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Un nouveau guide pour améliorer la conception des programmes de lutte anti-VIH ciblant les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

03 octobre 2012

Un nouveau guide pour améliorer la conception et la mise en œuvre des programmes de lutte anti-VIH ciblant les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord a été présenté le 27 septembre par l'ONUSIDA au Caire, en Égypte. Cette présentation a eu lieu dans le cadre d'un atelier préparé par l'Organisation mondiale de la Santé sur le thème « Le VIH au sein des populations les plus exposées à un risque accru de transmission sexuelle ».

Intitulé « Le VIH et les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord : d’une démarche de sensibilisation à une démarche d'engagement », il a pour but de fournir aux pays qui appliquent actuellement des programmes pour les HSH des outils supplémentaires pour les améliorer. Il donne également aux autres pays désireux d'initier de tels programmes des éléments suffisants pour le faire.

Cette nouvelle publication décrit en quatre modules l'intégralité d'un cycle de programme de proximité national sur le VIH visant à impliquer les HSH. Ces quatre modules sont les suivants : analyse de situation, élaboration d'un programme de proximité, approche de proximité et suivi. Chaque module contient des données scientifiques et des actions pratiques.

Les tabous dominent et entravent la riposte au sida

La sexualité et les infections sexuellement transmissibles (IST) sont des questions sensibles rarement abordées dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord ; quant à l'homosexualité et la transsexualité, elles restent des sujets tabous, selon ce nouveau rapport.

Ce guide offrira un support théorique et technique solide et un appui aux travailleurs de proximité, qu'il s'agisse de professionnels de santé ou de pairs-éducateurs

Elie Aaraj, Président du Réseau régional arabe contre le sida (RANAA) et Directeur exécutif de MENAHRA

« Dans la plupart des pays de la région, les relations entre personnes de même sexe sont considérées comme un crime, ce qui rend quasiment impossible pour cette population l'accès aux services nécessaires de prévention, de traitement et de soins anti-VIH », explique Ali Feizzadeh, Conseiller principal en information stratégique auprès de l'ONUSIDA.

Un nombre croissant d'enquêtes biocomportementales menées dans la région montrent que l'épidémie de sida se concentre au sein des populations les plus exposées au risque, notamment les HSH. Ces mêmes enquêtes révèlent que les HSH changent régulièrement de partenaires sexuels et peuvent aussi être consommateurs de drogues ou professionnels du sexe, alors que leur connaissance des IST reste limitée.

Cette nouvelle publication de l'ONUSIDA souligne que, si la riposte régionale actuelle au sida se caractérise par une faible couverture des populations les plus exposées au risque par les programmes de prévention du VIH, il existe une prise de conscience croissante de la nécessité de travailler avec des populations comme les HSH sur la prévention du VIH dans la région. À l'heure actuelle, ces efforts sont principalement entrepris par des associations non gouvernementales.

« Tous les pays de la région ont ratifié la Déclaration des droits de l'homme, mais certains domaines de travail sensibles ne peuvent pas être traités par les organes gouvernementaux actuels. Le rôle de la société civile est de combler le vide entre l'appui national et les besoins réels », déclare Elie Aaraj, Président du Réseau régional arabe contre le sida (RANAA) et Directeur exécutif de MENAHRA. « Ce guide offrira un support théorique et technique solide et un appui aux travailleurs de proximité, qu'il s'agisse de professionnels de santé ou de pairs-éducateurs », ajoute-t-il.

Le guide de l'ONUSIDA fournit des informations utiles, des astuces et des outils qui permettent d'atteindre efficacement les communautés HSH, d'établir la confiance et de bâtir des relations à travers un dialogue permanent. Il souligne l'importance d'impliquer la population des HSH dans l'élaboration effective des programmes de proximité sur le VIH.

Ce guide est le résultat de l'analyse des programmes existants et d'un travail de terrain mené par des organisations de la société civile partenaires dans neuf pays de la région. Il complète les directives de l'OMS récemment publiées qui concernent les recommandations de bonnes pratiques dans le domaine de la prévention et du traitement du VIH et des autres IST chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles.

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L'homophobie et les lois punitives continuent de menacer la riposte au VIH et les droits de l'homme

28 août 2012

Près de 80 pays ont des lois qui criminalisent les relations entre personnes de même sexe. Schéma d'information ONUSIDA : Je suis gay : 5 choses qui me font peur.

Dans de nombreuses régions du monde, les lois et pratiques punitives à l'encontre des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transsexuelles et intersexe (LGBTI)[1] continuent de bloquer les ripostes efficaces au VIH. De nombreux cas de violations des droits de l'homme ont été recensés, allant du refus de l'accès aux services de santé à l'interdiction de la liberté d'association, en passant par le harcèlement, les violences et les meurtres.

La semaine dernière, au Cameroun, une organisation de jeunes aurait mené une opération anti-LGBT : cette information fait suite à toute une série d'arrestations et de mises en détention d'hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes dans le pays ces dernières années, sur la base de leur orientation sexuelle.

Au Zimbabwe, où les rapports sexuels entre hommes sont illégaux, la police a arrêté puis relâché 44 membres de l'organisation Gays and Lesbians Zimbabwe (GALZ) le 11 août 2012, après la présentation d'un rapport du GALZ recensant les violations des droits humains des personnes LGBT.

En Europe, un rapport sur la situation des droits de l'homme des personnes LGBTI, publié en mai 2012 par la section européenne de l'Association internationale des lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexuelles (ILGA-Europe), a recensé de nombreux cas de violence, de haine et de discrimination à l'encontre des personnes LGBTI.

Les violations des droits de l'homme basées sur l'orientation sexuelle réelle ou perçue, l'identité ou l'expression de genre des personnes participent au climat de haine et de peur qui fait tomber encore davantage les personnes LGBTI dans la clandestinité. Ces violations découragent les comportements positifs, empêchent l'accès à des services de santé essentiels et contribuent à l'augmentation de l'impact des infections à VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles.

Joel Nana, militant des droits de l'homme et Directeur exécutif de l'organisation à but non lucratif African Men for Sexual Health and Rights (AMSHeR)

Aux États-Unis, au Canada, en Europe et en Australie, des études ont révélé des niveaux élevés de maltraitance homophobe dans les écoles et le manque de soutien de la part des autorités scolaires. Par exemple, une étude récente menée aux États-Unis a montré que plus de 84 % des jeunes élèves LGBT avaient été victimes d'insultes ou de menaces, que 40 % d'entre eux avaient été bousculés ou malmenés et que 18 % avaient été physiquement agressés dans l'enceinte de leur établissement.

