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Feature Story
« Quelqu’un doit faire le premier pas » : une militante transgenre haïtienne donne espoir et un visage à sa communauté
09 novembre 2020
09 novembre 2020 09 novembre 2020Le premier refuge pour personnes transgenres a ouvert ses portes la semaine dernière en Haïti. Le ruban rouge marquant l’inauguration de Kay Trans Ayiti a été coupé sous les vivats d’un groupe de militant-es et d’habitant-es. Le groupe s’est ensuite relayé pour prendre des photos entre les ballons rose et bleu accrochés à la véranda et flottant au vent.
Ce moment de triomphe a une période difficile en toile de fond. La fondatrice du refuge, Yaisah Val, est intarissable lorsqu’on lui demande comment les personnes transgenres en Haïti traversent la pandémie de COVID-19. « Lorsque le reste de la population s’enrhume, la communauté trans attrape une pneumonie. Ajoutez-y maintenant la faim, la pauvreté et les faibles ressources en Haïti, nous sommes toujours en marge de la société », explique-t-elle.
À plusieurs niveaux, Mme Val n’est pas aussi ostracisée que les personnes qu’elle aide. La première femme publiquement transgenre en Haïti se définit comme mère de deux enfants et épouse. Cette diplômée d’éducation et de psychologie clinique a travaillé en tant qu’enseignante et conseillère d’éducation avant de se consacrer à plein-temps à la mobilisation et à la lutte pour sa communauté et de devenir une porte-parole de l’identité de genre. Elle a été facilement acceptée en tant que femme au cours de ses années « de clandestinité ».
Née aux États-Unis d’Amérique de parents haïtiens, elle a grandi dans un environnement familial stable, a eu des enseignant-es qui l’ont soutenue, ainsi qu’une grand-mère qui l’aimait follement.
« Si tu deviens une fillette, tu seras la meilleure fillette, car tu seras la mienne », lui a déclaré un jour sa grand-mère alors qu’elle était encore un garçon prénommé Junior.
Mais elle demeure une exception. Selon le United Caribbean Trans Network, dans la région, les personnes transgenres sont beaucoup moins susceptibles de jouir du soutien de leur famille, de terminer leur éducation secondaire et de trouver un emploi. Elles ont plus de chance d’être sans abri, de vendre des prestations sexuelles pour survivre et d’être confrontées à des situations de violence extrême. Tous ces facteurs augmentent le risque d’infection au VIH au sein de la communauté. Une étude récente révèle que la prévalence du VIH parmi les femmes transgenres en Haïti est de 27,6 %, soit 14 fois plus que pour l’ensemble de la population.
Même si Mme Val a eu une vie « privilégiée » pendant 47 ans, cela n’a pas été un long fleuve tranquille.
Elle a su vers deux ou trois ans qu’elle était une fille. Ses proches n’arrêtaient pas de la corriger pour qu’elle se comporte comme un garçon : « Il faut endurcir ce gamin. On ne peut pas le laisser continuer comme ça. » À sept ans, elle est admise au Washington Children’s Hospital après s’être mutilé les organes génitaux. La puberté a « été l’horreur,... une période pleine de confusion et de haine tournée vers moi-même. »
Il y a 20 ans environ, elle s'autorise à devenir elle-même pendant le Carnaval haïtien. Elle tresse ses cheveux, enfile une robe et monte avec ses amis dans un tap-tap, un taxi collectif, bruyant et bigarré. Un homme flirte avec elle. Il lui dit qu’elle est jolie et lui tient la porte. Elle a l’impression d’être Cendrillon.
« Ce garçon a fini par découvrir qui j’étais et a été à deux doigts de me tabasser à mort », se souvient Mme Val. « Que tu viennes des classes aisées, moyennes ou de la rue, tant que tu es trans, cela ne fait aucune différence. Une fois que cela se sait, tout respect disparaît... tu n’es plus que ce truc. Ce simple mot te prive de toute humanité dans le regard des autres. »
Sa transition a été une libération. « Je vivais et j’étais vue comme la personne que j’étais et que j’ai toujours été. » Mais son identité était un secret difficile à porter par peur des violences ou de l’exclusion. Ses anciens partenaires n’ont su qu’elle était transgenre que des années plus tard lorsqu’elle l’a rendu public. Elle n’a révélé son secret qu’à l’homme qui allait devenir son mari au bout d’un an de vie commune et à quelques jours de leur mariage.
« Je ne conseille à personne de faire comme moi », souligne inlassablement Mme Val à l’attention des personnes transgenres cachant leur identité sexuelle à leur partenaire intime. « Cela peut être violent. Cela peut être dangereux. »
Dans son cas, cela a fonctionné. Son partenaire a décidé qu’elle était la même personne qu’il connaissait et qu’il aimait. Il y a trois ans, l’histoire s’est répétée lorsqu’elle a avoué la vérité à ses enfants.
« Cela m’a juste surpris », raconte son fils, Cedrick. « Cela a été un choc, mais positif. Mes parents avaient commencé doucement à préparer le terrain pendant quelques années, donc j’ai compris la situation. Et depuis, notre relation mère-fils dans son ensemble est passée à l’étape supérieure pour nous deux. Toutes les pièces du puzzle ont trouvé leur place. Maintenant, tout est logique, comme ses souvenirs d’enfance. »
Son coming-out auprès des êtres qui lui étaient les plus chers a ouvert grand la voie au militantisme. En 2016, Mme Val est devenue la première personne dans l’histoire d’Haïti à s’identifier publiquement en tant que personne transgenre. Elle est une partenaire essentielle de l’ONUSIDA en Haïti et des organisations lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) de l’île. L’année dernière, elle a participé à des discussions au niveau national sur les droits de la communauté LGBTI. Avec son mari, elle a commencé à accueillir des sans-abris transgenres. Cela a marqué le début du processus qui a débouché sur l’ouverture de Kay Trans Ayiti, ce refuge qui accueille aujourd’hui 10 personnes transgenres. Une campagne de financement participatif est en cours pour lancer un programme de soutien psychosocial, de conseil juridique pour le traitement hormonal substitutif et de formation professionnelle. L'une de leurs initiatives pour l’emploi concerne un stand de nourriture. Certain-es des résident-es vivent avec le VIH. Tous-tes reçoivent de l’aide pour respecter leur traitement antirétroviral.
Mme Val sait pour l’avoir vécu qu’accéder en tant que femme transgenre à des soins de santé sexuelle et reproductive peut être une expérience traumatisante. Elle se souvient de sa visite de contrôle chez un gynécologue en Haïti pour sa vaginoplastie. Le docteur n’a pas compris ce que signifiait « transgenre ». À la fin de la visite, le gynécologue a appelé des collègues pour venir voir.
« J’étais une chaîne YouTube, une page Google,... mais pas du tout un être humain. J’étais bouleversée. Je pleurais. C’est bien pour cela que les personnes transgenres n’accèdent pas aux soins de santé ! Nous avons beaucoup d’hommes trans qui ont des problèmes gynécologiques et qui préfèrent préparer des traitements à base d’herbes plutôt que d’aller chez le médecin », raconte Mme Val.
Son groupe, Action Communautaire pour l’intégration des Femmes Vulnérables en Haïti ou ACIFVH, travaille avec deux établissements spécialisés dans le VIH afin de sensibiliser le personnel dispensant des soins. Combattre l’ignorance et le conservatisme n’est pas chose aisée. Même à l’issue de formations, des médecins et des infirmières des deux sexes ont essayé d’imposer leurs opinions religieuses aux intervenant-es.
