réaliser l'accès universel aux services liés au VIH au Brésil.

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Coup de projecteur sur les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes

16 février 2009

Cet article a paru tout d’abord dans le programme officiel du 23ème Teddy Award

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23rd TEDDY Award, 59th Berlinale International Film Festival

Le film est un outil d'une valeur inestimable lorsqu'il s'agit de faire découvrir des cultures, des groupes ou des peuples différents. Ce support possède une longue histoire dans le traitement de sujets et de questions prêtant à controverse. Pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, le cinéma constitue une importante plate-forme, qui permet d'exposer les problèmes auxquels ceux-ci sont confrontés dans la société.

Entre la sortie de Macadam Cowboy en 1969 et les oeuvres de Rosa von Praunheim, l'acceptation sociale d'une reconnaissance des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et d'une ouverture d'esprit à leur égard a progressé. Plus récemment, des films majeurs réalisés à Hollywood comme Le secret de Brokeback Mountain (2006), ont attiré l'attention du public et renforcé ce sentiment d'une plus grande acceptation. Le sida et son impact sur cette communauté ont indubitablement fourni des intrigues profondes aux scénarios de plusieurs films réalisés ces vingt dernières années, en particulier du fait que cette population continue d'être la plus touchée par l'épidémie. Le film de référence Philadelphia (1993) a largement contribué à changer le regard du public sur le sida et sur les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, tout en éveillant un sentiment de compassion.

Presque trente ans après la découverte du sida, d'importants progrès ont été réalisés à l'échelle mondiale pour prévenir les nouvelles infections par le VIH et procurer des traitements antirétroviraux aux personnes qui en ont besoin. Il n'en demeure pas moins que les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes représentent toujours une part importante des personnes contaminées par le VIH, une augmentation du nombre des nouvelles infections dans cette population étant en outre constatée dans plusieurs pays.

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) travaille en étroite collaboration avec les communautés et les organisations d'hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, et favorise leur leadership et leur participation dans la riposte mondiale au sida. L'ONUSIDA agit comme un jeteur de ponts entre d'une part, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et leurs organisations, et d'autre part, les gouvernements et d'autres partenaires internationaux ou issus de la société civile. Le rôle de l'ONUSIDA est de garantir des engagements concernant la protection des droits humains des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et d'aider les pays à mettre en place des stratégies et des programmes permettant d'atteindre l'objectif de l'accès universel en matière de prévention, de traitement et de prise en charge du VIH.

Les obstacles dans la réponse aux besoins des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes en matière de santé sexuelle

La criminalisation qui sévit dans un certain nombre de pays est un obstacle important à la communication avec cette population : en effet, peu de ces hommes s'affichent au grand jour par peur d'être l'objet de stigmatisation ou de discrimination, voire de procédures judiciaires, ce qui a pour effet d'entraver les efforts visant à développer l'accès pour ces hommes et leurs partenaires à la prévention du VIH, aux traitements, ainsi qu'à un appui médico-social. Parmi les communautés liées aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes se trouvent des groupes encore plus stigmatisés comme les professionnels du sexe, les hommes vivant avec le VIH et les personnes transsexuelles, dont les besoins spécifiques requièrent tous une attention particulière.

Un rapport récent sur le VIH et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes en Europe orientale, dans les républiques du Caucase et en Asie centrale, a établi que ce groupe reste le moins bien compris des groupes les plus exposés au risque d'infection, et ce, malgré le fait que la plupart des cas de contamination dans la région aient été détectés dans cette population. Plusieurs raisons expliquent cet état de fait : la réticence de ces hommes à être identifiés comme tels (même dans un contexte médical), les poursuites pénales encourues pour des rapports homosexuels dans certains pays et, même en l'absence de sanctions pénales, la peur du rejet social et des violences physiques.

Dans une enquête réalisée en 2005 auprès d'hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes en Géorgie, un quart des hommes interrogés (25,7%) ont fait état d'exclusion sociale, de discrimination et même de violence de la part d'étrangers, de voisins, de membres de leurs familles ou d'amis, à cause de leur orientation sexuelle. L'enquête a révélé que 10% des hommes interrogés avaient été confrontés à des violences physiques, dont des cas de passages à tabac et deux cas de viols ; d'autres ont affirmé avoir été victimes de rejet social ou de licenciements injustifiés.

Les conséquences de la violence à l'encontre des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ont motivé les mesures prises en Amérique latine, où le Brésil et le Mexique arrivent en tête pour le nombre d'incidents rapportés. Cela dit, il est possible que ce classement soit le résultat d'un meilleur compte-rendu de la situation par des groupes de défense des droits dans ces deux pays, par rapport aux autres pays du continent.

L'ONUSIDA encourage les états à « connaître leur épidémie » et à comprendre comment celle-ci affecte les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Grâce à ces informations, les gouvernements doivent non seulement investir des moyens dans la prévention, les traitements et la prise en charge du VIH pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes – par des programmes adaptés aux besoins de santé de cette population – mais aussi traiter les problèmes de la discrimination et de la violence, ainsi que les autres obstacles à un accès aux services appropriés.

L'épidémie dans la population des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes

Durant les 28 années qui se sont écoulées depuis l'identification chez cinq hommes gays aux Etats-Unis d'un schéma pathologique inhabituel qu'on appellera plus tard le sida, l'épidémie a causé la mort de plus de 25 millions de personnes dans le monde.

Les rapports sexuels entre hommes existent dans toutes les cultures et dans toutes les sociétés – même si la reconnaissance de cette réalité varie selon les endroits – et on estime que les contaminations causées par ces rapports représentent entre 5% et 10% de l'ensemble des infections par le VIH. Il s'agit du mode principal de transmission du VIH dans les pays à revenus élevés. En Europe occidentale, la population des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes reste la plus exposée au risque d'infection. Pourtant, dans les pays communiquant des données sur l'accès aux services de prise en charge du VIH ventilées par groupe de population, il ressort que seuls 40% des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ont accès aux services de prévention et de soins dont ils ont besoin.

Tendances régionales

Les rapports sexuels entre hommes sont le mode principal de contamination par le VIH dans presque tous les pays d'Amérique latine, aux Etats-Unis, au Canada et dans certains pays d'Europe occidentale.

En Amérique du Nord, les rapports sexuels non protégés entre hommes représentaient 40% des nouveaux diagnostics d'infection par le VIH au Canada en 2006, et 53% aux Etats-Unis en 2005. Le nombre des nouveaux diagnostics d'infection attribués à des rapports sexuels non protégés entre hommes a aussi fortement augmenté ces dernières années en Europe occidentale. En Allemagne, par exemple, le nombre des nouveaux diagnostics d'infection par le VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes a augmenté de 96% entre 2002 et 2006.

L'urgence de la situation en Amérique latine est soulignée dans des rapports officiels sur l'état de l'épidémie de VIH en Colombie, en Equateur, en Bolivie et au Pérou, où il est admis que les rapports sexuels entre hommes constituent la source principale des nouvelles contaminations.