En Russie, plusieurs villes ont récemment adopté des règlements interdisant l'information publique sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre. Une législation similaire est cours d'examen devant le parlement ukrainien. L'ONUSIDA estime que ces lois sont discriminatoires à l'encontre des personnes LGBT car elles entravent leur liberté de réunion et de parole, menacent les actions de sensibilisation au VIH des organisations qui les soutiennent et peuvent être utilisées pour justifier la maltraitance et la violence homophobes.

Un « climat de haine et de peur »

Des données probantes et l'expérience ont montré que les lois et pratiques punitives éloignent les minorités sexuelles des services anti-VIH. Une étude menée au Sénégal, par exemple, a montré que les poursuites et le harcèlement à l'encontre des personnes LGBT avaient conduit en 2008 à « la propagation de la peur » et à « la dissimulation » parmi les membres de ces groupes. Selon cette étude, des professionnels de santé ont interrompu leur travail de prévention du VIH auprès des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes par crainte pour leur propre sécurité ; ceux qui ont continué à fournir des services de soins ont noté une nette baisse de la participation des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.

« Les violations des droits de l'homme basées sur l'orientation sexuelle réelle ou perçue, l'identité ou l'expression de genre des personnes participent au climat de haine et de peur qui fait tomber encore davantage les personnes LGBTI dans la clandestinité », explique le militant des droits de l'homme Joel Nana, Directeur exécutif de l'organisation à but non lucratif African Men for Sexual Health and Rights (AMSHeR). « Ces violations découragent les comportements positifs, empêchent l'accès à des services de santé essentiels et contribuent à l'augmentation de l'impact des infections à VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles », ajoute-t-il.

Prévalence élevée du VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles

Dans de nombreuses régions du monde, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles connaissent une forte prévalence du VIH et une faible couverture des services de prévention, de traitement, de soins et d'appui en matière de VIH.

De récentes études en Afrique subsaharienne montrent que la prévalence du VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes va de 6 à 31 %. En Asie, le risque d'être infecté par le VIH est près de 19 fois plus élevé pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes que pour la population en général. En Amérique latine, on estime que la moitié de l'ensemble des infections à VIH dans la région est le résultat de rapports sexuels non protégés entre hommes.

Des études menées auprès des personnes transsexuelles font état d'une prévalence excessivement élevée du VIH, comprise entre 8 et 68 %. Sans un accès à l'information et aux services anti-VIH sans peur, sanction pénale ni homophobie, il est impossible de lutter contre ces tendances.

« Les dirigeants internationaux se prononcent de plus en plus contre la discrimination et la criminalisation sur la base de l'orientation sexuelle et l'identité de genre », explique Susan Timberlake, Responsable de la Division Lois et Droits de l'Homme au Secrétariat de l'ONUSIDA. « À titre d'exemple, lors de la présentation de son rapport en juillet, la Commission mondiale sur le VIH et le droit a lancé un appel vigoureux en faveur de la décriminalisation des personnes LGBT et de leur protection dans le contexte de la riposte au sida ».

Quelques développements positifs

Malgré les problèmes, on observe des développements encourageants en faveur de l'égalité, de la non-discrimination et de l'accès aux services de santé pour les minorités sexuelles.

Le 12 juillet 2012, le Président du Chili a fait adopter dans la législation une loi anti-discrimination qui punit les crimes de haine, notamment à l'encontre des personnes LGBT. Votée il y a environ sept ans, cette loi anti-discrimination a pris tout son sens après le meurtre brutal de Daniel Zamudio, un homosexuel de 24 ans.

Lors de la Journée internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie, le 17 mai 2012, la section Europe de l'Internationale de l'éducation, le Comité syndical européen de l'éducation (CSEE), la Confédération européenne des syndicats (CES) et l'ILGA-Europe se sont engagés à renforcer leur collaboration dans le but de prévenir et de combattre l'homophobie et la transphobie au niveau national et européen dans les écoles, sur le lieu de travail et dans la société en général.

En février 2010, les Îles Fidji sont devenues la première nation des îles du Pacifique à dépénaliser officiellement les rapports sexuels entre hommes. Le nouveau décret du gouvernement fidjien supprime les mots « sodomie » et « actes contraires à la nature » auparavant usités et emploie un langage neutre en termes de genre pour désigner les crimes sexuels.

En 2009, la Haute Cour de Delhi a décidé que la criminalisation des relations entre personnes de même sexe était inconstitutionnelle et qu'elle « poussait les gays et les hommes ayant des rapports avec des hommes dans la clandestinité », les rendant vulnérables au harcèlement policier et les empêchant d'accéder aux services anti-VIH.

Action et sensibilisation des Nations Unies

En mars 2012, le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a présenté un rapport à l'occasion de la XIXe session du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, qui recense les lois et pratiques discriminatoires et les actes de violence à l'encontre des personnes LGBT sur la base de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre. Ce rapport appelle tous les pays à dépénaliser les relations entre personnes de même sexe consentantes et à veiller à ce que toutes les personnes puissent exercer leur droit à la liberté d'expression et leur droit d'association et de réunion pacifique en toute sécurité et sans discrimination.

L'an dernier, lors de la Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies sur le sida, les États membres se sont engagés à réviser les lois et les politiques qui « compromettent la prestation réussie, efficace et équitable des mesures de prévention du VIH, de traitement, de soins et de soutien ». L'ONUSIDA encourage tous les pays à traduire cet engagement en actes afin de protéger les droits humains et les besoins en matière de santé des personnes LGBT.


[1] L'acronyme « LGBTI » est utilisé comme terme générique abrégé pour désigner les groupes et/ou les personnes dont l'orientation sexuelle ou l'identité de genre diffère de l'hétérosexualité et qui peuvent être victimes de discrimination, d'actes de violence et d'autres violations des droits de l'homme pour cette raison. Les informations et les données figurant dans cet article ne s'appliquent pas forcément de manière identique à tous les groupes représentés par cet acronyme. [Haut de la page]

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Dans le cadre d'un sommet parallèle à la Conférence AIDS 2012, les professionnels du sexe demandent le respect de leurs droits fondamentaux

25 juillet 2012

Spectacle de l'initiative de professionnels du sexe Veshya Anyay Mukti Parishad (VAMP) pour l'ouverture du Festival pour la Liberté des Professionnels du sexe à Calcutta, en Inde.
Photo : FNUAP/J.Cabassi

Alors que des milliers de délégués se réunissent cette semaine à Washington, D.C., pour la XIXe Conférence internationale sur le sida (AIDS 2012), un rassemblement parallèle baptisé Sex Worker Freedom Festival, le Festival pour la Liberté des Professionnels du sexe, se déroule à Calcutta, en Inde, du 22 au 26 juillet.