« J’ai eu de la chance de ne pas avoir été écrasée par la transphobie et la discrimination », se rend compte Mme Val. « Imaginez si je n’avais pas eu une grand-mère qui m’a soutenue, une éducation et des portes qui se sont ouvertes. Je n’aurais jamais pu être la personne que vous avez devant vous aujourd’hui. »
« Si vous jetez une graine sur du béton, elle ne va pas pousser. Être trans n’est pas le problème. Le problème, c'est la réaction des gens : jeter à la rue les personnes trans, ne pas leur offrir de travail, ne pas les accueillir dans les écoles. Nous avons besoin d’une place dans la société. C’est dur. Cela va prendre du temps. Mais quelqu’un doit faire le premier pas. »
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90–90–90 : de solides avancées, mais le monde est en retard pour atteindre les objectifs 2020
21 septembre 2020
21 septembre 2020 21 septembre 2020En 2016, les pays se sont engagés à atteindre les objectifs 90–90–90 dans la Déclaration politique sur le VIH et le sida de l’Assemblée générale des Nations Unies. Ces objectifs visent à apporter les tests de dépistage du VIH et le traitement à l’immense majorité de personnes vivant avec le VIH d’ici fin 2020 et à réduire le taux de VIH dans leur organisme à un niveau indétectable afin qu’elles puissent vivre en bonne santé sans propager le virus.
La combinaison du dépistage suivi d’un traitement contre le VIH enregistre d’excellents résultats à l’échelle planétaire. À la fin de l’année 2019, 81 % des personnes vivant avec le VIH connaissaient leur statut sérologique et plus des deux tiers (67 %) suivaient une thérapie antirétrovirale, soit environ 25,4 millions sur les 38 millions de personnes vivant avec le VIH. Ce nombre a plus que triplé depuis 2010.
La nette amélioration de l’efficacité des traitements et l’augmentation du nombre de personnes connaissant leur statut sérologique et sous traitement expliquent la hausse de 18 points de pourcentage entre 2015 et 2019 du nombre de personnes présentant une charge virale indétectable parmi celles vivant avec le VIH. Près de 59 % des personnes vivant avec le VIH dans le monde présentaient une charge virale indétectable en 2019. Ce chiffre doit néanmoins atteindre 73 % pour parvenir aux objectifs 90–90–90. Par conséquent, les chances d’atteindre les objectifs mondiaux d’ici la fin 2020 sont maigres.
La menace de répercussions de la pandémie de COVID-19 sur la charge virale plane par ailleurs. Très tôt, des simulations ont en effet montré qu’une perturbation majeure de l’accès au traitement du VIH pourrait se solder par une hausse de la mortalité liée au sida en Afrique subsaharienne. Dans certaines zones, des pays ont enregistré un recul allant jusqu’à 20 % dans la collecte de médicaments. En outre, il a été signalé à plusieurs reprises que des personnes vivant avec le VIH n’avaient pas assez d’antirétroviraux pour traverser un confinement de plus de 60 jours et que d’autres ont arrêté leur traitement par manque de nourriture. Néanmoins, les données mensuelles pour le premier semestre 2020 fournies par les pays à l’ONUSIDA ne révèlent aucun recul significatif du nombre de personnes suivant un traitement au cours de cette période.
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Nouvelle stratégie mondiale de lutte contre le sida : écrire ensemble l’histoire
09 juillet 2020
09 juillet 2020 09 juillet 2020La directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, a présenté un programme ambitieux pour remettre la riposte internationale au VIH sur les rails. Elle a pris la parole lors d’une allocution inaugurant une réunion de la Conférence internationale sur le sida 2020 portant sur la nouvelle stratégie mondiale de lutte contre le sida de l’ONUSIDA.
« Plus tôt cette semaine, j’ai alerté que l’humanité n’atteindrait pas les objectifs internationaux de lutte contre le VIH en 2020. La nouvelle stratégie de l’ONUSIDA fournira une feuille de route pour remettre la riposte mondiale sur les rails afin d'en finir avec l’épidémie de sida d’ici 2030 », a déclaré Mme Byanyima. « La prochaine stratégie de l’ONUSIDA devra s’attaquer très clairement aux domaines où nous accusons encore un retard comme la prévention combinée et les droits humains des populations clés, ainsi que la lutte contre les vulnérabilités multiples dont sont victimes les filles et les jeunes femmes en Afrique subsaharienne. »
Cette réunion a donné l’occasion aux participant-es d’échanger avec l’ONUSIDA sur les principes et les problèmes fondamentaux que devrait aborder en priorité la prochaine stratégie mondiale de lutte contre le sida de l’ONUSIDA.
Deborah Birx, coordinatrice pour les États-Unis de la lutte internationale contre le sida et coordinatrice pour la riposte au coronavirus à la Maison Blanche, a souligné le besoin de « réunir les données, les communautés et les gouvernements afin de s’attaquer aux problèmes auxquels est confrontée quotidiennement la population. »
L'assemblée a convenu que la stratégie devra porter sur les vulnérabilités essentielles qui exposent des personnes à des risques, y compris les normes traditionnelles et de genre, les difficultés d’accès à des moyens de subsistance et à l’éducation, ainsi que l’exclusion et la marginalisation des populations clés.
« La santé ne se limite pas à elle-même. La santé a aussi à voir avec la justice sociale. Il ne suffit pas de distribuer des préservatifs aux professionnel-les du sexe si nous ne prenons pas parallèlement en compte tous les facteurs qui les empêchent de les utiliser », a expliqué Rico Gustav, directeur exécutif du Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH et président du comité stratégique du Fonds mondial.
Pour réduire les écarts, il est nécessaire d’élaborer des programmes étayés par des preuves afin qu’ils soient adaptés à la multiplicité des épidémies et des contextes. « Nous disposons des outils pour faire la différence, mais nous devons les amener au niveau local. Nous devons personnaliser davantage les solutions », a indiqué Quarraisha Abdool Karim du Centre du programme de recherche sur le sida en Afrique du Sud.
L'assemblée a réclamé sans ambages que les communautés soient placées au centre de la riposte afin d’être les moteurs du changement tout en signalant la nécessité d’investir dans les communautés. Elles doivent en effet pouvoir jouer leur rôle de leader dans la riposte, demander des comptes à quiconque, aider à concevoir et réaliser des ripostes au VIH, à la tuberculose et à la COVID-19 respectant les droits humains et prenant en compte les individus, ainsi qu’atteindre les populations difficiles d’accès.
« Comment pouvons-nous nous assurer l’engagement d’autrui si les financements manquent », a souligné Lucy Wanjiku de l’association Kenya Positive Young Women Voices.
« Les communautés doivent être placées au cœur de la riposte. Autrement dit, elles doivent obtenir des financements, être impliquées dans la prise de décisions et ouvrir des espaces civiques pour nous mettre toutes et tous face à nos responsabilités », a ajouté Ludo Bok, responsable du groupe Santé et Développement du Programme des Nations Unies pour le développement.
Les intervenant-es ont demandé de réfléchir sérieusement aux changements nécessaires et à un engagement collectif pour modifier la façon dont nous luttons contre le VIH. L'assemblée a convenu du besoin de centrer le discours sur la santé en tant que droit fondamental et en tant que construction sociale. Un traitement et une prévention du VIH ne peuvent pas être fournis s’il existe toujours des inégalités d’accès aux informations, à l’éducation, aux soins de santé, à la réduction des risques, à la santé sexuelle et de la reproduction, à des moyens de subsistance stables, à des opportunités économiques, ainsi qu’à la protection contre la violence et à l’accès à la justice.
