THA

Feature Story

Les professionnelles du sexe formées aux affaires dans le cadre d'un nouveau projet communautaire de l'OIT

30 mai 2012

Des professionnelles du sexe partagent leurs idées de création d'entreprise qui leur permettra d'acquérir une plus grande indépendance financière.
Photo : OIT

Lorsque San, une professionnelle du sexe à Bangkok, s'est vu proposer la possibilité de participer à un programme pilote de formation aux affaires, elle a sauté sur l'occasion. Elle voulait mettre en pratique son idée d'ouvrir une pâtisserie.

« J'ai toujours aimé faire des gâteaux, c'est pourquoi j'aimerais débuter une activité à temps partiel pour compléter mes revenus provenant du commerce du sexe », a-t-elle déclaré.

Assise dans le bureau du quartier rouge de la Fondation Empower, un groupe de défense des professionnelles du sexe, San discute avec Au et Wii, des membres du programme communautaire de formation à la création d'entreprise (C-BED) de l'Organisation internationale du travail (OIT). Au travaille sur un business plan en partenariat avec un autre membre du C-BED pour la création d'une société de traiteur spécialisée dans la livraison de salades thaï épicées chez des particuliers à Bangkok et ses environs. Et Wii espère ouvrir une petite boutique de vêtements traditionnels.

Le C-BED est un nouvel outil qui développe le potentiel des entrepreneurs actuels ou en devenir, par le biais de modules de compétences professionnelles auto-administrés reposant sur des principes d'apprentissage social basés sur les activités et dirigés par les participants.

Les professionnelles du sexe sont confrontées à de nombreux obstacles dans leur quotidien, notamment des horaires de travail prolongés, la violence liée à leur activité et le manque d'accès à des soins de santé et des allocations de sécurité de sociale. Elles sont également hautement vulnérables au VIH : près de 3 % des professionnelles du sexe en maison close vivaient avec le VIH en 2009 et une étude de 2007 a montré que leur prévalence du VIH était de 20 % à Bangkok et Chiang Rai.

La Fondation Empower et d'autres groupes similaires en Thaïlande ont appelé le gouvernement et les agences de développement à prendre en charge la vulnérabilité économique des professionnelles du sexe et à accorder l'accès à des sources de revenus complémentaires. La formation du C-BED vient combler cette lacune grâce à une méthodologie innovante et bon marché qui souligne la valeur de la reconnaissance et du partage des connaissances à l'échelle communautaire.

L'émancipation économique peut aider les professionnelles du sexe à négocier des conditions de travail meilleures et plus sûres, sans violence ni harcèlement, un meilleur accès aux services de santé, y compris à la prévention, au traitement et aux soins du VIH

Richard Howard, spécialiste du VIH/sida de l'OIT pour la région Asie-Pacifique

« Le C-BED permet aux groupes vulnérables, notamment les professionnelles du sexe et les personnes séropositives, d'améliorer leurs sources de revenus », a indiqué Richard Howard, spécialiste du VIH/sida de l'OIT pour la région Asie-Pacifique. « L'émancipation économique peut aider les professionnelles du sexe à négocier des conditions de travail meilleures et plus sûres, sans violence ni harcèlement, un meilleur accès aux services de santé, y compris à la prévention, au traitement et aux soins du VIH. »

La première formation du C-BED, qui s'est tenue récemment sur 3 jours dans le bureau d'Empower, était animée par une équipe de membres et bénévoles impliqués dans la communauté des professionnelles du sexe. Les 26 professionnelles du sexe présentes, âgées de 18 à 72 ans, possédaient divers niveaux d'alphabétisation et les théories professionnelles leur ont donc été présentées sous la forme d'une série d'activités, notamment de jeux de rôle, de dessins et de discussions. Les principaux thèmes abordés incluaient le marketing, la comptabilité, la productivité, la gestion du personnel, la fixation des prix et le contrôle de la qualité, et les participantes ont créé des programmes d'action.

« J'ai apprécié que chacune ait la possibilité de présenter son idée professionnelle sans crainte - c'était amusant et pas stressant, ce qui a nous permis d'en apprendre plus », a déclaré une participante. « Maintenant, je pense que je peux diriger ma propre entreprise », a-t-elle ajouté.

Le C-BED est destiné aux participantes non formées mais alphabétisées de la communauté pour animer des sessions de groupe et partager leurs connaissances et leur expertise.  Comme l'animation n'exige aucune formation ni supports onéreux, le C-BED peut être mis en œuvre à un coût minimal dans les communautés vulnérables ou éloignées et habituellement inaccessibles pour des raisons d'isolation sociale ou géographique.

Le coordinateur de pays de l'ONUSIDA, Michael Hahn, salue le projet. « C'est un très bon exemple d'activité conçue et mise en œuvre avec la participation totale des professionnelles du sexe. Les compétences professionnelles qu'elles acquièrent leur offrent plus de choix sur la manière dont elles veulent dessiner leur vie et leur avenir. »

L'OIT prévoit de déployer le C-BED en partenariat avec des organisations de professionnelles du sexe en Thaïlande, au Cambodge, au Vietnam et au Sri Lanka dans les 2 prochaines années, avec l'objectif d'atteindre plus de 2 000 professionnelles du sexe d'ici fin 2013.

Depuis sa formation, San a ouvert une pâtisserie à Samut Sakhorn et espère qu'un jour, elle emploiera du personnel pour s'agrandir. « Le C-BED m'a donné la confiance nécessaire pour créer mon entreprise », a-t-elle indiqué.

Liens externes

Liens externes

Feature Story

La Thaïlande et les pays voisins se rencontrent pour aider à fournir des traitements anti-VIH pour des milliers de migrants qui en ont besoin

02 mai 2012

Un grand nombre des plus de cinq millions de migrants de Thaïlande se trouvent dans des situations qui augmentent leur risque d'infection à VIH et ont des difficultés pour accéder aux services clé comme le traitement antirétroviral.
Photo : PNUD

La migration joue un rôle intégral dans le développement économique de la Thaïlande et le pays accueille plus de cinq millions de migrants du Cambodge, du Laos et de Birmanie.

Nombre de migrants se trouvent toutefois dans des situations qui augmentent leur risque d'infection par le VIH et ont des difficultés à accéder aux services clé comme le traitement antirétroviral. Une récente conférence régionale, organisée par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et l'Initiative conjointe sur la mobilité et le VIH/SIDA (JUNIMA), les 24 et 25 avril derniers, a exploré des pistes pour garantir un meilleur accès au traitement antirétroviral à ce groupe potentiellement vulnérable.