Cet événement réunit plus de 600 professionnel(le)s du sexe ainsi que des organisations partenaires nationales et internationales de plus de 40 pays. Ce Festival pour la Liberté a été organisé par les professionnels du sexe en réaction aux réglementations étendues en matière de visa pour les professionnels du sexe et les consommateurs de drogues, qui ont pu empêcher nombre d'entre eux d'assister à la Conférence internationale sur le sida à Washington. Pendant cinq jours, le festival offre aux participants la possibilité de contribuer à l'événement organisé à Washington à travers une connexion par vidéoconférence avec les principales sessions de la conférence et avec le Village mondial.

« Le Festival pour la Liberté des Professionnels du sexe est un événement alternatif pour les professionnels du sexe et nos partenaires organisé pour protester contre notre exclusion et veiller à ce que les voix des exclus soient entendues à Washington », a déclaré Ruth Morgan, Coordinatrice mondiale du Global Network of Sex Work Projects (NSWP) et co-organisatrice de l'événement à Calcutta.

S'exprimant lors de l'ouverture du festival, l'Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le sida dans la région Asie-Pacifique, Prasada Rao, a souligné que les libertés et les droits des professionnels du sexe étaient bafoués quotidiennement.

« Plusieurs aspects du commerce du sexe sont pénalisés dans 116 pays du monde. Les lois de nombreux pays font l'amalgame entre commerce du sexe entre adultes consentants et trafic d'êtres humains. Des descentes de police régulières, souvent au nom de la lutte contre le trafic, conduisent à des arrestations et au harcèlement des professionnels du sexe entre adultes consentants », a expliqué M. Rao. “« Ces pratiques discriminatoires conduisent les professionnels du sexe à l'exclusion sociale et les placent dans une position socialement défavorable, accentuant davantage leur vulnérabilité au VIH », a-t-il ajouté.

Malgré les progrès réalisés dans la réduction de la propagation du VIH au sein des communautés de professionnels du sexe, ces derniers sont toujours exposés à un risque accru d'infection à VIH. Par exemple, dans la région Asie-Pacifique, bien que plusieurs pays aient vu leur taux d'infection à VIH diminuer grâce à des programmes de prévention du VIH intensifs auprès des personnes qui achètent et vendent des services sexuels, il reste des points noirs où sévit une forte prévalence. Des enquêtes menées auprès de professionnelles du sexe en Inde font état d'une prévalence de 18 % dans le Maharashtra et de 41 % à Pune, alors que le taux général chez les adultes est estimé à 0,3 % dans le pays.

Partager les expériences et favoriser les progrès

Le programme du Festival pour la Liberté des Professionnels du sexe est construit autour des libertés fondamentales, c'est-à-dire les droits humains que toute personne est en droit de revendiquer. Il s'agit de la liberté de circulation, la liberté d'accéder à des services de santé de qualité, la liberté de travailler et de choisir son métier, la liberté de se syndiquer, la liberté d'être protégé par la loi, et la liberté d'être protégé contre les actes de violence, la stigmatisation et la discrimination. Le Festival vise à faciliter l'échange d'expériences et le dialogue autour de thèmes et de priorités essentiels pour la communauté des professionnels du sexe et les programmes de lutte contre le VIH.

« Sans avoir le droit de s'organiser et de se syndiquer, la communauté des travailleurs du sexe ne peut pas faire avancer nos droits », commente Bharati Dey, Secrétaire général, Durbar Mahila Samanwaya Committee (DMSC), co-organisateur du réseau de Calcutta.

Les pratiques discriminatoires conduisent les professionnels du sexe à l'exclusion sociale et les placent dans une position socialement défavorable, accentuant davantage leur vulnérabilité au VIH

Prasada Rao, Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le sida dans la région Asie-Pacifique

La stigmatisation et la discrimination dont sont victimes les professionnels du sexe sont considérées comme un obstacle majeur à une riposte efficace au sida. « Partout, tous les jours, nous devons nous battre contre la stigmatisation et la discrimination », raconte Lakshmi, professionnelle du sexe et Directrice des programmes de l'Initiative des professionnels du sexe Ashodaya à Mysore, en Inde. « Nous avons trouvé un moyen de faire partie de la solution. Notre équipe de professionnels du sexe volontaires séropositifs au VIH a construit un partenariat efficace entre les communautés et les services de santé. Cela a permis de faire changer les comportements des professionnels de santé et de créer la confiance au sein de la communauté pour l'accès aux services de santé ».

Annah Pickering, professionnelle du sexe et responsable du Collectif des prostituées de Nouvelle-Zélande pour la région d'Auckland, a souligné les multiples avantages de la dépénalisation du commerce du sexe dans son pays, aussi bien en termes de droits des professionnels du sexe que de riposte au VIH. « Nous bénéficions de nombreuses libertés sur le plan juridique. Nous pouvons dénoncer les fonctionnaires corrompus qui exigent des actes sexuels gratuits. Nous ne cachons pas nos préservatifs dans nos soutiens-gorge, derrière un tableau ou dans une bouteille thermos. Nous pouvons installer des panneaux pour promouvoir les rapports sexuels protégés et insister là-dessus. Est-ce que la dépénalisation du commerce du sexe empêche la transmission du VIH ?  Je le crois fermement. Mis bout à bout, tous ces éléments contribuent fortement à aider les professionnels du sexe à éviter la transmission du VIH », a-t-elle expliqué.

L'un des thèmes centraux des débats lors du rassemblement de Calcutta a porté sur les expériences répandues d'actes de violence subis par les professionnels du sexe dans le monde entier quotidiennement. Plusieurs sessions ont révélé à quel point la documentation de l'expérience de la violence vécue par les professionnels du sexe est critique pour veiller à ce que ces données probantes soient utilisées pour éclairer l'organisation de ripostes efficaces. Un projet d'étude actuellement mené par les professionnels du sexe au Sri Lanka, en Birmanie, au Népal et en Indonésie par le Center for Advocacy on Stigma and Marginalization (CASAM), le Réseau Asie/Pacifique des professionnel(le)s du sexe (APNSW), le FNUAP, le PNUD, l'ONUSIDA et les partenaires pour la prévention, a été cité comme une importante initiative pour une meilleure identification des risques et des facteurs qui permettent de protéger les professionnels du sexe contre la violence.

