TZA

Des leaders africains s’unissent et s’engagent à mettre fin au sida pédiatrique

01 février 2023

DAR ES-SALAAM, le 1er février 2023— Des ministres et des émissaires de douze pays africains ont pris des engagements et ont présenté leurs stratégies pour mettre fin au sida chez l’enfant d’ici 2030. Des partenaires internationaux ont expliqué la manière dont ils aideront ces pays à mettre en œuvre leurs programmes. Ces derniers ont été publiés lors de la première rencontre ministérielle de l’Alliance mondiale pour mettre fin au sida chez les enfants.

Cette conférence organisée par la République unie de Tanzanie est un pas en avant en vue de garantir l’accès à un traitement vital pour tous les enfants séropositifs, mais aussi pour que les bébés nés de mères séropositives ne soient pas contaminés par le VIH. L’Alliance s’efforcera d’encourager les progrès au cours des sept prochaines années, afin de respecter l’objectif 2030 en matière de VIH.

Actuellement, dans le monde entier, un enfant meurt toutes les cinq minutes de causes liées au sida.

Seule la moitié (52 %) des enfants vivant avec le VIH suit un traitement vital, bien loin derrière les adultes séropositifs dont les trois quarts (76 %) reçoivent des antirétroviraux.

En 2021, 160 000 enfants ont été contaminés par le VIH. 15 % des décès dus au sida touchent des enfants, alors qu’ils ne représentent que 4 % des personnes vivant avec le VIH.

Les ministres ont élaboré leurs plans d’action en partenariat avec des réseaux de personnes vivant avec le VIH et des leaders communautaires. Ces programmes visent à identifier et à fournir un dépistage à davantage de femmes enceintes, mais aussi à assurer leur prise en charge médicale. Cela implique également d’identifier et de prendre en charge les nourrissons et les enfants vivant avec le VIH.

La Déclaration de Dar es-Salaam pour mettre fin au sida chez les enfants a été approuvée à l’unanimité.

Le vice-président de la République unie de Tanzanie, Philip Mpango, a déclaré : « la Tanzanie a fait preuve de volontarisme politique. Maintenant, nous devons nous engager à avancer ensemble en même temps. Chacun et chacune d’entre nous, dans la limite de nos moyens respectifs, avons un rôle à jouer pour mettre fin au sida chez l’enfant. L’Alliance mondiale va dans la bonne direction, mais nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers. 2030 n’est plus très loin. »

Et la Première dame de Namibie, Monica Geingos, d’abonder en ce sens. « Ces dirigeants et dirigeantes se réunissent dans un vœu solennel – et avec un plan d’action clair – pour mettre fin une bonne fois pour toutes au sida chez les enfants », a-t-elle déclaré. « Il n’y a pas de priorité plus urgente que celle-là. »

Dans sa phase initiale, l’Alliance se compose de douze pays fortement touchés par l’épidémie : l’Afrique du Sud, l’Angola, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Kenya, le Mozambique, le Nigeria, l’Ouganda, la République démocratique du Congo (RDC), la République unie de Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe.

Leur action se concentrera sur quatre piliers :

  1. Dépister le plus tôt possible et optimiser le traitement et la prise en charge des nourrissons, enfants et ados
  2. Combler l’écart de traitement pour les femmes enceintes et allaitantes vivant avec le VIH afin d’éliminer la transmission verticale
  3. Prévenir les nouvelles infections au VIH chez les adolescentes et les femmes enceintes et allaitantes
  4. Lutter pour les droits, l’égalité des sexes et la suppression des obstacles sociaux et structurels qui entravent l’accès aux services.

L’UNICEF a salué les engagements des leaders et a promis son soutien. « Chaque enfant a droit à un avenir en bonne santé et plein d’espoir. Toutefois, pour plus de la moitié des enfants vivant avec le VIH, cet avenir est menacé », a déclaré la directrice adjointe de l’UNICEF, Anurita Bains. « Nous ne pouvons pas laisser la riposte mondiale au VIH et au sida continuer d’oublier les enfants. Les gouvernements et les partenaires peuvent compter sur la présence de l’UNICEF à chaque étape. Cela passe par l’intégration des services anti-VIH dans les soins de santé primaires et le renforcement des capacités des systèmes de santé locaux. »

« Cette réunion m’a donné de l’espoir », a déclaré la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Une inégalité qui me fend le cœur est celle qui touche les enfants vivant avec le VIH. Néanmoins, aujourd’hui, des leaders ont affiché leur volonté d’apporter l’action nécessaire pour redresser ce tort. Comme l’ont indiqué les personnalités rassemblées aujourd’hui, l’état actuel de la science devrait permettre d’éviter aux bébés de naître avec le VIH ou d’être contaminés pendant l’allaitement, ou encore aux enfants séropositifs de se retrouver sans traitement. Ces leaders ont déclaré sans ambages : ils combleront le fossé dans le traitement contre le VIH pour sauver la vie des enfants. »

L’OMS a présenté son engagement en faveur de la santé pour tous et toutes, ce qui inclut de n’oublier aucun enfant ayant besoin d’un traitement anti-VIH. « Plus de 40 ans après l’apparition du sida, nous avons parcouru un long chemin dans la prévention des infections infantiles et la démocratisation de l’accès au traitement, mais cette dynamique s’essouffle », a déclaré le directeur général de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. « L’Alliance mondiale pour mettre fin au sida chez les enfants est une initiative indispensable pour insuffler une énergie nouvelle aux progrès. L’OMS s’engage à soutenir les pays pour ce qui est de l’expérience technique et de la mise en œuvre de politiques. L’objectif étant que notre vision commune, mettre fin au sida chez l’enfant d’ici 2030, puisse voir le jour. »

Le directeur exécutif du Fonds mondial, Peter Sands, a déclaré : « En 2023, aucun enfant ne devrait naître avec le VIH et aucun enfant ne devrait mourir d’une maladie opportuniste. Saisissons cette occasion de travailler en partenariat pour veiller à ce que les plans d’action contre le VIH adoptés aujourd’hui se traduisent en étapes concrètes et soient mis en œuvre à grande échelle. Ensemble, en suivant l’exemple des populations les plus touchées par le VIH, nous savons que nous pouvons obtenir des résultats remarquables. »