Bien que la migration ne soit pas en elle-même un facteur de risque d'infection à VIH, elle peut augmenter la vulnérabilité, comme par exemple les conditions de travail exploitatif qui peut inclure la violence sexuelle, mais aussi la séparation d'avec les conjoints/partenaires, des familles et des normes et valeurs sociales et culturelles établies.

Une nouvelle étude dans les six provinces les plus affectées par le VIH en Thaïlande a montré que les migrants cambodgiens sont les plus touchés avec une prévalence du VIH de 2,5%. La prévalence totale estimée chez les adultes dans le pays est de 1,3%.

Le gouvernement de Thaïlande a pris des mesures pour garantir que les migrants aient accès au traitement antirétroviral. S'exprimant lors de la conférence, Dr Petchsri Sirinirund, Directeur du centre de gestion national du sida au département du contrôle des maladies du ministère de la Santé déclare, « Dans la nouvelle stratégie nationale pour 2012-2016, nous souhaitons fournir un accès au traitement anti-VIH et à des soins de qualité pour toute personne vivant avec le VIH en Thaïlande, peu importe sa nationalité. »

Il y a un accès au traitement antirétroviral pour certaines catégories de migrants peu qualifiés, mais il y a beaucoup plus de personnes qui en ont besoin. Ceux qui sont officiellement enregistrés peuvent payer une contribution pour une couverture santé universelle qui inclut le traitement du VIH et un nombre limité de personnes avec des papiers temporaires, quelques 2 300, reçoivent le traitement antirétroviral par le biais du projet de fonds mondial de Thaïlande.

Alors qu'il faut concentrer nos discussions sur la disponibilité des traitements antirétroviraux comme une solution, il est également nécessaire de mettre en place un système complet de soins médicaux et sociaux soutenu par une politique nationale et régionale.

Promboon Panitchpakdi, Directeur exécutif de la fondation « Raks Thai », une ONG de développement

L'engagement politique pour fournir des soins de qualité élevés, y compris les antirétroviraux, est également mis en évidence par l'établissement d'un mémorandum de coopération sur l'action conjointe pour réduire la vulnérabilité au VIH en association avec les mouvements de population. Cela a été signé en décembre 2011 par les six membres de la région du Grand Mékong (Cambodge, Laos, Birmanie, Thaïlande, Vietnam et la province du Yunnan en Chine). Un plan d'action conjoint du mémorandum a été formulé.

De plus, les autorités thaïes et cambodgiennes ont collaboré à un système permettant aux migrants cambodgiens de retourner dans leur pays d'origine afin d'obtenir un approvisionnement de trois mois pour le traitement antirétroviral.

Toutefois, de nombreux migrants ne sont pas en position d'accéder à des antirétroviraux. Chaque système de santé a un coût pour les personnes allant d'environ 45 à 90 dollars américains ; il y a également une longue liste d'attente pour le traitement. Un certain nombre de ceux qui ne sont pas enregistrés ne sont jamais repérés par les autorités et ne reçoivent donc pas d'aide.

Les difficultés de la navigation transfrontalière avec différentes réglementations, systèmes de santé et langues, ainsi que la nature de la migration souvent temporaire, rend la situation particulièrement difficile pour les migrants vivant avec le VIH pour avoir accès au traitement antirétroviral avec le continuum de migration et pour adhérer à un protocole thérapeutique.

Par ailleurs, recevoir un traitement antirétroviral n'implique pas uniquement l'obtention de médicaments pour soi-même, mais également la garantie de l'accès à des services anti-VIH plus étendus comme le conseil et le test volontaires et confidentiels comme étant un point d'entrée au traitement.

Selon Promboon Panitchpakdi, Directeur exécutif de la fondation « Raks Thai », une ONG de développement, « Alors qu'il faut concentrer nos discussions sur la disponibilité des traitements antirétroviraux comme une solution, il est également nécessaire de mettre en place un système complet de soins médicaux et sociaux soutenu par une politique nationale et régionale. »

Un certain nombre de recommandations ont émergé de la conférence PNUD/JUNIMA. Celles-ci comprennent : l'examen des moyens d'utilisation de la propriété industrielle ADPIC et des flexibilités des accords de libre-échange afin de réduire les coûts de services de traitement et d'augmenter la couverture pour les migrants, l'harmonisation des protocoles de traitement et de recours dans tous les pays et la garantie qu'en plus du traitement, les migrants disposent de meilleurs services anti-VIH.

Rathin Roy, Administrateur du Centre régional Asie-Pacifique du PNUD est confiant que les migrants seront de mieux en mieux servis. « La Thaïlande est pionnière dans la mise en œuvre du principe humain que les migrants ont accès à la même qualité de services anti-VIH et aux solutions qui sont disponibles pour les citoyens et le PNUD, par l'intermédiaire du JUNIMA, est heureux de travailler en partenariat avec le gouvernement et la société civile par delà des frontières pour répondre aux défis qui permettront aux migrants dans le besoin d'avoir accès au traitement anti-VIH vital.

Liens externes

Liens externes

Feature Story

Les pays de la région Asie-Pacifique s'engagent dans un partenariat d'égalité avec les communautés pour l'accélération de la riposte régionale au sida

10 février 2012

Des représentants de la communauté des personnes vivant avec le VIH et des populations les plus exposées au risque appellent les gouvernements de la région Asie-Pacifique à travailler avec eux pour accomplir les objectifs et les engagements internationaux sur le sida.
Photo : CESAP-ONU

Revêtue d'un shalwar kameez bleu et rouge flamboyant (robe traditionnelle d'Asie centrale et d'Asie du Sud), Akkai, transsexuelle originaire du Bangladesh, entre en scène. Se tournant vers un public composé de responsables ministériels des secteurs de la santé, de la justice, de la sécurité publique, du contrôle des drogues et de la protection sociale, de responsables des Nations Unies et d'autres membres des populations les plus touchées par le VIH, elle se met à chanter :

« Je suis né comme ça / Mes sentiments ont changé... / Je me suis mis à agir comme une fille / Je me suis mis à marcher comme une fille / Je me suis habillé en fille / Quand mes parents m'ont forcé à arrêter tout ça / J'ai été battu / J'ai été enfermé / J'ai été torturé..../... Je n'avais personne vers qui me tourner / ... / Cette torture, cette violence, ce harcèlement / Je n'en suis pas la seule victime / Où vivre ? / À qui se confier ? / Où survivre dans cette vie ? ».