L'urgence de la situation en Amérique latine est soulignée dans des rapports officiels sur l'état de l'épidémie de VIH en Colombie, en Equateur, en Bolivie et au Pérou, où il est admis que les rapports sexuels entre hommes constituent la source principale des nouvelles contaminations.

En Asie, les rapports sexuels non protégés entre hommes sont un facteur important, mais insuffisamment étudié, des épidémies de VIH de la région. A Bangkok, la prévalence du VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes est passée de 17% en 2003 à 28% en 2005. Les professionnels du sexe sont particulièrement exposés au risque d'infection.

En Afrique, plusieurs études récentes suggèrent la nécessité d'une évaluation plus précise de la situation, afin de mieux comprendre la transmission du VIH dans cette population. Ces études estiment également, malgré le manque de données sur la question, que la part des infections liées à des rapports sexuels entre hommes pourrait être supérieure aux chiffres avancés jusque là.

Préparer l'avenir

L'expérience a montré que les actions efficaces contre le VIH sont les actions fondées sur le respect des droits de l'homme et sur un accès libre à la prévention, aux traitements et à la prise en charge du VIH. L'ONUSIDA soutient les initiatives visant à amender les lois qui interdisent certains actes sexuels entre adultes consentants, à faire respecter la législation contre les discriminations, à fournir des services d'assistance juridique et à promouvoir des campagnes de sensibilisation au problème de l'homophobie.  Ces mesures de protection, ainsi que l'accès universel à la prévention, aux traitements et la prise en charge du VIH pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, contribueront à inverser l'évolution de l'épidémie dans de nombreuses régions du monde.

Les lois, les pratiques en matière d'application de la législation, la stigmatisation et la discrimination sont des problèmes auxquels il faut s'atteler dans le cadre des ripostes nationales au sida ; tous ces points renforcent la vulnérabilité au VIH de ces hommes qui sont exclus ou qui, par peur, s'excluent eux-mêmes des programmes et des services de santé sexuelle. Les communautés gays, lesbiennes, bisexuelles et transsexuelles doivent disposer des moyens – elle en ont le droit – leur permettant de participer sur un pied d'égalité à la vie sociale et politique de leurs pays. Ces communautés, qui, dès l'apparition de l'épidémie, ont été aux avant-postes de la riposte au sida, sont aujourd'hui des partenaires clés du mouvement pour l'accès universel à la prévention, aux traitements et à la prise en charge du VIH.

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L’ONUSIDA et TEDDY Award s’associent pour accroître la sensibilisation au VIH à l’occasion de la 23ème édition de la manifestation

16 février 2009

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Le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, M. Michel Sidibé, s’adresse au public de la 23ème édition de la cérémonie des TEDDY Awards le 13 février 2009 à Berlin. Photo : B. Dummer

Le 13 février, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, M. Michel Sidibé, s’est adressé au public de la 23ème édition du TEDDY Award à Berlin, avec un message fort : l’accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l’appui dans le domaine du VIH doit être à la portée de toutes les personnes qui en ont besoin – notamment les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et d’autres populations parmi les plus exposées au risque d’infection par le VIH.

L’ONUSIDA s’est associé aux organisateurs du TEDDY Award pour axer le thème de cette année sur l’homophobie, les droits humains et le sida.

Le TEDDY Award représente l’un des prix cinématographiques décernés depuis le plus longtemps (il remonte à 1987) et l’un des plus respectés par la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre (LGBT). Il a lieu dans le cadre du Festival international du film de Berlin, appelé communément la Berlinale, qui s’est achevé le 15 février.

Au début de la cérémonie de la soirée, M. Sidibé a engagé une conversation animée avec Dirk Ludigs, un célèbre journaliste et auteur allemand, et évoqué le travail de l’ONUSIDA et de ses partenaires dans la lutte contre l’épidémie mondiale de sida.

M. Sidibé a souligné que les pays peuvent et doivent promouvoir activement la tolérance et l’inclusion, ainsi que s’opposer à l’homophobie et à la violence sexospécifique.

Sur la question des violations des droits de l’homme à l’encontre des minorités sexuelles, M. Sidibé a rappelé que les lois qui criminalisent les rapports sexuels entre hommes repoussent l’épidémie de VIH dans la clandestinité, accroissant ainsi l’isolement des gays, des bisexuel(le)s et des transsexuel(le)s, ce qui fait qu’ils sont plus réticents à se présenter pour accéder aux services liés au VIH.

Actuellement, 84 pays du monde sont dotés d’une législation qui interdit les rapports sexuels avec des personnes du même sexe. Dans la Déclaration politique sur le VIH/sida de 2006, les gouvernements se sont engagés à faire tomber ces barrières juridiques et à passer des lois pour protéger les populations vulnérables. Les pays qui ont des lois antidiscriminatoires vis-à-vis des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, des consommateurs de drogues injectables et des professionnel(le)s du sexe ont réalisé des taux plus élevés de couverture des activités de prévention du VIH.

Les messages de M. Sidibé étaient pertinents, étant donné que nombre de films qui ont pour thème les LGBT lors de la Berlinale de cette année étaient axés sur la stigmatisation et la discrimination, les répercussions du sida ainsi que d’autres défis auxquels sont confrontés les LGBT au sein de la société.

M. Sidibé a déclaré que l’ONUSIDA continuerait de placer les droits de l’homme au cœur de son agenda, et de protéger et de soutenir les droits de la communauté des LGBT.

Parmi les autres invités du TEDDY Award de cette année figuraient notamment le maire de Berlin, M. Klaus Wowereit, l’ambassadrice du Mali en Allemagne, Mme Fatoumata Sire Diakite, l’actrice britannique Tilda Swinton, l’acteur américain Joe Dallesandro, le Dr Gottfried Langenstein, président d’ARTE, la chaîne publique franco-allemande, et plusieurs personnalités politiques allemandes. L’hôtesse de la cérémonie était Annette Gerlach, responsable de la culture sur ARTE.

En plus de la cérémonie de remise du TEDDY Award, M. Sidibé a rencontré la ministre allemande de la Santé, Mme Ulla Schmidt, la ministre de la Coopération économique et du Développement, Mme Heidemarie Wieczorek-Zeul, plusieurs délégués du Parlement fédéral allemand, et des représentants de l’aide berlinoise contre le sida (Berliner AIDS-Hilfe) et de l’aide allemande contre le sida (Deutsche AIDS-Hilfe), deux ONG engagées dans le plaidoyer et les politiques contre le sida respectivement à Berlin et en Allemagne.

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L’épidémie cachée de VIH chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes en Europe orientale et en Asie centrale

26 janvier 2009

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pour les experts de la santé et les activistes, il ne fait aucun doute que les chiffres officiels sous-estiment considérablement le nombre de HSH vivant avec le VIH ainsi que ceux qui contractent une nouvelle infection en Ukraine et dans le reste de la Région. Photo: ONUSIDA/S.Dragborg

Si l’on en juge par les statistiques officielles, les cas d’infection à VIH chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes (HSH) en Ukraine, ainsi que dans bien des pays d’Europe orientale et d’Asie centrale, sont si rares qu’ils ne semblent guère préoccupants.

