VNM

Les hôpitaux d’Asie du Sud-Est intensifient leurs efforts contre la stigmatisation liée au VIH

02 mars 2017

L’Institut Bamrasnaradura sur les maladies infectieuses situé à Nonthaburi est l’un des premiers hôpitaux de Thaïlande dans le domaine du traitement et des soins contre le VIH. Ses salles d’attente accueillent de nombreux patients. Ce mois-ci, les personnes qui attendent leur rendez-vous pourront voir sur les écrans de l’hôpital des reportages sur des personnes vivant avec le VIH qui ont vaincu la stigmatisation grâce au soutien de leurs communautés. Sur le millier d’hôpitaux que compte la Thaïlande, Bamrasnaradura fait partie de ceux qui se sont associés à la campagne Zéro discrimination dans le secteur de la santé.

Le Ministère thaïlandais de la Santé publique, le Réseau thaïlandais des personnes vivant avec le VIH/sida (TNP+) et l’ONUSIDA ont lancé la campagne le 2 mars à Bamrasnaradura. 

« Plus de 30 ans après l’apparition du VIH en Thaïlande, la stigmatisation reste un problème majeur », explique Jessada Chokdamrongsuk, Directeur général du Département de contrôle des maladies, Ministère de la Santé publique. « La Thaïlande s’engage à veiller à ce que les établissements de santé soient des environnements sûrs et rassurants ».

La campagne inclut une vidéo avec un bref message du chanteur populaire thaïlandais, Chalatit Tantiwut, également Ambassadeur itinérant national de l’ONUSIDA pour la Thaïlande, dans lequel il encourage tout le monde à rejoindre le mouvement Zéro discrimination.

« Tout acte de discrimination envers qui que ce soit et quelle qu’en soit la raison est toujours hors limites », explique M. Chalatit. « La musique est ce que je sais faire de mieux et j’estime qu’il est de mon devoir de contribuer à la société en faisant du bruit en faveur de zéro discrimination ».

Cette initiative s’inscrit dans les efforts continus du Ministère thaïlandais de la Santé publique visant à s’attaquer aux comportements et attitudes stigmatisants du personnel envers les personnes vivant avec le VIH. Une étude portant sur 1 600 agents de santé thaïlandais a montré que 60 % d’entre eux avaient peur de contracter une infection à VIH en effectuant des tâches de routine et 90 % reconnaissaient avoir eu au moins une attitude stigmatisante.

Avec l’appui de la société civile, de l’ONUSIDA et de l’Agence des États-Unis pour le Développement international, le Ministère de la Santé publique a élaboré un programme complet de réduction de la stigmatisation qui sera progressivement appliqué dans tous les hôpitaux publics.

« La Thaïlande est en train de montrer comment lutter contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH dans les hôpitaux et les cliniques », explique Tatiana Shoumilina, Directrice nationale de l’ONUSIDA pour la Thaïlande. « Ce problème est persistant et généralisé dans de nombreuses régions du monde. Il faut le résoudre pour accélérer la riposte au VIH et mettre fin à l’épidémie de sida comme menace de santé publique ».

« La Journée Zéro Discrimination du 1er mars est désormais un événement bien établi, aussi bien en Thaïlande qu’à l’échelle mondiale », déclare Apiwat Kwangkaew de TNP+. « J’aimerais malgré tout encourager les gens à mettre en pratique la discrimination zéro au quotidien. La peur de la transmission du VIH et les préjugés à l’encontre des personnes vivant avec le VIH freinent l’accès au traitement et aux soins, à l’emploi et à l’éducation ».

Le programme thaïlandais de réduction de la stigmatisation liée au VIH pour les agents de santé est l’une des initiatives mondiales les plus ambitieuses et son succès jusqu’à présent est tel qu’il est en train d’être adapté et mis en œuvre dans d’autres pays d’Asie du Sud-Est.

Après une étude de 2014 sur les personnes vivant avec le VIH qui avait montré que la stigmatisation et la discrimination dans le secteur de la santé constituaient un problème majeur au Vietnam, des responsables de la santé se sont mis à examiner les meilleures pratiques, et le modèle thaïlandais a semblé être un bon exemple.

À Hô-Chi-Minh-Ville, l’Administration vietnamienne pour la lutte contre le sida, avec l’appui de l’ONUSIDA, a lancé un test pilote du programme. L’initiative a débuté par une étude menée sur trois hôpitaux de la ville, qui a conduit à un programme pour les agents de santé adapté au contexte vietnamien. Un stage visant à donner aux agents de santé la capacité de réduire les attitudes et les comportements stigmatisants a eu lieu dans la ville du 28 février au 3 mars.