Montant à son tour sur scène, la coordinatrice de la composante féminine du Réseau Asie/Pacifique des personnes vivant avec le VIH/sida raconte : « Je vis avec le VIH depuis 17 ans. Fort heureusement, j'ai pu accéder à un traitement. Pourtant, aujourd'hui, les accords de libre-échange compromettent l'accès à des médicaments essentiels », déclare-t-elle. « 80 % des médicaments génériques sont produits dans cette région. Sans l'accès à des médicaments abordables, nous ne pouvons pas atteindre l'objectif zéro », ajoute-t-elle.

Ces deux expériences personnelles comptent parmi les nombreuses autres histoires racontées par des personnes vivant avec le VIH et des personnes issues des populations les plus touchées par le virus lors de la réunion intergouvernementale de haut niveau de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l'Asie et le Pacifique (CESAP), qui s'est tenue à Bangkok, en Thaïlande, du 6 au 8 février 2012. Cette réunion a été l'occasion de passer en revue les progrès de la région vers les objectifs internationaux concernant le sida.

Pour la première fois de l'histoire, nous avons la possibilité de mettre un terme à la propagation du sida et les pays de la région Asie-Pacifique ont démontré que nous pouvions faire figure de leaders dans le monde pour agir vraiment. Toutefois, nous ne pouvons pas ignorer les problèmes auxquels notre région fait face et la menace qu'ils font peser sur notre capacité à avancer

Son Excellence Ratu Epeli Nailatikau, président de la République des Îles Fidji

« Pour la première fois de l'histoire, nous avons la possibilité de mettre un terme à la propagation du sida et les pays de la région Asie-Pacifique ont démontré que nous pouvions faire figure de leaders dans le monde pour agir vraiment. Toutefois, nous ne pouvons pas ignorer les problèmes auxquels notre région fait face et la menace qu'ils font peser sur notre capacité à avancer », a déclaré Son Excellence Ratu Epeli Nailatikau, le président fidjien, qui a mis en avant son engagement et son leadership de longue date sur le VIH dans son rôle d'animateur des débats de haut niveau.

Les représentants des communautés les plus touchées ont exhorté les délégations gouvernementales des pays de la région Asie-Pacifique à reconnaître les problèmes existants dans l'accès aux services anti-VIH posés par les lois et les pratiques punitives, par les menaces sur la continuité de la disponibilité du traitement contre le VIH, ainsi que par la stigmatisation et la discrimination largement répandues. Ils ont également appelé les gouvernements à travailler plus étroitement avec les communautés afin d'amplifier les actions pour atteindre les objectifs en matière de VIH.

L'appel à l'action a été entendu. À l'issue des trois jours de débats, coorganisés par l'ONUSIDA et d'autres partenaires des Nations Unies, les pays présents ont adopté un cadre pour une action régionale en faveur de l'accélération de la lutte contre le sida, en vue de l'accomplissement des objectifs et des engagements internationaux d'ici 2015. Les pays ont accepté de créer des « espaces » pour les populations les plus touchées, notamment les consommateurs de drogues, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes achetant et vendant des services sexuels et les personnes transsexuelles, pour que toutes ces personnes soient impliquées au niveau politique et programmatique dans le développement de solutions pratiques aux problèmes posés par les obstacles juridiques et dans l'élargissement de l'accès aux services anti-VIH.

« Nous avons admis à cette occasion que nous devions trouver de nouveaux moyens d'atteindre le maximum de personnes durant le peu de temps qui nous reste d'ici 2015 », a indiqué le directeur de l'équipe de l'ONUSIDA d'appui aux régions pour l'Asie et le Pacifique, Steven Kraus. « Et il est absolument incontestable qu'il faudra le faire main dans la main avec les communautés ».

Akkai, transsexuelle originaire du Bangladesh, exprime en chanson la stigmatisation et la discrimination auxquelles elle est confrontée.
Photo : CESAP-ONU

Ces dernières années, la région Asie-Pacifique a connu des avancées significatives dans la baisse des nouvelles infections à VIH, ainsi que dans l'augmentation du nombre de personnes bénéficiant d'un traitement antirétroviral et l'élargissement des programmes visant les populations les plus exposées au risque.

Des exemples donnés par plusieurs pays lors de la réunion de Bangkok ont permis d'illustrer le fait que des services anti-VIH plus accessibles associés à un engagement massif des populations les plus touchées ont conduit à un déclin de l'épidémie. En Thaïlande, par exemple, l'initiative menée par les personnes transsexuelles, baptisée « Sisters », qui fournit un appui et des services sociaux aux personnes transsexuelles dans la région de Pattaya, indique que l'incidence du VIH a baissé de 12 à 8 % chez les personnes qui font appel à ses services ces cinq dernières années.

Avec de tels exemples de progrès, l'importance du développement de la nouvelle génération de responsables communautaires est une priorité régionale centrale. Le nouveau cadre pour une action accélérée dans la région Asie-Pacifique souligne que les jeunes issus des populations les plus touchées doivent être entendus, pris en charge et accueillis à la table des discussions sur les politiques et les programmes.

Mettant en avant la volonté des jeunes les plus touchés par le VIH d'assumer un rôle de leadership dans la future riposte au VIH de la région, la coordonnatrice de Youth LEAD, le réseau régional des jeunes issus des populations les plus touchées par le VIH, Thaw Zin Aye, a indiqué : « Les jeunes sont en train de s'approprier la riposte au sida et nous nous engageons à faire vivre cet héritage. Nous appelons les gouvernements à poursuivre l'action avec nous ».

Le cadre régional adopté met en avant la nécessité d'échanger les bonnes pratiques et les leçons tirées de la mise en œuvre des mesures et des engagements liés au VIH. Les pays de la région Asie-Pacifique ont également demandé à la CESAP, à l'ONUSIDA et aux autres organismes coparrainants de soutenir la mise en application de la feuille de route.