« Pas de statistiques, pas de problème, » déclare Zoryan Kis du Réseau ukrainien des personnes vivant avec le VIH. « Le fait que les chiffres officiels soient si bas constitue une menace pour notre travail car nous savons bien que l’épidémie existe mais elle est cachée. »

Mais pour les experts de la santé et les activistes, il ne fait aucun doute que les chiffres officiels sous-estiment considérablement le nombre de HSH vivant avec le VIH ainsi que ceux qui contractent une nouvelle infection en Ukraine et dans le reste de la Région.

Au cours des 20 ans écoulés depuis l’apparition du premier cas d’infection à VIH en Ukraine, seuls 158 HSH vivant avec le VIH ont été officiellement enregistrés dans un pays qui compte une population totale de quelque 46 millions d’habitants.

Selon le rapport du pays à l’UNGASS en 2007, l’Ukraine connaît la plus grave épidémie de VIH en Europe, avec une estimation d’un peu plus de 1,6 % de personnes vivant avec le VIH. En 2007, on a notifié 17 687 nouvelles infections à VIH, une augmentation de 10% par rapport à 2006. Sur ce chiffre, le nombre officiel de nouveaux cas parmi les HSH n’était que de 48.

Les activistes affirment qu’en plus de l’importante stigmatisation entourant les HSH en Ukraine, phénomène que le pays partage avec d’autres pays d’Europe orientale et d’Asie centrale, cette sous-estimation du problème a contribué à la réticence des autorités à soutenir des campagnes de prévention à l’intention des HSH.

Au-delà des statistiques officielles, les nombreuses données disponibles portant sur les HSH brossent un tout autre tableau. Plusieurs organisations, dont l’ONUSIDA, l’OMS et l’Alliance internationale contre le VIH/sida en Ukraine ont estimé qu’en 2006, il y avait entre 177 000 et 430 000 HSH en Ukraine, dont entre 3% et 15% vivaient avec le VIH, ce qui est plusieurs centaines de fois supérieur aux chiffres présentés par les études officielles.

La plupart des HSH ne se montrent pas au grand jour. Ils ne viendraient pas dire ‘J’ai eu des rapports avec des hommes’. Ils diront plutôt ‘J’ai eu un comportement à risque, Je me suis injecté des drogues, ou même, Je suis allé chez le dentiste et je suis inquiet

Zoryan Kis of the All-Ukrainian Network of People Living with HIV

Stigmatisation et discrimination

Les chiffres officiels du VIH en Ukraine, comme ailleurs dans la Région, s’appuient sur les résultats du dépistage volontaire du VIH à l’occasion duquel les gens sont priés d’expliquer pourquoi ils ont voulu faire un test.

Mais dans les pays où les HSH sont confrontés à une importante discrimination et où la stigmatisation qui s’attache aux rapports sexuels entre hommes est forte, on peut comprendre que les HSH soient réticents à fournir la vraie raison.

« La plupart des HSH ne se montrent pas au grand jour. Ils ne viendraient pas dire ‘J’ai eu des rapports avec des hommes’. Ils diront plutôt ‘J’ai eu un comportement à risque, Je me suis injecté des drogues, ou même, Je suis allé chez le dentiste et je suis inquiet » explique Kis.

Et souvent, les responsables n’insistent pas. « J’ai fait le test quatre ou cinq fois, mais on ne m’a jamais questionné sur mon orientation sexuelle, » ajoute Kis.

D’après le Centre européen pour la surveillance épidémiologique du sida, seuls 1828 cas d’infection à VIH chez des HSH ont été notifiés entre 2002 et 2006 dans les 15 pays d’Ex-Union soviétique qui constituent la région sanitaire d’Europe orientale et d’Asie centrale de l’Organisation mondiale de la Santé.

Le Turkménistan et le Tadjikistan n’en annoncent pas, alors l’Azerbaïdjan n’en a que 10 et le Bélarus 29. Le chiffre le plus élevé est notifié par la Russie, mais comment comparer ses 1245 cas sur 5 ans aux 38 000 cas de Grande-Bretagne et des 11 000 de l’Allemagne au cours des mêmes cinq années, dans des pays comptant moins d’habitants.

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des services de prévention à l’intention des HSH se sont améliorés au cours de ces dernières années, mais ils restent très insuffisants pour avoir un effet durable sur les changements de comportement et réduire ainsi la transmission du VIH dans ce groupe d’hommes en Ukraine.
Photo: ONUSIDA/P.Carrera

Objectifs ambitieux

En 2006, l’Ukraine s’est fixé des objectifs nationaux ambitieux pour améliorer l’accès universel à la prévention, au traitement, à la prise en charge et au soutien dans le domaine du VIH, pour les groupes exposés à un risque élevé de VIH. Mais les activités de prévention du VIH en Ukraine, comme dans une bonne partie de la région, sont exécutées par des ONG avec l’appui financier de donateurs internationaux, et principalement du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Par exemple, un projet sur deux ans, intitulé ‘Les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes : prévention et soutien dans le domaine du VIH et des IST’ a été réalisé à Kiev par la Fondation sida Est-Ouest, l’ONG Alliance Gay et l’Arche de Noé-Croix-Rouge suédoise, avec entre autres, le soutien financier de la Fondation sida d’Elton John.

L’Alliance internationale contre le VIH/SIDA en Ukraine, qui est co-bénéficiaire principal des subventions du Fonds mondial, lance actuellement 14 projets ciblés sur la prévention du VIH parmi les HSH. Ils portent notamment sur des services de proximité, l’information et l’éducation concernant le VIH et les infections sexuellement transmissibles (IST), la communication pour le changement des comportements, la promotion de la sexualité à moindre risque, la distribution de préservatifs et lubrifiants, le conseil et le dépistage rapide du VIH, le dépistage et le traitement des IST, les groupes de soutien et la formation destinée à combattre la stigmatisation. 

« L’ampleur et le champ d’action des services de prévention à l’intention des HSH se sont améliorés au cours de ces dernières années, mais ils restent très insuffisants pour avoir un effet durable sur les changements de comportement et réduire ainsi la transmission du VIH dans ce groupe d’hommes en Ukraine, » précise le Dr. Ani Shakarishvili, Coordonnateur de l’ONUSIDA en Ukraine.

La situation est analogue dans le reste de l’Europe orientale et de l’Asie centrale. Par exemple, il n’existe aucun programme de prévention du VIH financé par les pouvoirs publics à l’intention des HSH en Russie.

« Les gouvernements de partout sont réticents à dépenser de l’argent pour les professionnel(le)s du sexe, les consommateurs de drogues injectables, mais les HSH viennent en tête de liste de ces réticences. Ces programmes seront probablement les derniers que lanceront les gouvernements, » affirme Roman Gailevich, conseiller auprès du Programme régional de l’ONUSIDA.