Le coordonnateur pour les États-Unis de la lutte mondiale contre le sida et directeur du PEPFAR, John Nkengasong, a manifesté sa confiance. « Combler l’écart avec les enfants nous demandera, à nous gouvernements et partenaires, toute notre attention et une volonté constante d'assumer nos responsabilités en vue d’atteindre les résultats prévus. En partenariat avec l’Alliance globale, le PEPFAR s’engage à placer le VIH/sida pédiatrique en haut de l’agenda politique national et international afin de mobiliser l’appui nécessaire pour lutter en faveur des droits, de l’égalité des sexes et contre les barrières sociales et structurelles qui entravent l’accès aux services de prévention et de traitement pour les enfants et leurs familles. »

Le président-directeur général de l’EGPAF, Chip Lyons, a déclaré que les stratégies présentées, si elles sont mises en œuvre, permettraient de ne plus oublier les enfants. « Souvent, les services destinés aux enfants sont les premières coupes claires des restrictions budgétaires ou d’autres difficultés entravant la lutte contre le VIH. Aujourd’hui, les leaders en Afrique ont adopté des plans détaillés pour mettre fin au sida chez les enfants. Le moment est venu de nous engager ensemble pour nous faire entendre et pour que la riposte au VIH inclue les enfants et leur donne la priorité. »

Les représentants et représentantes ont souligné l’importance d’une démarche qui part de la base. Autrement dit, que les acteurs locaux, nationaux et régionaux s’approprient la lutte contre le VIH, mais aussi que cette riposte implique un large éventail de partenaires. L’Alliance s’est engagée à soutenir Africa REACH et d’autres partenaires d’horizons variés et est ouverte à tous les pays.

« Nous avons contribué à l’élaboration de l’Alliance mondiale et nous avons veillé à ce que les droits humains, l’engagement communautaire et l’égalité des sexes soient les piliers de l’Alliance », a déclaré Lillian Mworeko, la directrice exécutive de l’International Community of Women living with HIV in Eastern Africa, représentant l’ICW, Y+ Global et GNP+. « Nous pensons qu’une riposte dirigée par des femmes est essentielle pour mettre fin au sida chez l’enfant. »

Des progrès sont possibles. Seize pays et régions ont déjà obtenu la certification pour la validation de l’élimination de la transmission verticale du VIH et/ou de la syphilis. Alors que le VIH et d’autres infections peuvent être transmis de la mère à l’enfant pendant la grossesse ou l’allaitement, cette transmission peut être interrompue grâce à un traitement anti-VIH rapide pour les femmes enceintes vivant avec le VIH ou à une prophylaxie pré-exposition (PPrE) pour les mères exposées à un risque d’infection au VIH.

L’année dernière, le Botswana a été le premier pays africain présentant une prévalence du VIH élevée à être reconnu sur la voie de l’élimination de la transmission verticale du VIH. Cela signifie que le pays a connu moins de 500 nouvelles infections au VIH chez les nourrissons pour 100 000 naissances. Le taux de transmission verticale dans le pays était de 2 % contre 10 % il y a dix ans.

En juillet 2022, l’ONUSIDA, des réseaux de personnes vivant avec le VIH, l’UNICEF et l’OMS, ainsi que des partenaires techniques, le PEPFAR et le Fonds mondial ont dévoilé l’Alliance mondiale pour mettre fin au sida chez les enfants à l’occasion de la conférence sur le sida à Montréal, au Canada. Aujourd’hui, lors la première rencontre ministérielle africaine, des leaders ont présenté la manière dont l’Alliance tiendra ses promesses pour mettre fin au sida chez les enfants d’ici 2030.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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The Global Alliance to end AIDS in children

"In 2023 no child should be infected with HIV" - ending vertical transmission

Watch launch event from Dar Es Salaam, Tanzania, 1 February 2023

Unis pour lutter contre le coût des inégalités

15 décembre 2020

« Mon petit commerce a été touché par le coronavirus. Avant le coronavirus, je vendais au moins 10 plateaux d’œufs par semaine. Au plus fort de la pandémie, je pouvais me considérer heureux si j’arrivais à en vendre deux », se lamente George Richard Mbogo, séropositif, père de deux enfants et gérant d'un négoce de poules, œufs et frites à Temeke, un quartier du sud de Dar es-Salaam en République unie de Tanzanie.

La crise de la COVID-19 a eu un impact négatif sur les moyens de subsistance de personnes vivant avec le VIH en République unie de Tanzanie. Elle a aggravé leurs difficultés, par exemple pour ce qui est des services disponibles liés au VIH, et a renforcé les inégalités sociales et économiques.

« Le coronavirus a rendu la vie très difficile. J’ai eu mon lot de soucis et de stress. En tant que chauffeur de bodaboda (mototaxi), je dois aller dans des endroits animés et être très proche d’autres personnes. J’ai eu du mal à ne pas céder à la peur et à la dépression, à jongler entre obtenir mon traitement du VIH et le travail. Il y a eu des moments où j’ai pensé arrêter mes médicaments, mais j’ai continué », raconte Aziz Lai, un chauffeur de mototaxi vivant aussi à Dar es-Salaam. 

Les pandémies concomitantes du VIH et de la COVID-19 touchent durement les plus pauvres et les plus vulnérables. Toutefois, la mobilisation des ressources nationales a transformé la crise du coronavirus en une chance qui a permis aux partenaires de se mobiliser afin d’aider leurs communautés.

Les efforts conjugués du gouvernement, de partenaires de développement, y compris le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida, l’USAID et l’ONUSIDA, le National Council of People Living with HIV (NACOPHA) et de personnes impliquées dans les communautés sont cruciaux pour répondre à la COVID-19. Ensemble, ils ont permis de fournir des informations, des services, une protection sociale et de l’espoir aux personnes vivant avec le VIH au cours de ces temps éprouvants et sans précédent.

Hebu Tuyajenge est une de ces initiatives. Menée par le NACOPHA et financée par l’USAID, son objectif consiste à encourager l’utilisation du dépistage et du traitement du VIH, ainsi que des services de planification familiale chez les adolescent-es et les personnes vivant avec le VIH. Par ailleurs, elle cherche à renforcer le potentiel d’action des organisations et des structures communautaires, ainsi qu’à créer un environnement propice à la riposte au VIH en redonnant de l’autonomie aux personnes séropositives.