« Nous allons réaliser une évaluation à l’issue de ce projet pilote. J’espère que les leçons tirées de ce test permettront d’améliorer davantage la méthode de mesure de la discrimination liée au VIH dans le secteur de la santé et les approches programmatiques, de manière à pouvoir élargir la pratique à l’échelle nationale », a déclaré Hoang DinhCanh, Directeur adjoint de l’Administration vietnamienne pour la lutte contre le sida.

La République démocratique populaire du Laos est également en train d’adapter l’initiative thaïlandaise et le Myanmar a exprimé son intérêt pour une approche analogue. La discrimination est une barrière qui empêche l’accès aux services de santé pour les personnes vivant avec le VIH dans le monde, et c’est pourquoi l’ONUSIDA a décidé de consacrer l’édition 2017 de la Journée Zéro Discrimination à l’élimination de la discrimination dans le secteur de la santé.

Le Vietnam ouvre son premier service de traitement substitutif aux opiacés pour les détenus

25 novembre 2016

« En 2010, j'ai participé à un voyage d'étude pour en savoir plus sur les programmes de substitution à la méthadone dans les prisons en Espagne. J'ai pu constater les impacts positifs de ces programmes sur les détenus en tant qu'individus et sur les établissements pénitentiaires dans leur ensemble, et j'ai fait part des résultats et des recommandations de cette visite au Ministère de la Sécurité publique », raconte Nguyen Xuan Truong, Directeur de la prison de Phu Son. « Il a fallu attendre un certain temps depuis, mais je suis heureux que Phu Son soit la première prison du Vietnam à proposer des services de substitution à la méthadone aux détenus ».

Le lancement du service pilote de traitement substitutif aux opiacés à la prison de Phu Son marque une étape considérable dans les efforts de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et du gouvernement vietnamien en faveur de la prévention, du traitement et des soins anti-VIH dans les prisons du pays.

« Depuis 2009, l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime travaille avec le gouvernement vietnamien pour proposer un traitement substitutif aux opiacés dans le cadre d'un ensemble de services anti-VIH complet pour les personnes qui vivent et travaillent dans les prisons », explique Christopher Batt, Responsable de l'ONUDC.

Le traitement substitutif aux opiacés est un service fondé sur des données probantes pour la dépendance aux opiacés. Il permet de réduire la consommation d'opiacés en éliminant les symptômes de privation et l'état de manque et de faire reculer le risque de transmission du VIH ou d'autres infections transmissibles par voie sanguine ainsi que les comportements criminels. Il permet en outre d'intégrer le patient dans un continuum de soins pendant et après son séjour en prison.

« L'unité de service de traitement substitutif aux opiacés devrait améliorer la qualité de vie des détenus, en réduisant la transmission du VIH et d'autres maladies et en faisant baisser le taux de rechute et d'overdose dans les établissements de détention », ajoute M. Batt.

Selon les estimations du Ministère de la Sécurité publique vietnamien, trois détenus sur dix consomment des drogues.

Les détenus sont davantage exposés au risque d'infection à VIH ou d'autres infections transmissibles par le sang, notamment les hépatites virales B et C, ainsi qu'au risque de rechute ou d'overdose si leurs besoins en traitement ne sont pas couverts.

Une deuxième unité de service de traitement substitutif aux opiacés sera bientôt mise en place à la prison de Thanh Xuan et il est prévu d'étendre le service à d'autres prisons. 

Décentralisation des services de dépistage du VIH pour élargir l'accès aux consommateurs de drogues injectables au Viet Nam

12 octobre 2016

Au Viet Nam, l'Autorité de contrôle du VIH/sida et le Ministère de la Santé ont piloté des services de dépistage du VIH de proximité afin d'accroître le recours à ces services chez les consommateurs de drogues injectables et leurs partenaires. Un dépistage du VIH a été proposé deux fois par mois dans les villages qui abritent d'importantes communautés de consommateurs de drogues injectables.

L'équipe de proximité était composée de deux professionnels de santé, un agent de santé du village et un pair-éducateur. Les consommateurs de drogues injectables et leurs partenaires étaient invités à se rendre dans un lieu accueillant pour recevoir des conseils sur le VIH et bénéficier de tests de dépistage rapides. Les résultats des tests réactifs étaient ensuite envoyés pour un dépistage de confirmation et les patients dont le diagnostic de séropositivité au VIH était confirmé étaient conseillés et mis en relation avec un hôpital pour recevoir un traitement et des soins.