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Le nouveau programme constitue un changement de position encourageant de la part du gouvernement.
Photo: ONUSIDA/S.Dragborg

Pour la première fois

Sous la pression des bailleurs de fonds internationaux et d’une communauté locale de HSH devenue plus organisée et convaincante, le Gouvernement ukrainien a récemment accepté que la prévention et le traitement du VIH parmi les HSH figure parmi les priorités du Programme sida national 2009-2013 et a fixé des objectifs pour leur mise en œuvre.

« Ce changement est le résultat d’enquêtes détaillées effectuées au sein de la communauté et qui ont montré le vrai rôle des HSH dans l’épidémie de VIH en Ukraine, » explique Anna Dovbakh, responsable de l’équipe Elaboration des politiques et programmes de l’Alliance internationale contre le VIH/sida en Ukraine.

« Depuis 2005, les militants de la communauté LGBT (Lesbienne, Gay, Bisexuelle et Transsexuelle) sont devenus plus actifs et professionnels dans leur plaidoyer et dans leur riposte, » ajoute-t-elle.

Les activistes comme les experts de la santé soulignent que le nouveau programme, qui est actuellement devant le Parlement, constitue un changement de position encourageant de la part du gouvernement.

Mais il reste à voir si cela fera vraiment une différence, notamment parce que l’argent continuera d’être apporté par le Fonds mondial et d’autres bailleurs.

« Le peu d’empressement du gouvernement à fournir des ressources, un soutien et des services à l’intention des HSH et à surmonter les obstacles juridiques, financiers et administratifs existants dans l’accès aux services destinés à ce groupe indique que le Gouvernement d’Ukraine n’est pas encore totalement prêt à s’attaquer à l’épidémie de VIH parmi les HSH, » conclut Shakarishvili.

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La Chine se penche sur l’incidence du VIH parmi les HSH

16 janvier 2009

Lesbians En 2008, la Chine a annoncé un vaste programme visant à s’attaquer à la forte hausse des taux de VIH parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH)
Photo: UNAIDS

En 2008, la Chine a annoncé un vaste programme visant à s’attaquer à la forte hausse des taux de VIH parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), un signe de plus idiquant que le pays pourrait bien être en train de commencer à faire face à une crise qui a longtemps paru taboue.

Annonçant la campagne auprès des HSH, le ministère de la santé a déclaré que les comportements sexuels à risque étaient le plus important facteur derrière la propagation du VIH en Chine continentale, à l’exception de Hong Kong, et que les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes étaient à présent le groupe de la population le plus exposé au risque d’infection par le virus. En Chine, environ 700 000 personnes vivent aujourd’hui avec le VIH, et 11,1% d’entre elles sont des HSH.

« Par le passé, entre 1% et 3% des HSH sur le continent étaient positifs au VIH. Aujourd’hui ce pourcentage se situe entre 2,5 et 6,5% », déclare Hao Yang, Directeur adjoint du bureau de lutte contre les maladies au sein du ministère, cité par le quotidien China Daily.

La campagne annoncée implique des mesures de prévention ciblées sur les quelque 5 à 10 millions de HSH, comprenant une promotion plus énergique du recours au préservatif, un accroissement de la couverture et de la qualité des activités de prévention du VIH, un accès accru aux services de conseil et de test volontaires, et une amélioration de l’accès au traitement des infections sexuellement transmissibles.

Comme point de départ de sa nouvelle campagne à grande échelle pour réduire l’incidence du VIH parmi les HSH, la Chine a pour objectif de pratiquer un dépistage du VIH parmi 21 000 HSH, afin d’établir une base statistique plus claire du taux d’infection. C’est la plus vaste étude de ce type entreprise dans le monde et la première du genre en Asie.

L’effort de prévention de la Chine impliquera des organisations communautaires de HSH et la société civile à tous les niveaux. Les organisations communautaires effectuent des campagnes de sensibilisation au sida, orientent les gens vers le CTV, s’occupent d’éducation par les pairs, de promotion de la sexualité à moindre risque et de distribution de préservatifs ; elles mettent en place des hotlines et utilisent des forums de discussion en ligne et des sites Internet.

L’ONUSIDA considère qu’un des principaux éléments de la riposte au sida consiste à donner aux HSH et aux autres groupes marginalisés les moyens de se protéger du VIH.

« Le gouvernement chinois a fait de la prévention du VIH parmi les HSH une priorité et l’ONUSIDA s’en réjouit », dit Bernhard Schwartlander, Coordonnateur de l’ONUSIDA en Chine.

MSM
Dans la plupart des pays d’Asie les HSH restent un sujet de gêne : dans nombre de ces pays, les rapports sexuels entre hommes sont illégaux et les témoignages de harcèlement fréquents.
Photo: UNAIDS

Cependant, malgré les progrès réalisés, plusieurs problèmes subsistent, dont la stigmatisation et la discrimination qui sont encore bien trop répandues dans la population générale et jusque dans la communauté des HSH elle-même.

On estime qu’à fin 2007, 8% seulement des HSH avaient bénéficié d’interventions complètes de prévention du VIH. De plus, selon les estimations du ministère de la santé, plus de la moitié des HSH chinois ont plus d’un partenaire sexuel, mais entre 10 et 20% seulement d’entre eux utilisent des préservatifs.

« Il est d’une importance capitale que le gouvernement et les nombreux groupes de travail sur les HSH trouvent les moyens d’améliorer leur capacité à travailler ensemble au sein de partenariats ouverts et non-discriminatoires », explique Schwartlander.

Une épidémie largement ignorée

Cette évolution de la situation en Chine survient en parallèle avec d’autres signes indiquant que certains gouvernements de la région Asie-Pacifique semblent également plus disposés à reconnaître une épidémie jusque-là largement ignorée.

Dans la plupart des pays d’Asie les HSH restent un sujet de gêne : dans nombre de ces pays, les rapports sexuels entre hommes sont illégaux et les témoignages de harcèlement fréquents. En conséquence, peu de choses ont été faites en termes de soutien spécifique à des programmes à l’intention des HSH.

« On suscite beaucoup d’intérêt, mais il faut faire bien davantage », estime Paul Causey, un consultant basé à Bangkok qui s’occupe des questions relatives aux HSH au sein de la Coalition Asie-Pacifique sur la santé sexuelle masculine (APCOM) et des Nations Unies.

La plupart des hommes asiatiques qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes ne parlent pas ouvertement de leur comportement sexuel. Les tabous sociaux et la discrimination poussent nombre d’entre eux à dissimuler leur orientation sexuelle. Pour de nombreux autres, leurs pratiques sexuelles avec d’autres hommes peuvent ne constituer qu’une petite partie de leur rôle social ou de leur vie sexuelle. Etant donné que de nombreux hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes ont également des rapports sexuels avec des femmes, les taux élevés de VIH parmi les HSH peuvent aussi se traduire en un nombre important de femmes exposées à un risque d’exposition au VIH.