« J’ai l’impression d’une nouvelle prise de conscience de l’urgence. Nous ne pouvons pas continuer de faire comme avant tout en espérant que les résultats changent, » a conclu Mme Byanyima. « Les gens attendent de cette stratégie qu'elle donne le nouveau cap tant attendu à la riposte mondiale au sida, au Programme commun de l’ONUSIDA, ainsi qu’à l’éradication du sida dans chaque pays et dans chaque communauté. »
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Empowering youth to lead Togo’s HIV response

31 octobre 2024


Press Release
Enfants : retard dans la riposte au VIH malgré les progrès accomplis depuis le début
07 juillet 2020 07 juillet 2020GENÈVE, le 7 juillet 2020—Le dernier rapport sur l’avancée des objectifs Start Free, Stay Free, AIDS Free révèle que la riposte au VIH chez les enfants accuse du retard malgré les progrès considérables réalisés depuis le déclenchement de l’épidémie. Tous les ans, l’objectif ambitieux d’éliminer les nouvelles infections au VIH chez les enfants n’est pas atteint. Par ailleurs, des enfants succombent de maladies opportunistes alors que des traitements simples et abordables pourraient l’éviter si les enfants étaient diagnostiqués et soignés suffisamment vite.
« Voir autant d’outils disponibles, autant de nouvelles infections au VIH évitées chez les enfants, autant d’enfants vivre avec le VIH et être en forme, mais quand même constater que d’autres ne sont pas identifiés et sont oubliés est une tragédie », a déclaré Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA. « Nous ne pouvons accepter que le VIH continue d’infecter et des maladies opportunistes de tuer des dizaines de milliers d’enfants tous les ans. »
Le programme Start Free, Stay Free, AIDS Free repose sur trois concepts simples. Le premier : les bébés ont le droit de naître sans être porteurs du VIH. Le deuxième : grâce à la prévention du VIH, les enfants, les ados et les jeunes femmes ont le droit de ne pas contracter le virus. Le troisième : les enfants et les ados qui contractent le VIH ont le droit à un diagnostic, à un traitement et à des soins afin de ne pas développer le sida.
Les pays du monde entier se sont mis d’accord sur une série d’objectifs de prévention et de traitement du VIH. Pour que les enfants commencent leur vie sans VIH, l'un de ces objectifs pour les 0 à 14 ans consistait à faire passer les nouvelles infections au VIH sous la barre des 40 000 d’ici 2018 et des 20 000 d’ici 2020. Toutefois, des estimations récentes indiquent que 150 000 enfants ont contracté le VIH en 2019. Cela représente certes une baisse de 52 % depuis 2010, mais reste toujours quatre fois supérieur à l’objectif 2018.
Lorsque les femmes séropositives enceintes sont diagnostiquées, commencent et suivent un traitement antirétroviral au cours de la grossesse, de l’accouchement et de l’allaitement, alors le risque de transmission du virus à leur enfant est inférieur à 1 %. Dans le monde, 85 % des femmes séropositives enceintes obtenaient ces médicaments en 2019. Cependant, les infections chez les enfants continuent malgré cette bonne couverture à cause des inégalités d’accès aux services de traitement (en particulier en Afrique occidentale et centrale), des femmes qui arrêtent leur traitement, et des femmes enceintes et allaitantes qui contractent le VIH.
« Nous, la communauté mondiale, avons accompli des progrès remarquables pour contrôler la pandémie de VIH, mais trop d’enfants, d’ados et de jeunes femmes continuent de passer entre les mailles de notre filet », a expliqué Angeli Achrekar, Principal Deputy United States Global AIDS Coordinator pour le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida. « Ensemble, nous devons redoubler d’efforts pour atteindre sans attendre ces populations essentielles. De son côté, la volonté du PEPFAR ne faiblit pas pour apporter sa contribution. »
L’aspect « Stay Free » comprend un objectif visant à ramener les nouvelles infections au VIH chez les adolescentes et les jeunes femmes à moins de 100 000 d’ici 2020, car celles-ci payent depuis longtemps un lourd tribut au VIH. Dans les pays au centre de la campagne Start Free, Stay Free, AIDS Free, elles constituent en effet 10 % de la population totale, mais représentent 25 % des nouvelles infections au VIH et leur risque de contamination est quasiment deux fois plus élevé que pour leurs homologues masculins. Toutefois, les nouvelles infections au VIH chez les jeunes femmes reculent. En Afrique du Sud où des programmes de prévention combinée sont en place à destination des adolescentes et des jeunes femmes, le nombre de nouvelles infections au VIH au sein de cette population a baissé de 35 %. En Eswatini, elles ont reculé de 54 % chez les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans.
« Pendant trop longtemps, la riposte au VIH a ignoré les enfants, les ados et les jeunes femmes », a indiqué Henrietta Fore, directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance. « Mais l’espoir est permis. La tendance récente à la réduction des nouvelles infections chez les adolescentes et les jeunes femmes dans des pays comme l’Eswatini et l’Afrique du Sud nous montre que cela est possible lorsque les gouvernements et les communautés dirigées par les filles elles-mêmes, travaillent main dans la main. Nous ne devons pas permettre à la COVID-19 et à son contrecoup économique de nous ralentir. Nous devons continuer de faire preuve d’audace et d’ambition dans nos efforts communs afin de garantir que la prochaine génération d’enfants reste épargnée par le VIH et le sida. »
Pour cela, les pays revendiquent des objectifs ambitieux, mais réalisables, en matière de traitement pédiatrique du VIH : fournir une thérapie antirétrovirale à 1,4 million d’enfants vivant avec le VIH en 2020. Toutefois, en 2019, seuls 950 000 (53 %) des 1,8 million d’enfants vivant avec le VIH suivaient un tel traitement, soit une couverture bien inférieure à celle des adultes (67 %). Il est évident que pour sauver des vies, les 840 000 enfants n’obtenant pas d’antirétroviraux, dont deux tiers auraient entre 5 et 14 ans, doivent faire l'objet d'un diagnostic et bénéficier de soins de toute urgence.
« L’absence d’un médicament idéal contre le VIH qui aurait une posologie adaptée aux enfants empêche depuis longtemps une amélioration des résultats de santé chez les enfants vivant avec le VIH, ce qui est à l’origine d’une couverture inférieure du traitement », a indiqué Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé. « L’accès des groupes vulnérables aux services doit être élargi en renforçant l’engagement des communautés, en améliorant l’apport des services et en s’attaquant à la stigmatisation et à la discrimination. »
Malgré ces échecs, la bonne nouvelle est que nous savons vraiment comment l’humanité aurait pu atteindre les objectifs Start Free, Stay Free, AIDS Free. Et en faisant preuve d’un engagement suffisant, nous sommes toujours en mesure de surmonter les principaux obstacles à leur accomplissement et inverser la tendance.
« La dernière décennie a été placée sous le signe de l’innovation et du progrès dans le domaine du VIH pédiatrique, mais l’échec retentissant pour parvenir aux objectifs en faveur des enfants indiqué dans le dernier rapport est tout bonnement inacceptable. Nous devons de toute urgence renouveler notre engagement pour une génération sans sida, mais aujourd’hui, la communauté internationale que nous formons ne fait pas suffisamment pour les plus vulnérables d’entre nous : les enfants et les jeunes », a déclaré Chip Lyons, président et directeur général de la fondation Elizabeth Glaser Pediatric AIDS.
« Nous pouvons faire mieux. Et nous le devons », a ajouté Mme Byanyima. « Nous savons comment sauver des vies et mettre un terme aux nouvelles infections au VIH chez les enfants. Ne ménageons pas nos efforts, car tout autre comportement serait déshonorant. »
L’ONUSIDA et le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida ont lancé le cadre Start Free, Stay Free, AIDS Free en 2016 afin de capitaliser sur les résultats du Plan mondial pour éliminer les nouvelles infections au VIH chez les enfants à l’horizon 2015 et maintenir leurs mères en vie qui a pris fin en 2015.