Caroline Damiani, séropositive, élève seule ses trois enfants et gagne sa vie en élevant des poules et des canards. « Hebu Tuyajenge nous a donné des équipements de protection individuelle, du désinfectant, du savon et des seaux. Elle nous a informés sur la COVID-19 et sur la manière de nous protéger afin de rester en bonne santé au cours de cette pandémie », explique-t-elle.

Les services apportés par les communautés sont venus s’ajouter à la prise en charge dans les établissements de santé. Au cours de la crise, des membres de communautés ont apporté des services anti-VIH essentiels. Ils ont par exemple renvoyé des personnes séropositives vers un traitement et les ont aidées à respecter leur traitement.

Pour Elizabeth Vicent Sangu, séropositive depuis 26 ans, ses « résultats » parlent d’eux-mêmes.

« Concernant les rendez-vous de suivi dans ma communauté, j’ai renvoyé 80 personnes vers le dispensaire pour le dénombrement de leurs cellules CD4, j’ai inspiré 240 personnes à faire un test, j’ai signalé 15 cas de violence basée sur le genre et j’ai apporté des informations à 33 groupes, y compris des groupes de jeunes et de chrétiens », annonce-t-elle, la fierté se lisant sur son visage.

Le NACOPHA a aidé Mme Sangu à accepter son statut et l’a accompagné à toutes les étapes menant à son autonomie.

« Depuis que je milite en faveur du traitement pour Hebu Tuyajenge, j’ai obtenu de l’aide sur l’entrepreneuriat et des informations sur le VIH. Maintenant, j’éduque les autres. J’ai permis à des personnes d’être fières de vivre avec le VIH et d’aller se faire tester », continue-t-elle.

Le partenariat entre les militant-es communautaires et les centres de soin a porté ses fruits.

« Au début, nos patient-es et nous-mêmes avions peur, mais grâce aux informations et aux formations, les choses se sont améliorées. Le plus important pour nous a été de donner des informations toutes les heures et tous les jours sur le coronavirus et de nous assurer que les gens respectaient une distance physique correcte », raconte Rose Mwamtobe, médecin au Tambukareli Care and Treatment Centre de Temeke.

« En République unie de Tanzanie, mais aussi dans le monde entier, la COVID-19 révèle une fois de plus le coût des inégalités. La santé mondiale, y compris la riposte au sida, est intimement liée aux droits humains, à l’égalité des sexes, à la protection sociale et à la croissance économique », explique Leopold Zekeng, directeur pays de l’ONUSIDA pour la République unie de Tanzanie.

« Pour mettre un terme au sida et à la COVID-19, tous les partenaires doivent s’unir, au niveau national et mondial, afin de garantir de n’oublier personne », poursuit-il.

Notre action

COVID-19 et VIH

En Tanzanie, des organisations communautaires viennent en aide aux consommatrices de drogue

05 octobre 2020

En République unie de Tanzanie, dans la ville de Dar-es-Salaam, des organisations communautaires jouissant du soutien de l’ONUSIDA aident des consommatrices de drogue et leur famille à survivre au cours de la période difficile que nous traversons.

« Avant la pandémie, la vie était simple et meilleure. Je faisais de petits boulots sur la plage comme nettoyer le poisson, aider à charger et à nettoyer les bateaux, et les gens me payaient pour cela. J’aidais ma fille à laver ses vêtements, je l’accompagnais à l’école et je cuisinais pour elle. La vie était simple », explique Doroth Hassan assise devant les locaux de SALVAGE, une organisation affiliée au Tanzania Network for People who Use Drugs (TaNPUD) et installée dans le quartier de Kigamboni à Dar-es-Salaam.

En temps normal, Mme Hassan a recours au commerce du sexe et aux petits boulots informels, comme travailler sur la plage, afin de couvrir ses besoins et ceux de sa fille. Mais l’arrivée de la pandémie de COVID-19 a tout bouleversé.

« La vie a changé aujourd’hui. Je vis dans la peur et je me fais du souci. Les personnes pour qui je travaillais ne veulent plus payer, car elles disent qu’elles n’ont plus d’argent à cause du coronavirus. Tout a changé. La vie est dure. Mes clients ont disparu, ils se sont évaporés. Et les derniers qui continuent à venir trichent, ils tirent sur le prix des prestations sexuelles », continue Mme Hassan.

Et ses soucis sont partagés par d’autres. La plupart des consommatrices de drogue à Dar-es-Salaam ont recours aux mêmes expédients pour survivre : commerce, travail du sexe, activités dans le secteur informel. Elles vivent dans des camps de toxicomanes ou dans des zones d’habitat informel surpeuplées.

Avec le soutien de l’ONUSIDA et d’autres partenaires, des organisations communautaires locales, dont le TaNPUD et SALVAGE, sont en mesure d’apporter un peu de réconfort à des femmes vivant dans des camps et des bidonvilles de Dar-es-Salaam.

« Le TaNPUD a fait prendre conscience de notre situation et SALVAGE nous a fourni, ainsi qu’à d’autres femmes de la communauté, des seaux, du savon et de la nourriture, ou encore d’autres produits d’hygiène. Le TaNPUD est un défenseur fiable de nos droits à la santé », indique Oliver Kinanda, une ancienne toxicomane suivant aujourd’hui un traitement de substitution aux opioïdes.

Mme Kinanda est également bénévole à la clinique de traitement médicamenteux (Medication-Assisted Treatment, MAT) du quartier de Temeke où elle habite. Elle y fait de la prévention de la tuberculose et collecte des échantillons afin d’effectuer un dépistage de la maladie. Néanmoins, son travail a changé depuis l’arrivée de la COVID-19.

« En tant que conseillère au sein de ma communauté, je dispose d’informations sur la prévention de la COVID-19. Je renseigne et je sensibilise sur ce thème. J’ai aussi obtenu de l’aide tout comme d’autres personnes consommant des drogues, par exemple sous forme de masques », continue Mme Kinanda. Elle a également reçu des informations et de l’aide d’autres organisations communautaires locales, y compris des dons destinés à sa communauté et aux personnes qu’elle rencontre à la clinique Temeke MAT.