La combinaison d’un nombre élevé de partenaires ayant un comportement à haut risque tel que le rapport sexuel anal non protégé a été le facteur principal de l’augmentation de plus en plus rapide du taux d’infection au VIH dans de nombreuses villes d’Asie.

Pratiquement aucun des pays asiatiques ne consacre suffisamment de ressources aux HSH, même si la prévention coûte bien moins cher que le traitement. Par exemple, un dollar investi dans une prévention efficace permet d’économiser jusqu’à huit dollars en dépenses de traitement dans les pays dont l’épidémie est en expansion.

Man in the dark
La plupart des hommes asiatiques qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes ne parlent pas ouvertement de leur comportement sexuel. Les tabous sociaux et la discrimination poussent nombre d’entre eux à dissimuler leur orientation sexuelle.
Photo: UNAIDS

Impliquer les groupes communautaires

Le moment clé dans la prise de conscience de la dimension de la crise des HSH s’est produit avec la convocation d’une conférence spéciale à New Delhi en septembre 2006 intitulée « Risques et responsabilités : santé sexuelle masculine et VIH en Asie et dans le Pacifique ».

La conférence était véritablement tripartite, réunissant des gouvernements, des donateurs ainsi que 380 membres de groupes communautaires. Les semaines précédant l’événement ont été tout aussi importantes, 16 pays ayant organisé des réunions préparatoires parrainées par l’ONUSIDA. Dans certains cas, y compris celui de la Chine, c’était pratiquement la première fois que des représentants officiels du gouvernement et des représentants de la communauté élargie des HSH se rencontraient pour évaluer la situation et envisager des solutions.

Une des autres réalisations durables de cette conférence a été la décision de lancer APCOM, qui regroupe des groupes de la société civile, des représentants du secteur gouvernemental, des donateurs, des experts techniques et les Nations Unies afin de promouvoir une riposte efficace face à l’incidence grandissante du VIH parmi les HSH.

Les efforts d’APCOM viennent compléter ceux d’un groupe de travail technique des Nations Unies sur les HSH et le VIH/sida lancé au milieu de 2006 en Chine. Le groupe est dirigé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

« Le groupe de travail technique collabore avec le gouvernement, les groupes communautaires de HSH et les donateurs afin d’améliorer la coordination et la communication, de renforcer les capacités du gouvernement à interagir avec les organisations de la société civile pour élaborer les politiques et fournir des services publics, et développer les capacités institutionnelles et professionnelles de ces organisations », précise Edmund Settle, responsable VIH auprès du PNUD en Chine.

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L’homophobie fait obstacle à la prévention du VIH

13 janvier 2009

Woman with rainbow t shirt
Aside from the individual pain homophobic attitudes inflict, the continuing stigma attached to same-sex relations is complicating hugely the task of slowing the spread of HIV. Credit: L. Tanabe, National SDT/AIDS Programme, Brazil

 

Le Grupo Gay da Bahia (GBB), plus ancienne association brésilienne de défense des droits des gays, indique qu’au Brésil, une personne meurt des suites de violences liées à sa sexualité tous les deux ou trois jours. Au Mexique, le chiffre déclaré est de près de deux décès par semaine.

Les victimes sont pour la plupart des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes – qu’ils soient homosexuels ou bisexuels – ou des transgenres.

Mais si le Brésil et le Mexique sont les pays d’Amérique latine dans lesquels la violence à l’encontre des HSH apparaît la plus élevée, c’est peut-être parce que les groupes de défense des droits qui existent dans ces pays surveillent cette situation de plus près que partout ailleurs dans la région. De nombreux actes de violence sont tout bonnement passés sous silence ailleurs, selon les organisations de militants homosexuels.

« Le Brésil et le Mexique sont les seuls pays dans lesquels il existe un dispositif officiel de recensement des meurtres. Cela ne signifie pas nécessairement que la violence y est plus importante qu’ailleurs » déclare Arturo Díaz Betancourt du Conseil national mexicain pour la prévention de la discrimination.

On remarquera que lorsque le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires a été en mission officielle au Guatemala en 2006, son attention a été attirée par une série de meurtres d’homosexuels et de transgenres, et que son rapport ultérieur au Conseil des droits de l’homme indiquait « Des meurtres motivés par la haine à l’égard de personnes s’identifiant comme des homosexuels, des lesbiennes, des transgenres et des transsexuels sont restés impunis. Des informations de sources fiables suggèrent qu’il y a eu au moins 35 meurtres de ce type entre 1996 et 2006. Compte tenu de l’absence de statistiques officielles et de la réticence probable, sinon de l’ignorance, des membres des familles des victimes, il y a des raisons de penser que les chiffres réels sont substantiellement plus élevés ».

Lorsque l’on aborde la question de la défense de la liberté et de l’orientation sexuelle, de nombreux pays d’Amérique latine s’enorgueillissent d’avoir des législations avancées sur le plan social. Avec les réformes législatives engagées au Nicaragua et au Panama au cours des 12 derniers mois, il n’existe désormais plus aucun état d’Amérique latine qui criminalise les rapports homosexuels.

Pourtant, les préjugés et la discrimination continuent de se propager malgré les lois, ce qui est peut-être dû à un « machisme ambiant persistant ». L’Amérique latine est largement considérée comme ayant un long chemin à parcourir pour lutter efficacement contre l’homophobie ou « la peur ou la haine des homosexuels ».

« Il existe un vrai contraste entre la théorie et la réalité. C’est la région en développement du monde dans laquelle il y a le plus grand nombre de lois contre la discrimination basée sur l’orientation sexuelle » déclare le Dr Ruben Mayorga, Coordonnateur de l’ONUSIDA dans le pays pour l’Argentine, le Chili, le Paraguay et l’Uruguay.

Outre les blessures personnelles infligées par les attitudes homophobes, la stigmatisation permanente associée aux relations entre personnes de même sexe complique considérablement les efforts de ceux qui cherchent à ralentir la propagation du VIH dans une région dans laquelle les rapports sexuels entre hommes sont le principal mode de transmission du virus, selon les rapports des experts de santé.

La stigmatisation et l’homophobie renforcent l’isolement des homosexuels, des bisexuels et des transgenres, et ceux-ci hésitent plus, de ce fait, à sortir de l’ombre, à être identifiés et à demander des conseils.

Dans l’un de ses rapports, l’Organisation panaméricaine de la Santé affirmait : « L’homophobie représente une menace pour la santé publique en Amérique latine. Cette forme de stigmatisation et de discrimination basée sur l’orientation sexuelle n’affecte pas seulement la santé mentale et physique de la communauté homosexuelle, mais contribue également à la propagation de l’épidémie de VIH ».