Entre septembre 2014 et janvier 2015, 8,9 % des personnes dépistées ont été diagnostiquées séropositives au VIH, soit environ 4 fois plus que le pourcentage constaté dans les établissements de soins primaires locaux. Le résultat de ce programme pilote permet de conclure que la fourniture de services de dépistage du VIH à base communautaire est une méthode faisable et efficace pour augmenter la connaissance de l'état sérologique vis-à-vis du VIH chez les consommateurs de drogues injectables et leurs partenaires, de même que dans d'autres populations clés. Les pair-éducateurs et les agents de santé des villages ont joué un rôle fondamental dans le contact avec la population cible. Ce modèle va éclairer l'élaboration de directives nationales sur le dépistage du VIH à base communautaire. Source : http://who.int/hiv/pub/guidelines/hiv-testing-services/en/.

Pour en savoir plus sur la réduction des risques, rendez-vous sur la page consacrée à ce sujet sur le site de l'Organisation mondiale de la Santé http://who.int/hiv/topics/idu/fr/ .

Le Vietnam, premier pays d'Asie à s'engager sur les nouveaux objectifs pour le traitement du VIH

27 octobre 2014

Le 25 octobre, le gouvernement vietnamien a annoncé son engagement sur les nouveaux objectifs visant à étendre rapidement le traitement anti-VIH, devenant ainsi le premier pays d'Asie à adopter les objectifs 90-90-90.

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA, était présent aux côtés de Vu Duc Dam, Vice-Premier ministre et Président du Comité national de prévention et de contrôle du sida, des drogues et la prostitution, et du Ministre de la Santé Nguyen Thi Kim Tien, ainsi que d'autres partenaires de développement lors du lancement des objectifs 90-90-90 du Vietnam à Hanoï.

Dans le monde entier, l'élan se renforce en faveur de l'accomplissement de l'objectif 90-90-90 d'ici 2020 : 90 % des personnes vivant avec le VIH connaîtront leur état sérologique vis-à-vis du VIH ; 90 % des personnes qui connaissent leur état sérologique seront sous traitement anti-VIH ; et 90 % des personnes sous traitement auront des niveaux indétectables de VIH dans leur organisme (suppression de la charge virale). L'engagement du Vietnam envers ces objectifs ambitieux fait entrer le pays dans la course pour mettre fin à l'épidémie de sida d'ici 2030.

En 2013, le Vietnam a recensé 250 000 personnes vivant avec le VIH et 14 000 nouvelles infections à VIH. En 2014, plus de 87 000 personnes ont accédé au traitement anti-VIH, soit une multiplication par 30 depuis 2005, mais un chiffre qui ne représente qu'un tiers de toutes les personnes vivant avec le VIH dans le pays.

Déclarations

« Aujourd'hui, nous avons les objectifs 90-90-90 et nous avons pour horizon de mettre fin à l'épidémie de sida d'ici 2030. Avec le soutien de la communauté internationale et de la société vietnamienne, nous pouvons atteindre nos objectifs. »

Vu Duc Dam, Vice-Premier ministre et Président du Comité national de prévention et de contrôle du sida, des drogues et la prostitution

« Le bénéfice ultime sera la fin de l'épidémie de sida d'ici 2030. Ce sera notre plus grand cadeau au peuple vietnamien, au monde et aux générations à venir. Ce sera notre héritage durable. »

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA

« Nous allons investir davantage pour augmenter le nombre de personnes sous traitement et améliorer la qualité de ce traitement, notamment en veillant à ce que l'assurance maladie de la sécurité sociale nationale couvre les frais médicaux des personnes vivant avec le VIH. »

Nguyen Thi Kim Tien, Ministre de la Santé du Vietnam

Grâce à l'intégration des services anti-VIH, le Vietnam s'assure une plus grande rentabilité des investissements

24 octobre 2014

Un centre de santé « tout en un » à Hanoï propose des services intégrés anti-VIH et d'autres soins de santé qui permettent de progresser et de maximiser les investissements dans la riposte au sida au Vietnam. Le centre de santé local Tu Liem des quartiers sud de Hanoï est un modèle que l'Autorité vietnamienne de contrôle du VIH/sida prévoit de reproduire dans les zones du pays qui payent le plus lourd tribut au virus.

« Aujourd'hui, j'ai vu trois choses qui aideront non seulement le Vietnam, mais aussi d'autres pays : l'intégration et la décentralisation des services, une approche centrée sur le patient et le soutien par les pairs », a déclaré le Directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé lors d'une visite au centre de santé. « Il est important de rassembler les personnes venant de milieux sociaux différents et de les soutenir pour qu'elles deviennent des acteurs du changement pour la lutte contre le VIH ».