M. Prasada Rao, Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le sida dans la région Asie-Pacifique, s'exprimant lors de l'ouverture du Festival pour la Liberté des Professionnels du sexe à Calcutta, en Inde.
Photo : ONUSIDA

« Cette étude vise à générer des données de qualité, pour veiller à ce que les expériences vécues par les professionnels du sexe soient utilisées pour défendre de meilleurs programmes et politiques de prévention et de riposte à la violence », a indiqué Meena Seshu, Directrice du projet d'éducation des professionnelles du sexe par les pairs Sampada Gramin Mahila Sanstha (SANGRAM).

L'importance d'élargir l'accès des professionnels du sexe à des services de santé intégrés et de qualité a également fait partie des principaux sujets abordés. Kay Thi Win, Directrice de l'initiative Targeted Outreach Programme (TOP) en Birmanie, qui assure une prévention du VIH de pair à pair et un appui aux professionnels du sexe, a déclaré : « Il existe peu de cliniques accueillantes pour les professionnels du sexe. Lorsque TOP a vu le jour, il n'y avait pas d'intervention complète pour la santé sexuelle des professionnels du sexe en Birmanie. Cependant, grâce à notre travail, nous avons pu créer des liens renforcés en proposant un pack complet pour la santé sexuelle et reproductive qui inclut également les services anti-VIH ».

Le Festival de Calcutta est organisé par le Durbar Mahila Samanwaya Committee (DMSC), et co-organisé par le Global Network of Sex Workers (NWSP) et le réseau All India Network of Sex Workers (AINSW), avec le soutien de l'Open Society Foundation’s Sexual Health and Rights Program, de l'ONUSIDA, du Ministère néerlandais des Affaires étrangères, du FNUAP, de HIVOS (Humanist Institute for Development Cooperation), de AIDS Fonds (un fonds de financement de projets sur le VIH basé aux Pays-Bas) et du Secrétariat de la Conférence AIDS 2012.

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L'intégration de la tuberculose et du VIH au cœur du débat à la Conférence internationale sur le sida 2012

22 juillet 2012

Mme Jan Beagle, directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA, responsable de la gestion et des relations extérieures, est intervenue dans l'émission et a rappelé l'engagement de l'ONUSIDA à travailler avec des partenaires dans l'atteinte de l'objectif mondial de réduire de moitié les décès dus à la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH d'ici 2015.
Photo : ONUSIDA

La tuberculose reste l'une des principales causes de décès chez les personnes vivant avec le VIH dans le monde, bien que la tuberculose soit généralement une maladie évitable et curable. La réduction de 50 % des décès dus à la tuberculose parmi les personnes vivant avec le VIH à l'horizon 2015 est l'un des objectifs mondiaux de la lutte contre le sida pour 2015.

Pour faire entendre les communautés touchées par la tuberculose et le VIH dans le monde en partageant leurs expériences et leurs opinions sur la marche à suivre pour lutter contre ces deux maladies, une émission diffusée en ligne s'est déroulée pendant la Conférence internationale sur le sida, intitulée : « Tuberculosis + HIV: Protecting the Vulnerable » (Tuberculose et VIH : protéger les plus vulnérables).

L'émission, animée par Jeanne Meserve, ancienne journaliste pour CNN et ABC, et Gerry Elsdon, l'ambassadeur itinérant de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) pour la lutte contre la tuberculose, et une personnalité de la télévision sud-africaine qui souffrait autrefois de tuberculose. L'émission a rassemblé un groupe dynamique de femmes et de jeunes ayant souffert de tuberculose et du VIH, ainsi que les représentants d'organisations multilatérales telles que le Partenariat Halte à la tuberculose, l'OMS, l'IFRC, le Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, et l'ONUSIDA.

L'émission a également dévoilé les témoignages vidéo de l'Archevêque Tutu, ancien patient souffrant de tuberculose, et de Jorge Sampai, envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU pour la tuberculose.

Les participants ont pu souligner la nécessité d'une collaboration plus étroite entre les programmes de lutte contre le VIH et la tuberculose, et le besoin urgent de plus grands investissements pour la recherche sur la tuberculose. Ils ont également insisté sur la nécessité d'augmenter les investissements pour l'intégration du dépistage, du traitement et des soins de la tuberculose dans les soins prénatals et les services de santé maternelle et pédiatrique en général. Les enfants contractent le plus souvent la tuberculose auprès d'un membre de la famille proche, comme leur mère ; ainsi, la prévention, le diagnostic et le traitement de la tuberculose chez les femmes réduiront le risque d'infection et de maladie de la tuberculose chez les enfants.

Mme Jan Beagle, directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA, responsable de la gestion et des relations extérieures, est intervenue dans l'émission et a rappelé l'engagement de l'ONUSIDA à travailler avec des partenaires dans l'atteinte de l'objectif mondial de réduire de moitié les décès dus à la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH d'ici 2015. Elle a indiqué que « l'ONUSIDA milite pour des services anti-tuberculose afin d'atteindre les personnes les plus vulnérables et à risque mais qui rencontrent des difficultés considérables pour accéder aux services – migrants, populations indigènes, prisonniers, travailleurs du sexe et femmes et enfants touchés par la pauvreté, la violence, la stigmatisation et la discrimination. »

L'émission a été organisée par le Partenariat Halte à la tuberculose et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

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Conférence AIDS 2012 : pour une coordination plus efficace de la lutte contre le sida au niveau des pays

22 juillet 2012

De gauche à droite : Mme Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA, Gestion et gouvernance, S.E. Felix Kabange, Ministre de la Santé publique de la République démocratique du Congo, et Sheila Tlou, Directrice de l'équipe de l'ONUSIDA d'appui aux régions pour l'Afrique orientale et australe.

Des données probantes montrent que la coordination et la gouvernance de la riposte au sida ont causé d'importantes difficultés dans de nombreux pays. Dans le but de passer en revue l'expérience acquise et d'établir des principes fondamentaux pour une coordination plus efficace de la riposte au sida, une réunion a eu lieu lors de la Conférence internationale sur le sida, intitulée S'adapter aux objectifs : pour une coordination plus efficace de la lutte contre le sida au niveau des pays.