Cela fait longtemps que l’ONUSIDA fait campagne contre la discrimination tant à l’égard des personnes infectées par le VIH qu’à l’égard des personnes au motif de leur orientation sexuelle.

Transgender man/woman
Stigma and homophobia increase the isolation of gays, bisexuals and transgender people making them more reluctant to come forward, be identified and get advice. Credit: L. Tanabe, National SDT/AIDS Programme, Brazil
Principal moteur de la propagation du VIH

 

En Amérique latine, l’urgence est soulignée dans les rapports officiels sur la situation de l’épidémie de VIH en Colombie, en Equateur, en Bolivie et au Pérou où les rapports sexuels entre hommes sont reconnus comme étant le principal facteur à l’origine des nouvelles infections. La prévalence du VIH parmi ce groupe est beaucoup plus élevée que dans la population générale, avec des taux situés entre 10 % et 20 % dans de nombreuses grandes villes d’Amérique latine.

Dans son rapport 2008 pour l’Assemblée générale des Nations Unies (UNGASS) sur la situation de l’épidémie de VIH, le Brésil a déclaré que les HSH avaient 11 fois plus de risques d’être séropositifs au VIH que la population considérée dans son ensemble.

Dans certaines régions d’Amérique centrale, où la résistance politique et sociale à la reconnaissance des droits des homosexuels, des lesbiennes et des transgenres est importante, les taux d’incidence du VIH parmi les HSH sont particulièrement élevés.

Et l’impact de ces taux élevés de VIH s’étend au-delà des seuls HSH. Au Pérou, par exemple, la plupart des femmes qui sont contaminées le sont par des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, selon une étude du ministère de la Santé, d’où il résulte que la prévention parmi les HSH est essentielle pour prévenir efficacement la transmission du VIH chez les femmes.

La prévention ne suit pas

Les dépenses engagées pour la prévention du VIH parmi les HSH en Amérique latine est très inférieure à ce qui est nécessaire compte tenu de l’ampleur de l’impact de l’épidémie au sein de ce groupe de personnes. En moyenne, moins de 10 % des fonds alloués à la prévention sont investis dans des campagnes ciblant spécifiquement les HSH, selon l’ONUSIDA.

En Bolivie, on estimait en 2005 que moins de 3 % des HSH avaient accès à des services de prévention, contre 30 % pour les professionnel(le)s du sexe.

« Toutes ces années, la prévention n’a pas été réalisée au bon endroit, c’est-à-dire là où l’épidémie se développe » a déclaré M. Díaz. « Personne n’a travaillé avec les homosexuels, les trans(genres), bien au contraire. Ils ont été rejetés et la cible de discriminations » a-t-il ajouté, évoquant la situation à travers la région.

L’explication tient à un ensemble de facteurs politiques, culturels et même religieux, indiquent les militants des droits de l’homme et les responsables de santé.

« Politiquement, les HSH ne représentent pas un sujet d’intérêt majeur. Dans la plupart des pays et pour beaucoup d’institutions, il n’y a pas d’avantage politique à en parler » indique M. Mayorga.

Les groupes religieux, qu’ils soient catholiques romains ou évangéliques, qui considèrent les relations sexuelles entre personnes du même sexe comme « un péché », se sont souvent vigoureusement opposés aux tentatives visant à accorder une attention spécifique aux HSH.

« Les gouvernements sont très influencés par les structures religieuses qui se mobilisent contre les politiques qui bénéficient aux homosexuels, bisexuels ou transsexuels » déclare Orlando Montoya qui travaille en Equateur avec l’ASICAL, organisation qui s’occupe de promouvoir la santé de gays, des autres HSH et des lesbiennes en Amérique latine.

Toutefois, il est difficile de généraliser. Certaines églises ont été les toutes premières à intervenir sur le terrain pour les HSH et de nombreuses organisations religieuses locales d’Amérique latine ont réagi face au VIH avec tolérance et compassion, y compris parmi les populations les plus marginalisées.

Problème largement ignoré au niveau international

Le problème n’est pas simplement que les gouvernements des pays n’accordent pas l’attention requise aux HSH. L’Amérique latine n’a pas attiré de financements internationaux pour endiguer l’épidémie de VIH dans les mêmes proportions que d’autres régions du monde – à savoir l’Asie et l’Afrique.

« La région a, dans une certaine mesure, été victime des trois « négations » qui n’ont pas favorisé un financement international de sa lutte contre le VIH » indique M. Mayorga. « La région ‘n’est pas’ très peuplée, elle ‘n’est pas’ très pauvre et l’épidémie ‘n’y est pas’ très importante » a-t-il ajouté.

Les règles régissant l’aide du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, principal bras financier international contre ces maladies, ont joué contre la région car elles ont tendance à exclure les pays à revenu intermédiaire et élevé, tels que l’Argentine et le Chili.

Toutefois, le Fonds a récemment accepté d’étudier des projets d’assistance pour des programmes ciblant des pays plus riches confrontés à des épidémies concentrées avec des taux de prévalence du VIH supérieurs à 5 % dans des groupes fortement exposés au risque d’infection, tels que les HSH, les consommateurs de drogues, les transgenres et les professionnel(le)s du sexe.

Renforcer le ciblage

Malgré ces marques persistantes de désintérêt, on note certains signes positifs dans la région qui permettent de penser que l’épidémie qui touche les HSH sera combattue à l’avenir par des mesures et des politiques plus appropriées.

Au cours des quatre ou cinq dernières années, le Brésil et le Mexique, et dans une moindre mesure l’Argentine et la Colombie, ont mené des campagnes contre l’homophobie. Ces pays, et certains autres, ont également cherché à intégrer des initiatives spéciales pour les HSH dans des programmes destinés à limiter la propagation du VIH.

Le programme officiel baptisé « Un Brésil sans homophobie » a été lancé en 2004 avec pour objectif d’améliorer les services fournis aux homosexuels, autres HSH et transgenres au sein des établissements publics de santé. Ce programme prévoit aussi d’élargir aussi la couverture et la riposte à l’épidémie de VIH au sein de ces groupes.

Le Pérou a lancé un plan national qui donne la priorité aux programmes de prévention ciblant ceux qui sont définis comme les groupes « les plus affectés », lesquels incluent les HSH, les professionnel(le)s du sexe et les prisonniers. Grâce à un financement du Fonds mondial, le plan a pour but d’étendre la couverture de la prévention à 25 % au moins des HSH et 50 % des professionnel(le)s du sexe.

De même, la Bolivie a élaboré un plan national destiné à réduire de moitié les taux d’infection à VIH d’ici à 2015. Ce plan inclut des campagnes visant à renforcer les droits des HSH et des transgenres, et à combattre la stigmatisation et la discrimination.

Malgré ces développements prometteurs, l’Amérique latine est encore loin de maîtriser l’épidémie qui affecte les HSH, et l’homophobie et la stigmatisation demeurent des obstacles majeurs pour y parvenir.