Feature Story

« Écoutez-nous ! » : tel est le cri lancé par les jeunes des populations les plus touchées par le VIH dans la région Asie-Pacifique

07 février 2012

Ayu Oktariani, jeune Indonésienne de 24 ans vivant avec le VIH, fait partie du réseau Youth LEAD pour les populations les plus touchées par le VIH.
Photo : ONUSIDA

Lorsque Palitha Wijebandara, du Sri Lanka, a appris qu'il avait été testé séropositif au VIH, il était choqué et bouleversé. Il avait subi un test dans le cadre d'un programme de la société où il travaille, sans son consentement particulier ni accompagnement adéquat, et il n'a pas compris les implications du résultat de ce test.

Palitha est un exemple parmi plusieurs milliers d'autres personnes en Asie et dans le Pacifique qui ont été durement confrontées à la découverte de leur état sérologique dans leur jeunesse. À seulement 23 ans, il était seul. Il ne savait pas comment faire face à sa famille. Il avait peur qu'ils n'apprennent qu'il était séropositif au VIH et qu'il avait eu des relations avec d'autres hommes.

En Asie et dans le Pacifique, les chiffres indiquent que 95 % du total des nouvelles infections chez les jeunes de la région concernent les jeunes des populations les plus touchées par le VIH : jeunes gens achetant et vendant des services sexuels, jeunes hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, jeunes transsexuel(le)s et adolescents consommateurs de drogues.

Les données spécifiques portant sur les jeunes les plus exposés au VIH dans la région sont rares. Mais il existe des estimations préoccupantes. Dans certains pays asiatiques, trois professionnelles du sexe sur cinq et près de la moitié des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes sont des jeunes de moins de 25 ans. Au Laos, 82 % des professionnel(le)s du sexe se situent dans cette tranche d'âge.  Au Népal, la moitié des personnes qui consomment des drogues injectables ont commencé à le faire à la fin de leur adolescence, entre 15 et 21 ans. Au bout d'une année de consommation de drogues injectables, une personne a 33 % de chance d'avoir contracté le VIH.

Des difficultés multiples

Malgré leur forte vulnérabilité aux infections à VIH, les jeunes les plus exposés ont du mal à accéder à des informations sur le VIH, à du matériel d'injection stérile ou à d'autres services comme les services de dépistage et d'appui. Dans la région Asie-Pacifique, les programmes ciblant spécifiquement les jeunes les plus exposés au risque sont souvent rares.

« Les campagnes de prévention n'atteignent pas les jeunes professionnelles du sexe, car il est fréquent que nous ne nous montrions pas pour accéder à l'information, et lorsque nous le faisons, cette information ne nous parle pas », explique Mlle Fulmaya*, une jeune professionnelle du sexe népalaise.

« En tant que jeune gay, certaines choses sont difficiles à dire ouvertement et l'on craint d'être victime de discrimination si l'on parle. La première fois que j'ai voulu me faire dépister, je n'avais aucune idée de l'endroit où je pouvais demander le test et j'étais trop effrayé pour aller à l'hôpital », raconte Xiao Chen*, de Chine.

À cause de la stigmatisation et de la criminalisation de certains comportements, ainsi que d'autres obstacles juridiques, les jeunes des populations les plus exposées au risque sont souvent difficiles à atteindre. Dans de nombreux pays, passer un test de dépistage du VIH, entamer un traitement contre le VIH ou recourir à des services de santé reproductive ou de réduction des risques nécessite l'accord d'un parent ou d'un tuteur.

« Je ne peux pas accéder au test de dépistage gratuit du VIH car je ne veux pas que ma mère sache ce que je fais et je ne peux donc pas fournir l'accord parental à la clinique. Tout ce que je veux c'est connaître mon état sérologique », explique Bugoi, un professionnel du sexe transsexuel philippin.

De nombreux adolescents trouvent que les cliniques spécialisées dans les infections sexuellement transmissibles et le VIH sont intimidantes et ils ne sont pas à l'aise pour parler de choses intimes avec un personnel de santé beaucoup plus âgé qu'eux et qui peut les juger. Les programmes de réduction des risques pour les consommateurs de drogues ciblent généralement les hommes adultes, même si les statistiques montrent que certains jeunes consommateurs de drogues injectables commencent dès l'âge de 12 ans et que les jeunes femmes ont aussi besoin de ces services.

« J'ai entendu parler d'organismes qui distribuent des seringues, mais la plupart sont loin et ils ne s'adressent qu'aux garçons », explique Payal, une consommatrice de drogues népalaise de 18 ans.

Une frustration souvent exprimée par les jeunes des populations les plus exposées au risque en Asie, car ils ont fréquemment le sentiment d'être privés de leur voix pour décrire, débattre et changer leur réalité quotidienne.

« Les jeunes ont plein de choses à dire, mais personne ne les écoute. Je pense que si les gens s'intéressaient plus au VIH et renforçaient un peu la voix de la communauté, davantage de personnes seraient informées sur le VIH et comprendraient les problèmes et nos besoins », explique Xiao Chen*.

Il est temps de mener l'action

Des actions importantes sont menées pour mettre au premier plan la voix des jeunes issus des populations les plus touchées : des organisations et des réseaux de jeunes de ces populations se renforcent progressivement.

Le sri-lankais Palitha Wijebandara, qui a découvert son état dans le cadre d'un test de dépistage non autorisé, a tiré sa force de son engagement dans les réseaux de soutien par les pairs, ainsi que, récemment, de ses efforts pour défendre les droits des jeunes issus des populations les plus exposées à travers Youth LEAD. Ce réseau régional mis en place en 2010 en Asie et dans le Pacifique aide à développer le leadership des jeunes au sein des populations les plus exposées au risque afin de renforcer leur engagement dans les programmes communautaires, nationaux et régionaux. Les représentants de Youth LEAD et d'autres organisations de jeunes exposés au risque ont de plus en plus la capacité de se faire une place dans l'arène politique et les débats à l'échelle régionale.

Pour que nous puissions nous approprier la riposte au sida, il faut nous en donner les moyens et nous soutenir. Nous sommes ici pour dire s'il vous plaît, impliquez-nous, écoutez-nous, travaillez avec nous et ensemble nous pourrons accomplir de grandes choses

Ayu Oktariani, une jeune Indonésienne de 24 ans

Du 6 au 8 février, à Bangkok, en Thaïlande, la nécessité de cibler et d'impliquer davantage les jeunes des populations les plus touchées dans la riposte au sida dans la région Asie-Pacifique sera l'un des thèmes centraux du débat dans le cadre d'une réunion de haut niveau des Nations Unies. Les jeunes des populations les plus exposées au risque se joignent aux chefs de gouvernement, aux responsables ministériels des secteurs de la santé, de la justice, de l'application de la loi et du développement social et aux organismes de contrôle des drogues, ainsi qu'à leurs homologues de la société civile plus âgés issus des populations les plus exposées et aux personnes vivant avec le VIH, pour s'attaquer aux obstacles juridiques et politiques qui empêchent l'accès aux services anti-VIH dans la région.