Cette session a réuni des représentants des commissions nationales sur le sida, des organisations de la société civile, d'organismes régionaux et d'organisations partenaires du développement afin de mener une réflexion et de réorienter les énergies pour déterminer à quoi devrait ressembler un organe de gouvernance public pour la lutte contre le sida qui serait responsable et appartiendrait véritablement au pays.

Les participants à la réunion ont profité de l'occasion pour débattre de l'avenir de la coordination de la riposte au sida et s'entendre sur des principes fondamentaux destinés à définir un cadre de coordination efficace de la riposte, à travers une responsabilité partagée et une solidarité mondiale.

Ces principes se concentrent, entre autres, sur la nécessité que les gouvernements prennent la tête de la riposte au sida dans le contexte d'une responsabilité partagée et d'une solidarité mondiale, l'inclusion d'acteurs multiples dans la riposte au sida, l'échange d'expériences avec d'autres secteurs de la santé, du développement et des programmes anti-VIH, et la mise au point de programmes de lutte contre le sida fondés sur les priorités nationales et l'expérience locale de ce qui fonctionne pour arriver à une responsabilisation maximale.

Mme Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA, a clôturé la réunion en invitant les participants à se réjouir des succès obtenus jusqu'ici dans la lutte contre le sida, tout en regardant ce qui pourrait encore être fait pour parvenir à l'objectif de zéro nouvelle infection, zéro décès dû au sida et zéro stigmatisation et discrimination, en se servant des actions et des mécanismes qui seront soutenus et gérés par des acteurs nationaux. Elle a mis en avant le fait que les expériences positives tirées des dix dernières années de coordination de la lutte contre le sida devaient être abordées dans les discussions, notamment la manière dont les structures et les processus de coordination ont favorisé une plus grande transparence, une meilleure inclusion des acteurs non gouvernementaux et une progression en matière d'équité et de droits humains.

La réunion était organisée par l'ONUSIDA en collaboration avec la Banque mondiale, le Programme des Nations Unies pour le Développement, l'Organisation mondiale de la Santé, l'Agence allemande de Coopération internationale et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

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La Commission mondiale sur le VIH et le droit demande aux pays de faire en sorte que la loi soit favorable à la lutte contre le VIH, et non l'inverse

11 juillet 2012

De gauche à droite : Barbara Lee, membre du Congrès américain et membre de la Commission mondiale sur le VIH et le droit ; Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA ; Jan Eliasson, Vice-Secrétaire général des Nations Unies ; Helen Clark, Administratrice du PNUD ; et Son Excellence Festus Mogae, ancien Président du Botswana et membre de la Commission mondiale sur le VIH et le droit.
Photo : D.Lowthian

La Commission mondiale sur le VIH et le droit a présenté son rapport phare le 9 juillet 2012 au siège des Nations Unies à New York. Ce nouveau rapport dénonce l'impact néfaste qu'ont certaines lois punitives sur les droits de l'homme et la riposte au VIH et formule des recommandations audacieuses pour y remédier.

« Jamais auparavant un tel examen du rôle du droit dans la lutte contre le VIH n'avait été réalisé », a déclaré Festus Mogae, ancien Président du Botswana et membre de la Commission. « Nous avons mis au jour une épidémie de mauvaises lois qui coûte des vies. Nous devons y mettre un terme et faire adopter des lois basées sur des données probantes, le bon sens et le respect des droits humains », a-t-il ajouté.

On sait depuis longtemps que la stigmatisation, la discrimination et les approches juridiques répressives constituent des obstacles à la riposte au VIH. Elles accroissent la vulnérabilité au VIH, en particulier au sein des populations les plus exposées au risque d'infection, et rendent difficile l'accès aux services de prévention, de traitement, de soins et d'appui en matière de VIH pour les individus et les communautés. L'ONUSIDA n'a eu de cesse d'appeler à l'abrogation de ces lois punitives et à leur remplacement par des lois protectrices. Pourtant, certains pays dans le monde maintiennent toujours encore des lois, des politiques et des pratiques qui vont à l'encontre des droits humains, nourrissent la discrimination et entravent les efforts de lutte contre le VIH à l'échelle nationale et mondiale.

S'exprimant à l'occasion de la présentation du rapport, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé a noté que « la force de ce rapport réside dans le fait qu'il va au-delà d'une description superficielle de la stigmatisation et de la discrimination pour remettre en cause le système juridique et structurel qui soutient l'inégalité, l'injustice et les violations des droits humains dans le contexte du VIH ».

Intitulé « Le VIH et le droit : Risques, droits et santé », ce rapport est le fruit d'un processus de consultation qui s'est déroulé sur deux ans, durant lesquels la Commission a reçu plus d'un millier de témoignages émanant de personnes touchées par des problèmes de droit, d'exécution de la loi et d'accès à la justice dans le contexte du VIH. Le rapport a pris en compte les recommandations issues de 7 consultations régionales auxquelles ont participé des membres des autorités gouvernementales et de la société civile, ainsi que les contributions d'un Groupe consultatif technique d'experts sur le VIH et le droit.

Les lois répressives accroissent le risque d'infection à VIH

La Commission, une entité indépendante regroupant des personnalités politiques et sociales du monde entier, a souligné que dans de nombreuses régions du monde, les femmes sont victimes de systèmes juridiques multiples dans lesquels la tradition et le droit coutumier perpétuent les inégalités sociales et économiques entre elles et les hommes. Cette situation rend les femmes vulnérables aux relations et/ou à des actes de violence sexiste qui les exposent au risque d'infection à VIH. La Commission décrit la réalité vécue par de nombreuses femmes enceintes vivant avec le VIH et confrontées à la discrimination dans les systèmes de santé, notamment avec la stérilisation forcée, alors que des médicaments simples et peu coûteux permettent d'éviter la transmission du VIH de la mère à l'enfant et de prolonger la vie de ces mères.

Dans le rapport, les membres de la Commission appellent les gouvernements à utiliser la loi pour protéger les femmes contre les inégalités et la violence. Ils demandent aussi aux gouvernements de mettre fin aux obstacles qui empêchent les jeunes d'accéder à l'information et aux services en matière de VIH, ainsi qu'à l'éducation sexuelle : autant d'éléments nécessaires pour éviter l'infection à VIH.