Le centre de santé propose toute une gamme de services anti-VIH aux populations les plus touchées, notamment les consommateurs de drogues injectables, les professionnel(le)s du sexe et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. C'est aussi le principal établissement de santé pour la population générale du quartier. Plus de 500 personnes y reçoivent un traitement antirétroviral et plus de 300 consommateurs de drogues injectables y sont sous traitement d'entretien à la méthadone. Le centre de santé fournit également des services de proximité, notamment la distribution d'aiguilles et de seringues, des conseils et des tests de dépistage du VIH, le diagnostic et le traitement de la tuberculose, la prévention de la transmission de la mère à l'enfant, ainsi que des soins à domicile et le soutien par les pairs pour l'observance des traitements.

L'intégration et la décentralisation des systèmes de prestation de services anti-VIH, notamment le renforcement des systèmes de santé, sont l'une des priorités stratégiques mises en avant par le nouveau programme d'investissement du Vietnam pour une riposte optimisée au VIH. Le programme d'investissement, élaboré par la Ministre de la Santé avec l'appui de l'ONUSIDA et d'autres partenaires de développement, a pour but d'améliorer l'efficacité, l'efficience et la durabilité de la riposte nationale alors que les bailleurs de fonds internationaux réduisent leur soutien à un Vietnam qui connaît un développement rapide.

Lors d'une rencontre avec M. Sidibé, la Ministre de la Santé Nguyen Thi Kim Tien a déclaré que le Vietnam s'engageait à suivre le programme d'investissement et à augmenter son budget national consacré à la riposte au VIH. Cependant, elle a ajouté que le Vietnam avait besoin du soutien permanent de la communauté internationale pour parvenir aux objectifs mondiaux en matière de VIH. « Nous sommes confrontés à des problèmes et des difficultés, mais nous allons faire de notre mieux et œuvrer à la pérennité de la riposte au VIH pour accomplir de grandes choses », a déclaré Mme Nguyen Thi Kim Tien.

Le programme d'investissement part du principe que l'intégration et la décentralisation vont permettre d'économiser de l'argent et d'aider à soutenir les services anti-VIH en évitant les dépenses parallèles en infrastructures, ressources humaines et produits de base, en profitant de l'efficacité existante en termes de coûts du système de santé, en créant des liens entre les services connexes et en facilitant l'orientation.

Cette approche permettra également de s'attaquer à certains problèmes de la société civile au Vietnam. Les personnes vivant avec le VIH et les populations les plus exposées au risque d'infection à VIH s'inquiètent de la baisse des fonds des donateurs qui pourrait conduire à la limitation de l'accès à des services abordables.

« Je suis sous traitement antirétroviral depuis 10 ans et je me sens très bien, comme beaucoup d'autres personnes », raconte Nguyen Xuan Quynh, 41 ans. « J'ai entendu que l'aide internationale allait bientôt s'arrêter et que peut-être nous devrons payer. Mais nous sommes presque tous très pauvres ».

Dans le cadre de sa visite officielle de deux jours dans le pays, M. Sidibé a également rencontré des leaders de réseaux de la société civile. Il les a encouragés à continuer de faire entendre leur voix sur les questions les plus importantes et à collaborer étroitement avec le système de santé public afin de jouer un plus grand rôle dans la fourniture de services anti-VIH peu coûteux et à fort impact.

Vietnam : L'apprentissage Sud-Sud aide à préparer un accès durable au traitement contre le sida

16 mai 2013

Une délégation du Vietnam a visité la division de contrôle de la qualité des médicaments d'une usine thaïlandaise qui fabrique des médicaments antirétroviraux. De gauche à droite : Dr Chu Quoc An, Chef de la délégation, M. Bang de la Sécurité sociale du Vietnam, M. Tien de l'Administration vietnamienne des médicaments, Dr Nhan de l'Administration vietnamienne du contrôle du sida.
Photo : ONUSIDA/Bich.N

M. Dong, un homme de 37 ans habitant Hanoï, vit avec le VIH depuis plusieurs années. Il est en bonne santé grâce au traitement antirétroviral fournit gratuitement au Vietnam et est un membre important du Réseau des personnes vivant avec le VIH au Vietnam (VNP+).

Toutefois M. Dong, comme beaucoup de ses collègues au sein du Réseau, est inquiet. Il sait que les bailleurs de fonds qui assurent le financement de quasiment tous les programmes de traitement de lutte contre le VIH en place au Vietnam vont bientôt se retirer. Qui financera ses médicaments antirétroviraux à l'avenir ?