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ICASA 2008 : Hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et VIH en Afrique

07 décembre 2008

Du Cap à Lagos, beaucoup de nouvelles études commencent à permettre de mieux comprendre la situation des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) dans le contexte du VIH en Afrique.

« L’homosexualité est non seulement trop peu étudiée en Afrique de l’Ouest mais, au Nigéria, elle est aussi considérée comme un crime, ce qui rend difficile d’atteindre les HSH », a déclaré Sylvia Adebajo, chercheuse à l’Université de Lagos (Nigéria). « Par conséquent, les vies des HSH sont marquées par le déni, la violence et la stigmatisation. »

Mme Adebajo s’exprimait hier à une séance de l’ICASA sur les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et sur l’infection à VIH en Afrique. Elle a affirmé que l’un des obstacles majeurs à l’établissement de contact avec les HSH en Afrique, et en particulier en Afrique de l’Ouest, était la criminalisation ; peu de HSH se font connaître de peur de la stigmatisation, de la discrimination et des conséquences juridiques.

Au cours de cette séance, des chercheurs ont exposé plusieurs résultats de travaux, parfois préliminaires, qui aboutissaient aux mêmes conclusions : la prévalence du VIH chez les HSH est beaucoup plus élevée qu’au sein de la « population de base » ; peu d’hommes s’identifiant comme HSH recherchent un soutien médical ou s’affirment en tant que tels dans leur communauté ; un nombre saisissant d’entre eux n’utilise pas de préservatif lorsqu’ils ont des rapports sexuels ; beaucoup ont des comportements bisexuels ; et peu se font dépister pour connaître leur statut VIH.

« On constate que, lorsque les HSH se font dépister et qu’ils apprennent leur séropositivité, beaucoup ignoraient leur séropositivité et avaient continué à avoir des comportements à haut risque pendant une certaine période », a déclaré Earl Ryan Burrell, chercheur de la Fondation Desmond Tutu contre le VIH. « En Afrique du Sud, les programmes de lutte contre le VIH sont essentiellement axés sur les hétérosexuels et les femmes… il faut que les HSH soient davantage reconnus comme étant un groupe à risque », a-t-il ajouté. L’étude qu’il mène actuellement au Cap et dans les townships alentours montre que beaucoup de HSH ignorent les risques liés à certains actes sexuels, bien qu’ils s’identifient comme HSH et qu’ils disposent de divers niveaux d’accès aux informations de prévention du VIH.

Une étude menée en 2006 au Nigéria a révélé que l’on ne savait que très peu de choses sur le lien entre la prévalence du VIH et les HSH dans le pays. Cependant, parmi les personnes interrogées, presque toutes ont indiqué qu’elles avaient eu des partenaires multiples et parallèles, aussi bien hommes que femmes, et qu’elles utilisaient rarement des préservatifs. Lorsque cela était le cas, beaucoup d’hommes utilisaient leur salive, du savon ou des lubrifiants à base d’huile, telle que l’huile de cuisine, qui peuvent endommager la surface du préservatif.

Les chercheurs ont conclu la séance en encourageant les gouvernements africains à investir davantage de ressources dans le soutien à la prévention du VIH et, plus important encore, à reconnaître les HSH comme étant un groupe nécessitant des programmes sur mesure. « Il reste beaucoup à apprendre. Chacune de ces communautés a des besoins uniques en matière de prévention et de traitement », a déclaré Mme Adebajo.

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En Inde, la police s’engage à soutenir les ripostes communautaires contre le sida

11 novembre 2008

Dans le cadre d’une initiative gouvernementale, la police indienne est encouragée à soutenir de manière dynamique et à faciliter le travail des groupes communautaires s’occupant de sensibiliser les populations les plus exposées au risque d’infection à VIH et qui sont aussi susceptibles d’être les plus marginalisées de la société.

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Un groupe de policiers, de personnels paramilitaires, de représentants des sociétés de lutte contre le sida des Etats indiens et de représentants de la société civile prépare des plans d’actions pour la mise en œuvre d’initiatives à l’échelon des Etats et des districts. Photo : ONUSIDA

Bien que le taux de prévalence du VIH chez les adultes soit faible en Inde (0,3 %), on estime néanmoins à 2,4 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH dans ce pays qui est le deuxième pays le plus peuplé du monde. Les personnes les plus exposées au risque d’infection sont celles qui ont certains comportements spécifiques, tels que les rapports sexuels tarifés (clients et professionnel(le)s du sexe), la consommation de drogues injectables et les rapports sexuels entre hommes. Du fait d’un ensemble complexe de normes sociales, ces personnes peuvent être les plus difficiles à atteindre dans la société.

Dans la mesure où le système juridique peut également les criminaliser, leurs chemins croisent souvent ceux des policiers. Ce point de rencontre offre une opportunité unique pour permettre à la police de faciliter la fourniture de services en rapport avec le VIH aux personnes les plus exposées au risque d’infection.

Sexualité et consommation de drogues injectables à moindre risque

Les pratiques de sexualité et de consommation de drogues injectables à moindre risque sont vitales pour le succès de la lutte contre l’épidémie de VIH en Inde. L’essentiel des activités de sensibilisation au virus destinées aux personnes marginalisées est réalisé par des organisations non gouvernementales (ONG) et des organisations à assise communautaire. Traditionnellement, les forces de police n’ont jamais travaillé officiellement avec la société civile en Inde, même s’il y a eu d’excellents exemples de fonctionnaires de police hommes et femmes organisant une coordination avec des ONG – ce qui s’est produit dans certains cas ad hoc et résulte d’initiatives personnelles.

Grâce à un plaidoyer efficace, l’ONUSIDA en Inde a proposé au Ministère des Affaires intérieures de réfléchir à l’intérêt qu’il y aurait à améliorer une coopération et un appui dynamique entre la police et les organismes qui travaillent avec les personnes les plus exposées au risque d’infection à VIH. Avec le soutien de la police, la protection des travailleurs communautaires, leurs activités de sensibilisation et la mise en œuvre réussie de mesures telles que la distribution de préservatifs et les programmes d’échange de seringues ont une meilleure garantie de succès.

En décembre 2007, le Ministère des Affaires internes a publié un ordre officiel à l’intention de tous les Directeurs généraux de la Police pour désigner un officier de liaison chargé de la coordination avec les ONG au niveau des états et des districts. Cet officier a pour mission spécifique de resserrer les liens de travail avec les ONG.

Ce dispositif a déjà été pleinement mis en œuvre en Inde dans l’ensemble des vingt-huit états et des sept territoires de l’Union, et est déjà considéré comme apportant une contribution majeure à la programmation de la lutte nationale contre le VIH. En participant à la riposte au virus et en soutenant des initiatives de prévention dans le cadre de son travail courant, la police sera automatiquement sensibilisée à sa propre protection contre le risque d’infection à VIH.