La Commission appelle également à l'abrogation des lois qui pénalisent les personnes sur la base de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre et criminalisent la possession de drogues à usage personnel et l'engagement dans une activité de commerce du sexe entre adultes consentants. Elle cite un ensemble de données probantes montrant à quel point ces lois pénales exacerbent le risque d'infection à VIH parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transsexuelles, les consommateurs de drogues et les adultes qui vendent et achètent des services sexuels. Selon le rapport, ces lois font tomber les personnes dans la clandestinité et elles se retrouvent en marge de la société, loin des services de santé et de lutte contre le VIH. Par ailleurs, en cas de condamnation et d'incarcération, le risque de contracter le VIH, la tuberculose et l'hépatite C est très élevé car, dans de nombreux pays, la loi interdit de fournir des services de soins et de prévention du VIH et des moyens de contraception dans les prisons.

Nous devons mettre un terme à l'épidémie de mauvaises lois et faire adopter des lois basées sur des données probantes, le bon sens et le respect des droits humains

Festus Mogae, ancien Président du Botswana et membre de la Commission mondiale sur le VIH et le droit

Nick Rhoades, du Center of HIV Law and Policy, s'est prononcé contre la criminalisation de l'exposition au VIH et de la transmission du VIH, ayant été lui-même condamné aux États-Unis alors qu'il a utilisé des préservatifs, que sa charge virale était indétectable et qu'il n'a pas transmis le VIH. Citant les nombreuses lois pénales spécifiques au VIH, il a déclaré : « Les gens ont des mains et peuvent se frapper avec leurs poings, mais il n'existe pas de loi qui pénalise spécifiquement une main en tant qu'« arme mortelle » comme l'est le VIH ». La Commission demande à ce que le droit pénal se limite strictement aux actes malveillants et intentionnels de transmission effective du VIH.

Les participants à la présentation ont mis en avant la manière dont les systèmes juridiques répressifs minent les investissements dans la prévention et le traitement du VIH qui commencent enfin à permettre d'entrevoir la possibilité réelle de stopper l'épidémie et d'inverser la tendance. Ils ont insisté sur le fait que la persistance de lois et de pratiques punitives constitue un grave sujet de préoccupation, à un moment où le monde connaît une stabilisation des nouvelles infections à VIH et un élargissement des connaissances sur la prévention efficace du VIH et se prépare à exploiter tout le potentiel d'un traitement du VIH à grande échelle. « Il est scandaleux de voir qu'en 2012, alors que nous avons toutes les cartes en main pour vaincre cette épidémie, nous devons encore lutter contre les préjugés, la discrimination, l'exclusion et de mauvaises lois », a déclaré M. Sidibé.

Le droit comme instrument de protection des individus

Lors de la présentation, les membres de la Commission ont souligné qu'il existait de nombreux exemples positifs de pays qui ont utilisé le droit comme instrument de protection des individus, afin de créer un environnement propice à la lutte contre la stigmatisation et la violence pour encourager l'accès aux services anti-VIH. D'autres pays ont eu recours au droit pour remettre en cause des régimes de propriété intellectuelle excessifs et rigoureux, réduire le coût des médicaments anti-VIH essentiels et assurer leur disponibilité, notamment à travers la production de médicaments génériques.

« Réformer le droit est un processus complexe, mais les pays peuvent faire beaucoup mieux », a indiqué Helen Clark, Administratrice du PNUD. « La tâche qui nous attend est de veiller à ce que de meilleures lois soient adoptées et appliquées », a-t-elle ajouté.

Le travail de la Commission a ouvert les débats dans le monde entier sur des questions difficiles, controversées et complexes. Ce sont aussi des questions fondamentales qui concernent la dignité humaine, la santé et la justice sociale. Ces débats s'inscrivent dans le cadre de ce que les gouvernements ont promis de faire dans la Déclaration politique de 2011 sur le sida, dans laquelle ils se sont engagés à réviser les lois et les politiques qui « compromettent la prestation réussie, efficace et équitable des mesures de prévention du VIH, de traitement, de soins et de soutien (...) et à envisager de les réexaminer ».

« Nous disposons aujourd'hui d'un outil puissant de sensibilisation et d'engagement pour demander aux gouvernements de défendre les droits de toutes les personnes vulnérables au VIH », a déclaré Ebony Johnson du Réseau Athena. « Pas question que ce rapport soit mis de côté ».

La Commission mondiale sur le VIH et le droit est une entité indépendante, créée par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) à la demande du Programme commun des Nations Unies sur le VIH et le sida (ONUSIDA). La Commission a pu compter sur le soutien d'un Groupe consultatif technique qui a examiné et analysé les données relatives à la santé publique et au droit et piloté l'analyse initiale. Pour en savoir plus sur la Commission, ses procédures et son travail, voir www.hivlawcommission.org.

 

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La Coupe du monde de football des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres met un carton rouge au sida

19 juin 2012

Tous les capitaines des équipes qui participent à la Coupe du monde au Mexique ont signé l'engagement de soutien à la campagne de l'ONUSIDA « Donnons un carton rouge au sida ».
Photo : ONUSIDA

Une fois de plus, le football a marqué un but contre le VIH à l'occasion du Championnat du monde 2012 organisé par l'IGLFA (International Gay and Lesbian Football Association) à Mexico du 1er au 9 juin 2012.

Dans le cadre de ce tournoi, des footballeurs de 8 équipes représentant les Amériques, l'Europe et l'Océanie ont participé à la campagne de l'ONUSIDA « Donnons un carton rouge au sida », destinée à promouvoir la prévention du VIH et à s'opposer résolument à la stigmatisation et la discrimination.

« Nous sommes fiers de nous joindre à l'ONUSIDA et à ses partenaires pour donner un carton rouge au sida », a déclaré Andoni Bello Lanestosa, le capitaine de l'équipe mexicaine. « Nous pouvons faire changer les choses. Nous pouvons contribuer à réduire la transmission du VIH de 50 % et à en finir avec la violence et la discrimination », a-t-il ajouté.

La région de l'Amérique latine détient un triste record en termes de violations des droits humains à l'encontre des populations lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. Ces personnes sont confrontées à de graves problèmes de stigmatisation et de discrimination qui limitent leur accès aux services de santé, à l'éducation, à la justice et à l'emploi, et augmentent donc leur vulnérabilité au VIH.

« L'expérience montre que lorsque les personnes sont stigmatisées à cause de leur orientation sexuelle ou leur identité de genre, elles sont moins susceptibles d'accéder aux services de santé et à l'information sur la prévention du VIH », souligne César A. Núñez, Directeur régional de l'ONUSIDA pour l'Amérique latine. « Des études menées en Amérique latine montrent des taux de prévalence du VIH autour de 10 % chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Au sein de la population transgenre, la prévalence du VIH est même encore plus élevée, entre 20 et 28 % », ajoute-t-il.