Selon le directeur de l'équipe de l'ONUSIDA d'appui aux régions pour l'Asie et le Pacifique, Steve Kraus, la réunion régionale de l'ONU sur le sida offre une opportunité idéale pour les jeunes de ces communautés de « s'exprimer d'une voix forte, se faire entendre et faire savoir avec franchise quels sont les éléments critiques nécessaires pour faire de l'objectif Zéro une réalité dans cette région ».

Pour Ayu Oktariani, jeune Indonésienne de 24 ans vivant avec le VIH et qui participe à la réunion de Bangkok avec Youth LEAD, le message est simple : « Pour que nous puissions nous approprier la riposte au sida, il faut nous en donner les moyens et nous soutenir. Nous sommes ici pour dire s'il vous plaît, impliquez-nous, écoutez-nous, travaillez avec nous et ensemble nous pourrons accomplir de grandes choses ».

Une version plus longue de ce reportage est parue pour la première fois dans la publication de l'ONUSIDA : Le VIH en Asie et dans le Pacifique – Objectif Zéro, août 2011.

* Certains noms ont été changés à la demande des personnes interrogées afin de protéger leur identité

Publications

Feature Story

Les membres de la Commission économique et sociale des Nations unies pour l'Asie et le Pacifique adoptent une nouvelle résolution sur le VIH à l'approche de la Réunion de haut niveau sur le sida

01 juin 2011

La résolution 67/9 sur le VIH a été adoptée lors de la 67e session de la CESAP-ONU à Bangkok, en Thaïlande, qui s'est tenue du 19 au 25 mai 2011. Photo : CESAP-ONU

À la veille de la Réunion de haut niveau sur le sida 2011 de l'Assemblée générale qui doit avoir lieu à New York du 8 au 10 juin, les 62 membres et membres associés de la Commission économique et sociale des Nations unies pour l'Asie et le Pacifique (CESAP-ONU) ont adopté à l'unanimité une nouvelle résolution sur le VIH. Cette résolution réaffirme l'engagement des pays de la région en faveur de l'accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l'appui en matière de VIH et de la lutte contre les barrières majeures qui entravent l'avancement de la riposte au sida.

Sous l'égide conjointe des gouvernements d'Indonésie, d'Australie, des îles Fidji, de Thaïlande et de Birmanie, la 67e session de la Commission, organisée au siège de la CESAP à Bangkok, en Thaïlande, a adopté la résolution le mercredi 25 mai 2011.

La résolution sur le VIH a été rédigée à la suite de la consultation régionale sur l'accès universel menée dans la région Asie-Pacifique à la fin du mois de mars, à l'occasion de laquelle plus de 250 représentants de gouvernements, d'organisations internationales, de donateurs et de la société civile issus de près de 30 pays se sont mis d'accord sur les actions nécessaires dans la région dans le cadre de l'objectif « zéro nouvelle infection au VIH - zéro discrimination - zéro décès dû au sida ».

Pour atteindre « l'objectif zéro », nous devons nous unir au niveau régional et redoubler d'efforts en nous assurant que ces efforts sont ciblés pour atteindre ceux qui en ont le plus besoin.

Dr Nafsiah Mboi, secrétaire de la Commission nationale indonésienne sur le sida.

« Au cours des trente années qui ont suivi la découverte du sida, de nombreux pays ont accompli des progrès dans leur riposte au VIH, mais il reste des choses à faire. Pour atteindre « l'objectif zéro », nous devons nous unir au niveau régional et redoubler d'efforts en nous assurant que ces efforts sont ciblés pour atteindre ceux qui en ont le plus besoin », explique le Dr Nafsiah Mboi, secrétaire de la Commission nationale indonésienne sur le sida.

Rappelant les résolutions adoptées précédemment et les engagements en matière de VIH pris par la commission, la résolution 67/9 de la CESAP appelle les membres et les membres associés à intensifier davantage leurs actions afin d'atteindre les objectifs non respectés de la Déclaration d'engagement sur le VIH/sida de 2001 et de la Déclaration politique sur le VIH/sida de 2006.

La résolution met en avant les engagements pris par les membres afin de parvenir à 80 % de couverture pour les populations les plus exposées, notamment les consommateurs de drogues, les personnes achetant et vendant des services sexuels, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles, dans le but d'atteindre les objectifs fixés en matière d'accès universel aux services anti-VIH.

« Nous saluons cette forte adhésion de la part des membres de la CESAP. Moins d'un mois avant la Réunion de haut niveau sur le sida, cette résolution arrive au bon moment et démontre l'engagement de la région en faveur de la riposte au VIH, en particulier pour la suppression des barrières susceptibles d'entraver les avancées », a déclaré Steven Kraus, directeur régional de l'ONUSIDA.

La nouvelle déclaration appelle les gouvernements de la région à assurer la mise à disposition d'une plus grande proportion de ressources nationales pour améliorer l'efficacité programmatique des actions de lutte contre le VIH. En outre, la résolution 67/9 recommande un examen des lois, des politiques et des pratiques nationales afin de parvenir à un accomplissement total des objectifs en matière d'accès universel, dans le but d'éliminer toutes les formes de discrimination envers les personnes touchées et infectées par le VIH. Enfin, elle souligne que pour mieux lutter contre le VIH, les pays doivent continuer à développer leurs stratégies nationales visant à s'attaquer à toutes les formes de violence sexiste, notamment les violences sexuelles, en particulier envers les femmes et les filles.

Nanda Krairiksh, directrice de la division du développement social de la CESAP-ONU, a insisté sur l'importance de l'adoption de la résolution pour la région : « les gouvernements de la région Asie-Pacifique sont en bonne voie pour assurer une plus grande efficacité des actions nationales de lutte contre le VIH. Ils appellent à une meilleure viabilité financière, à une allocation de ressources plus importante et à une intensification de tout le spectre d'actions visant à garantir l'accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l'appui en matière de VIH », a-t-elle indiqué.