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Des officiers de liaison chargés de la coordination avec les ONG à l’échelon des Etats et des districts ont participé à une conférence régionale organisée par la Police sur le rôle de cette dernière dans la programmation de la riposte au VIH et ont élaboré des plans d’action. 7 août 2008 Photo : ONUSIDA

« Le Ministère des Affaires internes du gouvernement indien a fait preuve d’un engagement exceptionnel dans la riposte contre le VIH en mettant en place cette intervention unique. Pour un coût pratiquement nul, elle institutionnalise une coordination à long terme entre la police et la société civile afin de soutenir les communautés avec des services de prévention, de traitement, de soins et d’appui et qui permettra d’atteindre les objectifs d’accès universel » a déclaré M. Ranjan Dwivedi, Conseiller technique, Partenariats entre les personnels en uniforme et la société civile, Bureau de l’ONUSIDA en Inde.

Cette intervention unique du Ministère supprime les coûts administratifs liés à l’organisation d’interactions et d’initiatives par les responsables au niveau local. Outre le fait que cela démontre la contribution positive de la police, les groupes communautaires espèrent que la mesure apportera une aide complète aux ONG, non seulement en matière de prévention du VIH, mais dans d’autres programmes sociaux tels que la lutte contre la maltraitance des enfants et la violence contre les femmes.

Au-delà de l’application de la loi vers un appui dynamique aux communautés

Récemment, le Ministère des Affaires intérieures a organisé, en partenariat avec l’ONUSIDA, quatre conférences régionales pour les officiers de liaison chargés de la coordination avec les ONG fraîchement nommés et s’occupant du déploiement de la stratégie de programmation de la lutte contre le VIH des personnels en uniforme dans tous les états. Ces événements ont offert une opportunité pour sensibiliser le leadership de la police d’Etat ainsi que des représentants des départements de la santé et des sociétés de lutte contre le sida des Etats indiens pour planifier ensemble des initiatives de prévention du VIH dans les départements de police par le biais des nouvelles stratégies élaborées par le Ministère des Affaires intérieures.

Le rôle de la police qui consiste à apporter un appui dynamique aux organismes travaillant avec les populations les plus exposées au risque a été souligné ainsi que son rôle sensible dans la prévention du VIH chez les clients et les professionnel(le)s du sexe, les consommateurs de drogues injectables et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.

Améliorer les relations avec la police

Les organisations communautaires présentes ont insisté sur l’importance de l’appui de la police pour leurs efforts de sensibilisation au niveau local.

Mme Kusum Jain de Gram Bharati Samiti (GBS), ONG présente au Rajasthan, travaille en étroite collaboration avec la communauté tribale Rajnut qui pratique, par tradition, le commerce du sexe. Lorsque son ONG a eu ses premiers contacts avec la communauté, ses travailleurs sociaux ont été poursuivis avec les chiens car les personnes pensaient qu’ils étaient venus pour mettre un terme à leurs activités. Avec le soutien de la police locale, les travailleurs de GBS ont réussi au fil du temps à obtenir la confiance de la communauté qui comprend aujourd’hui que leur seul objectif est de les sensibiliser à la prévention du VIH, de sorte qu’ils peuvent maintenant travailler en étroite collaboration..

Mme Jain considère que formaliser le rôle de la police dans l’appui communautaire a permis d’améliorer les relations avec la police, en aidant celle-ci à être accessible et à fournir un appui dynamique aux organismes travaillant à la prévention du VIH parmi les populations les plus exposées au risque d’infection.

Un rapport récent de la Commission Asie a conclu qu’il y avait un besoin vital d’engagement et de soutien politique pour dynamiser une riposte efficace contre le sida. Par le biais de cette nouvelle initiative avec la police, le gouvernement indien affiche clairement un tel leadership.

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Les HSH et l’épidémie mondiale de VIH

31 juillet 2008

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Préalablement à Sida 2008, un forum de
deux jours qui aura lieu au Mexique sera
axé sur les hommes ayant des rapports
sexuels avec des hommes et le VIH.

La XVIIe Conférence internationale sur le sida commence le 3 août à Mexico. C’est la première fois que le plus grand forum du monde sur le VIH se tient en Amérique latine, ce qui permettra de mettre en lumière les questions liées au VIH dans la région.

Aucun facteur ayant un impact sur l’épidémie en Amérique latine ne nécessite davantage d’être mis en évidence que les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes (HSH). Un quart au moins des infections à VIH dans la région sont liées aux rapports sexuels entre hommes, mais les tabous sociaux empêchent en grande partie une discussion ouverte sur la question et ont entravé les efforts pour promouvoir des relations sexuelles à moindre risque.

En particulier, les rapports sexuels entre hommes sont un facteur important dans les épidémies que connaissent la Bolivie, le Chili, l’Equateur et le Pérou en Amérique du Sud, ainsi que plusieurs pays d’Amérique centrale, notamment El Salvador, le Guatemala, le Honduras, le Mexique, le Nicaragua et le Panama

C’est dans ce contexte que se tiendra une manifestation dans le cadre de la pré-conférence, « Les hommes invisibles : les hommes gays et autres HSH dans l’épidémie mondiale de VIH/sida », qui sera hébergée par le Forum mondial sur les HSH et le VIH les 1-2 août à Mexico.

Le Forum mondial sur les HSH et le VIH

Le Forum mondial sur les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et le VIH s’est réuni pour la première fois lors de la Conférence internationale sur le sida 2006 à Toronto. Il s’agit d’un réseau de groupements de la société civile, d’organisations de lutte contre le sida, de groupes de HSH et d’autres organismes qui œuvrent aux niveaux mondial et national en faveur de l’amélioration des programmes VIH destinés spécifiquement aux HSH. Le Forum a été créé en réponse à une préoccupation commune portant sur le fait que les stratégies actuelles de lutte contre le VIH ne prennent pas suffisamment en compte les besoins des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et que les lacunes sont dues à un déni permanent et aux abus dans le domaine des droits de l’homme.

« A travers le monde, les ripostes efficaces au VIH répondant aux besoins des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes ont été négligées. Il y a aujourd’hui une réelle volonté de commencer à remédier à cet état de fait qui dure depuis un quart de siècle, et le Forum mondial ainsi que la présente réunion étudieront attentivement où et comment agir de toute urgence, » a déclaré Michael Bartos, chef de la Prévention à l’ONUSIDA.

Le forum de deux jours sera axé sur la coordination d’une riposte aux importantes lacunes en matière de financement et de services qui existent actuellement pour les HSH vivant avec le VIH et exposés au risque d’infection et préconisera un élargissement du financement pour le VIH et des protections dans le domaine des droits humains pour les hommes qui ont des rapports avec des hommes. Le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, le Dr Peter Piot, s’exprimera à l’occasion de ce forum.

Les droits humains et la justice sociale sont les clés de la santé et du bien-être des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ainsi que des autres minorités sexuelles et sexospécifiques. La stigmatisation et la discrimination contribuent à la propagation du VIH en créant une culture du secret et de la honte qui fait qu’il est difficile d’éduquer efficacement les communautés en matière de comportements à risque.

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