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Press Release
L’analyse KFF/ONUSIDA révèle que les gouvernements donateurs ont dépensé 7,8 milliards de dollars pour le VIH en 2019, soit 200 millions de dollars de moins qu’en 2018
06 juillet 2020 06 juillet 2020Les financements accordés par les gouvernements donateurs étaient quasiment au même niveau qu’il y a dix ans malgré une augmentation de 24 % du nombre de personnes vivant avec le VIH au cours de cette période
GENÈVE/SAN FRANCISCO, le 6 juillet 2020—Un nouveau rapport de la KFF (Kaiser Family Foundation) et du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) révèle que les dépenses des gouvernements donateurs destinées à la lutte contre le VIH dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire ont atteint 7,8 milliards de dollars en 2019. Cette somme est en recul par rapport à 2018 (8 milliards de dollars) et équivaut pratiquement au niveau de financement d’il y a dix ans.
Entre 2018 et 2019, la moitié des 14 gouvernements donateurs analysés au cours de cette étude ont réduit leur participation aux efforts mondiaux contre le VIH, six d’entre eux ont revu leurs financements à la hausse et la participation est restée stable pour le dernier. Ces aides permettent de fournir des soins et des traitements contre le VIH, ainsi que d’assurer la prévention et d’autres services dans des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire.
Cette situation revient tout d’abord à la baisse du financement bilatéral des États-Unis imputable à une stagnation des financements du Congrès sur plusieurs années, à un recul des projets de financement de programmes ainsi qu’au calendrier des échéances. Cette baisse s'explique également dans une moindre mesure par la diminution des financements de la part d’autres donateurs. Alors que les donateurs ont augmenté les contributions multilatérales au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, l'ONUSIDA et à l’UNITAID de plus de 100 millions de dollars, cela n’a pas suffi à compenser le déclin des financements bilatéraux. Depuis 2010, les financements en provenance de gouvernements donateurs autres que les États-Unis ont reculé de plus d’un milliard de dollars. Cette situation s'explique principalement par une baisse de l’aide bilatérale à la lutte contre le VIH.
Malgré le recul de leur participation, les États-Unis demeurent le principal gouvernement donateur pour le VIH en déboursant 5,7 milliards de dollars en 2019 et ils occupent la première place du classement des financements par rapport à la taille de l’économie nationale. Vient ensuite le Royaume-Uni (646 millions de dollars), suivi de la France (287 millions de dollars), des Pays-Bas (213 millions de dollars) et de l’Allemagne (180 millions de dollars).
Ces données ont été intégrées au rapport mondial de l’ONUSIDA qui passe en revue toutes les sources de financement de l’aide au VIH, dont les gouvernements locaux, les organisations non gouvernementales et le secteur privé, et les compare avec les besoins pour atteindre les objectifs de dépistage et de traitement. L’ONUSIDA estime à 26,2 milliards de dollars les ressources nécessaires d’ici fin 2020, mais seuls 19,8 milliards de dollars sont disponibles à l’heure actuelle ce qui représente un déficit de plusieurs milliards de dollars. Cet écart se creuse au cours des dernières années alors que le nombre de personnes vivant avec le VIH dans les pays à faible et moyen revenu a augmenté de 25 % au cours de la dernière décennie et que le nombre de nouvelles infections au VIH reste élevé.
« Chaque dollar qui n’est pas investi aujourd’hui se traduit par des morts imputables au sida et par de nouvelles infections au VIH », a déclaré Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA. « Dans un monde marqué par des inégalités criantes, nous devons renforcer les investissements en vue du droit à la santé. Il s’agit d’une responsabilité partagée qui nécessite davantage de financements de la part des donateurs et de ressources nationales, y compris en libérant de la marge de manœuvre budgétaire grâce à l’annulation de la dette. » « Les gouvernements donateurs continuent de se détourner des programmes de financement du VIH dans les pays à revenu faible et intermédiaire, tandis que le nombre de personnes vivant avec le VIH est toujours à la hausse », a indiqué Jen Kates, Senior Vice President de la KFF. « La situation est susceptible de devenir plus précaire à partir de 2020 alors que l’impact de la COVID-19 se fait sentir sur les budgets des gouvernements donateurs et pèse de plus en plus sur la santé et les économies du monde entier. »
Le nouveau rapport, résultat du partenariat sur le long terme entre la KFF et l’ONUSIDA, fournit les données les plus récentes disponibles concernant les gouvernements donateurs, sur la base des données transmises par les gouvernements. Il inclut leur aide bilatérale aux pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire et les contributions au Fonds mondial, à l’ONUSIDA ainsi qu’à l’UNITAID. Le « financement des gouvernements donateurs » correspond aux dépenses ou paiements effectués par les donateurs.
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Kaiser Family FoundationNikki Lanshaw
nikkil@kff.org
UNAIDS
Sophie Barton-Knott
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bartonknotts@unaids.org


Press Release
L’UNAIDS Health Innovation Exchange 2020 s’ouvre en amont de la Conférence internationale sur le sida
01 juillet 2020 01 juillet 2020Le forum international UNAIDS Health Innovation Exchange, HIEx2020, présente des innovations dans le domaine de la santé venues du monde entier et encourage les échanges à ce sujet
GENÈVE, le 1er juillet 2020—La rencontre internationale UNAIDS Health Innovation Exchange, HIEx2020, a ouvert ses portes. Il s’agit d’un forum virtuel regroupant plus de 25 innovations de la santé issues du monde entier. L’édition actuelle organisée en amont de la Conférence internationale sur le sida 2020 accorde une attention spécifique au thème de la COVID-19.
Les innovations présentées sur le forum ont pour objectif de répondre à certains des défis de santé impérieux auxquels sont confrontés des pays et des communautés, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire Ces innovations portent aussi bien sur des produits permettant de détecter les médicaments contrefaits et les substances interdites que sur des solutions numériques comme des plateformes de télémédecine qui fournissent des services médicaux à distance via Internet, des applications mobiles de promotion de la santé sexuelle auprès des jeunes et des diagnostics de la COVID-19.
« Nous avons besoin d’innovations sociales et de capitaliser sur la technologie pour améliorer les résultats de santé. Nous avons besoin de solutions qui changent radicalement la donne pour les adolescentes et les jeunes femmes en Afrique subsaharienne afin de lutter contre des inégalités bien ancrées », a déclaré Shannon Hader, Directrice exécutive adjointe de la branche Programme de l’ONUSIDA. « La riposte au sida est la preuve que des innovations motivées par des communautés engagées peuvent transformer l’accès aux soins de santé et toucher les populations les plus marginalisées. »
L'une des innovations présentées utilise une technologie de LED sans UV pour tuer les virus et les bactéries. Son efficacité redoutable sur le nouveau coronavirus à l’origine de la COVID-19 a été démontrée récemment.
Le programme de l’HIEx2020 s’étendra sur deux jours (les 1er et 2 juillet) et rassemblera de grands noms du secteur de la santé et de l’innovation. Parmi les évènements de haut niveau, nous pouvons citer Leçons tirées de la COVID-19 : innover pour préparer nos systèmes de santé à l’avenir, donner accès aux jeunes à l’e-santé et transformer le domaine de la santé grâce aux innovations.
Mariya Gabriel, commissaire européenne à l’Innovation, la Recherche, la Culture, l’Éducation et la Jeunesse, expliquera comment la santé mondiale peut tirer profit de l’innovation et du leadership. « L’innovation doit faire partie intégrante des soins de santé et n’oublier personne », a déclaré Mme Gabriel. « Mais aucun continent, aucun pays, ni aucune institution ne peut gagner cette course en faisant bande à part. Cela nécessite un effort mondial et un engagement politique. »
L’utilisation de l’énergie solaire pour la santé aura une place à part lors du HIEx2020. Une discussion de haut niveau regroupant des ministres de la Santé et de l’Énergie de plusieurs pays sera organisée à ce sujet en collaboration avec l’International Solar Alliance. Les établissements de santé primaire de plusieurs pays ne disposent en effet pas d’une alimentation fiable en électricité ce qui non seulement limite la qualité des services, mais empêche aussi l’utilisation d’outils de santé numérique pour élargir l’accès aux soins.