« Le traitement antirétroviral de première intention dont je bénéficie actuellement coûte environ 98 dollars par personne par an. Il se compose de médicaments génériques importés », explique M. Dong. « Je pourrais me le payer aujourd'hui si ce traitement n'était plus gratuit. Mais je ne sais pas jusqu'à quand je serai en bonne santé et je pourrai garder mon travail, alors qu'un traitement antirétroviral se prend à vie. De plus, il est évident que le coût du traitement sera nettement supérieur si je dois passer à un traitement de seconde intention ou acheter des médicaments non génériques », précise-t-il.

Fin 2012, le Vietnam fournissait un traitement antirétroviral à près de 60 % des personnes qui en avaient besoin, selon l'Administration vietnamienne du contrôle du VIH/sida (VAAC). Néanmoins, 97 % des fonds destinés aux médicaments antirétroviraux proviennent de financements externes, qui devraient baisser significativement après 2015.

Cette baisse est due au fait que le Vietnam a récemment atteint le statut de pays à revenu intermédiaire et est également liée à la crise économique prolongée dans les pays donateurs. Le Gouvernement du Vietnam augmente le budget national alloué à la riposte au VIH, mais nettement moins vite que la baisse prévue du soutien des bailleurs de fonds. Les projections actuelles concernant le financement requis pour acheter des médicaments antirétroviraux pour tous ceux qui en ont besoin indiquent qu'un écart non négligeable sera constaté dès 2016.

Nguyen Xuan Phuc, Vice-premier ministre, a appelé la VAAC à proposer des solutions pour cette crise financière potentielle, et la VAAC a lancé le développement d'un « Plan national visant à assurer la fourniture durable des traitements antirétroviraux après 2015 », en collaboration avec ses partenaires de développement, dont l'ONUSIDA.

L'apprentissage Sud-Sud et le leadership politique sont essentiels

La collecte de preuves et de bonnes pratiques dans les autres pays de la région a été identifiée par la VAAC comme étant fondamentale pour l'élaboration éclairée du plan. En avril 2013, l'ONUSIDA a soutenu la visite d'étude d'une délégation gouvernementale multisectorielle en Thaïlande.

Cette délégation a pu découvrir la manière dont la Thaïlande, en tant que pays à revenu intermédiaire, assure un accès universel aux médicaments antirétroviraux et propose gratuitement tous les tests liés au VIH, avec le financement du budget de l'État et l'intervention des régimes nationaux d'assurance santé afin de couvrir tous ceux qui en ont besoin. Elle a également vu que la Thaïlande a émis des licences obligatoires pour deux types de traitements antirétroviraux et a centralisé la gestion de la chaîne d'approvisionnement et de fourniture de ces traitements, afin de réduire les coûts au maximum tout en assurant l'accès de la population à des médicaments de première et de seconde intention de qualité optimale.

Nous avons appris que la Thaïlande avait bataillé ferme pour mettre en place une couverture universelle des soins de santé pour l'ensemble de sa population et apporter un traitement antirétroviral à tous ceux qui en ont besoin, et avons constaté qu'elle s'était retrouvée confrontée à de nombreux défis

Dr Chu Quoc An, Chef de la délégation du Vietnam

« Nous avons appris que la Thaïlande avait bataillé ferme pour mettre en place une couverture universelle des soins de santé pour l'ensemble de sa population et apporter un traitement antirétroviral à tous ceux qui en ont besoin, et avons constaté qu'elle s'était retrouvée confrontée à de nombreux défis », précise Chu Quoc An, Chef de la délégation vietnamienne. « Toutefois, la leçon la plus importante est qu'un leadership politique fort aux niveaux les plus élevés a été la principale clé du succès du Vietnam. »

Une perspective positive

Les délégués ont convenu qu'un leadership affirmé, une grande détermination et une coordination multisectorielle poussée seront fondamentaux pour que le Vietnam arrive à adapter et à adopter les enseignements tirés de l'exemple de la Thaïlande. Comme cette visite d'étude l'a démontré, un délai suffisant est aussi nécessaire pour que les plans puissent porter tous leurs fruits.