Mme Hassan a aussi obtenu la même aide.

« Le TaNPUD a attiré l’attention sur notre situation et SALVAGE, en tant qu’organisation affiliée au TaNPUD et dédiée à l’aide aux femmes, nous aiguille vers d’autres services pour ce qui est des soins et du traitement. L’association nous fournit un abri, de la nourriture et des produits d’hygiène », explique-t-elle.

Cette assistance distribuée grâce au soutien financier et matériel de l’ONUSIDA aidera non seulement à atténuer certaines conséquences de la pandémie, alors même que les effets de la COVID-19 s’estompent lentement au sein de la République unie de Tanzanie.

Happy Assan, coordonnatrice du TaNPUD, indique que cette aide a déjà été apportée à 55 familles de consommatrices de drogue de Dar-es-Salaam.

« L’aide couvrait les besoins alimentaires et d’hygiène. Elle a également permis aux femmes de rester chez elles plutôt que de sortir, par exemple pour chercher des clients, et de négocier des pratiques sexuelles à moindre risque. Cette assistance a permis d’atténuer l’insécurité alimentaire des familles avec des enfants », conclut Mme Assan.

Les consommatrices de drogues sont nombreuses à vivre avec le VIH ou à être exposées à une infection. Elles dépendent ainsi d’un accès fiable au traitement et aux soins, y compris aux services de réduction des risques. Malgré le soutien au sein de la communauté, certains services indispensables aux femmes toxicomanes sont toutefois interrompus.

« Les services de réduction des risques sont à l’arrêt, ils sont plus rares. Finie la distribution de préservatifs ou autres, seules des aiguilles et des seringues sont encore distribuées. Au moins, maintenant, SALVAGE nous aide en nous donnant des produits d’hygiène. L’hôpital ne fournit pas d’autre aide, seulement un traitement du VIH », explique Mme Hassan.

Mmes Hassan et Kinanda expliquent être confrontées à une recrudescence de la stigmatisation au cours de la pandémie qui est imputable en partie à des conséquences inattendues de l’aide reçue. Les masques distribués étant d’une certaine couleur, les membres des communautés locales voient ainsi directement que les femmes qui les portent sont des toxicomanes. Des personnes signalent que la stigmatisation et la discrimination sont monnaie courante à l’hôpital, ce qui dresse des barrières supplémentaires pour accéder aux services. Mais le plus difficile est la perte de revenus à cause de la pandémie.

Et comme Mme Kinanda le résume si bien : « Pas de clients, pas d’argent. Du point de vue financier, je souffre, car mes clients disent ne pas avoir d’argent parce que leur travail est touché par le coronavirus. Je continue de sensibiliser et d’apporter des informations à ma communauté et aussi à ma famille. C’est difficile financièrement, mais je n’ai pas d’autre choix que de continuer à aller de l’avant. »

Notre action

Populations clés

Le commerce du sexe face à la COVID-19 en Tanzanie

25 août 2020

« C’est beaucoup trop difficile d’avoir des clients depuis l’arrivée de la COVID-19 », explique Teddy Francis John, travailleuse du sexe à Zanzibar. Depuis le début de l’épidémie, elle a plus de mal à gagner de l’argent pour couvrir ses besoins et ceux de ses deux enfants.

« La vie en générale est plus difficile et j’ai dû ouvrir un petit débit de boisson vendant un alcool local », continue-t-elle. Cette activité l’aide aussi à rencontrer de nouveaux clients qui viennent chez elle prendre un verre et qui sont moins regardants sur les mesures d’éloignement social.

Mme John habitait et travaillait autrefois dans la ville de Zanzibar, mais elle a décidé de déménager dans une zone plus rurale afin de gagner plus et d’éviter de payer un loyer. Ici, explique-t-elle, elle peut trouver plus facilement de nouveaux amateurs pour son alcool local.

Juste de l’autre côté du détroit, en Tanzanie continentale, Rehema Peter partage un destin similaire à Temeke, banlieue surpeuplée de Dar es-Salaam. Elle est travailleuse du sexe et conseille bénévolement des personnes vivant avec le VIH et des toxicomanes.

Ses clients étaient des habitués qui venaient chez elle ou elle se rendait chez ceux en qui elle avait confiance. Mais ils ne viennent plus depuis l’arrivée de la COVID-19.

« La vie est beaucoup plus dure à cause du coronavirus. Mon travail ne rapportait déjà pas beaucoup avant, mais la situation a empiré avec la COVID-19. En ce qui concerne mes partenaires [clients], ils ne viennent plus et ne m’appellent plus. Les rares d’entre eux qui venaient souvent, je les ai appelés, mais ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas d’argent, car à cause de la COVID-19 certains ne vont plus travailler », déclare Mme Peter.

Quant à son travail de conseillère au sein de sa communauté, elle obtient moins d’heures, sa paie s’en ressent. Ancienne toxicomane, elle reçoit un peu d’aide du Tanzania Network for People who Use Drugs (TaNPUD). Ce réseau jouit du soutien de l’ONUSIDA pour distribuer des produits alimentaires et d’hygiène aux toxicomanes et aux personnes en cours de guérison.

« J’essaie de garder la tête froide et de trouver d’autres sources [de revenus]. Je suis à la recherche d’autres organisations pouvant m’aider d’une manière ou d’une autre. J’essaie aussi de fabriquer et de vendre du savon et de l’huile grâce aux connaissances apportées par le TaNPUD », raconte Mme Peter.

Continuité des services

Mme Peter et Mme John vivent toutes deux avec le VIH et suivent un traitement. Grâce aux efforts et au soutien de l’ONUSIDA et d’autres partenaires du gouvernement tanzanien, les services liés au VIH dans le pays ont a à peine souffert de la COVID-19. Ce que les deux femmes peuvent confirmer.

« En ce moment, il est plus difficile d’avoir accès aux services dans les établissements de santé publics, sauf si l’on va dans un hôpital privé où il faut avoir de l’argent en liquide. Néanmoins, je n’ai aucun problème pour obtenir des services liés au VIH, y compris mon traitement », poursuit Mme John.