Liens externes

Liens externes

Feature Story

La région Asie-Pacifique s’engage pour la réalisation de l’accès universel à la prévention, aux traitements, aux soins et au soutien anti-VIH

08 avril 2011

Steve Kraus, directeur de l’équipe de soutien régional de l’ONUSIDA pour l’Asie et le Pacifique, lors de sa présentation sur l’épidémie et la riposte dans la région. Crédit : ONUSIDA / V. Dithajohn

Près de trente pays d’Asie et du Pacifique se sont engagés, à l’unanimité, à soutenir les efforts régionaux visant l’accès universel aux services anti-VIH pour 2015.

Cet engagement a été pris par plus de 250 représentants gouvernementaux, délégués de la société civile, personnes vivant avec le VIH, organismes de l’ONU et partenaires du développement issus de la région, réunis à Bangkok en Thaïlande, les 30 et 31 mars, pour examiner les progrès réalisés et élaborer des actions majeures en faveur de l’accès universel à la prévention, aux traitements, aux soins et au soutien anti-VIH.

Dans la résolution qu’ils ont adoptée à l’unanimité au terme de leur examen, les participants ont souligné l’importance d’une révolution de la prévention au VIH axée sur les populations les plus exposées. Ils ont également reconnu qu’il était nécessaire de protéger durablement les gains acquis par la délivrance des traitements anti-VIH, et de supprimer rapidement les barrières juridiques, les stigmatisations, les discriminations et les déficits financiers qui entravent l'avancement de la riposte régionale au sida. Leur résolution sera prochainement présentée à la 67è Réunion de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), aux fins de son adoption officielle éventuelle par les 62 gouvernements membres de cette Commission.

Cette région de l’Asie-Pacifique fait preuve de sérieux dans sa riposte au sida. Elle souhaite également soutenir les professionnels du sexe, les consommateurs de drogues, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les transsexuels, et défendre les politiques qui protègent les droits humains des personnes séropositives

Steve Kraus, directeur de l’équipe de soutien régional de l’ONUSIDA pour l’Asie et le Pacifique.

« Cette région de l’Asie-Pacifique fait preuve de sérieux dans sa riposte au sida. Elle souhaite également soutenir les professionnels du sexe, les consommateurs de drogues, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les transsexuels, et défendre les politiques qui protègent les droits humains des personnes séropositives », a déclaré M. Steve Kraus, directeur de l’équipe de soutien régional de l’ONUSIDA pour l’Asie et le Pacifique. « L’engagement et le dynamisme des participants ont suscité un accord clair et net sur les moyens permettant de réaliser l'accès universel dans la région Asie-Pacifique et fait entendre la position de la région à l’approche de la réunion de haut niveau de l’ONU à New York en juin, » a-t-il ajouté.

Au cours de cette réunion de deux jours, organisée par l’ONUSIDA en collaboration avec la CESAP, les participants ont noté les progrès importants réalisés à ce jour dans la région, lesquels incluent le ralentissement très net, voire même la stabilisation de l’épidémie de VIH, ainsi que l’amélioration des niveaux de couverture des traitements antirétroviraux par un certain nombre de pays.

Il a cependant été fait mention des difficultés majeures liées au fait qu’aucun pays de la région n’a encore atteint l’accès universel à la prévention, aux traitements, aux soins et au soutien anti-VIH. Dans la région, une personne sur trois n’a pas accès aux traitements anti-VIH, 60 % des personnes vivant avec le virus ignorent leur statut sérologique, et les communautés touchées continuent de faire l’objet de stigmatisations, de discriminations, de lois punitives, de politiques et de pratiques faisant obstacle à l’accès aux services anti-VIH. De nombreux pays de la région – à revenu intermédiaire ou quasi-intermédiaire – dépendent fortement des financements internationaux pour leur riposte au sida.

Prenant la parole lors de l’ouverture de la réunion, le Dr Siriwat Tiptaradol, secrétaire adjoint permanent du ministère thaïlandais de la Santé, a encouragé les pays à donner la priorité à la santé et à élaborer une riposte fondée sur les partenariats. « Les progrès réalisés en faveur de l’accès universel ne sont possibles que si les différents départements d’un même gouvernement s’unissent pour agir de concert avec la société civile et rechercher des buts communs. Nous devons trouver les moyens de nous aider les uns les autres pour partager la responsabilité collective du financement de la lutte anti-sida, en particulier au niveau régional. »

Igor Mocorro, membre de « Youth Lead », s’adresse à la session plénière de la consultation régionale de l’Asie-Pacifique sur l’accès universel. Crédit : ONUSIDA / V. Dithajohn

À l’heure des restrictions budgétaires et de la forte concurrence entre les priorités du développement, la consultation a souligné à maintes reprises la nécessité de soutenir l’élan qui sous-tend la lutte anti-VIH. « La région la plus peuplée du monde ne peut relâcher sa vigilance à l’égard du sida. Le leadership politique mené avec la société civile et les communautés affectées – qui ont été placées au centre de la riposte – doit trouver des idées nouvelles auprès du grand public », a déclaré la directrice de la division du développement social de la CESAP, Nanda Krairiksh.

Il a été souligné, avec insistance, que la durabilité de l’engagement et de la motivation des jeunes revêt une importance critique pour la région, en particulier ceux qui sont issus des populations les plus exposées. Les jeunes dirigeants ont ainsi souligné l’intérêt de l’engagement des jeunes dans la riposte au VIH et encouragé les dirigeants nationaux ainsi que les partenaires à veiller à ce que leur voix soit entendue et prise en compte au même titre que les autres.

« Nous avons une passion pour le changement et il est temps que les dirigeants prennent les jeunes au sérieux, en tant que partenaires et acteurs à part entière », a déclaré Igor Mocorro, un membre du programme "Youth Lead", lequel forme les jeunes dirigeants de la lutte anti-sida issus des populations affectées. « Nous connaissons la réalité et pouvons changer le cours des choses. »

Feature Story

L’ONUSIDA salue les réussites de la Thaïlande dans la riposte au sida et exhorte le pays à maintenir son leadership dans ce domaine à travers une « révolution de la prévention du VIH »

18 février 2011

Jeudi dernier, Michel Sidibé (à gauche), le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, a exhorté Abhisit Vejjajiva, le Premier ministre thaïlandais, à mener une révolution de la prévention du VIH en Asie, avec pour objectif zéro nouvelle infection au VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida. Crédit : ONUSIDA/V. Dithajohn

Au dernier jour de sa visite officielle en Thaïlande, Michel Sidibé, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, a loué le leadership et l’engagement de M. Abhisit Vejjajiva, Premier ministre du gouvernement thaïlandais, dans la riposte au sida menée dans son pays et a exhorté la Thaïlande à redoubler d’efforts et à mobiliser encore plus de ressources pour la prévention du VIH.