« Je pense que le Vietnam peut y arriver », affirme Steve Kraus, Directeur régional de l'ONUSIDA pour l'Asie et le Pacifique. « Nous constatons que le pays accélère ses progrès par rapport à ses objectifs nationaux et à ses engagements internationaux en matière de traitement du VIH. Nous pouvons voir que la détermination est bien là. L'ONUSIDA s'engage à continuer à soutenir cette coopération Sud-Sud, et à aider le Vietnam dans sa quête visant à assurer un traitement à vie pour tous ceux qui en ont besoin. »

Pour M. Dong, les avancées en faveur d'un plan durable pour le traitement sont encourageantes mais une action concertée est fondamentale. « Je suis très enthousiaste lorsque je découvre les progrès accomplis par la VAAC dans le développement d'un plan sur la durabilité des traitements antirétroviraux et l'engagement de nombreux secteurs », déclare-t-il. « J'espère que l'Assemblée nationale et les leaders du Gouvernement accorderont plus d'attention à cette question, de telle sorte que ce plan puisse rapidement devenir une réalité, pour le bien des personnes qui vivent avec le VIH et de la communauté au sens large. »

Alternatives à la détention obligatoire : des ripostes innovantes en Asie

05 octobre 2012

Personnes consommant des drogues dans un centre ‘05’ dans le district de Tien Lang, ville de Hai Phong, Vietnam.
Photo : ONUSIDA

Les professionnelles du sexe au Vietnam vivent dans la peur - peur du VIH, peur de la violence, peur de la stigmatisation et, plus que tout, peur des services chargés de l'application de la loi. Une étude réalisée par le gouvernement du Vietnam en 2012 sur le commerce du sexe et la migration a fait apparaître que 50 % des professionnelles du sexe déclarent avoir peur de la police. Jusqu'à il y a quelques mois, une arrestation pouvait conduire à des années d'enfermement dans un centre de détention administrative appelé centre ‘05’.

Toutefois, très récemment, l'Assemblée nationale du Vietnam a adopté une nouvelle Loi sur la gestion des sanctions administratives qui met effectivement fin à la pratique de détention des professionnels du sexe dans des centres ‘05’. Cette loi permet aussi aux consommateurs de drogues soumis à un traitement obligatoire en centre de désintoxication de disposer d'audiences sur le traitement de leurs affaires et d'une représentation juridique devant ces tribunaux.

« J'avais l'impression que mon rêve était devenu réalité lorsque j'ai entendu la nouvelle », déclare Khanh, l'une des leaders du groupe d'entraide Peaceful Place pour les professionnelles du sexe à Hanoï, Vietnam. « J'ai consommé des drogues et j'ai vendu des services sexuels. Je suis allée à six reprises dans des centres de détention. Je sais à quel point il est difficile d'y vivre et je sais aussi que ces centres [de détention] ne vous aident pas à arrêter de consommer de la drogue ou de vendre des services sexuels. »

Khanh est l'une des représentantes de la communauté invitées à partager leur expérience et à faire part de leurs besoins auprès des membres du comité de rédaction de la nouvelle loi début 2011 au cours d'un atelier de consultation communautaire organisé avec le soutien de l'ONUSIDA.

Pendant le développement de la loi, les responsables gouvernementaux et les membres de l'Assemblée nationale ont aussi fait appel au militantisme politique concerté et à l'assistance technique des agences des Nations Unies - dont l'ONUSIDA, le PNUD, l'UNICEF, l'ONUDC, l'OMS et l'UNFPA, dans le cadre de l'initiative « One UN » au Vietnam.

J'ai consommé des drogues et j'ai vendu des services sexuels. Je suis allée à six reprises dans des centres de détention. Je sais à quel point il est difficile d'y vivre et je sais aussi que ces centres [de détention] ne vous aident pas à arrêter de consommer de la drogue ou de vendre des services sexuels

Khanh, leaders du groupe d'entraide Peaceful Place pour les professionnelles du sexe à Hanoï, Vietnam

« J'apprécie énormément le soutien concerté apporté par les Nations Unies au ministère de la Justice dans le cadre du développement de la Loi sur la gestion des sanctions administratives », affirme le vice-ministre de la Justice Nguyen The Lien, vice-président du comité de rédaction de la loi. « Les Nations Unies présentent un énorme avantage comparatif pour apporter un soutien juridique au Vietnam car elles respectent toujours l'appropriation et le leadership national pour le développement des législations », ajoute-t-il.

Depuis l'adoption de la loi, l'ONUSIDA et d'autres agences des Nations Unies fournissent un appui pour le développement de réglementations d'application et pour l'alignement des politiques existantes, nécessaires pour la mise en application pratique de la loi sur les sanctions administratives.

Le ministère du Travail, des Invalides et des Affaires sociales (MOLISA), responsable de la prévention et du contrôle de la consommation de drogues et du commerce du sexe, organise un dialogue politique national visant à garantir une application cohérente des nouvelles dispositions de la loi sur le commerce du sexe. Ce ministère travaille également sur un « plan de rénovation » afin d'introduire des alternatives à la désintoxication en centre de détention. Ces alternatives comprennent des centres de traitement ouverts, conviviaux et volontaires, fonctionnant selon une approche « communautaire » du traitement. Ce modèle de traitement offrirait par exemple des services sociaux et professionnels, dont un soutien psychologique et des services de suivi, en plus des services de traitement proprement dits, comme des services de désintoxication, une thérapie de remplacement des opioïdes et une prévention des rechutes.