Mme Peter sait qu’elle peut à présent recevoir des antirétroviraux pour trois mois, voire pour six mois maximum, car le personnel médical veut éviter d’avoir trop de monde dans les établissements de santé. Cette mesure permet aux deux femmes de suivre leur traitement.

Augmentation de la stigmatisation

Depuis l’arrivée de la COVID-19, Mme Peter et Mme John ressentent une augmentation de la stigmatisation et de l’exclusion sociale dont elles sont victimes en tant que travailleuses du sexe et femmes séropositives.

« J’entends des réflexions de la part de certaines personnes qui savent que j’ai le VIH. Elles me disent : « Prépare-toi à mourir. Les gens comme toi ne guérissent jamais. Tu dois de préparer pour ton dernier voyage » », raconte Mme Peter. Elle est la cible de discriminations au sein de sa communauté, mais elle peut compter sur sa famille.

Les ragots et les moqueries motivés par la profession de Mme John se multiplient aussi à l’encontre de cette dernière.

« Des personnes vivant dans les communautés autour de moi ont commencé à se moquer de moi et d’autres. Elles se sont mises à commérer sur la manière dont j’allais gagner ma vie maintenant que je n’ai plus de clients à cause de l’épidémie de COVID-19 », raconte Mme John.

Même si l’épidémie de COVID-19 est officiellement terminée en Tanzanie et malgré leurs efforts sans relâche pour trouver d’autres sources de revenus, les deux femmes ont toujours du mal à gagner leur vie à cause des règles d’éloignement social encore en vigueur.

« [C’]est très compliqué de fournir ce service et cela nous a fragilisées économiquement. Je sais que la COVID-19 touche le monde entier, mais les travailleuses et travailleurs du sexe la ressentent de plein fouet à cause de la nature même de nos services : la proximité est indispensable », conclut Mme John.

Notre action

COVID-19 et VIH

L’ONUSIDA rend hommage à Benjamin William Mkapa, grand nom de la lutte contre le sida et ancien président de la République-Unie de Tanzanie

24 juillet 2020

GENÈVE, le 24 juillet 2020—L’ONUSIDA a été très touchée d’apprendre la disparition de l’ancien président de la République-Unie de Tanzanie, Benjamin William Mkapa. Sa vie a été marquée par son engagement courageux et empli de compassion en faveur de la paix en Afrique orientale et de l’éradication du sida. La riposte au VIH en République-Unie de Tanzanie lui doit nombre de ses succès.

« C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le décès de l’ancien président de la République-Unie de Tanzanie, Benjamin Mkapa », a déclaré Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA. « C’était un défenseur infatigable de la paix et d’une Afrique libérée de l’emprise du sida. L’ONUSIDA rend hommage à son courage, à sa force et à son leadership. »

En 1999, il annonce que le VIH est une catastrophe nationale et montre rapidement la voie de la riposte au VIH en Tanzanie en créant la Tanzania Commission for AIDS. Il forme également en 2001 la Tanzania Parliamentarians AIDS Coalition (TAPAC) qui réunit le président et le Premier ministre, des membres du parlement et d’autres figures importantes de la politique au sein de la riposte au VIH.

Parmi les grandes réussites de la TAPAC, on peut citer l’adoption d’une législation progressiste sur le VIH et la création du Standing Committee on HIV/AIDS Affairs en 2008 dont le rôle consiste à faire du VIH un thème récurrent sur l’agenda du parlement. Outre l’augmentation du budget national alloué au sida, des membres du parlement tanzanien, via la TAPAC, ont levé des fonds en faveur de projets liés au VIH afin de venir en aide à des organisations non gouvernementales, des personnes vivant avec le VIH et des populations vulnérables.

La veille de la Journée mondiale de lutte contre le sida en 2005, au cours de son discours de départ en retraite, M. Mkapa a pris congé de la scène politique nationale en enjoignant l'ensemble des citoyens et citoyennes à découvrir leur statut sérologique. Il leur a demandé de se faire dépister volontairement afin d’être en mesure de prendre des décisions fondées et, le cas échéant, d’obtenir un traitement.

Retraité, il a poursuivi son engagement en faveur de la riposte au sida et est devenu l’un des membres à l’origine des Champions for an AIDS-Free Generation (Champions pour une génération sans sida), un groupe éminent composé d’anciens présidents et de grandes figures africaines qui œuvre pour mettre un terme au sida. 

Il était par ailleurs le parrain de la Benjamin William Mkapa Foundation qui est allée à la rencontre de millions de Tanzaniens et de Tanzaniennes et continue d’améliorer les services de santé en milieu rural, ainsi que la santé et le bien-être des femmes, des hommes et des enfants, y compris des personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus.

L’ONUSIDA présente ses condoléances les plus sincères à la famille de M. Mkapa et à celles et ceux qui l’ont connu et aimé. La riposte au sida a perdu l’un de ses plus ardents défenseurs.

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

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Échanges entre les experts de Tanzanie et d’Afrique du Sud

20 février 2019

Une délégation tanzanienne en visite en Afrique du Sud a souligné le rôle du leadership politique dans la riposte au sida, ainsi que l’importance d’une concordance entre les politiques et la législation concernant les ripostes au VIH et à la tuberculose (TB).

Dirigée par Oscar Rwegasira Mukasa, Président de la Commission parlementaire sur le VIH et les stupéfiants de la République unie de Tanzanie, la délégation était composée de députés tanzaniens et de représentants de la Commission tanzanienne sur le sida (TACAIDS). Lors de cette visite qui s’est déroulée du 13 au 15 février, M. Mukasa a expliqué que les responsables politiques avaient un rôle important à jouer dans l’union des efforts relatifs à la riposte au sida et la mobilisation des ressources nationales, afin, selon ses mots, « de pouvoir voler de nos propres ailes ».

La République unie de Tanzanie va prendre la présidence de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en août et les parlementaires ont indiqué qu’ils allaient profiter de cette opportunité pour impliquer les ministres de la Santé de la SADC dans l’élaboration de politiques sur le VIH et la tuberculose dans la région. « Nous devons aligner les politiques et la législation sur la programmation technique pour le VIH et la tuberculose afin de faire en sorte d’être synchro avec la stratégie 90-90-90 », a déclaré M. Mukasa.