« L’énergie solaire améliore la disponibilité et la qualité des services de santé dans des zones où l’accès à l’électricité est difficile », a expliqué Upendra Tripathy, directeur général d’International Solar Alliance. « Nous devons agir pour étendre l’utilisation de l’énergie solaire en tant que vecteur de transformation des soins de santé primaire dans les pays en voie de développement. »
Les innovations en lien avec la COVID-19
La pandémie de COVID-19 a révélé qu’il est capital d’assurer la résilience des systèmes de santé et de garantir que les pays disposent des technologies et capacités nécessaires pour riposter efficacement aux crises sanitaires.
L’UNAIDS Health Innovation Exchange s’est engagé très tôt en faveur d’un observatoire des innovations liées à la COVID-19. Alors que la pandémie de coronavirus gagnait rapidement du terrain en mars 2020, l’ONUSIDA et l’UNAIDS Health Innovation Exchange ont fait équipe avec StartupBlink pour lancer une carte dynamique en ligne recensant les innovations liées à la COVID-19. Plus de 30 000 utilisateur et utilisatrices consultent aujourd’hui tous les mois cette carte qui apporte des informations sur plus de 1 000 initiatives dans le monde entier. Dans le cadre de l’HIEx2020, l’UNAIDS Health Innovation Exchange et StartupBlink vont lancer une analyse détaillée des actions en lien avec la COVID-19 dans le Rapport sur l’écosystème de l’innovation. Ce document mesurera et établira un classement des villes et pays de la planète selon leur contribution aux innovations dans la lutte contre le coronavirus.
Visiter l’HIEx2020 : https://event.healthinnovation.exchange/
UNAIDS Health Innovation Exchange
Lancé en mai 2019 par l’ONUSIDA dans la ville suisse de Genève, l’UNAIDS Health Innovation Exchange identifie les difficultés rencontrées lors de la mise en œuvre de programmes et fait le lien entre les personnes impliquées et des innovations à fort potentiel, ainsi qu’avec des investisseurs pour démocratiser des solutions durables. L’UNAIDS Health Innovation Exchange puise dans l’expertise de grandes figures politiques, de spécialistes de la santé, de grands noms de la technologie et de la science, de créateur et de créatrices, d'institutions de financement et d'accélération, de communautés et de personnes mettant en œuvre des programmes dans les pays. Par ailleurs, elle milite aussi pour des solutions autochtones, une production locale et des partenariats transversaux.
Nota bene : la présence d’une innovation sur l’UNAIDS Health Innovation Exchange ne signifie pas que l’ONUSIDA ou l’UNAIDS Health Innovation Exchange s'en portent caution.
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Press Release
Objectifs 2020 : des avancées disparates. Le rapport de l’ONUSIDA sur l’épidémie mondiale de sida fait état d’un échec accentué par la COVID-19
06 juillet 2020 06 juillet 2020Depuis 2015, 3,5 millions d’infections au VIH et 820 000 morts supplémentaires liés au sida sont imputables à des objectifs non atteints. Elles auraient été évitées si les objectifs 2020 avaient été réalisés. La riposte pourrait également revenir dix ans en arrière au moins, si la pandémie de COVID-19 interrompt gravement les services de lutte contre le VIH.
GENÈVE, 6 juillet 2020—Un nouveau rapport de l’ONUSIDA relate des avancées notables, mais marquées par de grands écarts, en particulier dans le déploiement de l’accès à la thérapie antirétrovirale. La disparité des avancées d’un pays à l’autre et au sein d’un même pays empêchera d’atteindre les objectifs mondiaux de la riposte au VIH fixés pour 2020. Le rapport Agissons maintenant avertit même de la perte d’avancées et de la stagnation du progrès si nous ne faisons rien. Il souligne l’urgence pour les pays de redoubler d’efforts et d’agir sans tarder pour soigner les millions de personnes laissées de côté.
« Nous devrons mener des actions efficaces chaque jour de la décennie à venir pour remettre le monde sur la voie des objectifs 2030 et mettre fin à l’épidémie du sida », a déclaré Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA. « Des millions de vies ont été sauvées, en particulier des vies de femmes en Afrique. Les nombreuses avancées enregistrées doivent être partagées avec toutes les communautés du monde. La stigmatisation et la discrimination ainsi que les inégalités généralisées sont autant d’obstacles à surmonter pour mettre fin à l’épidémie de sida. Les pays doivent écouter les preuves apportées, prendre leurs responsabilités et défendre les droits humains. »
Quatorze pays ont atteint le triple objectif 90-90-90 du traitement contre le VIH (90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique ; 90% des personnes se sachant séropositives suivent un traitement antirétroviral ; 90% des personnes sous traitement antirétroviral présentent une charge virale indétectable). Alors qu’il affiche l’un des taux de prévalence parmi les plus élevés au monde, 27 % en 2019, l’Eswatini fait partie de ces pays et a même déjà dépassé ces objectifs pour atteindre le suivant : 95-95-95.
Le déploiement de la thérapie antirétrovirale a sauvé des millions de vies et évité des millions de nouvelles infections. Pourtant, 690 000 personnes sont mortes de maladies opportunistes liées au sida l’an dernier. 12,6 millions sur les 38 vivant avec le VIH n’avaient pas accès au traitement vital.
« Le sida n'est pas terminé en Côte d'Ivoire. Nous devons accélérer la mise sous traitement des personnes vivant avec le VIH et intensifier la recherche des perdus de vue. », a affirmé Eugène Aka Aouélé, Ministre de la Santé et de l'Hygiène Publique de Côte d'Ivoire.
Le monde a accumulé un grand retard dans la prévention de nouvelles infections au VIH. 1,7 million de personnes a contracté le virus, soit plus du triple de l’objectif mondial. On constate des progrès en Afrique orientale et australe, où les nouvelles infections au VIH ont reculé de 38 %, depuis 2010. Ces chiffres contrastent dramatiquement avec ceux d’Europe de l’Est et d’Asie centrale, où les nouvelles infections au VIH ont explosé de 72 % depuis 2010. Leur nombre a également bondi de 22 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et de 21 % en Amérique latine.
Le rapport Agissons maintenant fait état d’avancées disparates délaissant trop de personnes vulnérables. 62 % environ des nouvelles infections au VIH concernent les populations clés et leurs partenaires sexuel-les, comme les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les professionnel-les du sexe, les consommatrices et consommateurs de drogues et la population incarcérée, alors même qu’elles ne représentent qu’une très faible part de la population globale.
La stigmatisation, la discrimination, les autres inégalités sociales et l’exclusion forment autant d’obstacles stratégiques. Les populations marginalisées qui redoutent le jugement, la violence ou les arrestations rencontrent des difficultés à accéder aux services de santé sexuelle et de la reproduction, notamment en lien avec la contraception et la prévention du VIH. La stigmatisation des personnes vivant avec le VIH demeure monnaie courante. Au moins 82 pays criminalisent une forme de transmission du VIH, l’exposition au virus ou la non-divulgation de son statut sérologique. Le commerce du sexe relève du Code pénal dans au moins 103 pays, et pas moins de 108 pays criminalisent la consommation ou la possession de drogue destinée à une consommation personnelle.
Les femmes et les filles en Afrique subsaharienne continuent de former la majeure partie de la population concernée. Elles représentent 59 % des nouvelles infections dans la région en 2019. 4 500 adolescentes et jeunes femmes entre 15 et 24 ans contractent le VIH chaque semaine. Les jeunes femmes comptent pour 24 % des nouvelles infections au VIH en 2019, alors même qu’elles ne forment que 10 % de la population en Afrique subsaharienne.