« En fermant les centres de détention administrative pour les professionnels du sexe et en transformant les centres de désintoxication fermés obligatoires en services de traitement communautaires ouverts, nous pensons favoriser considérablement l'élargissement des services de prévention du VIH pour les personnes qui sont le plus exposées au VIH au Vietnam. Cela accroîtra l'efficacité de la riposte nationale au VIH », déclare Tony Lisle, Coordonnateur de l'ONUSIDA au Vietnam.

Selon la surveillance sentinelle du VIH en 2011, la prévalence du VIH parmi les hommes qui consomment des drogues injectables et les professionnelles du sexe s'élevait respectivement à 13,4 % et 3 %. Une autre étude approfondie a révélé que la prévalence du VIH était de 48 % chez les hommes qui consomment des drogues injectables à Ho Chi Minh-Ville et de 20 % chez les professionnels du sexe à Hanoï, capitale du Vietnam.

« Je félicite chaudement le gouvernement et l'Assemblée nationale pour cette [action] très importante. Elle apportera des bénéfices tangibles à de nombreux vietnamiens », avance Mme Pratibha Mehta, Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Vietnam. « Les Nations Unies espèrent que l'Assemblée nationale étudiera aussi les centres de détention administratives pour les consommateurs de drogues selon cette même perspective », précise-t-elle.

J'apprécie énormément le soutien concerté apporté par les Nations Unies au ministère de la Justice dans le cadre du développement de la Loi sur la gestion des sanctions administratives

Vice-ministre de la Justice Nguyen The Lien

La loi vietnamienne a été examinée dans le détail, avec d'autres meilleures pratiques dans la région, au cours de la deuxième consultation régionale sur les centres obligatoires pour les consommateurs de drogues en Asie et dans le Pacifique, qui a eu lieu du 1er au 3 octobre à Kuala Lumpur, en Malaisie.

Organisée par l'ONUDC, la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l'Asie et le Pacifique et l'ONUSIDA et accueillie par l'Agence nationale anti-drogue du gouvernement de Malaisie, la consultation a rassemblé des responsables ministériels du Vietnam, de Malaisie et de sept autres pays d'Asie de l'Est et du Sud-Est. Les participants ont échangé leur expertise pratique sur la manière dont les pays peuvent envisager l'évolution de leurs cadres juridiques, vers une extension des programmes de traitement communautaires volontaires comme alternative au modèle de détention obligatoire.

À la fin de la consultation, les neuf pays présents ont décidé de continuer à réduire le nombre de centres de détention obligatoire en fonctionnement et de baisser le nombre de personnes détenues dans ce type de centres, selon un taux à déterminer par chaque pays. « Nous sommes ravis de l'intérêt considérable dont ont fait montre les pays de la région en faveur d'une évolution, bien que à des allures différentes, vers l'objectif d'un traitement communautaire et volontaire », affirme Gary Lewis, représentant régional de l'ONUDC pour l'Asie de l'Est et le Pacifique. « Cela représente un formidable pas en avant », ajoute-t-il.

En mars 2012, 12 agences et entités des Nations Unies ont publié une déclaration conjointe décisive appelant ses pays membres à fermer les centres de détention et de réadaptation obligatoires, en mettant en évidence les problèmes associés avec ces centres, dont une vulnérabilité accrue à l'infection tuberculeuse et à VIH, ainsi que l'insuffisance des protections juridiques et des examens judiciaires.

Le Vietnam renforce son engagement sur l’égalité des sexes et le VIH

24 mars 2011

Le Dr. Nguyen Thanh Long, Directeur général du Bureau vietnamien de lutte contre le sida, a abordé la question de l’intégration de l’égalité des sexes dans la prochaine Stratégie nationale anti-VIH

Nguyen Thi Hien, habitante de la province du Nord-Vietnam de Bac Ninh, a contracté le VIH auprès de son mari. « Il m’avait bien dit, au début de notre relation, qu’il avait fréquenté des professionnelles du sexe et des consommatrices de drogues injectables dans le passé, mais je ne me doutais pas des implications de sa vie passée pour moi », dit-elle.

Mme Nguyen Thi, qui est maintenant éducatrice pour ses pairs au sein de Bright Futures, un réseau de personnes vivant avec le VIH, indique que la plupart des femmes qu’elle rencontre sont veuves : leur mari avait consommé des drogues injectables et elles n’ont découvert leur séropositivité qu’après son décès dû à une maladie liée au sida.