Ces propos ont trouvé un écho lors d’une rencontre avec Aaron Motsoaledi, Ministre de la Santé sud-africain, qui a insisté sur la nature régionale de l’épidémie de sida, de tuberculose et de paludisme, et appelé la République unie de Tanzanie à profiter de son futur rôle de leadership à la tête de la SADC pour faire avancer les politiques et les actions coordonnées. M. Motsoaledi, qui préside le Conseil d’administration du Partenariat Halte à la tuberculose, a rappelé aux délégués les liens inextricables entre le VIH et la TB et fait remarquer que la TB était la première cause de décès en Afrique du Sud et chez les personnes vivant avec le VIH.

Les délégués ont examiné toute une série de questions, notamment la riposte multisectorielle en Afrique du Sud, la législation, la durabilité et les contrats de prestation de services, y compris à l’échelon public, privé et communautaire. Ce voyage d’étude incluait également des visites sur le terrain, dans un centre de santé communautaire et un distributeur automatique de médicaments.

Lors d’une réunion organisée par le Conseil national sud-africain sur le sida (SANAC), son Directeur général, Sandile Buthelezi, a expliqué à la délégation que le VIH représentait toujours une urgence sanitaire. Évoquant le lourd fardeau de la tuberculose résistante aux médicaments, il a déclaré que l’Afrique du Sud était en train d’adopter de nouvelles options de traitement. « L’Afrique du Sud dispose d’un fort leadership politique, mais il y a encore beaucoup à faire pour atteindre nos objectifs », a-t-il indiqué. M. Buthelezi a souligné l’importance de faire participer la société civile et de travailler avec les institutions gouvernementales et le secteur privé afin de coordonner les efforts et de veiller à ce que les besoins des individus les plus exposés au risque d’infection à VIH et des personnes vivant avec le VIH soient pris en compte dans les programmes de lutte contre le VIH.

Mbulawa Mugabe, Directeur national de l’ONUSIDA en Afrique du Sud, s’est félicité de l’immense succès de la riposte dans la région, en indiquant toutefois qu’il existait un risque de céder à l’autosatisfaction. « Les personnes sont sous traitement anti-VIH tout au long de leur vie et nous avons besoin d’un engagement politique pour investir des ressources nationales afin de pérenniser les efforts de prévention et de traitement à long terme », a-t-il déclaré.

Leonard Maboko, Directeur exécutif de TACAIDS, a fait savoir que les parlementaires se serviraient des conclusions de leur voyage d’étude pour renforcer leur riposte nationale, étudier des modèles de prestation de services innovants et encourager une approche multisectorielle. « Nous restons trop souvent entre nous pour débattre : nous devons consulter d’autres personnes sur ces questions », a-t-il reconnu.

L’Irlande soutient les services anti-VIH pour les plus vulnérables en République Unie de Tanzanie

14 décembre 2018

L’Irlande s’est engagée à hauteur de 400 000 € auprès de l’ONUSIDA dans le cadre d’un projet de prestation de services anti-VIH pour les populations les plus vulnérables en République Unie de Tanzanie. La première tranche, d’un montant de 200 000 €, a déjà été versée.  

« À travers ses programmes de développement, l’Irlande soutient les personnes les plus marginalisées au sein de la société, afin de leur permettre d’accéder aux services essentiels pour pouvoir vivre avec dignité. L’Irlande est heureuse de collaborer avec l’ONUSIDA pour soulager la détresse des populations qui ont le plus besoin de services anti-VIH indispensables », a déclaré l’Ambassadeur irlandais en République Unie de Tanzanie, Paul Sherlock.

L’ONUSIDA travaillera en étroite collaboration le Ministère de la Santé, la Fondation Benjamin Mkapa et les organisations de la société civile sur les problèmes qui empêchent les populations les plus exposées d’accéder à la prévention, au traitement et aux soins anti-VIH en temps utile. L’appui apporté par l’ONUSIDA couvre la mobilisation des parties concernées, la fourniture d’un leadership technique et d’orientations stratégiques, ainsi que l’organisation de la participation et de la représentation.

Parmi les principaux obstacles à une riposte efficace au VIH dans le pays figurent la stigmatisation et la discrimination, les inégalités et les violences à l’égard des femmes et des filles, ainsi que des lois pénales et répressives qui touchent les populations les plus exposées.

Ce projet, d’une durée de 18 mois, permettra à ses bénéficiaires d’accéder à des compétences en matière de textes juridiques, de les sensibiliser au droit à la santé et de lutter contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH.

L’Irlande est un partenaire de longue date de l’ONUSIDA, ayant participé à hauteur de 2,56 millions de dollars aux fonds de base de l’ONUSIDA en 2018.

« L’ONUSIDA et l’Irlande ont pour but commun de veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte dans la riposte au sida. Les fonds apportés par l’Irlande nous offrent une occasion venant à point nommé de donner aux populations les plus exposées de République Unie de Tanzanie une chance de vivre dans la dignité et en bonne santé », a déclaré Leopold Zekeng, Directeur national de l’ONUSIDA en République Unie de Tanzanie.

Pili : un film sur le thème du but universel d’une vie meilleure

28 février 2018

Binette sur l’épaule, marchant lentement le long d’une route poussiéreuse, Pili, une jeune Tanzanienne, regarde un étal de marché vide. Discutant avec son amie pendant qu’elles défrichent un champ, elle déclare : « Creuser toute la journée, se battre pour gagner de l’argent, je ne pourrai pas faire ça toute ma vie ».

C’est ainsi que commence le film « Pili », qui relate la vie d’une mère célibataire de deux enfants tentant de bâtir une vie meilleure pour elle-même et sa famille. Le travail agricole rapporte moins de 2 dollars par jour et la jeune femme de 25 ans a du mal à joindre les deux bouts, entre les frais de garde des enfants, les fournitures scolaires et les consultations médicales. Pili vit avec le VIH et s’efforce de garder le secret sur sa séropositivité. Elle a peur de la stigmatisation et craint de ne pas pouvoir obtenir de prêt pour payer l’étal de marché qu’elle rêve de louer.