Les footballeurs qui participent à la campagne peuvent inciter les gens à s'informer sur le sida, à se protéger et à lutter contre la stigmatisation et la discrimination à l'encontre des personnes vivant avec le VIH et des populations LGBT

Rubén Mayorga, Coordonnateur de l'ONUSIDA en Argentine, en Uruguay, au Paraguay et au Chili

Il y a deux ans, lors de la Coupe du monde de la FIFA 2010 en Afrique du Sud, l'ONUSIDA avait lancé la campagne « Donnons un carton rouge au sida », afin d'utiliser le pouvoir et la portée du football pour unir le monde en faveur de l'élimination des nouvelles infections à VIH chez les enfants. La campagne de cette année, basée sur l'initiative « Donnons un carton rouge au sida », se sert du tournoi pour sensibiliser le public aux besoins de la communauté LGBT en matière de prévention du VIH.

Tous les capitaines des équipes qui participent à la Coupe du monde au Mexique ont signé l'engagement de soutien à la campagne de l'ONUSIDA. Par cette signature, les délégations acceptent de diffuser le message de la campagne à leur retour dans leurs pays respectifs. Aux côtés des capitaines d'équipes, les représentants de l'Association internationale des arbitres gays et de l'IGLFA d'Amérique latine ont également défendu l'initiative et signé l'engagement.

Les joueurs des équipes argentine et mexicaine ont apporté leur concours à la campagne dès le commencement. Ils sont apparus sur les affiches et les panneaux publicitaires utilisés avant et pendant le championnat de l'IGLFA. « Les stars du sport peuvent jouer un rôle important dans la riposte au sida en parlant ouvertement du VIH », explique Rubén Mayorga, Coordonnateur de l'ONUSIDA en Argentine, en Uruguay, au Paraguay et au Chili. « Les footballeurs qui participent à la campagne peuvent inciter les gens à s'informer sur le sida, à se protéger et à lutter contre la stigmatisation et la discrimination à l'encontre des personnes vivant avec le VIH et des populations LGBT ».

L'International Gay and Lesbian Football Association (IGLFA) a été créée en 1992 et, 20 ans après, plus de 80 équipes de plus d'une vingtaine de pays du monde entier en sont devenues membres.

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Les programmes VIH pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles sont progressivement intensifiés en Inde.

17 mai 2012

En Inde, l'épidémie de VIH affecte sérieusement les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes et les personnes transsexuelles.
Photo : ONUSIDA

Rupali a toujours senti qu'elle était différente. Née en tant que garçon en Inde, elle aimait porter des vêtements de filles et, finalement, à l'âge de 20 ans, elle décidait de révéler à sa famille son orientation sexuelle. Elle a déclaré vouloir vivre comme une femme.

« Quand j'ai finalement décidé de parler de mon orientation et de mon identité sexuelle, j'étais effrayée, » déclare cette jeune femme de 22 ans. « Mais finalement j'en ai parlé à tout le monde, ma famille, mes voisins et mes amis. »

Rupali a exercé plusieurs métiers, mais a trouvé qu'il était trop difficile de vivre ouvertement en tant qu'homme ayant des rapports sexuels avec des hommes et de travailler dans un bureau ordinaire. Ainsi, elle a travaillé comme professionnelle du sexe à New Delhi ces deux dernières années. Avec l'argent qu'elle gagne elle subvient aux besoins de sa mère et de son plus jeune frère. Depuis plusieurs années déjà, sa mère a un problème cardiaque et Rupali doit payer tous les mois pour des médicaments onéreux.

Mais son travail menace sa santé car Rupali est plus exposée au risque d'infection à VIH.

En Inde, l'épidémie de VIH affecte sérieusement les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes et les personnes transsexuelles. Parmi cette population, 427 000 personnes (en 2010) sont considérées comme étant plus exposées car elles ont des partenaires sexuels multiples et beaucoup reçoivent de l'argent en échange de sexe.

« Lorsqu'un client est saoul, il est souvent difficile de le convaincre d'utiliser des préservatifs », affirme Rupali.

Alors que le commerce du sexe permet de payer ses factures, Rupali a été attaquée à plusieurs reprises. Comme de nombreuses personnes transsexuelles, Rupali trouve qu'il est difficile de se faire complètement accepter par sa famille et la communauté. « Les voyous locaux nous maintiennent constamment dans un état de terreur. Nous craignons qu'ils nous agressent au visage avec des couteaux ou qu'ils nous battent. Mais nous craignons encore plus la police, » affirme Rupali.

En Inde, la prévalence au VIH parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes a atteint 7,3%, ce qui est 20 fois plus élevé que parmi la population en général. De récentes données montrent que la prévalence au VIH parmi les personnes transsexuelles dans les principales villes comme Bombay et Delhi est montée en flèche à presque 25%. Les programmes VIH pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles sont progressivement intensifiés.

La Pahal Foundation à Faridabad reçoit des financements du gouvernement de l'état de Haryana pour fournir des dépistages du VIH, des traitements pour les maladies sexuellement transmissibles, des conseils et des préservatifs à 750 hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes et les personnes transsexuelles, mais des centaines d'autres utilisent leurs dispositifs tous les mois.

Nombreux parmi nous, les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, essayent au mieux de paraîtres normaux, mais à l'occasion nous sommes « démasqués ». Je connais plusieurs personnes qui ont perdu leur emploi car elles ont été sévèrement discriminées par rapport à leurs collègues

Manoj Kumar Verma, travailleur de proximité à la Pahal Foundation

« Chacun d'entre eux a besoin d'un système de soutien. Sans le soutien de leurs famille et de la société, les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes et les personnes transsexuelles se suicident ou quittent leur foyer très souvent, » dit Maksoom Ali, chef de projet de Pahal.

La fondation constate que seules quelques personnes qu'elle soutient sont ouvertes avec leurs familles pour ce qui concerne leur statut sérologique.

« L'emploi est un véritable problème pour les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes et les personnes transsexuelles, » selon Manoj Kumar Verma, travailleur de proximité de Pahal. « Nombreux parmi nous, les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, essayent au mieux de paraître normaux, mais à l'occasion nous sommes « démasqués ». Je connais plusieurs personnes qui ont perdu leur emploi car elles ont été sévèrement discriminées par rapport à leurs collègues. »

Quelques progrès ont été constatés en Inde pour les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes et les personnes transsexuelles. Dans l'étape suivante du programme national de lutte contre le sida de l'Inde (NACP4) il y a des plans pour développer et mettre en œuvre des programmes focalisés sur les besoins spécifiques des personnes transsexuelles. Il y a trois ans, dans un jugement historique, la Haute cour de Delhi a décriminalisé le sexe entre les hommes adultes.