Cependant, lorsque des services exhaustifs de lutte contre le VIH sont accessibles, le taux de transmission chute littéralement. Une couverture efficace a réduit les inégalités et le taux d’incidence des nouvelles infections au VIH en Eswatini, au Lesotho et en Afrique du Sud. Elle combine les options de prévention comme le soutien socio-économique des jeunes femmes et une couverture de traitement étendue permettant d’obtenir une charge virale indétectable chez des populations jusque là délaissées.
La pandémie de COVID-19 a lourdement perturbé la riposte au sida et pourrait continuer sur sa lancée. Une interruption totale de six mois du traitement contre le VIH entraînerait plus de 500 000 morts supplémentaires en Afrique subsaharienne l’année prochaine (2020-2021). Ce revers ramènerait le taux de mortalité lié au sida dans la région à celui de 2008. Une interruption, ne serait-ce que de 20 %, provoquerait 110 000 morts supplémentaires.
Jeanne Gapiya, Présidente de l'Association Nationale de Soutien aux Séropositifs et malades du sida au Burundi souligne que « Mettre fin à la pandémie de COVID-19 dès 2020 et à celle de VIH comme enjeux de santé public à l’horizon 2030 ne constituent pas deux combats, mais un seul et même combat : le combat pour mettre fin aux inégalités et œuvrer pour le plein respect des droits humains de toutes et de tous. »
Pour lutter contre les épidémies conjuguées de VIH et de COVID-19, l’ONUSIDA et ses partenaires mènent une campagne mondiale en faveur d’un vaccin universel contre la COVID-19. L’appel a déjà reçu la signature de 150 responsables et spécialistes du monde entier. Il exige que tous les vaccins, traitements et tests soient libres de brevet, produits en masse et distribués gratuitement et équitablement à l’ensemble de la population.
L’ONUSIDA presse également les pays à augmenter leurs investissements pour combattre ces deux maladies. Les investissements pour riposter au VIH ont chuté de 7 % entre 2017 et 2019 et représentent 18,6 milliards de dollars US. Ce revers signifie qu’il manque 30 % au budget de 26,2 milliards de dollars US nécessaire à une riposte efficace au VIH pour 2020.
« Nous ne laisserons pas les pays pauvres passer en dernier. La protection contre ces virus mortels ne doit pas dépendre de votre compte en banque ni de la couleur de votre peau », insiste Mme Byanyima. « Nous ne pouvons pas puiser dans les financements d’une maladie pour en soigner une autre. Le VIH et la COVID-19 doivent bénéficier de financements exhaustifs pour éviter la perte massive de vies humaines. »
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Feature Story
Cinq directeurs et directrices pays de l’ONUSIDA à la tête de la riposte à la COVID-19
11 juin 2020
11 juin 2020 11 juin 2020L’expérience de Celina Miranda, médecin et directrice pays de l’ONUSIDA au Salvador, s’est révélée très précieuse à l’heure de l’épidémie de COVID-19. Elle s’est sentie très honorée lorsque la coordonnatrice résidente des Nations Unies l’a nommée à la tête de l’équipe nationale de riposte à la COVID-19 au sein des Nations Unies.
« J’ai accepté ce défi, car j'ai acquis les compétences nécessaires pour gérer ce type de situations grâce à mon expérience professionnelle avec l’ONUSIDA sur le VIH », explique-t-elle.
À l’heure actuelle, elle s’est occupée de six cas confirmés de COVID-19 au sein du personnel de différentes agences des Nations Unies. « Quelques malades ont dû passer par l’hôpital, d’autres par la quarantaine volontaire, mais la phase critique de l’infection est dépassée pour tout le monde », ajoute Mme Miranda.
Le travail de coordination de la lutte contre la COVID-19 consiste en particulier à déterminer la capacité des hôpitaux locaux à recevoir et à soigner le personnel des Nations Unies et leurs proches. Le Salvador n’était pas prêt à affronter la pandémie, indique-t-elle, ce qui a compliqué la tâche.
Les équipes pays des Nations Unies ont nommé Mme Miranda et quatre de ses collègues responsables de la coordination de la lutte contre la COVID-19 dans leur pays respectif.
Pour Vladanka Andreeva au Cambodge, Yafflo Ouattara au Tchad, Job Sagbohan au Burkina Faso et Medhin Tsehaiu au Kenya, endosser une telle responsabilité est également un grand honneur.
Mme Andreeva explique comment les Nations Unies au Cambodge ont créé début mars une équipe interne de préparation et de riposte à la COVID-19. On s’est ensuite tourné vers elle pour diriger les efforts afin de garantir que les quelque 2 500 membres du personnel des Nations Unies et leurs proches ont accès aux informations, traitement, soins et soutien les plus à jour pour la COVID-19. Elle a élaboré un plan d’accès d’urgence destiné à la famille des Nations Unies et a encouragé la mise en place d’une procédure d’évacuation médicale, ainsi que des services d’assistance psychologique destinés au personnel.
M. Sagbohan est épidémiologiste et a travaillé pour l’Organisation mondiale de la Santé au cours des épidémies d’Ebola et de fièvre jaune. Il raconte avoir passé beaucoup de temps à rassurer le personnel pour qu'il surmonte le stress et la peur. « Les membres du personnel avaient peur. Ainsi, au cours du confinement, j’ai reçu jusqu’à 300 appels par semaine malgré les comptes rendus des assemblées générales virtuelles régulières qui leur étaient destinés dans tout le Burkina Faso. »
Et d’expliquer que malgré l’équipe restreinte et le manque de ressources de l’ONUSIDA par rapport à d’autres agences, les connaissances sur les maladies infectieuses ont été d’une grande aide. Il a rapidement demandé à avoir des contacts dans différentes organisations et a organisé un groupe de travail des Nations Unies contre la COVID-19. « J’ai pu m'appuyer sur le relais de personnes fiables et motivées pour m’aider et cela a fait toute la différence. »
Selon Yafflo Ouattara, la fonction de coordination de la lutte contre la COVID-19 convient parfaitement aux directeurs et directrices pays de l’ONUSIDA. « Nous avons l’habitude d’obtenir l’adhésion de nos cosponsors, nous avons donc le travail d’équipe dans la peau », dit-il. Au Tchad, son travail consiste principalement à étendre la couverture des unités de soins intensifs et d’établir un système de référence solide pour gérer les cas graves. Près de 7 000 personnes, membres du personnel des Nations Unies et leurs proches, vivent dans le pays, parfois à des endroits où les établissements de santé sont fermés la nuit.
À l’instar d'autres collègues, il a également apporté son aide au plan national d’urgence contre la COVID-19 afin de garantir que les personnes vivant avec le VIH accèdent à leur traitement et aux soins.
Il déclare que la pandémie a révélé au grand jour des lacunes importantes du système de santé du pays. « Non seulement des investissements essentiels dans les soins intensifs n’ont pas été faits, mais certains produits de première nécessité comme les gants, les masques ou le savon manquent tout simplement. »
Vivre dans un monde marqué par la COVID-19 ne se fait pas sans un certain nombre de changements. « [La crise] nous donne une chance d’intervenir et de nous faire entendre pour réformer les systèmes », déclare M. Ouattara.
Medhin Tsehaiu est d’accord avec lui. Elle est fière de l’implication de l’ONUSIDA dans des problématiques plus larges.
« Nous sommes bien là et nous contribuons activement et volontiers à notre part du travail », indique-t-elle. Mais elle est persuadée que la COVID-19 a changé pour toujours la manière de travailler.
Elle explique qu’avec toutes les réunions en ligne et l’arrêt des déplacements, le personnel était beaucoup plus disponible et qu’il n’y avait ainsi pas de temps mort dans la communication, mais que cela était très chronophage. « La crise nous rassemble, que cela nous plaise ou non, et cela nécessite une collaboration intense », continue Mme Tsehaiu.