Produit par Sophie Harman et réalisé par Leanne Welham, ce film nous plonge dans le combat quotidien de Pili pour réunir l’argent nécessaire afin de se mettre à son compte. Alerte spoiler : elle va réussir, mais cela aura un prix.

Mme Harman, enseignante à l’Université Queen Mary de Londres, n’aurait jamais imaginé faire un film. Mais elle a compris qu’un film pourrait prendre la forme d’un projet collaboratif qui lui permettrait de mettre en lumière la détresse de nombreuses femmes.

« Dans mes cours, j’utilise souvent des films, car ils ont un impact fort, et j’ai donc voulu faire mon propre film, mais sous la forme d’une histoire réaliste se déroulant en Afrique », explique Mme Harman.

En 2015, elle remporte un prix AXA Insurance Outlook Award pour son travail dans le domaine de la politique de santé mondiale et de la gouvernance en matière de VIH. Ce prix lui permet de récolter l’argent nécessaire, mais il lui faut aussi un réalisateur, et ces derniers se montrent méfiants quant à la production d’un film avec des acteurs novices et un budget serré au milieu de nulle part. Pourtant, dans l’année qui suit, elle fait la connaissance de Leanne Welham, une réalisatrice de courts métrages qui possède des années d’expérience en Afrique.

Le point décisif qui scellera l’accord entre les deux femmes sera l’accès de Mme Harman aux communautés au sein desquelles le film sera tourné. Avec la création en 2006 d’une organisation non gouvernementale baptisée Trans Tanz, Mme Harman trouve l’inspiration dans les histoires de femmes. Trans Tanz propose des transports gratuits aux personnes vivant avec le VIH habitant dans les zones rurales afin qu’elles puissent se rendre à l’hôpital.

Mme Welham et Mme Harman ont adapté leur idée de film aux réalités de la communauté et se sont mises à rassembler des histoires basées sur des expériences réelles.

« Afin de protéger ces femmes, nous avons bien expliqué à tout le monde que notre histoire serait basée sur nos 80 entrevues et sur mes recherches », explique Mme Harman. La communauté a donné son accord et formulé des commentaires sur le scénario.

Ensuite, il leur a fallu trouver les personnages et recruter l’actrice principale, Pili. Lors d’une audition, Mme Welham fait la connaissance de Bello Rashid, venue passer le casting par curiosité en compagnie de sa sœur aînée. La jeune femme surmonte sa timidité ; elle réagit bien aux consignes de la réalisatrice et finit par décrocher le rôle.

En raison de la langue du film (le swahili) et des divers degrés d’alphabétisation, l’équipe britannique du film mélange improvisation et script. Le film se déroule à Miono, un village situé près de la côte tanzanienne.

« Les acteurs sont tous des gens ordinaires, avec un seul acteur professionnel, et 65 % d’entre eux vivent avec le VIH », explique Mme Harman. « Je voulais protéger ces femmes et les rendre aussi anonymes que possible, tout en montrant leur labeur quotidien ».

Les cinq semaines de tournage début 2016 seront éprouvantes pour tout le monde.

« Non seulement notre budget était très restreint, mais nous avons aussi dû composer avec la maladie, des obsèques et une tentative d’extorsion », raconte Mme Harman. En y réfléchissant, elle se dit que tout cela a insufflé un sens élevé de camaraderie.

Ce qui a frappé Mme Welham, c’est le temps inimaginable qu’il faut aux gens pour se déplacer. « La notion de temps et l’impact qu’il a sur la vie des gens ne sauraient être suffisamment mis en avant.

En tant que réalisatrice, je voulais montrer le rythme tranquille de Miono, mais aussi la frustration et l’isolement », explique Mme Welham. Pili met 40 minutes à traverser le champ, avant de refaire le même parcours en sens inverse. Pour se rendre dans un dispensaire où personne du village ne pourra la reconnaître, elle doit prendre le bus. Celui-ci tombe en panne sur le chemin du retour ; à cause de ce contretemps, elle arrive en retard pour récupérer ses enfants et manque de rater sa réunion avec le conseil des femmes qui approuve les micro-prêts. Tout cela dans une chaleur étouffante.

Présenté pour la première fois en septembre 2017, le film a ensuite été diffusé à Genève, en Suisse, dans le cadre des célébrations de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre. Il a remporté deux prix au Festival du Film britannique de Dinard et a fait partie de la sélection officielle du Pan African Film and Arts Festival. Le film sera projeté dans les cinémas britanniques au cours du premier semestre 2018, et tous les bénéfices seront reversés à la communauté de Miono.

Depuis le tournage, Mme Rashid a décidé qu’elle voulait arrêter de travailler dans les champs pour faire des études et devenir infirmière.

Mme Welham est particulièrement fière que le film permette au spectateur de se plonger dans un monde qu’il ne connaît pas forcément, et de voir que malgré la pauvreté, les problèmes sont toujours les mêmes. Sa productrice approuve. « L’essentiel à retenir de Pili, c’est qu’il s’agit d’une histoire universelle », conclut Mme Harman. « Même si vous n’êtes pas séropositif au VIH ou que vous ne vivez pas dans un petit village d’Afrique, vous pouvez vous identifier à quelqu’un qui veut rendre meilleure sa vie et celle de ses enfants ».

Multimédias

Trailer du film

Promouvoir le dépistage et le traitement du cancer du col de l’utérus chez les femmes vivant avec le VIH

08 février 2018

Basilisa Ndonde arbore un large sourire en entrant dans son bureau de l’organisation de la société civile Tanzania Health Promotion Support. C’est une journée particulière pour elle : la Journée mondiale de lutte contre le cancer, célébrée chaque année le 4 février. Mme Ndonde est en première ligne dans la riposte au cancer sur le terrain, dans sa fonction de coordination du projet Afya Jali qui vise à promouvoir la sensibilisation et le recours aux services de lutte contre le cancer du sein et du col de l’utérus chez les femmes vivant avec le VIH.

Les femmes vivant avec le VIH sont quatre à cinq fois plus susceptibles de développer un cancer du col de l’utérus que les femmes séronégatives au VIH. Le VIH affaiblit le système immunitaire et réduit la capacité du corps à lutter contre les infections opportunistes, par exemple le papillomavirus humain (HPV), qui est à l’origine de 70 % des cas de cancer du col de l’utérus.