Rupali est impliquée dans une organisation pour les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes dans l'ouest de Delhi et elle souhaite apporter une contribution à sa communauté. « Chacun a des rêves, mais tous ne se réalisent pas, » affirme Rupali. « Cela est vrai pour moi, mais je veux faire quelque chose pour ma communauté et je souhaite être une meilleure personne. »

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« Transformer les droits en réalité » : les expériences des organisations de personnes transsexuelles dans la riposte au sida

17 mai 2012

Les personnes transsexuelles en Argentine plaident pour l'adoption de la loi sur l'identité sexuelle.

En Amérique latine, les personnes transsexuelles sont tous les jours confrontées à une stigmatisation et une discrimination basées sur leur identité sexuelle. De telles situations limitent leur accès au système d'éducation, aux possibilités d'emploi et aux services de santé, et augmentent donc leur vulnérabilité au VIH.

Toutefois, l'engagement et le pouvoir de mobilisation de la communauté transsexuelle ont obtenu d'importants changements politiques et sociaux menant vers une société plus pluraliste et démocratique basée sur le respect de la diversité. Quelques unes de ces réalisations ont été rédigées dans « Transformer les droits en réalité. Les expériences des organisations de personnes transsexuelles » lancé le 17 mai à l'occasion de la journée internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie.

Produit par l’Alliance internationale contre le VIH/sida, le Réseau transsexuel latino-américain et des Caraïbes (REDLACTRANS) et l'ONUSIDA, le rapport est une compilation de six études de cas. Il se focalise sur les efforts faits par les organisations transsexuelles en Amérique latine pour aboutir à une société inclusive basée sur le respect des droits de l'homme.

« Ce travail reflète les besoins des personnes transsexuelles dans le contexte de l'Amérique latine tout en soulignant leur leadership et comment cela a conduit à des changements politiques et institutionnels significatifs » commente Cesar Nuñez, le Directeur régional de l'ONUSIDA pour l'Amérique latine. « Seuls la participation et le leadership des personnes transsexuelles en identifiant les stratégies pour protéger et garantir leurs droits humains nous permettent d'atteindre un monde avec zéro discrimination, » ajoute t-il.

Le rapport souligne que des progrès ont été faits en Argentine et en Uruguay en matière de reconnaissance légale des droits de l'homme des personnes transsexuelles. Dans le premier cas, le vote de la loi sur l'identité sexuelle confirme les personnes transsexuelles comme citoyens à part entière aux yeux de la loi. En Uruguay, le commerce du sexe a été formalisé et légalisé par un décret du gouvernement. Les travailleurs du sexe bénéficient désormais d'une assurance santé, de la retraite et d'autres avantages.

Seuls la participation et le leadership des personnes transsexuelles en identifiant les stratégies pour protéger et garantir leurs droits humains nous permettent d'atteindre un monde avec zéro discrimination

Cesar Nuñez, Directeur régional de l'ONUSIDA pour l'Amérique latine

En Argentine, l'organisation transsexuelle ATTTA a joué un rôle de sensibilisation clé dans la récente adoption de la loi sur l'identité sexuelle. « Avec cette loi, nous revendiquons notre droit à l'identité. Nous ne serons plus oubliés par la démocratie. Avec cette loi, nous sommes là pour faire l'histoire, » affirme Marcela Romero, présidente de ATTTA et coordinatrice de REDLACTRANS.

En Honduras et en Bolivie, la publication souligne la réussite de la participation des personnes transsexuelles dans les espaces de prise de décision au sein des structures clé de la riposte au sida comme les instances de coordination nationale pour les subventions du Fonds mondial. Par ailleurs, le Salvador et l'Equateur ont pris des initiatives dans le domaine des soins de santé complets, ce qui a aboutit au développement de programmes nationaux qui tiennent désormais compte des besoins des personnes transsexuelles.

Tous ces progrès ont une chose en commun : le leadership des personnes transsexuelles pour demander et défendre leurs droits.

« Cette compilation est en elle-même un précieux outil pour la sensibilisation et augmentera les connaissances relatives aux problèmes de la transsexualité dans la région et dans le monde, permettant aux preneurs de décision d'améliorer les programmes et les approches existants, » affirme Javier Hourcade Bellocq, le représentant latino-américain et des Caraïbes de l’Alliance internationale contre le VIH/sida.

M. Bellocq a souligné que le leadership et la participation des personnes transsexuelles sont essentiels pour apporter la justice sociale et renforcer l'état de loi. « Nous ne pouvons pas renforcer l'accès universel aux services anti-VIH si de solides règlementations reconnaissant l'identité sexuelle ne sont pas en place. Nous avons besoin de gouvernements qui garantissent une « tolérance zéro » contre la violence, les abus et les crimes, » ajoute M. Bellocq.

Press Statement

Journée internationale contre l'homophobie et la transphobie

Message de M. Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA

GENÈVE, 14 mai 2012—Durant l'année qui vient de s'écouler, nous avons observé une plus grande acceptation de la diversité. Un nouveau dialogue s'est instauré fait d'ouverture d'esprit et de tolérance.

Pourtant, dans 79 pays, territoires ou régions, il existe encore des lois qui criminalisent les relations homosexuelles entre adultes consentants. Ces lois constituent de sérieux obstacles à une riposte efficace au sida et conduisent les personnes homosexuelles, bisexuelles ou transgenres à vivre cachées, les privant ainsi d'un accès pourtant vital à certains services.

La valeur d'une société ne doit pas être fondée sur l'argent ou le pouvoir. Elle doit se mesurer à la valeur que cette société accorde aux individus, indépendamment de leur orientation sexuelle ou de leur statut social. Une société prospère est celle qui garantit l'intégration et le respect de tous.

À nos amis gays, lesbiennes, bisexuels et transgenres, sachez que l'ONUSIDA est à vos côtés.

Votre engagement est essentiel à la réalisation de notre objectif, à savoir, zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès lié au sida.



Contact

ONUSIDA Genève
Sophie Barton-Knott
tel. +41 79 514 6896 / +41 22 791 1697
bartonknotts@unaids.org

Press centre

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