Outre sa longue liste de tâches liées à sa fonction de coordinatrice pour la COVID-19, elle a lancé avec quelques autres personnes le fonds de solidarité des Nations Unies pour le Kenya. Après avoir pesé le pour et le contre, un compte en banque a été ouvert où le personnel peut choisir de faire des dons pendant trois mois afin que l’argent récolté soit distribué à des personnes dans le besoin.
« C’est une manière pour le personnel de montrer son empathie et son soutien à la population kényane en ces temps difficiles », indique-t-elle.
Pour ce qui est de la solidarité, Mme Andreeva explique que la pandémie a été véritablement un test pour la réforme des Nations Unies au niveau des pays, pas uniquement à propos de la riposte à la pandémie, mais aussi en ce qui concerne les aspects du devoir de diligence. Selon une étude menée en mai, 90 % du personnel au Cambodge indique que la direction des Nations Unies au niveau du pays prend les bonnes décisions pour gérer la crise.
Récemment, au cours d’une assemblée générale virtuelle rassemblant 300 membres du personnel des Nations Unies au Salvador, les retours étaient aussi positifs. Mme Miranda déclare ne pas chercher les éloges ni les remerciements supplémentaires. « Tout ce que j’aime, c’est aider les gens et les voir guérir, croquer la vie à pleines dents. »
Notre action
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31 octobre 2024


Feature Story
Venir en aide aux professionnel-les du sexe transgenres au Guyana et au Suriname à l’heure de la COVID-19
02 juin 2020
02 juin 2020 02 juin 2020Twinkle Paule, militante transgenre du Guyana, a émigré aux États-Unis d’Amérique il y a deux ans. Alors que la crise de la COVID-19 s’aggravait, elle a pensé à ses « sœurs » restées au pays ainsi qu’au Suriname voisin. Pour beaucoup d’entre elles, le seul moyen de subsistance est le commerce du sexe, mais Twinkle Paule savait que le couvre-feu allait leur couper les vivres. Elle craignait également que certaines aient des problèmes avec la loi si elles se sentaient contraintes à travailler la nuit.
Ses peurs ont été confirmées après avoir pris contact avec des personnes sur place. Elle a fait personnellement un don, mais elle était consciente que c’était loin de suffire.
« Ayant arpenté les mêmes rues, je savais que nous devions créer une mobilisation pour venir en aide à notre communauté. Je sais ce que c’est que d’être enfermée chez soi et de devoir de l’argent à un propriétaire... que d’être mise à la rue parce que l’on ne peut pas payer son loyer », déclare Mme Paule.
Elle a collaboré alors avec deux militantes new-yorkaises, Cora Colt et Ceyenne Doroshow, les fondatrices de la Gays and Lesbians in a Transgender Society (GLITS Inc), afin de lancer une campagne d’appel aux dons sur GoFundMe. Depuis son lancement le 12 mai, elles ont déjà reçu suffisamment de dons pour payer un mois de loyer à six professionnelles du sexe transgenres. L’argent a été envoyé à Guyana Trans United (GTU), l’organisation pour laquelle Mme Paule a travaillé en tant qu’éducatrice lorsqu’elle a arrêté le commerce du sexe en 2015.
Le fait que Mme Paule puisse aujourd’hui s'appuyer sur sa notoriété pour mobiliser une aide d’urgence constitue en soi une réussite phénoménale. Au moment où elle a émigré, elle pensait sérieusement au suicide. La charge émotionnelle liée à l’exclusion et à l’injustice pesait lourdement sur ses épaules.
Depuis que sa demande d’asile a été acceptée, elle étudie à plein temps la communication au Borough of Manhattan Community College. Elle a terminé ses études secondaires l’année dernière, ce qu’elle n’avait pas pu faire au Guyana. En parallèle de ses études, elle a travaillé sur le terrain pour le GMHC (Gay Men’s Health Crisis).
Et c’est tout naturellement qu’elle s’est glissée dans la peau d’une militante pour demander l’année dernière à la mairie de supprimer la loi § 240.37 du Code pénal de l’État de New York relative au racolage qui est utilisée pour cibler les femmes transgenres. Elle a immédiatement reconnu que ce paragraphe est issu de la même tradition que les lois sur le vagabondage dont elle a souffert au début au Guyana avant de lutter contre elles.
Mme Paule est tout à fait consciente que son émigration a changé ses perspectives du tout au tout.
« Mon expérience illustre combien le fait de donner à quelqu’un les possibilités et les bons outils fait la différence pour prendre d’autres décisions dans sa vie. J’ai pris conscience que ce qui me manquait, c’était des ressources adaptées et l'accès à un environnement sans craindre la discrimination et la violence. Je ne dis pas que tout est parfait ici, mais mon quotidien n’est plus marqué par le même niveau d’injustice. J’ai pu accéder à un traitement hormonal. Et pour moi, le plus important est d’avoir pu retourner à l’école », raconte-t-elle.
Sa mère est morte lorsqu’elle était encore enfant, puis son père a fondé une nouvelle famille. Des proches se sont alors occupés de l’élever. L’argent manquait parfois pour assurer son éducation. Certains week-ends, elle nettoyait une église pour gagner un peu d’argent.
Mais la pauvreté n’était pas le seul problème. Elle se souvient s’être sentie très tôt différente. Elle n’avait pas de mot pour qualifier ce qu’elle ressentait, mais elle a su d’instinct que ce ne serait pas accepté. À l’école, elle a tout fait pour ne pas se faire remarquer. Un jour, son cœur s’est arrêté lorsqu’un camarade de classe lui a dit qu’elle s’exprimait comme un « antiman », un terme péjoratif utilisé au Guyana pour les personnes gays.
Pendant des années, elle a entendu à plusieurs reprises des adultes de son entourage être d’accord pour dire qu’il faudrait la mettre à la porte si jamais elle était gay. C’est ce qui arrive alors qu’elle a 16 ans, lorsqu’un membre de sa famille la voit « danser comme une fille » à une fête. La voilà sans domicile.
Mme Paule se réfugie auprès d’autres femmes transgenres et, comme elles, a recours au commerce du sexe pour survivre. L’émergence d’un mouvement régional s’intéressant aux besoins des communautés vulnérables et marginalisées change alors sa vie. La nouvelle association Guyana Sex Work Coalition lui apporte des informations sur les rapports sexuels à moindre risque et lui permet d’accéder à des solutions en ce sens. Lorsque certaines femmes dans sa situation commencent à se rendre à des conférences, elles découvrent qu’il existe un mot pour décrire leur expérience. Elles n’étaient pas « antimen ». Elles étaient transgenres.
Mais la vie sur le trottoir était brutale. Si l’une d’entre elles se faisait dévaliser ou violer, elle n’avait pas la possibilité de le signaler à la police.
« La police vous dit en face : « Qu’est-ce que tu fais ici alors que tu sais que la prostitution et la sodomie vont à l’encontre de la loi » », se souvient-elle.
Elle explique que, parfois, des officiers de police véreux les menaçaient de poursuites pour pouvoir leur extorquer de l’argent.
Une fois, dans un commissariat, la police l’a incarcérée avec d’autres femmes transgenres au milieu d'hommes et a lancé des préservatifs dans la cellule, donnant ainsi le feu vert aux autres détenus. Elle était adolescente à cette époque.
Un autre jour, elle a accompagné une amie au commissariat pour déposer plainte pour violence intrafamiliale. Un policier a renversé la situation en lui déclarant : « Vous pratiquez la sodomie. Je vous boucle. »
En 2014, un groupe d’entre elles a été arrêté pour commerce du sexe au Suriname. Parmi les exactions subies, un gardien de prison les a forcées à se déshabiller et à s’accroupir devant leur cellule en présence d’autres détenus.
Il y a sept ans, une de ses amies a été assassinée, et son corps jeté derrière une église. Le crime n’a donné lieu à aucune enquête.