La République Unie de Tanzanie se place au sixième rang mondial en termes d’incidence du cancer du col de l’utérus et compte 1,4 million de personnes vivant avec le VIH.

Mme Ndonde est fière des résultats du projet Afya Jali (ce qui signifie « Prends soin de ta santé » en swahili) obtenus jusqu’ici, quelques mois seulement après son lancement. En collaboration avec le Ministère de la Santé, du Développement communautaire, de l’Égalité des sexes, de l’Enfance et des Personnes âgées et avec le réseau tanzanien des femmes vivant avec le VIH, Mme Ndonde a contribué à l’élaboration de supports documentaires pour les agents de santé et les intervenants communautaires destinés à sensibiliser les femmes sur la nécessité de se faire dépister pour le cancer du col de l’utérus et le cancer du sein. « Pour la première fois dans le pays, nous disposons de directives complètes pour les agents de santé concernant la prévention, le dépistage et le traitement des cancers qui touchent les organes reproducteurs », explique-t-elle.

Mme Ndonde a obtenu l’appui des autorités administratives locales des quatre régions dans lesquelles le projet a été mis en œuvre. Elle a également organisé un atelier de formation pour les formateurs dans ces mêmes régions à l’attention de 30 femmes vivant avec le VIH, qui sensibilisent d’autres femmes sur le cancer du col de l’utérus et le cancer du sein et encouragent la divulgation de la maladie afin de faire reculer la stigmatisation. « Toutes les participantes ont dû s’entraîner et montrer, devant les personnes présentes à l’atelier, qu’elles savaient comment faire passer les messages dans leurs communautés respectives », raconte Mme Ndonde.

Le projet est financé par l’ONUSIDA dans le cadre de l’initiative Ruban rose Ruban rouge (RRRR), un partenariat mondial qui réunit des gouvernements, des organisations non gouvernementales et multilatérales, des fondations et des grandes entreprises dans un objectif commun de réduction des décès dus au cancer du col de l’utérus et du sein dans les pays à revenu faible et intermédiaire. En République Unie de Tanzanie, la mission de RRRR est de s’appuyer sur les programmes sanitaires existants pour intégrer les services de prévention, de dépistage et de traitement du cancer du col de l’utérus et du cancer du sein et pour élargir l’accès à la vaccination contre le HPV.

L’ONUSIDA travaille aux côtés des pays pour respecter les engagements pris lors de la Réunion de haut niveau des Nations Unies de 2016 sur la fin du sida, visant à sortir le sida de l’isolement au moyen de systèmes axés sur l’individu, afin d’améliorer la couverture santé universelle, y compris le traitement de la tuberculose, du cancer du col de l’utérus et des hépatites B et C.

Traduire les actions communautaires en résultats

15 décembre 2017

Aisha Abdallah ne manque jamais ses rendez-vous médicaux réguliers auprès du centre de soins et de traitement du VIH géré par l’Association pour l’éducation des jeunes, l’environnement et l’aide au développement de Zanzibar (ZAYEDESA), situé dans les faubourgs de Stone Town, à Zanzibar.

Elle a été diagnostiquée séropositive au VIH en 2006. « Je suis allée passer un test de dépistage avec un groupe d’amis. J’avais envie de connaître mon statut à cause de mon style de vie. Et j’ai été diagnostiquée séropositive au VIH », explique-t-elle. 

Mme Abdallah est une professionnelle du sexe. « J’étais engagée dans une relation stable avec le père de ma fille », raconte-t-elle. « Mais quand il a commencé à me maltraiter, j’ai dû fuir le continent en Tanzanie pour rejoindre Zanzibar et trouver un moyen de vivre seule ». Elle avoue pleurer souvent à l’idée d’avoir abandonné sa fille.

La ZAYEDESA gère le seul dispensaire anti-VIH à base communautaire de Zanzibar. Mme Abdallah a appris l’existence de ce nouveau dispensaire en 2014 par une travailleuse communautaire de proximité, elle-même ancienne professionnelle du sexe. « Dans le premier centre de soins et de traitement où j’avais l’habitude d’aller, j’étais traitée comme une enfant et je ne recevais pas les services dont j’avais besoin. À la ZAYEDESA, les agents de santé s’adressent à moi de façon amicale et comprennent mes inquiétudes », explique-t-elle. Au centre, elle a également bénéficié d’un dépistage et d’un traitement de la tuberculose, ainsi que de services de planning familial, notamment de préservatifs. « J’ai confiance en ce dispensaire. Je sais que si je tombe malade, je serai bien reçue ici ».

La ZAYEDESA a créé quatre centres de santé pour les jeunes sur les deux îles de Zanzibar, Unguja et Pemba, ainsi qu’une ligne d’assistance anonyme et gratuite sur le sida et un service de messagerie pour l’envoi de SMS contenant des informations sur le VIH et la santé sexuelle et reproductive. L’association se trouve au cœur de la riposte communautaire au sida à Zanzibar et joue un rôle essentiel dans l’apport de services sans stigmatisation ni discrimination aux populations clés et vulnérables.

La stigmatisation demeure l’un des principaux obstacles à l’accès aux services de prévention, de traitement et de soins à Zanzibar. Mme Abdallah aimerait faire passer le message suivant : « Je veux que les gens comprennent que le VIH peut toucher n’importe qui, n’importe où ».

Mme Abdallah, qui préfère ne pas donner son vrai nom, suit un traitement anti-VIH qui lui sauve la vie. « Je sais à quel point il est important de bien suivre mon traitement antirétroviral. Ma mère m’aide beaucoup, elle m’appelle tous les jours pour voir comment je vais et me rappeler de prendre mes médicaments ».

L’ONUSIDA a soutenu la rénovation des centres pour les jeunes gérés par la ZAYEDESA. Actuellement, l’ONUSIDA aide la ZAYEDESA à assurer sa participation pertinente au développement, à la mise en œuvre et à la révision du Programme commun des Nations Unies contre le VIH à Zanzibar et à pérenniser ses efforts de mobilisation des ressources.

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