Selon le Bureau vietnamien de lutte contre le sida (VAAC), les femmes représentaient en 2010 jusqu’à 30 % du total des infections au VIH enregistrées au Vietnam, alors que ce chiffre n’atteignait pas 15 % avant 2005.

L’épidémie vietnamienne continue de se concentrer sur les consommateurs de drogues injectables. Ce changement de ratio, qui touche les cas de VIH récemment signalés, pourrait cependant traduire une augmentation des transmissions du VIH des hommes, adoptant des comportements à hauts risques, à leur épouse ou partenaire sexuelle régulière.

Nous devons intégrer les questions liées à l’égalité entre les sexes dans chacun des trois volets de notre prochaine Stratégie, lesquels incluent la prévention, les traitements et les soins anti-VIH, et l’atténuation des incidences

Le Dr Nguyen Thanh Long, Directeur général du Bureau vietnamien de lutte contre le sida.

Le gouvernement vietnamien a pris de fermes engagements en faveur de l’élaboration d’une riposte complète au VIH et de la priorisation de l’égalité des sexes pour sa Stratégie nationale de développement socio-économique.

Pour renforcer cette action, il a réuni les principales parties prenantes, comme des organisations de la société civile et des personnes vivant avec le VIH, pour discuter des moyens de favoriser l’égalité des sexes dans sa Stratégie nationale 2011-2020 sur la prévention et la lutte contre la propagation du VIH/sida. « Nous devons intégrer les questions liées à l’égalité entre les sexes dans chacun des trois volets de notre prochaine Stratégie, lesquels incluent la prévention, les traitements et les soins anti-VIH, et l’atténuation des incidences », a déclaré le Dr Nguyen Thanh Long, Directeur général du Bureau vietnamien de lutte contre le sida (VAAC).

Des experts techniques d’ONU-Femmes et de l’ONUSIDA se sont joints aux discussions du 14 au 17 mars. Les participants de cette réunion ont identifié les domaines de la riposte nationale au VIH qui devront mieux répondre aux besoins des personnes les plus exposées à l’infection. Il s’agit notamment des consommateurs de drogues injectables, des professionnels du sexe et des femmes dont le partenaire intime adopte un comportement à haut risque. Il faut ainsi examiner de quelle manière le renforcement rapide de la thérapie de maintien à la méthadone – qui constitue une priorité pour la prochaine phase de la riposte au VIH – pourrait permettre de mieux protéger les partenaires sexuels séronégatifs des consommateurs de drogues injectables. Il pourrait par exemple envisager des services de prévention contre la transmission sexuelle du VIH pour les personnes suivant un traitement à la méthadone.

« J’ai pu constater que la Stratégie anti-VIH du Vietnam affichait des signaux positifs en matière d’égalité des sexes », a déclaré Suzette Mitchell, la Représentante d’ONU-Femmes dans le pays. « Le Vietnam a pris un engagement politique ferme sur les questions d’égalité des sexes et la société civile est très active dans l’élaboration d’idées permettant d’intégrer cette question dans la Stratégie », a-t-elle ajouté.

En 2010, une analyse – financée par les Nations Unies – de la Stratégie actuelle du Vietnam sur la riposte au VIH a mis en évidence que la dynamique de l’égalité des sexes de l’épidémie devait bénéficier d’un nombre accru de données pour être mieux comprise. Elle a en particulier identifié la nécessité d’une information accrue sur les modalités de l’impact des réformes économiques et des changements sociaux sur les personnes – hommes et femmes – et sur leur responsabilité quant à la vulnérabilité au VIH.

« L’analyse de référence sur la Stratégie doit traiter les questions liées à l’égalité des sexes à part et prévoir l’élaboration d’indicateurs relatifs aux différences hommes-femmes », a souligné le Dr Long.

En renforçant son action visant à placer ces questions au centre de sa Stratégie nationale de lutte contre le sida, le Vietnam joint ses efforts aux initiatives menées pour traiter cet aspect de la riposte au sida dans la région de l’Asie-Pacifique.

 « Le Vietnam fait preuve d’un leadership unique en son genre sur cette question », a déclaré Jane Wilson, Conseillère pour l’égalité des sexes de l’Équipe de soutien régional de l’ONUSIDA. « En acceptant d’intégrer l’égalité des sexes dans le Plan stratégique national, le Vietnam renforce l’efficacité de sa riposte au sida et fournit à la région un exemple d’action progressiste en matière d’égalité des sexes ». 

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