Un enchaînement de traumatismes qui laisse des cicatrices.
La peur est toujours présente, même lorsque tout est calme. Est-ce que je vais me faire jeter du taxi ? Des gens vont-ils m’insulter dans la rue ? Vais-je avoir des problèmes à cause de ce que je porte ?
« Les filles ont l’impression que c’est leur faute », explique Mme Paule. « Même en ce qui me concerne, j’avais l’impression que les gens avaient le droit de me maltraiter, car mon comportement ne respectait pas les conventions sociales. »
Lorsqu’elle a commencé à militer, elle ne sentait toujours pas complètement elle-même. Elle tente de se suicider et commence à boire ou à fumer un joint avant d’aller travailler. Il y a deux ans, elle était à la dérive. Aujourd’hui, elle est une force vive au service de sa communauté.
Mme Paule attribue au travail d’organisations comme la Society against Sexual Orientation Discrimination et GTU le mérite de faire avancer le débat concernant l’inclusion au Guyana.
« La sécurité et l’égalité sont deux choses qui manquent encore à ma communauté », insiste-t-elle. « Nous avons besoin que le gouvernement affirme : « Nous devons protéger ces personnes ». La communauté transgenre n’a pas de travail, nous arrêtons notre scolarité à cause du harcèlement et nous sommes victimes de brutalités policières. Tout cela ne va pas. Nous avons besoin que nos élu-es s’engagent vraiment. »
Notre action
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Reconnaître l’action des personnes transgenres
14 mai 2020
14 mai 2020 14 mai 2020En temps normal, l’Humsafar Trust n’apporte pas d’aide humanitaire, mais la COVID-19 a changé la donne.
Quelques jours après l’entrée en vigueur des mesures de confinement en Inde, les équipes de l’Humsafar Trust ont commencé à recevoir des appels désespérés de personnes qui n’avaient nulle part où aller et aucun revenu, explique Vivek Anand, le directeur exécutif de cette organisation non gouvernementale indienne de Mumbai qui soutient la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et intersexuée (LGBTI). L’équipe s’est alors réunie de toute urgence pour décider de la marche à suivre. « Après avoir cherché pendant longtemps à évaluer les besoins d’une manière ou d’une autre, nous sommes tombés d’accord sur une chose : commencer par fournir une aide alimentaire », continue-t-il.
Les membres de l’ONG ont mis de l’argent en commun pour acheter de la nourriture et d’autres produits de première nécessité.
Ils se sont ensuite rendus au sein de leurs communautés et ont annoncé que l’Humsafar Trust avait lancé un fonds d’urgence pour la COVID-19. En trois jours, plus de 700 personnes ont demandé de l’aide. « Grâce aux dons venant de communautés, d’alliés, d’entreprises et de certains organismes donateurs, nous avons aidé plus de 2 000 personnes en leur fournissant de la nourriture, un accès à des soins médicaux, comme des antirétroviraux, une aide financière et en leur permettant de faire une demande d’aide au gouvernement », indique fièrement M. Anand alors que son climatiseur souffle des vagues d’air frais à travers le petit bureau à son domicile.
Il a l’impression que la riposte à la pandémie oublie la communauté LGBTI. « La situation socioéconomique de 70 % des membres de notre communauté est précaire sans aucune épargne », poursuit-il.
L’Humsafar Trust dédie son action en particulier aux personnes transgenres, qui, selon M. Anand, sont les plus touchées. « Non seulement elles disposent en temps normal de faibles revenus pour assurer leur subsistance, mais beaucoup d’entre elles n’ont pas de papiers d’identité, si bien qu’elles n’existent pas aux yeux des autorités qui distribuent des aides », continue M. Anand.
Le confinement est source de difficultés financières et se traduit également par du stress psychologique. M. Anand raconte qu’un des membres de son équipe transgenre au sein de l’Humsafar Trust ne peut pas dire son nom lors des actions sur le terrain, car elle vit avec ses parents qui considèrent qu’elle est un garçon. D’autres sont soumis à des pressions pour se marier, ou encore sont victimes de mauvais traitements et de violences.
Debout devant un magasin de légumes afin que son téléphone capte mieux, Shreya Reddy déclare avoir toujours voulu être femme. Elle n’a jamais renoncé malgré le fait d’être née garçon et d’être la cible constante de brimades et de moqueries. À 13 ans, elle fugue pour rejoindre une communauté hijra composée en majorité de personnes transgenres. Quatre ans plus tard, elle commence sa transition sexuelle grâce à l’argent qu’elle gagne en tant que professionnelle du sexe. Plus tard, continue Mme Reddy, elle se rend compte qu’elle doit étudier si elle veut s’en sortir. Son diplôme de travailleuse sociale et son expérience la mènent à l’Humsafar Trust où elle devient éducatrice et travailleuse de proximité auprès des personnes dans sa situation. La COVID-19 a eu un impact sur sa vie à plusieurs titres.
« C’était horrible, je ne pouvais plus obtenir mes hormones, j’ai perdu du poids et je saignais », explique-t-elle avant d’ajouter que le confinement empêche de faire les visites de contrôle régulières chez les gynécologues. « Et ma communauté n’arrive pas à comprendre toutes les règles et le jargon scientifique. Pour faire simple, beaucoup de personnes comme moi rencontrent d’énormes difficultés que ce soit pour payer leur loyer ou acheter le strict minimum », dit Mme Reddy.
Et d’ajouter en parlant de plus en plus vite : « ces personnes n’ont pas reçu une grande éducation, elles ont peur et la méfiance règne. »
L’état de santé de Mme Reddy s’est amélioré depuis et elle indique s’impliquer totalement dans son action sur le terrain. Une femme transgenre de sa communauté lui a dit après avoir perdu tous ses revenus : « mieux vaut mourir. » « Je m’émancipe en parlant aux gens », déclare-t-elle. « Nous sommes toutes et tous si vulnérables et, comme nous sommes une population à faible revenu, nous avons besoin d’aide. »
Le rapport Vulnerability amplified: the impact of the COVID-19 pandemic on LGBTIQ people publié récemment par OutRight Action International révèle que les répercussions du virus et des mesures de confinement sont amplifiées chez les personnes LGBTI dans le monde par rapport au reste de la population. Jessica Stern, la directrice exécutive d’OutRight, a déclaré : « Pour nous, la situation est grave. Je crains la mort de nombreux membres de la communauté LGBTI parce que nous affrontons davantage de vulnérabilité. »
Montrant derrière elle les vendeuses et vendeurs sur le marché, Mme Reddy raconte : « Je les aide aussi à comprendre comment utiliser les masques et les désinfectants. J’aide tout le monde, mais j’ai peur de l’avenir. »
M. Anand abonde en son sens. Il doit prolonger le fonds d’urgence jusqu’au mois d'août.
« Chaque jour apporte un nouveau défi », soupire-t-il. Toutes ses équipes qui sillonnent habituellement les rues ne peuvent pas travailler en ligne. En plus, il souligne qu’un nombre croissant de personnes choisit la clandestinité, ce qui ne facilite pas la prise de contact.
Se souvenant de sa jeunesse, il explique qu’il s’est assumé sur le tard. « Je ne connaissais personne qui était gay », se rappelle-t-il. Lorsque sa relation secrète a pris fin au bout de neuf ans, il n’avait personne à qui parler. Il s’est alors senti seul et abandonné. « À partir de cet instant, l’Humsafar Trust est devenu ma maison et ma famille. » Il ajoute qu’il ne souhaite juger personne au cours de cette période difficile et il répète que son devoir consiste en priorité à aider les autres.
Mais ce qu’il veut vraiment, c’est que l’action de la communauté transgenre dans la riposte à la COVID-19 ne reste pas dans l’ombre. « Il faut lui donner une voix, la rendre visible et lui accorder la place qui lui revient », conclut-il.