Soulignant les réussites actuelles du pays sur le front du sida, notamment des progrès significatifs dans la fourniture de traitements antirétroviraux et l’accès accru aux services de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant, M. Sidibé a exhorté la Thaïlande à mener une révolution de la prévention du VIH en Asie.

« La Thaïlande présente un bilan remarquable en matière de riposte au sida mais elle doit maintenant passer à la vitesse supérieure », a déclaré M. Sidibé, encourageant le pays à prendre la direction des opérations et à devenir le premier de la région à contribuer concrètement à la réalisation de la vision de l’ONUSIDA : « zéro nouvelle infection au VIH-zéro discrimination-zéro décès dû au sida ».

La Thaïlande présente un bilan remarquable en matière de riposte au sida mais elle doit maintenant passer à la vitesse supérieure.

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA

La Thaïlande est connue pour son action efficace, rapide et ciblée dans la riposte au VIH. A l’heure actuelle, 80 % des personnes qui en ont besoin bénéficient d’un traitement antirétroviral et près de 97 % des femmes enceintes séropositives ont accès aux services de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Le gouvernement thaïlandais finance 83 % de la riposte nationale au VIH mais la part allouée à la prévention sur la totalité de son budget VIH n’est que de 14 %.

Le Premier ministre, M. Vejjajiva, a reconnu que son pays devait rapidement intensifier ses efforts de prévention du VIH et les axer clairement sur les principales populations affectées telles que les professionnel(le)s du sexe, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et les consommateurs de drogues injectables. Il a salué l’objectif ambitieux de l’ONUSIDA visant à empêcher toute nouvelle infection au VIH. Il a souligné que la stigmatisation et la discrimination étaient deux des entraves majeures à la riposte au VIH, en particulier compte tenu de leur impact sur les personnes séropositives et les communautés affectées. Le Premier ministre a également évoqué la politique de réduction des risques nouvellement élaborée par la Thaïlande et a déclaré qu’il prenait les mesures nécessaires pour que celle-ci soit mise en oeuvre dans tout le pays, en commençant par dix provinces.

 

Soulignant son engagement permanent sur le front du sida, M. Vejjajiva s’est déclaré intéressé à jouer un rôle actif lors de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale de l’ONU sur le sida en juin 2011.

Feature Story

Pourquoi les principales populations affectées doivent agir et être au cœur des ripostes au VIH dans la région Asie-Pacifique : l’exemple de la Fondation SWING

17 février 2011

Un des bénévoles de la Fondation SWING qui diffusaient des messages de prévention du VIH et pour une sexualité sans risque pendant la nuit de la Saint-Valentin à Bangkok. Crédit : ONUSIDA

Talons hauts, vêtements à paillettes et musique rythmée, tels sont les attributs de la rue Soi Cowboy de Bangkok. Pour beaucoup, cette soirée ressemble à toutes les autres dans une des zones les plus chaudes de la ville. Mais un regard un peu attentif au défilé de mode suffit pour réaliser qu’il n’en est rien ; les tenues très élaborées, entièrement constituées de préservatifs, s’inscrivent dans une campagne de prévention du VIH menée à l’occasion de la Saint-Valentin par la Fondation SWING (Service Workers In Group), une organisation non gouvernementale thaïlandaise

Brandissant des banderoles barrées de slogans pour la prévention du VIH, les bénévoles de la Fondation SWING distribuent des préservatifs et des brochures d’information. Ce type de campagne ciblée n’est qu’un des aspects du travail de SWING auprès des hommes, des femmes et des personnes transsexuelles composant les « professionnels des services », expression que SWING préfère à celle de professionnel(le)s du sexe.

Basée dans les quartiers chauds de Bangkok, Pattaya et Ko Samui, la Fondation SWING offre des possibilités éducatives à ces populations, notamment des cours d’anglais et des formations professionnelles. Elle met aussi à leur disposition un centre d’accueil où il est possible de faire une pause, de se restaurer, de surfer sur Internet, de se préparer pour la soirée et de participer à des jeux et des sessions d’information liés au VIH.

« Nos activités aident ces professionnels à augmenter leur confiance en eux et leur donne des possibilités de développer leur potentiel individuel », explique Surang Janyam qui a co-fondé SWING en 2004. « Beaucoup de ces personnes ont du mal à croire que l’on puisse les soutenir et craignent la discrimination. SWING leur offre un espace sûr et des opportunités », poursuit-elle.

Forte de son succès en Thaïlande, SWING est perçue au-delà des frontières de ce pays comme un modèle pour les programmes proposant des services liés au VIH là où les besoins sont les plus criants. Sa réussite tient en partie au fait que la fondation est gérée et exploitée presque exclusivement par des professionnel(le)s du sexe qui exercent encore ou qui ont arrêté leur activité.

Dans la région Asie-Pacifique, il est urgent d’intensifier les programmes axés sur les populations les plus exposées au VIH, planifiés et mis en œuvre par les communautés concernées.

Selon les dernières données disponibles, la plupart des épidémies dans la région restent concentrées parmi les consommateurs de drogues injectables, les professionnel(le)s du sexe et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Plusieurs pays présentent des signes de taux accrus d’infection à VIH au sein des principales populations affectées. Les données de divers pays de la région sur la couverture de la prévention du VIH, lorsqu’elles sont disponibles, suggèrent que moins de la moitié — et dans certains cas un tiers seulement — de ces populations ont bénéficié de services de prévention.

Dans la région Asie-Pacifique, nous savons qu’il faut ancrer les ripostes au VIH dans les principales populations affectées si nous voulons conserver les acquis et progresser.

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA

« Dans la région Asie-Pacifique, nous savons qu’il faut ancrer les ripostes au VIH dans les principales populations affectées si nous voulons conserver les acquis et progresser », a déclaré Michel Sidibé, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, invité spécial de l’événement organisé par SWING à l’occasion de la Saint-Valentin. « Nous devons susciter l’engagement et l’action pour que des programmes comme SWING en inspirent d’autres et se multiplient dans la région », a poursuivi M. Sidibé.

Dans Soi Cowboy le soir de la Saint-Valentin, le message est très clair : Rien nous concernant ne se fera sans nous. « Nous nous soucions de vous ! », criait dans son mégaphone Khun Tee, cofondateur de SWING, tandis que ses collègues défilaient dans leurs combinaisons colorées à base de préservatifs. « Le VIH est une réalité — s’il vous plaît, utilisez un préservatif chaque fois que vous avez un rapport sexuel ! »

 

Feature Story

L'ONUSIDA lance au Gouverneur de Bangkok un vibrant appel à prendre les devants en vue de la réalisation de l’objectif "zéro nouvelle infection"

17 février 2011

Le Directeur Général de l'ONUSIDA Michel Sidibé (à gauche) a rencontré M.R. Sukhumbhand Paribatra, Gouverneur de Bangkok, le 16 février à l'hôtel de ville de Bangkok. Crédit : ONUSIDA/V. Dithajohn

Au cours de la mission officielle effectuée cette semaine en Thaïlande, le Directeur Général de l'ONUSIDA Michel Sidibé s'est entretenu avec M.R. Sukhumbhand Paribatra, Gouverneur de Bangkok, sur les progrès, les défis et les opportunités de la riposte au SIDA dans la capitale thaïlandaise. Durant la rencontre qui a réuni les deux hommes, M. Sidibé a sollicité un soutien accru afin de contribuer à faire de Bangkok la première ville à atteindre l'objectif "zéro nouvelle infection au VIH."

Reconnaissant les défis spécifiques auxquels font face certaines mégalopoles Asiatiques - où les taux de nouvelles infections au VIH parmi certaines populations cibles, dont les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, restent élevés, et où les migrations sont une réalité quotidienne complexe - M. Sidibé a instamment appelé le Gouverneur à jouer un rôle actif au cours de la Réunion de Haut Niveau de l'Assemblée Générale de l'ONU sur le SIDA prévue en juin 2011 aux côtés d'autres officiels de haut rang qui viendront de diverses mégalopoles à travers le monde. "L’occasion sera parfaite pour la ville de Bangkok de dire au monde qu’elle s'engage envers l'atteinte de  l'objectif zéro," a déclaré M. Sidibé.

"L’occasion sera parfaite pour la ville de Bangkok de dire au monde qu’elle s'engage envers l'atteinte de l'objectif zéro"

Michel Sidibé, Directeur Général de l'ONUSIDA

Au cours de ses entretiens avec M. Sidibé, le Gouverneur Paribatra a dit qu'il est essentiel de se focaliser sur les populations marginalisées, en particulier les migrants, pour riposter efficacement au SIDA à Bangkok. Tout en soulignant la complexité des approches spécifiques aux villes à adopter par rapport à l'épidémie du VIH, il a souligné son intention de relever le défi de l’objectif "zéro nouvelle infection au VIH" dans la capitale thaïlandaise. Le Gouverneur Paribatra a manifesté son intérêt pour la participation à la Réunion de Haut Niveau en juin, et aussi pour l’organisation d'une réunion "objectif zéro" de responsables de différentes autres mégalopoles dans la région pendant son mandat.

Feature Story

L’ONUSIDA salue le leadership infatigable de SAR la princesse Soamsavali dans la riposte au VIH en Thaïlande

15 février 2011

Lors de sa visite officielle au Palais Suan Kalub de Bangkok, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé, a rencontré SAR la princesse Soamsavali de Thaïlande.

Lors la visite officielle qu’il a effectuée au Palais Suan Kalub de Bangkok lundi, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé, a salué « le dévouement, l’engagement et le leadership inlassables » de SAR la princesse Soamsavali de Thaïlande dans la riposte au VIH menée dans son pays.

« Par vos actions, vos paroles et vos allocations de ressources destinées aux contextes où elles sont les plus nécessaires, Votre Altesse Royale a démontré une réelle vision et un engagement concret à l’égard du VIH », a déclaré M. Sidibé qui effectue actuellement une mission de pays de trois jours en Thaïlande. « Je suis impatient de poursuivre notre collaboration pour sauver et améliorer la vie des personnes », a-t-il ajouté.

En présentant à la princesse une plaque commémorant ses efforts continus en faveur de la prévention contre la transmission du VIH de la mère à l’enfant (PTME) et contre les stigmatisations et discriminations liées au VIH, M. Sidibé a salué l’engagement infatigable de la princesse, commencé il y a quelque 25 ans, dans la riposte au VIH.

Dans le cadre de ses fonctions à la présidence de la Croix-Rouge thaïlandaise, la princesse Soamsavali a contribué à l’introduction des services de PTME en Thaïlande en 1996, soit plusieurs années avant que ce programme ne soit mis en œuvre au titre de la riposte nationale. Ce programme fournit des trithérapies antirétrovirales à toutes les femmes enceintes séropositives indépendamment de leur taux de CD4.

Lors de leur rencontre, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA et SAR la princesse Soamsavali ont souligné l’importance de l’accès des populations marginalisées ou fortement exposées au virus – comme les homosexuels et les immigrés clandestins – aux programmes anti-VIH.

Le Directeur exécutif a pris acte des progrès réalisés dans la riposte thaïlandaise au VIH mais a indiqué qu’il reste encore beaucoup à faire. Selon les estimations sur la Thaïlande, on compte 530 000 personnes vivant avec le VIH et la prévalence du virus est d’1,3 % parmi les personnes âgées de 15 à 49 ans.

J’aimerais que le VIH disparaisse de Bangkok. Pour ce faire, il faut accroître les actions visant à supprimer les barrières qui entravent le soutien aux personnes dans le besoin

Le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé

« J’aimerais que le VIH disparaisse de Bangkok », a déclaré M. Sidibé. « Pour ce faire, il faut accroître les actions visant à supprimer les barrières qui entravent le soutien aux personnes dans le besoin », a-t-il indiqué. Les programmes anti-VIH soutenus par SAR la princesse Soamsavali fournissent des traitements antirétroviraux aux populations marginalisées – un soutien que la princesse s’est engagée à poursuivre.

La visite officielle de M. Sidibé en Thaïlande, qui prend fin le 17 février, inclut plusieurs réunions avec de hauts responsables gouvernementaux et des représentants d’organisations de la société civile.

S'abonner à Thailand